N° 89
Novembre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Novembre 2009
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, ,
  Ceux qui sont restés là-bas     
Par : Jean Paul Gavino
EDITO

Démystifier les " Associations d'Etat "


        Chers Amis
        Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai entendu dire " les Cimetières, c'est compliqué ", " l'entretien des cimetières, c'est cher ", " c'est une affaire d'états ", etc…
        Depuis plusieurs années, je m'emploie à lutter contre ces a priori récurrents qui freinent malheureusement la conservation de nos lieux de mémoire en Algérie.
        Depuis des semaines, je reçois des innombrables photos de divers cimetières en Algérie. C'est de l'horreur dans tout ce qu'il y a de plus abject en abomination et inhumanité.

        Il y a des associations en France qui se servent du problème des cimetières pour en faire un fond de propagande associative mais qui ne font réellement rien de concret sur place. C'est facile de faire circuler des photos sur Internet, mais encore faut-il faire une action de grande envergure.
        Je me souviens, qu'après avoir mis sur mon site les photos du cimetière de Bône, " des horreurs " ; le Consulat français de Bône et les associations affiliées ne se sont pas privées pour me tomber dessus, au point que j'avais même enlevé le site du cimetière. (Ce site a été remis en service le mois dernier). http://www.piednoir.net/taddo/
        Ces associations, que font-elles avec l'argent que l'état, les collectivités locales françaises ou celui que les adhérents versent ? De l'esbroufe et sûrement du gaspillage quand on voit chaque année empirer la situation avec un état de plus en plus déplorable
        Par contre, une de ses associations de bônois, très critique à l'égard de nos actions personnelles, ne se prive pas de mettre sur leur site Internet des photos de nos tombes familiales dont nous avons payés personnellement les réparations et l'entretien directement à un jeune artisan que nous avons aidé pour son installation. Ils font croire à leurs adhérents qu'ils sont les auteurs de ces travaux d'entretien. C'est de la pure imposture.

        Ce qui me fait particulièrement râler :
        - Ce sont les gens qui pestent, avec justes raisons, contre l'état des cimetières, mais qui ne font pas un geste pour leurs parents restés là-bas.
        - Ce sont aussi les P.N. qui retournent en Algérie, qui diffusent à leur retour les photos de leur voyage et qui occultent celles des cimetières, surtout celles des atrocités. Je dis qu'il faut tout montrer, aussi bien les saccages, le vandalisme, l'usure du temps, comme l'entretien impeccable de certains cimetières, certes trop peu nombreux.
        - C'est aussi l'hypocrisie des associations qui organisent des voyages et qui pour paraître conciliantes vis-à-vis des autorités algériennes et françaises, conseillent à leurs " fidèles carpes " de rester muettes. C'est une métaphore pas une insulte.

        Je ne peux qu'être encouragé et satisfait des écrits tels que m'a fait parvenir M. Cavanna qui lutte lui aussi contre ces a priori. Je vous livre ses pensées qui rejoignent les miennes en espérant inciter le public Pieds-Noirs à prendre conscience de la situation.
        Bien évidemment la situation des cimetières est variable selon les villes ou les villages. Il y a des cimetières totalement abandonnés et d'autres qui sont entretenus y compris par les APC (mairie) et certainement pas par nos représentants diplomatiques qui n'ont aujourd'hui qu'un souci, regrouper.

        Il faut que les choses soient parfaitement claires quant aux associations nationales qui s'intéressent et défendent les cimetières. Les associations qui s'opposent farouchement aux actions de l'ambassade et du ministère des Affaires Etrangères français sont peu nombreuses. Actuellement, Il n'y en a vraisemblablement qu'une, celle qu'il préside et qui est au surplus régulièrement présente en Algérie. (Au moins une fois par mois). M. Cavanna est avocat de profession.

        Comme on ne peut pas dire n'importe quoi. Il y a une autre association qui a oeuvrée en son temps dans ce sens il y a de nombreuses années mais aujourd'hui il ne vient que 3 ou 4 représentants à la toussaint.

        Par contre, il y a des associations - de droit algérien - qui ont été constituées par le Consulat de France dont l'action consiste à ignorer totalement les autres. Elles servent semble t-il au consulat sauf qu'il est intéressant de connaître la véritable composition des membres de l'association et leur fonctionnement. Il semble qu'il ne souhaite avoir aucun membre extérieur ou de la communauté.

        En procédant par l'intermédiaire des associations in memoriam, nos représentants diplomatiques font accepter tout ce qu'ils veulent.

        M. Cavanna a personnellement saisi le Président de la Cour des comptes pour l'interroger sur le problème du financement de ces associations de droit étranger avec des fonds provenant de France. Ceci est contraire aux règles de la comptabilité publique.

        Il précise :
        1- Que de l'aveu même des algériens, les cimetières sont patrimoine algérien et à ce titre ils doivent être préservés et au surplus l'Algérie n'a absolument rien demandé. C'est bien la France qui a pris l'initiative, sans naturellement s'intéresser à ce que la communauté souhaite.

        2- Pour pouvoir obtenir une remise en état rapide et efficace de tous les cimetières, il a proposé le parrainage d'un cimetière en Algérie par une commune de France. Il y a 500 cimetières en Algérie et 36000 communes en France!!!
        Lors du dernier entretien qu'il a eu le 28 juin avec le consul général Mr Heude à Alger celui-ci lui a précisé que la proposition avait effectivement intéressé les responsables Français mais ensuite, comme d'habitude rien, car ce n'est pas une idée parisienne. (Rien ne change depuis le temps où nous étions là-bas, Paris décide, nous trinquons)
        Par ailleurs le Consul Général fait savoir que nos associations qui ont prétendu défendre pendant plus de 40 ans les intérêts de nos parents, ont trompé tout le monde. Les résultats sont là : (indemnisation minimum (sauf pour certains), cimetières regroupés etc...)

        En ce qui concerne la proposition de parrainage, cette proposition a également séduit les politiques algériens car cela permettrait également aux communes de développer des échanges divers et d'arriver à un jumelage pour celles qui le souhaitent.
        L'exemple même des actions négatives de nos présidents d'associations est celle de l'un d'eux qui en 2003 au retour d'Alger a fait une tournée dans le Sud de la France pour expliquer à nos compatriotes "les algériens supprimeront tous les cimetières. Il n'y a rien à espérer et rien à faire": sauf que quelques mois auparavant il avait rapatrié les restes des membres de sa famille et qu'il faisait déjà la politique de ce qui avait été décidé à Paris. Et celui-ci prétendant défendre les intérêts de la communauté depuis 45 ans !!!! Mais malheureusement les exemples de ce type sont nombreux.

        Aujourd'hui devant le peu de mobilisation de nos compatriotes, les autorités françaises poursuivent sans obstacle leur politique de destruction.
        Ainsi la France vient de supprimer pratiquement un tiers du cimetière d'Oran à la pelle mécanique.
        Avec la complicité de l'association d'état, cela avait été fait à Bône en 2004 en prétextant d'un glissement de terrain (quelques tombes déplacées par de violentes chutes de pluie). Le terrain en question est toujours à la même place et est devenu une aire sauvage de jeu. Moi-même, alors en France, je m'étais fait avoir. Voilà pourquoi, il faut se rendre sur place pour constater les faits.

        M. Cavanna a interrogé le Consul pour savoir si les familles étaient informées, si elles avaient donné leur accord, rien de tout cela (même celles qui avaient des concessions à perpétuité). Il pense donc qu'en l'état c'est la responsabilité de la France qu'il faut mettre en jeu. Il y a violation de sépulture, dégradation volontaire etc..
        Nous sommes à ce jour convaincu que tant que la France n'aura pas de procès en responsabilités, l'action se poursuivra.

        
        Il faudrait donc dans un premier temps qu'un procès soit engagé par une dizaine de familles ayant des tombes dans le cimetière d'Oran ou dans un des cimetières supprimé. De l'aveu du consul une autre tranche de 60 cimetières doit être supprimée.

        Aujourd'hui nos compatriotes sont de plus en plus nombreux à aller en Algérie. Il n'y a aucun problème d'accueil ou de retrouvailles. Les choses sont simples si l'on veut qu'elles soient ainsi:
        Il faut:
        1 - Que nos compatriotes soient effectivement nombreux à aller revoir le pays.
        2 - Qu'ils se souviennent que les cimetières sont une de leur racine avec le pays.
        3 - Qu'ils prennent leurs dispositions pour que les concessions (qui ne sont pas à perpétuité) soient renouvelées (ce n'est pas coûteux et les algériens ne réclament pas les arriérés).
        4 - Qu'ils fassent savoir au pouvoir parisien qu'il ne peut faire ce qu'il veut dans cette matière sans l'accord des familles. Ils seront soutenus par les algériens s'ils voient que nos compatriotes sont attachés à leur cimetière qui reste un élément du patrimoine historique de la ville ou du village.

        Un exemple qui doit être suivi: celui de Montpellier qui ayant réalisé le jumelage avec Tlemcen va parrainer les deux cimetières de Tlemcen (cimetière chrétien et cimetière juif).

        Enfin, il confirme que pour la Toussaint, il accompagne une délégation - comme chaque année - pour les cérémonies aux cimetières d'Alger. Ils sont à ce jour une vingtaine.
        Notre groupe de voyageurs bônois fait aussi la démarche de faire fleurir les tombes familiales que nous avons fait réparer et entretenir. Cela pour la modique somme de 20 euros par tombe avec nettoyage et désherbage. (Prix obtenus sans intermédiaires associatifs.)

        Si l'on veut sauver nos cimetières il faut que nos compatriotes se ressaisissent, n'écoutent pas les donneurs de conseil qui parlent souvent sans avoir remis les pieds en Algérie depuis 1962 et qui continuent de régler des comptes on ne sait d'ailleurs avec qui. Il faut qu'ils se mobilisent en faisant savoir avec fermeté à nos politiques qu'ils n'acceptent pas ce qui est fait à leur insu, qu'ils soutiennent les associations qui se battent dans ce sens, qu'ils se rendent sur les tombes de leurs parents et qu'ils régularisent les situations concernant les concessions. Devant cette ferme volonté, nos politiques devront revoir leur politique. Bien évidement tout ceci doit aussi s'accompagner d'une procédure à l'encontre de la France. Dès qu'un procès sera engagé par une dizaine de familles, de nombreux compatriotes les rejoindront dans leurs demandes. C'est à notre avis, comme cela que l'on arrivera à arrêter la spirale destructrice.

        M. Cavanna reste à la disposition de tous ceux qui souhaitent en savoir d'avantage et s'associer à l'action menée.

        Bien entendu, tout ce que dit M. Cavanna, je l'ai constaté sur place et c'est pourquoi je suis d'accord avec ses propositions et la démystification " des associations d'état ".

        Les cimetières représentent une certaine surface comptabilisée dans l'inventaire des patrimoines communaux. Ils font parti des espaces verts. Cela signifie qu'ils sont à la charge de leurs services d'entretien comme pour les parcs et squares.

        Le cimetière est avant tout un lieu de respect et de repos éternel pour nos défunts quels qu'ils soient, toutes confessions confondues. Ils sont un lieu de mémoire pour les familles. Ces lieux doivent restés propres avec des allées et carrés sans mauvaises herbes ou détritus, avec des tombes entretenues. Ils doivent être gardés et surveillés pour éviter le vandalisme.

        Un joli cimetière " où l'envie de mourir y te donne " doit être aussi un lieu de promenade apaisante, de méditation, de recueillement, de sérénité, de culture, d'échange, d'histoire et peut devenir un lieu touristique enrichissant.

        Pour une commune, c'est un lieu de travail et d'un intérêt économique valorisant par l'apport de tâches aux artisans locaux avec l'entretien et la réparation des tombes en intégrant le caractère esthétique. C'est une activité qu'elle ne doit surtout pas nier ou occulter.

        Qu'il serait agréable de voir des arbres entretenus, des espaces tondus, désherbés ou gravillonnés, des fontaines, des suspensoirs à arrosoirs, des poubelles, des sanitaires, des bancs pour se reposer devant des carrés de tombes entourés de plantes.
        Cela n'est pas du rêve, c'est réalisable.

        Est-ce que les Pieds-Noirs, toujours râleurs, seraient prêts à la re-sacralisation de ces lieux ?
        Là est la véritable question car c'est avant tout un engagement personnel avant d'être collectif.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.
P.S. Ce mois-ci, l'édito est un peu long, mais il était nécessaire, même si je sais d'avance que je recevrai un courrier réprobateur (pour être poli) d'associatifs ignorants des réalités du terrain.
**********
Voici ce qui peut être réalisé avec de la volonté.

Tombe, d'un oncle, restaurée et fleurie par "le groupe des voyages Bartolini", travaux réalisés par M. Mounir Hanèche

Vierge, familiale, restaurée et fleurie par "le groupe des voyages Bartolini", travaux réalisés par M. Mounir Hanèche

Stèle communale restaurée et fleurie par "le groupe des voyages Bartolini", travaux réalisés par M. Mounir Hanèche

MARCEL
par Jean Pierre Bartolini


Marcel

En 2008, la magie
De ton clin d'œil dans cette eau
Me permit de descendre
Comme je te l'avais promis
Dans cet éternel tombeau,
Où je devais déposer tes cendres.

Un an après, me revoilà,
Avec les Amis, la Famille,
Pour te rendre une visite
Avec fleurs, sans tchaklala,
Avec casquette, sans mantille
Pour tout le respect que tu mérites.

