N° 78
Novembre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er novembre 2008
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros : 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, ,
  Les Parias       
de Mme Zahra Summer
EDITO

UNE PENSEE POUR LES DEFUNTS !


    Chers Amis,

    Aujourd'hui, pour nous exilés de force de notre pays d'Algérie, ce jour de TOUSSAINT est ancré dans nos mémoires. C'est le jour le plus triste de l'année, et par respect pour nos morts restés là-bas, nous leur devons toutes nos pensées.
    Aujourd'hui nous avons des tombes ou des restes de tombes dans des cimetières plus ou moins bien entretenus où l'on croit faussement que l'on ne peut pas fleurir.

    Avec un groupe d'amis Bônois qui ont fait des voyages à Bône, nous avons lancé l'opération privée " Jardin des Etoiles ". Une opération qui consistait à faire nettoyer, désherber et fleurir nos tombes restaurées par nos soins ou encore visibles.
    A cette opération " Jardin des Etoiles ", nous avons fait aussi une autre opération privée " Jardin du Souvenir ". Cette opération s'est déroulait sur une Stèle appartenant à la ville de Bône. Elle a été nettoyé, désherbée et fleurie par une gerbe que nous avons dédiée à tous les morts des crimes d'état, de guerres, ainsi qu'à tous les morts dont les tombes sont introuvables, détruites, enfouies sous la végétation ou ensevelies sous un " éboulement ". Nous rendons hommage à tous ces morts quelle que soit sa religion ou le lieu de repos car nous estimons que nous avons tous des amis et frères qui reposent en cette terre bien aimée et qu'ils ont droit à ce respect du à tous les morts.

    Nous avons fait ces opérations privées pour ne pas empiéter sur les " actions des associations ". Certains d'entre-vous, nous reprocherons de ne pas l'avoir fait savoir, mais nous ne voulions pas encore une fois être pris pour des trublions, ceux qui empêchent de tourner en rond. Ces opérations ont pu être réussies, grâce à nos voyages et aux liens que nous avons rétablis. Grâce aussi à notre jeune artisan, Mounir Hanéche, que nous avons mis sur les rails et qui nous fait un travail admirable.
    C'est triste d'agir ainsi, mais c'était la seule façon de montrer que l'on peut s'occuper individuellement des tombes. Notre devoir de mémoire est de faire ce qui est en notre pouvoir pour l'entretien de ces lieux et de le transmettre à nos enfants. C'est notre façon de rendre à nos ancêtres l'hommage qu'ils méritent et de pouvoir pleurer sur ces photos avec une veilleuse allumée près d'une fleur. Que de souvenirs ou images du passé reviendront alors dans nos têtes. Nous sommes les intermédiaires entre nos anciens et nos enfants à qui nous devons transmettre bien des choses et surtout les valeurs qu'on nous avait enseignées et qui sont la base d'une saine et vraie vie

    Que ces Etoiles reposent en paix pour l'éternité sur notre chère terre d'Algérie.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.

"JARDIN DES ETOILES"

























"JARDIN DU SOUVENIR"



Notre Artisan réalisateur

Toutes ces photos sont protégées par un copyrigth et ne doivent pas être utilisées à des fins commerciales ou sur d'autres sites et publications

MEDITATION SUR LE " POISON "
N° 10 de mars 1951, page 13
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

  
        Le mouvement de salubrité nationale qui s'est donné le nom de " Paix et Liberté " avouait être sollicité, cette semaine, par un grave sujet de méditation.
        Ayant en effet apposé des affiches " Le Maréchal STALINE vous parle ", lesquelles reproduisaient les propos tenus par le dictateur au Colonel POUYADE, propos disant l'étonnement que la France fût si peu armée, les communistes collèrent sur ces affiches des papillons jaunes portant le mot " poison ".

        " Nous avons bien regardé où était le poison - dit M. Jean-Paul DAVID - mais nous n'avons découvert qu'un texte de M. Jean-Richard BLOCH, communiste, reproduisant une déclaration du Maréchal STALINE, encore communiste à l'heure où nous écrivons. Que conclure ? Y a-t-il un déviationnisme titiste qui profite de la nuit pour jouer les antistaliniens ? Ou plus simplement la bêtise règne-t-elle à ce point au parti que le militant ne sait plus lire ?... ".

        M. Jean-Paul DAVID a posé la question. Personne n'a répondu.
        Il est en tous cas fort cocasse que les communistes taxent de " poison " un propos tenu par Leur Dieu et rapporté par l'un des leurs !

***
 

LA JUSTICE DE PAIX
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

        Il y avait autrefois à Bône, lorsqu'elle était encore " l'Aneba " des Arabes et des Barbaresques, trente-sept Mosquées dispersées à travers la Ville dont la superficie n'était pourtant pas bien grande et les habitants relativement peu nombreux.
        La plupart de ces édifices religieux étaient en ruines ou en état d'abandon lorsque les Français débarquèrent en ces lieux.
        Trois seulement avaient gardé leur prestige et jouissaient parmi les fidèles, d'une faveur toute relative.
        Au premier rang, se trouvait la Mosquée de Sidi-Mérouan qui fut, dès l'arrivée des Français, transformée en hôpital militaire, parce qu'elle avait cependant cessé d'être desservie.
        La Mosquée centrale, Djamao-El-Bey, comme l'appelaient les Musulmans, parce qu'elle avait été construite par Salah-Bey de Constantine, en 1795, devint encore plus centrale qu'elle ne l'était, puisque, rénovée et parée d'une nouvelle et élégante façade, elle occupe encore tout le côté sud de la Place d'Armes qui était bien le centre de l'ancienne Ville.
        Elle n'a jamais cessé d'être ce qu'elle avait toujours été, avant notre venue dans ce pays, le lieu principal de réunion des fidèles musulmans de la Ville.
        La troisième Mosquée n'est plus et il n'en subsiste aucun vestige. C'était la Mosquée des Romanette qui était située juste au milieu de la rue Damrémont.
        Elle était déjà presqu'en ruines en 1830. Le bâtiment s'effrita de plus en plus, chaque année, et lorsqu'elle fut complètement démantibulée, on ne la reconstruisit pas, car le quartier était devenu intégralement européen, et la rue Damrémont était alors la principale rue de Bône la Française.
*******

        Est ce exactement sur l'emplacement de cette ancienne Mosquée que s'élève aujourd'hui, comme on le croit, l'immeuble dans lequel sont logés la Justice de Paix et la Bibliothèque municipale ? Cela parait tout à fait possible.
        Cet immeuble ne s'accorde ni avec l'un, ni avec l'autre, de ces deux services qui doivent être, d'accès facile et commode, à la portée du public.
        Les lieux sont étroits et sombres et le mauvais escalier qui conduit, tout en haut, à la bibliothèque, n'est pas un prélude encourageant pour les personnes âgées qui recherchent dans la lecture, l'occasion de s'évader d'une réalité qui ne les divertit plus.

        Avant la Justice de Paix, à cette même place, mais certainement pas dans le même immeuble, il y eut une brasserie tenue par des Allemands qui fêtèrent, chopes en mains, avec leurs compatriotes habitants la Ville, le succès allemand de 1870.
        Dans mon tout jeune âge, j'ai pu entendre la colère et l'indignation qui s'exhalaient encore, vingt ans après, de l'âme des patriotes français à la vue de ces Allemands qui avaient trinqué au triomphe de leur pays sur la France et qui cependant étaient demeurés sur cette terre française, au milieu de ces Français qu'ils avaient insultés, sans le moindre égard pour l'hospitalité qui leur était si généreusement offerte.

        L'affaire, en 1871, avait failli mal tourner, la population avait frémi d'indignation et ce fut à grande peine que l'ordre fut maintenu.
        Les descendants de ces Allemands frénétiques de l'année terrible firent cependant leur devoir de Français dans la guerre de 1914, sans se douter qu'ils prenaient eux-mêmes leur revanche sur leurs propres pères.

        Il ne reste donc plus rien de cela, plus rien, pas même l'immeuble dans lequel était la brasserie, puisque celui dans lequel sont les locaux de la Justice de Paix et de la Bibliothèque, fut édifié bien après, en 1882, à la même place, par les soins de la Municipalité.
        Dans cette même rue, la principale artère de la Ville, en ce temps là, mais à l'extrémité opposée, le Père Picon avait installé sa fabrique d'Amer et sa demeure particulière, où lui succéda son gendre, le pharmacien Court, qui avait abandonné son officine pour diriger la maison qui devait plus tard, traverser la mer pour aller trôner au centre du Boulevard National à Marseille, dans des locaux somptueux.

        La Bibliothèque municipale avait, tout de suite, été logée au-dessus de la Justice de Paix et de ses dépendances. Le premier bibliothécaire en fut M. Doublet venu en Algérie lors de la création de notre Collège communal, comme Régent des 7ème et 8ème classes.
        La Bibliothèque n'a presque pas changé. Son aspect s'assortit, d'ailleurs, à l'immeuble étriqué, sombre et froid, et au quartier disparate et presque misérable.


        La Justice de Paix de Bône est, comme la plupart de ses justiciables, bien mal logée et d'aspect minable.
        Dans les villages du ressort de l'arrondissement judiciaire de Bône, cette modeste juridiction, que l'on nommait autrefois " La Justice Basse ", et que le peuple appelle encore " La Petite Justice " est entourée de plus d'attentions.
        Ici, dans cette jolie Ville, que l'on a justement appelée " La Coquette ", tout, dans la manière dont elle est présentée au public, matériellement bien entendu, dénote le détachement, le désintéressement de l'administration communale pour la petite juridiction, au bon fonctionnement de laquelle elle est pourtant particulièrement intéressée, puisqu'elle perçoit un tiers du montant des amendes qu'elle distribue si généreusement, quand elle statue comme tribunal de simple police.

        Pourquoi cette indifférence ? Pense-t-on que la pauvreté des débats qui s'y poursuivent, le plus souvent, exige un décor à l'unisson ?
        Les locaux sont étroits et incommodes soit, mais ils pourraient être mieux meublés et mieux présentés.
        Car il se poursuit entre ces murs froids, insonores et rébarbatifs, un labeur considérable qui concourt grandement à la tranquillité publique.
        Et parfois, il faut bien le dire, les questions qui s'y débattent atteignent des niveaux élevés du point de vue juridique. Parfois aussi, il fut permis d'y entendre de courtes plaidoiries, mais si légères, si subtiles, si élégantes, qu'on en était frappé et ravi, à cause, peut-être, du contraste que leur faisaient la pauvreté du lieu et la tristesse des murs contre lesquels ils venaient se heurter.

        Il y eut des Juges de Paix aimables et diserts, il y en eut de profonds et sévères.
        Parmi les devanciers de ceux qui président, de nos jours, aux audiences et aux conseils de famille, il en est un, dont le souvenir projette un rayonnement d'un éclat extraordinaire sur notre petite juridiction. C'est M. le Premier Président Zeiss. Il fut Juge de Paix à Bône, et finit sa carrière comme Conseiller à la Cour de Cassation, après avoir été, avec une extrême distinction, et pendant de longues années, le Premier Président érudit de la Cour d'Appel d'Alger.
        D'autres noms sont demeurés dans la mémoire des habitants, car les Juges de Paix, étaient plus mêlés au peuple et ils lui étaient familiers : les Montes, les Marbot et combien d'autres qui ont été aimés de tous, défenseurs, plaideurs et justiciables de toutes sortes.

        Leurs qualités principales étaient l'aménité, l'expérience et la simplicité et aussi le sens humain qu'ils savaient donner à leurs sentences et leurs interventions.
        Certains, parfois, ne manquaient pas d'humour, tel le Juge Marré, ancien Pasteur protestant, devenu Magistrat, qui avait fait peindre à la cimaise du mur qui se trouvait derrière lui, où ne figurait point le buste de la République, exemple de la parcimonie municipale, une jolie petite caille qui paraissait bien vivante, si vivante, qu'on s'attendait presque à entendre son cri familier et bien connu : " Paie tes dettes ", devise que voulait enseigner le bon Juge de Paix à sa clientèle habituelle.

*******

        A côté de ces Juges de carrière, dont le souvenir est demeuré, il y avait aussi quelques juges suppléants non rétribués, choisis parmi les notabilités de la Ville, non idoines en la matière, certes, mais dont le dévouement désintéressé était des plus louables.
        Tel, ce Commandant Laromer, officier de la Légion d'honneur, et Martiniquais du plus joli bronze qui se puisse voir. C'était un gaillard superbe, haut et large, poli et complaisant, et toujours souriant et aimable. Ah, qu'il était fier de ses fonctions judiciaires, et imbu de la grandeur de son rôle. Aussi amoureux de sa toque qu'il avait dû l'être, pendant le temps de son activité, de son uniforme militaire et de ses quatre galons d'or, il n'omettait aucune occasion de paraître en grand costume judiciaire orné de sa rosette de la Légion d'honneur, et de multiples autres décorations.

