N° 43
Septembre

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Septembre 2005
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

LA RENTREE

    Chers Amis

    C'est la rentrèe, avec son lot habituel de surprises : hausse des carburants, des impots fonciers, des taxes nouvelles, etc.. Heureusement qu'il y a la Seybouse pour nous faire oublier pendant quelques temps ces soucis.
    Il y a aussi tous les malheurs du Monde : accidents d'avion, innondations, incendies, actes de terrorisme. Heureusement que la Seybouse nous améne des moments de rigolade.
    Il y a les nouvelles de notre pays natal avec son lot quotidien de térrorisme, de désinformation ou de déclarations explosives de son président. Heureusement que la Seybouse rappelle des vérités historiques pour répondre à cela.

    On croirait que la Seybouse est le centre du monde. Non, mais à la lecture du très, très volumineux courrier que je reçois, ce n'est qu'un petit fleuve tranquille qui suit son courant bônois ou vogue la barque du bonheur qui enchante et réjouie les lecteurs de tous âges.
    C'est la magie de cette Gazette. Pour que cette magie perdure, il ne faut pas grand chose : que nos anciens, avant leur grand départ, se décident à raconter leur mémoire, que leurs descendants cultivent cette mémoire et la transmette à leur progéniture.

    Le temps presse. ANCIENS, à vos plumes ou claviers. JEUNES, à vos dictaphones pour écouter et enregister vos Anciens.
    Tous ensemble sauvons notre patrimoine mémorial.
    En attendant, je vous souhaite une "Bône" rentrée.

Merci à tous                                   Jean Pierre Bartolini                         

        Diobône,
        A tchao.


Aprés votre visite,
(---n'oubliez pas de Cliquer --- )

TOUTCHI Vin - cher
" queue - de - cerise "
N° 2 de Février 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille


         Un quidam motorisé passait un jour devant un domaine cossu, peuplé de familles qui travaillaient avec foi, et non encore altérées par les moeurs modernes que de féroces ironistes dénomment " progrès ".
         Une bienheureuse panne d'essence mit le dit quidam en présence d'une jeune fille, belle et pure comme l'aurore d'un frais printemps.
         Le hasard, maître de tant de choses, avait fait son oeuvre : l'héritière ingénue, confia ses destinées au roturier dépourvu de garde-robe et surtout de délicates manières.
         Ainsi va la vie. Que de fleurs joliment écloses ont été la proie du premier maraudeur venu !
         Tant de Roméo avaient échoué, même en utilisant des échelles de soie, là où un bellâtre avait pu réussir...
         Et le bel argent, trouvé si fortuitement, fit s'accumuler encore de l'argent, et toujours plus d'argent.
         La sueur de l'homme ne produit jamais la fortune : seul, le vol, légalisé du reste, permet les enrichissements scandaleux.
         Il n'était cependant pas irrésistible. Miniature au masque mussolinien, avec des yeux de calédonien et des lèvres sèches, qui glacent les mains et les âmes. Son crâne transparent laisse apparaître dans sa matière grise, un monde de sangsues qui inspire les plus voraces pensées.
         Il parle à la façon d'une pince-monseigneur, n'envisageant que butin et victimes et obéissant aux seules lois de la jungle.
         Suffisamment cultivé pour dicter des chiffres grossis à la loupe du négoce, et jamais vérifiables pour le pauvre bougre, qui, rentrant de l'usine, met de la flotte dans son vin.
         Pédant et autoritaire, il ne s'impose guère par cette belle vertu qu'est l'éducation.
         Un matin, sur les rives de la Seine, une gifle magistrale lui fit tout de même comprendre qu'il n'était qu'un insolent. Quand il passe devant la Palais-Bourbon, le souvenir douloureux se ravive et il perd l'usage de la parole pendant de bonnes minutes. L'Obélisque de la Concorde le reconnaît et s'en fait des gaudrioles.
         Mais que fait-il au juste ?
         Viticulteur - qui n'a pas connu la malaria - il produit du vin qu'il vend et qu'il rachète pour mieux revendre. Il est représentant, courtier, commissionnaire et tant de choses à la fois...
         Le dirigisme lui-même n'avait pu mettre un frein à cette multiplicité de métiers, se parachevant en cascade les uns sur les autres.
         Un pauvre cervelet comme le mien ne saurait supporter pareilles études de science financière, de bourse, et de hausse, et de stock.
         Simplifions les choses.
         Le prix de revient d'un litre de vin est de 15 à 20 Francs au maximum, rendu à la cave. Le producteur le revend au moins 400 Francs le degré. D'où un bénéfice de vingt, francs par litre.
         De nombreux viticulteurs, authentiques, sont même scandalisés par les bénéfices qu'ils réalisent.
         Non seulement, M. T. ne dissimule pas cet état de choses, mais il se plaint, il récrimine, il multiplie les voyages pour raffermir les cours, sinon pour les améliorer.
         Ses plaintes sont étalées sur de longues colonnes, dans la presse complice à un point tel que les braves gens se demandent s'il ne faut pas venir en aide au martyr de " la Lorraine ".
         Et voilà l'infâme scandale du temps ! Voilà ce qui enfante le communisme, cette fleur qui s'épanouit uniquement sur le fumier du capitalisme !
         Voilà ce qui engendre à l'origine la discorde entre citoyens, la guerre civile et la guerre étrangère.
         Si l'on trouvait, un matin, une douzaine de ces ventres dorés se balançant par leurs vertèbres cervicales aux becs de gaz qui illuminent nos places publiques, THOREZ n'aurait plus tant de succès dans ses meetings...
         Je suis partisan de la propriété individuelle, base fondamentale de la famille et de la Patrie, mais pareilles accumulations de fortune ne sauraient être tolérées par la morale et par la loi.
         Car M. T. a bel et bien son petit milliard !
         Une véritable offense à la misère publique, une profanation sacrilège des règles de justice humaine...
         Et pour auréoler son insolence, il illumine ses donjons et fête avec une sorte de monstruosité, l'éclatement de son coffre-fort, arrondi à l'Unité Majestueuse...
         Comme l'or ne lui suffisait pas pour accomplir son oeuvre malfaisante, il lui fallait, pour mieux défendre ses intérêts, une écharpe de Sénateur.
         La chose fut aisée malgré la répugnance collective d'un collège électoral restreint.
         Avoir R. M. et P. comme atouts et la partie étaient gagnée...
         La coïncidence était heureuse. Notre Président investi, devait au premier chef éliminer G. F., terrien redoutable.
         Et T., peu dangereux parce qu'atteint d'impopularité, pouvait suffire au moins provisoirement.

         Quant à l'idole, qui, tous les matins, fait ses ablutions en se prosternant devant Saint-Fric, Bébert se chargerait de gagner son appui en lui présentant seulement douze dahlias... dorés, au parfum enivrant, plus anesthésiant que la morphine ou l'attrait du Paradis.
         " Ne vous inquiétez guère, dit le Maire le plus grossier de la Planète, j'ai mes délégués dans la poche. Je sais qu'ils ne vous aiment pas, mais qu'importe, je leur ingurgiterai la purge jusqu'au gros intestin. Et le premier qui bronche aura son chapelet ".
         Il disposa, en effet, à six ou huit exceptions près, de son cheptel municipal.
         " Nous n'aimons pas T., mais par discipline et par ordre du patron, nous voterons pour lui ", disaient les délégués, amorphes et invertébrés.
         A lui-même, s'inclina pour ne point gêner.. les savantes manoeuvres du démocrate R. M.
         Ainsi, par la grâce de ce dernier et celle de l'Incorruptible, le roi du pinard décrocha enfin ! La cocarde des Jacobins.
         Le glorieux ! résultat fut assorti de félicitations et de remerciements sincères ! Le nouveau promu dit toute sa gratitude aux bavards qui avaient promis d'estourbir " l'Orgueilleux " dans le secret des urnes. Et dans une harangue dépassant une teneur de 15° d'éloquence du cru de la Lorraine, il proclama sa fidélité à l'Algérie et aux intérêts de la Viticulture.
         Lisez, amis lecteurs, en vous serrant les flancs, la prose, de comice agricole du demi+Sénateur :
         " Je repousse avec véhémence la médisance qui cherche à m'accabler. Rien n'est plus faux que la légende qui me campe comme un épouvantai]. On me reproche ma fortune, ma fierté, mon égoïsme. Mes collaborateurs me vouent cependant une estime spontanée, etc... ". Et tout cela se termine par de plates louanges à l'Incorruptible, collectionneur de... dahlias dorés.
         Le remords me torture, maintenant que sa prose est là, sous mes yeux...
         Un homme si modeste, si bon, qui a gagné son milliard si honnêtement, ne mérite pas les sévérités publiques qui le flagellent.
         Le squale plaide... l'innocence.
         Ouvrez vos grands yeux, et vous verrez dans sa démarche hautaine l'expression d'une simplicité candide... S'il ne se permet pas de serrer la main â tout le monde, c'est qu'il est trop occupé dans les ouvroirs de charité...
         Egoïste, lui, l'apparenté radical ! allons donc ! Ne donne-t-il pas quelques litres de vin et quelques livres de porc, à ses collaborateurs, contre rémunération, bien entendu ! Vous verrez que ces derniers lui décerneront un brevet de " bienfaiteur " ! !
         Le toupet est à la mesure du parvenu. S'il savait la houle de rancoeurs que son nom seulement soulève en tous lieux et à toute heure, il vivrait bien plus effacé.
         M. T. ne doit pas oublier que " lorsqu'on a la chemise sale on ne monte pas au mât de cocagne ". Seulement, pour lui et les satisfaits de son acabit, l'argent suffit à tout, et peut remplacer le coeur et la conscience.
         Mais quel bonheur peut être le sien ?
         Une table bien garnie ne donne pas toujours un bon appétit. Souvent, elle vous gratifie d'une goutte, bienfaisante qui vous fait regretter la richesse...
         Sans famille, n'ayant jamais la saine et féconde joie de voir sourire un enfant, il ne vit que pour assouvir de bas instincts : le lucre, la débauche, la vanité !...
         Idéal lamentable ! Celui du pourceau pataugeant dans son auge !
         Avoir, comme lui, " travaillé " toute une vie pour priver de vin le travailleur courbé par la fatigue ; avoir, comme lui, " travaillé " pour empêcher l'importation de vins et d'agrumes d'Espagne, d'Italie ou de Syrie, pour renchérir la vie et hâter " la faillite du régime ", c'est vraiment digne du favori de R. M.
         Que T. - la - Violette prenne donc MONTAIGNE dans sa bibliothèque, certainement bien garnie mais peu fouillée. Qu'il relise le " Chapitre de la Mort " et comme il n'est guère sot, il comprendra que son milliard, ses ripailles et ses fredaines ne l'empêcheront pas de griller dans le plus chaud des enfers. Adieu yacht, argenterie et bijoux ! Adieu les fastes de " La Lorraine " et de la " Tour d'Argent à PARIS !
         Bouse vous deviendrez, grand.
         Quel homme horrible !
         Jamais un coeur ami n'a battu près du sien. Ses obligés le craignent, le suivent, acceptent ses invitations, mais aucun d'eux ne l'approche avec sympathie et désintéressement.
         " Queue de cerise " - c'est ainsi qu'on le dénomme - défraie la chronique, fait la joie des salons, et dilate les rates de tous les neurasthéniques.
         La rubrique galante des alcôves mondaines veut que le pinardier soit atteint de déficience... originale. Et on jase éperdument autour de ses exploits...
         " Ma chère, si vous saviez ! Il n'a qu'une queue de cerise " !
         Et ces dames, gloussant de joie, poussent des Hou ! Hou ! et des Ha ! Ha ! tout le long d'une séance de thé.
         " Mais comment le savez-vous ! chère Madame Putifesse ! ".
         - Mais Madame Corniflard, sa voisine me l'affirme !
         Et les culottes fines et soyeuses de se mouiller à des températures fort élevées...
         Je dois dire, en vérité, que tout cela n'est que médisance, et jalousie de mégères délaissées.
         Il en a... comme P. J'ignore si elles ont le poids et la fermeté de deux aigriottes ou de deux bigarreaux, mais il en a... Peut-être pas aussi... saines et productives que ses ceps de vigne, mais il en a...
         Sans avoir la longueur d'un nerf de bête à cornes, nous pouvons affirmer que ce n'est pas une " queue de cerise ". Les désordres qu'il occasionne partout où il est reçu, et le bréviaire clandestin dont il est muni suffisent à prouver que, là encore... le. Demi Sénateur est victime de la médisance.
         Toute honte bue, il ne se rend plus compte des quolibets qu'il sème sur son passage. Son or l'a rendu sourd et aveugle. Il ne discerne plus le sourire frondeur, méprisant qui s'esquisse sur les lèvres de ses serviteurs même et de ceux qu'il considère comme des amis.
         Regardez-le surgir de son yacht, jouant au Prince de Monaco et montrant ses belles pêches - celles des marins - aux gens qui s'esclaffent de rire dès qu'ils l'aperçoivent.
         Le peuple, qui est instinctif, le hait et sait que la chien... chienne de Monsieur a dû subir la césarienne, pour avoir eu le malheur de... fréquenter un vulgaire cabot de la rue. Sans doute pour lui apprendre à n'approcher que les chiens de luxe, plus expérimentés dans l'art du sadisme.
         Et ces archanges coalisés nous reprocheront peut-être de dévoiler des secrets de Polichinelle ; ils se donneront des airs de vertu effarouchée, en constatant que la morale publique réprouve les moeurs de ce monde si… distingué.
         On n'en parlerait pas s'ils abritaient leurs ébats dans les palaces de Vichy ou de Deauville, si leur vice ne s'installait pas avec effronterie sur le forum.
         De sires pareils n'ayant rien dans les entrailles et dans le coeur, voulant gouverner, faire les lois, discourir dans les Assemblées et devant les Monuments aux Morts sur la famille et la Patrie, et imposant le silence autour d'eux, dépassent le cadre du cynisme le plus abject...
         La belle Amazone, en donnant sous la forme d'un discret cliquetis, un avertissement à ce Don Quichotte de la Finance, a rendu service à ces dames du monde : elles apprendront à être plus pudiques et plus discrètes ! Qu'elles apprennent au moins à voiler leurs frasques !
         Elle doit méditer aussi sur le mal que peut faire un " Parvenu ".
         M. T., reconnaissez seulement que j'ai raison et vous pourrez gagner le Purgatoire.
         Mais, le peuple seul n'est-il pas coupable d'avoir installé au pouvoir les requins qui le dévorent ?
         Et, puis je préfère un T. qui, sans fard, méprise les humbles et le dit, à un F. qui sourit hypocritement et passe la main dans le dos aux naïfs qui l'écoutent.
         En attendant, cher " Queue de cerise ", courez chez Paul l'Incorruptible, et faites-vous rendre la moitié des... dahlias dorés, puisque vous n'en avez que pour trois ans.
         Ne venez pas vers moi, car n'étant pas une bête à cornes, mes réactions sont... automatiques.