Voilà mon Ami, mon Frère,
Pour l'amour de tous tes Amis,
Continu de garder ton Vivier,
En compagnie de ton père.
Que cette eau, notre amie,
Soit tienne pour l'éternité.

Ave Marcel,
On t'embrasse.
J.P. B.         


QUAND LE BATIMENT VA ...
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

           Pour qui a quitté Bône depuis une quinzaine d'années seulement, le retour dans cette ville est un sujet d'étonnement, mélangé de stupeur et d'admiration, et, peut-être aussi, de regrets.
           Des maisons, toutes de six et huit étages, ont surgi de terre, un peu partout, dans la ville, sans l'embellir pour autant, des villas, en grand nombre, ont rempli les vides des faubourgs qui ont rejoint la ville, et les chemins, jadis, bordés d'arbres ombreux, ne sont plus que des rues pleines de soleil et de bruit.
           Tout est plus grand et plus animé, mais l'ensemble est moins beau et moins séduisant qu'autrefois.
           Rien que du côté de notre ancien Champ de Mars, où l'on n'aurait jamais pensé, il y a un demi-siècle, à bâtir autre chose qu'une cité lacustre, de grandes maisons ont pris, en moins de cinq années, qui viennent à peine de s'écouler, la place de ces mares aux canards sauvages qui faisaient, naguère encore, les délices de nos Nemrods rappelant, mais en mieux, les fameux chasseurs de casquettes du Pont de Tarascon à Beaucaire, immortalisés par Alphonse Daudet.

******

           Sur le plateau des Santons, derrière la Grande Poste, des immeubles importants ont été construits tout récemment, qu'on appelle des " blocs ", ce qui suffit pour donner une idée de leur architecture et de leur aspect.
           On a construit partout, et peut-être aussi un peu n'importe où, dans la ville ou sur sa périphérie, sans aucun souci de conserver à cette ville que les voyageurs, qui la visitaient autrefois, appelaient " Bône-la-Coquette ", la marque d'élégance, de grâce et d'harmonie qui faisait sa réputation et l'agrément, en même temps que l'orgueil, de ses habitants.
           Des quartiers nouveaux, des rues nouvelles, que l'on n'a pas eu le temps de dénommer encore, se sont créés, faisant à la ville, sans bruit et sans tapage, de larges adjonctions qui augmentent sans cesse son périmètre dont la longueur est déjà importante. Des écoles vastes et superbes, sont venues meubler ces quartiers et donneront aux enfants sûrement l'amour de s'instruire.
           La création de cités musulmanes à l'Orangerie, aux Lauriers-Roses, au Ruisseau d'Or, à Sidi-Salem a certainement marqué un retour au bon goût et à l'harmonie des lignes et des perspectives, dont on s'est peut-être écarté, par ailleurs, dans les autres constructions que l'on a placées ça et là, sans plan d'ensemble, sans souci d'homogénéité, ce qui est certainement regrettable au point de vue de l'esthétique et de l'urbanisme. Mais cela importe peu, en définitive, puisqu'il est prouvé, d'une manière ou de l'autre, que l'on a construit, et que même on a construit intensément.

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           Car, construire pour une ville, c'est comme respirer pour l'individu.
           La ville qui ne construit pas est une ville morte qui a renoncé à son avenir, à sa pérennité.
           Bâtir, c'était, autrefois, le mot magique qui prouvait l'énergie, la volonté, la continuité et la foi dans l'avenir, tout ensemble.
           Les uns commençaient, d'autres continuaient, d'autres, enfin, finissaient. Les bâtisseurs de cathédrales, au XII'"e siècle entreprenaient des ouvrages qui n'étaient terminés que des siècles, plus tard, par les générations suivantes.
           Et plus avant, les Pharaons, combien de siècles mettaient-ils pour construire leurs pyramides ?
           C'était la chaîne, dans les esprits et dans les coeurs. C'était, surtout, la certitude de la continuité à travers la durée.
           Ce n'est plus pareil aujourd'hui où tout passe et tout lasse, comme l'affirme le dicton populaire.
           C'est, peut-être, pour cela que les constructions modernes sont en matériaux légers. Pour être plus vite achevés, sans doute, mais aussi parce qu'on met moins de coeur à l'ouvrage, à sa finition, à sa durée.
           Mais alors, ce n'est plus construire cela ; du moins, ce n'est plus construire pour l'éternité.
           Nos descendants ou ceux qui auront pris leur place dans ce pays, ne retrouveront pas les ruines de Bône, comme nous avons la joie de retrouver les vestiges de l'ancienne Hippone. Dans quinze siècles que seront devenus les ciments armés, les stucs, les agglomérés, le: préfabriqués, dont se servent nos bâtisseurs d'aujourd'hui pour aller plus vite ? -

           Et pourtant les matériaux ne manquent pas à Bône, ni autour de Bône.
           Il y a les carrières de marbres du Cap de Garde d'où ont été tirés tous les marbres que l'on découvre dans les ruines de l'ancienne Métropole du Grand Saint Augustin. Il y a ceux de Filfila dont les colonnes de notre Hôtel de Ville majestueux sont de bien beaux échantillons tant pour la finesse du grain que pour la teinte grise et leur volume énorme, Il y a ceux de Guelma, d'Aïn-Smara et que sais-je encore. Il y a des granits merveilleux à Herbillon.
           Tout est là sur place, presque à pied d'oeuvre. Les anciens entrepreneurs le savaient bien et Barthélémy Rossy, par exemple, en témoigne, lui qui a construit avec tous les éléments qu'il a justement puisés dans le pays, la superbe basilique de Saint Augustin et tous les magnifiques immeubles du Cours, arcades du côté Est.
           Les vieux maçons qui aiment leur métier - et il doit y en avoir encore - doivent avoir honte d'user des procédés actuellement en vogue dans la construction.
           Car les maçons qui ont construit tous les grands monuments de l'Univers qui marquent les étapes glorieuses de notre civilisation sont fiers de leur profession.
           Autrefois, l'on voyait des ouvriers maçons en chômage se grouper, en attendant le client de rencontre, sous les jolis palmiers de la petite place de la vieille poissonnerie qui est devenue la place Bulliod. On n'en voit plus un seul depuis longtemps. C'est donc qu'il n'y a plus de chômage dans la partie. C'est donc que le bâtiment va...
           Et quand le bâtiment va... on le sait... tout va.
           Mais avec les procédés employés, la profession a perdu de sa noblesse d'autrefois. Elle est demeurée, néanmoins, le baromètre de l'activité des affaires de la ville.

A SUIVRE

A la mémoire des Agriculteurs
de la plaine de Bône
                                          par Georges Bailly                                       N°8

Chapitre IV

LES COLONS MALTAIS DE LA PLAINE

FAMILLE SULTANA
(Récit et documents de Jacky et Thérèse Sultana)

Salvatore, Ange, Jean dit Angelo 1870/1930, fils de Joseph Sultana 1843/1902 et de Marie Farrugia, arriva de Xaghra (Gozo) au domaine de l'Allélik vers 1890. Il se maria en 1902 en seconde noce avec Cilla Vincente Félicie à l'Allélik, où il était jardinier chez son oncle Farrugia ou Hili.


Angelo et Vincente

Ils achetèrent ensuite la ferme des Mûriers au Pont Blanc où Angelo décéda. Ils eurent sept enfants :
                   Françoise Gracia mariée à Joseph Azzopardi.
                   Clément marié à Gabrielle Crémona, six enfants : Carmen, Marthe, Rosemarie, Angelo, Félix, Henri.>
                   François marié à Marie Saliba, sept enfants : Lucette, René-Ange, Arlette, Anna, Christiane, Jacky et Gisèle.
                   Joseph marié à Augustine Sultana, un enfant : André.
                   Paul Victor marié à Marie Bonici, cinq enfants : Ange, Jean-Pierre, Yvette, Bernard, Paul
                   Carmelle mariée à Joseph Bigéni deux enfants Bigéni : Josiane et Michel Pierre décédé à la naissance

Les propriétés des frères Sultana

Les frères Sultana, Clément, François, Joseph, Paul, géraient ensemble plusieurs propriétés, en SARL :
                   Braptia Kanguet propriété de 190 ha vers La calle.
                   Merdes propriété de 20 ha 46 a, située à Morris
                   L'oasis propriété de 68 ha 69 a, située à Duzerville
                   Une propriété de 32 ha, située à Randon
                   Sidi Embarek propriété de 615 ha, située sur la commune de Morris, où on cultivait melons, pastèques, céréales et animaux pour la boucherie.
                   Leurs enfants : André, Ange, Angelo, Jacky, Félix, Henry et Jean-Pierre prirent la suite en 1956 en créant la Société civile Sultana réunis.

L'OASIS

Cette ferme achetée par Angelo et son épouse Vincente en 1932 à Charles Borg et à son épouse Catherine Sammut, était située prés de Duzerville.
                   Deux familles Sultana y vivaient, le père François et son épouse Marie, ainsi que son fils Jacky et son épouse Thérèse née Borg.

Les bâtiments de la ferme de l'Oasis

François Sultana et son épouse Marie Saliba

La production était répartie approximativement de cette façon : 30 ha 50 a d'agrumes (oranges, mandarines, clémentines, citrons), 5 ha 32 a de pommiers (pommiers de Malte, pommiers Skikda), 6 ha 55 a de pruniers, 3 ha 15 a de pêchers, 9 ha 55 a de grenadiers, 5 ha 55 a de néfliers (Tanaka), 1 ha 30 a de poiriers, 7 ha de vigne (raisins: dattiers, muscats blancs, muscats noirs, gros noirs), plus des arbres divers et des constructions.
                   Cultures maraîchères :
                   Courges, choux-fleurs, oignons, pommes de terre, artichauts, patates douces, tomates, poivrons, persil.
                   Laiterie :>
                   Au début, la laiterie comprenait 50 à 80 vaches pour une production d'environ 10 à 12 litres de lait par jour et par vache. Cette production était distribuée par la laiterie Anglade, rue Bouscarein, à Bône. Dans les années 60, il ne restait plus qu'une production de vaches de boucherie.

Lolo, son cousin Jacky avec son père François Sultana et leur ouvrier au milieu du raisin dattier du domaine.

            

Emballage des oranges par Jacky et sa soeur Gisèle
Contrôle des raisins par Jacky

Ces domaines furent nationalisés
par l'État algérien le 21 octobre 1963.


********

FAMILLE GRECK
(Récit et documents de Gérard Grech, fils de Clément)

 Domaines Sidi Chebbi, Bichella et Merdès

La famille Greck était originaire de Malte, descendante de Georges Greck et Catherine Sultana.

Leur fils Carmelo, né le 13/8/1889 à Caccia, décédé à Bône le 22/4/1943, épousa Marie Azzopardi. Ils eurent trois enfants : Micheline, Joseph, Clément.
                   Carmelo bien que citoyen britannique, pût être incorporé dans une unité combattante (4ème Zouaves) pour défendre la France en participant glorieusement à la guerre 1914/1918.

                   Avec sa seconde épouse Marie-Jeanne Sant, ils louèrent à la famille Durget en 1932, le domaine de Sidi Chebbi, situé à l'Oasis sur la commune de Duzerville et en 1935, la propriété de Bichella sur la commune de Bône. Ces deux propriétés s'étendaient de part et d'autre du canal de déviation de l'oued Meboudja et de la voie ferrée Bône Constantine. A la mort de Carmelo, sa veuve Marie-Jeanne, sous-loua ces propriétés à ses enfants Dimeglio Louis et Juliette (épouse Bugeia), Greck Paul et Georges et à ses beaux-fils Greck Joseph et Clément. Joseph habitait sur le domaine de Bichella et Clément sur le domaine de Sidi Chebbi. Georges et Paul habitaient à Bône.

Sidi Chebbi, d'une superficie de 30 hectares, était situé à une vingtaine de kilomètres de Bône et dix de Duzerville, au niveau de Pont Bouché. Il tenait son nom du marabout enterré sur les terres dans un mausolée surmonté d'une coupole.

On y cultivait, 20 ha d'agrumes (orangers, mandariniers, citronniers), des arbres fruitiers divers (abricotiers, pêchers, poiriers, cerisiers, figuiers etc...) des cultures maraîchères, (choux, choux-fleurs, tomates, artichauts, poivrons etc..).

Ces domaines, cultivés et magnifiquement entretenus par les frères Greck, épaulés par des ouvriers travailleurs et sûrs, donnaient des récoltes abondantes et de qualité. Les agrumes étaient expédiés en métropole. Les autres fruits et légumes étaient acheminés sur le marché de gros de Bône. Hélas Madame Durget, décida de ne plus reconduire le bail de location, malgré cette mise en valeur de trente années faites de travail acharné qui avait fait d'une terre nue mais fertile, deux très beaux domaines.

Les frères Greck Joseph et Clément achetèrent alors en 1949, en association, au couple Lallane-Guiraud, une propriété sur la zone des Merdés. Cette propriété de 14 ha 5 a 50 ca, se situait à 5 km de Morris après la rivière Bounamoussa, à l'intersection des routes menant à La Calle et Combes. On y cultivait, 6ha 64a de vigne, le restant d'une superficie de 7 ha 40 a et 50 ca, étant planté d'agrumes et d'arbres fruitiers divers : orangers, mandariniers, clémentiniers, pruniers, abricotiers, pêchers, poiriers etc...

     >
Terrain à Morris                                    Verger à Merdès

NB. : Le nom patronymique Greck était écrit à l'époque avec K, mais à la suite d'une ordonnance du Tribunal civil de Bône en date du 3 décembre 1949, le K disparut et le nom GRECH s'écrit aujourd'hui avec un H.