        Lorsqu'une cérémonie d'installation de Magistrat nouvellement nommé, ou une audience solennelle de rentrée des Tribunaux avait lieu, il y venait assister naturellement. Mais il ne venait pas revêtir sa robe et sa toque au vestiaire du Tribunal civil avant la cérémonie. Il partait tout équipé de la Justice de Paix de la rue Damrémont, et traversait la Ville, à pied, la grande ceinture bleu ciel barrant son important abdomen pour faire une entrée sensationnelle, entre deux haies de badauds ébahis, au Palais de Justice.
        La cérémonie terminée, il reprenait dans le même apparat, et du même pas imposant et mesuré, le chemin de la Justice de Paix, à travers les mêmes rues, et toujours suivi, à distance réglementaire, par le fidèle et vieux Chaouch Larbi.
        Ce Magistrat occasionnel était tellement féru de sa valeur et du caractère sacré de sa fonction, qu'il n'admettait jamais qu'un avocat put soulever son incompétence Il prenait cette exception pour une offense personnelle, confondant incompétence avec incapacité. " Comment, disait-il, je suis incompétent, moi ? Alors le Gouvernement qui m'a confié ces fonctions se serait trompé sur mon compte ? Non, non, ce n'est pas possible... "

        Et comme naturellement, il ignorait les arcanes du Code, n'ayant fait ni études de Droit, ni apprentissage de Juge, et qu'il tenait toujours à être solennel, il n'omettait jamais, en simple police, de prononcer une condamnation à un, deux ou trois francs d'amende, sans dire, la main droite posée sur un gros livre qui, peut-être, n'était pas toujours le Code : " En vertu de ce qui est là-dedans, je vous condamne à... ".
        C'est devant lui, alors qu'il présidait ce tribunal de simple police, que se déroulèrent un jour, les débats amusants et délicieux d'une poursuite dirigée contre de ravissantes jeunes filles, estiveuses bugeaudoises, pour avoir lapidé la demeure d'un journaliste algérois, estivant lui aussi. Ce journaliste avait osé, dans une chronique de son hebdomadaire, qui s'appelait pourtant " La Fronde ", ne pas trouver de son goût les amusements tapageurs et nocturnes auxquels se livrait, dans le village, la bande joyeuse à laquelle elles appartenaient. Le plaignant, pour se porter partie civile, avait fait appel au talent (c'est bien le mot) d'un ancien journaliste devenu Avoué près le Tribunal de Bône.

        Il fallait voir Me Numa Ricoux, avec son regard malicieux, et son sourire si intelligemment expressif, mais il fallait aussi l'entendre, car c'était un causeur plein de verve et d'esprit, et de charme, et d'érudition.
        Les gendarmes qui avaient été chargés de l'enquête préalable, avaient paru quelque peu indulgents pour ces demoiselles de Bugeaud. Lors, l'Avocat de la partie civile tint à expliquer au Tribunal ce qui lui semblait avoir été la cause de cette intempestive indulgence :
        " C'était au plus gros de l'été, par une chaleur accablante, dit en substance le spirituel défenseur, que les gendarmes chargés d'enquêter, entreprirent de monter à Bugeaud, et, comme ils ne pouvaient utiliser leur bicyclette, c'est à pied qu'ils durent faire le chemin.
        " La chaleur était rude, et, c'est accablés, brisés, et presque pantelants, qu'ils se présentèrent à la porte de la demeure de la première délinquante qu'ils devaient interroger. La porte ouverte, les dignes représentants de la Loi arrivèrent au milieu du salon où des " dames se trouvaient réunies dans une douce et fraîche pénombre. A la vue du pitoyable état d'extrême fatigue de ces visiteurs, pourtant bien inopportuns, les dames, compatissantes et charitables par nature, s'empressèrent à les soulager et les réconforter. " Vite, qu'on leur serve des boissons fraîches ", commandèrent-elles. Et les pauvres gendarmes assoiffés, plus qu'on ne saurait le dire, burent avidement les délicieux et frais breuvages qu'on leur présentait avec tant d'amabilité.
        " Ils en reburent même, tant était pressante et engageante l'insistance de ces Dames, procédant en même temps aux premiers interrogatoires, car il fallait aller vite pour reprendre la route et rentrer à Bône avant la nuit ".

        Ici, l'Avocat fit une pause ; puis prenant le ton de la confidence et la mine de l'étonnement, il continua :
        " Alors, il se produisit un phénomène incroyable, auquel nul ne pouvait s'attendre, au fur et à mesure que les gendarmes se désaltéraient, la Vérité..., elle, s'altérait ".

        Des rires fusèrent dans l'auditoire, les traits s'étaient détendus, si la cause paraissait perdue, l'esprit et l'humour étaient vainqueurs, dès cet instant.
        Le Juge n'avait pas bronché, il était haut et droit sur son siège, impassible et sévère, tout fier d'une dignité que, seul, il croyait souveraine.
        Peut-être n'avait-il pas compris ?
        Et pourtant il affirmait sans cesse qu'il était toujours compétent.
        Brave Commandant Laromer...
        Quel dommage que René Benjamin qui a écrit " Les vingt façons de juger dans Paris " ne l'ait pas connu.


A l'Aube de l'Algérie Française
Le Calvaire des Colons de 48
                                       Par MAXIME RASTEIL (1930)                                       N° 23

EUGÈNE FRANÇOIS
Mon ancêtre

Quoi de plus louable que de partir à la recherche de ses ancêtres !
Découvrir où et comment ils ont vécu !
La Bruyère disait : " C'est un métier que de faire un livre. "
Photo Marie-Claire Missud
J'ai voulu tenter l'expérience de mettre sur le papier après la lecture d'un livre sur "les Colons de 1848" et le fouillis de souvenirs glanés dans la famille, de raconter la vie de ce grand homme, tant par sa taille que par sa valeur morale, de ce Parisien que fut Eugène FRANÇOIS né à Meudon en 1839, mort à Bône en 1916.
Tout a commencé lors de l'établissement d'un arbre généalogique concernant le côté maternel de notre famille : arrivé à notre ancêtre : qu'avait-il fait pour qu'une "Rue" de ma jolie ville de "Bône la Coquette", porte son nom dans le quartier de la Colonne Randon ?
Tout ce que j'ai appris, j'ai voulu le faire découvrir tout simplement comme d'autres ont écrit sur nos personnalités et grandes figures Bônoises !
Pour qu'aujourd'hui, on n'oublie pas ce qui a été fait hier !...
Marie Claire Missud-Maïsto

DEUXIÈME PARTIE
1830-1848

LES COLONIES AGRICOLES


         Sur ces entrefaites, éclate la Révolution de 1848, et c'est elle qui se chargera de la réponse en votant un crédit de 50 millions pour le peuplement algérien et en décrétant l'institution des Colonies agricoles placées sous le régime des territoires militaires, tandis que le régime civil fonctionnera avec les préfets mis à la tête des trois départements avant pour chefs-lieux Alger, Oran et Constantine.
         Instruits par le passé, les nouveaux maîtres de l'heure sauront-ils préparer des jours meilleurs à cette poussée imprévue de colonisation officielle? Auront-ils à coeur de ne rien épargner pour donner libre cours à la politique agraire qui rencontre tant de crédit au sein de l'Assemblée Nationale?
         Espoirs déçus ! La Révolution à peine née va se heurter à l'enthousiasme dévorant de cent mille chômeurs qui lui tendent la main au nom même des principes d'humanité supérieure qu'elle a proclamés à la face de l'Europe.
         " Des réformes et du pain ! " hurleront les manifestants en armes prêts à renverser leurs idoles de la veille.

          C'est en vain que l'éloquence ailée de Lamartine et de ses collègues plane très haut sur ces rumeurs d'en bas. Les réalités s'exaspèrent, le malaise augmente, l'émeute vomit ses violences criminelles qu'il importe de réprimer et le Gouvernement provisoire débordé, apeuré, talonné, devra se résoudre de gré ou de force à purger Paris de cet afflux dangereux.
         Sans autres préparatifs, l'appel aux artisans et aux ouvriers de la capitale est alors placardé sur les murs, affiché en banlieue, lancé dans quelques départements, afin de provoquer l'exode des travailleurs de France vers l'Algérie, où l'octroi d'une maison et d'un petit lot de terre sera pour beaucoup d'entre eux un appât décisif.

          Et les enrôlements commencent. Ils se multiplient. Ils dépassent même les prévisions de la Commission qui instruit sans désemparer les demandes des solliciteurs.
         Ah ! Ce n'est plus M. de Talleyrand qui, comme aux jours inquiets du Consulat, montre la route des colonies futures aux malades politiques et réclame un déplacement de population que rend nécessaire une situation intérieure difficile. Cette fois, ce sont les dirigeants du régime républicain bâti sur le roc désormais intangible du suffrage universel et de la fraternité des peuples, qui auront recours au même expédient.
         Et, du coup, ils ne regarderont point à doter d'un crédit somptuaire ce domaine algérien que quelques mois auparavant il n'était rien moins question que de laisser retomber à la piraterie et au fanatisme des populations barbaresques, sur qui nos soldats l'avaient si chèrement conquis.

          Le décret du 19 septembre 1848 débute ainsi:
         Article premier. - Un crédit de cinquante millions de francs est ouvert au Ministère de la guerre sur les exercices 1848, 1849, 1850, 1851 et suivants, pour être spécialement appliqué à l'établissement des colonies agricoles dans les provinces de l'Algérie et aux travaux d'utilité publique destinés à en assurer la prospérité.
         Il est stipulé par ailleurs que le chiffre des colons bénéficiaires du présent décret ne pourra excéder 12.000 en 1848 et que lesdites colonies seront fondées par des citoyens français, chefs de famille ou célibataires.

         L'article 3 porte que " les colons cultivateurs ou qui déclareront vouloir le devenir, recevront de l'Etat, à titre gratuit, des concessions de terre d'une étendue de 2 à 10 hectares par famille, selon le nombre de membres de celle-ci, leur profession et la qualité de la terre, et les subventions nécessaires à leur établissement. "
         Il est prévu, en ce qui concerne les colons ouvriers d'art, qu'ils devront exécuter soit individuellement, soit par associations, tous les travaux d'installation des familles d'émigrants, et concourir, en outre, aux travaux d'utilité publique reconnus indispensables.
         L'article 4 dit : " Les subventions de toute nature accordées pour la mise en valeur des terres ne pourront être allouées pendant plus de trois années. A l'expiration de cette période, les habitations construites pour les colons et les lots qui leur auront été affectés deviendront leur propriété à la condition de se conformer aux décrets qui régiront la propriété en Algérie. "
         L'article 5 précise que " tous les concessionnaires dont les lots ne seront pas mis en rapport dans le délai de trois ans, pourront en être dépossédés, à moins qu'ils ne puissent justifier de cas de force majeure ".
         Le décret ajoute, en son article 8, que les allocations, subventions et dépenses de toute nature seront ordonnées, réparties, distribuées par les soins du fonctionnaire civil ou militaire chargé de la direction des travaux et de l'administration de la colonie.
         Enfin, l'article 10 est d'une singulière et laconique éloquence.
         " Les colons, y est-il ordonné, seront dirigés sur l'Algérie dans le plus bref délai possible. "
         Le plus bref délai possible !... On ne pouvait en moins de mots traduire les graves préoccupations de sécurité intérieure auxquelles obéissaient les auteurs de ce document signé et contresigné comme suit :

                   Paris, le 19 septembre 1848.
                  Les présidents et secrétaires de ('Assemblée Nationale. Signé : Maleville, vice-président ; Peupin, Léon Robert, Landrin, Bérard, Emile Péan, Edmond Lafayette.
                  Le chef du Pouvoir exécutif, signé: E. Cavaignac
                  Pour ampliation, le sous-secrétaire d'Etat, Charras.


A SUIVRE       
Merci à Thérèse Sultana, et Marie-Claire Missud/Maïsto, de nous avoir transmis ce livre de Maxime Rasteil qui a mis en forme les mémoires de son arrière grand-père Eugène François.
Elle a aussi écrit un livre sur lui.
J.P. B.

SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis


Envoi de M. ALGUDO

       UNE STELE FLEURIE EN FRANCE POUR LA TOUSSAINT





UN TRADER DE SINGES
Envoyé Par Jean Claude Pagano



     Une fois, dans un village, un homme apparut et annonça aux villageois qu'il achèterait des singes pour 10 $ chacun.

      Les villageois, sachant qu'il y avait des singes dans la région, partirent dans la forêt et commencèrent à attraper les singes. L'homme en acheta des centaines à 10$ pièce et comme la population de singes diminuait, les villageois arrêtèrent leurs efforts.

      Alors, l'homme annonça qu'il achetait désormais les singes à 15$. Les villageois recommencèrent à chasser les singes.

      Mais bientôt le stock s'épuisa et les habitants du village retournèrent à leurs occupations.

      L'offre monta à 20$ et la population de singes devient si petite qu'il devint rare de voir un singe, encore moins en attraper un.

      L'homme annonça alors qu'il achèterait les singes 50$ chacun. Cependant, comme il devait aller en ville pour affaires, son assistant s'occuperait des achats.

      L'homme étant parti, son assistant rassembla les villageois et leur dit : « Regardez ces cages avec tous ces singes que l'homme vous a achetés. Je vous les vends 35$ pièce et lorsqu'il reviendra, vous pourrez les lui vendre à 50$. »

      Les villageois réunirent tout l'argent qu'ils avaient, certains vendirent tout ce qu'ils possédaient, et achetèrent tous les singes.

      La nuit venue, l'assistant disparut.
     On ne le revit jamais, ni lui ni son patron ; que des singes qui couraient dans tous les sens.

      Bienvenue dans le monde de la bourse !



 UNE VILLE ALGERIENNE
Par Renée Augier de Maintenon
BONE 1915, IMPRIMERIE CENTRALE (A VAPEUR), A.-M. MARIANI
N° 6             

UNE VILLE ALGERIENNE
Pendant la guerre
1914-1915

Notice publiée sous le patronage
Du Syndicat de la presse de l'Est Algérien

Vendu au profit de la Croix-Rouge
de l'Oeuvre des Envois aux Soldats de l'Afrique du Nord
de l'Oeuvre des Prisonniers de Guerre

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Chapitre VI
Les Bônoises et la Guerre
Nos Pauvres. -- Nos Soldats. -- Nos Blessés.