LES CHRONIQUES BÔNOISES               N°22
René Cousinier


       Vous ne connaissez peut-être pas cette frimousse, mais René Cousinier mérite amplement sa place parmii les humoristes bônois. .
       Chanteur à ses heures perdues mais surtout grand comique, René officiait déjà à partir de 1950. Il créa même sont propre cabaret à Paris, où il racontait ses histoires pour le plus grand plaisir de ses admirateurs. En retraite depuis 2000, René laisse une grande impression de vide, d'inachevé, dans un paysage humoristique, qui le regrette aujourd'hui.
       Grâce à ses histoires bônoises, à une époque où nous arpentions encore le cours Bertagna, René a rendu célèbre dans toute la France métropolitaine le langage truculent et outrancier des Bônois

       René Cousinier est né en 1924 en Algérie. Après avoir débuté à Marseille, il a connu le succès à Paris. De solides connaissances médicales (il était allé au minimum jusqu'au diplôme de biologiste puisqu'il a eu la possibilité d'ouvrir un cabinet) et psychologiques, maîtrisant les principales religions , il avait beaucoup voyagé et observé les moeurs de ses contemporains.

        Son spectacle mêlait histoires drôles, coups de gueule et digressions philosophiques et psychologiques sur tous les sujets, avec le bon mot au bon moment pour pouvoir parler des sujets les plus graves... il est l'exemple Au 4 impasse Marie-Blanche, il n'y a rien... pas de plaque, pas d'enseigne... une impasse douteuse ou les gens s'agglutinent et ou les habitués rassurent les nouveaux, persuadés d'être tombés dans un coupe-gorge ! Les plus amusants sont ceux qui ont entendu parler du cabaret et qui se sont habillés comme pour l'Opéra, ils sont mis dans l'ambiance dès 22h quand une porte métallique style transfo EDF s'ouvre et qu'un monsieur, un peu fossoyeur triste, nous invite à entrer dans une salle d'une soixantaine de places avec des tables, quelques chaises et surtout des bancs. On ne paye pas l'entrée mais les consos, pas très chères d'ailleurs, si ma mémoire est bonne ce devait être 20 francs le coca, le service est assuré par le monsieur de l'entrée et la dame du vestiaire. Devant nous la scène immense, environ 1m² dont la moitié occupée par un synthé, et arrive René qui commence à parler de tout et de rien et teste la salle... malheur à vous si vous n'accrochez pas à son humour ! Vous allez passer la pire soirée de votre vie, tous les sarcasmes et les critiques seront pour vous ! il avait l'habitude de dire à certains spectateurs que ce devait être un ennemi qui les avait envoyés chez lui. »

       Patrick Lautrette de Nice

       Et si vous lui aviez dit en entrant que vous étiez de Bône, René vous mettait en vedette en vous invitant à lui donner la réplique dans le pur langage de la Choumarelle . Il vous lançait un tonitruant « con de tes morts » pour vous mettre à l’aise et, gare à vous si vous étiez coincé, car la réputation de Bône était en jeu !

       Merci, René, pour avoir contribué à la sauvegarde de notre patrimoine linguistique.

       Pour écouter René Cousinier raconter ses histoires : http://dansmonjardin.free.fr/


Ça qu'on vous a pas dit … !         N° 28
Christian AGIUS
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!

Y s'appelle François Bozizé (et pas Bozizi …quoique…). C'est le fils à le président de la raie publique Centrafricaine. Y vient de se faire gantché pour une tentative d'escroquerie et un vol à main armée… Rien que ça, diocane !
Ma, aussitôt libéré par l'immunité diplomatique qu'il…………………..n'a pas, pourquoi il a jamais été diplomate !!!


D'accord, c'est un Belge, et même un Belge maouss pourquoi il est Premier Ministe : Guy Verhofstadt qui s'appelle.
Y vient de venir célèbe en disant cette phrase : " au nom de la tolérance, nous ne tolérerons plus l'intolérance… "
Zeb !


Madone de réussite ce pays qui s'appelle Zimbabwe, ac son président communiste Mugabe :
Inflation de 431 % ; 70 % de chômeurs…pluss le reste !
Les caféiers plantés par les Blancs y zont été coupés pour faire les kanouns…


Sarközy, que tu peux appeler aussi Sarcloseille, y vient de changer de nom : c'est Sarkocu !
Un copain à lui, Bruno Gilles, député des Bouches du Rhône, le mot de la fin y vient de prononcer : " il en a dans la culotte, et ça marche ! "
Y en a au moins une, la Cécilia, qu'elle est pas tout à fait d'accord !!!


La Mazarine, elle a fait sa diarrhée dans son dernier livre dessur la bâtardise.
C'était pas sa faute. C'était pas la peine de faire la rabia…
Elle vient juste de plaquer son compagnon Mohamed pour le remplacer par Ali.


La médecine, des grands progrès elle fait : une petite Française sur deux qui naît elle peut arriver jusqu'à 94 ans !
Et………………une petite Française sur quatre jamais elle naîtra grâce à………. l'avortement……… !


La société privée ATOS, qu'elle gère les radars dans l'Allier, elle payait pas l'E.D.F. : coupé, le courant !.............


Diocane, de rire tu vas mourir !!!
Ces coulots d'Europe 1 y zont annoncés que l'indéterminé Michael Jackson il avait été… " blanchi " par le tribunal !!!
Panique en dedans le politiquement correct !
Le lendemain y zont changé le mot en " acquitté "… Ouf ! on respire !


Le groupe des Ecologistes de la mairie de Paris y donne l'exemple : 65 % y zutilisent jamais la bicyclette.
Fais ça que je te dis, ma fais pas ça que je fais….. !


Rainier de Monaco, le pôve, il a cagué la sortie : le pape il a eu le toupet de mourir presque en même temps que lui et……….le tournoi de tennis pas annulé le jour où on l'a mené atchez Taddo……….
Même pas les balles peintes en noir, diocane !


L'agence d'inspection nucléaire I.A.E.A. elle se déchaîne contre l'Iran.
Ma pas contre………….l'Arabie Saoudite, qu'elle est en train de fabriquer sa bombinette…
Tia compris que les Américains y sont intervenus…


Madone de fromage, devenir député européen !!!
7000 zorros par mois ; aux frais réels (c'est nouveau) ; et 264 zorros par jour de présence à Strasbourg (frais de Chabanais ???)…………


Pour 1 exploitant agricole ya 3 fonctionnaires au ministère de l'agriculture !.......
Franche vérité, fils, le bureau il est pluss haut que la terre……..


Zeb ! ça fonctionne bien la bibliothèque François Mitterrand : 30.000 bouquins y zont fait la malle !!!
La suite au prochain numéro :
te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….

LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (29)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
Y'EN A QUE… ET Y'EN A QUI…

       A de bon, tu vas te dire de quoi y va encore nous parler aujourd'hui, y a plus rien à dire, tout il a été dit, sa bouillabaisse au gras double elle est finie, oualou, il en reste plus, mais tous y se trompent à cause qu'y a encore à dire et à redire. Y en a que, comme toujours, y z'ont mangé, qu'y se sont affogués jusqu'à la dernière cuillère et qu'y z'en demandaient encore comme si que j'avais trente six estomacs à leur offrir et y en a qui, comme les marseillais, seulement les marseillais, y m'ont juré les morts et pour qu'y a pas de jaloux, les vivants aussi que les oreilles, les deux, elles me siffent depuis. Ces marseillais que j'te parle y m'ont même dit si qu'un jour, par hasard, tu passes par chez nous z'aut', on t'invite à un méchoui et devines qui c'est qui va ête à la place d'honneur, qui c'est qui va recevoir les invités et qui c'est qui va cuire dessur le feu en tournant autour d'un bâton.
       Quan c'est que j'ai entendu ça, diocane, j'ai dis allez va de là, j'peux pas coire, les gens du midi y sont pas méchants, ma bouillabaisse elle était bonne même si qu'elle avait un goût de trop peu, elle leur a donné l'eau à la bouche et des nouvelles idées de cuisine mais oilà y z'ont été vexés pasque l'idée d'améliorer cette espécialité qu'elle est à eux depuis peut-ête toujours, de la faire avec un gras double farci à la grappe poilue, elle leur est venue de Bône et elle leur a schcapé. C'est vrai, moi à leur place, j'l'aurais vue vilaine mais j'aurais pas fait des z'histoires pour rien à cause que les gras doubles élevés dedans des viviers à grappes, y courent pas les rues, même pas au cap de garde et quan c'est que t'y en as mangé un, c'est que t'y as d'la chance pasque la plupart du temps, c'est lui qu'y te mange et y te mange par en dedans.
       Et pis, mon idée à moi c'était seulement de faire une bonne loubia, une loubia bien de chez nous z'aut' avec plein d'l'harissa, t'y en veux t'y en as dedans, tellement que même la grappe elle aussi, elle aurait eu des grappes en dedans son estomac et personne il aurait fait des necs et moi, j'aurais pu encore aller à Marseille sans risquer d'ête brûlé comme Jeanne d'Arc mais oilà, c'est les supporters de l' O M qu'y z'ont demandé cette bouillabaisse tout ça, pour les aider à gagner le championnat cette année et les supporters de l' O M, c'est des marseillais ou j'me trompe ?
       En tous cas, y en a un qu'il doit me bénir tous les jours que dieu y fait, c'est çui-là là qu'il était à côté de moi pendant la bouillabaisse-party, chais pas si vous vous z'en rappelez. Tous les jours, le monde entier y se demande comment qu'y fait pour aouar toute cette santé et comment qu'y fait pour tout gagner dessur cette course que tous y disent que c'est la plusse durte du monde. Tous les jours y lève les bras et moi je sais que c'est sa façon à lui de me dire merci, merci de lui aouar trouvé un produit dopant que personne y peut trouver ni dedans sa pisse, ni dedans son sang ; c'est pas un marseillais, lui c'est un américain et y s'appelle Lance ARMSTRONG que lui aussi, il a eu des grappes mais ailleurs qu'au vente…

Rachid HABBACHI

ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°13
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B.