Les frères Grech d'un dynamisme sans faille pour leur profession et leur pays, louaient en plus à l'année, des terres avoisinantes, où ils cultivaient, tabac, tomates, coton et cultures maraîchères. Ils employaient une main d'oeuvre abondante locale et régionale. Leur mandataire, Monsieur Alphonse Xiberas, rémunéré au pourcentage se chargeait de la vente, du tabac, des fruits et légumes sur le marché de Bône. Le tabac, les tomates destinées à la conserverie et le coton étaient livrées aux coopératives agricoles.

- La culture du tabac était confiée à des Khaddars, groupe d'ouvriers arabes se chargeant de la plantation, des travaux de binage, sarclage, ramassage et conditionnement des feuilles. Les autres charges telles que terrains, labours, transport étaient de la responsabilité du propriétaire. En fin d'exercice les deux parties se répartissaient les bénéfices à part égale.

    
Propriétés GRECK Joseph, et héritiers Greck Clément
A Merdès, Hangar et écuries

A cette époque, les rapports entre toutes les communautés, étaient courtois, d'une grande richesse, empreints de respect, tolérance et confiance.
                   Hélas le déclenchement de la guerre d'indépendance, des soit disant algériens, entraîna, bien des exactions, arbres fruitiers sciés dans la nuit, champs ravagés, matériel agricole saboté.


Photo prise en 1956 du verger saccagé un an avant

Après le drame de l'assassinat de Clément le 14/4/1958 dans la propriété, sa veuve donna en gérance sa part à son beau-frère Joseph qui continua l'exploitation jusqu'au 18/10/1962, où devant l'insécurité il se décida à partir en France où il mourut le 22/4/1999 à Blois.


de gauche à droite : Clément et Joseph

A SUIVRE

HEUREUX CUILA                               
           QU'IL A FAIT BON 'OYAGE...
Envoyé par Daniel DARDENNE

             Heureux çuilà qu'il a fait bon 'oyage,
             Comm'Ulysse, Sinbad le Marin ou Tabarly,
             Pis après, hamdoullah, il est rentré chez lui.
             Y vit soua soua 'vec la famille, les zamis,
             Tranquillo, men'nant y s'tape le kif.
             Champion du monde, pa'un y lui met.
             Et môa meskine, quanssé qu'j're'ois le bled ?
             Où y sont ma maison, mon quartier,
             Le p'tit cabanon au bord de la mer,
             La pastéra qu'on allait à la pêche avec ?
             Mon pays, ma province, ma patrie gâa ?
             Awah Pluss' é'm'plait l'architecture mauresqu'
             Qu'la Sorbonne, la Seine et tout le saint-frusquin.
             Pluss' j'ai le gousto d'la loubia et du couscous,
             Qu'du boeuf bourguignon et du homard Thermidor.
             Pour môa, c'est plus tchalant la Bassetta
             Ou la Pointe Pescade,
             Qu'les falaises d'Etretat,
             L'Pont d'Avignon ou la Riviera.

Si quelqu'un connaît le nom de l'auteur de ce texte en pataouète, je le prie de me le faire savoir afin de le mentionner. D'avance merci. J.P.B.


LE MUTILE N° 187, 3 Avril 1921

M. RIGAL, Adjoint au Maire, ne rigole pas

       Ceci pourrait bien être le titre d'un de ces vaudevilles qui étaient tant goûtés du public, il y a peu de temps encore et que l'opérette a tués. Mais ce qui ne se représente plus sur nos grandes ou petites scènes, se joue cependant encore, comme à huis clos, avec de faibles échos qui parviennent aux oreilles indiscrètes parce qu'il existe toujours et dans nos administrations principalement des individus bouffis d'orgueil qui en sont les premiers rôles.
       Aussitôt qu'un de ces ridicules bonhommes est en possession de la moindre parcelle d'autorité, du moindre mandat électif, c'est un chambardement général aussi bien dans le milieu qui relève de sa toute puissance que dans son propre intérieur, nous dirons même dans sa personne. En effet, tout est modifié chez lui dès ce moment, il n'est pas jusqu'à sa démarche qu'il essaie de rendre grave et hautaine tant il est infatué de son autorité. Ceci c'est pour l'attitude qu'il observe dans la rue car il a forcément plusieurs attitudes dont la première est souple et pleine de déférence devant une autorité supérieure; la seconde froide et compassée envers un égal et la troisième haute ou terrifiante devant un subordonné ou un solliciteur.
       Il parait qu'il faut pour pouvoir jouer ce rôle, beaucoup de souplesse et de raideur (comme c'est curieux !) une longue étude de poses devant une glace et énormément de vanité. Ce sont du moins, succinctement exposées, les règles générales que doit posséder tout candidat au ridicule et que M. Rigal, adjoint au Maire de la Ville d'Alger a traité de main de maître, dans un manuel qui doit paraître incessamment.
       Cet adjoint, délégué spécialement aux gaffes, donne des conseils sur l'art d'évincer les solliciteurs même les plus autorisés à l'aide de lettres types qui sont de son invention, S.G. D.C., il indique aussi la manière de rendre infondée la plus juste des réclamations, sous prétexte qu'on ne saurait répondre à une incorrection ou bien encore que le réclamant a employé le conditionnel (textuel) au lieu d'un autre mode, ou encore que lui seul a le droit de faire des exceptions, etc.... car il a une infinité de formules toutes prêles cet adjoint modèle, quand il daigne se rappeler que la politesse la plus élémentaire exige au moins une réponse à une demande, mais comme la fatuité tue en lui la correction, il ne répond pas du tout de crainte d'avouer qu'il a tort ou d'être tenté de faire un cours grammatical. Et voilà tout son secret.
       Il y a bien aussi cette espèce de pédantisme qu'ont certains pédagogues et que lui possède au summum. Cela donne du cachet et relève la fonction. Et la pose ! Nous allions l'oublier. Quiconque n'a pas vu poser M. l'adjoint Rigal, n'a rien vu.
       A la fois grave et majestueux comme Louis XIV, il joue admirablement les Deschanel et lorsqu'il daigne relever ses paupières mi-closes pour laisser admirer son oeil d'aigle, on se mettrait à ses genoux.
       Il est grand, il est beau, il est digne notre adjoint délégué. Il a tout ce qu'il faut pour être érigé en statue, le socle seul lui mangue comme piédestal. Parce que nous l'aimons beaucoup, parce qu'il nous adore, nous le lui offrirons dans un prochain numéro et à nos frais. Mais il nous manque une dédicace aussi spirituelle qu'il convient à sa grandeur de génie. Nous la mettons au concours avec comme prix unique, son manuel de ridicule dont l'édition sera très vite épuisée.

René MASSON.                

ANECDOTE
Envoyé par Mme PAGANO
          


histoire africaine
Envoyé par Jean Claude

     Une riche vieille dame décide d'aller faire un safari photo en Afrique. Elle emmène son fidèle vieux caniche pour lui tenir compagnie.
     Un jour, le caniche part à la chasse aux papillons, et avant longtemps, il s'aperçoit qu'il s'est perdu.
     Errant au hasard en tentant de retrouver son chemin, il voit un léopard courir vers lui avec l'intention visible de faire un bon repas.
     Le vieux caniche pense: "Oh, oh! Je suis vraiment dans la mouise, là!"
     Remarquant les quelques os d'une carcasse qui traîne sur le sol à proximité, il se met aussitôt à mâcher les os, tournant le dos au léopard qui approche.
     Quand celui-ci est sur le point de lui sauter dessus, le vieux caniche s'exclame haut et fort :
     "Ouah, ce léopard était vraiment excellent! Je me demande s'il y en a d'autres par ici?"

     En entendant cela, le jeune léopard interrompt son attaque en plein élan, il regarde le caniche avec effroi, et s'enfuit en rampant sous les fourrés.
     "Ouf!", soupire-t-il, "C'était tout juste! Ce vieux caniche a failli m'avoir!"

     Cependant, un vieux singe, qui avait observé toute la scène d'une branche d'arbre à proximité, se dit qu'il pourrait mettre à profit ce qu'il sait en négociant avec le léopard et obtenir sa protection.
     Il part donc le rattraper mais le vieux caniche, le voyant courir à toute vitesse après le léopard, réalise que quelque chose doit se tramer.
     Le singe rattrape vite le léopard, lui dévoile le pot aux roses, et lui propose son accord.
     Le jeune léopard est furieux d'avoir été trompé :
     "Arrive ici, le singe, monte sur mon dos, et tu vas voir ce qui va arriver à ce petit malin!"

     Le vieux caniche voit le léopard accourir avec le singe sur son dos et s'inquiète :
     "Que vais-je faire maintenant?"
     Mais au lieu de s'enfuir, le chien s'assied dos à ses agresseurs, faisant semblant une fois de plus de ne pas les avoir vus, et juste au moment où ils arrivent à portée de voix, il s'exclame :
     "Où est donc ce foutu singe? Ça fait une heure que je l'ai envoyé me chercher un autre léopard!"

     *Morale de cette histoire : *
     On ne plaisante pas avec les vieux de la vieille. L'âge et la ruse arriveront toujours triompher de la jeunesse et de la force! L'astuce et l'esprit viennent seulement avec l'âge et l'expérience. Si vous ne l'envoyez pas à cinq "anciens", il y aura cinq personnes de moins dans le monde qui riront. Je ne suis nullement en train d'insinuer que vous êtes vieux, c'est juste que certains autres sont plus jeunes.



LE RUGBY A BÔNE
  L'équipe de A.S.B. plusieurs fois Championne d'Afrique du Nord     

Maillot offert par Mme Jacqueline Caruana fille de Roger caruana, joueur de l'ASB des années 50. M. Caruana Roger né en 1918 à Bône décédé en 1975 à Nice. Son père Caruana Paul tenait le magasin de linge de maison rue Perrégaux prés de la Charcuterie Ciantar. Il est le deuxième en bas à gauche. Mme Caruana n'a hélas que cette photo et ne connaît pas le nom des autres joueurs même si certains d'entre eux étaient venus à son mariage en 1963 à Vichy. Mariage contracté avec le fils Palmerini dont les parents tenaient le Café des Sports sur la place de la Gare. Pour ce qui est du rugby, elle était bien petite pour se souvenir des matches. Elle pense que son père a cessé de jouer en 1951 à la naissance de son frère.
  Merci, Mme Caruana.
J.P.B.

MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 13 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE SAHARA.
I.
Le Sahara algérien.

     Nous avons consulté beaucoup de livres, et beaucoup de tolbas (lettrés) pour trouver la définition et l'étymologie du mot Sahara.
     Les livres nous ont donné cette définition : " Le Sahara est une contrée plate et très vaste, où il n'y a que peu d'habitants, et dont la plus grande partie est improductive et sablonneuse: "
     Les tolbas nous ont donné cette étymologie
     " On appelle sehaur ce moment presque insaisissable qui précède le point du jour (fedjer), et pendant lequel nous pouvons encore, en temps de jeûne, manger, boire, fumer. L'abstinence la plus rigoureuse doit commencer, dès qu'on peut distinguer un fil blanc d'un fil noir.
     " Le sehaur est donc une nuance entre la nuit et le point du jour qu'il nous est important de saisir, de préciser, et sur laquelle a dû se porter l'attention de nos marabouts. Un d'entre eux, Ben-el-Djirami, en partant de ce principe que le sehaur est plus facilement et plus tôt appréciable pour les habitants des plaines, dont rien ne borne l'horizon, que pour les habitants des montagnes, enveloppés qu'ils sont dans les plis du terrain, en a conclu que du nom du phénomène on avait formé celui du pays où il était plus particulièrement apparent, et qu'on l'avait nommé Sahara, le pays du sehaur. "
     Cette étymologie, si elle n'est pas sévèrement grammaticale, car l'un des deux mots commence par un çâd et l'autre par un sin, n'en est pas moins ingénieuse, et nous la donnons à défaut d'autres.
     Elle serait confirmée par celle du mot tell, qu'on s'accorde généralement à faire dériver de Tellus, terre cultivable; mais qui, selon le même savant, serait tout simplement un dérivé du mot arabe tali, qui signifie dernier, et désignerait ainsi le pays en arrière du Sahara, où le sehaur n'apparaîtrait qu'en dernier. Cette phrase : Enta Tellia ou Saharaoui ? Qui, vulgairement, veut dire : Es-tu des yens du Tell ou des gens du désert? Représenterait celle-ci : Es-tu des premiers ou des derniers à voir le sehaur ?
     Un autre taleb (savant), Fekbreus-el-Ghragi, dit la même chou' dans un opuscule estimé, et il ajoute que tali el tell, le dernier après le dernier, signifie la mer, à cause de sa position en arrière du Tell.

     Quoi qu'il en soit, le mot Sahara n'entraîne point nécessairement l'idée d'une immensité déserte. Habité sur certains points, il s'appelle Fiafi; habitable sur certains autres, il prend le nom de Kifar, mot dont la signification est la même que celle du mot vulgaire Khrela, abandonné; inhabité et inhabitable sur d'autres encore, on le nomme Falat.
     Ces trois mots représentent chacun un des caractères du Sahara.
     Fiafi, c'est l'oasis où la vie s'est retirée autour des sources et des puits, sous les palmiers et les arbres fruitiers, à l'abri du soleil et du choub (simoun).
     Kifar, c'est la plaine sablonneuse et vide, mais qui, fécondée un moment par les pluies de l'hiver, se couvre d'herbes (àacheb) au printemps, et où les tribus nomades, campées ordinairement autour des oasis, vont alors faire paître leurs troupeaux.
     Falat, enfin, c'est l'immensité stérile et nue, la mer de sable, dont les vagues éternelles, agitées aujourd'hui par le choub (simoun), demain seront amoncelées, immobiles, et que sillonnent lentement ces flottes appelées caravanes.
     D'après les observations de M. Fournel, la lisière du Sahara, contrairement à toutes les opinions jusqu'à présent acceptées, ne serait que très peu élevée au-dessus du niveau de la mer.
     " J'ai fait à la lisière du désert, dit le savant ingénieur, une soixantaine d'observations barométriques, qui, comparées à celles qui se faisaient simultanément à Constantine, me donnent soixante-quinze mètres pour la hauteur de Biskra au-dessus du niveau de la mer.

