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La fontaine du curé
Françoise SAMTMANN
ACEP-ENSEMBLE N° 226, février 2001, pages 40 à 49


En 1940, les Sénégalais sortirent furieux de leurs casernes, armés de coupe-coupe pour venger l'un des leurs qui avait été tué dans le quartier des moeurs situé non loin des casernes.
Mon mari, mobilisé au Dar el Askri vint vite avec sa bicyclette nous dire de ne pas sortir.
Heureusement, leur chef très estimé put les calmer et les faire rentrer dans les casernes ; ils partirent la nuit même de Bône.

Dès la naissance de mon troisième enfant en juillet 1940, mon mari fut démobilisé et nous sommes remontés à Bugeaud.
Heureusement, car la maison que nous avions occupée près de l'ancienne gare, fut démolie par le bombardement de la ville (le 01.11.1942).

C'est en 1939 que l'indigène, faisant une guerre ne le concernant pas, eut très envie de se libérer.
D'où le massacre de tout un village près de Sétif et les émeutes de Guelma le 08 mai 1945.
Pour " fêter le 8 mai " et le retour de tous les prisonniers, le Maire avait fait préparer un gigantesque couscous par la famille d'un conseiller indigène. Avec ma cousine, nous étions allées aider nos voisines et le couscous était donc prêt pour le repas qui avait lieu dans la salle du restaurant de l'Hôtel Casino du Rocher. Nous étions étonnés du retard des porteurs de couscous et intrigués par le va et vient des responsables de la fête qui venaient chuchoter quelque chose à l'oreille du Maire, assis près du Caïd.
On nous fit patienter avec l'apéritif, la kémia, de la musique et des histoires drôles pour amuser les enfants.
Enfin, des applaudissements accueillirent ceux qui disposèrent des plats fumants de couscous appétissant dont une fois encore, nous nous étions bien régalés, mais la fête fut écourtée ce soir là.
Sur le chemin du retour, nous apprenions que des gars armés étaient montés de Bône et que c'est grâce à nos indigènes qui eux aussi fêtaient le retour de leurs enfants, qu'ils partirent sans nous faire de mal.
Amar recommanda au Maire de dormir à Bugeaud et de ne pas descendre à Bône, car les bandits l'attendaient au Col des Chacals.
Par la presse, nous apprenions ce qui s'était passé à Sétif et à Guelma ; alors, rétrospectivement, nous eûmes très peur.
Certains avaient dû prendre leurs dispositions pour mettre leur fortune à l'abri. Ils durent donner cette mauvaise opinion du pied-noir.

Lorsque les premières victimes furent assassinées dans un car dans l'Oranie, une grande tristesse nous avait envahis : ce fut le début de la rupture et de la guerre civile ; personne n'avait soupçonné qu'ils avaient emmagasiné tant de haine du roumi, qu'ils nous donnèrent le choix entre la valise ou le cercueil.
Les tristes événements commencèrent en Algérie dès le ler novembre 1954.
" Mon âme est triste jusqu'à la mort. " : tels furent les mots qui me vinrent à l'esprit ce jour là : le 20 août 1955.
J'étais fatiguée et je n'avais pas eu le courage d'aller à la fête organisée par la Légion à l'hôtel du Rocher.

Le commerce de F. Samtmann

Pour ne pas être dérangée, j'avais fermé le café et je faisais la vaisselle dans un coin cuisine derrière le comptoir, à peine éclairé par un ciel ouvert (c'était l'ancien fumoir à jambons).
J'avais très envie de pleurer et je murmurais des paroles du Christ. Pressentiment ? Car coïncidence, des coups de feu me firent sursauter, puis des cris, des pas précipités sur la place et dans la rue, puis ma fille affolée frappe à la porte : " Vite maman, ouvre moi et referme le café ; ne fais entrer personne: les fellaghas sont dans le village. "


Arrivent ensuite mon mari et mon fils (en permission depuis trois jours) qui me racontent qu'une Bônoise, Madame SOLER, fut tuée à la Fontaine du Curé.
Après avoir jeté des grenades sur les deux cars de C. R. S. stationnés devant la mairie en face du monument au Morts, les rebelles mitraillèrent tout sur leur passage et supprimèrent un témoin, Madame SOLER, une Bônoise qui était venue passer la journée à Bugeaud.
Elle avait pique-niqué avec son mari et son fils âgé de huit ans et en pension aux Enfants à la montagne ; la malheureuse n'avait pas eu le temps de se mettre à l'abri lorsque les fellaghas traversèrent la forêt de la Fontaine du Curé.

