N° 55
Octobre

http://piednoir.net

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Octobre 2006
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

  C'EST A NOUS DE TRANSMETTRE
LA MEMOIRE   

    Le départ de la génération qui nous précède ; les interprétations de notre mémoire par les historiens ; l'occultation de l'Algérie Française dans les manuels scolaires ou la falsification de cette ère par le corps enseignant ; la jeunesse qui ne croit pas en la vie associative et dont la motivation ne peut être celle que nous espérons. Ces données sont telles que depuis l'exode, notre statut d'expatrié a changé les hommes que nous sommes.
    Quand vous arrivez dans une réunion ou un rassemblement, que voyez-vous en général ?
        - Des Stèles,
        - Des tables prêtes à être garnies avec l'anisette entre autres.
        - Un orchestre….
        C'est-à-dire, commémoration, bouffe et danse.

    Or aujourd'hui,
        - pour les commémorations qui sont indispensables, il y a très peu de monde car très mal organisées, sans publicité pour ne pas éveiller les ennemis qui de toute façon seront mieux informés, et pas d'unité associative.
        - la bouffe et la danse, dans notre société d'abondance, semblent être les principales préoccupations de notre communauté avec " le chant des africains ".

    Que veut dire " C'est nous les africains qui revenons de loin pour défendre le pays… ", pour un jeune et un moins jeune aujourd'hui ? La jeunesse est individualiste et pense Humanitaire sans en connaître tous les fondements et elle ne croit plus aux valeurs collectives patriotiques. Le croyons-nous, nous même avec tous ce que nous avons subi et que nous subissons ?
    Ce sont là les effets pervers de l'enseignement gauchiste à l'école.
    Nous sommes entrés " dans une autre ère depuis 1968.
    Ces " libertés " gagnées ont modifié la conception de l'humanisme et nos façons de vivre avec des connaissances accrues.

        - Quand les hommes sortis d'Afrique il y a 100 000 ans ont envahi le monde, ils se sont séparés en différentes cultures et les différences étaient prépondérantes.
        - Quand l'Algérie a été colonisée, différentes cultures se sont réunies pour ne former qu'un peuple dont l'unité, à terme, aurait été un exemple d'humanisme. L'histoire, hélas, n'en a pas voulu.

    Désormais, aujourd'hui, de partout on entend ces maîtres mots " Unité ou Mondialisme " qui expriment tout et n'importe quoi.
    Comment voulez-vous que nos jeunes, désorientés, comprennent notre histoire et notre mémoire si nous ne leur apprenons pas qu'avant ces mots " Unité ou Mondialisme ", il y avait " Histoire, Mémoire, Respect " qui sont des piliers de l'éducation.

    Malgré que depuis le 19ème siècle, nous gagnons chaque année en espérance de vie, la fin du 20ème n'a pas été mise à profit par la génération qui nous précède pour transmettre ces trois piliers aux petits enfants et dont c'est le rôle solennel des vieux.
    C'est vrai qu'ils ont été depuis 1962 préoccupés par leur nouvelle vie d'exilés. Mais à la retraite, c'est le moment où en principe on a le temps de raconter et d'avoir des relations familiales plus culturelles dans le sens mémorial.

    Alors dans ce monde où se sont les enfants qui transmettent la technique aux parents, n'oubliez pas que pour la science et le savoir c'est notre rôle. Ne l'occultons pas sous prétexte que les enfants " ça ne les intéresse pas ". Même s'ils ne le montrent pas, car c'est la modernité des mœurs de ne regarder que de l'avant, ils sont tentés de voir le passé mais n'osent pas pour ne pas être pris pour des ringards.

    Comment rattraper ce retard ? Tout simplement par quelques petites tentations pour les aider à franchir ce pas vers le passé.
    Laisser traîner des photos, des textes ; faire de la généalogie ; écrire son histoire familiale en demandant aux enfants de corriger les fautes ; regarder des films ou vidéos juste avant leur arrivée à la maison de manière qu'ils en regardent une partie avec vous ; leur faire connaître de visu les lieux de leurs racines, lorsque c'est possible. Il y a sûrement d'autres pistes de transmission comme l'utilisation d'Internet.

    La transmission de la mémoire, à l'heure actuelle, ne doit pas être imposée. Elle doit être la tentation, la découverte et le fleuron de notre jeunesse pour qu'elle soit fière de ses aïeux.

    Ce travail ne peut être fait dans la vie associative, donc c'est à la maison et c'est à nous de faire la transmission de notre histoire, de notre culture, de notre morale, en somme de notre mémoire.

Jean Pierre Bartolini          

        Diobône,
        A tchao.


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La Maison Hantée
N° 3 de Janvier 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

   

         Dès que PANTALONI arrive à BONE, les employés communaux s'aperçoivent que l'hôtel de Ville a une horloge et un pilote.

         Réunions, de Commissions, discussions oiseuses, avis divers, tout devient superflu. L'Idole dirige en maître et tient ses malheureux conseillers municipaux sous la menace de la démission.

         Dés qu'il part, l'anarchie s'installe de nouveau partout et les chouettes qui campent sous les toits poussent des cris lugubres.

         FADA dit vingt-cinq fois oui le matin et vingt-cinq fois non le soir.
         Ensuite, plus personne.

         DE FORNEL a le temps de médire de PANDOLFO. Ce dernier, qui a des dents, n'est pas en reste de politesse.

         HURET plante de beaux rosiers.

         SERVIER et RUBIR se battent à coups d'épingles autour de déceptions communes.

         Il n'y a que le brave AUDIBERT qui est content : VIRICEL a enfin " craché".

         Dès le retour du Patron, son chauffeur qui est d'UCCIANI, lui dit aussitôt
         " Tout va très bien, Madame la Marquise : à part cependant qu'on vous trahit et que vos employés s'envoient des feux d'artifice à travers les jambes ".



Ça qu'on vous a pas dit … !       N° 39
Christian AGIUS
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!


Deux rabbins zraéliens y zont proposé à que la gay-pride prévue à Jérusalem elle soit plutôt organisée à……………….Sodome !!!
Retour aux sources, diocane…


Les Zraéliens d'origine arabe (20 % de la population) y font 2 fois et demi pluss de yaouleds que les Juifs.
A ce ryme, qui c'est qui va donner bientôt le coup de pied au cul à l'autre ?


Zotche ! Comment c'est écologique, l'eau minérale que t'iachète en bouteilles plastiques !
Eh oui, gougoutse, pour faire le plastique y faut du pétrole !!!
Rien qu'en Amérique, y zont bouffé 1 million et demi de barils pour l'année 2005…
C'était pluss mieux ac l'eau de Bugeaud ou celle de Bouglès !!!


Un Américain rapiace pourquoi y s'appelle Mac Nish il avait déclaré sa femme morte dans les tours infernales de Nouille-York.
Et il avait encaissé le flouss (100.000 $).
Ma, y viennent juste de s'apercevoir que sa fatma elle…………………..existait pas !!!
Y doit y avoir d'autres, diokikx…


Ségolène elle peut méteunant sourire tranquille : elle s'est fait refaire les ratiches, comme Tonton, cet enfoiré !


Zeb ! C'est un président, ou une présidente, en or qu'on va se taper l'année prochaine !
Cette érection elle va nous coûter 233 millions de zorros au lieu des 133,47 prévus en dedans le budget !
Tout ça pour d'la zoubia, pourquoi 85 % des lois qu'on a en dessur le dos elles sont décidées à………………………Bruxelles !


La vie y se fait pas caguer le p'tit nain Nicolas Sarcloseille, cette fugure de dintche !
Ses dernières vacances à côté Bordeaux, au Pyla, elles nous ont coûté : une villa louée 25.000 zorros ; 50 C.R.S. qui z'auraient pluss mieux fait d'aller dans l'Aurès ; 18 malabars pour la protection de toute la smalah ; un commando du R.A.I.D. ac un hors-bord pour surveiller qu'une gatarelle elle vient pas lui bouffer les klaouis quand y fait des nefss ; un hélicoper pourquoi c'est trop loin entre Mérignac et le Pyla ; un scooter des mers ; 12 bagnoles ac les chauffeurs ; 2 cuisiniers et 3 chaouchs !!!!!!!!!!!


Emmanuelle Béart, celle que rien que tu regardes sa bouche, des mauvaises envies elles te prennent quelque part, elle fait des tas de zouzguèfes en devant la télévision pour aider les sans-papiers.
Ma, pourquoi elle vient de se domicilier en Belgique pour payer moins d'impôts ?


Ya un Tunisien qu'il est docteur et qui a oublié d'être con !
C'est le Dr Samir Saïd qui s'est fait (enfin) épinglé par la S.S. (rien à oir ac Himmler) qui sa enfin aperçu que le zèbre y se faisait payer……………….147 consultations par jour !!!
René Vento, y savait pas que C.G.V. ça voulait dire aussi " consultation à grande vitesse)……………..


Diocane, tu sais déjà que Lipietz il a tchouré 62.000 zorros à la S.N.C.F., pourquoi les trains y zavaient porté ses parents à la déportation. Du coup, pluss de 300 familles elles ont aussi demandé du flouss !
De quoi arranger le déficit de 50 milliards de zorros à cette enstitution-gruyère……… !

La suite au prochain numéro :
te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….

LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (41)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
LA RANTISE, PUREE DE SA RACE….

          Il est plusse que minuit, diocamadone et j'dors pas z'encore, va comprende et tout ça pourquoi ? allez, devine un peu, c'est à cause de cette feuille blanche qu'elle est là, en devant de moi, qu'elle me fait les cornes et que dessur, j'arrive pas à mette des mots pour la kaoulade du mois ; comme y dit mon fils qu'il a breveté le cerfiticat que, cinque fois y s'l'a présenté et cinque fois y s'l'a échoué areusement d'ailleurs pasque tous ses cheveux y s'les z'a encore dessur la tête, c'est la rantise de la feuille blanche que lui, le pauv' y s'la a connue cinque fois pendant ses examens. C'est un complesque quoi ! un complesque que seul y peut t'le soigner ça que main'nan on sl'appelle un psy, à saouar pourquoi, que nous z'aut' dedans l'ancien temps on disait que c'était le toubib des joubasses.

          Tu me ois, à mon âge, avec une fugure de marbe, aller taper à la porte de ce toubib ? t'y es fou ou quoi ? ma parole, rien qu'au premier coup dessur sa porte, t'y as tous les goiyes de la Colonne associés à ceux-là là de l'usine à gaz qu'y se mettent pour une fois d'accord dessur mon dos pour me crier après Eh hou ata hou ! en me lançant dessur des schkolls et pas des p'tits, j'te jure et tu ois pas avec la schcoumoune qu'elle est accrochée à moi comme un pou d'bois, tous ces schkolls y vont venir m'empogner en dessur la tête, les bras, les jambes et surtout le dos que moi, y me fait toujours mal, même sans schkolls. Et à partir de là, me oilà, par la grâce des goiyes, que t'y as pas plusse méchant, rentré au musée des j'dofs de Bône et tous les jours après l'école, t'y auras tous les oiyous de la place d'armes, des béni-ramassés, de beauséjour, ouai ! ouai ! y en a aussi là-bas qu'est-ce tu cois ? qu'y vonr s'donner rendez-vous et qu'y vont me trouver, dans la rascasse de tous leurs morts affogués, tous comme y sont pour me faire, comme y disent ma fête mais moi, j'en suis sûr, c'est ma mort qu'y veulent tous et si que j'me laisse faire, ça va ête comme ça tous les jours, y vont oublier tous les z'aut'déboussonés d'la ville pour s'occuper de moi, et de moi seulement.

          Alors, moi j'vas te dire quèque soge et tu la prends comme tu veux toi, j'ai pas envie de finir aux caroubiers avec tous ceux-là là qu'y coient que c'est eux qu'y sont déhors et nous z'aut' dedans, la feuille elle va rester comme elle est, blanche et ce mois-ci, pas de kaoulade pasque j'ai besoin de la cafetière qu'elle me sert de tête et j'en ai besoin pour longtemps encore.

Rachid HABBACHI

NDLR : Merci à Rachid pour ce petit mot qu'il a tenu à faire malgré l'opération "du crabe" qu'il vient encore de subir.
Rachid, laisse reposer la cafetière, nous te souhaitons un prompt rétablissement et que tu nous reviennes avec tes kaoulades bônoises encor pluss fortes que d'l'habitude.

LE COUIN DU POETRE
Par Rachid Habbachi            N° 3

Tu savais toi, purée de leur race, que les anglais,
Rien qu'y parlent de not' ville
Qu'y faut dire, c'est la plus tranquille,
La plusse belle, que bessif elle leur plaît
A force que, diocamadone,
Et je jure que j'mens pas,
Tu cois ou tu cois pas,
Tous leurs z'osses, même escagassés, y s'les z'appellent bone.

        J'exhorte donc tous les lecteurs de la Seybouse à nous faire part des lectures sérieuses, ou photos insolites qui font référence à leur ville natale en Algérie, cela va de soi, et de nous adresser les paragraphes et commentaires sur ces lectures.
Nous comptons sur vous tous pour alimenter cette rubrique

Rachid HABBACHI



LE MOKTA - EL - HADID
BÔNE son Histoire, ses Histoires
Par Louis ARNAUD

           LE journal " La Seybouse " publiait, dans son numéro du 24 janvier 1846, l'acte de Société passé par devant Me Jamin, notaire à Paris, en novembre et décembre 1845, entre M. de Bassano, ancien Directeur des Mines de Blanzy et ancien Administrateur du Creusot, et M. de Solm, Consul général et propriétaire, d'une part, et toutes autres personnes à venir, d'autre part, " pour l'exploitation des mines de la Méboudja, près de Bône, (possessions françaises en Afrique) et l'approvisionnement et l'exploitation des hauts-fourneaux et usines à fer qui seraient créés et se rattacheraient au traitement des produits des mines ".

          C'était l'acte de naissance de la prospérité bônoise que venait de dresser le notaire parisien.
          Le journal se réjouissait de cet événement et " saluait l'année 1846 comme l'ère d'une nouvelle vie pour Bône ".

          Il considérait que c'était une " circonstance, en quelque sorte, providentielle, pour les habitants de Bône, que les gîtes de fer magnétique des environs de leur ville aient été découverts : que la qualité du minerai ait été reconnue égale, sinon supérieure à celui des riches gisements de Suède et d'Allemagne, dont les produits sont si recherchés dans le commerce ".

          Mais ce qui lui plaisait surtout, c'était moins la découverte et l'exploitation des gisements métallifères, que la décision de la Société de Bassano, de les traiter sur place et d'ainsi faire de Bône, un centre métallurgique industriel.

          " On comprend à Bône, ajoutait, en effet, l'auteur de l'article, la portée immense de l'entreprise de M. de Bassano. Avant peu de mois, nous allons en ressentir les avantages par l'augmentation progressive de la population, par l'activité publique, par les visites que viendront faire dans notre contrée, trop négligée jusqu'à ce jour, des hommes influents; dont l'opinion, convertie à notre cause, nous gagnera des sympathies et encouragera l'établissement de nouvelles industries ".

          M. de Bassano avait prospecté les environs de Bône, au cours des années 1844 et 1845, sous le double point de vue minier et forestier.

          Il n'avait pas été long à se rendre compte que les forêts toutes proches de l'Edough et de la région de La Calle étaient susceptibles de fournir tout le combustible nécessaire à l'alimentation des hauts-fourneaux, dont il projetait la construction, pour le traitement du minerai sur place.
          La construction des hauts-fourneaux et des usines avait donc été prévue dans l'acte, passé par devant Me Jamin dès la constitution de la Société dont le capital avait été fixé à un million cinq cent mille francs, divisé en trois mille actions de cinq cents francs.

          " Les établissements, les usines destinés à recevoir le minerai, précisait le journal, et dans lesquels il sera traité, se trouveront situés entre la Seybouse et la roue de Bône à Dréan, à une faible distance de la Ville. Ils pourront faire arriver leurs approvisionnements de toute nature par la route qu'il faudra s'occuper d'entretenir d'une manière convenable et leurs produits métallurgiques, à importer dans la Métropole et à l'étranger seront dirigés facilement vers les navires destinés à les recevoir, par la Seybouse ; quelques travaux d'endiguement pouvant rendre cette rivière parfaitement navigable, et d'une grande utilité, en outre, pour l'écoulement des produits agricoles des plaines qu'elle arrose ".

          Ces établissements ont formé le " Quartier des Usines " au centre de l'Allélick. On peut y voir encore les bâtiments qui subsistent de l'ancienne entreprise du Marquis de Bassano.

          La cheminée d'un haut-fourneau s'élève encore au-dessus de l'agglomération. Elle est toute recouverte d'un épais lierre qui la tapisse jusqu'à son sommet. Elle domine la région, tout simplement, sans aucune prétention. Aucune fumée ne s'échappe plus depuis un siècle de son extrémité supérieure pour monter vers le ciel, symbole de tors les espoirs humains.

          Mais, si les hauts-fourneaux de M. le Marquis de Bassano ont " fait long feu ", s'ils n'ont été qu'une tentative pas très heureuse, d'industrialisation de la contrée, il n'en reste pas moins que le journaliste de " La Seybouse " avait été bon prophète, " en saluant l'année 1846 comme le début d'une ère nouvelle pour Bône, et en affirmant que l'entreprise de M. de Bassano aurait une " portée immense " sur l'avenir de la région.

          Après quelques années d'exploitation, la Société de Bassano céda la place à la Société du Mokta-el-Hadid.
          Le Mokta-el-Hadid avait obtenu la concession d'un gisement de fer situé près d'Aïn-Mokra, en 1865.
          Ainsi, se trouvèrent réunies à Bône, sous une seule direction, les Mines d'Aïn-Mokra, d'El-Kimen, des Karezas et du Bou-Hamra et Sebeitla, constituant une vraie ceinture de fer à notre Ville.

          Les minerais de fer magnétiques de la région se présentaient en chapelet, c'est-à-dire, qu'ils étaient constitués par une série de masses métallifères de forme sphérique, absolument détachées et indépendantes les unes des autres, placées de telle façon que leur ensemble pouvait affecter la forme d'un chapelet.
          Ces masses métallifères étaient de grandeurs différentes.
          La mine d'Aïn-Mokra était constituée par le plus important des grains de ce chapelet.

          Cette mine, dont les puits atteignaient jusqu'à 92 mètres de profondeur, et dont les galeries s'étendaient sur plus de treize cents mètres de longueur, occupait à elle seule plus de trois mille ouvriers.

          Les autres exploitations, El-Kimen, Karézas, Sebeitla et Bou-Hamra, bien que moins considérables, avaient un personnel relativement nombreux, qui, s'ajoutant à celui de la mine d'Aïn-Mokra, constituait un élément très sérieux et très intéressant pour le commerce local de Bône.

          A cette époque, tout le ravitaillement nécessaire aux exploitations minières était pris sur place, alors qu'aujourd'hui, les économats des exploitations se fournissent directement en France ou ailleurs, chez le fabricant même, comme n'importe quel commerçant de la ville voisine.

***

          Un petit train transportait le minerai de la mine d'Aïn-Mokra au port d'embarquement.
          Il parcourait, tous les jours, péniblement parfois, mais toujours vaillamment, depuis 1861, les trente-deux kilomètres, qui séparaient Bône d'Aïn-Mokra.
          Le samedi soir, de chaque semaine et à chaque fin de mois, il devenait pour les Bônois, le train du Bonheur, car il transportait alors, la presque totalité, des trois mille ouvriers de la mine, qui venaient à la ville dépenser le plus clair de leur argent.

          Ces ouvriers, s'ajoutant aux marins des équipages des nombreux navires qui attendaient en rade - il y en eut jusqu'à vingt-sept à la fois - leur tour de chargement, envahissaient les rues et les cafés, et donnaient à la ville, par la joyeuse animation qu'ils créaient, un véritable air de fête.

          Les commerçants étaient heureux.
          Le petit commence local ne vivait, presque, que du voisinage, providentiel pour eux, des exploitations de la Société du Mokta-el-Hadid.

          Les économats, que l'on appelait alors tout simplement " cantines ", des cinq mines de la société : Mokta, El-Kimen, Sebeitla, Karézas et Bou-Hamra, se ravitaillaient entièrement chez les commerçants bônois dont ils étaient bien souvent les seuls clients notables.

          Pendant plus de quinze années, le petit " Tortillard " eut son point terminus aux environs de notre actuelle Choumarelle, où un appontement de bois permettait de charger sur les navires le minerai qu'il apportait de la mine.

          Ce n'est qu'après la dérivation du lit de la Boudjimah, c'est-à-dire après 1876, que le " Bône-Mokta " franchit le cours d'eau sur le petit pont qui est demeuré exactement le même jusqu'en 1952 (époque de la transformation de la voie étroite en voie normale), pour venir jusqu'au terre-plein sud de notre darse, où s'installèrent, sous la direction intelligente, ferme et paternelle du brave " Papa Jaume ", que ses centaines de subordonnés adoraient, les services de triage de stockage, et d'embarquement des minerais.

          Pour une Ville en formation, qui n'avait, par ailleurs, aucune autre ressource naturelle en dehors des chênes-lièges de l'Edough, on peut juger de quel appoint fut la Société du Mokta-el-Hadid dans la vie économique et la prospérité de Bône.

***

          Les minerais de fer magnétiques de la région bônoise étaient réputés dans le monde entier pour leur riche teneur qui allait de 54 à 65 %.
          De 36.000 tonnes en 1865, l'exploitation est passée à 208.000 tonnes en 1870, et à 423.000 tonnes en 1874, chiffre vraiment remarquable pour l'époque.
          Les navires attendaient dans le port et l'avant-port, leur tour de chargement, il y en eut à certain moment de si nombreux à la fois, de nationalité différente, que la rade en était littéralement couverte.

***

          Les hauts-fourneaux de l'Allélick cessèrent, relativement vite, de fonctionner.
          On sait que la transformation du minerai de fer nécessite une quantité énorme de combustible et que le bois constitue le combustible le plus approprié à la fusion du minerai de fer magnétique.
          Pour ne point ruiner définitivement les forêts des environs de Bône, on dut recourir bientôt à des apports massifs de charbon de terre venant des mines du Gard.

          Une flotte spéciale avait été créée par la Société des Mines de Fer qui devint en quelque sorte sa filiale.
          On l'appelait à Bône, la Compagnie Talabot du nom du premier propriétaire exploitant de la mine des Karézas dont le sort se confondit bientôt avec celui du Moktae1-Hadid.
          Elle devint ensuite la Société des " Quatre-Mâts ", appellation que lui donnait le populaire de la marine.

***

          Ces " Quatre Mâts ", ou, ces " Talabot " arrivaient de Sète à Bône, avec leur plein de charbon destiné aux hauts-fourneaux, et s'en retournaient chargés de fer.
          Mais les hauts-fourneaux s'arrêtèrent un jour, car il fallait deux tonnes de charbon pour chaque tonne de minerai, et, les " Usines à fer ", par suite, qui avaient été créées pour le " traitement des produits de mines ", cessèrent en même temps de fonctionner.
          L'Allélick reprit sa destination naturelle et silencieuse. Des vergers, des jardins prospères recouvrirent bientôt, la rive subéreuse de la Seybouse, et bientôt, un hippodrome qui eut une grande vogue s'installa dans les dépendances du haras de la remonte militaire.

          Les " Quatre Mâts " furent incorporés dans la Société des Transports Maritimes, société qui fréquente actuellement très régulièrement le port de Bône.
          Puis, le Mokta s'éteignit à son tour, tout doucement, comme s'il était arrivé à bout de souffle.

***

          Un jour vint, vers la fin du siècle dernier, où le " Grand Puits " d'Aïn-Mokra cessa toute activité et se laissa envahir tout doucement par l'eau qu'on ne pompait plus et qui montait, sans cesse, inexorablement.
          Une nappe d'eau, immuablement calme, s'étala sur l'orifice de ce gouffre de quatre-vingt-douze mètres de profondeur, si animé et si tourmenté naguère, et, sur ce joli petit lac tranquille, les râles, les sarcelles et les canards sauvages établirent leur royaume à l'entour duquel seules, les grenouilles venaient donner, en toute quiétude, leurs concerts chaque soir.
          Cette eau dormante et profonde ressemblait à un grand miroir qui brillait intensément, pendant tout le jour, sous les rayons chauds du soleil africain, et qui paraissait avoir été mis là pour masquer définitivement le grand trou noir par où étaient passés, pendant tant d'années, des milliers de travailleurs qui descendaient au fond de la mine pour s'égailler dans ses treize cents mètres de galeries souterraines, et d'où étaient sorties des millions de tonnes de ce minerai de fer qui à travers les mers et les océans, s'en allait aux quatre coins de l'Univers, où ces parcelles des entrailles du sol bônois étaient estimées et recherchées.