     A partir du littoral, le terrain s'élève successivement jusqu'à un point qui est à une ou deux lieues de Batna, et que j'ai trouvé être de mille quatre-vingt-trois mètres. Par ce point passe la ligne de partage des eaux ; à partir de là, ou redescend vers le Sahara, dont la lisière est assez peu élevée (soixante-quinze mètres), pour qu'on puisse supposer que les grands lacs de l'intérieur sont, comme la mer Caspienne, au-dessous du niveau de la Méditerranée. "
     Ajoutons que le sol du désert se relève dans la région placée au sud d'Oran et de Tlemcen, entre le 32o et le 290 de latitude, sous le nom de Djebel-Batten. La ligne de partage des eaux suit cette arête, et présente alors deux grandes pentes, l'une, de l'est à l'ouest, vers l'Océan ; l'autre, de l'ouest à l'est, vers l'intérieur du Sahara.

     Selon Strabon, Cnéius Pison comparait le désert à une peau de léopard. Il y a longtemps que l'on vit sur cette comparaison, moins exacte que poétique. Celui qui, le premier, l'a comparé à un océan parsemé d'îles, et nous ne savons à qui en revient l'honneur, a été plus heureux. Disons, toutefois, en continuant la métaphore, que ces îles, pressées en archipels dans la zone nord, entre les 36° et 29° de latitude, ne sont plus, en partant de-là, que des points égarés dans l'espace, et disparaissent enfin tout à fait jusqu'aux archipels inconnus du Soudan.
     A partir du 29° de latitude, nous sommes dans le désert proprement dit, El Falat. La vie semble cesser jusqu'au 27°, où elle reparaît un moment dans les montagnes des Touareg, et disparaît enfin tout à fait jusqu'au pays des nègres. Les Touareg, ces géants pillards, se hasardent seuls dans ces vastes solitudes, où ils guettent les caravanes, les protégent ou les pillent, selon qu'elles payent un droit de passage et de protection, ou qu'elles cherchent à passer en contrebande.
     Nous n'avons à nous occuper ici que de cette partie du Sahara qui fait face à nos possessions, et qui, comprise, à l'est et à l'ouest, entre deux lignes qui prolongeraient les frontières de Tunis et du Maroc, est bornée au sud par une ligne brisée sur laquelle se trouvent Nefta, Çouf, Ouargla et Inçalah. Nous ne l'esquisserons qu'à grands traits : les détails de sa physionomie ressortiront du cadre de cet ouvrage.

     Dans son ensemble, le Sahara présente sur un fond de sable, ici des montagnes, là des ravins; ici des marais, là des mamelons ; ici des villes et des bourgades, là des tribus nomades dont les tentes en poil de chameau sont groupées comme des points noirs dans l'espace fauve.
     Les montagnes, toujours parallèles à la mer, sont dans la zone nord, élevées, rocheuses, accidentées à l'est; mais elles s'abaissent graduellement en courant à l'ouest, et se fondent enfin par une succession de mamelons et de dunes mouvantes que les Arabes appellent arouq (veines) ou chebka (filet), selon que le système en est simple ou composé. Presque toutes sont abruptes sur le versant qui fait face au Tell ; et, du côté du sud, toutes, après plus ou moins de convulsions, vont mourir de langueur dans les sables.
     De ces montagnes descendent, à la saison des pluies, d'innombrables cours d'eau, dont les lits, desséchés au premier soleil, usurpent, huit mois de l'année, le nom de rivière (oued). L'hiver, c'est un réseau de torrents ; l'été, c'est un réseau de ravins. Tous ces oueds, à l'exception de l'Oued Djedi et de l'Oued Mia, qui sont encaissés entre des montagnes parallèles à la mer, offrent cette particularité qu'ils coulent du nord au sud, et qu'ils se perdent dans lés sables.

     L'hiver laisse inégalement réparties, dans le Sahara, des flaques d'eau que les chaleurs de l'été dessèchent ; quelques-unes sont des marais salants bordés de végétation marine.
     Dans la première zone du Sahara, les centres de population, quoique beaucoup plus nombreux que dans le Tell, sont quelquefois séparés entre eux par des espaces complètement nus, complètement stériles et distants de plusieurs journées de marche. Cependant, sur toutes les lignes, dans toutes les directions, des puits échelonnés servent à la fois de lieu de station et d'indication pour les routes. Il est rare de voyager trois jours sans en trouver un; et d'ailleurs l'eau ne manquera jamais avec deux outres pleines pendues aux flancs du chameau qui fait trente lieues par jour, et peut rester trois jours sans boire.
     Chaque grande oasis du Sahara a sa ville principale; autour de laquelle rayonnent les ksours (villages) de sa dépendance et les tentes des tribus ses alliées, errantes au printemps pour faire paltre leurs troupeaux, émigrant pendant l'été pour aller acheter des grains dans le Tell, toujours de retour en novembre pour les emmagasiner, pour cueillir les dattes ou s'en approvisionner, et passer l'hiver en famille sous la maison de poil.

     Une observation frappe tout d'abord : comment trouvons-nous dans la Sahara tant de populations sédentaires? Pourquoi les hommes s'y sont-ils pour la plupart groupés dans des enceintes? Pourquoi tous n'y vivent-ils pas de la vie nomade
     Un double motif a concouru, selon nous, à établir cet ordre de choses.
     D'abord, c'est que les soins incessants à donner aux palmiers ont dit grouper les populations autour du pied de l'arbre qui les nourrit. Il est remarquable ensuite que celles-ci ne sont point de race arabe : leurs pères vivaient autrefois, sur le littoral, dans des villes et des villages; chassés par les invasions successives, refoulés dans l'intérieur, ils y ont porté leurs instincts sédentaires, et se sont établis où nous retrouvons leurs enfants, là seulement où la vie leur devenait possible. Après ces premiers occupants, sont arrivés les Arabes, apportant, eus aussi, leurs instincts éminemment vagabonds, comme ceux de tous les peuples pasteurs, et auxquels se prêtait merveilleusement la configuration du sol qui, pour eus, allait devenir une patrie nouvelle. Dédaigneux de la vie sédentaire et même agricole, ce qu'il fallait à leur indépendance, c'était l'espace sans limites : que leur importait une étroite oasis où leurs troupeaux n'eussent pu tenir? Où, pour vivre, il leur eut fallu descendre au travail du jardinier? " Nos pères n'ont jamais touché la terre, nous ferons comme eux. "

     Aussi tous tiennent-ils en mépris, non seulement leurs voisins les sédentaires, mais leurs frères dégénérés du Tell. Les gens du Tell disent des Sahariens.
     " 0 les Arabes malpropres, buveurs de lait caillé, vous êtes toujours en marche comme les sauterelles, votre métier est celui de pillards; vous ne mangez que des dattes; si nous vous fermions nos marchés, vous mourriez de faim : nous vous tenons par le ventre. Vous n'avez pas de bains, pas de mosquées, pas de bois. Vous faites des dieux de vos moutons et de vos chameaux; ils vous font oublier vos prières et les ablutions. Comment les feriez-vous? Vous avez à peine assez d'eau pour boire.
     " Nous, au contraire, nous avons de l'orge, du blé, du miel, du bois et de l'eau; des bains et des mosquées, des marchés et des fondouks, des draps, des cotonnades, du sucre, du café, du savon, des parfums, des fers et des aciers, tout en abondance. Nous sommes heureux. Campés à la tête de la source, nous y vivons tranquilles, sans être obligés de courir chaque jour après chacun de nos besoins. "
     Cette querelle est vieille entre les gens du Tell et ceux du Sahara, et ceux-ci leur répondent :

     " 0 les nus, les mendiants! Toujours en quête de la laine, du poil de chameau et des dattes ! Quelle vie que votre vie ! Le Sahara vous fournit et vos vêtements et vos tentes. Vous campez toujours au même endroit, au milieu des ordures et mangés par les puces. Votre métier est celui de domestiques; vous travaillez sans cesse : l'hiver vous labourez, l'été vous moissonnez.
     " Presque tous vous allez à pied sur un terrain qu'il faut toujours ou monter ou descendre, en se heurtant aux arbres, en s'écorchant aux buissons. Votre pays est le pays des crimes, des lions, de la peste, de la grande maladie et des sultans, qui vous mènent en esclaves et vous font dévorer par le makhzen. 0 les dégénérés ! Notre père Ismaël ne voudrait pas vous reconnaître pour ses enfants!
     " Les gens du Tell n'ont de bon chez eux que leur orge, leur blé, leurs eaux ; mais si, dans le Sahara, nous sommes loin de notre pain et près de notre soif, parce que les grains et les pluies sont rares, Dieu nous a pourvus d'autres biens :
     Sa main nous a donné ces vaisseaux de la terre, gouareub et beurr, ces nombreux chameaux qui peuvent, en un soleil, nous transporter du pays de l'Injustice au pays de l'Indépendance.

     D'innombrables moutons, d'innombrables brebis, qui sont nos silos ambulants, matamores rahala, car nous vivons de leur dos, de leurs côtes, de leurs mamelles.
     Des juments belles et bonnes, dont nous vendons cher les poulains aux habitants du Tell; plus sobres que les chevaux, elles supportent mieux la chaleur, la soif et la fatigue, et, ne hennissant point comme eux, elles ne trahissent pas la ghrazia.
     Nos tentes sont vastes, bien garnies et toujours neuves; la laine et le poil de chameau ne nous manquent point pour les renouveler ou les réparer tous les ans.
     " Nos femmes, toutes jolies, ont le cou long et les dents blanches, et n'ont point de gros ventres comme les gourmandes du Tell. Montées sur des chameaux dans les aâtatiches, elles assistent à nos fantasias qu'elles embellissent, à nos combats qu'elles animent.
     " Chaque jour nous apporte une joie, une émotion, une fête ; c'est une noce où l'on brille de la poudre; c'est une caravane qui part, qui, passe, qui revient; ce sont des hôtes bienvenus, et jamais un invité de Dieu n'a couché dehors ; c'est le conseil qui s'assemble, c'est la tribu qui change de campement; c'est la chasse à l'autruche, au lerouy, à l'antilope, à la gazelle, avec des sloughis en relais; au lièvre, à la perdrix, à l'outarde, avec l'oiseau de race (le faucon). L'Arabe de la tente croirait déchoir s'il donnait sa fille en mariage au plus riche habitant des ksours.

     Toutefois, forcés de vivre côte à côte et d'une vie qui se complète par l'association, il est arrivé de leurs relations habituelles que les uns et les autres sont devenus propriétaires sur le même sol, dans la même enceinte : mais le nomade qui possède ne cultive pas : il est seigneur, le citadin est son fermier. Par contre, celui-ci s'est donné des troupeaux qu'il a confiés aux bergers de la tribu. Pendant que le nomade les conduira dans les pâturages, l'habitant de la ville ou du ksar veillera sur les grains en dépôt et cultivera les palmiers.
     Il y a d'ailleurs entre eux double solidarité d'intérêt, car les dattes ne peuvent suffire à la nourriture commune, non point qu'il ne s'en récolte pas assez, mais parce que, mangées sans mélange, elles deviennent nuisibles.
     Or, nous l'avons dit déjà, les céréales manquent presque absolument aux habitants du Sahara ; de là nécessité de venir en demander au Tell.
     Ces approvisionnements périodiques se font chaque année à l'époque des moissons. Les tribus arabes, campées autour des villes, quittent alors leurs campements pour se rapprocher du nord, où leurs troupeaux qui, avec le soleil, ont dévoré toutes les herbes du sud, trouveront des pâturages, et moyennant un impôt, Lazma, Eussa, qu'il nous importe de régulariser, elles se rendent sur les marchés du Tell, pour y échanger contre des grains les produits de leur sol ou de leur industrie : dattes, haïks fins, burnous, plumes d'autruche et objets venus du Soudan.

     Les nomades ne sont pas seuls cependant à accomplir ces pérégrinations : les marchands des villes se mettent sous leur protection et les suivent. Pendant que leurs frères de la tente font leurs achats, ils vont, eux, dans les villes du littoral, se fournir d'objets manufacturés en Europe, et tous ensemble ils reprendront la route de leur oasis, de leurs villages, de leurs ksours, où les blés achetés par les nomades seront emmagasinés, d'où les blés achetés par les marchands s'écouleront, soit en détail, soit par caravanes, sur toute la surface du Sahara et jusque dans le Soudan.
     Le Tell est le grenier du Sahara dont nous tenons les habitants par la famine ; ils le savent si bien, ils l'ont si bien compris qu'ils s'en expriment franchement par cette phrase, devenue proverbiale : " Nous ne pouvons être ni musulmans, ni juifs, ni chrétiens; nous sommes forcément les amis de notre ventre. "

     De toutes ces observations, maintenant acquises à l'histoire, il résulte cette conséquence importante :
     Que les habitants du Sahara sont forcément soumis au peuple qui tient le Tell, de quelque religion qu'il soit : " La terre du Tell est notre mère, disent les Sahariens ; celui qui l'a épousée est notre père. "
     Si donc la sûreté des routes, si la protection et la justice leur assurent chez nous des garanties qu'elles ne trouvent ni à Tunis ni à Fès (Fas), le prix de nos marchandises n'étant pas d'ailleurs plus élevé que dans les États musulmans, ces populations viendront à nous ; non point que nous puissions espérer en faire de longtemps encore nos alliées de coeur; mais, soumises d'abord, elles payeront l'impôt, et, en cas de querelle entre nous et leurs voisins, elles resteront neutres par intérêt; plus tard, et à mesure qu'une politique intelligente nous les attachera , elles deviendront nos auxiliaires1.