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
FIFINE ET LE MARIAGE

     Pardon à La Fontaine, si j'a bu à ta source.

     Fifine, une belle fille qu'elle était un peu fière
     Elle croyait se trouver un mari tsur mesure
     Jeune, d'attaque et beau et des belles manières
     Ac une taille maousse et une belle fugure
     Ma c'était pas assez ; elle se voulait un nom
     Qui se dévisse en trois comme une clarinette,
     Il s'aurait de l'esprit ac un joli prénom
     Elle se pensait à tout la pauvre meskinette !
     Un beau jour y s'amène le vendeur de loterie
     " Marcel " qui marche en zotche ac sa grande sacoche
     A de bon ! à de bon ! C'est une plaisanterie,
     Pas la peine j'm'aurais fait une robe à chez " Coche "
     Pour m'entendre demander ma main par ce malin
     Elle s'le met à la porte et s'attend le suivant :
     J'en veux un, qui s'appelré Gaëtan ou bien Alain
     Un de la Seine-et-Noise ou bien de le Morvan
     Y s'amène Paris-Soir ac sa belle oix de basse
     Se lui fait la demande et s'attend la reuponse
     " Allez ! Va t'en de là, espèce de contrebasse
     Va te laver les dents ac une grosse pierre ponce. "
     Y se fait une grimace et tourne les talons.
     A sa place y se vient " Marie-Claire " l'amiral
     Cuila qui trappe les rats. C'est pas un Dandalon
     Y s'a fait toute la guerre, il était caporal
     " Encore toi qu'elle répond ! çà suffi j'en a mare !
     Qu'est j'a fait au Bon Dieu pour que y m'abandonne
     Je veux un gros richard et pas un calamard
     Possible que j'trouve rien dans cette Ville de Bône "
     Elle se rentre à chez elle sans aoir de remords.
     Tout d'un coup y se rentre un homme dans la maison
     C'était Petit Louis, qui faisait le croque-morts
     " Chez nous y a pas la crise, toujours la mort saison
     Et si te veux de moi qu'il dit, je suis ton homme
     On se fera ensemble le oyage de noces,
     On ira oir le Pape, pourquoi on va à Rome
     Allez ! t'y as qu'à dire oui, dans la mort de tes osses "

     Fifine elle reupond pas, elle se lui montre la porte
     L'autre il a tout compris et avant de partir,
     Y crie à la fumelle : " Que le Diable y t'emporte
     Qu'il t'amène à l'Enfer et qui te fait rôtir "
     Et les années passèrent, elle s'attendait toujours
     Le beau gosse de Mari ac une automobile,
     Le Chéri de son cœur, son p'tit rat, son amour
     Ma y venait que dale, elle se faisait d'la bile.
     La glace elle lui disait .: " Prends-toi vite un mari,
     T'y as les rides qu'elles ressortent, tes yeux y sont gonflés

     Et même les voisines elles lui disaient aussi :
     " N'attends pas o Fifine ! d'aoir les jambes enflées,
     Une fugure de p'tit chat ac un grand râtelier "

     Elle se les écouta.
     Pour pas être dans la dèche,
     Se vivre en dispirate toute seule tsur l'oreiller,
     Elle fut bien contente de se trouver Binguèche.


BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI (Tome 2)
           envoyé par Mme Gauchi -- et Jean Louis Ventura                     N° 6
"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
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QUATRE-VINGT DEUX MILLIARDS POUR DES PRUNES

        Au début de 1959, le président de la Sidérurgie Française, M. René Damien, déclarait :
        "Nous autres, sidérurgistes, savons avec quelle prudence il faut envisager la création de nouveaux hauts fourneaux, et il faut bien dire qu'à nos yeux la rentabilité de l'usine de Bône ne semble pas assurée. Mais si le Gouvernement nous dit que des raisons politiques plus impérieuses que celles de l'économie commandent l'installation de cette usine, il trouvera des sidérurgistes prêts à accomplir leur devoir."

        Nous sommes en 1959, deux ans avant Évian, trois ans avant l'Indépendance. Et c'est le Gouvernement Français qui va inciter les sidérurgistes à créer le complexe Bônois.
        II y a pourtant Dunkerque qu'on met en concurrence avec Bône. Mais il s'agit de conserver l'Algérie à la France, et l'adhésion des sidérurgistes français reste donc un acte de foi, soutenu par le Gouvernement. Paris vaut bien une messe, pourquoi l'Algérie ne vaudrait-elle pas une sidérurgie ?
        Un acte de foi, bien sûr. Mais aussi des milliards engloutis pour des prunes.
        Qui, en ce temps-là, oserait ne pas croire à l'Algérie Française éternelle ? De Dunkerque à Tamanrasset, n'est-ce pas la France avec ses cinquante millions de Français? L'État par la voix de son chef s'en porte garant. Pourquoi les sidérurgistes français ne feraient-ils pas confiance à la parole de de Gaulle ?

        Le 12 juillet 1960, le protocole d'accord est signé par M. Roger Morris, secrétaire général pour les Affaires Algériennes, et par M. Jacques Ferry, vice-président délégué général de la Chambre Syndicale des Sidérurgistes Français.
        Les Chemins de Fer Algériens, la Société des Minerais de l'Ouenza, la Chambre de Commerce, tous plus ou moins partie prenante, apportent leur soutien total. Là Caisse Algérienne d'Aménagement du Territoire accélère l'acquisition des terrains : c'est M. Henri Vicaire, directeur général des Forges et Ateliers du Creusot et président directeur général technique de la Société Bônoise de Sidérurgie qui a fait prévaloir le choix de Duzerville
        L'implantation de l'usine.
        Devant fournir un appoint en eau particulièrement important, le barrage de la Bou-Namoussa est en construction ; il s'agit d'un barrage de terre qui retiendra plus de 150 millions de mètres cubes d'eau, assurant l'avenir et l'essor économiques de la région sur les deux plans, agricole et industriel. Malheureusement, il ne sera pas entièrement achevé lorsque démarrera la sidérurgie. Aussi bien, une solution provisoire est-elle adoptée : des réservoirs d'eau industrielle seront construits, reliés à la Seybouse par un canal d'amenée.

        Grâce à la diligence de Robert Pancrazi, président de la Chambre de Commerce, le port est prêt à remplir sa nouvelle mission. Après l'épreuve des bombardements, un important programme d'outillage a été mis en chantier.
        Le côté nord de la grande darse offre 900 mètres de quai avec 10 mètres de tirant d'eau ; au sud, l'élargissement des terre-pleins et l'allongement du quai sont envisagés. On prévoit encore son extension future par l'aménagement de darses parallèles à la grande darse et le comblement de la Seybouse qui vient d'être détournée.
        L'avant port couvre environ 47 hectares. Son activité est surtout pétrolière ; on y trouve deux postes de déchargement des hydrocarbures.
        La grande darse, spécialisée dans le trafic des marchandises diverses et des pondéreux, est un vaste bassin de 50 hectares. L'outillage du quai nord se compose de huit grues Caillard sur portique de 6 tonnes à grand débit. Le quai sud réservé aux pondéreux, en voie d'agrandissement, comprend en particulier le quai des phosphates et le quai de l'Ouenza. Le quai du môle Cigogne est desservi par deux grues sur portique.
        La petite darse, d'une superficie de 11 hectares, reçoit les navires à passagers et les marchandises diverses. La construction d'un vaste ensemble comprenant hangars, terrasses et installations pour passagers, est en voie de réalisation. Sur le terre plein sud se dresse la masse imposante de la Centrale Thermique que viennent alimenter charbonniers et pétroliers. Les opérations d'acconage y sont facilitées par huit grues sur portique.
        Pour accélérer l'évolution des gros navires dans le port, la Chambre de Commerce dispose de deux remorqueurs de 750 CV, l'Hippone et l'Ouenza.
        Robert Pancrazi a été le maître d'oeuvre de ce gigantesque outil portuaire ; il a le droit d'en être fier. La collaboration de l'ingénieur en chef Pagès fut particulièrement efficace.

        A 11 Km de Bône, sur la commune de Randon, dont le maire est Henri Vernède, l'aérodrome des Salines est prêt, lui aussi, aux tâches nouvelles qui l'attendent. La Chambre de Commerce y a édifié un bâtiment moderne à armature métallique et parois de verre, formé par deux salles hors douane et sous douane, et comportant tous les aménagements et services indispensables aux voyageurs.
        Mais ce n'est là que provisoire. Le trafic s'accroît chaque année : 107 000 passagers en 1957, plus de 117 000 en 1958.
        L'aérodrome des Salines, grâce aux Caravelles, se trouve à deux heures de Paris. A cette grande base de départ vers la Métropole et l'Europe, la Chambre de Commerce pense déjà donner l'infrastructure que mérite sa destination internationale.
        Le patron de l'aérodrome, c'est Allary. Les intérêts d'Air France sont défendus par Jean Palomba, ceux d'Air Algérie par Pillet.
        L'augmentation des besoins énergétiques a été prévue grâce à l'installation d'une Centrale Thermique dans le périmètre portuaire. Elle a été construite sous la direction de M. Seurat, ingénieur chef du service des travaux de l'E.G.A. dans le cadre d'un programme général algérien. Dans le même temps, Gaz et Électricité d'Algérie a installé dans un immeuble de la rue Sainte Monique ses services administratifs pour le plus grand profit des usagers, à la diligence de M. Robert Breton, son directeur régional à Bône.
        L'usine sidérurgique est donc entourée de toutes les garanties de fonctionnement : c'est l'euphorie générale.
        Les calculs sont poussés ; on fait ses comptes. L'usine produira dans sa phase finale 500 000 tonnes d'acier, bon an, mal an. Le montant des investissements est évalué à 82 milliards. L'usine emploiera 3 à 4 000 ingénieurs, employés et ouvriers, peut-être plus.

        Mais comme les Bônois n'ont pas d'hérédité sidérurgique, il faudra en partant de zéro former à des métiers totalement nouveaux des milliers d'hommes.
        A qui sera dévolue cette tâche ? Aux organismes professionnels existants ? Ils n'y connaissent rien. Eh bien I Ils se reconvertiront avec le soutien des sociétés sidérurgiques françaises qui ont accepté de parrainer l'usine.
        Alors, Grands Dieux, qui peut penser que les évènements vont se précipiter au rythme d'une catastrophe ? Qui, en cette fin de 1961, ne croit pas dur comme fer que le destin de l'Algérie est irréversible ?
        En l'été de cette même année s'est tenue au square Randon la Foire de Bône. Elle a été marquée d'une réussite commerciale, non seulement par la qualité des produits vendus, mais aussi grâce à un échantillonnage extrêmement varié de produits commerciaux et industriels.
        Cent stands ont accueilli 60 000 visiteurs. Les 350 exposants ont réalisé un chiffre d'affaires de 100 millions. Ils n'ont pas manqué d'exprimer leur optimisme lors de la clôture en priant les organisateurs de les contacter à nouveau pour la prochaine fois.
        Pour la prochaine fois? N'est-ce pas la preuve que l'Algérie Française n'est pas à bout de souffle ?