          Puis, comme c'était fatal, le village qui ne vivait que par la mine, se dépeupla, tout d'un coup, et les lieux furent enveloppés par un silence triste et lourd semblable à un linceul de mort.

          Une fois, par jour, cependant, le sifflet aigre et plaintif de la petite locomotive, affaiblie et essoufflée par le dur labeur qu'elle avait fourni, pendant si longtemps, venait encore trouer la pesante chape que le silence avait mise sur le village à jamais endormi.
          C'est un petit train, qui venait là, par habitude, sans aucune raison précise, sans doute, simplement pour éviter l'ankylose, qui s'en retournait, ensuite, lentement, et tristement à Bône, emportant, avec lui, tout un étrange chargement de souvenirs heureux d'un autre temps.
          El Kimen, Bélietba, Karézas et Bou-Hamra, mines secondaires, cessèrent aussi, l'une après l'autre, leur exploitation.
          Et la Société du Mokta-el-Hadid tourna ses regards vers la frontière tunisienne où les inépuisables et riches gisements du Bou-Khadra allaient lui permettre de réaliser d'autres belles espérances.

***

          Mais le vieux Mokta, si familier et si cher aux Bônois, qui faisait corps, presque, avec leur ville, n'allait cependant pas complètement disparaître de la vie du pays.
          C'eut été trop triste et trop cruel.
          Ce petit chemin de fer, construit pour les seuls besoins de ses exploitations de la région bônoise, allait-il falloir le démolir ou le laisser tomber en désuétude par abandon pur et simple ?

          Philippe de Cerner qui, depuis trente ans, dirigeait le Mokta, à Bône, et qui faisait partie de notre Assemblée départementale, sut intéresser l'Administration au sort du petit " Tortillard ".
          Le Département de Constantine fut ainsi amené à admettre l'avantage qu'il y aurait pour les habitants de l'importante région Jemmapoise à être reliée par un chemin de fer au port de Bône, en même temps qu'à la grande voie ferrée de Constantine à Philippeville.

          Le petit chemin de fer du Mokta fut donc incorporé dans le réseau d'intérêt départemental de Bône à Saint-Charles dont l'exploitation, concédée à la Société du Mokta-el-Hadid, fut placée sous la direction de M. Philippe de Cerner qui, de ce fait, demeurait à Bône où il devait finir son existence laborieuse en décédant en 1923 au milieu de l'estime générale.

          L'inauguration officielle de la nouvelle ligne eut lieu le 5 mai 1905.


5 Mai 1905
Inauguration du B.M.S.C.
En gare de BOUMAIZA
M. LOVICHI, Administrateur de la Commune mixte de l'Edough, ayant à sa droite, le Caïd Tahar Boumaïza et M. de Cerner devenu directeur du B.M.S.C., et à sa suite Brahim Boumaïza, Larmande, Administrateur adjoint, El Nafa Boumaïza.

          Les petites locomotives qui avaient si vaillamment aidé pendant près d'un demi-siècle, au développement de la prospérité bônoise, poursuivirent en toute simplicité, leur destin nouveau.
          Rien ne fut changé pour elles, ni la voie étroite sur laquelle elles circulaient, ni leur allure que l'on trouvait trop modérée, ni leur aspect modeste, et pauvre même.
          Seules, deux lettres furent ajoutées à celles " B.M. " qui formaient le sigle de leur ancien parcours.
          Le petit " Tortillard " allait autrefois de Bône au Mokta, il devait aller désormais jusqu'à Saint-Charles, les deux initiales de son nouveau terminus complétèrent donc l'ancien sigle.
          Et le nouveau chemin de fer fut le B.M.S.C. : Bône-Mokta-Saint-Charles.

***

          Mais la malice populaire qui, comme on sait, est grande et vive à Bône, et qui, pour le plaisir de faire de l'humour, ne respecte rien, eut tôt fait d'adapter à ces quatre lettres, un slogan, fantaisiste, certes, mais apparemment plein de vérité.
          B.M.S.C. = Bien marcher sans courir.
          Ce qui est plus amusant, c'est que le père de cette traduction fantaisiste et humoristique, était le Directeur de la Compagnie lui-même, M. Philippe de Cerner.

***

          Philippe de Cerner, qui fut, pendant de très longues années, Directeur des mines du Mokta-el-Hadid d'abord, puis du chemin de fer Bône-Mokta-Saint-Charles, a joué un rôle considérable dans la vie bônoise.

          Ingénieur de l'Ecole des Mines de Paris, il avait succédé vers 1875, à la Direction de la Société du Mokta-el-Hadid à Bône, à MM. Parent, Dumas, et de Froment, dont il avait, par son prestige, son tact, son affabilité et sa bonhomie, complètement effacé le souvenir.

          Quoique d'origine polonaise, et de vraie noblesse, il était Franc-comtois, étant né à Besançon, et d'une simplicité d'allure et de langage vraiment surprenante.
          Il fut premier adjoint au Maire de Bône, au décès de Célestin Bourgoin, par intérim, Maire de la Ville, qu'il représenta longtemps au Conseil général de Constantine, dont il fut le Président pendant un certain temps.
          Lorsqu'il devint Directeur d'une ligne de chemin de fer d'intérêt départemental, il dut abandonner son siège au Conseil général.

          Il devint alors membre, élu par Bône et la région, des Délégations financières algériennes, et membre du Conseil supérieur de l'Algérie.
          Philippe de Cerner, on le voit, était une personnalité importante de la Ville.
          Son passage dans les affaires de la Ville ne lui a jamais attiré d'inimitiés ou seulement de désaffection.
          Il était justement estimé, et même aimé, pour sa bonne humeur, sa franchise et sa rondeur.
          Sa rondeur, à tous les points de vue, car il était aussi rond, physiquement qu'en langage.

          Maxime Rasteil, polémiste spirituel et particulièrement acerbe, qui dirigea pendant plus de trente ans le journal d'opposition, presque systématique, le " Réveil Bônois ", et qui était loin d'être tendre pour ses victimes, n'avait su que l'appeler " Le ventripotent de Cerner ", ce qui prouve bien qu'il n'y avait pas grand chose à redire à la vie publique du Directeur du Mokta.

          C'est Philippe de Cerner qui au nom de sa Société, a offert à la Ville cette plaque de bronze, fondue et gravée dans les ateliers du Mokta, qui est apposée à l'entrée de la rue des Volontaires.
          Sur cette plaque de bronze, inaugurée le 24 avril 1912, par le Gouverneur général Lutaud, scellée contre l'angle de l'immeuble du Crédit Foncier, immeuble où furent justement, jadis, les bureaux de la Direction de la Compagnie du Mokta, sont inscrits les noms des volontaires bônois qui, en 1870, partirent comme francs-tireurs, sous la conduite du Capitaine Génova, au secours de la Mère Patrie en danger.

          Ce ne fut qu'en 1956, que Philippe de Cerner eut sa rue. Elle est dans le quartier de la Ménadia qu'il habita pendant si longtemps.
          La Compagnie du Mokta, on le voit, a été intimement liée à l'essor économique et à la vie publique de notre Ville.
          Elle méritait, certes que fut rappelé le rôle important qu'elle a joué pendant un demi-siècle dans le développement de la Ville de Bône et la prospérité de la région.
          Le journaliste de " La Seybouse " qui prévoyait en janvier 1846, que l'entreprise de M. de Bassano aurait " une portée immense sur l'avenir de la Ville de Bône " ne s'était vraiment pas trompé.


Les anciens Bureaux de la direction du Mokta-el-Hadid à Bône
Au centre du Grand balcon, on voit, sous la hampe, le siège de la Compagnie M.E.H. (Mokta-el-Hadid). Bureau et logement du directeur Philippe de Cerner. Au milieu, la rue des Volontaires.


INOUBLIABLE.
Envoyé par M. Pierre Turrel


J'ignorais combien je t'aimais !
Seul un départ précipité a réveillé
Les forts liens qui nous unissaient.
Ne plus me promener sur le cours Bertagna....
Ne plus me balader sur la corniche....
Ne plus bronzer sur la plage :
Saint-Cloud.. la Caroube.. Toche..
Ne plus prier devant le mausolée familial
Ne plus...                                    
Ne plus...
                        Ne plus penser !... Oublier ?

Et voilà que.. Tout naturellement
Dans notre amicale, depuis 40 ans,
Tu apparais là.. comme avant...
Devant mes yeux hagards, tu défiles.
Seconde après seconde je revis mon enfance,
Seuls les rires de mes nouveaux amis,
Me tirent du songe et de ma rêverie.
Au plus profond de Moi, Tu es là " ma ville "
Je te chérirai, jusqu'au crépuscule de ma vie!

Pierre TURREL

BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 19

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Deuxième Partie
         BÔNE FRANÇAISE

CHAPITRE XIX
Général Lafontaine - Général Randon
        
1841 - 1847

        Quand le général Lafontaine vint prendre le commandement de la subdivision, la tranquillité la plus parfaite régnait sur toute la contrée. Une ère de prospérité commençait, les troupeaux allaient aux pacages en toute sécurité, les marchés étaient fréquentés par une foule de commerçants sans qu'aucune nefra fût à craindre. Malheureusement, une grosse erreur allait ramener le désordre et coûter la vie à plusieurs bons Français.
        Le cercle de l'Edough qui, on l'a vu, relevait directement du général, était administré par un caïd de toute confiance, homme juste et sévère, d'une intégrité rigide qui finit par lui attirer des ennemis.
        Ceux-ci ne reculèrent pas devant la calomnie. Ils prétendirent que le caïd Kermiche vendait à son profit le bois provenant de la forêt de l'Edough, ce en quoi, même si cela était vrai, il n'était répréhensible en rien, puisque la forêt, presque inconnue d'ailleurs, n'avait jamais été remise au service des eaux et forêts.
        Kermiche fut révoqué et emprisonné, on le remplaça par un gendarme maure ; Ben Berkouchi fut nommé à sa place.
        Cet indigène prétendait jouir d'une grande influence sur ses coreligionnaires, en vertu de quoi ? II ne l'a peut-être jamais su lui-même. Toujours était-il qu'il se fit fort de recouvrer l'impôt, si on lui donnait une escorte de 25 spahis et un officier. Oh ! Pas comme sauvegarde, nais simplement pour l'introniser régulièrement.
        Le sous-lieutenant Alleaume prit le commandement de 25 cavaliers réguliers. Le 19 juin, la petite colonne arriva chez les Béni Mohammed et se vit refuser l'orge.
        Le Cheick Zerdoude, nommé Cheick depuis 15 jours seulement, ne paya même pas l'impôt, disant que les tribus n'avaient pas encore versé leur argent, mais que si le lieutenant voulait bien patienter, cela ne tarderait pas.

        La journée du 19 et la matinée du 20 se passèrent en longs et pénibles pourparlers.
        A ce moment, le caïd Ben Berkouchi engagea M. Alleaume à quitter le pays ; le Cheick, au contraire, essaya de lui persuader qu'il n'est pas prudent de quitter des amis tels que lui et sa famille pour aller traverser (les tribus qui ne cachaient pas leur hostilité. Lui-même s'offrait pour l'accompagner le lendemain matin avec toute sa famille.
        M. Alleaume persista à vouloir partir, le Cheick s'approcha alors de lui, lui plaça la main sur l'épaule et lui fit sauter la cervelle d'un coup de pistolet. Les Arabes sortirent alors du bois et tuèrent l'ordonnance du lieutenant et deux cavaliers. Les autres, le caïd en tète, s'enfuirent à pied laissant leurs chevaux qui étaient alors dessellés.

        Le 21 juin, le général apprit cet attentat et fit partir le colonel de Senihles de la légion étrangère avec une colonne de spahis et de Turcs. La colonne ne rencontra personne et rentra à Bône après avoir brûlé quelques mechtas.
        Le caïd Kermiche, échappé de prison, fut reçu par les siens à coups de fusil, le caïd Berkouchi fut éconduit à son tour pour avoir voulu prendre les grains confiés par son prédécesseur aux Sen Iladja. Zerdoude faillit l'arrêter et il dut rentrer précipitamment à Bône.
        Berkouchi, dont la nullité était par trop grande, fut remplacé par le caïd Ben Aiche, des Dreïds, qui fut encore plus mal accueilli que ses prédécesseurs. Fatigué de cet état de choses, le général Bugeaud, gouverneur général, prétexta de la santé du général Lafontaine pour le rappeler et donna l'intérim au colonel de Senihles.
        Cet officier, alarmé des mouvements de troupes tunisiennes, que la perception des impôts avait amenées sur la frontière, partit en observation avec une colonne, de laquelle faisaient partie les 3ème et 4ème escadrons de spahis, sous les ordres du capitaine Rouverol et alla camper chez les Chiabna à la frontière tunisienne.
        Si Zerdoude se mit alors en campagne et à la tête de quelques kabyles, vint razzier jusque sous les murs de la ville. Le colonel revint avec quelques compagnies dont le demi-bataillon turc et rejeta le Cheick révolté dans les montagnes.

        Cela se passait le 17 septembre.
        A cette époque, le commandant Boyer prit le commandement des spahis en remplacement du commandant de Mirbeck, nommé le 15 septembre, lieutenant-colonel au 4ème hussards.
        Le général Randon, nommé à Bône, le 2 septembre 1841, débarqua le 4 octobre. Le 6, les caïds à qui le général avait interdit toutes relations avec l'Edough vinrent le prévenir qu'une attaque se préparait contre la ville ; il n'en fut heureusement rien.
        Voulant en finir avec cette révolte ridicule qui tenait la garnison en haleine depuis six mois, le général Randon fit une colonne dans l'Edough au mois de novembre ; il ne trouva pas Zerdoude. Il fit alors travailler les montagnes par des émissaires et fit promettre le pardon aux cheicks qui, après avoir fait leur soumission, s'engageraient à tenir leurs administrés dans l'obéissance et le respect des lois. Plusieurs cheicks vinrent se rendre à merci, ayant à leur tète le caïd Ben Aïche.
        Le général Négrier, qui avait succédé au général Galbois, dans le commandement de la province, voulait faire parcourir le pays par une colonne. Le général Randon répondit :
        " Je ne crois pas qu'il faille, sans de mûres réflexions, entreprendre une excursion dans la montagne, non pas que je pense qu'il pût en résulter rien de fâcheux pour nos armes, mais parce qu'il y a encore trop d'excitation dans les esprits, trop de gens compromis pour amener les résultats qu'il faudrait en attendre ".
        Toutefois, le général fut obligé de prendre les armes, une fois encore, avant la fin de l'année 1841.
        Le Cheick Si Zerdoude n'avait pas fait sa soumission. Réfugié chez les Béni Mahammed, il rayonnait aux alentours et créait à tout moment des foyers de troubles et de révolte.
        Au mois de décembre, profitant du ramadan, le général sortit de Bône, marcha sur les partisans du Cheick, les dépouilla complètement, mit Zerdoude en fuite et quand les Beni Mahammed vinrent faire leur soumission, il leur enleva leur marché qui fut transporté chez les Khoualed.
        Les Sen Hadja de l'Edough, les Beni Guecha, les Oulad Abd Allah, les Oulad Mihoub, des Beni Salah vinrent demander l'aman à la suite de cette expédition.

        En mai 1842, le général fit une sortie contre les Hanenchas.
        La colonne se groupa à Guelma, elle comprenait 510 zouaves, 540 légionnaires, 250 tirailleurs, 400 spahis, soit, avec l'artillerie et le génie, 1.800 hommes. Le 11, elle remporta un premier succès à Akbet et Trab.
        Arrêté par le mauvais temps, le général chargea le commandant Frémy des zouaves, de faire une reconnaissance, le 14, avec trois compagnies de zouaves, une de tirailleurs et deux escadrons de spahis. Malheureusement, infanterie et cavalerie se séparèrent et les zouaves vinrent tomber dans un groupe de 1.200 Arabes.
        Les Français se rassemblèrent sur une crête, un spahi passant par hasard prévint le général qui accourut au pas de course ; il était à trois lieues. Des 200 zouaves, il restait 140 hommes. La colonne rentra à Bône, le 14 juin.
        Ce fut la dernière expédition des spahis de Bône et du demi-bataillon turc.
        Une ordonnance, du 7 décembre 1841, avait révisé complètement leur organisation.
        Un corps de cavalerie indigène fut créé en Algérie. Ce corps comprenait 20 escadrons, soit 4.000 hommes, et en faisaient partie, les spahis réguliers et irréguliers, les gendarmes maures, les escadrons indigènes de chasseurs d'Afrique. Le corps était placé sous les ordres d'un colonel français ou indigène résidant à Alger. (1)

        Le 28 avril 1812, on créa deux lieutenants-colonels de spahis, résidant à Oran et Constantine et commandant de cavalerie indigène de la province.
        Le colonel Yusuf fut nommé commandant de la cavalerie. Le lieutenant-colonel de Mirbeck, en août 1812, commanda les neuf escadrons de la province de Constantine et le commandant Boyer, les trois escadrons de Bône.

        Le 11 août 1842, le bataillon indigène de Constantine fut organisé, à huit compagnies. Bône reçut les 7ème et 8ème. Le commandant Thomas eut le commandement du bataillon ; les officiers de Bône furent les capitaines Dargent et Vindrios, les lieutenants Van-Hoorich et Duchaine, les sous-lieutenants Soumet et Quenel.
        Les nouvelles troupes n'allèrent pas au feu avant l'année 1843. Ces quelques mois de répit furent employés par le général Randon à réprimer les abus nombreux et à combler les lacunes non moins nombreuses dont Bône était la victime.
        Animé d'un esprit de conciliation et de bienveillance, le général ne pouvait, malgré tout, rien laisser passer qui ne fut dans la droite ligne.
        Disposé à châtier rudement les rebelles, il ne voulut pas non plus que les indigènes fidèles fussent, de la part des fonctionnaires, les victimes de vexations plus ou moins arbitraires.

        II écrivait au sous-directeur de l'intérieur pour la province de Bône :
         " Je n'ai pas besoin de m'appesantir davantage sur les graves inconvénients qui résulteraient de la tolérance d'actes arbitraires commis par des agents de l'autorité dans quelque classe et à quelque hiérarchie du pouvoir qu'ils se trouvent placés.
        "Je ne doute pas que vous ne preniez les mesures les plus énergiques pour les faire cesser ".

        Le général prévoyait pour Bône un grand et bel avenir :
         " J'apprécie tout ce que cette province renferme de prospérité pour l'avenir et je consacrerai volontiers tous mes efforts pour la développer. Je regarde la province de Constantine et de Bône comme devant sauver la question d'occupation ".

        Malheureusement, ses sous-ordres n'étaient pas animés du même esprit pratique ; aussi plusieurs fois se heurta-t-il à des difficultés qui n'auraient pas dû se présenter. Le sous-directeur de l'intérieur en particulier, décida, des expropriations sans doute très utiles ; mais faute de prévoyance, nombre de familles se trouvèrent sans abri. Le général provoqua un arrêté du gouverneur général d'après lequel les expropriations n'eurent plus lieu qu'en cas de nécessité absolue.
        Le général Randon reprit les idées du général d'Uzer et fit créer par les corps des jardins et des pépinières, (2) oeuvres dont parle Alexandre Dumas dans le récit de sa croisière à bord de la Couronne, en 1842.
        Un hôtel fut élevé pour la subdivision ; un fondouk fut créé sur le marché à l'emplacement de l'ancienne vieille caserne de cavalerie qui tombait en ruines.
        Le 17 janvier 1842, le capitaine du génie Guilmot ouvrit une route dans l'Edough. Le 18 avril, elle arrivait au Bou Zizi ; le 14 mai, elle était complètement terminée. Les 19 kilomètres de cette route, faits par 1.000 hommes du 10" d'artillerie, du 5ème génie, du 3ème léger et des zouaves ne coûtèrent que 10.000 francs. L'idée de cette route était venue au général à la suite de sa colonne de novembre 1841 (3).
        Peu après, le général fit une sortie contre les Oulad Dhan qui n'avaient pas payé l'impôt. Il tua un Arabe de sa main.
        Vers la fin de cette même année, le bruit du changement du général ayant couru, un Bônois adressa au journal la Phalange, le 30 octobre 1812, l'article suivant :
        " Depuis six ans que je réside ici, nous avons eu quatre généraux et cieux intérimaires. Comment se l'ait-il que les manifestations de regrets qui éclatent de toute part n'aient pas eu lieu au départ des cinq prédécesseurs de M. Randon ? Pourquoi demandons-nous avec tant d'instances de le conserver pour commandant de notre province ? Vous comprendrez aisément quand vous saurez ce que M. Randon a fait en Algérie.
        " Lorsqu'il n'était encore que colonel du 2ème chasseurs d'Afrique, M. Randon su faire prospérer la ferme de son régiment et porter au plus haut degré l'ardeur de ses hommes pour les travaux agricoles. Il les avait associés dans les résultats et, pour soutenir leur zèle, il était toujours au milieu d'eux, surveillant leurs travaux et les encourageant par des paroles amicales et affectueuses. L'exemple du chef était imité par les autres officiers, le ton fut bientôt à l'ardeur, pour le travail et la bienveillance pour les travailleurs.
        " Nominé maréchal de camp et appelé au commandement de la subdivision de Bône, M. Randon s'appliqua d'abord à choisir parmi les terres domaniales, celles qui pouvaient convenir le mieux à de grandes cultures. L'Allélick, situé à six kilomètres environ de Bône, fut choisi.
        " Des charrues, des herses furent confectionnées comme par enchantement et en moins de deux mois, nos soldats devinrent laboureurs sans cesser pour cela de remplir leurs devoirs militaires.
        " Une partie de l'Allélick était couverte de broussailles, ces broussailles furent enlevées ; on en fit des fagots que l'administration acheta pour chauffer des fours ce qui lui permit de faire cure économie de deux tiers pour la dépense du bois.
        " Cette première opération augmenta la valeur du terrain et assura une recette de fourrage plus abondante et plus facile à enlever. Les soldats étaient heureux de leur situation d'un côté, ils retiraient de leur travail un bénéfice, une haute paye de l'autre côté, ils se conciliaient l'affection de leur chef qui se faisait un plaisir et un devoir de leur manifester hautement sa satisfaction.
        " L'activité du général Randon ne s'arrêta pas. Il n'avait pas tardé à reconnaître que nos montagnes de l'Edough renfermaient un trésor. Il résolut de l'y aller chercher. Une reconnaissance fut faite avec soin ; un tracé de route fut ensuite arrêté et toutes les mesures étant prises pour assurer le succès de l'entreprise, un beau matin, on vit partir musique et colonel en tête, mille hommes de toutes armes s'élancer à la conquête... d'une forêt qui jusqu'alors avait paru inaccessible, même aux piétons. C'était comme un jour de grande fête ; l'entrain était général, le chef avait communiqué son ardeur à tous ses hommes.
        " Plusieurs ateliers ou champs de manoeuvres furent formés ; des groupes furent opposés à d'autres groupes et la rivalité, ainsi établie, les travaux les plus gigantesques ne furent plus qu'un jeu à nos soldats excités par les liens affectueux qui les unissaient à leurs officiers et à leur digne général. Vous ne sauriez vous faire une idée des heureux effets de cet accord, malheureusement si rare dans les armées, du soldat avec tous ses chefs ; c'était vraiment merveilleux.
        " L'élan étant donné, le ton, comme je vous l'ai dit, était au travail, à l'ardeur et aux rapports affectueux.
        " L'impulsion venait du sommet de la hiérarchie ; chacun était à son poste, rivalisant de zèle et d'adresse, la pioche et la barre résonnaient de tous côtés et les Kabyles étaient saisis de frayeur et d'admiration en nous voyant ouvrir à notre artillerie, un passage dans leurs rochers qu'ils avaient cru inaccessibles.
        " En moins de 60 jours, 19.000 mètres de route ont été achevés sur les flancs et jusque sur le sommet de la montagne. Grâce à ces travaux, une forêt qui couvre une superficie de 40 kilomètres, pourra désormais fournir du bois de construction en abondance. Un chêne, apporté à Bône par la première prolonge, n'a pas moins de 90 centimètres d'équarrissage ; on peut le voir encore à l'atelier du génie où il est exposé aux regards des curieux.
        " Ces 19.000 mètres de route n'ont occasionnés qu'une dépense de 10.000 francs. Maintenant que le général Randon a montré ce qu'on pouvait accomplir, espérons que le gouvernement lui-même recommandera à tous ses délégués l'exemple donné par ce général.
        " Ce qu'il vient de faire en 14 mois et avec un effectif moindre que celui dont ses prédécesseurs disposaient de 1837 à 1840, ne devrait-il pas ouvrir les yeux aux aveugles ?
        " Si on nous donnait 4.000 hommes, si on en mettait 2.600 à Guelma et si on nous laissait le général Randon, d'ici un an, nous aurions trois routes importantes : celle de La Calle, celle d'El Arrondi, celle de Guelma et de plus, nous aurions des terres cultivées qui suffiraient à la nourriture de notre effectif.
        " En signe de reconnaissance pour les services que le général Randon nous a rendus, nous avons donné son nom à la route de l'Edough et si, malgré le voeu unanime de la population de Bône, notre brave commandant nous est enlevé, nos souvenirs et nos regrets suivront par tout l'homme habile à qui notes devons tout ".