1. Voy. le Sahara algérien, études statistiques et historiques, par le lieutenant-colonel Daumas, directeur central des affaires arabes. (1845, libr. Hachette et comp.)

A SUIVRE

En taxi
Envoyé Par Nicolas


Le passager d'un taxi tape sur l'épaule du chauffeur pour lui poser une question.
Le conducteur hurle, perd le contrôle du taxi, évite de peu un camion, monte sur le trottoir et défonce une vitrine ;
Pendant un moment on n'entend rien dans le taxi, jusqu'à que le chauffeur de taxi dise :
- " Monsieur ne faites plus jamais ça, la peur a faillit me tuer ! "
- " Je ne pensais pas que de vous taper sur l'épaule vous ferait peur à ce point !"
- " C'est que c'est mon premier jour comme taxi ! "
- " Et qu'est ce que vous faisiez avant ? "
- " Avant durant 25 ans j'ai conduit des corbillards ! "


" L'AFRIQUE DU NORD MUSULMANE"
2ème Edition 1954/1955
                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°9

Textes et Annexes de A. BENSIMON et F. CHARAVEL : Instituteurs à Alger.
Documentation photographiques et réalisation Technique de
H. BENAIM - G. DOMECQ - E. DURIN - R. PERIAND - Instituteur à Alger.
Illustration et Cartes de F GIROUIN - Instituteur à Alger.
Réalisé sous l'égide de la Section d'Alger du Syndicat National des Instituteurs.

LES TROIS ROYAUMES HERITIERS
DE L'EMPIRE ALMOHADE (suite)

VIE ARTISTIQUE ET INTELLECTUELLE

         Sous les Almoravides, les Almohades et leurs successeurs, la civilisation hispano-mauresque se répand au Maghreb. C'est une civilisation de citadins.
            Réunies sous des souverains communs, Espagne et Berbérie peuvent échanger :
            des hommes (artisans, architectes, musiciens...)
            des idées, des techniques
            fabrication du papier à Ceuta,
            hydraulique, renouvelée de l'Egypte et de la Mésopotamie,
            irrigation des cultures maraîchères,
            >goût pour la musique, la poésie,
            plus grande liberté dans les moeurs, ce qui scandalisa Ibn Toumert.
            Les progrès, de la reconquista » décident Arabes et juifs de plus en plus nombreux à quitter l'Espagne pour la Berbérie : Fès; Marrakech, Tlemcen, Alger, Tunis, Bougie les accueillent.
            — Les Naçrides de Grenade construisent l'Alhambra (1334-1391), le seul monument d'architecture civile qui nous soit parvenu de cette époque (gravures 19 et 20).




            Sous les 'Abd el-Wâdides, TLEMCEN, en liaison étroite avec Grenade s'enrichit de monuments et d'édifices qui en font la seule ville survivante du Moyen Age en Algérie (gravures 17 et 22).


UN GRAND ESPRIT DOMINE CETTE PERIODE :
L'HISTORIEN IBN KHALDOUN (1332-1406)

               - On l'a comparé à Hannibal et à St Augustin.
            - Il naquit à Tunis d'une lignée d'Arabes Andalous.
            - Au cours .d'une existence agitée, il servit la plupart des souverains musulmans, ses contemporains.
            - Puis, pendant une retraite de 3 ans dans les Hauts-Plateaux Oranais, il écrivit l'ouvrage qui devait l'immortaliser :
            « Il fit précéder sa grande Histoire universelle, le Livre des exemples (Kitâb el-'Ibar), de Prolégomènes (Mougaddima), considérations sur les sujets les plus divers, d'où l'on peut cependant dégager une véritable philosophie de l'Histoire »• (julien).
            Sans son « Histoire des Berbères », il eût été impossible aux historiens de reconstituer les étapes de l'invasion hilâlienne, ou de connaître en détail l'histoire des 3 Royaumes héritiers de l'Empire almohade.

RAYONNEMENT DE LA CIVILISATION HISPANO-MAURESQUE

« Les points de friction entre l'Islam et la Chrétienté sont aussi des points de contacts profitables et d'échanges » (G. Marçais).
            -- En Espagne
            Cette influence est surtout sensible sur la langue espagnole qui, à son stade as formation, « a emprunté à l'arabe ce qui lui manquait encore pour l'expression de concepts nouveaux, dans le domaine des institutions et de la vie privée ». (Lévi-Provençal). Le vocabulaire .de l'armée, de la fortification, de l'irrigation, de la pêche, de la coiffure, du vêtement, des bijoux porte la marque de l'influence arabe.
            -- En France
            Par les routes conduisant à St Jacques de Compostelle (le plus important pèlerinage de l'Europe occidentale) par les allées et venues des moines clunisiens, l'art andalou est venu fournir à l'art roman certains de ses thèmes décoratifs.
            La langue française s'est enrichie de mots arabes par l'intermédiaire de l'espagnol.

LECTURES

INFLUENCE DE L'ISLAM ANDALOU SUR L'ESPAGNE CHRETIENNE

L'imagination peut, sans risquer de tomber dans la fantaisie, évoquer les dames de Burgos ou de Léon pressant de leurs questions les ambassadeurs de la cour à leur retour de quelque mission officielle, tant elles voulaient savoir quelles étaient les étoffes et les couleurs à la mode, les tissus de brocart épais, les bibelots d'ivoire et de jais, les fioles de cristal taillé que les marchands de Cordoue exposaient dans leurs bazars.
            Ce rayonnement de la culture andalouse sur les terres chrétiennes n'atteignit pas sont point culminant au Xe siècle pour s'affaiblir ensuite. Ilse prolongea jusqu'au XVe siècle en étendant ses antennes à toutes les parties de la Péninsule.

LEVI-PROVENÇAL
La Civilisation Arabe en Espagne
(Maisonneuve et Cie, Editeurs, 198, Bd Saint Germain) – 1948

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LANGUE ARABE ET VOCABULAIRE FRANÇAIS

Les mots espagnols et portugais dérivés de l'arabe sont fort nombreux.
            « En France même, la langue arabe a laissé de nombreuses traces ».
            C'est ainsi que les Arabes maîtres de la Méditerranée depuis le 8ème siècle, donnèrent à la France et à l'Italie certains termes de marine : amiral, caravelle, felouque, barque, darse, calfat, etc...
            Dans l'Administration les termes de : gabelle, tarif, douane, furent empruntés aux gouvernements de Baghdâd et de Cordoue...
            Des mots comme alchimie, alcool, alcali, alambic, algèbre, élixir, etc... nous rappellent que durant tout le Moyen Age, l'Islâm « a tenu le flambeau ».

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LES ARABES ET LES SCIENCES

Le développement des sciences en pays d'Islâm, conditionné par les traditions hellénistiques et orientales antérieures, se caractérisa par quelques tendances fondamentales : adaptation aux besoins de la vie pratique et de la Loi religieuse, présentation didactique des connaissances sous forme de manuels ou d'encyclopédies, enrichissement complémentaire du savoir livresque hérité des Anciens par des observations concrètes (astronomie, médecine), orientation des sciences exactes selon la conception atomistique de l'univers propre à l'Islâm et satisfaisant à l'esprit sémitique (prédominance de l'algèbre sur la géométrie). Ajoutons enfin que les sciences ne furent point l'apanage des seuls musulmans avec qui rivalisèrent juifs, chrétiens et sabéens, et que, si la langue arabe se révéla très apte à l'expression des faits scientifiques, les savants furent souvent d'origine iranienne.
            L'arithmétique fut perfectionnée par l'emploi, au lieu de lettres à valeur numérique, de chiffres « hindous » (nos chiffres dits arabes) et du zéro ; sur cette base se développèrent les branches de la « science des chiffres ». Prolongeant une longue tradition orientale d'astrologie (persistances des horoscopes dans l'Islâm), l'
astronomie fut florissante dès les débuts du califat abbasside : observatoires érigés à Bagdad où Thâbît b. Qorra détermina la longueur de l'année solaire et où, vers 900 al-Battânî (Albategnius) découvrit l'inclinaison du plan de l'écliptique, au Caire, à Samarkand, à Cordoue et à Tolède ;... L'astronomie mena les savants « arabes » à fonder la trigonométrie plane et sphérique, pratiquement inconnue des Grecs (AI Battânî et son continuateur Abou-I-Wâfa, introduisirent les notions de sinus et de tangente). Surtout ils s'adonnèrent à l'algèbre (de l'arabe al-djabr) dont ils firent une science exacte et qu'ils développèrent considérablement... sans toutefois la séparer de la géomé­trie dont ils étaient partis, ce qui les amena à fonder la géométrie analytique moderne.
            Sur les bases jetées par les Grecs, les Arabes améliorèrent encore la
chimie (confondue avec l'alchimie) qui mêlait observations pratiques et préoccupations mystiques ; des ouvrages attribués au célèbre Jâbir (Geber m. fin du VIIIe siècle) et de l'encyclopédie d'ar-Râzi, il ressort qu'ils avaient découvert nombre de corps importants, dont le nom passa en français (par exemple alcool) et utilisèrent l'un des procédés fondamentaux de la chimie, la distillation. C'est en physique qu'ils firent les recherches les plus originales, particulièrement en optique... En médecine ce fut par leurs observations cliniques et par leur travail de systématisation que s’illustrèrent les savants arabes. Ar-Râzi, l’un des plus grands, fut un praticien attentif et scrupuleux : il laissa deux sortes d’ouvrages : des traités prati­ques, dont le plus célèbre porte sur la « variole et une vaste encyclopédie des connaissances médicales, al-Hâwî, plus tard éliminée par le Qânoun d'Ibn Sînâ ; l'Occident connut aussi un chirurgien fameux, Az-Zahrawi (Xe siècle) et des savants tels que Ibn Zohr (Avenzoar), Ibn Rochd (Averroès) et le juif Maïmonide (XIIe siècle) dont la chrétienté recueillit et mit à profit les connaissances. Les pays d'Islâm étaient en effet très en avance sur le Moyen Age latin dans le domaine de la médecine et c'est à eux que l'Europe emprunta, à la suite des Croisades, l'usage des hôpitaux ; d'origine iranienne, ces derniers (mâristân) étaient nombreux et florissants en Orient. Sous l'égide de l'Islâm se développa donc une série de disciplines scientifiques où Arabes et Iraniens, loin de se contenter de transmettra à l'Europe occidentale l'héritage des pensées grecque et hindoue, l'enrichirent de nombreuses observations concrètes et souvent même d'importantes découvertes.

Extrait de « L'ISLAM » de Dominique SOURDEL‑
Editions Presses Universitaires de France
Collection « QUE SAIS-JE ? » - Ch. VI - P. 99

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DE LA CRITIQUE EN HISTOIRE

Sache que le véritable objet de l'Histoire est donc d'instruire de l'état social de l'homme, c'est-à-dire de la civilisation, et des vicissitudes qui peuvent affecter la nature de cette civilisation (comme la barbarisation ou l'adoucissement des moeurs, les manifestations de l'esprit de corps, la prédominan­ce que les hommes acquièrent les uns sur les autres et ce qui en découle en fait de fondations d'empires, de dynasties et de distinctions de rangs, et ce à quoi les hommes s'adonnent dans leurs travaux et leurs efforts : acquisition des richesses, métiers lucratifs, sciences et arts, et autres vicissitudes qui peuvent affecter cette civilisation, en raison de sa nature), et que le mensonge s'introduit dans le rap­port que l'on fait des événements, du fait de: sa nature même, et ceci pour plusieurs raisons qui le rendent inévitable. L'une d'elles est l'esprit de parti à l'égard d'une opinion ou d'une doctrine. Lorsque l'esprit reçoit avec impartialité une information, il l'éprouve et l'examine comme il se doit, jusqu'à distinguer clairement si elle est véridique ou mensongère. Si l'esprit de parti à l'égard d'une opinion ou d'une doctrine l'a pénétré, il accepte d'emblée dans une information ce qui s'accorde avec cette opinion ou cette doctrine : cette inclination et cet esprit de parti jettent sur son oeil un voile qui l'empêche de voir clair, ne le laisse pas soumettre à la critique et mettre à l'épreuve, si bien qu'il admet une information mensongère, et la transmet à d'autres.