        Le complexe sidérurgique de Bône peut naître; et il naîtra dans les conditions les plus favorables puisqu'il est entouré de toutes les réalisations indispensables à son exploitation, à sa prospérité, à sa longévité.
        Le 4 octobre 1960, avec tambours et trompettes, drapeaux et oriflammes, ministre, gouverneur, préfets et généraux portent sur les fonts baptismaux l'usine sidérurgique de Bône.
        Bah ! les responsables refusent encore de se prononcer sur les techniques à utiliser. Broutilles que cela I De toute façon, l'usine de Bône sera à l'avant-garde du progrès ; c'est promis, c'est juré. C'est vague, évidemment, l'avant-garde du progrès. Mais avec le temps, on finira bien par se mettre d'accord. Pour l'heure, il n'est que d'écouter le choeur des Jeanneney, Delouvrier, Vicaire, Pancrazi et consorts : "Notre usine, oui, oui, oui; notre usine, nous l'aurons bientôt."
        Sont-ils des sots, des naïfs, des insensés ? Ou bien alors leurs yeux ne veulent pas voir, leurs oreilles pas entendre 7 Peut-on leur reprocher de jeter dans un gouffre, sans fond les deniers des contribuables? Non, ils ne sont ni sots, ni naïfs, ni insensés. Ils sont seulement honnêtes ; et pour eux, l'honnêteté, c'est d'accorder sa confiance à la parole donnée par un homme qui se dit l'Homme du Destin. N'est-ce pas lui qui a écrit le destin de l'Algérie Française ? S'ils ont la confiance collée à la peau, c'est parce qu'il leur a dit, lui, d'avoir confiance.

        Oui, il leur a dit d'avoir confiance. Mais quand ? II leur a dit : "Je vous ai compris". Mais quand ? II a tracé le Plan de Constantine. Mais quand?
        L'Homme du Destin est devenu l'Homme des Destins Changeants. II est revenu sur ses promesses comme un accusé revient sur ses aveux. Et notre Algérie, par le fait du prince, est devenue Algérie Algérienne. Alors qu'on ne les accuse pas si, devant ses contradictions, ils ont perdu la tête. Ou alors, plus qu'à la parole de l'Homme, ils ont voulu croire à tout prix à leur seul destin, un destin qu'en 130 ans ils avaient donné à ce pays, eux, leurs pères, leurs aïeux, en construisant, en bâtissant, en enrichissant.
        Dans son numéro de février 1961, le Bulletin de la Caisse d'Équipement pour le développement de l'Algérie écrivait :
        "Deux ans après l'énoncé du Plan de Constantine, le complexe industriel de Bône est entré dans la voie des réalisations. Après deux années de pourparlers, d'études, de projets et de contre-projets, l'usine sidérurgique, depuis quatre mois, est en train de se matérialiser sur le terrain."
        "Le geste de M. Jeanneney, ministre de l'Industrie, scellant la première pierre de la future usine, a souligné, s'il en était besoin, tel un test irréfutable, la volonté française d'industrialiser l'Algérie. Il est le garant de la bonne foi de la France."
        Et la prophétique C.E.D.E. annonçait dans un roulement de tambour : "première coulée, fin du 1er trimestre 1963".

        Dans les temps anciens, la pythonisse qui se trompait était vouée aux gémonies.

A SUIVRE

LES PIONNIERS
BÔNE son Histoire
Par Louis ARNAUD

          L'œuvre française, dans ce Pays, ne peut apparaître dans sa réelle grandeur que si l'on est à même de mesurer exactement l'importance des efforts qu'il a fallu accomplir pour vaincre les difficultés innombrables et diverses, mais toujours graves, qui se sont dressées sur la route des premiers habitants de ce joli coin de terre africaine.
          Avant 1830, la Ville et la campagne avaient eu, sans doute, un aspect florissant. C'était, disait on " la région la plus fertile de la Barbarie ".
          Mais, après deux années de siège, aggravé par la destruction systématique poursuivie par les soldats de Ben-Aïssa, des beaux jardins qui fournissaient autrefois des vivres frais aux habitants de la Ville, et par le découragement de ceux-ci qui n'avaient plus de matériaux pour entretenir et réparer leurs demeures, elle offrait un spectacle désolant.
          Les maisons étaient en ruines, et les rues, au dire d'un contemporain, étaient encombrées de rats morts et d'immondices de toutes sortes, excréments et victuailles en putréfaction.
          C'était un véritable cloaque où vivaient quinze cents habitants.
          Ainsi, se présentait, en cette fin de mars 1832, la Ville où venaient d'aborder les marins de la " Béarnaise ".

          Moins de deux mois après, le 16 mai 1832, le Corps expéditionnaire du Général d'Uzer arrivait de Toulon.
          L'effectif de la garnison qui ne comportait jusqu'alors que les six cens hommes commandés par le Capitaine d'Armandy atteignit de ce fait d'un seul coup le chiffre de cinq mille hommes.
          C'était vraiment plus que n'en pouvait loger et nourrir cette pauvre Ville délabrée, sale, presque sans ressources et même, sans eau potable.
          La situation sanitaire devint vite alarmante.

          Du 1°' juin au 30 septembre 1833, un an après l'arrivée du Général d'Uzer, 4.097 hommes, dont 36 officiers étaient entrés à l'hôpital, et 830 y étaient décédés.
          Le seul 55""' de Ligne, dont l'effectif normal atteignait 2.430 hommes ; n'en avait plus 500 de disponibles.
          A la fin de 1833, après vingt mois d'occupation française, l'aspect général de la ville, et de son alentour, n'avait guère changé.
          Tout était sordide, laid et sale. Aucun jardin n'avait été créé pour remplacer ceux qui avaient été détruits, et les marécages subsistaient toujours empuantissant l'air et propageant le paludisme.
          La population européenne comptait à peine huit cents habitants parmi lesquels les Français étaient en minorité en face des Maltais et des Mahonnais.
          Le peuplement du nouveau territoire français, on le voit, se faisait avec une extrême lenteur ; on pourrait même dire qu'il ne se faisait pas du tout, puisque dans cette minorité de Français, il fallait comprendre les fonctionnaires civils qui avaient été envoyés par le Gouvernement pour servir en Algérie, et qui regagneraient sûrement la France à la fin de leur mission.
          Le zèle des Tribus rebelles finissant par se ralentir, sans pourtant s'apaiser encore, le Général d'Uzer voulut bien tourner son attention vers cet état sanitaire déficient, si préjudiciable à la colonisation du Pays, car il était impossible de retenir dans des lieux aussi désagréables et insalubres, le moindre élément de peuplement français.
          Le Commandant de la Subdivision, dès la fin de cette année 1833, entreprit donc d'améliorer l'état de la Ville et de la petite plaine qui l'environnait.
          Les rues furent réparées et alignées dans la mesure du possible. Les égouts nettoyés et les chaussées mieux entretenues permirent d'espérer que ces à peine suffisantes réformes rendraient plus supportable le séjour de la Ville, et encourageraient la venue d'éléments nouveaux dans la population.

          Hélas, ces remèdes n'eurent pas grand succès. L'insalubrité persistait et les maladies continuaient de décimer la population. Les civils, cette fois, étaient plus atteints que les militaires, particulièrement surveillés par les médecins de l'armée.
          C'est à ce moment là, en 1834, que le Docteur Maillot, médecin chef de l'hôpital militaire, expérimenta, pour la première fois, l'emploi de la quinine pour combattre l'horrible fléau que constituait la malaria.
          L'emploi de l'absinthe pour couper l'eau des rivières, et la rendre moins nocive, avait aussi été préconisé. Mais il était arrivé, ce qui était fatal, que ceux que l'on voulait immuniser ainsi contre les fièvres étaient rapidement la proie de l'alcoolisme qui fit alors dans la population des ravages presque aussi graves que le paludisme.
          L'insécurité des environs demeurait malgré les mesures prises par le Général d'Uzer. Il était interdit aux habitants de sortir de l'enceinte et de s'aventurer dans la campagne.
          Quel attrait pouvait bien avoir, dans de telles conditions, le séjour dans cette nouvelle cité française ? Rien ne pouvait aider à combattre le spleen et l'ennui, ni à surmonter la dépression morale qui s'emparait peu à peu de chacun.
          Véritables reclus, les habitants étaient condamnés à circuler, toujours, et sans cesse, par les mêmes ruelles tortueuses, montantes et poussiéreuses, sans avoir le droit d'espérer qu'ils pourraient, un jour, avoir la liberté de s'évader vers la campagne.
          C'était une vie infernale, aussi triste et lassante que celle de ces prisonniers qui tournent en rond, deux par deux, par mesure d'hygiène et pour se détendre, dans le préau de leur prison pendant des heures déterminées.

          Le Général d'Uzer qui comprenait l'état d'âme de ses concitoyens, décida de créer un point de rassemblement au centre de la Ville, un mail comme en France, où ils pourraient se retrouver à certain moment de la journée.
          Le chef de la Subdivision voulut que la future grande place de Bône marquât bien le coeur de la Ville, et il choisit un terrain vague situé devant une Mosquée construite vers la fin du XVIIIème siècle, par Salah Bey de Constantine.
          Il fit procéder à la démolition de quelques vieilles masures situées autour de ce terrain trop étroit.
          Puis, des immeubles à arcades furent édifiés, qui entourèrent très correctement l'espace ainsi obtenu, sur trois côtés, tandis que la Mosquée occupait le quatrième.
          C'est ainsi que fut créée la Place d'Armes.
          Mais la Place qui pouvait évoquer certaines images de la vie française ne réussit pas, pour autant, à chasser l'ennui engendré par l'uniformité de l'existence, et la maussaderie du reste de la Ville.
          Les Français ne vinrent pas davantage se fixer dans ce Pays.

          Les Généraux Trézel et Guingret qui commandèrent à Bône après le départ du Général d'Uzer, n'ont pas eu le même souci que lui de l'administration et de salubrité de la Ville.
          Il est vrai qu'ils eurent à faire face à d'autres événements militaires dont la préparation de l'expédition de Constantine n'avait certainement pas dû être le moins important.
          C'est de Bône, en effet, comme on le sait, que le 27 septembre 1837, est partie la colonne commandée par le Duc de Nemours et le Général Damrémont pour aller mettre le siège devant Constantine.
          La malpropreté et le désordre s'installèrent de nouveau dans la Ville. L'ivrognerie, le vol, les tapages nocturnes revinrent troubler la quiétude des habitants.

          La situation était telle qu'un officier de l'époque écrivait le 17 février 1838, lettre reproduite par M. René Bouyac dans son " Histoire de Bône ".
          "Il est temps, enfin, disait cet officier, de sortir de cet état de barbarie, en envoyant à Bône des Administrateurs à santé forte, à volonté ferme, et à grande persévérance.
          " Que l'on ne craigne pas de les récompenser et de " les soutenir, même dans les actes qui paraîtraient arbitraires en France, et qui sont, ici, nécessaires pour organiser l'ordre au milieu de fainéants et de voleurs.
          " Nous avons des marais pendant six mois, et une sécheresse absolue pendant six autres.
          " Tels sont les résultats du désordre dans lequel on se débat depuis six ans à Bône pour ne pas avoir eu l'idée fixe sur la position à occuper, et un plan de conduite invariable ".
          Naturellement, cette situation lamentable était connue dans la Métropole, où parvenaient, sans doute, des quantités de lettres de fonctionnaires et d'officiers semblables à celle ci.
          Il est compréhensible, dès lors, qu'il n'y ait eu que très peu d'engouement chez les Français pour les " Nouvelles possessions françaises d'Afrique ".
          Ce qui était particulièrement pénible, c'était cette absence totale de plan de colonisation et de volonté directrice chez ceux qui avaient assumé la charge d'intégrer l'Algérie dans le cadre de la Civilisation et de l'économie métropolitaines.