        La fin de l'année 1842 vit une cérémonie qui, étant donnée la situation religieuse du général Randon, est d'autant plus intéressante.
        Le général était protestant mais, éclairé par son patriotisme, il comprenait comme son illustre coreligionnaire Guizot, qu'en Algérie comme en Orient, le catholicisme, c'est la France. Aussi le général protestant favorisait-il l'apostolat catholique. Pendant son commandement, des fêtes magnifiques eurent lieu à Bône, l'ancienne Hippone pour la translation des reliques de son illustre évêque, Saint Augustin. (4)
        On se rappelle que Saint Augustin avait été transporté à Pavie au VIIIème siècle et confié à la garde de religieux dont les derniers furent appelés chanoines réguliers et ermites de Saint Augustin.

        Le 24 mars 1842, Monseigneur Dupuch, évêque d'Alger, alla prier sur le tombeau de son prédécesseur à l'église d'Algérie. A la suite de ce voyage, il eut l'idée de faire transporter une partie des reliques à Hippone. Mais au XIème siècle, un concile tenu à Pavie avait défendu sous peine d'excommunication, de toucher au corps du grand docteur sans un bref spécial du souverain Pontife. La châsse avait même été murée dans une chapelle. Elle y était un peu oubliée lorsqu'elle fut découverte par des maçons effectuant des réparations, le 1er octobre 1695. Monseigneur Dupuch fit les démarches nécessaires auprès de Grégoire XVI, de l'évêque de Pavie, du chapitre de cette église, des podestats administrateurs civils. Ces efforts furent couronnés de succès et les 8 et 20 juillet, des brefs leur furent adressés, réglant jusqu'aux moindres détails de la cérémonie.
        Un autel de marbre blanc, surmonté d'une statue très fine et très jolie de Saint Augustin, coulée avec le bronze de canons turcs fut dressé à Hippone par les soins des évêques de France, sur un terrain offert par M. Aillaud, propriétaire qui, en remerciement, reçut du pape l'Ordre de l'Eperon d'Or, une châsse magnifique fut offerte par l'armée d'Afrique.
        Monseigneur Dupuch écrivait lui-même :
         " Ne voyez-vous pas, couronnée de guirlandes et de fleurs, la châsse étincelante d'or et de pierreries don magnifique des mains victorieuses de vos guerriers ".

        Le 12 octobre, l'évêque d'Alger reçut solennellement des mains de Monseigneur Tossi, ruina du bras droit de Saint-Augustin. Il offrit en reconnaissance son anneau pastoral et une mosaïque à sujet prise à Hippone, du côté de Sidi-Brahim et qui provenait probablement de la chapelle des vingt martyrs. Elle fut placée, à Pavie, dans la chapelle du tombeau.

        Le 25 octobre, à dix heures du matin, la relique fut transportée à Toulon sur la corvette à vapeur Le Gassendi, saluée par les cloches de la ville et les canons des forts et de la rade. Quatre heures plus tard, Le Gassendi leva l'ancre, escorté du Ténare, paquebot-poste également à vapeur. Un grippement s'était produit dans la machine du premier de ces bâtiments et Monseigneur Dupuch se souvenant de la légende de Luitprand, fit, dit-on, le voeu d'élever une basilique à Saint Augustin. Quoiqu'il en fût, ce retard empêcha de faire escale, comme on l'avait projeté, à Cagliari, pour saluer la basilique de Saint Saturnin, deuxième tombeau du Saint.
        Les deux navires emmenaient avec eux six évêques de France : ceux de Bordeaux, de Chalons, de Marseille, de Digne, de Vesoul et de Nevers.

        Le 28, l'artillerie de la Casbah salua la division navale qui mouilla dans la baie des Caroubiers, à un quart d'heure du rivage et mit ses canots à la mer.

        Le 30, eut lieu la grande cérémonie à laquelle assistaient le général Baraguey d'Hilliers, commandant la province et le général Randon. La relique fut transportée à l'église de Bône (5). Le Gassendi et le Ténare mirent à la voile, à deux heures de l'après-midi, ralliant Alger.

        Le 1er janvier 1843 vit la première application de l'arrêté du 28 juillet 1842 sur les octrois de terre. Des bureaux furent créés aux portes de Constantine et de Damrémont les autres portes furent interdites aux marchandises taxées.

        L'année 1843 vit se rouvrir l'ère des hostilités. En février, le général Baraguay d'Hilliers décida une expédition contre Ies Zerdeza qui avaient donné asile à Zerdoude. Quatre colonnes partirent de Constantine, de Bône, de Philippeville et de Guelma. Le colonel de Senilhes commandait celle de Bône ; il fit sa jonction avec le général Baraguay d'Hilliers et, après avoir soumis les Oulad Lakal, il rentra à Bône, le 25 février.
        Le 26, la colonne ressortit sous les ordres du général commandant la province : elle comprenait le bataillon indigène en entier et les spahis. Le 4 mars, la colonne était campée à Ain Abd-Allah ; elle fut dirigée sur le marabout de Sidi Acadie, près de la Pointe de Fer.
        Attaqués par la 5ème compagnie de tirailleurs, les Kabyles s'enfuirent puis revinrent avec des démonstrations pacifiques et remirent leurs drapeaux au capitaine de la compagnie. A ce moment, des coups de fusil éclatèrent et un homme tomba pro du général, celui-ci commanda le feu et presque tous les Kabyles furent tués. Mais Zerdoude avait échappé.
        Quelques jours plus tard, il fut enveloppé par les spahis de Philippeville et tué d'un coup de feu par le spahi Saad ben Salah. Mais aucun indigène ne voulut lui couper la tête. Ce fut un Turc, Amar ben Abdallah, qui se chargea de l'opération et rapporta son trophée au camp. La colonne de Philippeville rentra le 5 mars ; celle de Bône, le 6 mars.
        Voici en quels termes le comte d'Hérisson raconte cette mort dans la "Chasse à l'homme"
         " Au mois de mars 1843, dans les montagnes de l'Edough, province de Constantine, Si Zerdoude, pris par lui (le colonel de Montagnac) avait été fusillé immédiatement. Il lui avait fait couper la tête et le poignet gauche et il était rentré à son camp, la tête piquée au bout d'une baïonnette et le poignet gauche accroché à la baguette d'un fusil ".
        D'autres détails sont donnés par le capitaine de Neveu dans les Ordres religieux chez les musulmans d'Algérie " (1846).

        Zerdoude était un habitant des environs du lac Fetzara, près de Bône, qui, tout à coup, essaya de se faire passer pour marabout. Il assurait avoir reçu de Dieu, une mission contre les chrétiens. Il débuta, dans la voie de la révolte, par l'assassinat qu'il commit, de sa propre main, sur le lieutenant Alleaume, envoyé dans la tribu de Zerdoude pour percevoir les impôts. Il vint plus tard, en 1842, attaquer le camp d'El Arrouch, mais la belle et énergique résistance du colonel Lebreton, du 22ème de ligne, qui commandait alors ce poste, l'obligea à se retirer et à abandonner un grand nombre de morts.
         " En 1843, Zerdoude voulut encore lutter contre M. le général Baraguay d'Hilliers, dans son expédition des Zerdeza et du Cap de Fer ; il fut vaincu et forcé de chercher son salut dans la fuite, puis enfin tué en combattant une petite colonne commandée par le colonel Montagnac qui vient de périr à Djema Ghazaouat. La tête de Zerdoude resta trois jours exposée sur la place du marché de Constantine pour servir de leçon à ceux qui seraient tentés d'imiter son exemple. "

        Avant de reprendre les opérations militaires de la garnison de Bône, disons un mot de son administration.
        A Bône, l'administration municipale était confiée au sous-intendant civil et au commissaire de police. La vie municipale n'existait pas ; les intérêts locaux, encore peu développés, ne réclamaient pas de représentation indépendante. En 1834, des corps municipaux furent créés dans les trois villes d'Alger, d'Oran et de Bône. Ils furent renouvelés pour la dernière fois, en 1837, à Oran et à Bône entre autres villes. Une ordonnance du 15 avril 1845, sur l'administration générale de l'Algérie définissait ainsi les attributions des maires et de leurs adjoints :
         " Les maires remplissent, sous les ordres des autorités civiles, les fonctions d'officiers de l'état civil et de police judiciaire. Ils sont, pour leur commune des délégués et agents directs de l'administration pour l'exécution des mesures relatives à l'ordre et à la sécurité publique et à la police municipale " (6).
        A l'époque, qui nous occupe, le maire de Bône était M. Fissont (Maurice-Antoine-Benoit), ancien secrétaire de l'intendance civile d'Alger, nommé maire, le 29 janvier 1843, en remplacement de M. Pépin.
        Mais je reviens à l'histoire militaire de la ville. Le 20 mai, trois colonnes convergentes partirent de Constantine, Bône et Guelma pour aller réduire le Cheick El Hasnaoui, des Hanenchas. Celle de Bône était commandée par le colonel de Senihles ; elle rentra sans avoir atteint le Cheick qui s'était enfui en Tunisie.
        Forte de 3.000 fantassins, cette colonne attaqua les Hanenchas par le nord. Les spahis eurent à deux reprises, le 27 mai et le 31 mai, l'occasion de combattre à pied à la dragon ; les deux fois, il eurent plein succès mais ils perdirent le maréchal des logis chef Masset, le maréchal des logis Ali ben Douidi et deux cavaliers.

        Le 13 juin, la foudre tomba sur le camp, tua un brigadier, blessa huit hommes et renversa 40 chevaux.

        Le 15, le capitaine Rouverol, duquel j'ai déjà parlé plusieurs fois, fut tué à la tête du 3ème escadron.
        La colonne rentra à Bône le 7 juillet, après avoir razzié les Oulad Messaoud, les Oulad Beschia et plusieurs autres fractions des Hanenchas.
        A la fin d'août, les 7ème et 8ème compagnies de tirailleurs, l'ancien bataillon turc, qui avaient jusqu'alors fait colonne avec le bataillon indigène, rentrèrent à Bône, leur garnison habituelle.
        Les troupes de Bône pendant cette année, avaient pris part à plusieurs opérations ; de son côté, le général Randon ne restait pas inactif ; il représentait le gouvernement français auprès du gouvernement tunisien.
        Un camp de 3.000 hommes avait été installé sur la frontière tunisienne en octobre, novembre et décembre. Le général y séjourna lui-même pendant deux mois. Au mois d'avril 1844, à la tête de 2.500 hommes, il visita le sud-est de la province pour fixer la frontière. Cette opération lui valut la cravate de commandeur le 30 juin 1844.

        Le 3 juillet, la forêt de l'Edough (7) qui avait été, on s'en souvient, la cause de la révocation du caïd Kermiche, fut remise à l'Etat. M. Renou, sous-inspecteur des forêts qui avait accompagné le général, se fit emmener par son cheval au retour et alla se briser la tête dans un ravin.
        Peu de temps après, le général passa chez les Beni Salah et exigea la livraison des assassins du capitaine Saget. Dans la matinée du 25 août, la tête de Mohammed ben Gouem était exposée sur le marché et un crieur répétait d'heure en heure :
         " La tête qui est sur le poteau est celle de Mohammed ben Gouem, l'un des assassins du capitaine Saget et du caïd Mahmoud. La justice de Dieu est accomplie, ses frères eux-mêmes en ont été les instruments : que ceux qui voudraient les imiter s'assurent que c'est bien la tête de Mohammed ben Gouem, et Dieu fera le reste ".
        Au mois de septembre, le duc d'Aumale qui, depuis le mois de décembre exerçait le commandement de la province, manifesta le désir de la visiter.
        Il allait, au lieu de la Bône de 1832, trouver une ville complètement transformée.
        La vie y était facile et peu coûteuse ; on y trouvait même un bien-être relatif que n'offraient pas beaucoup de villes de province en France, à cette époque.
        La propriété urbaine était très recherchée, le crédit s'était consolidé. L'abondance de numéraire avait fait descendre l'intérêt de l'argent dans les transactions privées à un taux rapproché du taux légal.
        La ville offrait, à cette époque, des rues larges et carrossables ; d'élégantes et solides constructions s'y élevaient de toutes parts. Le génie militaire et l'administration civile y poursuivaient l'exécution d'importants travaux et d'établissements d'utilité publique.
        La sous-direction de l'intérieur s'occupait de l'agrandissement de la cité ; le projet d'une nouvelle enceinte avait été dressé ; la casbah, réfectionnée en 1843, était réunie à la ville par une belle route en lacets.
        La vieille agglomération ne pouvait plus suffire à la population qui s'augmentait sans cesse. Chaque hectare de superficie y comptait 500 habitants.
        Il se vendait sur le marché, au moment des céréales, près de 14.000 francs de marchandises par jour. En 1843, il y avait eu, dans Bône, une importation de 280.000 hectolitres de blé indigène alors que dans toute l'Algérie, il n'y avait eu que 400.000 hectolitres. Un moulin à vapeur avait été créé.
        Des compagnies de soldats bûcherons avaient été formées dans les cercles de l'Edough et de La Calle, pour l'exploitation des forêts (8).
        Le tabac et la vigne, importés par M. Moreau, donnaient de belles espérances ; ce même M. Moreau, aidé de M. de Canteloube, fit des tentatives de sériciculture qui réussirent parfaitement. L'administration avait essayé du coton. MM. l'Ingénieur Fournel et Elie de Montgolfier faisaient des études pour exploiter les mines de fer des environs. Des briqueteries fonctionnaient parfaitement, des carrières de marbres étaient de bon rendement au fort Génois. Une société d'agriculture venait de se créer.

        Le 18 septembre, le duc d'Aumale fit, à quatre heures et quart, son entrée dans la ville par la rue de Constantine, la place d'Armes, la rue Suffren et la rue Fréart.
        Le général Randon était allé le saluer au défilé des Karézas avec un escadron de spahis. Les autorités civiles et militaires s'étaient portées au moulin Labaille (rue Prosper-Dubourg) précédées par un piquet de voltigeurs. Les tirailleurs indigènes formaient la haie le long du marché arabe ; la Légion étrangère (9), l'artillerie et le génie étaient menés sur la place d'Armes ; un piquet de cent hommes de la milice (10) rendait les honneurs sur la place du commerce (place Faidherbe), en face de la subdivision où descendit le prince. Celui-ci reçut de suite les autorités.

        Le 19, après avoir visité Hippone, il reçut la société d'agriculture dont il accepta le patronage et remit des récompenses, entre autres une épée d'honneur à Si El Hadj Ali ben Maïza, de famille maraboutique, (11) père de l'agha Tahar, ancien adjoint indigène de Bône et commandeur de la Légion d'honneur, puis il se rendit à trois heures sur la place d'Armes, pour poser la première pierre d'une fort jolie fontaine. Il déposa dans les fondations une plaque de cuivre avec les indications suivantes :

Le 19 Septembre 1844
S. A. R. MONSEIGNEUR LE DUC D'AUMALE
a posé à Bône
la première pierre de cette fontaine
en présence de MM.
RANDON, Maréchal de Camp, Commandant la Subdivision
DE SANTEUIL, S' Directeur de l'Intérieur
LABORIE, Ingénieur des Ponts et Chaussées

        M. de Santeuil (12) adressa au prince, le discours suivant :
         " Monseigneur,
        " Le modeste mouvement dont votre Altesse Royale daigne aujourd'hui poser la première pierre est le premier qui soit élevé dans la ville de Bône.
        Jusqu'à présent, l'administration des ponts et chaussées, seule chargée de toutes les constructions civiles, s'était appliquée à satisfaire les besoins d'une nécessité plus immédiate encore. Aussi, les travaux d'assainissement de la plaine, commencés par le génie militaire, ont été continués ; des canaux souterrains ont été établis pour l'écoulement des eaux ; de nombreuses plantations ont été faites enfin, en ce moment, on pose des conduites qui partant d'un point élevé, distribueront l'eau dans toutes les parties de la ville et la feront jaillir au milieu de cette place.
        " Malgré tout ce qui a été fait, il reste encore à exécuter bien des travaux indispensables dans cette ville où tout était à faire.
        "Bône aspire à reculer ses murailles son enceinte actuelle est trop étroite pour sa population; nous n'avons point d'église et presque tous les services administratifs occupent des logements incommodes au prix d'un cher loyer.
        " La population qui nous entoure, en voyant le Fils du Roi s'arrêter et venir, au milieu des ouvriers qui doivent la terminer, poser la première pierre de cette fontaine, a déjà dans sa pensée, décoré de votre nom ce simple monument qui rappellera à jamais aux habitants de Bône les heureuses journées où ils auront pu prouver à votre Altesse Royale leur dévouement et leur respect. "

        Le réservoir dont parlait M. de Santeuil était le château d'eau qui était situé dans la rue d'Armandy, à côté des bureaux des Ponts et chaussées.
        M. de Santeuil faisait une légère erreur en disant que la fontaine était le premier monument élevé à Bône, car, en 1842, fut dressé, comme on le sait déjà, l'autel qui porta le nom de tombeau de saint Augustin, monument dressé, il est vrai, par des particuliers.

        Le 21, le duc d'Aumale, précédée d'une nouba, monta à l'Edough, où il fut reçu par le lieutenant du train des équipages Marchand, commandant de la compagnie de bûcherons ; il déjeuna près de la source qui fut dénommée de ce fait : Fontaine du Prince.
        Peu après, le duc fut remplacé par le général Bedeau.

        Le 5 novembre 1844, eut lieu sur le terrain de manoeuvres, la première exécution militaire d'un soldat arabe. Le spahi Lackdar ben Ali, condamné pour vol et assassinat mourut avec le plus grand courage en proclamant que son châtiment était juste.

        Le 15 décembre, un drapeau fut remis par le général au 2ème Régiment Etranger.

        L'année 1845 s'écoula paisible pour la province.
        On créa le centre de Gahmoussia à Bou Zrroura ; on lui donna 800 hectares pour 52 feux et le nom du général d'Uzer (Duzerville).

        Le 12 février 1845, le périmètre du tribunal de Bône fut déterminé (13). A cette époque, le président était M. Gazan de la Peyrières ; le procureur, M. Pinson de Ménerville.
        Le même jour, un arrêté avait fixé l'étendue et les limites de l'arrondissement administratif et l'on parla de la création d'un port (14). Ce port s'imposait depuis quelque temps par suite de l'exploitation des mines de fer.
        En 1844, on l'a vu, MM. Fournel et de Montgolfier avaient fait des études dans ce sens.
        En 1845, les concessions furent données à M. de Bassano, pour le Bou-Hamra, et à M. Talabot, pour Aïn-Mokra ; les habitants de Bône avaient demandé qu'on leur laissât quelques actions ; en quelques jours, les listes montèrent à 35.000 francs.
        Quelque temps après les arrêtés précédents, le ministre de la guerre en prit un troisième déterminant le périmètre de culture ; mais les bras manquaient et la main-d'oeuvre était trop élevée ; le ministre créa des dépôts d'ouvriers à Bône, Philippeville et Oran.
        Au mois de juin, M. Dupin, inspecteur de la voierie, exposa, dans une salle de la mairie, un plan de la ville avec le projet d'une nouvelle cité.

        Le 21 juillet 1845, la cavalerie indigène fut supprimée et remplacée par trois régiments de spahis. Les spahis étaient tous engagés et devaient avoir 18 ans.

        Le 1er octobre 1845, le général Galbois, inspecteur général de la cavalerie d'Afrique, après avoir inspecté les détachements de Sétif, Constantine, Guelma et Bône, déclara dissous les neuf escadrons de la province et forma le 3ème Spahis en reconnaissant, à Bône, le colonel Bouscarein, comme chef du nouveau corps.
        Le régiment eut six escadrons ; les 4ème et 5ème escadrons restèrent à Bône, avec deux pelotons du 5ème à La Calle.

        Au mois d'octobre, la tranquillité fut un peu troublée ; Belkassem ben Yacoub, notre allié depuis 1836 et auparavant notre plus farouche ennemi, avait été jusqu'alors le modèle des caïds.
        Dans un accès de jalousie, il poignarda, le 12, une de ses femmes nommée Zorah bent El Bel et fut destitué. On le remplaça par un Maure, Mohammed Ali Karesi, (15) homme très civilisé et très avancé dans les idées françaises. Il avait créé un établissement agricole entièrement européen et avait été fait Chevalier de la Légion d'honneur cette même année à la suite de ce fait.

        En 1846, tout était pour le mieux. Guelma s'étendait tous les jours. La Calle faisait le commerce des lièges, l'Edough, découpé à jour par les routes, était une vaste exploitation forestière.
        Au Mokta-El-Hadid, la compagnie Talabot avait créé près de la Seybouse, une fonderie à l'européenne où elle travaillait le minerai de la montagne c'est l'usine située à trois kilomètres de Bône.
        Les Beni Salah eux-mêmes restaient tranquilles.
        Les Hanenchas, sous le gouvernement de Mohammed Salah, aidé des conseils de son oncle Resgui, avaient oublié El Hasnaoui et ses agitations.
        Seuls les Hanenchas restaient insoumis.
        El Hasnaoui était venu dans le sud-est et agitait les tribus de Tébessa.
        Le général Randon partit de Bône, le 16 mai, avec trois bataillons d'infanterie (légion étrangère et 31ème de ligne), deux pièces de montagne, deux escadrons du 5ème hussards, les 4ème et 5ème escadrons du 3ème spahis et une fraction du 6ème ; la cavalerie était sous les ordres du lieutenant-colonel Boyer.