IBN KHALDOUN
J. Sauvaget (Ouvrage cité)

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IBN KHALDOUN ET LA PÉDAGOGIE

Ibn Khaldoun rapporte ainsi les instructions que le Calife Haroun ar-Rachid avait données au précepteur de son fils :
            « On vint dire à Khalef el-Ahmer (précepteur du fils de Haroun ar-Rachid) : Sachez, Ahmer, que l'émir des croyants vous confie le sang de son âme, le fruit de son coeur, afin que votre main s'étende sur lui et qu'il vous obéisse. Remplissez auprès de lui la position que Vernir des croyants vous assi­gne ; faites-lui lire le Coran, apprenez-lui l'histoire ; faites-lui réciter des poèmes, enseignez-lui les traditions sacrées, rendez-le attentif aux paroles qu'il va énoncer et aux suites qu'elles peuvent avoir ; empêchez-le de rire, excepté dans les moments convenables ; obligez-le à recevoir avec des grands égards les vieillards de le famille Hachem
(1) quand ils iront chez lui, et à donner des places d'honneur aux chefs militaires qui se présenteront à ses réceptions. Ne laissez pas passer une seule heure de la journée sans lui enseigner quelques connaissances utiles ; ne lui faites point de chagrin, car cela pourrait éteindre l'activité de son esprit ; mais ne lui montrez pas trop d'indulgence, car il trouverait alors une grande douceur dans la paresse et s'habituerait à ne rien faire. Pour le corriger, agissez autant que possible avez affabilité et mansuétude, puis, s'il repousse vos remontrances, employez la rigueur et la sévérité ».

IBN KHALDOUN
Les Prolégomènes (trad. DE SLANE)
III° partie p. 292

(1) Le Prophète appartenait à la lignée Hâchémite..

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A SUIVRE

ACADÉMIE FRANÇAISE
       CONCOURS DE POÉSIE DE 1856        N°3

LES RESTES DE SAINT AUGUSTIN
RAPPORTES À HIPPONE

POEME
Par ALFRED DES ESSARTS

IV

La nuit, que devinait son regard prophétique,
Descendit par degrés sur cette terre antique;
Nuit morne, cuit sans fin, où pas une clarté
N'apparut à travers l'épaisse obscurité ;
Nuit funeste, qui tint dans les mêmes entraves
Les tyrans abrutis et les peuples esclaves.
L'Afrique avait subi l'Arabe conquérant
Qui d'une main sanglante apportait le Koran ;
Sa tête avait fléchi sous une loi grossière,
Ses autels profanés n'étaient plus que poussière ;

Après les oppresseurs d'autres venaient encor ;
Tous convoitaient ses fruits, son soleil et son or.
A peine un faible écho redisait dans ce vide
Le souvenir d'Hippone et de la Thébaïde.
Dans l'immobilité s'engourdissaient les cœurs ;
Oubli chez les vaincus, sommeil chez les vainqueurs.
Le désert agrandi faisait jusqu'au rivage
Descendre l'horizon de sa zone sauvage,
Et dans l'immensité, veuve de nation,
Il n'était plus qu'un maître, un seul roi : Le lion !

Tout paraissait fini : soudain tout recommence.
Dans le sol épuisé Dieu jette une semence :
Ainsi qu'au Golgotha l'ombre plana d'abord,
Puis laissa le soleil couronner le Thabor,
Ainsi renaît l'Afrique avec la foi première,
Et de l'obscurité s'élance la lumière.
Comme un lis éclatant, la fleur de vérité
Du sillon entrouvert sort avec majesté ;
La charité se montre, elle brille et révèle
Aux yeux de l'Africain une aurore nouvelle ;
La défaite est pour lui le terne du danger ;
Si nous l'avons soumis, c'est pour le protéger.
O souffle généreux, souffle de notre France,
Vive aspiration d'amour et d'espérance,
A toi de pénétrer sur ce monde lointain,
Souffle qu'à saint Louis légua saint Augustin !

A SUIVRE           


FABLES ET HISTORIETTES
TRADUITES DE L'ARABE
PAR A. P. PIHAN
LE FAQUIR ET LE POT DE BEURRE.

       Un faquir, dont la demeure était voisine de celle d'un notable habitant de certaine 'ville, recevait chaque jour de ce personnage trois pains et un peu de beurre et de miel. Le beurre étant fort cher dans le pays, le faquir se mit à amasser dans une jarre tout ce qu'il recevait de beurre jusqu'à ce qu'il l'eût remplie, et il la suspendit au-dessus de sa tête, par peur et par précaution. Or, un jour qu'il était assis sur son lit, un bâton à la main, il lui vint une pensée relativement à la cherté du beurre, et il se dit en lui-même : " Il faut que je vende ce beurre que je tiens chez moi en cachette et que je me procure une brebis avec le prix que j'en tirerai.
       Je ferai connaissance d'un cultivateur qui ait un bélier, et la première année ma brebis mettra bas un mâle ou une femelle; l'année suivante il en sera de même; mâles et femelles ne cesseront de produire, en sorte que le troupeau deviendra considérable; alors j'en vendrai ce que je voudrai, et avec le prix j'achèterai une vache et un taureau, qui produiront beaucoup à leur tour; puis j'en réserverai une portion et me déferai de l'autre; j'achèterai telle terre à tel ou tel prix, j'y planterai un jardin et je me bâtirai un vaste château; je ferai l'acquisition de vêtements de tout genre; je me procurerai des serviteurs et de jeunes servantes; j'épouserai la fille de tel maître ou de tel émir, et je ferai une noce comme on n'en a jamais vu.
       A cette occasion, j'égorgerai des animaux, préparerai des mets exquis, et de plus des bonbons et des pâtisseries. Je rassemblerai dans mon château des bateleurs et des faiseurs de tours, toute sorte d'instruments de musique, des fleurs embaumées et épanouies; je réunirai les pauvres et les riches, les savants, les gens de bon ton, les principaux chefs et le sultan lui-même avec son armée. Tous ceux qui voudront manger ou boire n'auront qu'à se présenter ; j'enverrai même un crieur annoncer que les désirs de chacun seront satisfaits dans le palais du roi.
       Puis je m'unirai à ma femme après avoir levé son voile ; je me réjouirai de sa grâce et de ses attraits; je mangerai avec elle, me divertirai et me dirai à moi-même : " Te voilà donc au but de tes désirs! " Alors je renoncerai à la vie religieuse. Ma femme, devenue grosse, me donnera un fils ; et moi, dans mon allégresse, je ferai des réjouissances et des festins ;j'élèverai mon fils dans la grandeur et les délices ; je lui enseignerai la sagesse et les manières distingués; je ferai connaître son nom parmi les hommes, et me glorifierai de lui dans les assemblées; je lui prescrirai de faire telle ou telle chose, et lui défendrai telle ou telle autre. Si je vois en lui un enfant soumis, je répandrai sur lui plus d'instruction et de bienfaits; mais si je vois en lui un fils rebelle, je l'assommerai de ce bâton que je tiens à la main. "
       Aussitôt, et de toute la force de son bras, le faquir leva le bâton au-dessus de sa tête ; mais le bâton alla frapper le pot de beurre et le mit en pièces ; les morceaux tombèrent sur sa tête, et le beurre, coulant sur son visage et sur sa barbe (1), souilla ses vêtements et son lit. Avis clone à quiconque voudrait suivre un pareil exemple. II ne faut jamais parler d'une chose avant qu'elle n'arrive.
(1) On sait que, dans l'Orient, le beurre se maintient presque toujours à l'état liquide, à cause de la grande chaleur.


BULLETIN        N°6
DE L'ACADÉMIE D'HIPPONE

SOCIÉTÉ DE RECHERCHES SCIENTIFIQUES
ET D'ACCLIMATATION


PROMENADE ET HERBORISATIONS
          DANS L'EST DE L'ARRONDISSEMENT DE BÔNE        (3)

Par M. A. LETOURNEUX
Conseiller à la Cour impériale d'Alger, Chevalier de la Légion d'honneur,
Membre honoraire de l'Académie d'Hippone, etc.

30 mars.        

Ennuyé de la monotonie de la plaine, je décide le caïd à tenter l'ascension du Djebel-Bou-Khadra, le pic le plus élevé de la contrée.

Nous coupons court à travers moissons et ravins; je remarque du haut de ma selle romeria hybrida, un matthiola centaurea acaidis, othouna cheirifolia, papaver argemone, etc. Les deux tiers de la montagne présentent un vaste plan incliné; de cailloux gros comme le poing couverts d'un sous-taillis de rosmarinus officinalis, cistus clusii et genista raraosissima. Le sommet de la montagne formé de grosses masses de pierres dont la couleur varie du rose au brun noir est couvert de quercus ilex en buissons et de genévriers nains. J'y constate les espèces suivantes :

Anngallis tenella.
Draba verna.
Hulcliinsia petraea.
Scdum altissimum.
Iberis pectinata.
Asphodeline lutea (thazia).
Helianthemum apenninum.
H. roseum.
Lancium amplexicaule.
Prunus prostrata.

Sedum album.
Bellis sylvestris.
Alyssum montanum.
Rhamnus alaternus,
var. Asparagus albus.
Rliainnus alateruus,
var. prostrata.
Buplevrum spinosum.
Ferula mauritanica.
Muscari montanum (theragall).



En revenant, je rencontre sur le bord d'un oued desséché un pied rabougri d'ormeau (ruchem.)

Du 30 mars au 3 avril, course rapide à Tébessa, et au retour récolte des fossiles dont les collines sont pétries.

4 avril.        

Nous partons pour la frontière; soixante cavaliers nous accompagnent, escaladé un plateau qui se termine à l'est par des collines ravinées couvertes de pins et de romarins. Plaine rase, semée de muricaria prostrata.

Nous campons au pied du Djebel-Bou-Djaber, dont la crête sert de limite à l'Algérie, au milieu de scories annonçant une immense exploitation ancienne.

Après le déjeuner, j'entreprends de gravir la montagne. Une pente rude nous conduit à un col dominé de chaque côté par des masses rocheuses abruptes. Sur le col je trouve avec surprise un pied de rhus pentaphyllum; dans les fentes des rochers se montrent l'éternel prunus prostrata, jasmînum fructicum, un buplevrum à larges feuilles, B. gibrallaricum, stachys circinata, sedum album, S. azureum, "S. altissimum, brassica gravinoe, asphodeline lutea, deverra scoparia. La pluie survient et le vent nous enveloppe de nuages épais. Je n'en persiste pas moins à gravir jusqu'au sommet. Je m'engage dans un couloir étroit entre deux tranches de rochers verticalement dressées, suivi par mes guides qui s'accrochent aux pierres et aux racines, en se faisant passer leurs fusils, accompagnement obligé d'une herborisation du Bou-Djaber. Enfin je touche haletant à la cime : j'y trouve un petit plateau d'un mètre carré et je m'y couche harassé moitié en Algérie et moitié chez les Tunisieus. A ma droite, pousse dans le rocher un pied d'un artemisia que je n'ai pas encore vu. {A. atlantica.)

Je descends du côté opposé par une pente vertigineuse, entre les pierres glissantes; mes guides découvrent le boucerosia munbyana et le mangent à belles dents. Je leur arrache à grand'peine un pied surmonté d'une fleur unique. J'aurais voulu poursuivre l'exploration, mais les rafales de pluie étaient si violentes qu'il fallut y renoncer et rentrer au plus vite dans ma tente.

5 avril.        

La nuit s'est passée sous les armes; grand'gardes à deux cents mètres des tentes, sentinelles perdues, cris d'appel, c'était un véritable camp; pour ma part j'ai très bien dormi.

La pluie continue; nous hâtons notre course à travers la plaine détrempée, et, poussant au sud, nous atteignons Gastal. C'est un cirque ouvert dans le plateau du Dir, les murailles y sont coupées à pic et percées de quelques grottes, des racines y descendent transversalement et le cirque se termine par une gorge brusquement contournée qui se rétrécit en s'exhaussant jusqu'à une source encadrée de roches nummulitiques d'où jaillit un véritable torrent. De cette gorge part une console formée par une couche horizontale qui s'étend de chaque côté du cirque. Au-dessous verdissent quelques jardins de figuiers, et plus bas se dresse un pont romain dont les culées ont disparu, mais dont l'arche solide enjambe dédaigneusement le ruisseau. Des figuiers et des touffes d'asphodelus fistulosus croissent aux pentes de la ruine.

Au-dessus du cirque, à gauche, sur le plateau, une série de ruines de tout âge annoncent l'importance de la position.

J'emploie mon après-midi à explorer ce site curieux et j'y note

Brassica gravinae.
Oreoblitoii chenopodioides.
Rhamnus lycioides.
Rhamnus alalernus var. Balearica.
Linaria réflexa.
Linaria flexuosa.
Deverra scopaiia (qouzihh.)
Anlhyllis vulneraria var.
Senecio corouopifolius.
Senecio giganteus.
Rumex pulcher.
Rumex bucephâlophorus.
Aspliodeline lùtea.
Paronychia argentea.
Slachys circinata.
Artemisia odoralissima.
Prunus prostrata.
Veronica beccabunga.
Smyrnium olusatrum.
S. rotundifolium.
Buplevium spinosum.
Fumaria atlantica.
Galium aparine.
G. petiaeum.
Sonchus tenerrimus.
Iris scorpioides.
Lithospermum apulum.
L. arvense.
Sisymbrium irio.
Seriola oetlinensis.
Lychnis dioica.
Verbascum Boerhavii.
Hyosciamus niger (guenguita. )
Plantago major.
Fedia cornucopioe.
Fedia graciliflora.
Thapsia garganica.

Thapsia villosa.
Erodium petroeum.
Calendula arvensis.
Olhbnna cheirifolia.
Hordeum murinum.
Scrophularia auriculata.
Capsella bursa-pastoris.
Salvia verbenaca.
Parielaria officinalis.
Parietaria lusitanica.
Nasturtium officinale.
Muscari monlanum, (celui du Thuya).
Ornithogalum umbellatum.
Glaucium corniculalum.
Valeriana tuberosa.
Valerianella stephanodon
Reseda alba.
Silybum marianum.
Daphne Gnidium.
Marrubium pseudoalysson.
Mercurialis annua.
Echium grandiflorum
Ecliium humile.
Umbilieus horizonlalis.
Sedum dasyphyllum.
S. album.
S- altissimum.
Alkanna tinctoria.
Ceterach offieinarum.
Ononis augustissima.
Anthemis pedunculata.
Cenltrànthus ruber.
Asparagus albus.
Asparagus acutifolius".
Scandix pecten-veneiis.
Ophrys lutea.
Selinopsis montana.