        Dès, le début des hostilités, un souffle de patriotisme agissant anima notre ville. Loin des champs de bataille, de l'horreur des mêlées tragiques, elle se refusait à s'enliser dans un insouciant égoïsme.
        A l'appel de la patrie menacée, tous ses fils étaient partis courageusement, confiants dans la justice de la cause qu'ils allaient défendre, prêts à verser leur sang pour cette France que beaucoup d'entre eux ne connaissaient pas encore mais qu'ils avaient appris à aimer dès l'enfance comme une mère attentive et très douce de leur terre natale.
        Si les Algériens ont rempli - et remplissent encore chaque jour - dans la plus large acception du mot leur devoir de Français; si les légions africaines ont su conquérir un renom d'intrépidité, de bravoure; si elles ont été, en même temps que le décor de notre armée, la gloire de notre patrie, les Algériennes, et les Bônoises en particulier, entendaient bien, de leur côté ne pas se montrer inférieures aux devoirs qui leur incombaient dans les rudes épreuves que traversait la France.
        Un brin féministes en temps de paix, elles eussent rougi de se montrer incapables et inactives en temps de guerre.
        La Bônoise, c'est la Parisienne de l'Algérie, et la midinette que nous croisons chaque jour dans la rue, le minois chiffonné sous les frisons bruns ou blonds, court-vêtue d'une robe modeste, moulant agréablement ses formes juvéniles, le chapeau crânement enfoncé sur l'opulent chignon, l'air mutin, la démarche alerte, est bien la soeur du trottin parisien.
        Mimi Pinson n'est pas riche, mais ses doigts de fée sont de l'or ; ils ont su coudre et tricoter avec une agilité surprenante, de chauds sous-vêtements pour nos braves.

        La Bônoise appartenant à la classe privilégiée est, généralement, fine, élégante, jolie. Esclave de la mode, elle se fait un point d'honneur de la suivre dans ses plus fantaisistes caprices, aime le luxe, les plaisirs, et, il faut l'avouer, s'occupait: plus, avant la guerre, de futilités que de bonnes oeuvres. Sa charité n'avait rien d'austère; la musique et la danse l'escortant, elle s'exerçait avec largesse.
        Mais aujourd'hui tout est changé, car, sous des apparences un peu frivoles, les Bônoises cachaient des trésors d'énergie et de bienfaisante bonté. Dès que nous fûmes en guerre, elles se révélèrent prêtes à tous les dévouements, pitoyables à toutes les souffrances et déployèrent une merveilleuse ingéniosité pour arriver à se rendre utiles.
        Quelques-unes d'entre elles créèrent des cantines populaires afin de secourir les familles nombreuses laissées sans ressources par le chef de famille appelé brusquement sous les drapeaux ; les mères nécessiteuses y trouvèrent une nourriture saine, abondante et, dans l'affreux désarroi où les jetait cette guerre inattendue, elles ignorèrent du moins la tristesse de voir leurs enfants souffrir de la faim.
        Car la femme du peuple algérienne, supérieure en cela à sa soeur de la Métropole ne se lasse pas d'enfanter, et loin de rougir de sa fécondité magnifique, elle en est fière, comprenant instinctivement qu'elle travaille ainsi à la prospérité future de son pays.
        J'ai vu naître à Bône et croître sous mes yeux une oeuvre d'assistance aux mères des plus intéressantes ; je conseille aux pessimistes que le dépeuplement de la France désole, non sans raison, de venir passer quelques heures à la Maternelle, c'est le nom de l'oeuvre dont Bône s'enorgueillit.
        Ils y trouveront, en même temps qu'un réconfort, une raison d'espérer en l'avenir de notre patrie et auront sous les yeux l'image de la France africaine, jeune, prolifique, donnant à sa vieille mère les enfants que celle-ci ne veut plus engendrer.
        Ils rencontreront là des femmes, avant à peine vingt-cinq ans, robustes, souriantes, traînant accrochés à leurs jupes, trois ou quatre beaux enfants et portant avec un ostensible orgueil les espérances d'une prochaine maternité. Ils en verront de plus âgées, véritables mères Gigogne, attendant avec une sereine résignation la venue d'un nouveau poupon.

        L'Algérienne est, avant toute chose, mère. J'ose même dire qu'elle l'est uniquement. Donner la vie à de petits êtres, les voir grandir et prospérer, voilà son rôle essentiel. En est-il de plus beau ?
        Il est vrai qu'aucune loi d'airain n'oblige, ici, la femme du peuple à délaisser son foyer pour aller s'épuiser dans l'atmosphère empoisonnée d'une usine ; la plaine féconde ou la mer poissonneuse.

        Chez l'artisan, le petit commerçant dont l'atelier, la boutique a été brusquement fermé au lendemain de la mobilisation, enlevant toute ressource à la femme, en lui laissant souvent des charges relativement lourdes.
        Pour celle-là qui jouissait la veille encore d'une aisance relative, la misère a quelque chose de cruellement tragique, car elle se dissimule farouchement derrière une fierté infiniment respectable, et l'on doit d'abord émouvoir son coeur, pour que sa bouche consente à crier sa détresse.
        Afin de soulager ces malheureuses, une Bônoise, à l'âme douce et pitoyable, créa l'oeuvre d'assistance féminine par le travail. Elles y trouvèrent dans un labeur rémunérateur l'aide qui convenait à leur amour-propre meurtri qu'un accueil amical pansait.

        Il serait injuste de ne pas signaler ici la belle et courageuse attitude des femmes de nos colons, qui n'hésitèrent pas, aidées d'un personnel exclusivement indigène - la guerre ayant enlevé tous les Européens jeunes et forts - a continuer I'oeuvre de leurs maris pour la plupart mobilisés.
        Elles dirigèrent avec une vaillance, qu'on ne saurait trop louer, les fermes, exploitations agricoles, les vignobles abandonnés par les hommes. Sans se laisser rebuter par un travail très fatigant et très pénible, elles arpentèrent les terres labourées pour surveiller les vignes, s'occupèrent de la moisson, des vendanges, des labours et des semailles, demandant des conseils aux vieux agriculteurs expérimentés et les appliquant avec un rare bonheur. Leur mérite s'est encore accru de l'insécurité de la plaine, Ou rôdent des bandes de pillards bédouins que l'absence de tout élément masculin français rend dangereusement audacieux.

        En s'occupant de leurs intérêts propres, ces femmes énergiques, participent, nous ne devons pas l'oublier, à la prospérité économique de l'Algérie et travaillent en braves françaises à l'écrasement final des barbares germains.
        Mais ce qui passionnait surtout les bônoises, c'était le sort de nos chers combattants.

        La Croix-Rouge reçut pour eux des dons magnifiques, des monceaux de colis, préparés avec une prévoyance touchante, portèrent à nos soldats mille gâteries pour leur Noël : les bônoises de tous âges et de toutes classes, tricotèrent avec une activité fébrile: chaussettes, tricots, chandails et passe-montagne pour épargner aux Algériens frileux les rigueurs d'un climat si différent du nôtre.
        Des ouvroirs furent créés un peu partout à la Croix-Rouge, au collège des jeunes filles, dans les écoles laïques, dans les établissements religieux, chez les particuliers, où maîtresses et élèves, femmes et enfants, rivalisèrent de zèle, d'assiduité de dévouement et d'enthousiasme.
        Cependant le rôle d'infirmière nous apparaissait comme étant le plus apte à satisfaire les aspirations de nos âmes, toutes vibrantes d'une ardeur patriotique, qui demandait à s'exercer plus activement.
        Le collège des jeunes filles avait été désigné depuis longtemps par l'autorité militaire pour être, en cas de guerre, transformé en un hôpital auxiliaire de la Croix-Rouge.
        Dès les premiers jours d'août 1914. Cet établissement, possédant tous les raffinements du confort moderne, devint, grâce à l'intelligente initiative des Femmes de France, une ambulance capable de satisfaire le plus exigeant, le plus méticuleux des hygiénistes.

        Un bataillon d'infirmières, dûment diplômées, s'apprêta à soigner, à panser les blessés, qui disait-on, devaient nous être envoyés sans tarder.
        Les semaines, les mois passèrent, comme soeur Anne, nous ne vîmes rien venir.
        Aux premiers froids, on nous annonça des rhumatisants, des catarrheux des malades que l'hiver éprouvait et que notre soleil guérirait autant que nos soins.
        Cette fois encore, nous attendîmes en vain, si bien qu'au mois de décembre l'Enseignement public reprit son local et le collège son fonctionnement.
        Les infirmières, déposant blouses, coiffes et tabliers, se résignèrent à voir leur bonne volonté inemployée, mais elles ne s'en consolaient pas. Brusquement, le 4 mai 1915, un télégramme de la direction du service de santé arriva, annonçant un important convoi de blessés venant des Dardanelles et désignant Bône comme centre d'évacuation.

        Cette nouvelle fut accueillie par nous avec une sorte de joie, si j'ose dire. Joie faite du désir enfin réalisé de donner davantage de soi-même, de participer plus directement par le coeur et les veux, aux souffrances affreuses engendrées par la guerre, souffrances dont nous ne soupçonnions qu'imparfaitement les horreurs dans notre pays épargné.

        Le 5 à midi, le Canada était signalé. Une heure plus tard il franchissait la passe, énorme, majestueux, immaculé dans sa blancheur, glissant comme un beau cygne sur les eaux calmes, les flancs décorés de trois grandes croix rouges qui flamboyaient sous le soleil de mai.
        L'hôpital militaire devant recevoir les hommes les plus gravement atteints, le directeur avait demandé à la Croix-Rouge de lui déléguer quelques infirmières dont l'age soit le garant d'une certaine expérience.
        Je fus parmi celles désignées.

        Ah ! Le navrant et lamentable cortège qui défila ce jour là sous nos yeux ! Tous ces blessés ayant participé au débarquement du corps expéditionnaire d'Orient dans la presqu'île de Gallipoli, avaient été, dès le début de l'opération atteints par la mitraille. Enlevés du champ de bataille - des postes de secours n'existant pas encore on les transportait directement sur le navire hôpital où ils recevaient les premiers soins. Leurs vêtements ensanglantés avaient été coupés pour dégager leurs plaies ; ils nous arrivaient presque nus enveloppés dans des couvertures de laine.
        C'étaient, pour la plupart, des enfants de vingt ans, que leur barbe inculte, leur air las, vieillissaient. Tous avaient le visage contracté par la souffrance, des yeux fiévreux où passaient encore des lueurs d'épouvante, où flottait la stupeur de se trouver là, vivants, après les horreurs entrevues.
        Avec des gestes un peu hésitants - nous avions si peur d'aviver leurs souffrances - nous les débarrassions des quelques loques qui les recouvraient encore ; puis, après une toilette sommaire, on les couchait dans des lits blancs, et leur corps, au contact oublié de la toile fraîche et douce, s'allongeaient dans une pose d'indicible bien-être.

        Il fallut ensuite procéder au pansement de ces pauvres êtres.
        Je vis là, je crois, tout ce que la souffrance humaine peut engendrer de plus terrible: chairs pantelantes, os broyés, poitrines traversées, ventres ouverts, cervelles mises à nu dont on percevait les battements, yeux clos à jamais, jambes coupées, bras arrachés, plaies béantes, des flots de sang et de sanie.
        Ah ! Nous voulions connaître les horreurs de la guerre ! Nous étions royalement servies.

        Le coeur serré d'une indescriptible angoisse, nous frémissions de pitié, de maternelle tendresse devant ces enfants que le fer avait si terriblement mutilés et qui trouvaient encore la force de nous remercier d'un regard, de nous rassurer d'un sourire.
        D'autres convois ont succédé à celui-là, complétant la série des maux dont souffrent nos chers défenseurs dans leur lutte implacable contre nos sauvages ennemis.
        Après les victimes de la mitraille, ce furent les victimes de la maladie, dysentériques, typhiques, fiévreux au teint plombé, aux yeux agrandis par le cerne, aux traits tirés qui faisaient des vieillards de certains hommes qui n'avaient pas trente ans.

        Mais si, durant cinq mois, nous avons contemplé dans cette Auberge des douleurs, la souffrance physique sous toutes ses formes et sous tous ses aspects, nous avons eu aussi la révélation d'une beauté morale insoupçonnée. Nous avons vu des âmes héroïques, admirables de force et d'énergie spirituelle, des êtres doués d'un courage physique, d'une endurance très rares.
        Certains sont partis vers l'au-delà dans un grand cri d'amour pour la patrie. Le jeune Cyrille, Mathieu, par exemple, qui, les poumons déchirés par un shrapnell, rendait à Dieu son âme, dans l'illusion de la victoire, en criant : " Nous avançons ! Nous sommes vainqueurs! Vive la France ! "
        Un autre, un Corse, un légionnaire, un soldat magnifique, lutta contre la mort farouchement comme il avait lutté contre le Turc et le Teuton. Une heure avant sa mort, il sautait à la gorge d'un infirmier que, dans son délire, il prenait pour un, boche.
        Puis ce fut le tour du petit Burgère, dont je ne puis oublier la face de martyr, les grands yeux bleus, si doux. Il voulait vivre, lui aussi, et supportait les pires tourments sans une plainte ; seulement, lorsque d'affreuses souffrances torturaient par trop sa chair douloureuse, son regard anxieux nous cherchait, et ses deux bras tendus vers nous, dans un geste inconscient de son enfance revécue, il murmurait : " Maman ".