        Du 17 au 30 mai, ce fut une promenade militaire ; la colonne arriva à Tébessa d'où le général se proposait de poursuivre El Hasnaoui. Un incident regrettable vint déranger ses projets.
        Le général dit dans son rapport :
         " Jusque-là tout allait bien ; la colonne n'avait point été inquiétée et la grande tribu des Oulad Yaya ben Thaleb, caïd en tête, vint se ranger sur le passage du général, poussant de joyeux cris et apportant à nos soldats une diffa d'orge et de couscoussou.
        "Charmé de cet accueil, le général établit son bivouac sous les murs de Tébessa, d'où il comptait partir pour entrer sur le territoire des Nemenchas.
        " Il savait que le chérif était chez eux et espérait le surprendre par une marche rapide qui, en le coupant de la frontière, l'eut rejeté dans la subdivision de Batna où l'on était sur ses gardes, Or, le pays des Nemenchas passait alors pour très difficile à parcourir ; on le disait privé de bois et d'eau on ne pouvait donc le traverser qu'avec des troupes alertés.
        " Le général, afin d'alléger sa colonne, renvoya à Bône ses malades ou éclopés et quelques officiers et soldats qui, " ayant fini leur temps " demandaient à rentrer en France. Ils étaient au nombre de cent et quelques ; un jeune sous-aide major était chargé de donner en route les soins aux malades. Quelques spahis parurent suffisants pour escorter le convoi en pays ami ; d'ailleurs, le caïd des Oulad Yaya ben Thaleb devait le conduire lui-même jusqu'aux limites de sa tribu, puis le confier au caïd de la tribu voisine et ainsi de suite jusqu'à Guelma. Tous se quittèrent pleins de confiance, ceux qui partaient comme ceux qui restaient.
        " Le lendemain matin, au petit jour, un homme entièrement nu se jetait dans une grande garde de la légion, couvert de sang, prononçant des paroles inintelligibles dans lesquelles revenaient souvent les mots " spahis... morto !... morto !.. "
        " Conduit à la tente du général. il fut reconnu pour un des spahis de l'escorte du convoi dirigé la veille sur Bône. D'après son dire, ils avaient été inopinément attaqués pendant une halte chez les Oulad Yaya et massacrés. Lui seul, pensait-il, avait échappé au carnage et à une poursuite acharnée, en jetant derrière lui, burnous, turban, zaroual et en se glissant dans les broussailles malgré de nombreuses blessures. Quelques instants après, le caïd des Oulad Yaya ben Thaleb, si Mohammed Tahar se précipitait aux genoux du général et, d'une voix brisée par les sanglots, répétait sans cesse qu'il avait été trahi par les siens, qu'il ne voulait pas être le complice d'un pareil attentat et que ne pouvant le racheter que par son sang, il apportait sa tête. Le. général ne perdit pas de temps en récriminations vaines ; il obtint sans peine du caïd qu'il dirigerait lui-même l'expédition contre sa tribu et, levant son camp, il lança sa cavalerie pour atteindre au plus vite le théâtre de cet affreux attentat.
        " Peut-être serait-il possible de sauver quelques blessés et de reprendre quelques prisonniers. Mais arrivé sur le lieu du massacre plus d'espoir. Du nombreux campement des Oulad Yaya, il ne restait plus trace ; un hideux charnier, que se disputaient déjà les chacals et les vautours, lui avait succédé. Il était facile de reconstituer, par l'imagination, les péripéties de cet horrible drame. Ici, les cadavres étaient amoncelés, c'étaient ceux des malades surpris sans défense. Ailleurs, la terre piétinée attestait les efforts de quelques combattants armés. Partout, du sang, des débris ; au loin quelques corps isolés, ceux d'hommes qui avaient succombé après avoir essayé de fuir. Le récit du spahi survivant était confirmé ; il ne restait plus qu'à tirer vengeance de cette odieuse trahison ".

        Le sous-lieutenant Amaroui, du 3ème spahis, qui commandait l'escorte, avait opposé une résistance désespérée. Pendant trois lieues, il repoussa les attaques. A la fin, il ne lui restait qu'un spahi, son cheval fut tué et l'officier tomba entre les mains des Arabes.
        Le spahi et le caïd portèrent la nouvelle à Tébessa.

        Le 2 juin, le général partit pour le Rassata où une reconnaissance de la cavalerie avait découvert l'ennemi. La marche fut pénible ; la colonne fut attaquée continuellement par les Oulad Yaya et par les Nemenchas. Les spahis, soutenus par un bataillon de la légion, enlevèrent les pentes du Rassata.

        Le maréchal Randon écrit dans ses Mémoires :
         " Pour de la cavalerie, arriver là était un véritable tour de force ; elle y monta cependant, au milieu d'une forte fusillade des fantassins ".

        A peine sur le plateau, ils aperçurent à droite les Ouled Yaya qui cherchaient à faire fuir leurs troupeaux. Par une conversation à droite, ils tombèrent sur l'ennemi, sabrèrent les cavaliers, enlevèrent 400 chameaux chargés, trouèrent les fantassins du douar et laissèrent derrière eux 200 cadavres.
        L'infanterie, pendant ce temps, enlevait tous les troupeaux.

        Le 3, le camp du Rassata fut attaqué par 400 cavaliers et autant de fantassins des Fraichich et autres tribus tunisiennes. Les 5ème et 6ème escadrons du 3ème spahis culbutèrent les cavaliers, puis le capitaine Leroux, avec le 6ème escadron, conversa à gauche bouscula les fantassins puis les poursuivit de son feu.
        Le général Randon leva une contribution de guerre et se fit livrer cinq des individus désignés comme principaux instigateurs du meurtre du 1er juin.
        Le général, avant d'attaquer les Tunisiens et les Nemenchas, se replia chez les Hanenchas et demanda du renfort au général Bedeau, qui lui envoya le 2ème de ligne, des chasseurs, des spahis et de l'artillerie. Après avoir constitué son armée à M'Daourouch, le général marcha sur l'Est à travers un pays absolument abandonné à première vue, mais où il était surveillé de près ; toutes les nuits, ses sentinelles recevaient des coups de fusil.

        Le 19 juin, la colonne était campée en carré couverte de trois côtés par la montagne, la quatrième face ouverte sur une plaine en éventail.
        A midi, les crêtes se couronnèrent de fantassins pendant que la plaine se peuplait de cavaliers. Il y avait, tant fantassins que cavaliers, un millier d'Arabes sous les ordres d'El Hasnaoui.
        Six cents cavaliers, hussards, chasseurs et spahis s'élancèrent à la charge ; l'infanterie disparut mais la cavalerie arabe fut rejetée sur nos baïonnettes.
         " Les fantassins n'osaient faire le feu de peur de tuer nos cavaliers pêle-mêle avec leurs adversaires ". (16)

        Gérard, le tueur de lions, maréchal des logis des spahis, abattit deux cavaliers de sa main. Deux Arabes fuyaient devant lui ; il tua le premier d'un coup de pointe, rejoignit le second, essuya son coup de fusil et le jeta à bas d'un coup de sabre.
        La poursuite se fit pendant sept heures et se termina en territoire tunisien. Elle faillit nous coûter cher, car les spahis furent attaqués par les fantassins réfugiés dans la montagne. Les cavaliers mirent pied à terre et, dans le corps à corps, faute de baïonnette, ils frappèrent à coups de crosse de carabine. Après la soumission des Nemenchas, la colonne rentra à Bône, les 16 et 17 juillet.

        Le général Randon reprit ses projets de colonisation ; le général Bugeaud disait de lui :
         " Laissons faire Randon dans son pachalick de Bône ", la famille du général disait en parlant de Bône :
         " sa fille aînée ". Il quitta la ville au mois de septembre pour aller passer l'inspection du 3ème chasseurs d'Afrique, en délégation du général Létang, inspecteur de cavalerie pour les provinces d'Alger et de Constantine.
        Le général Bedeau résolut de soumettre définitivement les Nemenchas ; il forma trois colonnes à Batna, à Biskra et à Bône. Celle de Bône, sous le commandement du colonel de Senihles, se concentra à Guelma ; le colonel emmenait avec lui le colonel Bouscarein, commandant les 4ème et 6ème escadrons de son régiment et deux escadrons du 5ème hussards.

        La colonne partit le 25 mars pour Tébessa, arriva à quelques lieues de Négrine et rentra à Tiffeeh, où elle resta jusqu'au 28 juin.

        Pendant ce séjour, le colonel Bouscarein razzia complètement les Mahalla, le 21 juin.

        La colonne rentra le 20 juillet, après avoir parcouru les territoires des Hanenchas et des Beni Messaoud.
        Pendant cette expédition, le général Bedeau vint dans les environs de Bône. Le 20 août, à la tête d'une colonne précédée des 3ème et 4ème escadrons du 3ème chasseurs d'Afrique, sous les ordres du capitaine d'Ambry, il partit pour châtier les meurtriers d'un caïd tué dans sa tribu, dans tes environs de Bône. Cette expédition se fit très vite et sans incident digne d'intérêt.

        Le colonel de Senihles trouva, en rentrant, sa nomination de commandant supérieur, en remplacement du général Randon qui, nommé lieutenant-général, le 26 avril 1847, s'était embarqué le 7 juillet, accompagné de la population entière.

(1) Les emplois d'officier supérieur, capitaine-commandant et officier comptable étaient réservés aux Français; la moitié des autres emplois étaient accordés aux indigènes, ces derniers ne pouvaient être admis à des emplois plus élevés que s'ils le méritaient par la distinction de leurs services.
Les officiers français concouraient pour l'avancement avec ceux des autres corps de cavalerie, ce qui n'avait pas eu lieu jusqu'alors pour les officiers des irréguliers.
La connaissance de l'arabe était exigée des officiers et des sous-officiers français, sauf pour la première formation.
Tout indigène, de 16 à 40 ans, possédant l'aptitude physique nécessaire et convenablement monté, pouvait être admis à servir dans le corps, avec ou sans engagement ; dans ce cas, il pouvait se retirer librement du service. Les engagements étaient de trois ans avec rengagements facultatifs de un à trois ans. Les spahis engagés ou non pouvaient être rayés pour inaptitude ou mauvaise conduite. Les escadrons comprenaient aussi des spahis français, engagés volontaires ou pris dans les autres corps de cavalerie.
L'uniforme était réglementé, ce qui n'existait pas encore, même chez les réguliers. L'uniforme des hommes et celui des officiers indigènes était le même que l'uniforme existant actuellement. Les officiers français portaient le spencer rouge à six brandebourgs avec chamarrures en poil de chèvre, les galons de grade en soutache d'or, le pantalon à plis bleu de ciel avec bandes rouges, le képi bleu de ciel galonné d'or, la ceinture en soie cramoisie et à glands d'or, la tunique de petite tenue bleu foncé, la selve à la hussarde avec tapis garance, couvre fontes en peau de tigre pour les officiers supérieurs, en vernis noir pour les officiers subalternes. L'escadron turc de Bône eut la tenue des Français, c'est-à-dire la botte noire et le turban bleu et blanc.
Les Turcs et les troupes indigènes enrôlées sous nos drapeaux formèrent des bataillons de tirailleurs indigènes. Il y eut trois bataillons, un par province dont ils portaient les noms. Les emplois d'officiers et sous-officiers de l'état-major et du petit état major, les emplois de capitaines de compagnie, d'officiers et sous-officiers comptables étaient réservés aux Français, les autres grades étaient réservés par moitié aux indigènes. Tous les sous-officiers, caporaux, tambours et clairons de compagnie étaient indigènes.
L'avancement pour les officiers subalternes avait lieu par bataillon, les chefs de bataillon et les capitaines commandants concouraient avec leur arme. Les chefs de bataillon, adjudants-majors, capitaines et chirurgiens étaient montés.
La connaissance de la langue arabe était exigée, sauf pour la première formation, même pour les permutations.
Les français ne pouvaient s'engager que comme armuriers, infirmiers ou muletiers.
Les Français, sous-officiers, caporaux et soldats pouvaient se rengager.
Les indigènes étaient reçus sans engagement et renvoyés, soit sur leur demande, soit pour inaptitude.
Uniforme des indigènes, hommes et officiers, était le même que l'uniforme actuel comme forme. Les couleurs différaient, la veste était vert dragon avec, pour officiers, ornements d'or en Grande tenue, tresses de soie noire en petite tenue, le gilet et le pantalon étaient garance avec, pour officiers, tresses et bandes en or ou soie verte, pour les hommes, tresse de laine verte. Le caban était en drap vert dragon avec pattes de soie ou de laine cramoisie ; la calotte en laine cramoisie avec gland bleu, et turban en coton rayé bleu et blanc, la chaussure des officiers était en petite tenue, des sebbaths et des jambières de drap vert dragon avec ornements d'or ou de tresses de soie verte ; en grande tenue, la botte molle ; pour les hommes, les espadrilles qui furent plus tard remplacées par les souliers et la guêtre banche.
Cette tenue ne fut fixée comme couleurs que le 12 avril 1543.
Les Français étaient vêtus de la façon suivante :
- Capote vert dragon avec marques distinctes jonquille ou or.
- Pantalon garance à bande verte.
- Ceinture rouge en soie ou laine.
- Képi vert dragon.
Cette ordonnance n'eut son application que l'année suivante, après quelques modifications.

(2) 22-28 Novembre 1843 - Expropriation - Arrêtée du gouverneur général qui exproprient, pour cause d'utilité publique, divers terrains sis à Bône pour l'agrandissement de la pépinière etc... (B 162).
Vu la délibération du Conseil d'Administration en date de ce jour portant qu'il est indispensable d'exproprier, pour cause d'utilité publique, les terrains ci-après, reconnus nécessaires à l'agrandissement de la pépinière de Bône.
Vu l'arrêté du 9 décembre 1841 concernant l'expropriation.
Vu, en ce qui concerne la remise des immeubles domaniaux, l'art 144 de l'ordonnance royale du 21 août 1839, sur l'organisation du service financier en Algérie.
ARTICLE 1er. - Il y a lieu à l'expropriation pour cause d'utilité publique des terrains sis à Bône désignés au plan ci-annexé par les numéros 2, 4, 5, 6, 7 et 8.
I1 sera fait remise par les domaines de la parcelle de terrain désignés sous le numéro 3.
ARTICLE 2. - L'indemnité due pour les dépossessions des terrains appartenant à des particuliers sera réglée conformément à l'article du 9 décembre 1841.
ARTICLE 3. - Les directeurs de l'intérieur et des finances sont chargés de...

(3) Une colonne commémorative fut élevée sur la route à l'entrée du faubourg dit Colonne Randon. En 1895, un projet de monument fut étudié.
M. Toudoire dessina un croquis de grande allure. Au pied d'une colonne, le général Randon se tient debout, le sabre à la main, dans le mouvement en avant: Des bas reliefs de bronze rappellent les principaux évènements du gouvernement du général. Le manque de fonds fit ajourner ce projet.

(4) A. Rastout - Le Maréchal Randon.

(5) Dans la rue de l'Eglise. L'Eglise actuelle, commencée en 1847, fût inaugurée en 1850.

(6) Galibert. - Algérie ancienne et moderne (1861).

(7) Cette forêt avait alors 2.000 hectares de superficie.

(8) Journal la Seybouse, premier journal de Bône et premier journal de l'Algérie, en dehors des publications d'Alger, autorisé par arrêté gubernatorial du 19 avril 1844 et paru en juillet de la même année.

(9) Deuxième régiment créé à Bône avec le 6ème bataillon, commandé par le lieutenant-colonel de Mac-Mahon.

(10) La milice de Bône avait été, avec celles d'Alger et d'Oran, créée sous le nom de garde urbaine, par arrêté du duc de Rovigo du 25 septembre 1837.
Les Français seuls pouvaient en faire partie. Le 28 octobre 1836, elle avait été réorganisée sous le nom de milice africaine pouvaient y être incorporés, les Français et les étrangers âgés de 18 à 60 ans et les indigènes sur une décision spéciale qui ne fut pas prise à cette époque.
Cette milice prit du service effectif lors des deux expéditions de Constantine en 1836 et en 1837.
La milice de Bône, formée, le 28 octobre 1838, a trois compagnies, forma deux compagnies de plus le 25 septembre 1841, et fut constituée en bataillon.
Le 14 mars 1842, fut créée une compagnie de sapeurs-pompiers.
En 1844 elle formait un bataillon de six compagnies : une compagnie de marins, une de sapeurs de pompiers, une de voltigeurs et trois de chasseurs.
Le 4 novembre 1846, furent organisé un peloton de cavalerie commandé par un lieutenant, une compagnie de chasseurs intra-muros, et une compagnie extra-muros.
Le 24 juillet 1848, il fut créé deux sections d'artillerie.
Le 6 janvier 1851, on supprima la compagnie de marins, la troisième de chasseurs, et les deux compagnies de banlieue qui furent ensuite réparties dans les deux compagnies de chasseurs.
Le 6 août 1860, la milice comprenait 5 compagnies d'infanterie, une compagnie de sapeurs pompiers et une subdivision de cavalerie constituant un bataillon de 926 hommes.

(11) La famille Bou Maïza, d'origine maraboutique, descend directement de Sidi Abdallah ben Gnouze qui fût l'un des compagnons du Prophète.
Cette famille a toujours joui, à juste titre, d'une très grande considération dans la région de Bône. Les services qu'elle rendit aux bey de Constantine, à la fin du XVIIIème et au commencement du XIXème siècle valurent à son chef. Si Mohammed Erraï, d'être dégrevé d'impôts, comme le témoignent des pièces officielles signées de Si Mostefa Bey (Djoumada et Aouet 1211 (1797), de Si Abdallah Bey (Chaabane 1215 (1801), Chaabane 1217 (1803), Chaabane 1219 (1805), Chaabane 1221 (1807), et de Si Mahammed Bey (Djoumada Ténin 1241 (1824).
Au moment de l'arrivée des Français à Bône, le chef de la famille était Si El Hadj Ali Bou Maïza. Ce personnage rendit les plus grands services au général d'Uzer, tant au point de vue militaire qu'au point de vue administratif et agricole. Aussi ses hautes qualités et son précieux concours furent-ils récompensés en 1844 par l'épée d'honneur que lui remit le duc d'Aumale et le dégrèvement d'impôts que lui accordèrent successivement le duc et le général Randon (en 1844 et en 1845).
Mais le grand motif de gratitude que lui ait dû le gouvernement d'Algérie, c'est d'avoir en 1832, donné naissance à son fils aîné, l'agha Tahar.
Ce vénérable vieillard qui porte allègrement ses quatre-vingts ans, a les plus beaux états de services que l'on puisse rêver.
Caïd de l'Edough en 1865, il fut, après 7 ans de commandement, le 8 Novembre 1872, fait chevalier de la Légion d'honneur pour s'être distingué dans l'extinction des incendies qui menacèrent d'anéantir les superbes forêts du massif.
Conseiller général le 17 Décembre 1873, Caïd des Beni-Salah en 1874, adjoint indigène de la plaine de Bône en 1875, adjoint indigène de la commune de Bône, en 1888, agha par arrêté gouvernemental du 20 juin 1911. Si Tahar est commandeur de la Légion d'honneur et de St-Stanislas de Russie, grand officier du Nichan Iftikar et officier de l'Etoile d'Anjouan.
Il se repose de sa vie de labeur, entouré de ses frères qui ont suivi la voie si noblement tracée par leur aîné.
Si Brahim, commandeur de la Légion d'Honneur, adjoint indigène de la commune mixte de l'Edough depuis 47 ans.
Si'Nafa, adjoint indigène de la même commune.

(12) M. de Santeuil n'était qu'intérimaire, le titulaire était M. Soubeyran, alors en congé, nommé le 9 juin 1843, en remplacement de M. Berthier de Sauvigny.

(13) Le tribunal civil de Bône avait été créé par ordonnance du 10 août 1834.
Le personnel se composait exclusivement d'un juge, d'un juge suppléant, d'un substitut et d'un greffier.
Mais ce personnel étant insuffisant et les affaires ne pouvaient être solutionnées assez rapidement.
L'arrêté gubernatorial du 28 juillet 1842 et l'arrêté ministériel du 4 août 1843 fixèrent la juridiction du tribunal. Une justice de paix régla les différents de simple police et une commission administrative spéciale fut chargée uniquement de pourvoir au prélèvement des contributions dues par les arabes.
L'ordonnance du 26 septembre 1842 réorganisa le personnel qui se composa d'un président, de deux juges, de deux juges adjoints, d'un greffier et de commis greffiers.
L'audience fut dès lors tenue par trois juges.
Il y eut ensuite un parquet composé d'un procureur et d'un substitut.

(14)Le service des voyageurs était assuré par des bâtiments â vapeur en conformité de l'Ordonnance du Roi du 14 juillet 1842, portant règlement pour le service des bâtiments à vapeur affectés aux communications entre Toulon et les possessions françaises du Nord de l'Afrique.
ARTICLE 1er. - Le service comprend trois lignes distinctes...
1ère la ligne d'Alger à Bône et retour...
ARTICLE 3. - Le service sur la ligne d'Alger à Bône sera décadaire.
Les départs d'Alger auront lieu le 10, le 20 et le dernier jour de chaque mois, à midi.
Ceux de Bône, le 4, le 14, et le 24 de chaque mois, à huit heures du soir.
ARTICLE 4. - Les bâtiments partant d'Alger pour Bône relâcheront à Bougie, Jigelly et Stora ; ils séjourneront trois heures seulement sur chacun de ces points...
ARTICLE. 15. - Le commandant supérieur (des bâtiments à vapeur réunis au port de Toulon) fera tous les six mois au moins une tournée d'inspection à Alger, Bône et Oran afin de reconnaître si l'on prend tous les soins nécessaires pour assurer la régularité et la bonne exécution du service.
ARTICLE. 19. - Huit bâtiments à vapeur sont affectés au service des communications entre Toulon et Alger et entre Alger, Bône et Oran. Les bâtiments sont exclusivement réservés aux communications dont il s'agit et ne peuvent en être détournés pour aucun autre service.
ARTICLE. 20. - Trois bâtiments sont spécialement destinés à la ligne de Toulon à Alger. 11s seront expédiés de Toulon autant que possible, à tour de rôle, afin que le service soit également réparti entre eux. Les cinq autres doivent concourir aussi à tour de rôle, au service des deux autres lignes.
Les bâtiments à vapeur faisant les voyages d'Alger à Bône et Oran alterneront avec ceux qui font le service de Toulon, afin qu'ils puissent paraître de temps en temps au port principal d'armement pour être visités et réparés.
ARTICLE. 23. - Chaque bâtiment... sera disposé de façon à recevoir deux ou trois officiers supérieurs, dix officiers et cent sous-officiers et soldats, de plus, six ou huit passagers civils ayant couchette et dix couchant comme les soldats sur le pont ou l'entrepont.
ARTICLE. 40. - Le prix du passage (non compris la nourriture), à bord des bâtiments à vapeur de l'Etat, sera établi d'après le tarif ci-après :
Alger à Bône : 2ème classe 56 frs. ; 3ème classe 37 fr. Bougie à Bône : 2ème classe : 33 fr. ; 3ème classe : 22 fr.

(15) Ce Karesi s'était distingué au cours du mois de décembre 1844, en se portant, avec les Beni-Urgine, au secours d'une bombarde anglo-maltaise, l'Isolina qui s'était le 6 septembre, jetée sur la côte des Beni-Urgine.

(16) Maréchal Randon

A SUIVRE       

Le Génie..
Envoyé par Marcel Trels

Un type est en train de marcher le long de la Seine et il trébuche sur une vieille lampe.
Il la ramasse, la frotte et un génie en sort.
Le génie, qui n'a pas l'air ravi, dit :
- "Ok, ok. T'es content, tu m'as libéré de la lampe et patati et patata.
C'est la quatrième fois ce mois-ci et je commence en avoir ras le bol!!
Alors tu peux oublier les trois voeux habituels car je ne t'en accorde qu'un!"

Le type s'assoit et pense longuement... Au bout d'un moment, il se décide et demande :
- "J'ai toujours rêvé d'un voyage à Tahiti, malheureusement j'ai peur de l'avion et j'ai le mal de mer. Pouvez-vous me construire un pont
jusqu'à Tahiti, pour que je puisse m'y rendre en voiture ?"

Le génie ne dit rien pendant quelques secondes, puis éclate de rire :
-" C'est impossible ! Pense à ce qu'il faut utiliser pour soutenir un tel pont, pense au béton qu'il faudra faire couler, aux tonnes d'acier...
Je suis un génie, OK, mais je ne peux pas faire de miracle... Il faut tout de même rester dans le domaine du raisonnable. Non, demande-moi autre chose, c'est trop compliqué !"

Le type se remet à réfléchir. Au bout de quelques minutes il trouve autre chose :
- "J'ai été marié et j'ai divorcé 4 fois. Mes femmes m'ont toujours dit que je ne m'intéressais pas à elles et que j'étais insensible. Alors, ce que je voudrais, c'est...Comprendre les femmes. Savoir ce qu'elles ressentent, et ce qu'elles pensent lorsqu'elles sont silencieuses...
Savoir pourquoi elles pleurent, ce qu'elles veulent vraiment dire lorsqu'elles disent non...
Pouvoir les rendre heureuses... Bref, comprendre leur psychologie."