6 avril.        

De Gastal à Tébessa, nous franchissons d'abord les plateaux du Dir couverts de champs de blé, la pluie ne cesse de tomber; les chevaux enfoncent jusqu'au ventre dans la terre molle, nous marchons ensevelis dans nos burnous.

Une descente raide a travers des calcaires dénudés, tous pleins d'inocerames, nous conduit à la plaine de Tébessa, glissante et glaiseuse. On nous indique un gué où nous franchissons avec peine le fossé vaseux qui sert de rivière, et la vieille cité romaine nous reçoit dans ses murs.


A SUIVRE

On était simplement des Français d'Algérie
par Marc-Antoine CIANFARANI Février 1993
Envoyé par Michel Laperna


Balancés n'importe où, dans l'amère patrie
Par un vieux galonné, sénile psychopathe,
On était simplement des Français d'Algérie...
On était simplement des Français d'Algérie
Et durant les 2 guerres, nos morts ont jalonné
Tous les champs de bataille, de France ou d'Italie,

Il a tout oublié, le pédant galonné,
Le trop bouffi d'orgueil et de sombre folie,
On était simplement des Français d'Algérie...

Pour nous, pas de discours et pas d'accueil en France
Nos vieux ont attendu plusieurs jours sur les quais,
Sans aide ni pitié, noyés d'indifférence,
L'ogre de Colombey avait ses préférences
Et il nous méprisait, lui et tous ses laquais
On était simplement des Français d'Algérie...

Mais on s'est relevé à force de courage
Charlot s'en est allé au royaume éternel,
Heureux de son exploit, de son choix criminel,
Il restera pour nous le triste personnage
Qui n'aimait pas du tout les Français d'Algérie !

Les années ont passé sur nos joies et nos peines,
On a refait nos vies sur fond de nostalgie,
Les souvenirs au cœur et sans démagogie,
Insensibles aux appels et au chant des sirènes,
On est sorti vainqueurs du combat des arènes
Pour demeurer toujours.

des FRANÇAIS D'ALGÉRIE !


HYDRAULIQUE AGRICOLE
ANNÉE 1883

 

Circonscription d'Oran

Rapport de l'Ingénieur ordinaire

de l'arrondissement de Mascara

Par sa dépêche du 28 décembre 1882, M. le Gouverneur général demande le programme général des travaux hydrauliques à exécuter en Algérie, dans le but d'assurer le meilleur aménagement et la plus complète utilisation possible des eaux de toute provenance avec des évaluations approximatives.

Nous ferons tout ce que nous pourrons pour répondre aux instructions de M. le Gouverneur général, mais nous devons faire remarquer que depuis deux mois à peine que nous sommes chargé de l'arrondissement de Mascara par suite de la mort inopinée de notre prédécesseur M. Nivière, il ne nous a pas été possible, en dehors de l'expédition des affaires courantes, de visiter tous les cours d'eau d'un arrondissement aussi étendu et de faire ces études qui, quelque sommaires qu'elles soient, exigent un temps assez long et un personnel nombreux, que nous n'avons pas à notre disposition. M. l'Ingénieur en chef l'avait si bien compris qu'il s'était réservé la production de ce programme. Néanmoins en son absence, et pour répondre à la dernière demande de M. le Gouvernent général, nous allons établir ce travail au moyen des études faites par notre prédécesseur, en vue de la création des centres, "de l'examen visuel des cours d'eau qu'il a parcourus, et des renseignements que nous avons pris personnellement.
Nous diviserons notre travail en deux parties
L'aménagement des eaux de pluie par des barrages-réservoirs;
La construction de barrages de dérivation ainsi que le captage et l'aménagement des sources pour l'utilisation des eaux ordinaires.

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BARRAGES—RÉSERVOIRS

BASSIN DE L'HABBA

Barrage sur l'oued Froha à 20 kilomètres de Thiersville

Une étude préliminaire a été faite en 1882 pour l'établissement d'un barrage-réservoir dans la vallée de l'oued Froha. A deux kilomètres à l'amont de son confluent avec le Chahat-el-Ayed, la vallée se resserre entre deux chaînes de montagnes, et on y a trouvé un rétrécissement très favorable à !a construction d'une digue de retenue. La vallée qui s'élargit ensuite ne présente pas une déclivité supérieure à 0,015 par mètre. Cet emplacement est situé à 20 kilomètres de Thiersville

A l'amont du barrage projeté, le bassin de l'oued Froha est d'environ 6,000 hectares; la quantité d'eau qui tombe en hiver étant en moyenne de 0,10 on obtient un volume total de 21.000,000 de mètres cubes d'eau on peut donc admettre d'après les données résultant d'expériences faites en Algérie que la quantité d'eau qui s'écoulera annuellement dans le réservoir sera du 4/30 du produit des pluies soit

24.000 000 - 800,000 mètres représentant la capacité à lui donner.
                      30

L'évaporation calculée à 0,01 par jour agissant sur une superficie moyenne évaluée à 15 hectares, absorbera pendant les sept mois de l'été 300,000 mètres, ce qui réduira le volume à distribuer pendant cette saison à 500,000 mètres cubes. Dans les calculs qui précèdent, on a négligé le débit d'étiage de l’oued Froha, qui est de 30 litres à la seconde, ce débit devant être laissé à la rivière.

Avec 500,000 mètres cubes on peut distribuer pendant les sept mois de l'été 28 litres à la seconde et presque doubler le débit de l'oued Froha. La construction du barrage-réservoir aurait donc pour résultat d'améliorer sensiblement la situation des centres de Thiersville et de Froha au point de vue de l'alimentation et des irrigations, le premier de ces centres n'ayant pendant l'été que l'eau strictement nécessaire pour s'alimenter tandis que le deuxième en est complétement privé ; c'est ce qui est encore arrivé cette année.

Il résulte des profils relevés dans la partie de la vallée située à l'amont de l'emplacement du barrage projeté, qu'il faudra donner à la digue de retenue une hauteur de 20 mètres au-dessus du thalweg de l'oued Froha.

D'après les types et les dispositions adoptées pour divers barrages-réservoirs on a estimé que la construction de la digue de Froha comporterait un cube de maçonnerie de 20,000 mètres dont le prix moyen évalué à 25 francs le mètre cube donnerait lieu à une dépense de .                                 . .                            500.000 fr,

à laquelle il convient d'ajouter pour travaux

accessoires ….  ……………………………         100.000 fr.

ce qui porterait à................... ………………        600 000 fr.

la dépense relative à la construction du barrage de l'oued Froha pour une retenue de 500,000 mètres cubes

Mais un obstacle paraît devoir s'opposer à l'exécution prochaine de ce projet, M. l'Ingénieur en chef, avant de donner un avis définitif, fait remarquer qu'aux termes de l'article 25 du cahier des charges de la vente des 24,,000 hectares de la plaine de l’Habra et de la Macta, l'Etat s'est aliéné le droit d'établir un barrage-réservoir en amont du barrage de l'oued Fergoug sur l'Habra et ses affluents et que par suite, la création d'un barrage-réservoir sur l'oued Froha créerait un nouveau sujet de litige entre l'état et la compagnie Franco-Algérienne, ce barrage devant diminuer d'une certaine quantité le volume d'eau emmagasiné au barrage de l'oued Fergoug, causerait de ce fait un préjudice certain à la Compagnie et aux syndicats de Perrégaux et de l'Habra.

Malgré l'avis de M. l'Ingénieur en chef, M. le Sous-Préfet de Mascara demande avec instance, au nom de ses administrés, la création de ce barrage en faisant ressortir que l'oued Froha n'est pas un affluent de l'Habra en ce sens qu'avant d'y arriver, les eaux s’étendent dans la plaine d'Egris et ne déversent qu'a la suite de pluies exceptionnelles, alors que le barrage de l'oued Fergoug est déjà rempli et qu'elles lui deviennent inutiles.

Il est donc indispensable avant de prendre une décision au sujet de la construction de ce barrage et pour être fixé d'une manière précise de faire des observations suivies sur le régime de cette rivière et l'importance des crues d'hiver.

Nous pensons toutefois qu'il doit être compris dans ce programme.

Mais si le barrage projeté ne peut être exécuté que dans un avenir indéterminé. On ne peut pas laisser perdre, au détriment des habitants de Thiersville et de Froha, l'énorme quantité d'eau qu'absorbe le canal d'amenée avant d'arriver à ces centres. S'ils ne peuvent irriguer pendant la sécheresse, qu'ils puissent tout au moins recevoir l'eau nécessaire à leur alimentation.

Pour obtenir ce résultat il faudrait rendre étanche le canal en le revêtant d'une couche de béton hydraulique comprimé de 0,10 d'épaisseur. Ce revêtement devant être exécuté sur 12.000 mètres de longueur coûterait,

à raison de 2 fr. 30 par mètre courant                  27 600 fr.

Terrassements, dépenses diverses.        . .           2.400 fr.

Dépense totale …………………………….           30 000 fr.

Barrage de l'oued Seffroun (affluent de l'oued Hounet)

En avril dernier, M. Nivière, notre prédécesseur, a parcouru tout le cours de l'oued Hounet et de son affluent l'oued Seffroun. Il a trouvé sur ce dernier cours d'eau, à 300 mètres en amont de son point de jonction avec l'oued Hounet un emplacement propice à la construction d'un barrage. Le lit de la rivière est très encaissé en cet endroit et resserré entre des montagnes très élevées, le rocher apparaît à la surface sur un grand nombre de points ; à l'amont la vallée s'élargit et n'a qu'une très faible pente on peut obtenir sur ce point un vaste réservoir.

Le bassin de l'oued Seffroun au dessus de l'emplacement du barrage est d'environ 120,000 hectares, la quantité d'eau tombée pendant l'hiver, étant évaluée à 0 m. 1r•0 on obtiendrait un volume d'eau de 480.000,000 de mètres cubes; celle qui s'écoulerait dans le réservoir évaluée à 1/30e serait alors de 42.000,000 de mètres cubes qui pourraient être emmagasinés. Mais pour obtenir un réservoir capable de contenir une pareille quantité d'eau il faudrait un barrage de retenue dont la dépense ne serait pas en rapport avec les résultats qu'on obtiendrait.

D'ailleurs ce barrage, comme celui de l'oued Froha, est sur un affluent de l'Habra, en retenant un volume d'eau aussi considérable, on nuirait certainement à l'alimentation du réservoir de l'oued Fergoug.

Mais nous pensons qu'après avoir étudié le régime des eaux des différents cours d'eau qui se jettent dans l'Habra et observé l'importance des crues d'hiver, on reconnaîtra qu'il est possible, sans porter préjudice à la retenue du barrage de l'oued Fergoug, de retenir dans le barrage que nous proposons 2.000,000 de mètres cubes d'eau. Cette réserve se trouverait réduite par suite de l'évaporation et autres pertes à 1.500,000 mètres cubes, ce qui donnerait un débit permanent de 17 litres à la seconde, que l'on pourrait réduire à 20 litres pendant l’hiver et porter à 68 litres pendant l'été, ce qui permettrait de créer sur la rive gauche de l'oued Hounet, à proximité de la route nationale n° 7, un centre assez important, sur un point où il existe des terres de bonne qualité et en quantité suffisante, mais inhabitable faute d'eau.

La construction de ce barrage, dont fa hauteur serait de 15 mètres et la longueur de 100 mètres, coûterait :

Maçonnerie 8,000 mètres cubes à 25 fr.                      200.000 fr.

Travaux accessoires, canaux …………………………  ..80 000 fr.

Total ………………………………………..…                280.000 fr.

BASSIN DE LA MINA

Bassin de Mechéra-Sfa

A deux kilomètres de Mechéra-Sfa, sur le cours principal de la Mina, le lit de la rivière est resserré par deux montagnes rocheuses entre lesquelles il serait facile d'établir un barrage dans les meilleures conditions. Un peu à l'amont de ce passage, la vallée s'élargit, la déclivité est faible et l'on peut obtenir un réservoir d'une grande capacité.

Le bassin de la Mina en amont du barrage projeté est de 409,000 hectares, le volume d'eau qu'on pourrait obtenir pendant l'hiver dans le réservoir serait de 11.500,000 mètres cubes.

Pour obtenir un réservoir d'une capacité suffisante, il faudrait donner à la digue de retenue une hauteur d'environ 20 mètres, sa longueur serait d'environ 200 mètres.

En tenant compte de l'évaporation et des pertes diverses, on pourrait disposer, indépendamment du débit de la Mina, qu'on laisserait en rivière, de -11.500,000 mètres cubes d'eau qui seraient distribués pendant l'été à raison de 634 litres par seconde.

Cette eau pourrait être employée en partie à l'irrigation de 4,000 à 4,200 hectares de terres très fertiles situées entre le barrage et Si-Djilali ben Amar, notamment aux environs de ce centre L'eau nécessaire à l'irrigation de ces terres serait de 300 litres à la seconde, le surplus serait rendu à la Mina.

Les irrigations dans la plaine de la Mina se font au moyen de barrages de dérivation. Pendant l'hiver, quand la terre est saturée et que les canaux sont pleins, le surplus est inutilisé et retourne à la Mina pour se perdre à la mer, mais l'été, l'eau est insuffisante pour irriguer tou­tes les cultures. En augmentant le débit de la rivière par la réserve du barrage, on pourrait étendre la zone irrigable et sauvegarder les cultures d'été qui manquent souvent à cause de la sécheresse.