La Fontaine du Curé était appelée Aïn Kerma : la fontaine du figuier ; peut-être à cause d'un petit figuier qui végétait près de la source où coulait une eau fraîche et pure ayant les mêmes propriétés que l'eau d'Evian.
Il avait même été question de la faire mettre en bouteille, mais les villageois s'y sont opposés. Il y avait une chaîne aux heures de repas, pour pouvoir y remplir une bouteille. Par temps de sirocco, les gens de la plaine venaient passer la journée et repartaient avec une bonbonne pleine de cette eau bénéfique pour les reins et pour le foie.
Dès le premier jour de l'attaque, le Maire avait pris des dispositions pour nous mettre à l'abri dans des colonies de vacances dont la plus grande fut celle des Enfants à la Montagne, crée par Madame BUOVOLO et ses deux filles célibataires et gérée par les Sueurs de Saint-Vincent-de-Paul.
J'avais fait trois séjours dans cette colonie de vacances, grâce à la générosité de cette vieille dame qui aidait les familles nombreuses ou nécessiteuses pour qu'elles puissent envoyer leurs enfants profiter de l'air pur de Bugeaud.
La défense passive s'organisait et l'on avait même enrôlé des anciens combattants des tirailleurs Algériens, lors de l'arrivée à Bône du Général de GAULLE (en 1958).
Il y eut le couvre feu à 18 heures : nous étions autorisés à descendre à Bône avec un convoi militaire. Ceux qui avaient des véhicules rendaient service à ceux qui n'en possédaient pas.
Un convoi fut attaqué lors de l'arrivée de France de ma fille et de ma nièce avec chacune un garçonnet de deux ans. Par nos lettres, nous les avions encouragées à venir passer le mois d'août 1957 à Bugeaud.
Dès l'arrivée des militaires au mois d'octobre 1955, nous avions pu retourner dans nos maisons et les indigènes demeurant dans la forêt dans des zones interdites furent obligés de rentrer au village.
Ils s'installèrent dans les maisons ou dans les villas des estivants qui étaient partis le jour même sans rien emporter.
Ils transformèrent les baignoires en abreuvoirs : les chèvres en quête de nourriture circulaient dans le village et dépouillèrent les frênes et les acacias. À cause de leurs moeurs, ils furent obligés de se camoufler avec des bâches, des tôles ou des roseaux et certains construisirent même des murs de séparation.
À Bône, j'avais vu grimper quatre étages par des moutons destinés au sacrifice pour l'Aïd et dans le même immeuble près de la poste et du consulat, ils avaient attaché un âne à la chasse d'eau qui nuit et jour fonctionnait, au grand désespoir des derniers locataires qui s'apprêtaient à partir en France.