Le génie le regarde, puis demande :
"Le pont, tu le veux avec 2 ou 4 voies ?"



 LES FRERES PIEDS-NOIRS
Par Christian Roehrig
N° 6             

PREFACE

     A travers un survol virtuel de mes souvenirs, moi, petit et humble piednoir de Bab-El-Oued (Place Lelièvre) je retrace certains faits historiques qui m'ont profondément marqué.
     Mi goguenard, mi-cynique, quelquefois acerbe, je décris en pataouète, mes états d'âme et mes ressentiments à l'égard de certains hommes politiques qui ont failli à leur parole d'honneur.
     Depuis ces désillusions, j'observe les charognards se disputer le pouvoir.
     Devenu grand-père, je doute, si rien ne bouge, de la nationalité future de mes arrière- petits enfants que je ne connaîtrai pas et à qui je veux, par le présent, laisser le témoignage d'une vérité.
C. ROEHRIG     

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LE DINDON DE LA FARCE

        Joseph : En parlant d'la Grande Poste.
        Cet endroit, y m'rappelle le 26 mars quand y a les français qu'y z'ont tiré sur nous les français. Ouais tu veux pas l'croire.. Moi j'en suis sûr. Y avait même ce Colonel Debrosse qu'y était pas loin avec ses gendarmes.
        Ça faisait la suite de notre encerclement dans Bab-El Oued que même y z'ont mis les avions, les T' 6 â nous tirer dessus, y fallait pas ouvrir les fenêtres pace qu'y te canardaient comme un vulgaire gibier. Nous, que nos parents y z'ont été les libérer, les fumiers !!!.
        Quand même, quand j'y pense, j'ai la chair de coq, ouais pace que chez nous faut pas mélanger, les poules c'est les femmes et nous c'est les coqs. Ouais mais pour ce carnage, entention hein ! faut pas mélanger, entention les ceusses qui z'ont tiré c'étaient des arabes, des tirailleurs Algériens dont la plupart étaient des fellouzes alors hein l
        Allez, passons... On va continuer naute prom'nade. Après la grande poste (ouais pace que nous on avait la grande poste plus les petites, nous on était large) après, c'était la rue Michelet avec les facultés. Moi j'suis souvent passé devant mais j'suis jamais entré, faut dire que quand moi j 'passais, les portes, elles étaient fermées et quand j'passais pas, les portes y les ouvraient (p't'ête qui voulaient pas que j 'rente dedans, y z'avaient p't'ête_peur que j'm'instructionne un peu trop), y avait le bar de chez Ortiz, sacré Jo va, on pense à toi-même si ti'es plus en bas avec nous autes, et çui des fac.
        Tout en haut d'la rue Michetet y avait le Parc de Galant, alors là mon frère un vrai régal pour les yeux et pour la détente, j'dis détente pace que quand tu tapais tout ça à pied, y z'étaient tell 'ment usés (tes pieds) que presque tu marchais sur les genoux sans t'en apercevoir. Tu t'rends compte comme il était beau naute Pays ?
        Moi j'crois que les patos y z'ont été jaloux de nous, c'est pour ça qui nous z'ont abandonné, et encore, j'ai pas parlé des souvenirs des p'tites villes qui nous entouraient. Tu vois chez nous, c'était comme une grosse bague, avec un gros diamant, entouré de petits diamants, le gros Diamant c'est Bab-El-Oued, les petits Diamants c'est les autes.

        Plus j'en parle de mon Pays et plus j't'rouve qu'il était beau, qu'est-ce que j'dis beau ?
        Superbe oui !!! Si seul'ment y l'avait tenu parole le Grand et les autes aussi, on serait encore là bas et on aurait pas cette tristesse de souvenirs à raconter. Hein Christian ?

        Christian : Ouais, on a été l'dindon d'la farce mais sans farce. Nous d 'la farce aux pruneaux, on a eu que les pruneaux sans farce, mais ces pruneaux, ceux qui les ont digérés, y sont restés couchés pour toujours dans leur pays et nous on est comme des... (non j'vais pas ête vulgaire main'nant).
        Tu t'rappelles le Duc d'Orléans sur son cheval à la place du Gouvernement, eh bien une fois, j'discutais avec un patos militaire et j'lui racontais un peu l'histoire de mon pays, j'lui ai dit que tous les ans les jeunes filles vierges de chez nous, et elles z'étaient toutes sauf celles qui z'étaient marièes, quand même y faut pas exagérer, y s'faisaient inscrire pour descendre le cheval et son Duc, alors tu vas rire... y m'a d'mandé pourquoi faire et j'lui ai dit qu'c'était pour le faire pisser. Quel... Non j'ai dit que j'allais pas ête vulgaire alors j'le dis pas mais c'est comme si j'l'avais dit, j'l'ai pensé si fort que tout l'monde il l'a entendu.
        Bon tu veux boire une aute Cristal ou une Gras, c'est moi qui paye.

        Joseph : J'prendrais une Gras, après on retourne chez nous à Bab-El-Oued pace que les gens d'la haute y z'ont beaucoup d'accent quand y parlent. Et toi qu'est-ce tu prends ?

        Christian : Moi j 'prends un verre d'eau minérale.

        Joseph : Quoi tu bois plus ? ti'es malade ou quoi ?

        Christian : J'suis pas malade, mais l'docteur y m'a dit que j'pourrai recommencer à boire un peu d'alcool quand j'serais mort, alors j'attends d'ête mort pour recommencer à boire.
        Tiens en te disant ça, tu t'souviens de cui qui était venu à la plage du p'tit bassin et qui voulait pas s'baigner pace que sa mère, elle lui avait dit que s'il se noyait, elle lui don'rait une tabassée qu'il s'en souviendrait et y s'baignait pas pace qu'il avait peur de s'noyer et d'recevoir la tannée.
        Ah ouais ! Oh garçon ! Siou plaît !! (Une anisette gras et un verre d'eau sans les bulles, celle que vous voulez, sauf celle de l'Harrach. Hé !!! ti'as vu comment qu'y m'a r'gardé ! Ma parole on dirait qui regardait la planète des singes !!! J'suis si vilain qu'ça ! Ti'as pas vu toi !

        Joseph : Ah ! Ça fait du bien par où ça passe, moi j'préfère la Gras à la Cristal, j'l 'a trouve plus grasse et toi ?

        Christian : Comment tu veux que j'le sache depuis l'temps que j'bois plus. Avant moi j'préférais Cristal j'la trouvais moins grasse, main'nant j'bois d'l'anisette sans anisette, elle a la même couleur quand ti'as pas rajouté de l'eau, mais pas l'même goût. Celle là, ouais qu'elle est beaucoup moins grasse.
        Quand j'pense à tous ces souvenirs qu'on a !! Poh ! Poh ! Poh ! Dis ! J'crois que si on trouvait quelqu'un de bien pour écrire toutes ces choses, y z'auraient de quoi faire les historiens avec tout ça, encore que j'ai entendu l'aute jour à la radio qu'y z'allaient mette toutes les archives à la disposition des historiens, alors là, moi j'comprends plus rien. Puisqu'on n'est pas encore mort, pourquoi y nous demande pas à nous ?
        Chacun de nous z'autes on a naute histoire, alors comme on était à peu prés 1 million 500 000, ça fait autant d'histoires, y z'aurait pas à s'déplacer aux archives, nous autes on est les archives ambulantes et en plus, c'est pas les mêmes, pace que moi j't'le dis y pourront pas tout montrer, pace qu'y a des choses qui vont pas dire, y a encore des gens d'la haute qui veulent pas qu'leur nom y soit dit des fois qu'y aurait des représailles.
        Tu vois toi, çui qu'y a installé les barbouzes dans la villa à Hydra, même qu'y a l'O.A.S.. qu'y a posé une strounga (bombe) qui l'a fait voler en morceaux, tu crois qu'ce mec là y veut qu'on sache comment qui s'appelle ? Et les fellouzes, tu crois qu'y vont mette les archives des atrocités qu'y t'ont commises à la disposition d'nous autes ? Non, y diront pas tout, mais si y m'demande à moi, p't-ête que j'leur dirai et y en a d'autes qui savent aussi, la preuve l'O.A.S.
        De toutes les façons y a en c'moment une politique qui veut que les archives elles vont ête ouvertes que d'un côté et ceux qui vont les ouvrir y vont regarder qu'avec un oeil. Tu vois pas comment y sont en train de nous assassiner encore une fois ! Allez va ! Va fangoule comme on disait chez nous. Y peuvent dire ce qu'y veulent, mais un jour la vérité elle sortira et y en a beaucoup qui vont tomber kao.
        Enfin qu'est-ce qu'on va faire hein ?
        Comment qu'elle s'app'lait la rue du La Perle ? Ah oui !

        La rue Livingstone, c'est au numéro 5 que ma femme elle habitait avec ses parents et après quand j'me suis marié moi aussi j'étais la-bas pace qu'en c'temps là y avait pas d'appartement alors on s'débrouillait et comme chez nous l'esprit d'famille y l'existe, même si on doit mette le mat'las par terre hein ! Alors oilà j'ai habité chez mes beaux-parents un moment. Tu t'rends compte qu'on avait même des noms Ecossais et pas n'importe lesquels Livingstone c'était un médecin missionnaire écossais qui a été reconnu comme le plus grand explorateur et découvreur de l'Afrique et il était écrit chez nous pour pas qu'on l'oublie.
        Y avait aussi les cigarettes JOB qui faisaient l'angle des escaliers d'la rue Cavelier de La Salle, qu'y z'étaient pour monter à la rue Mizon, si tu continues la rue Mizon ti arrives Avenue Général Verneau ensuite tu passes devant le cimetière El Kettar et chez Galouffa, çui qui ramassait les chiens errants après ti arrivais au Triolet (ça t'rappelles le bal de la treille) et tu revenais par la carrière Jaubert à la Basseta ou bien à l'avenue d'la Bouzaréah prolongée.
        Tu vois ! Elle était si grande l'avenue de la Bouzaréah, qu'il a fallu mette prolongée" pour pas s'tromper. J'te dis, pour nous c'était aussi grand qu'les Champs Elysées mais en plus p'tit.
        Avant d'laisser Bab-El-Oued pour aller à Saint-Eugène j'vais quand même dire un p'tit bonjour à la salle de l'Algéria Sport, où qu'on dansait tous les dimanches. Ce jour-là on mettait l'trente et un qu'on avait sorti du placard. Elle était grande cette salle, elle glissait bien pour qu'on fasse la valse et la Java, ouais moi j't'le dis, j'ai vu les guinguettes au bord de l'eau, mais ça n'a rien à voir avec nos salles de danse de chez nous. Nous y avait pas du parquet qu'y n'était pas ciré.
        Enfin va, moi j't'le dis joseph, les patos y z'étaient jaloux de nous autes, c'est pour ça qui z'ont pas suivi naute mouvement.
        Nous on avait un beau Pays presque tout neuf, que nos parents y s'étaient fait suer l'burnous pour remette tout ça en esploitation.. Mon arrière-grand-père il était venu, déjà pendant la guerre de la conquête et après, quand les Allemands y sont rentrés en Alsace en 1870, lui il a fait comme moi à l'envers, il a pris ses deux enfants et il a dit tchao, mais y savait pas que 130 ans après, pour rester français lui aussi, son arrière-petit-fils, (c'est moi) avec sa femme et ses deux enfants, il allait faire le chemin inverse, mais lui quand il est arrivé on lui a donné une tente pour qui s'abrite et à moi rien, oualo j'ai eu droit qu'à des regards malveillants, comme y disent.
        J'ai les larmes tell'ment près de l'oeil que j'arrive plus à parler pace que j'vois plus, et nous, comme on est franc, on regarde toujours les gens quand on parle, alors comme yeux plus t'regarder j'me tais.

        Joseph : T'inquiètes pas va, moi aussi j'ai la pomme qui monte et qui descend comme si elle avait un ascenseur, et tout c'que tu m'a dit, ça m'rappelle bien des choses.
        Le p'tit bassin avec les cabanons sur pilotis. Le stade de Saint-Eugène avec la salle de danse derrière, y avait Sylvain qu'y était le roi du Swing et d'la valse, et Raymonde, qu'y venait avec sa mère même qu'elle la lâchait pas de l'oeil, mais ça c'est avant de connaître Georgeot, j'crois bien qu'elle l'a connu là bas, une grosse bise madame Arnaud (même si vous êtes là-haut), et son mari (vous aussi vous avez droit à la bise) qu'y était un des dirigeants de l'A.S.S.E., non c'est pas Saint-Etienne, non c'est Saint-Eugène, nous on connaissait pas les Verts, on connaissait le rouge et blanc, y avait aussi le Mouloudia d'nos frères les arabes, le Gallia, le R.U.A, le Red Star (ça faisait un peu américain) l'O.H.D. (Hussein-Dey) et les autes.
        Tiens à Saint-Eugène y avait Salva qu'y a été, j'sais pas combien d'fois, un champion et au Red Star je crois y avait Jasseron, qui lui aussi il était venu en France pour jouer, pace que la France, la mère, dès qu'y en avait un qu'y était bon chez nous, elle s'le tapait et nous on restait kao et Missa (sans réaction, fini).
        J'suis sûr qu'y en a qui jouaient pas tout c'qu'il savaient pour pas quitter le beau pays.

La Suite au prochain Numéro

COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 15 
IIème PARTIE
COLONISATION EUROPÉENNE

CHAPITRE PREMIER.

LIEUX ET ORDRE FAVORABLES
A LA FONDATION DES COLONIE CIVILES ET MILITAIRES

  
        VII. -Je suppose" pour un instant, que notre gouvernement de l'Algérie soit confié à un Gouverneur civil, qui aurait sous ses ordres un lieutenant général, commandant supérieur de l'armée d'Algérie. Naturellement, la mission de ce général en chef serait d'organiser le système de protection militaire, et sana doute, en ce moment, il serait uniquement occupé de notre lutte avec Abd-el-Kader, c'est-à-dire avec les Arabes qui occupent le pays, depuis Hamza jusqu'à Tlemcen.

         Je conçois parfaitement que le Gouverneur général aurait encore sa résidence habituelle à Alger, au milieu de la côte d'Algérie, à deux ou trois jours de Toulon, quoique je pense qu'il passerait une grande partie de l'année dans la province de Constantine, uniquement parce que je suppose qu'il serait Gouverneur civil.

         Mais où serait la résidence du commandant militaire, général en chef de l'armée; où serait son état-major, son quartier général habituel ; où voudrait-il avoir une forte colonne toujours disponible et des approvisionnements considérables; quel serait, à ses yeux, le point stratégique, d'attaque et de défense contre les Arabes ?

         Je ne crains pas de le dire, le général en chef de l'armée serait à Médéa ou à Miliana, ou tout au moins à Blida, et l'un de ses lieutenants serait à Mascara, l'autre à Constantine ; et bientôt le beau rêve que le maréchal Clauzel n'a pas pu réaliser, lorsque après avoir pris Mascara et Tlemcen, il est venu échouer devant Constantine ; ce rêve que M. le maréchal Valée a continué, lorsque après avoir pris Constantine il a passé les Portes-de-Fer et occupé Médéa et Miliana; ce rêve que M. le général Bugeaud a continué encore, en reprenant Mascara et Tlemcen, en faisant de Sétif un point militaire de première importance, et en parcourant la belle vallée du Chélif ; enfin, la grande ligne stratégique de l'Algérie, serait définitivement tracée.
        VIII. - Lorsque notre armée sera fortement établie sur cette ligne, nos villes de la côte seront presque suffisamment gardées par leur milice, et nos villages par leurs habitants. Ceci me ramène à la colonisation et justifie la nécessité de 'cette digression militaire.
        Et en effet, voici la question coloniale nettement tranchée en deux; si une partie de notre colonisation doit se rattacher à nos points militaires et se former à côté d'eux, nous comprenons maintenant vers quels lieux il faut diriger les hommes que l'on supposera le plus propres à cette partie de la colonisation; et si, par exemple, on décide que les deux formes, la colonisation civile et la colonisation militaire, doivent être employées, on saura, d'une manière générale, d'après ce que nous venons dédire, quelles sont les localités où chacune de ces formes devrait être spécialement employée. Si, déplus, on reconnaissait que le Gouvernement doit faire des sacrifices pour les établissements coloniaux qui seraient d'une utilité générale, et qui, par eux-mêmes, ne présenteraient pas assez de chances de succès individuels pour attirer des colons, on consacrerait la plus forte partie de ces sacrifices à l'établissement des colonies militaires, compagnes hardies et aventureuses de nos braves soldats, instruments puissants de la sécurité générale.

         Et ces colonies seraient sous le commandement spécial du général en chef de l'armée.
        Mais ne confondons pas; ne faisons pas des colonies militaires aux portes d'Alger et surtout de Bône, et des colonies civiles à Mascara ni même à Blida ; je dirais presque, ne faisons pas même de ces dernières à Constantine, quoique ce ne soit ici qu'une affaire de temps, et qu'il faille négliger, sous ce rapport, la ville de Constantine, parce que la province présente une foule de points plus favorables à la colonisation civile.
        Si la résidence du commandant militaire, du vainqueur futur d'Abd-el-Kader et des Arabes de l'Ouest, était à Médéa, peut-être la route de Médéa à Alger ne serait-elle pas encore aussi sûre que celle de Constantine à Philippeville,- peut-être n'irait-on pas de Miliana à Mascara, et de Médéa à Sétif, aussi facilement que de Constantine à Sétif ou à Guelma; mais du moins on serait sur la seule voie qui puisse faire obtenir dans l'Ouest, avec le temps, des résultats analogues à ceux qu'on a obtenus très vite dans l'Est; on serait sur la seule voie qui puisse conduire à la pacification de l'Algérie, à son entière soumission.
        IX. - Résumons les points capitaux que nous venons d'indiquer, et qui ont pour but d'établir un Système ordonné de colonisation.
        Deux modes différents de colonisation, savoir : colonisation militaire sur notre ligne intérieure de défense, et à côté de nos postes militaires; colonisation civile entre cette ligne et la côte, en marchant du littoral vers la ligne intérieure.
        Commencer la colonisation militaire par les points qui ont militairement la plus grande importance, et consentir pour cela à des sacrifices de premier établissement, et même à des sacrifices qui n'auront de terme que par la pacification du pays, c'est-à-dire lorsque le littoral et la ligne de défense seront réunis par des communications faciles et sûres.
        Commencer la colonisation civile par les points qui présentent le plus de sécurité, de salubrité, de fertilité, c'est-à-dire qui seraient naturellement recherchés par de véritables colons, et non d'aveugles et aventureux spéculateurs ; et, par conséquent, commencer par la province de Constantine, sans exclure néanmoins les entreprises de ce genre qui auraient chances de succès dans celle d'Alger et même dans celle d'Oran.
        X. - Pour préciser davantage la marche que doivent prendre ces deux modes différents de colonisation, jetons un coup d'œil rapide sur la constitution géographique de l'Algérie et sur les principales classes de la population qui l'habite.

         En traçant sur la carte, parallèlement à la mer, et à quinze ou vingt lieues de distance, une zone également de 15 à 20 lieues de large, on dessinerait, pour ainsi dire, le second gradin du seuil septentrional de l'Afrique. Cette zone serait un plateau coupé, de temps à autre, par les contreforts qui rejoignent les deux Atlas ; elle comprendrait cette ligne stratégique dont j'ai parlé, depuis Tébessa, frontière de Tunis, jusqu'à Tlemcen, frontière de Maroc; les principales rivières qui se jettent à la mer y prennent leur source : le Medjerda, la Seybouse, le Roummel, la Semmam (rivière de Bougie), le Chélif et la Tafna ; son élévation au-dessus du niveau de la mer, et entre deux chaînes de montagnes souvent assez hautes, lui donné une température agréable, un climat sain et une fertilité tout-à-fait supérieure. Si les considérations géographiques déterminaient seules l'ordre dans lequel la colonisation agricole devrait se faire, ce serait par cette zone qu'on commencerait à la former. Aujourd'hui, en effet, et sous la domination des Turcs, elle est et elle a été occupée par les tribus les plus riches et les plus nombreuses, qui elles-mêmes s'y étaient fixées lors de l'invasion des Arabes, ou depuis cette époque ; et la prodigieuse quantité de ruines romaines que l'on y rencontre, surtout dans la partie dé cette zone qui dépend de la province de Constantine, annonce qu'à cette époque encore, c'était là que se trouvait la richesse africaine, le bien-être des colonies.
        C'est donc une nécessité politique seule, nécessité qui tient non-seulement à ce que la libre possession de l'Algérie nous est encore contestée par les armes, mais qui tient aussi à ce que, dans la partie de la zone littorale qui nous est soumise, il y a des droits de premier occupant que nous devons respecter et même protéger; c'est parce que l'Algérie, possession française, a déjà une population indigène, ici notre ennemie et là notre sujette, que j'ai parlé d'établir notre colonisation militaire dans la zone intérieure, et la colonie civile dans celle du littoral.
        Par ce moyen, la double population, indigène et européenne, se diviserait naturellement, peu à peu, de la manière suivante : les plus pacifiques des indigènes seraient dans la zone du littoral, au milieu de la population civile européenne, et les plus militaires des colons européens vivraient dans la zone intérieure, à côté des tribus indigènes les plus belliqueuses ; ou, en d'autres termes, les tribus les plus soumises, celles qui pourraient le mieux s'associer à nous, tendraient à se rapprocher de la côte ; tandis qu'au contraire nous aurions toujours, près des tribus les plus indépendantes, les plus turbulentes, une population européenne militaire, composée de soldats colons, qui maintiendrait ces tribus dans l'ordre et la soumission.
        Si donc c'est généralement de L'Est à l'Ouest que doit marcher la colonisation civile, c'est par l'Ouest, au contraire, que doit commencer la colonisation militaire.
        Et remarquons encore que ceci n'est pas exclusif de ce que l'on doit faire immédiatement, comme colonisation civile et militaire, dans la province d'Alger. En effet, les considérations politiques les plus incontestables établissent que la province d'Alger est la province gouvernementale, qu'Alger est et doit être la capitale de l'Algérie, et que cette province est le foyer de défense pour l'Est et d'attaque contre l'Ouest.
        Mais, dira-t-on peut-être, après avoir soutenu qu'il fallait avoir un système arrêté sur Y ordre à suivre dans la colonisation, après avoir prétendu que je dirais par où l'on doit commencer, voici que je semble approuver que l'on commence partout, ce qui serait ne commencer nulle part, c'est-à-dire ne rien faire.
        L'objection n'est pas juste : je pense qu'on ne doit se croiser les bras dans aucune des trois provinces ; que, dans toutes les trois on doit appliquer les principes généraux que je viens de poser, relativement aux deux modes de colonisation; mais qu'il y aura seulement une différence dans la quantité de force colonisatrice, civile ou militaire, qu'on appliquera à chaque province, et qu'il faut, par exemple, presser autant la colonisation civile de l'Est que la colonisation militaire de l'Ouest, et faire à Alger, sous ces deux rapports, et dans des proportions à peu près égales, autant qu'on aura fait à Oran et dans la province de Constantine.
        Des chiffres feront mieux comprendre ma pensée.
        Je suppose que six millions soient consacrés à fonder des colonies militaires, et six millions à des colonies civiles;
        Que les fonds des colonies militaires soient répartis ainsi :

                Oran 3 millions.
                Alger 2 id.
                Constantine 1 id.

        Et les fonds des colonies civiles dans l'ordre inverse:

                Oran , . 1 million. -
                Alger 2 id.
                Constantine 3 id.