La dépense résultant de l'exécution de ce barrage peut être évaluée ainsi qu'il suit

Maçonnerie, 25,000 m3 à 25 francs .        625 000 fr.

Canaux .................................                      200 000 fr.

Travaux divers, imprévus ....                      175 000 fr.

Total....................................                    4.000 000 fr.

Barrage de la gorge de l'oued El-Abd
(Entre Bou-Noual et Fortassa)

Entre Bou-Nouai et Fortassa à 42 kilomètres du premier centre et à 18 kilomètres du second, l'oued EI-Abd coule dans une gorge étroite entre deux montagnes élevées où l'on trouve un emplacement très favorable à la construction d'une digue de retenue, immédiatement à l'amont de ce point, la vallée s'élargit brusquement de manière à former un vaste réservoir d'une faible déclivité. Le bassin de l'oued El-Abd, en amont du point que nous venons d'indiquer, est d'environ 150,000 hectares, la quantité d'eau tombée pendant l'hiver et qu'on pourrait retenir dans le réservoir serait de 22.600,000 mètres cubes.

Pour obtenir un réservoir d'une capacité suffisante, il faudrait donner à la digue de retenue une hauteur de 26 à 28 mètres et une longueur de 200 mètres.

En tenant compte de l'évaporation et des pertes, on aurait encore à distribuer, indépendamment du débit de l'oued El-Abd qu'on laisserait en rivière, environ 17.000,000 de mètres cubes d'eau.

Avec cette quantité d'eau, le volume à distribuer pendant l'été, serait de 937 litres par seconde.

On pourrait en employer utilement 100 litres à la seconde entre le barrage projeté et Fortassa, pour l'arrosage de 400 hectares de terres d'une grande fertilité dont on augmenterait la zone irrigable, le surplus serait rendu à la rivière pour être employé dans la plaine de la Mina comme celle en excédent du barrage de Méchera-Sfa.

Ces deux ouvrages seraient pour la plaine de la Mina ce qu'est pour la plaine de l'Habra le barrage de l'oued Fergoug, une source de richesse.

La dépense que nécessiterait la construction de ce barrage peut être évaluée ainsi qu'il suit :

 45,000 m3 de maçonnerie à   25 francs

 

     1.125 000 fr.

 Canaux, ouvrages divers .......

 

325 000 fr.

 Imprévus ................................

 

150 000 fr.

Total .................................

 

    1.600.000 fr.

BARRAGES DE DÉRIVATION.
AMÉNAGEMENT DES SOURCES

BASSIN DE L'HABRA

Eaux de l'oued Louzet. — Barrage de dérivation

L'oued Louzet débite à l'étiage trois litres à la seconde ses eaux vont se perdre dans l'oued Maoussa qui les absorbe et reste à sec une grande partie de l'année. Elles peuvent être employées en partie à l'alimentation du village n’Aïn-Louizet de 80 feux, projeté à égale distance des centres de Matemore et de Cacherou, à 6 kilomètres de chacun d'eux et à 18 kilomètres de Mascara, le surplus servirait à l'irrigation des jardins autour du village.

Pour obtenir ce résultat, il y aurait lieu de construire un petit barrage de 1 m. 50 de hauteur au dessus du lit du ravin et de 10 mètres de longueur pour dériver les eaux qui seraient amenées au village au moyen d'une canalisation en maçonnerie de 15,000 mètres de longueur et autour du village par des rigoles «irrigation.

La construction du barrage coûterait . . 6.000 fr.

Les canaux maçonnés ..........              40 000 fr.

Les rigoles d'irrigation ............               5.000 fr.

Total de la dépense...............             21.000 fr.

Source de Taharnamet

Cette source est située à 1,200 mètres à l'est du centre projeté d'Aïssa-Mano, entre Eranchetti et Nazereg commune mixte de Saïda. Son débit actuel de 2 litres par seconde n'est pas utilisé aujourd'hui. II n'en arrive que peu ou point dans l'oued Saïda, ses eaux qui sont excellentes pourraient être employées non-seulement à l'alimentation du centre projeté, mais encore à l'arrosage des plantations et des jardins à créer autour de ce village.

L'aménagement de cette source, la conduite d'amenée et les rigoles d'irrigations coûteraient environ 12,000 francs.

BASSIN DE LA MINA

L'oued Medjaref. -- Barrage de dérivation

L'oued Medjaref débite à l'étiage 15 litres à la seconde ses eaux sont actuellement dérivées à 12 kilomètres du point où il se jette dans la Mina, par un mauvais barrage en terre et fascines et employées en partie après un parcours de 1 kilomètres dans un canal en mauvais état, à l'irrigation de quelques hectares de culture indigène.

En remplaçant le barrage de dérivation actuel par un barrage en maçonnerie et en améliorant le canal par des revêtements en maçonnerie qui le rendraient étanche, on utiliserait la totalité du débit de l'oued Medjaref et on en tirerait un parti beaucoup plus avantageux en donnant à Medjaref, centre de 24 feux, projeté sur la route de Mascara à Tiaret à 8 kilomètres de Fortassa, l'eau qui lui est nécessaire pour son alimentation, l'arrosage des plantations et des jardins et en augmentant la zone des terrains irrigables.

Le barrage de dérivation coûterait

15.000 fr.

L'amélioration du canal.   .   . .

 10.000 fr.

Total                           .  .  .

 25.000 fr.

L'Oued Haddad. -- Barrage de dérivation

L'oued Haddad débite à l'étiage 5 litres à la seconde, le lit du ravin les absorbe en grande partie avant d'arriver à la Mina, elles sont actuellement inutilisées.

Elles pourraient être employées en partie à l'alimentation du village de Haddad de 80 feux, projeté sur la rive gauche de l’oued Haddad à 17 kilomètres de Cacherou, sur le chemin qui relie ce centre au barrage de Fortassa ; le surplus serait utilisé aux irrigations autour du village. Leur emploi nécessiterait la construction d'un barrage de dérivation de 20 mètres de longueur et de 9 m. 50 de hauteur au dessus du lit du ravin, l'établissement d'un canal maçonné de 1,500 mètres de longueur et des rigoles d'irrigation dont la dépense s'élèverait à 30,000 francs.

Oued El-Abd. — Barrage de dérivation de Tagremaret

L'oued El-Abd débite à l'étiage environ 500 litres à la seconde.

D'après l'arrêté de réglementation des irrigations de ce cours d'eau il est attribué au territoire de Tagremaret un volume d'eau de 200 litres à la seconde. Cette eau à la disposition des indigènes est gaspillée. La création du village de Tagremaret dans une plaine dont les terres sont d'une très grande fertilité permettra d'en tirer un utile parti.

Au moyen d'un barrage de dérivation que l'on construirait à 2,500 mètres environ en amont du village projeté, avec un canal principal et un nombre suffisant de canaux secondaires destinés à l'irrigation des jardins et des lots de culture irrigables, on pourrait en laissant aux terres indigènes situées en dehors du périmètre de colonisation, disposer en faveur du territoire du village, d'un volume d'eau de 150 litres à la seconde qui permettrait d'irriguer 75 hectares de jardin à raison de un litre par seconde et par hectare et 375 hectares de terrains de culture arrosés à 0,20 par seconde et par hectare.

 

La construction de ce barrage    

Coûterait environ

30 000 fr.

Celle des canaux et rigoles d'irrigation

20 000 fr.

Dépense totale.....................

50 000 fr.

En résumé, les eaux ordinaires sont à peu près toutes utilisées ; cependant, celles qui ne le sont pas ou qui le sont mal, rendront, au moyen des ouvrages que nous proposons, quelle que soit d'ailleurs la dépense qu'ils occasionneront, de si utiles services, qu'on ne peut se dispenser de les comprendre dans le programme.

En général, les cours d'eau de l'arrondissement de Mascara se prêtent mal à l'établissement de barrages-réservoirs, le terrain est fort accidenté, dans le bassin de l'Habra surtout.

En ce qui concerne les barrages de l'oued Froha et de l'oued Sefroun, nous avons fait connaître, en raison de leur situation dans le bassin de l'Habra, les avantages et les inconvénients qui résulteraient de leur établissement, nous pensons néanmoins qu'ils doivent être conservés au programme, dussent-ils être placés au dernier rang. Quant à ceux que nous proposons de construire sur la Mina et l'oued El-Abd, ils seront une source de fertilité et de bien être non seulement dans la contrée où ils seront établis, mais encore dans la vaste plaine de la Mina dont ils garantiront la richesse et la prospérité. Il convient dès lors de les placer au premier rang.



La douche reçue
Texte envoyé par Mme Denise Macia

Le goût de la javel

Posté par lady1 le 24 oct 2009 | Dans : Archives, Mon enfance

Bonjour,

L'odeur de la javel ne me dérange pas du tout mais, dans le temps, seul Lacroix, à Marseille, avait le monopole de ce produit en France. Aussi, en bon Pied Noir, aussi souvent que possible, alors que c'était le meilleur rapport qualité/prix des désinfectants et tout en l'employant, je dénigrais entièrement la substance et la marque.

En effet, les Pieds Noirs, totalement innocemment, en vacances, passaient très souvent par Marseille, avant d'embarquer sur le bateau pour rejoindre leur maison en l'Afrique du Nord ou en débarquant d'Algérie, Maroc ou Tunisie. 

Alors, les dockers marseillais, syndiqués, C.G.T. et C.F.D.T. ainsi que les autres, par jeu mais surtout jalousie, se liguaient en bande de dix voire quinze forts des halles et, après l'absorption de quelques bouteilles d'alcool mélangé au gin ou autre poison liquide blanc, sous le soleil et par forte chaleur, bloquaient des familles Pieds Noirs de passage, entravées par leurs bagages, et, avec une violence inouïe parfois sur de jeunes enfants, les insultaient, provoquaient, bousculaient et frappaient sous les yeux complices de la population marseillaise, avec douaniers et forces de l'ordre présents dans l'ombre.

Ils les battaient tout simplement parce qu'ils étaient Pieds Noirs, c'est à dire Français natifs d'Afrique du Nord, racisme gratuit avec émission de sangs : des pères de famille qui se défendaient et voulaient protéger les leurs, sont tombés dans le port et s'y sont noyés avec leurs enfants venus les secourir sous les rires et quolibets du public et les yeux horrifiés des mères.

 

Cela ne servait à rien de porter plainte auprès de la police car le commissariat refusait d'écouter les gens d'Afrique venus dénoncer les crimes : pire, à entendre que des hommes en uniformes assistaient aux lynchages sans venir à l'aide, les officiers faisaient passer pour fous les plaignants et, arrogance méprisante, conseillaient de se rendre dans les consulats du Maroc ou de la Tunisie pour y trouver refuge, alors que les Européens d'AFN étaient français, manière de faire comprendre aux honnêtes gens qu'ils n'étaient même pas considérés comme hexagonaux à part entière, alors qu'ils présentaient également leurs cartes d'anciens combattants de la 1ère Armée d'Afrique, 1ère Armée française et de la Libération, leurs attestations de médailles et leurs citations.

 

La douche reçue s'avérait glacée au point que certains en perdaient le langage pendant plusieurs jours et écourtaient leur séjour : il valait mieux prendre des vacances aux Zenatta que de continuer à dépenser un an d'économies dans un pays qui ne méritait même pas le simple regard de compassion.

Le Blog de Denise
http://ladyde.unblog.fr/


MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
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sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Bartolini

Bonjour,
Pour plusieurs correspondants, avez-vous des photos de classes de l'école d'hippone.
Je vous remercie d'avance.
Cordialement.
JPB
P.S. Cette école se trouvait Route de Sidi Brahim à Bône
Mon adresse : jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
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Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : pjarrige@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES


M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
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Les perroquets beaucoup trop pieux ! ?
Envoyé par Chamalo

     Une dame se rend chez le curé en proie à une grande émotion. Elle lui explique la raison de son émoi: "Monsieur le curé, j'ai un sérieux problème. Samedi, au marché, j'ai acheté deux perroquets femelles, malheureusement elles ne peuvent répéter qu'une phrase."
     - "Que répètent-elles?" demande le Curé

      - Elles crient sans arrêt: "Allo, nous sommes des prostituées, voulez-vous avoir du plaisir...?"

     - "Mais c'est dégoutant!" s'écrie le Curé qui se met aussitôt à réfléchir....
     - "Rien n'est perdu, j'ai peut-être la solution du problème".
     -"Je possède deux perroquets mâles qui parlent aussi mais je leur ai appris à prier ". "Amenez-moi vos deux blasphématrices; elles partageront la cage de mes mâles pieux qui leur apprendront à prier ."
     " Je suis persuadé qu'elles cesseront sous peu de prononcer cette phrase odieuse".

     -"Oh! Mille mercis, Monsieur le curé" répond la dame et elle s'en retourne.

      - Le lendemain, comme convenu, la dame apporte ses deux perroquets chez le curé et elle découvre, effectivement, les deux perroquets mâles en profonde prière, chacun tenant un chapelet.
     - Impressionnée, elle s'approche de la cage et y introduit les deux femelles .
     - Le temps de s'adapter aux lieux, les femelles s'écrient: "Allo, nous sommes des prostituées, voulez-vous avoir du plaisir...?"
     - Silence!

      - En état de choc, un des deux perroquets mâles murmure à l'autre "Range ton chapelet mon ami, nos prières sont exhaussées"




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