En 1960, j'étais allée à Casablanca pour m'occuper de mes petits enfants dont la mère était hospitalisée : elle avait une typhoïde. Dès qu'elle fut rétablie, elle me fit visiter à pied, cette grande ville moderne avec de grandes avenues fleuries (d'où nous apercevions la villa de Marcel Cerdan), ses souks et ses grands magasins restés ouverts même le Dimanche et les jours de fête. J'appris que les employés prenaient leur congé hebdomadaire à tour de rôle : le vendredi les musulmans, le samedi les juifs, le dimanche les chrétiens. Je ne pus m'empêcher de penser: " Si c'est ainsi l'indépendance, avec ceux qui désirent rester au pays, alors d'accord pour que l'on donne plus tard aussi, l'indépendance à l'Algérie d'autant plus que le Général de GAULLE avait dit que nous pouvions rester et avoir les deux nationalités. "
Malheureusement ce n'était plus possible ; il fallait leur laisser la place " Finie l'Algérie de grand papa !
Finie l'Algérie de papa ! " disaient tous ceux qui désiraient notre départ de l'Algérie.
Mon mari s'était cramponné, il se faisait des illusions ; il disait à sa mère et à sa soeur : "partez si vous le voulez, moi je ne partirai pas, je ne veux pas abandonner la maison de mes ancêtres agrandie par mon père, mes frères et moi ; je veux garder le patrimoine et puis, je me suis toujours entendu avec les arabes eux aussi ne veulent pas que je m'en aille : " Pourquoi ils sont tous partis ?
Mais toi monsieur L. reste avec nous, ne crains rien, on a besoin de toi... ". "
Nous faisions tout pour ne pas nous créer des problèmes avec la nouvelle législation, très difficiles à résoudre.
Les jeunes qui désiraient continuer à boire des boissons alcoolisées voulaient que je les cache ; certains partaient sans payer et même le chef du bureau politique et les nouveaux gendarmes agirent ainsi.
A qui se plaindre ? Puisque moi la roumi, osait servir de l'Alcool aux musulmans. J'étais souvent seule au café ; mon mari s'occupait de son jardin : il avait quitté son emploi communal en 1958.
J'ai dû verser bien des larmes pour décider mon mari à partir et je ne veux pas raconter ce que j'ai dû supporter après l'indépendance à quoi bon.
Mon mari découragé aussi de son côté, prépara les papiers en cachette.

Nous avons pris l'avion le 16 décembre 1964 et mon fils, le 2 février 1965.
Nous avons choisi Perpignan à cause du climat plus favorable, mais la séparation de la famille fut difficile à supporter.

Les expressions arabe indigène, roumi pied noir et colon ne sont pas du tout péjoratives, croyez-moi : roumi signifie étranger.

Bugeaud

Bugeaud fut créé par le Docteur MILLOT en 1851 : son père Antoine, marié à une transcaucasienne de Tiflis, avait obtenu une concession de 400 hectares de terre dans le massif de l'Edough, à condition d'y élever des brebis du cachemire et des béliers d'Espagne ; mais vite découragé, il dut repartir en laissant sa femme et ses trois enfants : deux filles et un garçon (en 1846) (sic).
Des lions venaient rôder près de la ferme MILLOT, au troisième plateau. Sur un rocher dit le rocher du lion, un de ces rois des animaux restait des heures entières à contempler les prairies et les troupeaux de vaches (sic).


Le Maréchal Bugeaud avait vu les deux demoiselles MILLOT chasser avec une baguette, une panthère qui s'approchait un peu trop près de leur troupeau et il se dit : " Elles sont courageuses ces gaillardes ; elles ont toute mon estime. " (sic).
Les Bugeaudois racontaient aussi que ces dames n'hésitaient pas à épauler un fusil pour faire fuir un rôdeur ou tuer un sanglier.
La ferme MILLOT fut transformée en colonies de vacances pour les apprentis marins de Ferryville, puis en un camp de jeunesse très modernisé.
Ce sont les arrières parents de ma belle-mère qui s'installèrent les premiers à Bouzizi ; une source porte leur nom : la source Marshall.
Il y a également une source portant le nom de fontaine des Princes en souvenir du passage de Napoléon III.
Les pionniers travaillèrent dur : six mois pour l'État et six mois pour la société des lièges ; ce n'est que très tard dans la nuit, qu'ils pouvaient s'occuper de leur concession, s'éclairant avec une lanterne et gardant toujours un fusil de chasse près d'eux.

Lorsque la famille s'agrandissait, la séparation était inévitable.
La perle des stations de l'Algérie se nomme Séraïdj du nom d'un martyr; situé à 14 kilomètres de Bône et à 957 mètres d'altitude (1 000 pour Bouzizi), Bugeaud était le rendez-vous des touristes et des paludéens de la vallée de la Seybouse. Avec ses belles villas fleuries, ses beaux jardins, ses arbres fruitiers et sa forêt remplie d'essences variées, Bugeaud ressemblait à un village de France, nous disaient tous ceux qui avant l'exode, avaient pu passer leurs vacances dans la métropole.
Les excursions variées, sous bois, sur sentiers, près d'un précipice, d'un aqueduc, d'une cascade ou d'une source à l'eau fraîche et pure, renouvelaient constamment le plaisir du promeneur de découvrir des coins inattendus.
Les vues sur la mer, sur la plaine ou sur la montagne, tous ces panoramas étendus et variés charmaient les amoureux de la nature.
Souvent, nous allions dans la soirée, nous asseoir sur les bancs en bas de l'hôtel du Rocher, pour admirer le magnifique spectacle du coucher du soleil sur la mer.