          Pendant ce temps là, des Français venus sur notre rive africaine, mouraient de fièvres ou d'ennui, en maudissant la France qui leur avait fait croire que l'Algérie allait être pour eux un nouvel Eldorado.
          Ainsi, la vie bônoise se traînait, depuis dix années, dans les marécages, les immondices, l'ennui et la désespérance lorsque le Général Randon vint prendre, le 4 octobre 1841, le commandement de la Subdivision.
          Il y a vraiment, de par le monde, des hommes prédestinés dont les dons naturels et les qualités innées se manifestent spontanément, dès que les circonstances s'y prêtent.
          Le Général Randon n'avait été jusque là, qu'un militaire, un militaire remarquable comme Trézel, de Castellane et Guingret qui l'avaient précédé dans ce commandement.
          Mais dès qu'il fut à la tête de la Subdivision de Bône, il se révéla grand Administrateur autant que grand soldat.
          Il su parfaitement, pendant les six années qu'il devait demeurer à ce poste, mener de front les tâches primordiales qui s'imposaient au chef de la Subdivision, organiser la vie de la Cité, améliorer les conditions de séjour des habitants, et achever la pacification de la région.
          Les habitants qui commençaient à se laisser aller au découragement, se reprirent à espérer et mirent toute leur confiance en lui. Il devint comme leur Dieu, et ils l'appelèrent du seul nom, plus terrestre et plus humain, qui pouvait donner la mesure de leur foi en lui : " Le Père de Bône ".

          Lorsqu'il partit, six ans plus tard, le 7 Juillet 1847, ce fut comme un grand deuil, une catastrophe immense qui s'abattait sur la Ville. Toute la population l'accompagna au bateau et beaucoup ne purent s'empêcher de manifester leurs regrets et leur tristesse.
          Certes, le Général Randon s'était efforcé à rendre la Ville plus habitable et plus gaie.
          Il avait combattu le paludisme en essayant d'assécher les marécages autour de la Ville.
          Il avait ramené la sécurité dans la campagne immédiate en construisant la route de l'Edough, afin de permettre aux petits jardiniers d'être en sécurité et de travailler au ravitaillement de la Ville.
          C'est grâce à cette route de l'Edough, on le sait, que le Faubourg de la Colonne pu se former.
          Cette agglomération est devenue le populeux Faubourg qui porte aujourd'hui le nom de celui qui a présidé à sa fondation.
          En ville, le Général s'était efforcé par tous les moyens à rendre plus supportable le séjour de ses concitoyens.
          La nature était belle et clémente. Mais était ce suffisant pour retenir des fonctionnaires jeunes, vigoureux et ardents, sur le sol algérien ?
          N'étaient ils pas trop exposés à l'emprise du spleen, ce mal sournois et indéfinissable du coeur et de l'esprit fait d'un mélange de tendres souvenirs de temps heureux et du morne ennui du présent.

          Il fallait donc aider à vaincre l'ennui, à chasser la nostalgie.
          Et pour cela, rompre la monotonie d'une vie sans attrait, il organisait des fêtes et des réunions à l'Hôtel de la Subdivision auxquelles il conviait presque toute la Ville, civils et militaires, qui étaient ses invités, au même titre.
          Les échos mondains de " La Seybouse ", journal de Bône, redisaient, ensuite, le grand succès remporté par ces réceptions et ces bals organisés par le Général dans le seul but de divertir une population qui risquait de s'enliser dans la neurasthénie.
          Les soirées de M. le Général ont été terminées par " un bal travesti, des plus brillants, disait " La Seybouse " du 4 mars 1846. Les costumes des dames étaient d'un goût et d'une élégance irréprochables. Parmi les hommes, les costumes étaient généralement trop sévères, trop graves.
          " Les danses ont été très animées ",
          On sent presque de la tristesse dans ces lignes simples et naïves.
          Et c'était la même impression qui perçait à travers les autres relations de fêtes semblables, car les officiers, ou les civils, pour suivre l'impulsion donnée par le Général, organisaient, tour à tour, des bals dans les grands cafés de la Ville.
          Tel ce compte rendu qui suivait un bal donné un soir d'hiver, dans la salle du grand café Ours, à la Place d'Armes
          " Les dames n'avaient point besoin, pour s'y rendre, disait le journal, de chausser les bottes de leur mari. Des chaises à porteurs avaient été mises à leur disposition. Toutes en ont profité ; les porteurs ont dû faire douze voyages.
          " La salle décorée avec goût était délicieuse de fraîcheur.
          " L'orchestre habilement dirigé par M. Sulot, rappelait l'entrain des bals de Paris ".
          L'entrain des bals de Paris ", cela s'appelle bien dorer la pilule pour qu'elle soit moins amère ou plus acceptable.

          Il fallait ces grossières illusions pour donner un peu de goût à la vie étriquée de ces pauvres habitants qui bravaient le vent, la pluie et la boue, pour venir se retrouver ensemble, et qui, sans chaises à porteurs, n'auraient pas pu passer par des rues impraticables.
          Cela devait rappeler l'entrain des bals parisiens comme une caricature grotesque peut rappeler un personnage important.
          La haute Société bônoise aussi cherchait à créer l'illusion du plaisir.
          " La Seybouse " parlant dans le même temps d'un bal donné dans les salons de Madame A..., expliquait à ses lecteurs que de " telles soirées laissaient dans l'esprit des visiteurs des souvenirs si agréables, que chacun, en se retirant, faisait des voeux pour qu'on en donnasse toujours de semblables ".
          Pour remplir le vide des autres soirées qui n'étaient pas consacrées à ces bals et à ces réceptions, il y avait le théâtre. Mais quel théâtre... Une salle étroite et basse, mal aérée, sans acoustique, et tout à fait incommode, telle était la salle de la rue de Tunis où se donnaient les représentations.
          Les dimanches, dans la Journée, on pouvait, depuis que le Général Randon avait assuré la sécurité de la banlieue, organiser des sorties et des pique piques. La chronique signalait encore cette propension en ces termes
          Les parties de campagnes sont devenues de mode. " Les dîners sur l'herbe, les rendez vous à la Bastide, la promenade aux petits jardins qui bordent les routes de la Fontaine et de l'Edough, procurent hors des murs, des distractions qui, le dimanche, rendent la ville d'une monotonie, d'une tristesse désespérante ".
          Ces bals, ces réunions, ces fêtes improvisées à tout propos et à la moindre occasion, ces parties de campagne ne constituaient pas, hélas, des divertissements au sens réel du mot, c'étaient à peine des diversions.
          La vie matérielle, même, pour les célibataires, était extrêmement difficile, si l'on en juge par cette constatation que l'on trouve dans la " Seybouse " du 14 juin 1846
          " Les gens qui n'ont ni ménage, ni pension bourgeoise sont très embarrassés de pouvoir se nourrir dans les restaurants de Bône ".
          On comprend alors que les Français aient été si peu enclins à venir se fixer à Bône.

          II y eut, une année, l'année 1848, où non seulement il n'en vint pas un seul pour demeurer, mais au contraire, où il en partit deux de plus qu'il n'en était arrivés. La statistique de l'année 1846 publiés par la " Seybouse ", le 14 février 1847, nous apprend, en effet, qu'au cours de cette année qui venait de s'écouler, il était arrivé à Bône 871 Français par les paquebots de l'Etat, et qu'il en était parti 873.
          Dans cette ville ravagée, saccagée par les hordes de Ben-Aïssa, tombée en ruine faute d'entretien, à peine reconstruite, dont les environs n'étaient ni sûrs, ni même praticables, où la maladie planait sur chaque habitant, les Jeunes fonctionnaires éprouvaient fatalement la nostalgie des régions paisibles, riantes et salubres de la " Doulce France " qu'ils venaient à peine de quitter.
          Ils ne demandaient qu'à retraverser bien vite la Méditerranée pour aller les retrouver, oubliant les raisons qui les avaient attirés sur cette terre africaine qu'ils avaient imaginée pleine de poésie, d'exotisme et de mystère.
          Ils renonçaient, sans regrets, aux perspectives d'avancement qu'ils avaient escomptées, rien ne les retenant plus dans ce Pays, ils retournaient avec empressement dans la Métropole.
          Et l'on comprend, alors, que Flaubert ait pu noter dans le " Voyage à Carthage " qu'il avait entrepris pour aller rassembler sur place, à Tunis, les éléments de son célèbre roman " Salammbô ", ces impressions, brèves, caustiques et bien peu flatteuses pour notre Ville
          " Jeudi (22 avril 1858), débarqué à Bône. Plage d'où la mer se retire. Les chevaux se baignent à une grande distance du rivage.
          " C'est désert, bête et lamentable; les montagnes sont vertes.
          " Hippone, mamelon vert, dons une vallée entre deux montagnes s'inclinant un peu sur la gauche ".

          22 avril 1858... Il y avait vingt six ans que Bône était Française et vingt deux ans que mon grand père paternel était dans ce Pays.
          Mon père avait onze ans, et ma mère venait à peine d'entrer dans la vie, et tous deux, étaient nés dans ce lieu " désert, bête et lamentable ".
          Cette évocation de l'impression notée en passant par Flaubert en 1848, vient s'ajouter au sombre tableau des conditions dans lesquelles étaient contraints de vivre depuis 1832, les quelques Français qui avaient traversé la Méditerranée pour venir se fixer à Bône. Il est facile de se représenter ce qu'il a fallu à ces Français de ferme volonté et d'aveugle confiance dans l'avenir, ou tout simplement de fierté nationale, pour demeurer dans cette région où tout était ingrat ; le climat, le sol, l'homme, et même la Patrie qui les oubliait parfois.
          Mon grand père paternel n'avait aucun lien matériel qui pouvait le retenir dans ce Pays, après sa retraite en 1865. Il s'était marié à Bône avec une fille de Draguignan. Ils auraient pu, tous deux, retourner dans ce joli département du Var où le ciel est si bleu, et l'air si embaumé par le parfum des fleurs, dont ils étaient originaires. Ils ont préféré demeurer sur cette terre algérienne dans laquelle ils dorment leur dernier sommeil.
          Mon grand père maternel, Jean Marie Rollier, était venu à Bône quelques années plus tard après avoir occupé le poste de Maître de port à Stora ; marié à Bône à une Arlésienne, il a renoncé lui aussi à sa Bretagne natale, et repose, ainsi que sa femme, dans notre cimetière bônois.
          C'est bien après l'avènement du second Empire, que les Métropolitains se sont révélés assez aventureux et assez courageux pour venir planter leur tente sur les bords de la Seybouse. Les mines du Marquis de Bassano acquises par la Compagnie du Mokta, leur permettaient, sans doute, de croire à l'avenir de Bône,
          Mais avant, lorsque la malaria disputait à l'ennui le droit de régner sur les habitants, combien étaient ils, hormis les militaires, les Français qui avaient choisi de vivre sous ce soleil trop brûlant, au milieu des moustiques et des voleurs, guettés aussi bien par une attaque ennemie que par un accès de paludisme.
          Et ces militaires, qui n'étaient venus que contraints et forcés, et qui, arrivés au terme de leur congé, avaient décidé de rester aux côtés des autres, les civils, bien rares, dont ils avaient pourtant vu les souffrances et connu les misères, n'on ils pas droit à une bonne part de la gratitude du Pays ?
          Ils ont, tous ensemble, pour le compte de la France, monté la garde sur ce rivage en attendant les renforts nécessaires pour faire, à force de travail, de volonté et d'intelligence, de cette " Plage d'où la mer se retire ", de ce lieu " désert, bête et lamentable ", la grande et belle Cité laborieuse et charmante, dont leurs descendants sont aujourd'hui si justement fiers.