        Grâce à l'habileté, a la science, au dévouement inlassable des chirurgiens de notre hôpital, les morts furent peu nombreux, et des blessés qui semblaient condamnés, ont été, par leurs soins intelligents, complètement guéris.
        Si tous ceux qui sont morts ont su bien mourir, ceux qui vivent savent bien souffrir. Sur la table d'opération, ils montrent presque tous un, stoïcisme admirable, et dès que l'affreux supplice fait trêve, la plaisanterie jaillit, le rire fuse des lèvres encore crispées par la douleur.
        Un jeune chimiste bordelais, frais et rose comme une fille, conserve, sous la morsure du bistouri, sous le grattage de la curette, une impassibilité étonnante. A peine une légère ride se creuse t-elle, entre ses sourcils et, pendant qu'on laboure ses chairs, il agite les questions les plus diverses, les discute avec un sang froid remarquable.
        C'est lui qui répondait au docteur, à propos de la réforme que celui-ci lui faisait envisager nomme probable: " Ah ! Non ! Pas ça, docteur ! J'ai deux blessures à venger et je suis encore bon pour une troisième ! ".

        Et le petit Favre, si navrant dans sa maigreur squelettique, avec sa jambe droite amputée, celle de gauche horriblement fracturée, ayant un état général lamentable, et qui trouve au milieu de ce perpétuel martyre la force d'être bon, doux, patient, oublieux de soi-même, pitoyable aux misères de ses camarades, triste de leurs souffrances heureux de leur guérison. Il ne rit pas, avant tant souffert, le pauvre petit ne sait plus, mais il plaisante.
        L'autre jour, il avait passé une nuit affreuse exsangue, il paraissait anéanti ; seuls ses yeux vivaient, mais d'une vie intense. Au pied de son lit nous causions. Le docteur expliquait à un jeune blessé rétabli, les raisons pour lesquelles il ne serait pas réformé.
        Le pauvre petit Favre, élevant alors la voix, et avec un accent gavroche inimitable, s'adressant à son camarade: " Tu veux être réformé? Ben, t'en as une santé ! Regarde-moi, il me manque une jambe et l'autre ne vaut pas cher. Eh bien! Si je guéris, je ne veux pas être réformé. Sais-tu ce que la France fera pour nous autres les mutilés, elle créera un régiment de jambes de bois ! "

        Et comme nous rions de cette saillie imprévue : " Eh bien ! Quoi ? Ça ne serait déjà pas si bête, d'avoir une jambe de bois, ça n'empêche pas de tenir un fusil, et puis on se jalouserait pas, au moins. On serait tous des éclopés, la vraie égalité, quoi ! "
        Depuis quelques jours, il va mal, il se sent perdu et cet enfant de vingt ans, ce petit paysan inculte, trouve la force pour parler de sa mort prochaines de son village où il possède une maisonnette et un champ, de sa mère qu'il adore, des mots d'un sentiment exquis.
        La femme de notre chirurgien et son enfant sont venues le voir hier; longuement il a contemplé la jeune et jolie maman, sa délicieuse fillette, puis me les désignant des yeux " Pour conserver un bonheur aussi pur, aussi radieux, et tant d'autres qui lui ressemblent, on peut bien sacrifier une jambe, et jouer sa vie, n'est-ce pas, Madame ? " Et un sourire presque joyeux détendit ses lèvres pâlies.
        Pauvre petit ! S'il doit mourir, que Dieu lui fasse la grâce de ne pas prolonger sa torture !

* * *
A SUIVRE

Alger, ma ville
par mme Janine MILON-GALVIN
(ex. institutrice à Alger)
Extrait de "Notre Guerre d'Algérie"
Trait d'Union N° 46, janvier 2000

        "Les côtes algériennes sont en vue" annonce le commandant. En effet dans la brume matinale, apparaît à l'horizon une ligne floue, à peine distincte. Le navire poursuit sa route, toujours escorté par un banc de marsouins qui se livre à mille facéties dans son sillage. Le rivage, nettement visible à présent, laisse deviner des montagnes, des constructions blanches. Le paquebot amorce un virage et pénètre dans la baie d'Alger. Une immense rade, étirée sur une cinquantaine de kilomètres, s'offre à tes yeux. Le bateau ralentit son allure. Maintenant il semble glisser sur l'eau. Et là, face à toi, étalée au soleil sur une énorme colline, Alger déroule ses quartiers jusqu'à la mer : vision unique d'une ville d'une impeccable blancheur avec ses immeubles cossus, ses villas cachées dans les jardins, ses mosquées aux dômes immaculés, sa Casbah, imbroglio de maisons, de venelles, ses quartiers modestes, ses larges avenues longeant la mer, ses arcades, le tout implanté dans un îlot de verdure et de fleurs. Nous voici au square Bresson avec ses petits ânes qui trottinent. Ils font les délices des enfants perchés sur leur dos. Les moineaux piaillent dans les ficus. Ils se disputent une place dans la ramure, pour la nuit. Place du Gouvernement, devant la mosquée de la Pêcherie, se dresse la statue équestre du duc d'Orléans.

         Les Algérois l'appellent plus familièrement la "place du Cheval". De là, partent les CFRA, les tramways, avec leurs grappes humaines accrochées aux portières des jardinières. Le "CFRA", comme disent les Algérois tintinnabulant avance à grand bruit. II vide une partie de son chargement humain au port pour reprendre une clientèle plus aisée et la conduire vers le centre de la capitale.
        J'entends encore un contrôleur arabe, guidant le chauffeur dans une marche arrière délicate, lui crier : "Avance, avance en arrière !" ou un receveur s'écrier : "Avancez sur l'avant !" pour mieux tasser les voyageurs.

         En fin d'après-midi, les jeunes filles "faisaient la rue Michelet", par deux le plus souvent. La rue Michelet et son prolongement, la rue d'Isly, sont les deux artères principales de la ville. Quelque peu provocantes, les filles, belles en général, hâlées par le dernier bain de mer, habillées à la dernière mode, la taille serrée par une large ceinture qui donnait plus d'évasement à la robe en vichy à petits carreaux, le corsage légèrement décolleté passaient et repassaient devant l'Otomatic, le bar des facultés où se tenait une clientèle masculine estudiantine. La faculté d'Alger, la troisième université française, comportait quatre-vingt-neuf chaires, et donc de nombreux étudiants. Pas question de "fréquenter" si l'on n'était pas fiancé. Le Pied-Noir jaloux, quelque peu macho, fier d'exhiber sa promise aux copains, veillait sur elle, le regard noir.

         Quant au père, sa fille, - hombre - c'était sacré ! Cela provoquait quelquefois des drames sonores dont profitaient les voisins.
        " M'dame, m'dame, j'te porte le couffin ?" Et, pour quelques pièces, le yaouled s'empare du panier de la ménagère qui revenait du marché.
        Les marchés d'Alger ! Marché Meissonnier, marché Clauzel, marché Randon, marché de Babel-Oued... aux étalages acrobatiques : pyramides de tomates, de poivrons, d'aubergines, cascades d'oranges, de mandarines, de citrons, de nèfles, d'abricots ou de pêches selon la saison, parsemés de petits bouquets de jasmin ou de fleurs d'orangers. La menthe, le basilic, le persil arabe (persil plat), mêlaient leurs odeurs pour le plus grand plaisir des narines.

         Les poissons encore frétillants occupaient une place à part, de grosses crevettes grises, de la petite friture, des rougets de roche irisés, des bonites énormes, des sardines brillantes, des daurades appétissantes... une profusion iodée qui sentait bon la mer.
        Le marché aux viandes proposait des gigots à la viande bien rouge, du collier pour confectionner le couscous, des volailles souvent vivantes. Effluves de cannelle, d'harissa, de ras-el-hanout, de carouïa.
        chatoiements des couleurs, celles des légumes et des fruits, celles des jupes et des corsages d'été qui alternaient avec la blancheur du haïk (du voile), des femmes musulmanes.
        débauches de cris, ceux des marchands hélant la clientèle, protestations de la ménagère discutant le prix, caquetage des poules entravées.

         Tout cela avec force contorsions et gesticulations... voilà l'ambiance des marchés d'Alger. Autour du marché dans les rues avoisinantes, se tenaient les épiceries mozabites. L'épicerie mozabite, aux odeurs puissantes de pétrole, d'huile d'olive et de harengs saurs, véritable caverne d'Ali Baba, regorgeait de tout. Les moutchous disposaient, en pyramides, à la porte de leur magasin, des boîtes de conserve, savant équilibre de plusieurs mètres de hauteur. Les rues d'Alger sont, pour la plupart d'entre elles, en escaliers. La ville, étirée au soleil qui la prend le matin pour la rendre assoiffée le soir, descend jusqu'à la mer par une succession de boulevards, d'avenues, de ruelles, d'ascenseurs, d'escaliers. Des Tagarins, de la Casbah, du balcon de Saint-Raphaël, de Birmandreis, au détour de chaque rue, de la moindre venelle, soit par une échappée étroite, soit par une large vision, la mer est là. De Notre-Dame-d'Afrique, située au sommet de la colline, la vue est quasiment panoramique. À gauche de la basilique, la vue s'étend depuis le front de mer jusqu'à Saint-Eugène, les Deux-Moulins, Pointe-Pescade. La mer vient battre les côtes rocheuses.

         À droite c'est la Casbah avec ses maisons blanches imbriquées les unes dans les autres, dégringolant jusqu'à la place du Gouvernement. Plus loin, apparaît la ville européenne avec de beaux immeubles de style 1900, l'Opéra, des bâtiments plus neufs comme le Gouvernement Général ou la Grande Poste, des constructions nouvelles comme la Mauretania, la Grande Bibliothèque avec ses quatre cent cinquante mille volumes et ses trente-six kilomètres de rayonnages, le Lafayette avec sa vue merveilleuse sur la rade...
        La baie, immense croissant, abrite une mer bleue intense. Des vaguelettes viennent battre le môle en un léger clapotis et ... brusquement, sur un coup de baffagne, un coup de vent, l'eau se hérisse d'écume entraînée par des vagues rapides. Le vent forcit, la mer se creuse, devient grise... et c'est la tempête brutale, meurtrière comme sait en faire naître la Méditerranée. Des gerbes d'écume, superbe bouquet de mariée, heurtent les quais avec fracas. Les petites barques s'empressent de regagner la darse de l'Amirauté.

         Nous, avec mes amis, nous préférons le môle. Dépassée la darse de l'Amirauté, la longue jetée qui relie l'ancien Penon à la terre se termine par d'énormes blocs de ciment. Ces brise-lames prolongent le port de plaisance. C'est le "môle", bien connu des Algérois. Les jeunes s'y retrouvent : plongeons à même le port (les plus aventureux nagent jusqu'à la bouée), bains de soleil sur les blocs.

         "Prends garde petit de ne pas te noyer ! Si tu te noies, ta mère elle te tue." R. Bacri (Trésor des racines pattes-d'oie).
        Et l'on se baigne, on se sèche, on se rebaigne, on pêche, on rit ... Les oursins à peine sortis de l'eau, sont ouverts avec la "guillotine" et dégustés sur place avec un bon petit rosé à 14° ! Riches ou pauvres, pour nous, c'est la même mer avec le même soleil et les joies multiples qui en découlent.

Mme. Janine MILON-GALVIN     
**********

OUED-ZEM
Paru sur l'ECHO N°20, janvier 1982, envoyé par Mme Pagano
Par Marc-Antoine ClANFARANI


C'est une vallée sèche qui vient s'abreuver
A un point d'eau ombragé, qu'on appelle le Lac,
Au milieu de la ville qui vit tant de ressacs,
De malheurs mais de bonheurs aussi. L'arrive

Du Nord et du Sud, de l'Ouest et de l'Est, croisée
De chemins, de lentes caravanes aux sacs
Jetés, sur des dromadaires et ânes, en vrac,
Qui venaient le lundi leur richesse porter

Au marché. C'est le clocher face au minaret blanc,
C'est l'Angélus du soir et l'appel du Ramadan ;
C'est ma jeunesse, c'est le pays que j'aime,

Avec ses mûriers et tous ses habitants,
Ses cafés alignés et ses boutiques loin du temps
Dans le Médina; c'est le Cherguy aussi. C'est Oued-Zem.

A. FERNANDEZ


ANECDOTE
Envoyé par M. Christian Camilleri

LA GRANDE SOIREE DE GALA
de " Combat "
(Dépêche de Constantine du 8 mai 1945)

        C'est devant une salle comble que s'est déroulé le programme de cette belle représentation théâtrale qui a soulevé l'enthousiasme des spectateurs à Bône, le 7 mai 1945. Dès le lever du rideau les gracieuses Girls, dans un ensemble parfait et une tenue en scène digne de véritables professionnelles créeront l'ambiance et soulevèrent les applaudissements frénétiques et prolongés. Nos actrices en herbe ont su plaire aux plus difficiles.

        La Revue bien locale " Tout bonnement " (Tout Bône Ment), pleine d'actualité et d'esprit satirique, due à la plume de nos concitoyens R. Espy et G, Rochegune emballa la salle. Tous les acteurs, sans exception, étaient à leur place. Chacun d'eux était bien dans la peau du personnage qu'il fallait représenter, depuis le petit vendeur de poisson, la bonne ménagère dans sa robe restriction recherchant la pitance journalière, le brave gardien de la paix impuissant devant toutes les roueries du marché noir, le bon vieux qui se fait apostropher par ces dames dans une chaîne ou pourtant il avait droit à la priorité, la femme qui attendait un bébé, sans oublier la charmante fiancée qui voit enfin revenir son Prisonnier, chargé des mille choses parisiennes qu'il a repris aux boches.