         Chaque province aurait une part égale de quatre .millions, chaque province commencerait la colonisation ; mais elle la commencerait selon les principes et dans l'ordre que j'ai indiqués ; de telle sorte que, au bout d'un certain temps, la colonisation militaire se serait étendue, depuis Mascara et Tlemcen, presque jusqu'aux portes de Mostaganem et d'Oran, tandis que la colonisation civile de l'Est aurait rejoint, de Bône les murs de Guelma, et de Philippeville la banlieue de Constantine, et que les deux colonisations de la province d'Alger se donneraient la maki près de Blida, au beau milieu de cette perfide Mitidja, qui ne sera jamais colonisée que par ce double procédé, civil et militaire, militaire au sud et civil au nord"
        XI. - Après avoir indiqué, en termes généraux et en masse, la part relative de chaque province dans l'œuvre de colonisation civile ou militaire, il me reste à désigner, pour chacune d'elles, les lieux dans lesquels ces deux modes de colonisation sont appelés ou commandés par les facilités ou les difficultés que présentent le sol et les habitants.
        Je crois que Mascara doit être colonisé militairement, et que la route qui conduit de cette ville à la mer doit être établie comme celle de Philippeville à Constantine, mais avec des colonies intermédiaires et non des camps, comme ceux d'Ed-Dis, d'El-Harrouch, des Toumiet et du Smendou, et que ceci exige dix mille colons militaires.
        Je crois que Blida devrait avoir trois mille colons militaires, et non trois cents familles civiles, comme l'avait arrêté M. le maréchal Valée, que Médéa et Miliana devraient en avoir, l'une et l'autre, deux mille.
        Je crois enfin que les deux routes, Sud et Nord, de Constantine à Sétif, devraient avoir deux mille colons militaires, et Guelma autant, pour la partie de son cercle qui est tournée vers les Harakta.
        C'est donc en tout vingt et un mille colons militaires qui seraient nécessaires, je ne dis pas pour une colonisation militaire immédiate.
                Province d'Oran..              10,000
                Province d'Alger..               7,000
                Province de Constantine. ..... 4,000
                                                        21,000 colons milit.

        Cette population coloniale devrait être égale en nombre aux troupes auprès desquelles elle serait groupée, qui s'élèveraient ainsi à vingt et un mille hommes.
        En outre, la province de Constantine aurait six mille hommes, distribués dans les trois places principales de Constantine, Sétif et Guelma; il y aurait dans les provinces d'Alger et d'Oran deux colonnes mobiles d'un même effectif de six mille hommes toujours disponibles, dont les quartiers principaux seraient à Médéa et Miliana, et à Mascara et Tlemcen.
        C'est donc en tout soixante mille hommes qui seraient placés sur notre ligne intérieure, soixante mille hommes à la solde de l'Etat, dont vingt et un mille cependant seraient spécialement cultivateurs.

Oran Alger Constantine
Armée active dans les places

Colonnes mobiles. ......


Colonies militaires. .....

10000
"  
6000
-------
16000
10000
-------
7000
"  
6000
-------
13000
7000
------
4000
6000
"  
------
10000
4000
------
26000
20000
14000
60000

        Pour la zone du littoral, vingt mille soldats seraient plus que suffisants, si la colonisation civile était pressée aussi activement dans cette zone que la colonisation militaire dans la zone intérieure.
Province d'Oran....7000
5000

2000
Hommes à Oran et sur les routes d'Oran à Tlemcen et Mostaganem
A Mostaganem et sa banlieue
Province d'Alger....5000
3000

2000
Pour les places de Cherchel, Koléa, Boufarik, et le fossé d'enceinte ;
Pour Alger et banlieue;
Province de Bône....8000
2000
3000
3000
A Bougie et Jigelli
Philippeville et route d'El-Harrouch
à Bône et La Calle.

        Maintenant je dois justifier tous ces chiffres. Mais d'abord un mot sur ces quatre-vingt mille hommes (5) que je suppose nourris aux dépens du budget.
        J'ai pris ce chiffre de quatre-vingt mille, parce que je le crois nécessaire, et aussi parce que j'ai supposé qu'on l'accorderait encore à l'Algérie, en 1843 comme en 1842; j'avoue même que ces quatre-vingt mille hommes, disposés comme je l'indique, coûteraient peut-être plus, dans la première année, que le même nombre d'hommes placés comme on l'a fait généralement jusqu'ici, puisqu'il y en aurait dans la zone intérieure un nombre plus considérable que le nombre habituel ; cependant, pour qu'il en soit ainsi, je fais abstraction du fruit du travail des vingt et un mille colons militaires, pendant cette première année; ensuite, je ferai remarquer que si les colonies militaires étaient restreintes à ne cultiver que de l'orge et du froment, à faire des foins et élever des bestiaux, et surtout des chevaux et mulets, elles diminueraient rapidement les effroyables dépenses que nous occasionnent nos achats à l'étranger, nos transports à l'intérieur et la remonte de la cavalerie et du train; et si, comme j'en ai la conviction, cette nouvelle distribution de quatre-vingt mille hommes diminue les occasions et la nécessité des expéditions, des ghazia, des combats, elle sera moins coûteuse et destructive que la distribution actuelle, et permettra même aux troupes de l'armée active de se livrer, comme les armées romaines, aux travaux de routes et d'édifices publics.
Oran Alger Constantine
Armée active dans les places
Colonnes mobiles. ......
Colonies militaires. .....
Armée sédentaire du littoral.
10000
6000
10000
7000
7000
6000
7000
5000
10000

4000
8000
33000
25000
22000
80000


Armée active.
Colonies militaires
Troupes du littoral


39000
21000
20000


80000

         J'aurais pu argumenter sur le budget de. 1842, en montrant que si cette année et les précédentes on avait fait ou préparé la distribution de nos forces comme je l'indique, on aurait eu probablement de meilleurs résultats ; mais le passé est passé ; je préfère raisonner en vue du budget de 1843 que contre celui de 1842 ; malheureusement le budget définitif de 1843 sera plus près de cent mille hommes que de soixante mille.

         La colonisation militaire de Mascara et de la route de cette ville à la mer est nécessaire, ai-je dit, et exige dix mille colons militaires ; il en faut trois mille dans les plaines du Sig, de l'Habra et de la Mina, à la hauteur du fort Perrégaux ; trois mille du fort Perrégaux jusque près de Mascara, soit que la route passe par le Bordj, soit qu'elle traverse le défilé où a eu lieu l'affaire d'arrière-garde du 1er juin 1841 ; et enfin quatre mille dans Mascara et autour de cette ville.
        Rappelons-nous que ces dix mille colons sont appuyés de dix mille soldats, et je demande si vingt mille hommes, habilement placés sur une route aussi courte, n'en seront pas maîtres, surtout en observant que Mostaganem aura une garnison de deux mille hommes, très suffisante pour défendre la ville et sa banlieue à une assez grande distance, et que les colonies, étant militaires, pourraient garder leurs villages et même les postes militaires, pendant que les garnisons de ces postes rayonneraient ou se réuniraient par fortes colonnes, si des expéditions étaient nécessaires. N'oublions pas, en outre, que nous avons supposé, sur la route de Médéa à Tlemcen, deux colonnes mobiles de six mille hommes, toujours disponibles.
        Telle est l'œuvre militaire et coloniale la plus importante qui doive être accomplie immédiatement; selon moi, dans la province d'Oran.
        Blida, ai-je dit encore, doit avoir trois mille colons militaires, Médéa deux mille et Miliana deux mille, et un même nombre de soldats comme garnisons, indépendamment de la colonne de six mille hommes que j'ai supposée disponible entre Médéa et Miliana, et sous les ordres immédiats dû général en chef de toutes les troupes algériennes, gouverneur des colonies militaires.
        Ce général aurait donc en tout vingt mille hommes groupés autour de lui, sur un territoire de cinquante à soixante lieues carrées environ, au centre de notre zone intérieure; il serait également éloigné de la province de Constantine et de celle d'Oran, et pourrait consacrer treize mille hommes à des expéditions, tandis que les sept mille colons militaires garderaient les postes et les villages, et que les colonnes de Mascara ou de Constantine soutiendraient ses mouvements, à l'Ouest ou à l'Est. J'ai déjà dit ailleurs que, par ce moyen, la communication de Médéa et de Miliana avec Alger serait assurée, et cela devient évident si l'on songe que les points occupés, dans l'intérieur du fossé d'enceinte, renfermeraient encore près de cinq mille soldats.
        Enfin, pour la province de Constantine, j'ai supposé deux mille colons militaires vers Sétif, et deux mille vers Guelma, avec un nombre égal de troupes ; c'est qu'ici aucune expédition militaire de quelque importance ne paraît probable et nécessaire, et que les six mille hommes que j'ai attribués à Constantine, suffiraient pour augmenter, selon l'urgence, la force de Sétif ou de Guelma. Je suis convaincu d'ailleurs que, dans cette province, ce qui nous donnera le plus d'ascendant sur les Arabes, ce qui les soumettra le mieux à nous, c'est plutôt l'augmentation de notre population civile et l'accroissement de richesses qui en résultera, pour les indigènes comme pour nous, que le développement de notre force militaire, qui n'a pas d'autre but à atteindre que de maintenir la paix entré les tribus et les protéger les unes contre les autres.
        Quant aux communications de la zone intérieure avec le littoral, c'est-à-dire la jonction de Guelma avec Bône, de Constantine avec Philippeville, de Sétif avec Bougie, j'ai dit que c'était surtout l'œuvre de la colonisation civile ; lors donc que je m'occuperai d'elle, je parlerai de ces trois routes importantes

A SUIVRE

La photo de classe...
Envoyé par René Michaut

Quelques jours après la rentrée des classes, on procède à la traditionnelle photo de classe. La semaine suivante, l'institutrice essaie évidemment de persuader les enfants d'en acheter une chacun :
- "Pensez un peu à l'avenir. Vous serez bien contents dans quelques années, quand vous serez grands, de vous dire en regardant la photo :
- " tiens, là c'est Julie, elle est médecin maintenant ou encore : là c'est Kévin, il est ingénieur " et là, c'est Amilie, elle est manucure"
A ce moment-là, une petite voix se fait entendre du fond de la classe
- "Et là, c'est la maîtresse, Mme Planchon, elle est morte."


ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 23


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

III - TEMOIGNAGES
D. - CONSTANTINOIS
Un S.A.R. de céréaliculture
de la région de Guelma

PAR
Par Paul LECHERBONNIER
Ingénieur de l'Institut Agricole d'Algérie (1932)
Adjoint technique du Paysannat
Guelma (Bône)


      Au Sud-Est de Guelma, le Douar Khezaras s'étend sur 4.500 hectares ; ses 2.300 habitants sont essentiellement agriculteurs. Le douar possédait un terrain communal improductif de 270 hectares. Ce terrain, mis en valeur par défrichement, aménagement en banquettes, sous-solage, plantation d'oliviers, a permis l'installation de 21 familles musulmanes qui, sous la direction technique du Service du Paysannat, et avec les conseils donnés au jour le jour par le moniteur du S.A.R., exploitent rationnellement leurs lots. Elles payent un prix modique de location : 1/2 quintal de blé dur à l'hectare. Ce communal fonctionne comme " noyau-pilote ", et sert d'exemple pour les autres cultivateurs du douar.
      Par ailleurs, grâce au matériel collectif du S.A.R., de bons labours ont été exécutés dans les terres melk. Les façons superficielles sont réalisées à l'aide de l'équipement individuel (charrues légères, herses) que le fellah possède ou peut acquérir par le moyen des prêts de la S.A.P. Sur nos conseils, l'emploi de bonnes semences et des engrais s'est accru.
      Avant l'intervention du S.A.R. et de son matériel, les rendements moyens étaient de 4q/ha, et la fumure minérale pratiquement inemployée. Dans la même région, les agriculteurs musulmans obtiennent maintenant 10 q/ha en blé dur et 12 q/ha en orge ; moyennes normales en bonne année, avec des maxima de 18 q/ha.
      L'effort porte également sur l'olivier : entretien des arbres, taille, récolte, etc.
      Sur les banquettes du communal, plus de 10.000 plants d'oliviers ont été mis en terre depuis 1949. Là où il n'y avait que broussailles et ravinement, on peut voir des kilomètres de banquettes, avec des cultures de céréales et de légumineuses en intercalaires.
      Des terres disponibles, destinées à étendre ou à créer de petites propriétés rurales permettront de poursuivre l'oeuvre entreprise à Khézaras.



L'École d'Agriculture de Guelma
PAR
ParFATAH A.
Ingénieur de l'Institut Agricole d'Algérie, 1922
Ancien Directeur de l'Ecole d'Agriculture de Guelma

Historique

      En 1913, le Président de la Chambre d'Agriculture de Constantine, le regretté CLOUET des Perruches, demandait, dans un rapport présenté à cette Assemblée, l'organisation de Stations Expérimentales qui, à cette époque, faisaient défaut en Algérie.
      En 1919, MM. Suisse, Conseiller Agricole de l'arrondissement de Guelma et Joly, Maire de Guelma, étaient chargés d'établir un programme de création d'une Station Expérimentale.
      En 1922, la Station Expérimentale se transformait en Ferme-Ecole Expérimentale Indigène de Guelma, et des bâtiments étaient aménagés pour recevoir une trentaine d'élèves internes.
      En 1928, 1932 et en 1947, le domaine s'agrandissait de la propriété dite du " Bordj " d'une superficie de 38 ha, de la propriété Saïd de 90 ha, des anciens Docks Tramaloni, enfin, du jardin Saïd de 6 ha, ce dernier apportant, par son puits, un supplément d'eau pour les irrigations.
      En 1947, la réorganisation de l'Enseignement Agricole en Algérie transforme la Ferme-Ecole Expérimentale Indigène de Guelma en une Ecole d'Agriculture. Par ailleurs, donnant une suite favorable aux propositions formulées par le Conseil d'administration de l'Etablissement, l'Administration Supérieure décide d'ouvrir l'accès de l'Ecole aux élèves européens.

Enseignement

      L'année scolaire 1947-1948 a donc vu l'Etablissement recevoir sa première promotion mixte, et l'excellent esprit d'entente qui ne cessa de régner entre ces jeunes gens pendant toute la scolarité, fut un précieux encouragement pour tout le personnel de l'Ecole. Depuis, les promotions mixtes se succèdent et nous avons la satisfaction de constater que ce climat d'entente semble être définitivement celui de l'Etablissement, favorisant au surplus une saine émulation entre ces élèves de différentes origines, aussi bien au cours de travaux théoriques et pratiques que sur les terrains de sports.
      L'Ecole d'Agriculture de Guelma a formé, depuis 1922, 311 promotions d'élèves, dont 333 ont obtenu le diplôme sanctionnant les études ; ils se répartissent comme suit :
      Musulmans……………………….283
      Européens…………...……………..51

      Ce sont donc pour la plupart des Musulmans, puisque les élèves européens n'ont été admis que depuis 1947. Les anciens élèves restent pour la plupart dans le département de Constantine : on les retrouve faisant valoir leurs terres et s'efforçant de se libérer des coutumes ancestrales, ou employés comme chefs de culture, ou gérants chez les propriétaires européens et musulmans, ou moniteurs de SA.P., de S.A.R., de la D.R.S.
      Le placement des élèves diplômés, dès leur sortie de l'Etablissement, a toujours été rendu difficile à cause de leur jeunesse et de leur manque de maturité. C'est pour éviter l'écueil du non placement que l'on s'est toujours efforcé d'orienter le recrutement des élèves vers les fils d'agriculteurs musulmans, et d'excellents résultats ont été obtenus si l'on en juge par l'amélioration des méthodes de culture pratiquées dans leurs propriétés par d'anciens élèves de l'Ecole dans les Centres de Guelma, Oued-Zenati, Tébessa, etc...
      Par ailleurs, les nouveaux aménagements de l'Ecole ont eu pour objectif de permettre l'admission de candidats plus nombreux. Les agrandissements permettront dès la prochaine rentrée, une scolarisation de 72 élèves, ce chiffre devant être porté à 78 par les aménagements en cours.
      Un Centre de Mécanique Agricole et d'Artisanat Rural est en voie de création. Il sera à même de recevoir 60 élèves environ, ce qui portera le chiffre des internes (avec l'Ecole d'Agriculture) à près (le 140 ; Guelma deviendra ainsi, en Algérie, le plus important Centre de formation de jeunes ruraux.

Annexes

      L'Ecole d'agriculture de Guelma n'est pas seulement un Etablissement d'Enseignement ; celui-ci est heureusement complété par :
      1° Une Station de Sélection occupant 6 ha, qui est chargée de l'étude des variétés nouvelles, adaptées et intéressantes.
      2° Un domaine d'une étendue de 145 ha dont l'objectif principal est la multiplication des semences obtenues à la Station de Sélection. Chaque année, 2.000 quintaux de semences sélectionnées sont ainsi mis à la disposition des agriculteurs,
      Enfin, grâce à ses étables, écuries, laiterie et rucher modèles, l'Etablissement peut consacrer à l'élevage, à l'industrie laitière et à l'apiculture, une large part de son activité.
      L'ancienne Ferme-Ecole Expérimentale Indigène est devenue actuellement un Etablissement d'Enseignement de première importance. Située au centre d'une région agricole aux spéculations variées, où le peuplement musulman est particulièrement dense, son influence s'est heureusement manifestée sur l'économie de la région (céréales et élevage).
      Par son double aspect pratique et scientifique, l'Ecole d'Agriculture de Guelma donne aux jeunes ruraux musulmans et européens une excellente formation et leur permet, par les connaissances ainsi acquises, de participer efficacement à l'amélioration des méthodes de culture et d'élevage de ce pays.


A SUIVRE       

LA PROPRIETE IMMOBILIERE
EN ALGERIE
Envoyé par M. Pierre Latkowski
Texte paru dans la revue GAMT

        Le 26 juin 1956 M. Michel Cochet, Administrateur Civil, Chef du Service Central de la Topographie et de l'Organisation Foncière, a publié un document intitulé " Le régime de la propriété foncière en Algérie " . (n° 119 " Documents Algériens ").
        - Ces " Documents Algériens " étaient préparés par le Service de l'Information du Cabinet du Ministre de l'Algérie, et constituaient une étude brève mais complète d'un sujet ayant trait à la vie politique, économique, sociale, militaire et culturelle de l'Algérie.
        Le document de M. Cochet reprend, pour la période antérieure à 1900, l'analyse et souvent les termes mêmes de la " Notice sur la propriété foncière en Algérie " rédigée par M. Laynaud, Directeur des Domaines à Alger et publiée par les soins du Gouvernement Général de l'Algérie en 1899.

        Ces deux auteurs me paraissent, de par leurs fonctions et leur rang, avoir pu s'entourer d'éléments suffisamment précis et objectifs pour que nous puissions accorder à leurs écrits toute la crédibilité désirable. Ce ne sont d'ailleurs, pratiquement, que l'exposé des différents textes, arrêtés, lois, ordonnances pris par le pouvoir depuis 1830 en la matière, avec leur incidence sur la nature juridique de la propriété immobilière en Algérie.
        J'ajouterai que mon expérience professionnelle au Service des Domaines m'a permis de participer dans la région de Souk Ahras, dans les années 1950, à la remise de titres de propriété aux indigènes qui avaient pu faire état de leurs droits, ainsi que nous le verrons ci-après. Je peux aussi témoigner que les intéressés n'étaient pas indifférents au fait de devenir propriétaires, au regard de la loi française, des terrains qu'ils exploitaient, puisqu'un marché s'était créé et que nous enregistrions chaque année un nombre important de mutations sous condition suspensive consenties entre eux pour vendre ou acquérir par anticipation les parcelles situées dans le périmètre des enquêtes prescrites pour la délivrance de titres.

        Aussi je me suis attaché à reprendre les termes des ouvrages de MM. Laynaud et Cochet pour exposer, le plus succinctement possible, l'évolution de la nature juridique du foncier en Algérie sous le régime de l'autorité française.

        Avant la conquête, la propriété immobilière en Algérie était soumise à la loi musulmane, à laquelle s'ajoutaient les " kanouns " en pays kabyle, les coutumes régionales et les errements établis par le gouvernement turc.
        Or, ni dans les sources du droit musulman, ni dans d'autres sources reconnues, on ne trouve, exprimées dans une forme concrète, les règles qui régissaient la propriété foncière.
        Selon les pratiques de l'époque, qui se déduisent uniquement de prescriptions diverses, éparses et souvent contradictoires, la propriété foncière était constituée de plusieurs manières :
        Elle pouvait être transmise par vente, donation ou succession, être acquise par prescription, ou encore être constituée " habous ". Le habous consistait à donner l'usufruit d'une chose, pour une durée égale à celle de la chose ; il pouvait être constitué au profit de toute personne civile ou morale, généralement établi dans un but pieux, mais ce but n'était pas nécessairement imposé. Les immeubles constitués habous étaient inaliénables et imprescriptibles.
        Dans les villes et leur banlieue, la propriété était possédée à titre privatif ; elle reposait presque toujours sur des titres dont la plupart émanaient des cadis ; elle revêtait, en un mot, d'une manière apparente et indiscutable, le caractère " melk " ou privé.
        La situation était tout autre en dehors des villes : dans ces contrées vivaient des populations qui se trouvaient au moment de la conquête, réparties en groupes distincts, ou tribus. Chaque tribu occupait un territoire qui lui était propre et qui, dans ses grandes lignes, était assez bien défini, mais qui n'était pas régi de façon identique, selon que la tribu était établie en terrain " Beylik " (de l'Etat), qu'elle était installée sur des territoires " Maghzen ", qu'elle possédait des territoires " Melk ", ou qu'elle occupait des territoires " Arch " ou " Sabega ".
        A cette énumération, il convient d'ajouter les terres du Sahara où tout système foncier n'était que fonction du régime des eaux.

        1° Territoires Beylik : Le Gouvernement Turc était propriétaire de vastes territoires dont il disposait au mieux de ses intérêts. Les indigènes qui les occupaient étaient de simples métayers ; ils payaient un fermage (hokor), plus l'impôt ; en outre, ils devaient un certain nombre de corvées et de prestations plus ou moins facultatives . Ces indigènes se perpétuaient sur les mêmes terres, le plus souvent depuis un temps immémorial ; ils formaient une population compacte et constituaient de véritables tribus.
        N'ayant aucun droit sur le sol, ils ne pouvaient en disposer à aucun titre.
        Le beylik avait, en outre, la disposition des terres mortes tant qu'elles n'étaient l'objet d'aucune vivification ; les bois et forêts lui appartenaient à titre privé ; il était maître également des mines et des carrières.

        2° Territoires Maghzen : Pour maintenir le pays sous leur domination, les Turcs avaient constitué des colonies militaires désignées sous le nom de Maghzen. La concession immobilière qui était faite aux tribus en territoire maghzen était essentiellement précaire et révocable.

        3° Territoires Melk : Les terres melk appartenaient aux occupants en pleine propriété dans les conditions déterminées par la loi musulmane.
        Que la propriété melk reposât sur un titre souvent dressé par des écrivains sans caractère officiel, ou sur la simple possession, par prescription, ce qui était le cas le plus général, sa consistance était toujours mal définie.
        En outre, elle était fréquemment possédée indivisément par les membres d'une ou plusieurs familles. Aussi, quoique jouissant en droit de la qualité attachée à la propriété privée, les terres melk, manquant de précision et de facilité de transmission, n'avaient-elles en fait que les apparences de cette propriété.

        4° Territoires. Arch : Le fonds du bien arch (ou sabega) était réputé appartenir au souverain qui en abandonnait la jouissance à la tribu. Celle-ci usait de cette jouissance comme elle l'entendait, mais sans pouvoir aliéner le fonds. Tout membre de la tribu avait droit à la jouissance des superficies qu'il était à même de mettre en valeur. Le premier occupant conservait cette jouissance de la terre, tant qu'il pouvait continuer à la vivifier, et il la transmettait dans les mêmes conditions à ses héritiers mâles en ligne directe. Cette transmission s'opérait même parfois en ligne collatérale, à défaut d'héritiers directs.
        Comme on le voit, le statut des terres arch différait de celui de la propriété privée : par l'inaliénabilité ; par l'obligation de continuer à vivifier le sol pour en conserver la jouissance ; par les modifications apportées à l'ordre successoral ; par l'interdiction du droit de location ou de tout autre mode de jouissance autre que l'exploitation directe du sol par l'usager.

        Tel était l'état de la propriété en Algérie avant la conquête. Il est caractérisé par l'insécurité résultant des charges occultes (habous…), par le défaut de toute précision dans la consistance des biens ruraux, par l'indivision fréquente sur les terres melk, par l'imprécision des droits des détenteurs des terres maghzen ou arch, en un mot, par l'absence des critères indispensables au regard de la loi française en matière immobilière sur le territoire national.