          Ces braves gens, faméliques, peut être, mais têtus et courageux, sûrement, qui ont dû subir les injustices du sort et supporter toutes les souffrances pour assurer la permanence de la présence française, ont été les vrais pionniers de l'oeuvre admirable accomplie dans ce Pays.


BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 9

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Première Partie
HlPPONE ET BONE

CHAPITRE VIII
L'AGENCE D'AFRIQUE
1794 - 1830


        La Compagnie d'Afrique, abolie par un décret de 1794, fut remplacée par une agence au compte de l'Etat, qui prit le nom d'Agence d'Afrique. Le premier directeur fut M. Gimon, les agents et employés de la Compagnie restèrent au service de l'Agence. On ne pouvait, d'ailleurs, mieux faire que de se servir à nouveau de ces hommes expérimentés et de connaissances spéciales qui, depuis longtemps, avaient fait preuve de patriotisme et de dévouement.
        M.M. Peiron et Guibert restèrent donc les deux agents de La Calle et de Bône.
        Les Anglais auraient voulu nous supplanter, mais le dey Babâ-Hassan, qui avait beaucoup de sympathie pour la France, se montra inflexible. Furieux, nos adversaires se livrèrent alors à une course effrénée, capturant tous nos petits bâtiments et cherchant à ruiner notre commerce.
Bône, 4 floréal an 4 de la République    
(21 Avril 1796).  
      

        Au citoyen Herculais, envoyé extraordinaire de la République Française auprès des puissances barbaresques.

        " Je viens vous faire part d'un événement fâcheux qui me navre le coeur et qui est dans le genre de celui dont vous avez été témoin à Tunis, par le fait des Anglais, sur les bâtiments de guerre que nous y avons.
        " Hier après-midi, nous vîmes, à l'entrée du golfe, dans la partie de l'Est, un bâtiment que l'on ne pouvait reconnaître à cause de la brume, bien qu'il fût à peine à la distance de deux lieues.
        " Ce bâtiment, s'étant rapproché, fut reconnu pour être une frégate portant pavillon anglais. Vers la fin du jour, elle vint mouiller au fort Gênois et se plaça dans le voisinage de la corvette l'Unité, à environ une portée de pistolet. Le lendemain, la frégate anglaise et la corvette avaient disparu toutes deux.
        " Ce rapport m'a été fait par quatre soldats de ladite corvette, lesquels, n'ayant pu, hier soir, rejoindre leur bord, avaient passé la nuit à terre. La prise de la corvette a eu lieu pendant la nuit, sans qu'un coup de pistolet eût été tiré et il est vraisemblable de croire que l'Unité, se voyant inférieure en force, (elle ne porte que du huit), se sera laissée amariner sans résistance, par respect pour la neutralité du port où elle se trouvait. Le citoyen Ladrezence, capitaine de l'Unité, était malade, chez moi, depuis onze jours, de la petite vérole et ladite corvette était commandée par le citoyen Lebreton, lieutenant en pied.
        " Le gouverneur de la ville et l'Aga de la garnison eurent la pensée d'envoyer à bord de la frégate le capitaine du port et divers Turcs pour offrir au commandant anglais les secours dont il pouvait avoir besoin et lui observer en même temps qu'il se trouvait dans un port neutre ; mais ils n'osèrent pas le faire, n'étant pas sûrs de la nationalité de la frégate et craignant de trouver au lieu d'un navire anglais, un bâtiment de guerre napolitain ou maltais qui les aurait fait enlever ".

Le citoyen GUIBERT,      
(Agent d'Afrique à Bône) 
    

        Cet incident faillit amener une rupture entre Alger et Londres. Mais les Juifs, tout puissants par leur or, s'interposèrent heureusement pour nos adversaires.
        A ce moment, Bonaparte, par les préparatifs d'Egypte, l'enlèvement de Malte et la déclaration de guerre à la Turquie, inspira au dey d'Alger une terreur immense. Nos nationaux s'en aperçurent. A Bône, ils furent malmenés, d'après des ordres venus d'Alger probablement, ordres que le dey prétendit n'avoir jamais donnés et pour l'exécution desquels il désavoua entièrement le caïd.

        Guibert, agent d'Afrique à Bône, à Astoni Sielve, chancelier du consulat de France et agent d'Afrique à Alger


Bône, le 8 brumaire, an VII.    
(29 octobre 1798)

        " Vous aurez su, mon cher ami, par mes lettres au citoyen Moltedo, les détails de notre arrestation ici pendant douze jours, de la manière scandaleuse, humiliante, outrageante que cela s'est exécuté, quoique nous n'ayons à nous plaindre d'aucune insulte personnelle de la part des Turcs qui nous gardaient à vue, nuit et jour, sans que nous puissions sortir de la maison et de ce qui en est résulté pour la tranquillité des autres comptoirs, car peu s'en est manqué que La Calle ne fut entièrement abandonnée.
        " Cette démarche hostile contre nous ne saurait être excusée d'aucune manière, si le dey ne l'a pas ordonnée, malgré qu'elle serait une violation manifeste de notre Ottoman qui dit, article 9, de la manière la plus précise et la plus claire, qu'en cas de mésintelligence avec la France qui cause rupture de pays, nos établissements devaient être respectés et continuer leur commerce comme si la meilleure harmonie existait toujours entre les deux nations.
        " ....Par ce qui vient de se passer d'absolument contraire au droit des gens, quelque soit le motif qui y ait donné lieu, ne nous prouve-t-il pas que nous ne sommes dans ce pays-ci que comme des otages et qu'à la moindre alerte, notre sûreté peut être compromise :? > .

GUIBERT.          
Alger, du 19 brumaire, an VII.    
(9 novembre 1798)   

        A l'Agence de Marseille.
        " Ayant été informé hier soir, par une lettre du citoyen Guibert au consul, où il lui fait part de l'événement de l'arrestation de tous les Français de Bône et de Collo: cette démarche a été fortement désapprouvée par le dey qui a déclaré que la Porte était maîtresse de faire la guerre à la France, mais que lui voulait vivre en bonne intelligence avec elle, à moins qu'elle ne fut la première à rompre avec lui, ayant déjà été informé que plusieurs bateaux corailleurs étaient partis précipitamment de La Calle pour Corse au moment que cet événement se passait et craignait qu'ils n'aient mis l'alarme sur votre compte et celui des concessions.
        " C'est une incartade du caïd de Bône qui a mal compris les ordres du dey, lequel a fait des excuses à Guibert en répondant à sa lettre sur son arrestation et celle des autres Français à Bône, il l'a prié de ne lui en point tenir rancune. "

ASTONI SIELVE.    