Quelquefois, nous entendions les aboiements de chiens précédant des chasseurs essoufflés, remontant le ravin de l'Egyptienne : un énorme rocher en bordure de mer figurant une femme allongée sur le dos, les seins bien dressés et la chevelure au vent derrière sa tête.
Ils oubliaient vite leur fatigue, nos hommes, s'ils avaient pu tuer au moins un sanglier qu'ils dépouillaient et dépeçaient, jadis chez le doyen et plus tard chez nous, au café de la Place.
Après le tirage au sort des parts de sanglier dont la tête était donnée en plus à celui qui l'avait tué, ils cassaient la croûte avec le foie en sauce vinaigrée que savait si bien préparer mon mari.

Beaucoup de militaires se sont bien régalés chez nous ; ils ont été gâtés malgré tout ce que l'on raconte ; aussi, la rumeur de l'eau refusée par les pieds noirs, dont quelqu'un m'avait même dit que c'était du lait, cette mauvaise propagande m'avait fait bien du mal. En Algérie, l'eau se raréfiait en été et était rationnée ; par surprise il y avait des coupures de distribution et le Maire de Bugeaud recommandait aux estivants de ne pas arroser leurs fleurs.
Avec la démographie galopante, le problème de l'eau s'est accru partout en Algérie. À Oran, la municipalité distribuait irrégulièrement de l'eau potable et il y avait dans chaque quartier une pompe qui débitait de l'eau saumâtre impropre à la lessive et à la cuisson des légumes secs.
De temps en temps, un yaouled circulait avec son petit bourricot surchargé de jarres et de gargoulettes et vendait de l'eau de source à ceux qui n'avaient pas eu le temps de remplir un récipient à la citerne roulante de la commune.

À Bugeaud, l'hiver était long et rude et de la neige tombait souvent à partir du 8 décembre jusqu'à la fin mai. Il y avait moins de douze degrés devant notre café au mois de février. Le chasse-neige était souvent en panne et que de fois les jeunes aviateurs de Bouzizi s'arrêtaient chez nous pour se réchauffer devant notre cheminée et partager notre repas.
Nous avons connu des hivers sans électricité, sans eau et sans pain ; heureusement que presque tous avaient un baquet de viande salée (de cochon ou de sanglier).
Ils tuaient le cochon au moins deux fois par an et échangeaient du boudin et de la soupe de boudin. Ils faisaient aussi leur pain : ils avaient un four dans leur maison et plus tard, un boulanger s'y installa ; il venait souvent la nuit réveiller mon mari pour qu'il rétablisse le courant : c'était un dépanneur en tout genre.
Il grimpait sur les pylônes enneigés, rétablissait le courant au transformateur, allait à pied à l'Edough pour remettre les pompes en route afin de remplir le château d'eau situé au premier plateau.
Une fois, il faillit tomber dans le château d'eau en le nettoyant avec une brosse métallique, perché sur une échelle en corde tenue dehors par l'autre garde champêtre : elle se balançait chaque fois que l'eau arrivait avec pression, aveuglant le fontainier au moment où il ne s'y attendait pas, car le cantonnier fai-sait le contraire de ce qu'il devait faire parce qu'il était trop loin pour comprendre ce qui lui était demandé.

La charcuterie, les fruits, les légumes, le lait, etc., avaient une bonne renommée sur le marché de Bône.
Une tante, avec certains excédents, faisait du cidre et de la choucroute qu'elle distribuait pour les fêtes.