        La première disposition que le Gouvernement français ait adoptée au sujet de la propriété en Algérie, est contenue dans la convention du 5 juillet 1830 qui règle la capitulation d'Alger ; elle est conçue ainsi qu'il suit :
        "La liberté des habitants de toutes les classes, leur religion, leurs propriétés, leur commerce et leur industrie ne recevront aucune atteinte. "

        Le principe ainsi posé eut pour conséquence de laisser sous l'empire de la loi musulmane les immeubles possédés par les indigènes, ainsi que les conventions intervenues en la matière entre indigènes musulmans.
        Mais il est certain que, dès 1830, la France dut faire face à la complexité des problèmes résultant de la prise du pouvoir et de l'installation des colonies de peuplement. Le Gouvernement dut prendre un nombre considérable d'arrêtés, d'ordonnances, de lois, de circulaires et d'instructions, chacune venant compléter, modifier, affiner, voire abroger la précédente.

        Notons simplement que, dans un premier temps, furent remis au domaine de l'Etat tous les immeubles appartenant à la Mecque et Médine, aux mosquées, marabouts, zaouïas, et, en général, à tous les établissements religieux musulmans, à la charge par l'Administration d'acquitter les dépenses au paiement desquelles les revenus des immeubles appréhendés étaient affectés.
        Furent placés sous séquestre et incorporés au domaine de l'Etat les immeubles occupés précédemment par le Dey, les Beys et les Turcs sortis du territoire de la Régence ou appartenant aux indigènes restés rebelles.

        Les mesures prescrites en application de ces premiers arrêtés ne donnèrent que des résultats fort restreints. Elles méritent néanmoins d'être notées, car elles marquent le premier pas dans la voie adoptée par le législateur pour la constitution de la propriété indigène. Il fallut aussi enrayer, dans le même temps, la fièvre de spéculation qui se manifesta dès le lendemain de la conquête : nombre d'européens, sans se préoccuper des particularités de la propriété foncière en Algérie, constatées ci-dessus, faisaient les démarches les plus actives auprès des indigènes pour se procurer des terres. Ceux-ci, dans la conviction que notre occupation ne serait que de courte durée, consentaient la vente de tout ce qui leur était demandé. Les acquéreurs, dont le principal but était la spéculation et qui n'achetaient que pour revendre, s'inquiétaient peu de la régularité de leurs acquisitions.

        La tâche du législateur pour donner à la propriété foncière en Algérie des bases juridiques plus strictes se révélait donc complexe.

        Trois textes revêtent une importance particulière :
- la loi du 16 juin 1851 qui a défini les domaines public et privé de l'Etat, des départements et des communes ;
- le sénatus-consulte du 22 avril 1863 qui a déclaré les tribus propriétaires des territoires dont elles avaient la jouissance permanente et traditionnelle à quelque titre que ce soit (terres arch) et prescrit la délimitation de leurs territoires, leur répartition entre les différents douars de chaque tribu, la détermination des biens communaux et la reconnaissance des biens domaniaux, puis l'établissement de la propriété individuelle ;
- la loi du 26 juillet 1873 dont le but peut être ainsi précisé :
        * mettre la propriété indigène sous le régime de la loi française,
        * reconnaître et constater les droits individuels dans les territoires melk,
        * constituer la propriété individuelle dans les territoires collectifs,
        * dans les uns et les autres, délivrer aux ayants droit des titres formant le point de départ de la propriété individuelle " francisée ".

        En effet, avec cette loi est née la théorie de la francisation des terres. (Précisons que la francisation reste sans effet sur le statut personnel du propriétaire lorsque celui-ci est indigène).
        D'autres textes suivront, pour adapter, réviser ou modifier la législation en fonction des difficultés rencontrées, l'objectif principal restant de reconnaître les propriétés individuelles déjà existantes, et de constituer la propriété individuelle en territoire de propriété collective.

        Qu'il s'agisse de reconnaître (territoires melk) ou de constituer (territoires collectifs) les propriétés, une commission était constituée afin de définir la consistance et les limites des parcelles, les ayants droit, et, après examen des titres éventuellement existants et des résultats de l'enquête effectuée sur le terrain en présence des autorités locales et des intéressés, dressait un procès-verbal qui, transmis à l'autorité centrale - Gouvernement Général, direction des Domaines - avec plan à l'appui, permettait la rédaction de l'acte de propriété. Le requérant reconnu dans ses droits recevait un titre privatif qui lui assurait, à l'égard de tous, la pleine propriété du bien selon la loi française.
        Tous les droits réels non maintenus étaient définitivement abolis, quelles que soient la nature et la date des actes les constatant.

        Les terres de l'Algérie du Nord (21 millions d'hectares en chiffres ronds) se répartissaient en gros, à la date du 6 décembre 1954, de la façon suivante:
- 5.233.529 ha constituaient le domaine de l'Etat
        dont      539.315 ha au domaine public,
                  4.694.214 ha au domaine privé (ordinaire, forêts, maquis, broussailles).
- les communaux couvraient 4.179.050 ha : parcours, forêts, maquis, broussailles, attribués aux douars considérés par la législation algérienne comme des sections de communes ayant leur personnalité morale.
- La propriété privée comprenait        11.447.040 ha, dont :
                Propriété européenne            2.247.040 ha
                Propriété indigène                 9.200.000 ha
                          Celle-ci comprenant                             2.722.062 ha francisés
                                                                                        4.406.356 ha melk
                                                                                        2.071.582 ha arch

        Tels sont les chiffres auxquels les travaux de délimitation du sénatus-consulte du 22 avril 1863 d'une part, les travaux d'enquêtes partielles ou d'ensemble d'autre part, effectués entièrement sous la conduite de l'administration en exécution des lois de 1873, 1897 et 1926. ont permis d'aboutir. Ces statistiques, au dire de M. Cochet, s'appuient exclusivement sur des données qui ont pu être contrôlées.

Pierre LATKOWSKI             

LETTRES A UN METROPOLITAIN
Envoyé par Mme Anne Marie Berger/Gallo
Par le CERCLE D'ÉTUDES ALGERIENNES
ÉDITIONS REGIREX (1960)

" Je vous salue, ma France arrachée aux fantômes. "
ARAGON.
      
 
LETTRE N° 15

       Et maintenant, ô mon cher vieux pays de France, nous voici face à face, affrontés comme une mère et sa fille qui soudain se rebelle et se dresse tremblante de colère. Et tu as pu penser que nous ne t'aimions plus.

       Toi qui, si souvent au cours de ton histoire, a vu ton peuple se précipiter dans les rues et en arracher les pavés pour construire des barricades, toi qui dans l'alternance des gloires et des malheurs, a puisé la sagesse et la générosité qui font les peuples forts, tu sais bien que le sang qui court dans mes veines a les impétuosités de la jeunesse, que je suis plus prompt à empoigner une mitraillette qu'habile à plaider ma cause.

       Je rentrais à peine de six ans d'une guerre, qui m'a mené jusqu'à Berschtesgaden et j'avais laissé les tombes de mes camarades tout au long du chemin. Et notre ennemi commun m'a imposé cette nouvelle guerre où j'ai l'impression de me battre à l'aveuglette, tandis que mes amis tombent autour de moi, sans que je puisse les venger. Dans mon combat sans gloire, j'ai entendu venir de France quelques rares cris d'encouragement, pas mal d'insultes et beaucoup d'incompréhension.

       Alors, si parfois je m'emporte, c'est parce que je t'aime et que toi, tu parais ne pas le comprendre. Peut-être n'ai-je pas su te le dire ? Permets-moi d'emprunter à un vieux poète le doux reproche qu'il adressait jadis :

* * *

                     FRANCE, mère des arts, des armes et des lois,
                     Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle ;
                     Ores, comme un agneau qui, sa nourrice appelle,
                     Je remplis de ton nom les antres et les bois.

                     Si tu m'as, pour enfant, avoué quelques fois,
                     Que ne me réponds-tu, maintenant, ô cruelle ?
                     France, France, réponds à ma triste querelle :
                     Mais nul, sinon Echo, ne répond à ma voix.

                     Entre les loups cruels, j'erre parmi la plaine.
                     Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
                     D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

                     Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
                     Ils ne craignent le loup, le vent, ni la froidure :
                     Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

                                                                                                         Joachim du Bellay.

Avec cette 15ème lettre, se termine ce recueil du Cercle d'Etudes Algériennes.
Merci à ces auteurs inconnus.


Le PANTHEON
DE M. Roger BRASIER
Créateur du Musée de l'Algérie Française à Perpignan
PAUL-CHARLES-JULES ROBERT
Né à Orléansville (Alger) en 1910 -
mort à Mougins (Alpes Maritimes) en 1980


Professeur de Français,
Linguiste,
Lexicographe,
Médaille d'Or de l'Académie d'Agriculture en 1947.


Élaboré dès 1945 son "Dictionnaire Alphabétique et analogique de la Langue Française"
Couronné dès la présentation du 1er fascicule par l'Académie Française en 1950.
Les éditeurs parisiens ayant refusé de l'éditer, il crée sa Propre maison d'édition: "La Société du Nouveau Littré".

Ce Dictionnaire sera suivi par l'édition de:
"Petit Robert" (1967),
"Grand Robert" (1970),
"Micro Robert " (1971),
d'une autobiographie où il raconte les "Aventures et Mésaventures d'un Dictionnaire" (1966).




De l'Adieu à l'Espérance
Envoyé par M. Renée TURREL

Nous t'avons quittée un jour,
Toi que nous aimions d'Amour,
Nous nous séparions de nos amis,
De nos familles, de nos ensevelis.
Les Poches de nos yeux souillées
Nous regardions s'éloigner
Notre terre Chérie!
Dans nos têtes, un méli-mélo de souvenirs
De peine, d'angoisse et de peur
Qu'avions-nous fait pour tant de malheurs?
Combien de fois, je retiens mes pleurs
Ô ALGERIE !
Dans un sursaut d'orgueil et d'espérance,
Au sein de l'Association, avec nos amis,
En toute solidarité et en harmonie,
Qu'ils soient d'Alger de Bône ou d'Oranie,
Nous pouvons d'une larme, façonner "une Perle"
En terre de France !
Renée TURREL

LE MUR des disparus SANS NOMS !!!
C'est qui, qui le dit ?

Extrait d'un article paru sur l'Express le mercredi 13 septembre 2006,
TITRE : Algérie 1962. La vérité sur les massacres d'Oran
Boris Thiolay

          Aujourd'hui, un autre projet est en gestation à Perpignan. Le Mémorial des disparus d'Algérie devrait être inauguré en 2007, dans l'enceinte du couvent Sainte-Claire, avec l'appui politique et financier de la municipalité. Le lieu devrait comprendre un mur de 15 mètres sur 2,5 mètres, sur lequel seraient inscrits «les noms de toutes les personnes disparues entre 1954 et 1963, sans distinction de sexe, d'âge, d'origine ou de confession». Traduire: les personnes disparues du fait de leur attachement ou engagement aux côtés de l'Algérie française. Cette stèle devrait être financée par une souscription. Combien de noms pourraient y figurer? «Environ 3 000 pour les civils, 340 pour les militaires. Pour les harkis, on n'a pas de chiffres, mais certains parlent de 150 000», réplique Suzy Simon-Nicaise, présidente du Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales, l'association à l'origine du projet de mémorial. Or les historiens français estiment que l'abandon puis le massacre des harkis ont fait entre 55 000 et 75 000 victimes. Autrement dit, à Perpignan, on graverait dans le marbre des chiffres fantaisistes, amplifiés, falsifiés. «On ne peut pas passer sous silence un génocide», clame Suzy Simon-Nicaise, qui a quitté l'Algérie en 1962, avec ses parents, à l'âge de 8 ans. «Des gens victimes de massacres réels avancent des chiffres toujours plus hauts pour se réclamer d'un génocide, commente l'historien Claude Liauzu, spécialiste de la colonisation. Rendre hommage à ses victimes est légitime, mais calquer sa souffrance sur le “modèle” de la Shoah est invraisemblable. Derrière ce mur des disparus, on pressent un lobbying politique d'associations qui veulent réhabiliter l'action de l'OAS.»

          Maurice Halimi, adjoint au maire de Perpignan, jure que le contenu scientifique du mémorial sera soumis à des historiens incontestables: «Si nous ne parvenions pas à un consensus et à une vérité arithmétique, nous reviendrions à un mur sans noms, avec un simple rappel des événements.» Certains, à gauche et surtout à l'extrême gauche, réclament l'abandon du projet. Mais Perpignan «la catalane» - comme aime la dénommer son maire, Jean-Paul Alduy (UMP) - ville de 120 000 habitants, a accueilli entre 15 000 et 20 000 rapatriés d'Algérie dans les années 1960. La municipalité a érigé la question identitaire en modèle de gestion. «Depuis que Jean-Paul Alduy est maire, le vote Front national est passé de 37 à 16,1%», se félicite Maurice Halimi. Il est vrai que Pierre Sergent, ancien conseiller municipal, et qui fut élu député du Front national dans les Pyrénées Orientales en 1986, était un ex-officier passé à l'OAS. Certains de ses compagnons de route n'ont pas abandonné le combat.

Voir l'article complet : http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=5789
A propos de cet article complet de l'Express voici le COMMUNIQUE DU 15 SEPTEMBRE 2006 DE JEAN MONNERET
"Je ne peux que prendre mes distances avec l'article paru dans l'express le 14 septembre.
je n'ai participé à la rédaction d'aucun rapport ni à l'établissement de statistique pour le ministère des affaires étrangères
Le journaliste n'a rien compris"
Jean Monneret


Pauvre France …. !

         Je maudis le politiquement correct, j'abhorre le médiatiquement correct, qui falsifie l'histoire de notre pays, qui bafoue l'honneur de ses citoyens.
         Le récent film " Indigènes " en est l'exemple le plus frappant ! Je ne me prononce pas sur sa qualité artistique, il a même été primé à Cannes. Je voudrais simplement dénoncer son traitement partial et partiel.
         La glorieuse Armée d'Afrique n'était pas composée uniquement de Maghrébins, Sénégalais, autochtones d'A.E.F. et A.O.F., incorporait aussi des hommes de souche européenne que tout un chacun connaît sous le vocable de " Pieds-Noirs ".

         Les concepteurs et producteurs de ce film oublient un peu vite que 40 000 Pieds-Noirs ont été tués dans les combats, pourquoi vouloir alors accréditer la thèse que seules les troupes des ex-pays colonisés auraient été sacrifiés.
         Il s'avère indispensable de rappeler que 176 000 hommes au total soit environ 16% de la population européenne d'Afrique du Nord ont été mobilisés dans l'Armée d'Afrique pendant la seconde guerre mondiale. Pourquoi ne pas rappeler que la mortalité des français d'Algérie a été de 8% alors qu'elle n'a été que de 5% pour les soldats nord-africain et les français de souche.
         Un autre chiffre pour rétablir une vérité historique bafouée, 45% des Pieds-Noirs ont été mobilisés contre 9% pour les populations dites colonisées.

         Au politiquement correct, j'ajouterais le larmoiement correct, il est vrai que la présidentielle se profilant à l'horizon, c'est de bon ton.
         D'aucuns penseront que c'est une forme d'intégration pour les populations concernées.

         Personnellement j'assure que c'est une ségrégation, une discrimination et cela ne date pas d'aujourd'hui, mais depuis 1987, depuis qu'une loi sépare les anciens combattants supplétifs d'Algérie en deux catégories : Les ayants droits (conditions à remplir supplétifs de droit local de confession musulmane). Les non-droits (supplétifs de droit commun confession non musulmane).

Christian Migliaccio       
Président de l'U.N.L.A.S
 Union Nationale Laïque des Anciens Supplétifs


Les Sous-Hommes chez les Pieds-Noirs

 
     Oui, il existe bien des "sous Hommes" chez les "Pieds Noirs".
     Ce sont ceux qui appellent à se prosterner aux pieds de Nicolas SARKOZY et de Hamlaoui MEKACHERA.
     MEKACHERA est ce politicien qui vient d'infliger les plus graves insultes que l'on puisse adresser à une communauté, celle du mensonge, celle de la négation de son Histoire et celle du mépris et de l'affront à ses morts.

     Le 7 avril 2003, Hamlaoui MEKACHERA attribue la responsabilité de la fusillade la Rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962, à l'OAS, excusant ainsi DE GAULLE et ses sbires. Il déclare "..., je suis en mesure de vous préciser qu'il s'agissait d'une manifestation interdite, organisée à l'instigation d'un groupe, "OAS" qui agissait hors des lois de la république et avait fait de la violence un moyen d'action qui fit de nombreuses victimes sur le territoire métropolitain et en Algérie. Ce jour là, si la manifestation à débuté de façon pacifique, des tirs ont été dirigés contre les forces de l'ordre et l'armée, celle ci ayant alors brutalement riposté. C'est la raison pour laquelle il apparaît difficile de commémorer cet événement de façon officielle. De plus, l'indemnisation des victimes et de leurs descendants ne pourrait se faire en l'état de la législation du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre."
Note JPR: Nier l'assassin, c'est nier la victime.

     Le 22 juin 2005, Hamlaoui MEKACHERA "déplore" et "condamne" le projet d'inauguration le 6 juillet de la stèle de Marignane: "Ce projet choque légitimement tous ceux qui sont attachés à l'oeuvre historique du général DE GAULLE et au respect des institutions de la République, contre lesquelles les membres de l'OAS ont recouru aux moyens les plus violents et les plus condamnables", ajoute le ministre. "La volonté du gouvernement", poursuit-il "est que toutes les victimes de la guerre d'Algérie puissent trouver la sérénité plus de quarante ans après la fin de ce conflit". M. Mekachera estime enfin que "cette initiative crée un risque important pour la cohésion nationale".
Note JPR. Dans ces deux déclarations et à d'autres occasions, Hamlaoui MEKACHERA ne s'indigne jamais des manifestations et célébrations pro FLN, y compris pour le "risque en matière de cohésion nationale". Il est pour la "sérénité des victimes" ... sauf celles de la Rue d'Isly qu'il ne reconnaît pas comme "officielles" et "indemnisables", et celles du 5 juillet qu'il interdit de commémoration.

     Nicolas SARKOZY déclare lui: "J'ai demandé au Préfet de la région PACA de s'opposer au déroulement de cette manifestation, en raison des risques manifestes de troubles à l'ordre public qui y étaient attachés. Vous pouvez être assuré que je partage en tout état de cause la légitime indignation que cette affaire a pu susciter tant au sein des familles des victimes de l'OAS que parmi les gardiens de la mémoire du Général De Gaulle."

     Le 5 juillet 2006, Hamlaoui MEKACHERA se recommandant (comme pour ses précédentes déclarations) des injonctions de la Ligue des Droits de l'Homme, du MRAP de Mouloud AOUNIT, du journal l'HUMANITE et de la Presse algérienne (Rosa MOUSSAOUI) "demande au Préfet de Paris, sous les ordres de M SARKOZY, d'interdire la cérémonie en hommage aux Morts-Disparus du 5 juillet 1962 à Oran", pendant qu'ils autorisent une manifestation anti israélienne qui tourne à la manifestation anti juive. Le tout se traduisant par un gros mensonge d'État.
Note JPR: Refuser la Commémoration, c'est nier la victime ou refuser son innocence.

     Le 15 septembre 2006, " des Pieds-noirs se déclarant représentants de notre communauté ", sans aucune honte, poursuivant leur travail de désinformation au profit du Gouvernement et du futur candidat de l'UMP, appellent les Pieds Noirs et leurs associations à aller travailler à Aix en Provence à la préparation d'une grand MESSE électorale de prosternation aux pieds de ceux qui nous ont méprisés comme jamais depuis 1962. Pour eux, ils ont organisé une véritable caravane électorale, démarrée le 7 juin au Sénat et qui va circuler en 2007 dans toutes les municipalités UMP à concentration "Pieds Noirs" qui mettent à disposition, après le Sénat, leurs salles municipales. Vous êtes conviés à y travailler en salle des mariages (sic!) et le cocktail vous sera servi ensuite.

     Ils ont surtout le culot de faire parrainer un prétendu Hommage aux Français d'Algérie, par Christian PONCELET, président UMP du Sénat, Pieds Noirs du Maroc, gaulliste qui s'est tu quand a été supprimé l'article IV niant sa propre Histoire, par Hamlaoui MEKACHERA déjà cité et par Jean-Claude GAUDIN qui trahit toutes ses promesses quant au fameux Mémorial de Marseille. Leur caravane, qui comme par hasard a lieu en 2007, année électorale, profitera donc au seul candidat de l'UMP qui sera, personne ne peut en douter, Nicolas SARKOZY.

     Et cette infamie venant de nos propres rangs se fait au nom de la Loi méprisante de février 2005 dont toutes les "avancées", vendues par ces auto désignés représentants de notre communauté, à quelques ânes, se sont retournées contre notre Communauté." Car à quoi se résume cette loi en dehors de quelques avantages pour les seuls Harkis?
     - L'article IV a été supprimé à la demande de M. CHIRAC au profit de nos pires ennemis, dont ceux déjà cités, qui en ont profité pour mobiliser contre notre Histoire dite coloniale.
     - Le dit "'article 46" permet un émiettage à quelques centaines de personnes qui n'ont pu (ou leurs parents) rembourser des dettes. Tant mieux pour nos compatriotes, mais c'est prétexte au refus de l'Indemnisation totale et de la Réparation pour tous, auxquelles ont droit toutes les communautés et tous les individus, même étrangers, quand ils/elles ont été spoliés(es) ou victimes de l'État.
     - La reconstitution de 80 dossiers de retraites d'anciens défenseurs de l'Algérie française qui s'avère concerner en fait ... 3 dossiers!

     A cela, c'est à dire à quelques gris-gris, c'est à dire à Rien, s'ajoute le mépris pour notre Communauté qui se voit traitée en peuplade de "sous Hommes" par le Gouvernement, puisque ni les Juifs, ni les Arméniens, ni les Tziganes, ni les Musulmans même étrangers, ni les Homosexuels, etc., aucun individu, ni Communauté ne se seraient vus imposer et n'auraient accepté :
     - des commissions qui, si elles sont créées (Mémorial, Médias, livres scolaire et Enseignement), seront dirigées ou composées majoritairement des pires ennemis de notre Histoire (Arno KLARSFELD, Benjamin STORA, etc.),
     - un bout de Monument (si un bout nous est donné) consacré à d'autres et qui interdira nos Martyrs,
     - une date qui ne veut rien dire (inauguration, par un président gaulliste, d'un monument qui ne nous est pas destiné),
     - des représentants (HCR) choisis par l'État pour discuter ... avec Lui…
     Et je ne parle pas ici du fait de devoir prouver que nous sommes français, du 99 revenu pour les documents informatiques, du DZA/ZZD, des cimetières, du Traité d'Amitié non encore signé par la seule volonté de BOUTEFLIKA, des insultes algériennes et de "nos " repentances, des émissions quasiment quotidiennes qui salissent notre Histoire et des campagnes haineuses qui se développent depuis quelques mois à l'initiative de la LDH et du MRAP de Mouloud Aounit, mais grâce à la complicité du Gouvernement, les intérêts gaullistes et des néo-porteurs de valises retrouvant leur alliance naturelle historique, etc.

     Oui Pieds-Noirs, Présidents d'associations ou individus, si vous acceptez tout cela en acceptant de vous rendre à ces réunions d'organisation de la caravane politique SARKOZY-MEKACHERA-GAUDIN cautionnée par ceux qui se disent des notres, vous serez responsables de notre statut de sous hommes et prêts pour toutes les dhimmitudes. Commencez par vider les écuries d'Augias avant de parler d'Union et sortez ces prébendiers qui se mettent en place pour les prochaines élections. Faites savoir à CHIRAC, SARKOZY, MEKACHERA et à Madame le Maire d'Aix en Provence ou autres que ces prébendiers ne vous représentent plus et que leur "caravane" ... "no pasaran!". Alors peut-être obtiendrez-vous, si ce n'est les légitimes Droits auxquels vous pouvez prétendre, le Respect de la Classe politique et des Médias.
Jean-Pierre RONDEAU
jprondeau@wanadoo.fr

NDLR : Après avoir moi-même subit les foudres et une Fatwa de certains " sous-hommes (femmes)", c'est avec plaisir que j'approuve ce texte et c'est volontairement que j'ai levé les noms de P.N. cités dans le texte initial car je pense qu'ils sont trop nombreux pour les citer tous. OUI, tant que les P.N. n'auront pas balayé devant leurs portes, nous serons toujours la dernière roue de la charrette. Ce ménage doit se faire dans certaines associations et celles qui se disent saines doivent prendre leurs responsabilités.