        Mais la porte maintint ses ordres et insista pour leur exécution. Le Diwan fit enfermer nos nationaux, Guibert fut arrêté par le turc Braham Chaouch.
        Le dey enleva La Calle par trahison et détruisit tout l'établissement.
        La paix fut rétablie en 1800, à la grande joie du prince musulman. Les comptoirs furent repris aux mêmes conditions qu'auparavant, mais le dey leur fit remise de la redevance d'une année, à titre d'indemnité.
        Un conflit ayant éclaté entre l'Etat et l'Agence, celle-ci fut dissoute le 6 mai 1802.
        En 1807, des Anglais voulurent s'installer à La Calle mais le dey craignant qu'ils n'en fissent une station de guerre et de ravitaillement, refusa l'autorisation et même, comme ils s'étaient emparés du comptoir de Bône sur la plainte de Raimbert, ancien agent à Collo, chargé par le gouvernement de rétablir la pêche française sur les côtes de Barbarie, le tribunal de la ville, en présence de la garnison et des notables décida que a la maison de la Compagnie appartenait en propriété aux Français et ordonnait au consul anglais de la restituer immédiatement aux Français
        Mais les Anglais tinrent bon jusqu'en 1815, en payant une redevance annuelle de 10.600 livres sterling (268.000 fr.). .
        A cette époque, des atrocités furent commises â Bône sur leurs nationaux sans défense et Lord Exmouth vint menacer Alger ; le dey répondit en faisant jeter leurs compatriotes aux fers.
        Les Français entrèrent alors en pourparlers et le dey les autorisa à s'installer de nouveau à La Calle et à Bône, sans leur rendre toutefois les privilèges antérieurs. La redevance fut fixée d'abord à 60.0000 puis ensuite à 200.000 francs.
        M. Maurice fut nommé agent du comptoir de Bône et Adrien Dupré prit le titre, à Bône, de consul de France aux concessions d'Afrique, sous les ordres du consul général d'Alger.
        En 1818, le brick français " Le. Fortuné " fut attaqué et pillé par les habitants du territoire de Bône, sans que l'on pu obtenir du dey aucune réparation.
        Le prince musulman émit même la prétention " d'élever le taux de la redevance " payée par les " concessions françaises ". II consentit à transiger par la convention du 24 juillet 1820.
        En 1825, malgré la teneur expresse des traités et sous prétexte de contrebande, le dey fit forcer et visiter la maison de l'agent consulaire français à Bône. Le résultat de cette visite prouva la fausseté dé l'accusation et cependant le prince ne nous donna aucune satisfaction de cette offense.
        Les droits qui devaient être perçus sur les marchandises françaises dans les ports de la régence étaient déterminés par des traités ; en 1825, le dey exigea arbitrairement des négociants français de Bône, des droits de beaucoup au-dessus de ce tarif, il alla même jusqu'à demander 10 pour cent de la valeur des marchandises.
        L'agent consulaire de Bône était, à ce moment, M. Alexandre Deval, qui portait le titre de vice-consul de France. C'était le neveu de M. Pierre Deval, consul général à Alger.
        II suivit continuellement la politique de son oncle, se maintenant dans la légalité, mais cherchant une occasion, qu'au besoin il aurait fait naître, pour brusquer les choses avec les Algériens et ce, suivant les instructions reçues du ministre des Affaires Etrangères, le comte de Damas.
        Il a été beaucoup écrit et j'ai, moi-même pris part à la discussion, sur " le Coup d'Eventail " ; mais il est une chose certaine, c'est qu'il ait été ou non donné, ce fut une occasion fort opportune et peut-être provoquée.
        En 1827, les affaires de la Compagnie étaient loin d'être brillantes ; le comptoir de La Calle fut cédé à la Compagnie Paret, de Marseille, et le vice-consul se rendit sur les lieux pour surveiller les réparations et l'armement du Bastion.
        Certains chroniqueurs prétendent voir, là, la cause indirecte de la prise d'Alger. C'est possible ; quoiqu'il en soit, l'événement marqua, car il fut le thème d'une légende qui fut traduite par M. Féraud, en 1865.
        " Cependant, les populations environnantes ne cessaient d'inquiéter ces Européens (les Français de La Calle) en les volant et venant toutes les nuits rôder autour de leur établissement. Ces courses nocturnes obligèrent à prendre tant de jour que de nuit, des mesures de précaution et afin d'éloigner et tenir en respect les malfaiteurs ils fabriquèrent deux canons en bois ayant l'aspect de canons véritables, qu'ils placèrent aux fenêtres de leur habitation.
        " On répandit alors le bruit que les Français avaient armé leur établissement avec du canon et le merkanti de Bône crut devoir prévenir le bey de Constantine, El Hadj Ahmed. Le bey fit son rapport au pacha. Celui-ci appela le consul de France et lui demanda ce que signifiait l'armement de l'établissement de La Calle. Le consul promit d'écrire immédiatement à son représentant de Bône ; peu après, il retournait en effet auprès du pacha et lui expliquait le stratagème qui avait dû être employé par ses nationaux pour se débarrasser des malfaiteurs. Le pacha ne voulut pas admettre ces raisons ; le consul lui répondit que puisqu'il n'avait pas confiance en sa parole, il n'avait qu'à envoyer lui-même un de ses agents pour vérifier le fait sur place,
        " El Hadj Ahmed, bey de Constantine, reçut en effet l'ordre d'envoyer deux hommes de confiance à La Calle. Ces émissaires furent mal choisis, car c'étaient des hommes dépourvus d'intelligence. Ils se rendirent à La Calle, mais, au lieu de pénétrer dans l'établissement des Français, ils se bornèrent à l'examiner de loin et ils virent les canons de bois qu'ils prirent pour de véritables canons. Ils retournèrent auprès du bey qui écrivit de nouveau au pacha pour confirmer le premier renseignement.
        " Le pacha entra dans une violente colère, injuria le consul, on dit même qu'il le battit à coups d'éventail. Le consul français s'éloigna et partit ensuite pour son pays "
        A la suite du " Coup d'Eventail ", 30 avril 1827, le commandant Collet vint, avec son escadre, mettre le blocus, devant les côtes d'Algérie.
        Le dey envoya alors des ordres aux beys de la Régence, pour avoir à prendre des mesures de sécurité dans les ports ; mais il ne désespérait pas d'arriver à conciliation, aussi recommandait-il de ménager les Français. Ces ordres sont reproduits et commentés dans la lettre qu'Ahmed bey adressa aux Bônois.
        " Louange à Dieu seul, qu'il apporte ses bénédictions sur notre Seigneur et notre Maître Mohammed ainsi que sur sa famille et ses compagnons. Salut complet.
        " Que Dieu, - qu'il soit exalté ! - protège les personnes très honorables, très respectables et très illustres de leurs seigneuries, les savants jurisconsultes de la ville de Bône ainsi que l'honorable seigneurie du cheickh de cette ville ; la totalité de nos honorables fils, l'agha (1), le diwan (2) assisté par le Dieu très haut, les membres de la nouba (3), les janissaires (4), les malekia (5) et enfin spécialement les tobjia (6). Que Dieu leur soit propice et les garde.
        " Que le Salut soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu de très haut, sa bénédiction, ses faveurs et ses grâces.
        " Ce qui va être porté à votre connaissance, ne sera que favorable, s'il plait à Dieu ; c'est un ordre (émanant) de quelqu'un à qui nous et vous devons obéissance et à l'autorité duquel nous et vous devons une rigoureuse soumission.
        " Préoccupez-vous constamment, d'une façon énergique, vigoureuse, vigilante et attentive, de la surveillance du côté de la mer, aussi bien de nuit que de jour.
        " C'est surtout aux artilleurs qu'incombe ce grave souci ; aucun d'eux ne devra se soustraire à ce devoir ni ne devra coucher dans sa maison. Vous inspecterez les batteries et mettrez en état tout ce qui concerne les canons et les affûts, de telle sorte que ce matériel soit prêt et disponible. Vous ne négligerez pas de mettre des gardes dans les batteries et dans les endroits oit il pourrait y avoir à craindre. Il ne devra pas y avoir de votre part, ni nonchalance, ni négligence d'aucune sorte. Etant donné que vous habitez une (ville) frontière, vous êtes astreints à la défendre ; consacrez à ce soin tous vos efforts et par une attitude courageuse, imitez ce qu'ont fait d'autres que vous. Certes, chacun de vos regards (pour surveiller l'ennemi) sera une bonne oeuvre et vous vaudra une récompense (dans le ciel). Cette affaire est de suprême importance et des plus urgentes.
        ". Sachez que, parmi ce qui vous a été recommandé, il est un ordre dont l'exécution s'impose à vous d'une façon particulière ; vous devez observer avec soin tout navire se dirigeant vers Bône. Si c'est un voilier corailleur, ou une barque, ou un bezerkan (7), dont il n'y a à craindre aucune surprise désagréable, il entrera dans le port suivant l'usage. Mais, si vous aperceviez un navire corsaire (8) cinglant vers Bône, faites-lui de loin des fumades ; s'il ne retourne pas en arrière et s'approche de la zone de tir, tirez un coup de canon sans pierre, ni bombe ; s'il ne fait pas demi-tour et persiste à entrer, empressez-vous de tirer sur lui avec des boulets, coulez-le et détruisez-le avant qu'il ait pu pénétrer et se trouver à l'abri de votre tir. Soyez constants dans le rôle que vous avez à remplir) est soyez fermes, afin 'que vos actes soient conformes aux indications que nous vous avons données. Les navires pacifiques sont faciles à reconnaître, de même ceux qui recherchent le trouble ne sauraient se dissimuler. Soyez vigilants et actifs, et Dieu nous viendra en aide.
        " Quant aux chrétiens français qui sont à Bône, gardez-vous bien que personne leur soit hostile, les maltraite ou leur fasse perdre quelque chose de leur avoir ; s'ils veulent rester à Bône, ils y seront en entière sécurité et ne doivent être exposés à aucune vexation. Si, au contraire, suivant leur bon plaisir et de leur plein gré, ils désirent retourner dans leur pays, personne ne devra les en empêcher ou leur être hostile ; ils emporteront intégralement leurs biens, sans perte aucune. Cependant, si l'un d'eux était, de son plein gré, résolu à partir, il serait indispensable que vous preniez un écrit de sa main, indiquant qu'il est parti bénévolement avec la totalité de ses biens, sans avoir été t'objet d'aucune violence. Un écrit servira ainsi de preuve. Après que vous aurez pris sa signature, s'il lui, plaît de s'en aller, qu'il agisse selon son gré ; s'il lui plaît de rester à Bône, qu'il y soit en paix et sécurité.
        " Vous agirez de même à l'égard des autres chrétiens des diverses nationalités. Ceux d'entre eux, qui séjourneront à Bône, y seront en sécurité complète, vendront et achèteront et personne ne sera jamais, envers eux, ni hostile, ni désagréable.
        " Quant à vous, membres du diwan fortuné, soldats aidés de Dieu et vous tous, habitants de Bône, ne cessez de vous occuper du service de surveillance et qu'aucun janissaire, maleki ou artilleur ne le néglige. Ne .vous livrez à aucune agitation et ne provoquez aucun désordre, car je connaîtrai tous vos agissements.
        Le 20 juin, les agents, les employés et les corailleurs s'embarquèrent précipitamment en abandonnant leurs effets. Ils étaient 28 à Bône. Ils furent ramenés en France.
        M. Alexandre Deval, après avoir perdu son oncle mort du choléra en 1828, revint en Algérie, lors de la conquête. Il fit partie du Conseil de gouvernement avec M. Denniée, intendant de l'armée, le maréchal de camp Tholozé, le payeur général Firino, un capitaine d'état-major faisant fonctions de lieutenant de police et un secrétaire. Il est porté sur les pièces de l'époque comme consul de France.
        Presque aussitôt après le départ des Français, arriva à La Calle Si Hafsi ben el Aoun, chargé de détruire les établissements de la Compagnie. II se mit à l'oeuvre, le 22 juin, et s'acquitta de sa tâche en homme consciencieux.
        " On pu, alors dit la légende des canons, se convaincre que les pièces, cause du conflit, étaient réellement en bois. Voilà ce qui a provoqué la rupture entre les Français et les Algériens. S'il existe d'autres motifs, ils sont généralement ignorés du public. "
        Le bey rendit immédiatement compte à Hussein Pacha de l'exécution des mesures prises à Bône et du départ des Français.
        " En arrivant samedi 28 de ce mois, au gîte d'étape de Hamza, j'ai reçu cieux lettres l'une des Eulema de Bône, l'autre du fils du Merkanti. Ils m'informent qu'un vaisseau et une corvette de guerre français sont entrés clans le port de Bône ; le consul, le représentant de la Compagnie et les nationaux français résidant à Bône sont montés sur ces deux bâtiments. Aussitôt, qu'ils ont appris leur embarquement, les Bônois ont appliqué les scellés à leurs maisons, puis ils ont pris des mesures pour la garde à faire de nuit autour de la ville ainsi que l'exposent les deux lettres que je vous transmets, afin que vous en preniez connaissance, ce qui me dispensera d'entrer dans de plus longs détails à ce sujet.
        " J'ai immédiatement fait partir le Merkanti en lui donnant des instructions sur toutes choses, insistant notamment auprès de lui pour les mesures de surveillance à observer, de jour comme de nuit.
        " En ce moment, grâce à Dieu, la sécurité, la pain et la tranquillité règnent à Bône et dans la totalité de la contrée.
        " El Hafsi est arrivé à Constantine mardi ; il en est reparti et sans nul doute qu'il est parvenu à cette heure où nous l'avons envoyé en mission.
        " Dès que je recevrai des nouvelles de lui ou bien de Bône, je vous le transmettrai rapidement.
        " Que Dieu vous rende victorieux et extermine les mécréants. "

EL HADJ AHMED.   
Bey de Constantine    
Dimanche, 28 de Kaada 1242  
(24 juin 1827)       

        " P. S. du 8 juillet. - J'ai envoyé au Cheick Mohammed bou Mettin, un cheval, un fusil et un burnous. Le Merkanti m'informe que le raïs (9) Ali el Feloudji, venant d'Alger, a été serré de près par les ennemis de Dieu, les Français, étant au large du Ras El Hamra (cap. de Garde).
        * II s'est enfui du côté de l'Edough et de là il a expédié un homme du pays pour prévenir à Bône. Les Bônois lui ont envoyé deux felouques avec des soldats armés. Les matelots avaient déjà gagné la terre avec leurs fusils. "

13 de Hidja 1242      

        Ce sont probablement ces incidents, qui amenèrent le dey à modifier les ordres donnés au sujet des navires de guerre et à donner les instructions qui devaient amener l'incident de La Provence à Alger, le 3 août 1829.

        A Hussein-Pacha,

        " Notre auguste lettre m'étant parvenue, j'ai été instruit de tout ce que vous me notifiez. J'ai donc écrit immédiatement au Merkanti de Bône, lui prescrivant de faire à l'égard de tout bâtiment de guerre français qui se présenterait ce que vous ordonnez ; de se hâter de lui lancer des boulets, de ne pas faire feu à poudre, mais bien au contraire de tirer dessus, sans lui laisser aucun répit.
        " J'ai également envoyé de suite des ordres au Khalifa pour qu'il se porte avec son camp et ses goums auprès de Bône et de s'y établir, lui recommandant expressément d'observer, avec vigilance, la situation de la ville, de se tenir prêt à la défendre et de ne rien ignorer de ce qui se passe dans Bône, de nuit comme de jour.
        " Les Khezourdji (10) sont partis aussi de Constantine pour Bône, munis par moi d'un nombre suffisant de tentes ; nous les avons pourvus de vivres, biscuits, bébi'oul (11), beurre, huile et enfin des mulets porteurs d'outres pour l'eau. Rien ne leur manque de ce qui peut être nécessaire.
        " J'ai en outre, écrit au Merkanti pour qu'il subvienne à tous leurs besoins.
        " Dans chacune de mes lettres au Merkanti, je lui ai renouvelé mes recommandations afin que, de nuit comme de jour, on se garde avec la plus grande vigilance.
        " Jusqu'à présent, toutes les missives du Merkanti m'informent que tout est tranquille à Bône et aux environs aussi bien sur terre que sur mer.
        " Le porteur de la présente est également chargé d'une lettre que le Merkanti adresse à votre fils et notre frère, Sidi Ibrahim, ministre de la marine.