        Tous furent poignants de réalité et d'entrain et ce n'est pas peu dire. Un tango composé, pour l'occasion, par Gutteriez fils, actuellement aux Armées fut chanté impeccablement aussitôt après.
        Le poème sur le " Le retour de nos combattants " vu par le grognard Flambeau fit couler bien des larmes tellement il fut déclamé avec coeur. Par contre la comédie " Une bonne soirée " déclencha l'hilarité générale et continue de la salle. Comme elle avait été annoncée, c'était bien du Courteline modernisé. De bout en bout, tout fut parfait, aucune hésitation, aucun trou, jeux de scène et diction Impeccables. En bref nous avons hésité à croire que pareil spectacle était joué par des amateurs. L'apothéose fut aussi de grand style. Une réelle féerie de teintes et de chants patriotiques.

        Nous nous garderons d'oublier l'orchestre qui se surpassa, sous la direction du maestro Gutteriez et de notre charmante professeur Madame Istre qui contribuèrent largement au succès de cette soirée.
        Madame Rochegune, ainsi que MM. Espy et Rochegune, qui furent chargés par " Combat " de monter ce spectacle sont à féliciter.
        " Combat ", une fois de plus a remporté un nouveau succès.

        


" L'AFRIQUE ROMAINE"
L'ECOLE REPUBLICAINE : 6ème Numéro Spécial
MENSUEL MAI 1957

                                         Envoyé par M. Daniel Dardenne                                       N°3

L'ORGANISATION ROMAINE
DANS LE SUD ALGERIEN

INTRODUCTION

          L'histoire de l'Afrique Romaine a été enrichie ces dernières années par la découverte de l'organisation des confins sahariens telle qu'elle existait dès le début du 11ème siècle ; seule l'application des méthodes de la photographie aérienne à l'archéologie a permis ce résultat.
          Le P. POIDEBARD avait, au lendemain de la guerre 1914-18, et avec les techniques de l'époque, procédé à l'exploration du " limes " (1) de SYRIE, mais le mérite d'avoir appliqué ces méthodes sur des milliers de kilomètres, photographiés à priori à haute altitude pour la découverte et l'étude du " limes " de NUMIDIE, en revient à Monsieur Jean BARADEZ. Son livre (2), admirable à plus d'un titre, vient bouleverser certaines opinions admises, suggérer de nouvelles recherches et poser en termes neufs la question du limes d'Afrique.

          En effet, il ne s'agit pas de la mise à jour de quelques vestiges, de quelques villes ou de ces monuments qui font de l'Afrique du Nord le plus riche musée de l'Antiquité romaine, mais bien d'un vaste ensemble " témoin africain d'une organisation méthodique générale des frontières ", entreprise sous Hadrien ou sous Antonin le Pieux (entre 126 et 152).
          Certes, Stéphane GSELL avait déjà identifié la Séguia Bent el Krass, au Sud de l'Oued DJEDI, comme " un fossé des frontières romaines ", mais il restait non seulement à en découvrir toute l'articulation avec ses voies de rocade, ses fortins et ses camps, mais encore à mettre à jour de nouveaux secteurs du fossatum dans des régions où personne ne les avait recherchés jusqu'ici.

          Là ne se limite pas cette importante contribution à la connaissance de l'Afrique Romaine, car cette vaste organisation militaire des confins sahariens n'a été rendue possible que par une exploitation rationnelle des ressources hydrauliques ; sur la steppe ainsi gagnée à la culture, furent installés non seulement des vétérans, gardiens du " limes " et devenus ainsi soldats-paysans, mais aussi des nomades fixés au sol et associés à la défense de cette zone frontière. Ainsi comme l'écrit M. LESCHI dans sa préface, " partant d'un chapitre de l'histoire militaire, l'enquête aboutit à une étude de civilisation : après l'examen, plus pénétrant qu'il ne l'a jamais été, des procédés employés par ROME pour se préserver des dangers qui pesaient sur ses frontières, on perçoit les mesures d'ordre économique et social par lesquelles, pendant plusieurs siècles, elle a obtenu des Africains une adhésion à l'ordre romain, à la paix romaine ".

          Monsieur Jean BARADEZ présente et commente des centaines de clichés où l'on retrouve la trace de la centuriation des terres ou encore ces murs de pierres sèches qui, dressés sur les pentes des montagnes, les défendent toujours contre l'érosion ; les planches irrigables, les canaux creusés dans le roc rappellent que la nature, un moment domptée, est insensiblement retournée à elle-même lorsque l'effort de l'homme s'est relâché.
          Aujourd'hui où la défense des sols, la lutte contre le désert et l'extension des cultures préoccupent une humanité en quête de ressources et de terres nouvelles, l'entreprise romaine en Afrique prend tout son sens, et c'est à ce titre qu'elle mérite d'être connue de nos enfants en même temps que les cadres traditionnels de la vie latine.

          Le travail de Monsieur BARADEZ est beau, à la mesure de l'ouvre qu'il nous fait connaître ; nous y avons puisé quelques photographies en fonction de nos propres préoccupations ; Monsieur BARADEZ a bien voulu nous guider et nous conseiller avec une cordiale bienveillance, qu'il nous soit permis de lui dire toute notre reconnaissance.

(1) Le mot latin " limes " (prononcer limés), désigne un système défensif installé aux frontières de l'Empire. Les recherches que nous présentons ont démontré que pour la NUMIDIE, il était constitué par une zone profonde d'une centaine de kilomètres environ dont l'armature était formée par un réseau routier reliant entre eux de nombreux fortins et par une coupure statique continue (fossatum).
(2) Vue Aérienne de l'Organisation Romaine dans le Sud Algérien - Fossatum Africae. (Arts et Métiers graphiques 1949).




COMMENTAIRE DES GRAVURES

          A) FOSSATUM couvrant la VILLE de MESARFELTA. Le Fossatum.
          " La région présentée est située au Sud-ouest de l'AURES entre BISKRA et EL-KANTARA. La direction générale du Fossatum est ici parallèle à l'oued ELKANTARA.
          Mais le dispositif tactique comporte plusieurs éléments barrant les divers accès possibles.
          Le fossatum présente trois tracés dont le plus apparent est le plus éloigné de la Ville et de l'Oued ; il s'étend sur 2.000 mètres. Le second tracé... très visible sur 500 mètres, se confond ensuite avec un ravinement qui aboutit à l'Oued EL-KANTARA. Ce tronçon était comme le précédent et inconstestablement construit pour faire face à des ennemis venant de l'Ouest.

          Le troisième tracé commence immédiatement au Sud de l'élément précédent par une curieuse boucle au centre de laquelle était un petit fortin... Il semble, tant par sa situation topographique que par sa boucle terminale de l'Est protégeant de tous côtés le fortin qu'elle circonscrit, que cette, branche du fossatum ait été au moins à une époque donnée, un organe de défense reversible suivant la direction du danger.
          Cet élément, combiné avec la branche du fossatum de la rive gauche de l'oued EL-KANTARA, e dû, à un moment donné, jouer le rôle de " clausura " (1) barrant de l'Est à l'Ouest le défilé de MESARFELTA.

          La Ville -
          " Les ruines de MESARFELTA s'étendent sur 850 mètres de long, 250 mètres de large. La voie qui les traversait du Nord au Sud est visible sur toute sa longueur... Le rempart Est se voit très facilement sur 300 mètres, jusqu'à la citadelle de l'Est. La ville est dominée par les ruines d'un ouvrage militaire important de 75 sur 60 mètres environ...
          Cette citadelle parait avoir eu une sorte de donjon, forme qui annonce déjà les constructions militaires du Moyen-Age et permet de la situer vraisemblablement au Bas-Empire.
          Au pied de la citadelle, à l Est et au Sud-Est, se voient encore parfaitement sur la photo aérienne, à droite et à gauche de l'ancienne voie, les îlots de maisons. On retrouve ceux-ci avec quelques difficultés, il est vrai, mais on peut les identifier facilement photos aériennes en mains ; on retrouve notamment d'énormes contrepoids d'huileries et de vastes tables de pressoir à double rigoles d'écoulement d'huile...
          MESARFELTA, centre militaire, auprès duquel s'est constituée une ville commerçante, devint tout autant un centre d'échanges avec le Sud, la capitale de la plaine agricole d'EL-OUTAYA. La petite ville était le siège de l'episcopus Mesarfeltensis mentionné à la: Conférence de 411 (2).
          C'est sa richesse et son importance économique qui amenèrent au Bas-Empire à la protéger aussi efficacement que possible par de nouvelles fortifications, et entre autres par la citadelle du Nord-Ouest.

(1) Coupure artificielle
(2) Réunie à CARTHAGE pour organiser la lutte contre le donatisme ; Saint-Augustin participa à cette Assemblée.

* * *
A SUIVRE

'Le FRIC, c'est CHIC'
Envoyé par Rémy Gugliotta



     Pour rester en bonne santé, on nous dit qu'il faut manger 5 légumes et 5 fruits par jour.
     Je suis allé voir mon banquier, il est au top du top.
     Il m'a dit:
     Vos comptes, c'est la fin des haricots.
     L'oseille n'a plus la cote.
     Vos placements ont fait chou blanc.
     Dans quelques jours, vous n'aurez plus un radis.
     Il ne vous reste plus qu'à prendre un avocat.

      Je lui ai répondu:
     Si je comprend bien, je n'ai plus de poire pour la soif, plus de cerise sur le gâteau.
     Mes économies sont mi-figue, mi-raisin, en plus je ne peux pas ramener ma fraise.
     Toutes ces années de labeur, pour des prunes.
     Je suis sorti de la banque en chantant à tue-tête:
     'Le FRIC, c'est CHIC'



MŒURS ET COUTUMES DE L'ALGÉRIE
  1853                     Par LE GÉNÉRAL DAUMAS                            N° 2 
Conseiller d'Etat, Directeur des affaires de l'Algérie
TELL - KABYLIE-SAHARA

AVANT-PROPOS.
  
Appeler l'intérêt sur un pays auquel la France est attachée par les plus nobles et les plus précieux liens, faire connaître un peuple dont les moeurs disparaîtront, peut-être un jour, au milieu des nôtres, mais en laissant, dans notre mémoire, de vifs et profonds souvenirs, voilà ce que j'ai entrepris. Je ne me flatte pas d'avoir les forces nécessaires pour accomplir cette tâche, à laquelle ne suffirait pas d'ailleurs la vie d'un seul homme; je souhaite seulement que des documents réunis, avec peine, par des interrogations patientes, dans le courant d'une existence active et laborieuse, deviennent, entre des mains plus habiles que les miennes, les matériaux d'un édifice élevé à notre grandeur nationale.
Général E. Daumas

LE TELL
II.
La Métidja, chant des Arabes sur la fertilité
et la dévastation de cette plaine en octobre 1839.

              Aux portes d'Alger, s'étend sur un arc de cercle de trente lieues, du Chenoua (à l'ouest), au Corso (à l'est), une plaine qui sépare le Sahel de l'Atlas; cette plaine est la Métidja que les Arabes ont appelée la Mère du pauvre.
              En 1839, les tribus qui occupaient cette plaine en furent expulsées par la force des armes, lors de l'envahissement et de l'incendie de la Métidja par les kalifas d'Abd-el-Kader.
              Le chant populaire qui va suivre, fut composé à cette occasion, c'est l'adieu adressé avec larmes à cette Mère du pauvre, à cette ennemie de la faim.
              Nous ne donnons pas le chant tout entier, nous faisons seulement un extrait des strophes qui se rapportent particulièrement à la fécondité de cette terre bénie de Dieu, au dire de ses anciens possesseurs et que quelques hommes pourtant ont maudite.

              C'est un cloaque et non un jardin, c'est l'empire où règne la fièvre, a-t-on écrit, la fatalité nous y pousse, non pour y vivre, mais pour y végéter, bien mieux, pour y mourir! Après les millions dépensés, pour les desséchements, viendront les millions pour les plantations, et puis, en fin de compte, le sacrifice d'une génération entière.
              A ces accusations vont répondre les stances désolées des malheureux exilés; niais, à l'appui de l'éloquence du désespoir vient aussi l'éloquence des chiffres : en 1822, nous devrions le savoir, la Métidja approvisionnait Alger et nourrissait cent cinquante mille laboureurs; et nous ne comptons pas le surcroît périodique de populations, qu'amenaient à certaines époques les émigrations des Sahariens dans le Tell pour les achats de grains.
              Ce chiffre de cent cinquante mille était réduit à quatre-vingt mille quand nous arrivâmes, mais quelle était la cause de cette réduction? Est-ce la stérilité subite de la terre qui avait chassé le laboureur? Était-ce la transformation de plaines arrosées en marais miasmatiques, en foyers de pestilence? Nullement : c'était le fisc épuisant des Turcs. Comme toujours, l'oeuvre de Dieu fût restée bienfaisante et nourricière, si l'homme ne l'avait desséchée et tarie. Aux impôts on avait ajouté les impôts, et les plus pauvres des enfants de cette ennemie de la faim, avaient gagné la montagne: le blé c'est plus rare, mais celui qui l'a semé peut du moins en nourrir sa famille.
              Certes, ce n'est pas à une plaine fétide, ce n'est pas à des marais Pontins qu'on adresse, en parlant, ces plaintes et ces lamentations, ce (Fulda linquimus arça.

              Déjà d'ailleurs, la vraisemblance de la tradition arabe sur le chiffre de la population et sur la fertilité de la terre, est confirmée par des faits actuels; plusieurs de nos établissements, en tête desquels je placerai Bouffarik, Beni-Mead, l'Arba des Beni-Moussa, Rovigo, le Foudouch si décrié naguère, le Village du Fort de l'eau et dix autres que je pourrais nommer, tous ces centres, maintenant prospères, protestent contre les accusations des ennemis de la colonie. Peut-être un jour aussi la poésie du nouveau peuple viendra-t-elle continuer la poésie des habitants primitifs, et à l'élégie arabe répondra l'églogue d'un ponte français qui prendra pour épigraphe : Deus nobis hoee otia fecit.