Lettre ouverte à
Monsieur le Président de la République,

         Monsieur le Président

         L’ensemble des associations d’anciens combattants, et particulièrement l’U.N.L.A.S, se réjouit que vous soyez intervenu personnellement, pour mettre fin à la ségrégation « cristallisation des pensions » existante entre les anciens combattants français et les anciens combattants étrangers des pays de l’ex-union française, devenus indépendants.

         L’année prochaine commémorera le vingtième anniversaire des premières mesures de reconnaissance de la Nation prises en faveur des anciens combattants d’Algérie, supplétifs appelés communément « Harkis », pour le sacrifice consenti.

         Verrons-nous le bout du tunnel ?

         Après vingt ans d’efforts, et de demandes aux pouvoirs publics pour faire cesser la discrimination raciale et religieuse, existante entre les supplétifs français de souche arabo-berbère et les supplétifs français de souche européenne, nés français en Algérie, ayant néanmoins combattu avec le même statut, ayant eu les mêmes souffrances physiques et morales, le même déracinement et connu le même destin pour un peu plus d’un euro par jour.

         Saisissant cette occasion, j’attire respectueusement votre attention Monsieur Jacques Chirac Président de la République, garant des institutions de la République, pour vous demander solennellement de bien vouloir mettre fin à la discrimination existante entre les anciens combattants supplétifs français, fondée uniquement sur l’origine, la race et la religion.

         Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Christian Migliaccio       
Chevalier de la Légion d’Honneur


INONDATION
Envoyé par M. Marc Dalaut
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut


Une pluie est tombée, à verse, sans arrêt,
Depuis plusieurs longs jours, aussi les oueds roulent
Des vagues boueuses qui se cabrent en houles
Comme la barre d'eau que forme un mascaret.

Et l'inondation submerge le guéret.
Les berges de sable que sapent le flux croulent,
Des gourbis emportés où perchent quelques poules
Passent dans le courant où, parfois apparaît

D'un animal noyé la masse chavirée.
Mais la pluie a cessé, l'eau s'étant retirée,
Des petits Arabes rapportent dans leurs bras,

Capturés dans des trous, pleins après la décrue,
En chapelets entiers, des barbeaux blancs et gras
Qui, salés aux gourbis, tiendront lieu de morue.


Chroniques d'une jeune fille dérangée...
Par Françoise Mesquida


      " - Quand reviendrons-nous à Alger ?
      - Jamais, a dit papa.
      Privée de sa mère abattue rue d'Isly le 26 mars 1962 à Alger, chassée de son pays avec père et soeurs. Mal accueillie par la France profonde, Françoise cherche alors amitiés et rencontres auprès de vaches, mouches, frelons, êtres imaginaires. Dieu... Mais on lui supprime Dieu d'un éclat de rire...
      Elle se trouve seule pour chercher un chemin à travers les interdits : " Je sais que les enfants naissent par le nombril, se dit-elle. Je l'ai deviné toute seule ! " Aux premiers émois de son corps, suite à une "bonne lecture", elle guette son ventre avec la crainte naïve de le voir grossir pour enfanter...
      Ici, entre humour et angoisse, une jeune fille dérangée et dérangeante...
      Elle sort des rangs.

      Après la publication de son premier livre À LA PORTE DE L'OUED, Françoise MESQUIDA fait ici le récit des tourments de son adolescence.
      Elle écrit également des contes et nouvelles
      Couverture : idée et création Nicolas Amedeo et Roxane Mesquida.

E-mail francoisemesquida@free.fr

La Guerrière et la Progéniture

       Les lits de fortune (et d'infortune !), la caisse en bois qui fait office de table, les assiettes en carton et tout le reste... c'était drôle au début. Grâce à nos meubles d'Alger qui viennent d'arriver par camion garé devant la maison, nous allons enfin retrouver du confort, et surtout nos repères. Notre lien avec le passé. Passé heureux. Ou passé proche et douloureux. Et tant pis si ça fait mal.
      J'aurais au moins l'impression de retrouver un peu maman, dans tous ces objets familiers.
      Il faut maintenant rentrer dans notre deux pièces les meubles de notre cinq pièces d'Alger. Ce sera de l'ordre du miracle. Pas la multiplication des pains, mais celle de la surface habitable. Qu'importe. On ne jettera rien.
      Sinon, quelle idiotie d'avoir fait traverser la Méditerranée à tout ça !
      Ma joie est grande : dans le cadre m'attendent plein de trésors et notamment mes poupées, celles que je n'ai pu emporter avec moi. Mais de les retrouver n'effacera pas le sentiment étrange d'avoir oublié quelque chose, quelque part...
      Tout le monde s'y met pour aider à décharger le camion. Sauf ma jeune soeur et moi.
      - Vous n'avez pas assez de biceps, déclare mon grand frère Lucien, en déposant un énorme carton dans le salon.
      Lucien, âgé de dix-huit ans, vient à peine de rentrer d'Algérie. Nous sommes heureuses, mes soeurs et moi, de faire vraiment connaissance avec lui. Il est né du premier mariage de papa, et nous n'avions guère l'occasion de le voir, là bas.
      On fait quoi, nous alors ? Proteste ma jeune soeur.
      Vous vous écartez pour laisser le passage à celles qui travaillent, s'exclament les deux aînées, les bras tout encombrés de paquets.
      - Il y a les cartons à ouvrir, suggère papa.
      Ça, ça fait notre affaire, d'ouvrir tous ces cartons ! La redécouverte... Dans celui-ci la vaisselle, dans celui-là des outils, et là... encore de la vaisselle ! Mais où sont donc mes poupées ?
      - Regarde ! Les affaires de maman...
      Ses vêtements, son sac, ses papiers... On referme brusquement le carton, de peur de raviver la douleur.
      Ouf, papa n'a rien vu : il est encore dehors avec les déménageurs qui n'ont plus que l'énorme table de salle à manger à décharger. Notre table : un vrai coffre à trésors, avec ses deux pieds creux ! Pas le genre de trésors de la caverne d'Ali Baba. Non. Des trésors plus ordinaires qui ne brillaient pas comme de l'or ou des perles, puisqu'ils étaient en papier : des centaines de tracts ! Aux yeux des parents, ces tracts avaient certainement plus de valeur que tous les rubis du monde ! Sur certains, l'on pouvait lire : OAS veille, ou bien encore Ni valise, ni cercueil... et parfois, La raie publique (illustré du postérieur de l'illustre De Gaulle). Ce tract nous avait bien fait rire ! Il y en avait eu d'autres encore, mais je les ai oubliés.
      En Algérie, beaucoup de monde prenait part à ce mouvement. Et c'était normal ! Le F.L.N assassinait, l'armée française ne nous protégeait plus... vers qui d'autre se tourner ? Papa et maman avaient, eux, pour mission de camoufler les tracts. Ce que faisaient très bien les pieds creux de notre table ! Mais quand les slogans n'étaient plus d'actualité, il fallait s'en débarrasser au plus vite. Vu la quantité, impossible de les sortir de l'appartement sans passer inaperçu et risquer une fouille dans la rue. Pas question non plus de les jeter aux poubelles soumises à des contrôles réguliers : cela aurait engendré inévitablement une fouille complète de tout l'immeuble et mis quelques voisins (sûrement plus actifs que les parents !) dans l'embarras. La seule alternative était de tout brûler. Ce que maman faisait très bien pendant toute une matinée, tellement il y avait de tracts.
      Quelle belle flambée dans la grosse bassine en aluminium ! Enfin, maman noyait les cendres et jetait le tout dans les toilettes. Dans l'appartement, ça sentait alors le brûlé mouillé, comme après un incendie circonscrit par les pompiers.
      La première fois, maman avait ouvert les fenêtres pendant l'incinération. Voyant sortir la fumée, quelques voisins étaient accourus, tout prêts à alerter les pompiers.
      Maman avait donné je ne sais quelle explication rassurante. A l'avenir, toutes fenêtres closes, on toussait pendant des heures. Sans inquiéter personne.
      Il me reste de ces moments, un mystère jamais élucidé : s'il était imprudent de sortir tous ces tracts, comment ces derniers avaient-ils pu entrer chez nous sans incident ?

      Les déménageurs déchargent enfin la table du camion ; ils ignorent qu'ils tiennent là un ancien coffre à secrets.
      Trop lourde. Ils feignent de l'oublier sur le trottoir et s'en vont. Papa s'en charge, avec Lucien et un cousin de passage.
      Sur le trottoir, debout à côté de la table, papa est soudain bizarre. Mal à l'aise. Il chuchote au cousin :
      - Personne ne nous observe, dans la rue ?
      Quelques tours de tête, et le cousin répond, étonné :
      Non, personne.
      Et la table est soulevée, puis portée avec peine jusqu'au salon tout envahi de cartons.
      - On la pose là ?
      Non, ici.
      - Plus près de la fenêtre ?
      - Peu importe, dit papa, à bout de souffle.
      La table est alors posée n'importe où, selon la volonté de papa.
      Basculez-la légèrement, dit-il.
      Pendant que Lucien et le cousin la maintiennent inclinée, papa s'accroupit, plonge un bras à l'intérieur de l'un des pieds, et en ressort un petit paquet qu'il brandit victorieusement.
      Il y avait donc encore un trésor caché dans notre jolie table ?
      - C'est quoi ? demande-t-on.
      Nous entourons papa tandis qu'il examine, soupèse... examine et soupèse encore. Son silence accentue le mystère...
      Enfin, il arrache scotch et papier, et le trésor apparaît... Quoi ? Un pistolet !
      Ma déception est grande.
      C'est l'arme qu'un voisin lui avait remis en Algérie, pour se détendre, au cas ou...
      Juste après le drame de la fusillade, un oncle et Jackine avaient surpris papa en train de regarder une photo de maman, l'arme braquée sur sa tempe. Dieu merci, il s'était laissé désarmé...
      Comme il est plus difficile d'éliminer une arme que des tracts, on l'avait planquée dans une bouche d'aération de la maison. Un pistolet, ça peut brûler la cervelle, mais ça ne brûle pas. Et dire que papa a pris le risque de ramener ça, alors que j'ai dû abandonner mon ours Mickaël tout usé par mes câlins !

      Maman, puis mon ours...
      Au lieu d'aller à la poubelle, Mickaël aurait pu lui aussi voyager dans le pied de la table. Comme un clandestin. Et si j'avais su que papa prendrait autant de risques, je lui aurais suggéré de cacher l'arme dans le ventre de Mickaël ! Ainsi, en rendant service à papa, j'aurais sauvé la peau de mon ours.

      Dans la salle à manger, notre table est coincée entre nos quatre lits, et l'unique petite chambre contient à peine le lit des parents. Que faire ! A petits moyens, petite maison. Et encore, papa n'aurait jamais pu financer cette maison sans sa pension de mutilé de guerre. Mais il est certainement des Pieds-noirs plus infortunés que nous, comme par exemple notre tante Jane, dépourvue de domicile. Encore, trouve-t-elle refuge chez nous !
      Le vol Alger/Bordeaux ne lui a pas réussi, semble-t-il.
      - La pression m'a bouché les oreilles ! Grogne t-elle, sans arrêt.
      Et puisqu'elle n'entend plus, il faut lui parler fort. Ou se répéter. De plus, elle me sollicite sans arrêt pour faire ceci ou cela... Je n'en peux plus.
      Et voilà ! Ça continue ! Elle a perdu l'ouïe, mais pas la langue ! Imitant son handicap, je fais la sourde oreille.
      Elle réitère :
      - Françoise ! Françoise ! (Comme un disque rayé.)
      Profitant de sa surdité, je me soulage d'un petit merde à peine murmuré, un petit merde de rien du tout, mais qui pourtant, comme par miracle, lui débouche immédiatement les oreilles. J'ignorais, avant cela, le pouvoir de guérison du mot de Cambronne.
      Aucune reconnaissance : au lieu d'un merci, ma tante me rebat aussitôt les oreilles par un sermon sur la grossièreté. Du coup, le désastre de la pression sur ses pauvres oreilles, je n'y crois plus. Un prétexte.

      En revanche, elle a souvent les yeux rouges et un mouchoir à la main. Sans doute, pleure-t-elle maman et l'Algérie?
      Dès son arrivée chez nous, pour lui faire place, nous avons poussé la table dans un coin et rapproché nos quatre petits lits. Le salon est maintenant le dortoir des femmes, et la chambre de papa, flanquée en plus d'un lit de camp, est celui des hommes. À la guerre comme à la guerre, dans ce pays ou la paix n'est qu'apparente. Mais pas question, pour quiconque, d'éloigner de mon lit mes poupées à peine retrouvées !
      Mes sommeils agités transforment bien souvent mon lit en champ de bataille. Je suis alors la guerrière, et mes poupées les victimes. Au petit matin, les malheureuses gisent à terre, ou suffoquent au fond des draps. Une nuit, les pieds de ma tante ont heurté une masse glacée.
      Affolée, la pauvre femme s'est réveillée en sursaut : elle croyait avoir touché mon pauvre cadavre tout froid et tout raide. Non. J'étais encore vivante et bien déterminée à conserver dans mon lit toute ma progéniture !



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Françoise Mesquida
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83220 LE PRADET
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LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Visite à travers les communes
La colère du wali
Par M. C. H

El Watan :Edition du 26 septembre 2006, Hippone Info
      La commune, chef-lieu de wilaya a été particulièrement ciblée par les critiques. Le wali a, en effet, constaté que dans cette commune l'argent du contribuable est gaspillé dans des opérations sans véritable incidence sur le quotidien des habitants.
      Il a relevé le mauvais état des routes, ruelles et places publiques. Il a parallèlement noté que la plupart des cités et quartiers n'avaient pas d'éclairage public et que dans différents endroits, le réseau est mal entretenu. Il a également constaté le non-enlèvement des ordures ménagères. Comme il l'a toujours fait depuis son arrivée à Annaba, le wali s'est mis en colère et a menacé de sanctions les responsables de la commune. En début de soirée de la même journée, il a provoqué une réunion au siège de la commune. Il y a réitéré ses remarques et menaces exprimées lors de ses déplacements de la matinée et a pointé une nouvelle fois un doigt accusateur vers les cinq élus chargés des secteurs. Avant de lever la séance, il donna la parole à certains et molesta verbalement d'autres cadres et élus. Préalablement, il avait été informé que sur les 150 millions de dinars versés à la commune de Annaba au titre du budget annuel d'exploitation 2006, seuls 12 millions avaient été utilisés au 31 août. Au titre d'argument, le maire et ses disciples, tous du FLN, avaient avancé les travaux de Sisyphe qu'ils réalisaient quotidiennement. Ils n'ont pas précisé que les services communaux sont perpétuellement sollicités pour réaliser des travaux bâclés quelques jours auparavant. " Il y a plusieurs façons de quitter son poste ", a asséné le wali. Cette mise en demeure est assortie de l'éventuelle décision de transfert du budget supplémentaire de Annaba vers une autre commune. En fait, l'intermède estival, qui a permis à la ville de retrouver son éclat perdu ces cinq dernières années, n'était rien d'autre que de la poudre aux yeux. Le wali, qui se limite à exprimer des menaces depuis son arrivée à Annaba, ne s'est toujours pas décidé à les mettre à exécution. Le pourra-t-il ou fait-il simplement dans la gesticulation pour les besoins de la consommation publique ?
      A Annaba, en cette veillée de fin de mandat des élus locaux, l'activité tourne autour " des poches ", de la gestion du patrimoine foncier communal, affaires sociales, choix des fournisseurs et de l'octroi d'un maximum d'agréments d'autorisation d'exploitation des parkings à des prête-noms. Le terrain communal, sis à la plaine ouest face au siège de la direction générale attribuée à un opérateur privé, est révélateur de la fringale qui gagne les coulisses de la commune de Annaba. Une activité qui tient compte de l'échéance électorale d'octobre 2007.


2) Projets et acquisitions
Par M. C. H

El Watan :Edition du 12 septembre 2006, Hippone Info
      C'est demain mercredi que les autorités locales se pencheront une nouvelle fois sur le secteur de l'hydraulique et des travaux publics.
      L'un comme l'autre, ces deux secteurs sont à l'origine d'un grand nombre de satisfactions. Ces deux dernières années, ils ont été à l'origine de plusieurs réalisations. Le premier a mieux développé les projets à l'origine du lancement d'une longue série d'opérations. Les plus importantes sont le développement et la réhabilitation des forages du champ captant de Guerbes, la réhabilitation du réseau AEP de la ville de Annaba, de Kherraza, du littoral nord, l'étude du schéma d'évacuation des eaux pluviales et d'assainissement de la ville, la mise en place d'un système de protection contre les inondations dans la commune chef-lieu de wilaya. Le second a permis à la corniche de Annaba de souffler cet été.Contrairement aux précédentes années, il n'y a pas eu de grands embouteillages de la Caroube jusqu'au Cap de garde ou la CW 22 sur 10 km. Il reste ce problème de rond-point de Rizzi Amor. Renforcement sur 30 km de la RN 44, réalisation de l'échangeur RN44/CW2 et CW109, aménagement et modernisation de la RN 84 sur 37 km avec évitement de la ville de Seraïdi, entretien et réhabilitation des chemins communaux.


3) Des travaux en perspective
Le fait du jour
Par Leïla Azzouz

El Watan : Edition du 3 octobre 2006, Hippone Info
      Ca bouge du côté des directions de l’hydraulique, des travaux publics, des équipements publics et des logements de la wilaya. C’est comme si les responsables avaient reçu le même ordre ou la même instruction de lancer en même temps des opérations d’aménagement, de réhabilitation ou réalisation des axes et ouvrages routiers, réseaux aep et des conduites usées. Les douze communes de la wilaya sont concernées.
      La première sera certainement Seraïdi et les localités enclavées de Aïn Barbar et Romanet. Les concepteurs des projets et les responsables de la wilaya s’y sont rendus ce dimanche. Ils ont organisé des réunions auxquelles ont participé des élus locaux et des représentants de la société civile. Habitués aux réunions sans lendemain, ces derniers, véritablement dubitatifs, ne croyaient pas leurs oreilles. « Tout est prêt pour le lancement. Nous vous invitons à exprimer vos besoins prioritaires pour les satisfaire rapidement », leur avaient pourtant précisé les directeurs dépêchés par Benghayou Brahim wali de Annaba. Ces travaux concernent les grands axes routiers Seraïdi-Annaba, ceux des conduites d’AEP en majorité héritées du colonialisme, vétustes ou ne répondant plus aux besoins des habitants. Travaux également prêts à être lancés sur les conduites d’eaux usées, le réseau d’alimentation en électricité et gaz, l’environnement… Le simple rappel de ces travaux, prévus pour être lancés avant la fin de l’année 2006, montre l’immensité des problèmes à résoudre dans un délai très court. Les enveloppes financières ont été débloquées et la wilaya de Annaba a lancé des appels d’offres nationaux et internationaux. S’agissant d’opérations de grandes envergures, plusieurs entreprises dont 6 étrangères (elles sont 3 à Constantine et 3 autres à Oran pour les mêmes opérations) ont soumissionné. Les plis seront ouverts dans quelques jours pour l’exécution des projets à l’issu des délais prescrits pour le recours.


MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Christophe Clavier

A LA RECHERCHE DE MES COUSINS D'ALGERIE
Bonjour,
Suite à des recherches généalogiques personnelles, j'ai appris qu'un frère d'un de mes ascendants, Auguste Quintard, avait fait souche en Algérie.
C'est alors que j'ai trouvé un article dans le n°15 (février 2003) de la Seybouse http://www.seybouse.info/seybouse/infos_diverses/mise_a_jour/maj15.html qui décrit une partie de la descendance de cet homme.
Cet article, signé du docteur Alain Leblanc, a pour titre "La famille Quintard", et m'a permis tout à la fois de découvrir la ville de Bône, et de connaître quelques premières informations sur la lignée de mon arrière-arrière-grand-oncle.
Mais surtout cet article a attisé ma curiosité et m'a donné l'envie d'en savoir plus sur sa vie et celles de ses descendants, mes "cousins".
Qui étaient-ils ? Comment étaient leurs vies à Bône et ailleurs ? Que sont-ils devenus ?
Ces questions, aujourd'hui, je ne sais vers qui me tourner pour les poser.
J'ai essayé de contacter par email le docteur Leblanc mais sans succès, son adresse paraissant ne plus être valide.
J'ai pourtant l'intuition que vous devez être très nombreux à pouvoir me renseigner, me faire partager votre passé et votre présent.
Alors, à vous, familles Quintard, Mondehard, Beugin, Caillard, Pralus, Ferrat, Nicolas, Yemeniz, Leblanc, Carpuat, Pineau-Marescal, je vous demande, si vous le voulez bien, de me contacter (email :
Je serais très heureux de faire votre connaissance et de pouvoir échanger sur nos racines communes.
Merci à vous tous.    Christophe Clavier
Mon adresse : christophe.clavier@free.fr

De M. Amédée Laperna

En novembre 1961 eut lieu le crime de mon copain Emile ALLOUCHE, je ne me souviens pas du jour exact.
Le lieu du crime, c'est la rue qui se trouvait, à gauche, dans la rue du 4 septembre, à 50 mètres du commissariat. Le crime, perpètré par un musulman, c'est produit entre 18 et 19 heures, un samedi.
Est-ce que quelqu'un aurait des précisions ?
Merci d'avance. Amédée Laperna
Mon adresse : lapame@wanadoo.fr

De Mme Esther Cezard

Bonjour, je viens de découvrir que mon grand pere paternel est né à Bône en Algérie. Je suis à la recherche d'informations.
Toute la famille de mon grand père a quitté l'Algérie en 1962. Ma famille paternelle s'appelle TONNA.
Mon grand pére Emmanuelle Tonna. Son pére Tonna Paul marié à Angèle Umola. Paul Tonna serait décedé en Algérie. Il avait 2 frères ( Antoine et Angelo ) et une soeur (Christine).
Merci pour les infos
Mon adresse : cesther@wanadoo.fr

De M. Gilles Croneiss

Nous avons au cimetière de Bône une tombe où il est inscrit "Aux victimes du crime du 12/12/1851".
Je n'ai pour l'instant rien trouvé dans l'histoire de Bône qui y fait référence...
Qui peut nous venir en aide ? Une recherche dans les archives judiciaires et des journaux de l'époque serait nécessaire.
Merci d'avance. Gilles et un groupe de Bônois.
Mon adresse : gilles-croneiss@laposte.net

De


Mon adresse :

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Du nouveau Sur le site Annaba-Photos, c'est à voir
Site: http://www.annaba-photos.net

cliquez ICI pour d'autres messages.

Les Anges !!!
Envoyé par Pierre Latkowski

        Jacques CHIRAC , De VILLEPIN et Nicolas SARKOZY se retrouvent tous les trois au Paradis et sont reçus par Dieu lui-même. Dieu s'adresse d'abord à CHIRAC :
- Jacques, en quoi est-ce que tu crois?
- Je crois que le moteur à explosion est une invention du démon. Je crois aussi qu'il faut protéger le monde contre les CFC et que si l'on utilise encore des fréons ou autres machines de guerre, le monde ne sera plus qu'une vaste serre, et tous les terriens mourront...
        Dieu reste pensif puis il dit : - C'est bon, viens ici et assieds-toi à ma gauche.
        Puis Dieu s'adresse à VILLEPIN et lui demande :
- Dominique , en quoi crois-tu?
- Je crois en l'homme et en sa puissance. Je crois que l'homme devrait être capable de faire ses propres choix et que personne ne devrait lui dicter ce qu'il doit faire.
        Dieu reste pensif puis il dit : - C'est bon, viens ici et assieds-toi à ma droite.
        Puis Dieu s'adresse à SARKOZY et lui demande :
- Et toi Nicolas , en quoi crois-tu ?
- Je crois que vous êtes assis à ma place.


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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