" LES CARIOLES "
par M. Jean Pierre Bartolini

Les CARRIOLES: nos engins de "mort" à roulements à billes qui ont fait le bonheur de notre enfance.
Le plus souvent nous recherchions des caisses assez costauds et, soit on gardait les cotés, soit on les enlevait pour être plus à l'aise pour faire les acrobaties ou les courses.

Avec des planches plus épaisses on fabriquait des essieux que l'on arrondissait aux extrémités pour mettre les roulements à billes et coincés par un clou qui servait de clavette. Plus les roulements étaient gros, mieux c'était.
Des roulements qu'on achetait chez des mécaniciens ou en faisant du troc.
L'essieu arrière était fixe. Tandis que celui de l'avant, plus grand que la largeur du plateau, était maintenu par un boulon central, qui le rendait mobile pour nous permettre de donner à la carriole la direction voulue.
Avant de l'étrenner, on la baptisait, la mienne s'appelait " Titine " comme ma première voiture une 4CV Renault.

On conduisait cet " engin de mort " :
- soit avec les pieds posés à droite et à gauche de l'essieu avant, assis sur le plateau ;
- soit avec une ficelle attachée à droite et à gauche de l'essieu avant, assis tailleurs sur le plateau ;
- soit avec les mains posées à droite et à gauche de l'essieu avant, en étant à genoux ou couchés pour les courses
Suivant la longueur du plateau, il y avait des carrioles individuelles ou des " familiales " pour 2 ou 3 comme on dirait maintenant.
Le " freinage " se faisait, suivant la position adoptée, avec les chaussures sur les roulements arrières, ou alors avec des gros morceaux de cuir que l'on appliquait avec les mains surs les roulements.
Les plus pépères avaient adopté le mode de freinage des calèches, c'est à dire un patin de cuir actionné par un levier.
Il faut dire que le plus souvent, il n'y avait pas de freinage, " on décrochait " en se laissant rouler sur le coté, la carriole terminant sa course toute seule. Dans quel état !!

Pour ma part, mes deux pistes favorites étaient :
- la descente du cimetière vers le stade, c'était la petite piste
- la grande piste, la descente du haut des Santons, en passant devant le Centre de Santé, le carrefour du Four Arabe, la Pépinière de l'avenue du Capitaine Dauphin et la rue de Savoie. La vitesse prise tout au long du parcours, avec de bons roulements, nous amenait jusqu'au premier tiers de la rue de Savoie.

Lorsque les courses étaient organisées, on se prenait pour des pilotes du circuit de la grenouillère. Avec le bruit infernal des roulements sur la route, on était tous des Fangio.
Les capotages étaient courants, on se relevait et on remontait la pente. Les casques, les gants, les lunettes et autres protections n'existaient pas chez nous. On était des " Pionniers ".

La Carriole c'était le symbole de notre ingéniosité et de notre " Témérité ", car bien souvent il fallait éviter les voitures et les calèches, les piétons ou autres s'écartaient rien qu'au bruit.