                           La Métidja.
                    Je commence cette histoire,
                    0 vous qui comprenez, à moi !
                    Que n'est-il arrivé dans ce monde
                    Et dans cette vilaine époque !

                    0 vous qui comprenez, à moi !
                    Les révolutions ont augmenté ;
                    Le trouble a précédé la misère,
                    Et puis ils se sont mêlés.

                    Des malheurs de la Métidja,
                    La nouvelle est venue vite:
                    Mer débordant avec ses flots
                    Et se noyant dans elle-même.

                    Lorsque les signes en ont paru :
                    Déménagez, partez,
                    Nous criait-t-on de tous côtés ;
                    Peut-être respirerez-vous.

                    Nous ne pouvons nous en aller,
                    Nous ne pouvons quitter notre pays;
                    Ses biens, nous ne les trouverons nulle part,
                    Ils nous rendaient prospères.

                    La Métidja commence à bourdonner ;
                    Les Goums ne font qu'y voltiger;
                    La Razzia parait dans la soirée,
                    Et tout le monde fuit avec ses biens.

                    La poudre parle, les femmes gémissent,
                    Les chevaux piétinent, les enfants pleurent,
                    L'incendie détruit, consume,
                    Et la fumée fait vers le ciel des vêtements.
                    Les créatures ont beau se plaindre,
                    Leur rempart n'est plus qu'une ruine;
                    L'amitié est sortie du coeur
                    Et les frères même ont du se séparer.

                    Où es-tu, belle Métidja,
                    Toi qu'on nommait la mère du pauvre?
                    Tes troupeaux se comparaient à des degrés :
                    On les voyait défiler vers le soir.
                    Tes moutons étaient nombreux,
                    Ils faisaient des bêtes de choix ;
                    On n'en voyait point de maigres:
                    Ils étaient tous bien portants.

                    Tes vaches bramaient
                    En folâtrant dans les prairies;
                    Elles paissaient aussi dans les sentiers
                    Et revenaient toujours en paix.

                    Oui, leur vue plaisait,
                    Quand-leur lait tombait;
                    Pour qui venait les voir,
                    C'était une bénédiction.

                    Dans les montagnes nous les avons traînées,
                    Ce n'était pas là leur étable :
                    Nous les avons vues mettre bas,
                    Leurs mamelles s'enfler et leurs petits mourir.
                    Nos fermes étaient pourvues de tout,
                    Nous avions même du superflu,
                    Nos coeurs s'amollissaient
                    De ces biens abondants.

                    Mais chassons ces souvenirs !
                    Notre pays, ne l'avons-nous pas quitté,
                    Poursuivis par les Arabes de trahison,
                    Qui sont la cause de nos chagrins?
                    Nous n'avions fait de tort à personne ;
                    On s'est mis à nous rendre nus.

                    Où es-tu, la chérie du malheureux?
                    On préférait ton séjour à celui des villes les plus belles.
                    Tes biens coulaient comme des rivières.
                    Et ton orgueil consistait
                    A nourrir qui avait faim.

                    Tous ceux dont l'esprit était dans la peine
                    Et tous ceux que la misère forçait à la nudité,
                    Tous t'ont habitée avec bonheur.
                    On vantait ta clémence, ta douceur ;
                    Ta sécurité datait des temps anciens.
                    Un an chez toi, et l'on était rassasié.
                    Ah ! quand j'y pense, mes pleurs coulent
                    Et forment un voile à mes paupières.

                    Où es-tu, célèbre Métidja?
                    Toi qui redressais les choses tortueuses
                    Et qui contenais de si beaux troupeaux.
                    Tes biens sont devenus peu nombreux.

                    Où sont tes chevaux blancs
                    Habitués aux exercices?
                    Leurs bouches étaient tendres
                    Et leur vue réjouissait le coeur.

                    Où sont tes chevaux gris?
                    Leurs hennissements s'entendaient de loin;
                    Le bruit de leurs étriers faisait tressaillir;
                    Dans leurs foulées ils se dépassaient.

                    Où sont tes chevaux verts
                    Comme une eau qui tombe en cascade?
                    Leurs tresses étaient ondoyantes:
                    Les riches seuls les montaient.

                    Où sont tes chevaux rouges
                    Réputés pour leur vitesse?
                    Celui qui savait les faire courir
                    Semblait voler comme l'épervier.

                    Où sont tes chevaux noirs?
                    C'était la nuit sans lune et sans étoiles.
                    Chez toi les juments réussissaient
                    Et les mules devenaient belles.

                    Où sont aussi tes chameaux robustes,
                    Qui pouvaient porter les fardeaux ?
                    Nous nous reposions sur tes richesses :
                    Le temps nous a trahis,
                    Et les Arabes nous ont tout pris.

                    Ils nous accusaient, dans leurs ruses,
                    D'avoir fréquenté les chrétiens ;
                    Ils se disaient, eux, les guerriers de l'Islamisme,
                    Et dépouillaient des musulmans!

                    Ils ne nous ont rien laissé !
                    Patience ! ils rendront ce qu'ils ont mangé.
                    Dieu les rencontrera un jour ;
                    ls se lèveront, à leur tour, misérables.

                    Où es-tu, charmante Métidja,
                    Toi la meilleure des plaines ?
                    De la mer allez à la Medjana,
                    Vantez-nous Fès et Baghdad,
                    Citez même la Syrie fertile;
                    Suivant nous elle est préférable.
                    Celui qui l'habitait, ou y passait,
                    Voyait augmenter ses richesses;
                    C'était un véritable paradis;
                    On n'y connaissait plus le chagrin,
                    On y trouvait un commandement sévère,
                    Et le vol en était banni.
                    0 vous qui mettez du noir à vos yeux,
                    Avez-vous remarqué qu'elle est tendre comme une mère
                    Qui tend son sein à ses enfants;
                    Ils tètent et savourent le bon goût,
                    Elle s'attendrit pour eux dans son foie
                    Et, semblable à une pluie d'hiver,
                    Ses trésors coulent en averses.

                    Mezeghenna (1) n'était belle que par elle,
                    Elle y ôtait la gêne et la misère.
                    De son côté, Alger nous était prospère :
                    Chaque jour, nous nous y rendions en trottant,
                    Et, chaque jour, nous y portions nos produits;
                    Les uns allaient, les autres revenaient,
                    On y courait de loin, de près,
                    Et notre heure était bien belle alors,
                    Nous étions bien vêtus et glorifiant Dieu !

                    Oui, les gens de la Métidja
                    Étaient accomplis en toutes choses :
                    Ils aimaient la musique,
                    Ils aimaient la vérité,
                    Ils aimaient les grandeurs.
                    Dans ces temps fortunés,
                    Nous ne parlions que de noces,
                    Et ne pensions qu'à commercer.
                    Nous cultivions nos terres;
                    On nous voyait dans les cafés,
                    Et nous aimions les chansons.
                    Ne dites pas que j'ai menti ;
                    Ce qui précède est une chose sûre.

                    Mais le temps a fait banqueroute,
                    Les misères se sont accumulées
                    Et la Métidja n'est plus qu'un champ de mort
                    Qui attend le jour de la résurrection !

                    La Métidja renfermait des biens nombreux,
                    On la nommait l'ennemie de la faim.
                    Sa terre, belle et tendre,
                    Pouvait produire deux moissons.

                    L'ami du jardinage
                    En tirait des produits abondants;
                    Il voyageait dans les marchés,
                    Et vendait deux fois par jour.

                    Elle contenait des fleurs douces
                    Dont l'abeille se nourrissait,
                    Et les abeilles y étaient si nombreuses
                    Que leur vue réjouissait.

                    Ses fleurs souriaient d'un sourire
                    Qui bannissait les chagrins du coeur,
                    Et leur odeur plaisait encore
                    Après que l'oeil s'en était rassasié.

                    On y trouvait des fleurs rouges
                    Voisines des fleurs jaunes,
                    Et des narcisses ouverts
                    Avec des yeux tout gris.

                    On y voyait des fleurs bleues
                    Causer avec des fleurs blanches
                    Et sa campagne était couverte
                    D'une herbe tendre et verte,
                    Qui, le matin, semblait verser des pleurs.

                    Nous avons quitté nos demeures,
                    Nous avons quitté notre pays.
                    La force du sabre était sur nous,
                    Nous avons du marcher vers le sud.

                    0 mon Dieu ! vous qui savez,
                    Dites-moi si nos pays se pacifieront,
                    Si les vents tourneront,
                    Si nos frères se réuniront.
                    La prospérité de la Métidja est passée :
                    Il n'y reste plus d'habitants,
                    Elle est devenue laide, couverte de pierres,
                    On n'y voit plus que des marais,
                    La disette y règne en tous temps,
                    Personne n'y trouve plus rien à gagner,
                    Son sol est couvert d'herbes sauvages,
                    Et celui qui y marche aujourd'hui
                    Risque de tomber à chaque instant.

                    La Métidja se repeuplera-t-elle?
                    Reviendrons-nous à nos usages?
                    Habiterons nous, comme par le passé,
                    Nos fermes bien cultivées ?
                    N'est-il pas temps de pardonner
                    Aux musulmans amaigris?

                    Le peuple, comme autrefois, se réjouira-t-il
                    De ces troupeaux qui faisaient son bonheur?
                    Et celui qui chérit l'agriculture,
                    Pourra-t-il encore employer ses boeufs
                    A tracer de droits sillons?

                    Récoltera-t-il de l'orge et du blé,
                    Richesses de tout pays ?
                    Qu'elles étaient belles nos moissons
                    Avec leurs épis élevés

                    0 faiseur de l'ombre des feuilles !
                    Accomplis au plus vite nos désirs.
                    Car notre religion disparaît
                    Comme un soleil qui va se coucher.

                    Ainsi que notre Prophète bien-aimé,
                    Je m'appelle Mohammed ;
                    Mon père était marabout
                    Et se nommait Sidi-Dif-Allah ;
                    Nous sommes les anneaux d'une chaîne
                    Qui était faite avec de l'or.

1) Alger

A SUIVRE

L'ACADÉMIE D'HIPPONE
Paru sur l'ECHO N°20, janvier 1982, envoyé par Mme Pagano

              Le 18 janvier 1863 est créée la Société de Recherches Scientifiques et d'Acclimatation. "Son but est d'encourager, par tous les moyens possibles, la vulgarisation et le développement des études historiques, géographiques, archéologiques, littéraires, scientifiques et de toutes les branches qui s'y rattachent".
              Son premier président M. Olivier de la MARCHE sera élu le 25 du même mois. Et le 15 mars suivant elle prendra la dénomination d'Académie d'Hippone, rendant ainsi hommage au plus grand homme que l'Afrique ait produit, cet enfant de TAGMASTE (Souk Ahras) : Saint-Augustin.
              Les présidents qui se sont succédés jusqu'à la première guerre mondiale sont :
                       1863-1867: M. Olivier de la MARCHE.
                       1867-1869 : M. le Général FAIDHERBE.
                       1869-1872: M. le Comte de GANTES.
                       1872-1876 : M. G. OLIVIER.
                       1876-1880: M. le Docteur SISTACH.
                       1880-1909 : M. Alexandre PAPIER.
                       1909-1912 : M. le Docteur PEYRET.
                       1912-1914: M. Ed. CHEVREUX.

              Quelques années après sa création l'Académie d'Hippone était une société fort appréciée. Elle avait des correspondants dans de nombreuses villes d'Afrique du Nord, un peu partout en France métropolitaine, en Allemagne, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Belgique, en Egypte, en Italie, en Russie, en Suède et en Suisse.
              C'est dire l'importance de ses travaux et la valeur de ses premiers collaborateurs au rang desquels il convient de citer: M. de GANTES, sous-préfet, le fondateur, MM. DUKERLEY et RENOUD, ardents botanistes, explorant la flore algérienne, MM. Olivier de la MARCHE et GANDOLPHE qui étudiaient les insectes, MM. BLONDEL et DOUBLET, collectionneurs de coquilles, M. PAPIER qui s'adonnait à la géologie et à la minéralogie.
              Cependant tout était à créer : bibliothèque, musée, collections, bulletins, parc et jardin d'acclimatation. Malgré la bonne volonté de tous et le zèle de certains les débuts furent très difficiles. Et de 1870 à 1874, l'Académie traversa une très grande crise.

              Les premiers travaux de l'Académie d'Hippone eurent un intérêt considérable, car tout était à découvrir. Les premiers hommes qui participèrent à l'oeuvre civilisatrice en Algérie étaient des fonctionnaires ou des militaires venus de France. Ils devaient tout étudier : le sol, le climat, la flore, la faune. Et ce travail, ils ne le faisaient pas pour leur gloire personnelle, mais pour le bien de tous et surtout pour la mère Patrie.
              Sur cette terre riche d'un témoignage archéologique sans précédent, la curiosité des gens, qu'ils fussent ou non membres de la Société, étaient sans borne. C'est la raison pour laquelle une bibliothèque fut mise à leur disposition. Dès 1864, des cours publics furent donnés.
              Organisée à partir de dons ou d'échanges, et par l'acquisition d'ouvrages, la bibliothèque s'enrichissait, en 1867, à la demande du Général Faidherbe, d'un millier de volumes en provenance des archives militaires. En 1872, M. DOUBLET se vit confier la lourde tache de bibliothécaire-conservateur.