En hiver, pour ne pas rester oisifs, tous ensemble ils achetèrent des coupes de bois afin de le faire sécher pour les hivers suivants.
Mon mari, très bricoleur, avait installé une scie électrique sur le châssis d'une vieille automobile. Il avait rendu bien des services aux réfugiés de 1942. À la même époque, les Néo-Zélandais avaient fait bien des dégâts dans la forêt de chênes zène. Après l'indépendance, ils mirent plusieurs gardes forestiers pour empêcher les indigènes de retourner vivre avec leurs bêtes et de continuer à faire du charbon ; j'appris qu'ils faisaient cuire leurs galettes sur des réchauds à gaz, distribués gratuitement au début.
De jeunes indigènes servaient de guide aux estivants tout en promenant leurs jeunes enfants sur des ânes à travers les sentiers de la forêt (de chênes liège, de chênes zène, de sapins, de pins, d'arbousiers, de châtaigniers, de noyers, de merisiers, de myrtes, etc.).
Nous aussi, nous nous promenions avec nos enfants, surtout le jeudi; nous rapportions toujours quelque chose à la maison: de la broussaille, des pommes de pins, des arbouses, des myrtes, des merises, des châtaignes, des noix sauvages et surtout, beaucoup de champignons que nous faisions sécher.

Chez un oncle, nous aidions à la cueillette des fruits ; pour nous récompenser, notre tante nous donnait, en plus de la petite corbeille de fruits de saison: du lait caillé, un fromage blanc et quelques fois aussi de la crème fraîche.
Au plateau, nous ramassions de la chicorée, des champignons roses et des arti-chauts sauvages ; les enfants étaient toujours occupés : ils faisaient de l'herbe pour soigner les lapins et allaient ramasser des glands qu'ils vendaient au plus offrant pour gagner de l'argent qu'ils ne dépensaient pas bêtement en bonbons. Qui n'a pas joué au Tarzan, avec des lianes épaisses entourant les chênes zène? C'était un jeu assez dangereux car mon frère, qui s'était balancé plusieurs fois de suite avec une petite-nièce de cinq ans dans ses bras qui lui répétait : " Tonton, encore, encore ! ", s'était cassé la clavicule. Il tomba sur un bouquet d'arbustes situé dans une prairie où paissaient des vaches (à 50 mètres environ) mon mari et ses cousins allèrent les récupérer pour conduire mon frère à Bône, mais la petite-nièce qui ne s'était pas fait mal, put continuer ses vacances avec moi qui faisait un intérim de facteur receveur en 1933. C'est à cette date que je fis la connaissance de mon futur époux.
Une tante d'une soixantaine d'année et de caractère jeune, se fit mal aux der-nières vertèbres en tombant à la renverse sur un talus ; mais cela ne l'empêcha pas de vieillir et de mourir en France à Apt, à l'âge de 90 ans.
Beaucoup d'artistes venus de la métropole ont animé notre station estivale ; je me souviens de P. Dudan, de G. Ulmer, de R. Souplex et de J. Sourza, de Bourdiguez, le fils d'une voisine qui chantait: Je cherche après Titine et qui fai-sait la danse cosaque.
La chasse, la pêche, divers jeux et concours où mon fils était souvent gagnant dans ces performances enfantines, le corso fleuri avec l'élection de la Reine de la forêt, le tirage de la loterie algérienne avec l'élection de Miss Bugeaud dont la dernière fut ma fille âgée de 15 ans en 1952, le bal sur la place, au Casino ou au café de la place, le feu d'artifice, oui, tous ces divertissements attiraient beaucoup de monde à Bugeaud.

Bugeaud, la forêt
À la fin de la saison, le Maire et le Directeur de la Société des Lièges de l'Edough, organisaient une sortie à la mer pour deux ou trois jours. Cela nous amusait quand on les voyait partir transportant à dos de mulet ou d'âne, tout ce dont ils avaient besoin; des pêcheurs de La Caroube les rejoignaient avec leur barque et des filets ; ceux qui craignaient le mal de mer préféraient pêcher au roseau ou au moulinet, ramasser des coquillages dans les rochers, ou attraper des crabes ou des poulpes, etc.

Les vétérans, aidés par les jeunes indigènes heureux d'assister à la sortie annuelle avec les roumis, préparaient le feu de camp, la sauce pour la bouillabaisse ou la macaronade.


Ils n'avaient pas oublié le petit phonographe pour danser toute la nuit autour du feu, mais gare à celui qui avait osé se retirer pour dormir : il avait droit au maquillage au bouchon noirci et à la plongée tout habillé dans la mer pour être réveillé afin de continuer la fête.

LA SUITE ....



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