              Le musée, longtemps sans installation convenable et définitive contenait des pièces archéologiques, des collections d'histoire naturelle, des médailles constituant un patrimoine inestimable.
              Tous ces travaux, ces recherches, ces acquisitions étaient relatés dans "Le Bulletin" un des fleurons de la Société, qui faisait connaître au loin l'Académie d'Hippone.
              Depuis bien longtemps le parc et le jardin d'acclimatation n'existent plus malgré les soins particuliers dont ils furent l'objet à l'origine de la Société. Ils étaient installés dans le cadre gracieux de la pépinière (maintenant entrepôt des tabacs). On y trouvait des poules nègres, des chèvres cachemires, des faisans dorés, (argentés ou ordinaires), des gazelles, des colins de Californie.

              Grâce au Général Faidherbe il y eut pendant un temps une filature à soie, "fournie par des vers à soie de jujubier que le général avait fait venir du Sénégal en 1868".
              La pépinière fut le théâtre de deux expositions. Mais manque de moyens il fallut abandonner et l'étude de l'acclimatation ne connut pas le développement que ses fondateurs avaient espéré.

              Les travaux archéologiques - et sous cette désignation il faut comprendre également la préhistoire - furent l'oeuvre d'éminentes personnalités, conseillées et éclairées par de brillants savants.
              Il convient de citer les noms de Léon RENIER, HERON de VILLEFOSSE, conservateur des antiquités grecques et romaines au Musée du Louvre, René CAGNAT, membre de l'Institut, inspecteur général des Musées en Algérie, le Père DELATTRE, surnommé l'Homme de Carthage, le Docteur CARTON, correspondant du Ministère de l'Instruction Publique.

              Dès les origines de l'Académie d'Hippone, furent réalisés des travaux scientifiques en minéralogie, botanique, zoologie et géologie.
              Pour marquer son cinquantenaire l'Académie d'Hippone organisa de grandes manifestations populaires et artistiques en 1913: concours artistique, poétique, littéraire, conférences, visite de Bône et des ruines d'Hippone, défilé d'un cortège historique. Le tout se terminant par une formidable bataille de fleurs.
              Les fêtes du cinquantenaire étaient clôturées par un banquet. Je ne puis résister à la tentation de vous en donner le menu :


Potage aux Perles
Bouchées Mouglas
Loup et Mérou du golfe
Sauce Mayonnaise
Filet de Boeuf Renaissance
Haricots verts à l'Anglaise
Dindonneaux truffés
Salade Saison
Bombes glacées panachées
Fruits. Primeurs
Biscuits à Champagne
Vins : Bordeaux et Champagne frappé
Café et Fine
Eau de table : La Cristalline.

              Pour bien finir, une série de discours. A mon avis celui de M. GOUZU résume bien le travail de cette Société culturelle de Bône:
              "...C'est une des plus pures gloires de notre génie national que d'apporter, partout où nous implantons le drapeau tricolore, le culte et la recherche du Beau, du Vrai et du Bien, tel que le pratique depuis cinquante ans l'Académie d'Hippone... "


Marcel GORI

MON PANTHÉON DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Caroline Clergeau

BERTRAND COMTE CLAUZEL
Mirepoix (Ariège), le 12 décembre 1772 -
Secourrieu (Haute Garonne), le 21 avril 1842.

Maréchal de France.

           Après une longue carrière militaire au service de l'Empire et quelques démêlés avec la Restauration, il sera envoyé à Alger, le 2 septembre 1830, comme Commandant en Chef de l'Armée Expéditionnaire d'Afrique

           Le 8 septembre 1830, il crée l'Administration des douanes qu'il confie à M. Descalonne;
           L'Administration des domaines dont le titulaire sera M. Girardin.
           Le 16 septembre 1830, Installation d'un Comité de Gouvernement: Secrétaire général: M. Caze,
           Intendant en Chef: M. Volland; Justice: M. Deval; Finances: M. Fougeroux.
           Le 22 octobre, organisation de la Justice: Les Indigènes Juifs relèveront d'un tribunal de 3 rabbins; Les Indigènes Musulmans conserveront leurs Juges et leurs lois sous la direction d'un Caïd-Maure. Les Français et Etrangers verront leurs affaires instruites dans la colonie et seront jugés en France.

           A la suite d'une campagne de calomnies, il sera rappelé en France métropolitaine le 30 février 1831.

           "On a pensé que j'étais assez tombé pour m'empêcher de me relever. Mais je me relève moi ! Je me relève pour rentrer tête haute dans mes foyers, je me relève, et sur le seuil de ma maison, je poserai, entre moi et la calomnie, ma vieille épée de combat"




A SUIVRE

LE JARDIN PUBLIC
De M. Gaëtan Dalaut


Dans le petit jardin, face. à l'Hôtel de Ville,
Chacun des bancs de pierre est toujours occupé.
On s'y prélasse ainsi que sur un canapé,
La parole est libre mais souvent incivile.

Tout près d'individus d'allure louche ou vile
Ou de bourgeois cossus en veston non fripé
On y rencontre aussi, sans en être frappé,
Quelque Arabe affublé comme en un vaudeville.

Mais le jardin publie appartient au très vieux
Comme aux petits enfants ouvrant juste les yeux.
Souvent, près d'un vieillard qui tousse et qui crachotte,

En voiture, un bébé prend l'air et la maman
Coudoyant son voisin, le surveille et tricote
Entre une fin de vie et le commencement.



LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Littoral de Sidi Salem : Pollution, bovins et harraga…
Par B. Ahmed Ramy

El Watan : Edition du 6 octobre 2008, ANNABA INFO
      Le mal à Annaba s'appelle aujourd'hui l'embouchure de la Seybouse. Celle-ci déverse des quantités de déchets toxiques, lesquels ont transformé la cité de Sidi Salem, où se jette l'oued, en véritable vivier de nuisance mortelle. Surtout lorsqu'on sait que ces résidus vont à la mer sans être épurés.
      " Plus de 4,5 millions de mètres cubes d'eaux usées infectées par divers produits chimiques, dont des huiles industrielles, sont déversés quotidiennement dans cet oued ", révèle à ce sujet le président de l'association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep), dont le siège est basé à Annaba. Et pourtant, cette zone, considérée comme l'un des espaces les plus pollués du littoral algérien, a été retenue lors de la dernière visite du président de la République pour abriter le fameux village touristique, s'élevant à un coût se chiffrant par centaines de millions de dollars US.
      Le problème donc est l'embouchure de la Seybouse, véritable catalyseur de déchets de toute sorte. Nous sommes en présence d'un conglomérat de liquide visqueux et vaseux, vecteurs de maladies infectieuses. En effet, plusieurs unités industrielles déversent leurs déchets toxiques dans la Seybouse qui les draine dans son sillage vers l'embouchure, les faisant ainsi se propager sur tout le littoral annabi. Pour preuve de conséquences néfastes, la dévastation de la faune et de la flore. Aujourd'hui, plus que jamais, la nécessité absolue de procéder à la réhabilitation du front de mer de la cité de Sidi Salem s'impose.
      " Nous préférons le terme de zone, car nous ne sommes plus en présence d'un quartier, tant l'environnement est plus que pollué et la structure sociale de cette zone se trouve bien en marge de la vie de la grande ville de Annaba ", précise, B. Ali, professeur en sciences sociales et humaines de l'université de Annaba. Car, il faut le dire, même les bovins et autres ovins viennent " paître " le long du front de mer, et à l'intérieur même des cités d'habitation. Lorsque le soleil est au zénith, des troupeaux occupent une bonne partie de la zone de Sidi Salem et font une " sieste " en toute quiétude. Au même moment, certains passeurs " peaufinent " leur plan d'aventure " harraga ".
      Comme de vieux bourlingueurs, ils attendent patiemment la venue d'un jeune gagné par le désespoir et prêt à débourser plusieurs millions de centimes en contrepartie d'une hasardeuse traversée. Un drame humain inclus dans la question de l'environnement. En réalité, cette partie du littoral, caractérisée par les amoncellements de détritus polluant l'ensemble de la zone en question, et qui sont légion, demande un soin particulier et doit être dégagée de l'avancée des sables qui obstruent par endroits la voie de la circulation routière, ainsi que des étalages de fortune " installés " par des poissonniers à la sauvette, et de ces semblants de " plaisanciers " qui guettent les postulant à la " harga ".
      De l'avis des écologistes, l'environnement de Sidi Salem, fortement pollué, doit être assaini afin de conférer une activité à la fois rentable et utile à l'embouchure de la Seybouse. Ils suggèrent qu'il faut " veiller à l'élimination des vecteurs de pollution et trouver le fil conducteur de cette pollution létale des eaux de l'oued, entraînant le rejet d'une quantité de poissons de tout genre, crevés et stagnant sur les eaux engluées ".
Par B. Ahmed Ramy


2) Secteur du tourisme : Une saison estivale importante
Par Leïla Azzouz

Edition du 7 octobre 2008 Hippone Info
      A en croire les chiffres avancés par la direction du tourisme de la wilaya de Annaba, cette dernière a accueilli près de 5 millions d'estivants au cours de la saison estivale 2008 contre 4 millions en 2007. Ceux-ci ont profité de la beauté qu'offrent les quatre (4) zones touristiques et leurs dix-neuf (19) plages autorisées à la baignade dont Oued Bakrat de Seraïdi et la Baie Ouest de Chétaïbi.
      Ils ont séjourné dans les chambres des 42 hôtels classés et standards représentant 86 726 nuitées, lesquels affichaient complet tout au long de la haute saison. Là aussi la différence est sensible par rapport à 2007, qui avait enregistré 74 961 nuitées. C'est dire que Annaba séduit toujours, et de plus en plus. Cependant les 30 244 vacanciers algériens qui, en 2007, avaient préféré les sites touristiques étrangers pour y passer leur congé, se sont vus réduire à 22 596 cette année. Un officier de la PAF de Oum Teboul déclare : " Nous avons réussi à maîtriser le flux important de touristes algériens à destination de la Tunisie.
      Nos compatriotes immigrés se rendent de moins en moins dans ce pays. Interrogés, bon nombre ont affirmé que la qualité de la prestation de service à tous les niveaux de l'hôtellerie et de la restauration a déterminé ce choix. Mais l'affluence demeure encore importante. Nous contrôlons quotidiennement plus de 4 000 entrées/sorties ". Du côté des frontières aériennes et portuaires, on compte également un afflux important : près de 41 000 estivants immigrés et étrangers venus essentiellement de France. Ils ont été encouragés par l'accueil et la facilité accordée par les services douaniers. Il faut dire que la wilaya de Annaba a peiné pour satisfaire ses hôtes.
      Il a été assuré un nettoyage quotidien de ses 19 plages dans le cadre du programme de Blanche Algérie. Cela a nécessité d'énormes moyens, au double plan, humain et matériel. En effet, pas moins de 11 chantiers ont assuré la propreté des plages, animés par 158 jeunes organisés en microentreprises. Pour tenir la dragée haute, une commission mixte assurait un contrôle rigoureux des commerces implantés sur le littoral ; les 38 groupes d'inspection, engagées dans ce cadre, ont comptabilisé 624 opérations de contrôle. Le bilan est justement sévère : 64 commerçants se sont vus pénalisés et traduits devant la justice pour non-respect des conditions d'hygiène, avec 2 fermetures administratives.
      Quatorze autres auteurs d'infractions, moins graves, ont été avertis par écrit, encourant la fermeture en cas de récidive. Cette vigilance a permis d'éviter les maladies épidémiologiques sur les plages. Cela a été confirmé après plusieurs analyses physique et chimique effectuées par la direction de l'environnement. Cependant, beaucoup reste à faire selon la direction du tourisme. Les insuffisances portent sur l'absence de douches et d'eau potable à proximité des plages. Des commodités qui manquent cruellement, comparativement (si l'on se fie) aux autres villes à vocation touristique.
      Le manque d'infrastructures touristiques d'accueil est un autre handicap malgré l'inscription de 5 projets d'investissement. S'ils se concrétisaient, le nombre de lits augmenterait de 624, ce qui générerait 294 postes de travail. Malheureusement les luttes intestinales entre les animateurs de la mafia du foncier ont mis en veilleuse ces projets.
Par Leïla Azzouz


3) Vieux bâti : Des Risques au quotidien
Par Leïla Azzouz

El Watan : Edition du 8 octobre 2008, ANNABA INFO
      Dans la majorité des cités et quartiers à forte concentration démographique, de nombreux habitants sont confrontés aux risques latents d'écroulement de leur habitation respective.
      C'est le cas des familles de la cité Driss Amar, plus connue sous l'appellation de " bormet el gaz ", quartier datant de l'époque coloniale, celui des habitations illicites de la cité Didouche Mourad, du vieux bâti de la Colonne, la rue Philippe, La Chaumarelle, de Oued Forcha II (Annaba) et de la SAS de Sidi Salem, du 1er Mai , Tarek Ibn Ziad, Les Crêtes (El Bouni), et la liste est très longue. Ces risques, aussi importants que dangereux, pourraient entraîner mort d'hommes, de femmes et d'enfants en bas âge. Tous vivent quotidiennement au contact des eaux usées et des odeurs nauséabondes générées par les bouches d'évacuation éventrées.
      " L'exemple le plus édifiant est celui de la cité du 1er Mai d'El Bouni. Les eaux usées à ciel ouvert sont au contact direct de l'eau potable, et ce sur une distance de 200 m à l'entrée principale de la cité ". Ce constat a été signalé dans un rapport établi par les membres de l'association Anpep, spécialisée dans la protection de l'environnement, lors d'une visite d'inspection, et en réponse à la demande des habitants. Aux maladies à transmission hydrique (MTH) dont sont victimes plusieurs enfants, s'ajoutent les cas d'asthme de plus en plus fréquents.
      En l'absence de toute hygiène et de salubrité publique, outre les maladies à transmission hydrique et l'asthme, d'autres pathologies ont surgi ces dernières années. Si ces habitants appréhendent déjà l'arrivée de l'hiver et ses inondations jusqu'à l'intérieur de leurs masures, les risques de mort par électrocution sont également latents. Une autre forme d'insalubrité est également dénoncée par l'Anpep. Il s'agit des déchets solides qui jonchent les côtés de la route menant à la commune de Seraïdi. " Plusieurs tonnes de déchets solides, dont des milliers de bouteilles de bière et de vin, sont le décor qu'offre le fabuleux mont de l'Edough. Même Makam Echahid n'a pas été épargné par ce comportement incivique car transformé en bar à ciel ouvert ", dénoncent l'Anpep et les riverains.
Par Leïla Azzouz


4)Annaba. Une initiative à encourager
Par N. B.

El Watan :Edition 13 octobre 2008
      Louable est cette initiative prise par un groupe de jeunes de Annaba de se réunir autour d'un projet de récupération et de recyclage des débris de verre, surtout les tessons de bouteilles de boissons alccolisées.

      L'idée leur est venue, raconte l'un d'entre eux, lorsqu'ils se sont sentis interpellés par les graves atteintes à l'environnement que génèrent les milliers de bouteilles jetées ça et là au bord, et sur la route menant de Rizzi Amor à Ras El Hamra. Ce groupe de jeunes espère aboutir, dans sa démarche, en sollicitant la collaboration des services communaux dont les agents peinent tôt le matin à ramasser ce que laissent les amateurs de ce type de boissons. La commune de Oued El Aneb est la première, parmi celles déjà sollicitées, à avoir répondu favorablement à cette initiative

      " Tout ce dont nous avons besoin pour que notre projet puisse être mis sur les rails consiste en la mise à notre disposition, par les communes, de camions pour l'acheminement des déchets vers l'unité de recyclage", précise Adel B., qui a déjà pu acquérir les équipements nécessaires. Une fois recyclé, le produit obtenu servira à la décoration des bacs à fleurs publics. Un autre produit pourra également en être extrait, un substitut à la peinture pour immeubles; le produit en question est résistant aux aléas climatiques.

      D'ailleurs, note ce jeune promoteur, cette technique a fait ses preuves partout en Europe, notamment en Turquie et en Italie.
N.B.


5) 9 JOURS APRÈS LA CATASTROPHE
Ghardaïa panse ses blessures
par Salim BENALIA

L'Expression, le 9 octobre 2008
      A Bounoura, le cimetière dépourvu de toute pierre tombale ostentatoire, a miraculeusement échappé à l'onde dévastatrice. La nature, contrairement à l'homme, respecte les morts.
      Passé l'effet surprise, les plaies se refermant, les citoyens de Ghardaïa prennent conscience de l'importance et de la gravité des dernières inondations. Les doyens de la cité sont formels, depuis 1951 jamais pareille crue n'a été observée! Celle de 2008 est, de loin, plus meurtrière, estiment-ils. En outre, nombreux sont ceux qui tirent les leçons de ce drame tout en incriminant la responsabilité de l'homme.
      "Beaucoup de gens ont construit à la lisière de l'oued, au péril de leur vie. Pire, le béton et les dalles en ciment ont envahi le lit de la rivière, à telle enseigne que l'oued n'arrive plus à creuser la terre sur son passage, d'où le débordement spectaculaire!", finit-on par reconnaître. Dix jours après son naufrage, la ville du M'zab continue à se réveiller sur les bruits des sirènes des ambulances. La Protection civile est toujours à pied d'oeuvre, sur les principaux points de débordements où les dégâts sont encore visibles. Alors que de nombreux commerçants, le plus souvent non assurés contre les risques majeurs, font le décompte désolant de leurs pertes. A l'instar de M.Ramdane Slimane, propriétaire de la maison d'édition "Nouzhat El Albab", abasourdi par ce coup du sort, il déplore quelque 7 millions de dinars en livres et en matériel. Ce dernier lance un appel pressant aux autorités et au département de la culture comme pour exorciser sa déception. A l'instar de Ramdane Slimane, tous les commerçants de la place Mohamed-Lotfi sont désormais sinistrés à 100%. Et c'est la mort dans l'âme que ces derniers nettoient, grâce à des motopompes, leurs nombreux locaux. Du côté de Thniet El Makhzen, une intense animation règne. Dans ce quartier, une association consacre ses locaux, dès les premières heures du sinistre, à la collecte de sang au profit des nombreux blessés alors que l'unité de soins de proximité de la wilaya est opérationnelle jusque tard dans la nuit.

      La vallée inondée
      Les nombreux médecins mobilisés en cette conjoncture spéciale, s'attellent à juguler la menace, le spectre des épidémies et à traiter les pathologies des yeux et les différentes allergies observées en pareille circonstance. En fait, la récente découverte de cratère où sont ensevelis des carcasses d'animaux, alimente les pires craintes chez la population. Alors qu'au siège du Croissant-Rouge algérien (CRA) l'on continue à recenser les sinistrés et à dispatcher l'aide.
      L'importante affluence quotidienne que connaît le CRA dénote les besoins non encore complètement satisfaits, essentiellement dans les zones les plus enclavées, comme El Ghaba. Cette aide, et de l'avis même du wali de Ghardaïa, aura malheureusement été entachée, au début, du moins, de quelques irrégularités. La région se voit désormais appuyée par un apport de 4500 tonnes en matériel divers, parvenu des quatre coins du pays. Alors que le travail des équipes en charge du rétablissement de l'électricité et des lignes téléphoniques est rendu particulièrement ardu, du fait, notamment de l'envahissement des caves "dihlizes" qui sont légion dans les demeures de la région.
      Sur invitation du commandement militaire, la presse est encore une fois invitée à survoler, à bord d'un hélicoptère, la vallée du M'zab afin de mieux apprécier l'étendue des dommages. L'embarquement se fait à partir de l'aéroport de Ghardaïa. Le commandant des Scouts musulmans algériens (SMA), Noureddine Benbraham, les officiers Hakim Chikh et M'Barek Lakhal du secteur militaire de Ghardaïa, sont du voyage. Le premier responsable des SMA rappelle, à l'occasion, que les jeunes louveteaux, dont la réserve compte cinq mille volontaires, se relaient chaque semaine pour prêter main forte à la Protection civile.
      Le vol prend la direction Bounoura, dans le sens d'El Atteuf, via Dhaia Ben Dahoua. Une heure et demie durant, nous survolons la cité. Au-dessus de la vallée de M'tlili la terre est encore humide, preuve de l'importance des crues. Du ciel nous observons quelques écoliers quittant vers midi, leurs établissements. Tout un territoire sépare la commune d'El Atteuf de celle de M'tlili. Il est d'une aridité extrême. Seuls quelques sillons d'oueds creusent la roche à l'aspect basaltique. L'horizon, de part et d'autre, s'étale, nu, à perte de vue. El Atteuf apparaît enfin comme un joyau émergeant de la vallée.
      L'oued qui sépare, de part en part, ses oasis semble avoir sérieusement eu raison des cultures. En bas, des engins de la Protection civile sont à l'oeuvre. Ils tentent de restituer un semblant de vie aux commerces et aux maisons complètement inondés. Dans un décor d'apocalypse, des ponts totalement effondrés sont perceptibles, alors qu'une eau pérenne semble narguer les rescapés. Ici, toutes les maisons, en majorité construites sur les rives de la rivière, ont pris l'eau. Au moment où toute une forêt de palmiers est encore prisonnière des eaux. Même topo à Bounoura que nous découvrons d'en haut. L'eau, comme à Ghardaïa-ville, a débordé de son lit submergeant les routes et les arcades limitrophes qui abritent de nombreux commerces. A Bounoura, le cimetière dépourvu de toute pierre tombale ostentatoire, a miraculeusement échappé à l'onde dévastatrice. La nature, contrairement à l'homme, respecte les morts. Par endroits, des bulldozers s'acharnent contre la boue qu'ils évacuent des voies de communication traversant l'oued. Au-delà du centre-ville de Bounoura, des oasis féeriques abritent, néanmoins, des maisons à l'architecture typique et prodigieusement épargnée. Cependant, nombreuses sont les palmeraies envasées, presque ravagées. Des bassins servant à l'irrigation sont gorgés d'une eau verdoyante et contrastent avec un paysage lunaire. A Beriane, non loin de la RN1, une digue intacte donne l'impression d'avoir efficacement protégé la ville. A quelques encablures de là, une caserne de la Police a été récemment construite. El Guerara, distante de 150km du chef-lieu de wilaya, est une immense oasis. Elle reproduit fidèlement le style architectural de la ville ibadite.

      La vie reprend
      La vue en plongée que permet l'hélicoptère, fait apparaître quelques îlots inondés de la palmeraie. Toutefois, les dégâts sont nettement moindres. Une sorte de stade que nous survolons est totalement immergé et donne une idée sur l'importance de l'événement naturel que vient de connaître la vallée du M'zab. Finalement Ghardaïa, le centre-ville, vient en tête des localités malmenées par les torrents en furie, puisque atteinte à 50%. Elle est suivie par El Atteuf. A Ghardaïa, la vie reprend progressivement ses droits.
      Particulièrement après le rétablissement des réseaux électrique et téléphonique. La population qui fait preuve d'un courage exemplaire, panse ses blessures. Pourtant, des scènes poignantes comme le fait de trouver des photos de bébés ou de familles victimes sur les lieux de la catastrophe, ravive la douleur. Même si l'on garde sur des portables des vidéos de ce 1er octobre fatidique, où l'oued M'zab a exceptionnellement gonflé, l'on tente tant bien que mal de prendre ses distances par rapport à la tragédie. Mais c'est loin d'être une sinécure.
De notre envoyé spécial Salim BENALIA


 "Le Sentier des Aubépines" 



Claude RIZZO

Chers Amis,
J’ai le plaisir de vous annoncer la sortie de mon dernier roman :
La secte

Paru aux Editions Lucien SOUNY (Distribution Rando)
Disponible en Librairie.
Prix 18 €

      Rosine, jeune veuve, vit avec sa fille Antonia dans un village du Massif du Mercantour. Les épines amères de l’existence ne l’ont pas épargnée. Elle croit enfin rencontrer, en Giovani Cini, un berger piémontais, le deuxième grand amour de sa vie. Elle l’épouse et renaît ainsi au bonheur. La belle saison arrive. Giovanni prend les chemins de l’estive.


      Le ciel se couvre à nouveau. Rosine se rend aux funérailles de son père. Elle apprend que son époux est revenu en son absence. Il a passé la nuit au village avant de disparaître sans l’attendre. Dans la bergerie, Rosine découvre Antonia en pleurs. Le propos entre l’adolescente et sa mère tourne à l’affrontement. La jeune quitte la maison et prend ainsi les chemins de l’exil.
      Une mort mystérieuse, une naissance « inattendue » viennent ajouter leur touche à l’histoire.
      Sentier des aubépines, le destin n’a pas encore déployé tous ses fastes. Tandis que grandit le petit Adrien, offrant à Rosine quelques années de bonheur et de complicité, les fantômes du passé ressurgissent et parcourent la vallée. Les uns porteurs de promesses, les autres chargés de ressentiments…
      Après le succès de son roman, Le Maltais de Bab el-Khadra (ed. Michel Lafon 2004) et celui de La Secte (Ed. Lucien Souny 2007), Claude Rizzo développe ici un thème qui lui est cher et dans lequel il excelle, celui de la saga familiale. Des familles en proie à des secrets que l’on pensait enfouis à jamais.
******

A ceux qui liraient l’ouvrage : Votre avis m’est précieux. Un petit E-mail me ferait grand plaisir. Avec toute mon amitié.
Claude RIZZO

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Merci.



MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De Mme Hélène MILONE

Bonjour, je viens de découvrir votre article nos ancêtres, les rapatriés de Tabarka sur internet.
Mon arrière grand-père avait pour patronyme CROVARO, originaire de VOLTRI près de Gênes, né lui-même à Sassari. Son épouse se nommait: BENVENUTO Maria, mêmes origines. Le grand-père de mon arrière-grand-père était de mémoire "capitaine au long cours" à Gênes.
Les CROVARO et/ou BENVENUTO et les DANOVARO était cousins germains (ont vécu en partie à Tunis).
Une partie de cette famille DANOVARO a émigré à Welland Ontario Canada.
Merci si vous pouviez me faire part de vos connaissances sur les DANOVARO ou me mettre en contact avec des descendants DANOVARO.
adresse : jaouanne@noos.fr

De M.


Mon adresse :

DIVERS LIENS VERS LES SITES


Son adresse:
Un site à voir.


M. Robert Antoine et son site de STAOUELI vous annoncent la mise à jour du site au 1er novembre.
Son adresse: http://www.piednoir.net/staoueli
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
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M. Henri Vincent vous invite à découvrir son site sur AÏN SEYNOUR
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Un très beau site à voir.

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Le chômeur radié
Envoyé par Chantale Marquès

         Un chômeur se plaint d'avoir été radié abusivement de la liste des demandeurs d'emplois car il a refusé une offre !!!

         Voici la raison de son refus:

         Ce chômeur a travaillé à Limoges, il a été limogé,

         puis il a travaillé à Vire, il a été viré,

         enfin il a travaillé à Lourdes, où on l'a lourdé ....

         il a maintenant très peur de l'offre d'emploi proposée par l'ANPE à Castres...
        




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