EL HADJ AHMED.   
Bey de Constantine   
26 de Hidja 1242   
(21 juillet 1827)    

        A Hussein-Pacha,

        " Aussitôt votre courrier arrivé, j'ai expédié la lettre destinée à votre oukil de Tunis.
        " En même temps, j'ai écrit aux notables de Bône pour l'exécution des ordres que vous m'avez donnés.
        " J'ai en outre, commandé expressément au porteur de ma lettre d'aller inspecter lui-même les batteries, visiter les affûts de canons et tous les engins de guerre. Je lui ai prescrit de passer environ deux journées à Bône afin de bien examiner comment s'y fait le service de garde et de quelle manière s'exécutent les précautions de surveillance.
        " J'ai très vigoureusement insisté pour qu'il eut à me fournir ensuite des renseignements détaillés, exacts et fidèles sur tout ce qu'il aura vu.
        " J'ai reçu aujourd'hui une lettre du Merkanti par laquelle il m'informe que les brèches existant aux batteries sont réparées. Des charpentiers ont été envoyés dans la montagne pour couper des bois, lesquels ont déjà été apportés en partie à l'aide de barques.
        " Nous avons mis, à la disposition du Merkanti, des charpentiers de Constantine, qui sont allés se joindre à ceux de Bône et tous, maintenant, sont occupés à travailler avec ardeur à la confection d'affûts de canon et de bois de fusil. Dans chaque batterie, on fait une garde très vigilante, de même que sur tous les autres points ; quant à moi, je ne cesse de leur adresser fréquemment des recommandations.
        " Aujourd'hui même, il est venu, de Bône, quelques-uns des émissaires que j'y avais envoyés et tous me confirment les rapports du Merkanti, c'est à dire que les travaux de défense marchent avec célérité ; que le service de garde (de la côte) s'y fait exactement et que enfin la tranquillité règne partout. "

EL HADJ AHMED.   
Bey de Constantine     
15 de Moharrem 1243   
(8 août 1827)    

        La garnison de Bône était composée d'auxiliaires en nombre indéterminé et d'artilleurs desservant les 80 pièces de la ville et des cinq batteries qui défendaient la rade, d'une part, et les 18 à 20 canons du fort Gênois, d'antre part.
        La réserve était formée par la nouba ou garnison turque répartie en cinq sefra ou tables et comprenant 71 janissaires sous les ordres d'un agha.
        Cette garnison reçut, au mois de moharrem 1244 (1828), un nouveau règlement reproduit dans le " Tachrifat ".
        " Lorsqu'une nouvelle garnison arrive clans la ville de Bône, il lui est délivré pour la célébration de sa bienvenue (diffa) et pendant les trois premiers jours, un agneau pour chaque sefra et soixante et un francs. Chaque sefra reçoit également une somme de dix-sept rials boudjoux (30 fr. 50).
        " La ration mensuelle de l'agha (commandant) est d'une jarre de beurre et d'une jarre de miel. La ration des autres sefra est d'une jarre pour chacune. L'agha reçoit, chaque mois, douze mesures de blé (mesure dont on se sert à Alger). Les autres sefra reçoivent chacune six mesures de blé (mesure d'Alger). La jarre contenant le beurre est de l'ancien modèle, le nouveau modèle est deux fois plus petit que celui-ci.
        " Il est fourni aux sefra une ration mensuelle de 130 livres de savon. Chaque sefra reçoit un chaudron rempli d'huile, l'agha en reçoit deux, l'oukhil el hardj (12) eu reçoit un, le khodja (13) et le chaouch (14) en reçoivent un pour deux, le bach tobdji (15) en reçoit un.
        " Chaque sefra reçoit, le jour de la fête d'El-Fethar, 17 rials boudjoux (30 fr. 60). Lorsque le caïd entre chez l'agha pour le complimenter, il lui paie 18 rials boudjoux et quart (32 fr. 85) ; en sortant par la porte de la Casbah, il donne aux gardiens, une étrenne de un boudjou et quart (2 fr. 25). Le second jour de la fête, le caïd paie, à titre d'étrennes, 3 rials boudjoux (5 fr. 40) au cafetier, 12 rials boudjoux (21 fr. 60) aux noubadja (16), 5 rials boudjoux cinq huitièmes (10 fr. 22) au bach tobdji, 5 rials boudjoux cinq huitièmes (10 fr. 22) au caïd du port et 2 rials boudjoux cinq huitièmes au lutteur.
        " Il est donné, le jour du Mouloud, 12 livres de beurre et 12 livres de miel au khodja et 2 livres de beurre et 2 livres de miel au chaouch ; à chaque sefra, le premier jour de la fête, il est donné 2 livres de beurre et 2 livres de miel. Les kara-kolkjia (17) reçoivent chacun une livre de beurre et une livre de miel.
        " Les étrennes d'Aïd el Kebir sont semblables à celles que l'on donne à l'occasion d'Aïd el Fethar et dont l'énonciation est donnée plus haut. Le caïd monte une fois par an à la Casbah avec le divan et il paie, à cette occasion, les étrennes suivantes : au khodja un demi-rial boudjou (0 fr. 90), à l'oukhil et hardj un demi-rial boudjou (0 fr. 90), au chaouch un rial boudjou (1 fr. 80), au caïd ez zebel, (18) un rial boudjou (1 fr. 80), et un rial boudjou et quart (2 fr. 25) pour la selsela (19).
        " Lorsque le caïd reçoit sa nomination, il distribue les étrennes suivantes : un rial boudjou (1 fr. 80) au chaouch de la garnison, un rial boudjou (1 fr. 80) au caïd ez zebel, 5 rials boudjoux cinq huitièmes (10 fr. 22) à l'agha des cavaliers, 5 rials boudjoux cinq huitièmes (10 fr. 22) au bach tobdji, 5 rials boudjoux cinq huitièmes (10 fr. 22) au caïd du port.
         " Lorsque le caïd a terminé ses tournées pour la perception des impôts, il paie à titre d'étrennes : un rial boudjou (1 fr. 80) au chaouch et un rial boudjou au caïd ez zebel. Le caïd ed doukhan (20) paie à la nouvelle garnison du Raz el Hamra (21) une étrennes de 90 rials boudjoux, (72 fr.), il remet pareille somme à la nouvelle sefra de l'agha.
        " Il est remis, chaque jour, à la sefra de l'agha, quatre-vingt quatorze pains de farine mélangée et trente-sept pains de semoule. Il est remis, tous les jours, aux autres sefra à chacune, quatre-vingt quatre pains de farine mélangée et un pain de semoule. Il est remis, tous les jours, dix-huit pains à la sefra du kakhia (22), sept pains à la sefra du Bach-Belouk-Bachi (23) et sept pains aux sefra du fort Raz el Hamra. Il est donné également, chaque jour, aux fonctionnaires de la ville, soixante-quatre pains de farine mélangée et vingt-huit pains de semoule.
        " Les étrennes en viande, données par la corporation des bouchers aux sefras de la garnison, ont lieu de la manière suivante : la corporation des bouchers donne un demi mouton à chaque sefra et un demi aux cuisiniers, et cela tous les lundis et tous les jeudis ; elle donne chaque mercredi, un mouton entier pour la sefra de l'agha.
        " La pâte destinée à la fabrication d'un pain doit peser dix onces ; après la cuisson, le poids doit être réduit à neuf onces ; si le pain pèse moins, il ne peut pas être récit mais l'on ne peut exigea un poids plus élevé.
        " Les étrennes, appelées kossour, se distribuent de la manière suivante : A la sefra de l'agha, 35 rials boudjoux par mois (63 fr.) à la sefra du kikhia, 18 rials boudjoux (32 fr. 40); à la sefra du Bach Belouk Bachi, 18 rials boudjoux et demi (33 fr. 30) et à chacune des autres sefras 18 rials boudjoux (32 fr. 40).
        " Lorsqu'un navire mouille dans le port de Bône, soit capitaine paie des étrennes d'usage de la façon suivante : 3 rials boudjoux (5 fr. 40), à l'agha ; 2 rials boudjoux et quart (4 fr. 05) au kikhia et 2 rials boudjoux et quart (4 fr. 05), au chaouch. Le capitaine doit également payer pour le chargement du navire, les étrennes suivantes : 3 rials boudjoux et quart (15 fr. 90), à l'agha, 3 rials boudjoux trois huitièmes (6 fr. 59), au khodja ; 2 rials boudjoux et quart (4 fr. 05) au chaouch ; 2 rials boudjoux et quart (4 fr. 05), au kikhia ; 2 rials boudjoux et quart (4 fr. 05), à chacun des deux Ould Bachar (24) membres du Diwan ".
        Cette garnison turque était casernée à la Casbah, où résidait l'agha, et dans trois petites casernes appelées : Caserne de la Casbah, contre la mosquée de Sidi-Merouan ; Caserne des Tombeaux, au bastion des suppliciés, c'est là qu'habitait le bourreau ; Caserne du Fort, au-dessus de la porte de la Mer.
        Tout fut calme à Bône jusqu'aux premiers jours de 1830, époque à laquelle il y eut une alerte.

        A Hussein-Pacha,

        " Je vous fais connaître que les habitants de notre ville de Bône ont aperçu, ces jours-ci, quatre bâtiments qui se montrent et disparaissent ensuite. Les Bônois, qui sont de pauvres gens, la plupart sans armes, ont été épouvantés de cette apparition.
        " Apprenant cette situation, je leur ai envoyé cent fusils en ordonnant de les distribuer à ceux qui en ont besoin, après en avoir établi une liste nominative de chaque détenteur.
        " Je les préviens que, si ces fusils ne leur suffisent pas, je leur en enverrai encore d'autres. Cela leur a donné courage et confiance. Ils montent maintenant la garde avec zèle ; leurs craintes sont dissipées ; gloire en soit rendue à Dieu, qu'il nous soutienne et donne la victoire au peuple de votre seigneur Mohammed, qu'il extermine et écrase les impies. "

EL HADJ AHMED.      
Bey de Constantine    
27 de Kaada 1245     
(2 Mai 1830)    

        Avant d'en finir avec Bône musulmane, il est intéressant de connaître l'opinion que les Français pouvaient avoir de la ville qu'ils allaient conquérir. Cette opinion est exposée dans un ouvrage qui parut quelque temps avant l'expédition d'Alger (25).
        Bône occupe dans cet ouvrage une place très honorable. " Bône, 4.000 habitants, d'après le mémoire du capitaine du génie Boutin (1808).
        La ville de Bône, en arabe Blaïd-el-Aneb, est située par 36° 52' de latitude Nord et 5° 50' de longitude Est ; à 35 lieues N.E. de Constantine et 95 lieues Est d'Alger ; bâtie sur le golfe du même nom, dans lequel se jette la Seybouse, cette ville est entourée d'une muraille qui tombe en ruines et est défendue par un château construit, en 1535, par Charles-Quint, sur une hauteur qui la dominé ; ses rues étroites, non pavées, sont très malpropres à cause des bestiaux qui s'y retirent pendant la nuit ; ses maisons blanchis avec de la chaux fatiguent la vue.
        Les environs sont couverts de jardins remplis d'arbres fruitiers ; à un tiers de lieue de la ville, on voit les ruines d'Hippo Regius, qui doit sa célébrité à Saint Augustin, son évêque. >
        Le château de Charles-Quint est la Casbah construite en 1300 par le roi de Tunis, refaite en 1535, par Don Alver Gomez el Zagal, détruite en 1608 par le chevalier de Beauregard et refaite par les Turcs, la même année.

        D'après Shaw, Bône partagerait avec Alger l'honneur de posséder du schiste ardoisé.

        " Dans certaines régions, comme aux environs d'Alger et de Bône où il n'y a ni terre ni gravier, le gisement de cette pierre est immédiatement à la surface du sol.
        " Le golfe est praticable aux plus gros bâtiments, en été, ils se placent au port du Puits (26) et en hiver, à celui des Génois. Bonne rade sous la protection du canon. Il y a mouillé des bâtiments portugais de 70 canons ".
        Enfin l'ouvrage contient un itinéraire de Constantine à Bône.
        " 30 lieues presque toute plaine, à quelques ondulations près.
        " Bône terre, bonne culture, l'une et l'autre s'améliorent encore en approchant de Bône.
        " Dans les dix dernières lieues, on rencontre quelques parties de bois, d'oliviers sauvages, sapins, lentisques ....
        " A moitié chemin, rivière de la Seybouse, sans pont : elle a 80 à 100 mètres de large et n'est pas guéable dans les temps de pluie. Elle est navigable pendant les trois dernières lieues de son cours.
        " On ne va d'Alger à Bône qu'en passant par Constantine ; sur la route par les hauteurs, on trouve beaucoup de restes d'antiquités ; à moitié chemin, source d'eau minérale; très beau reste d'un édifice romain. A 5 lieues de Constantine, autre source minérale sur le sommet d'une colline très élevée. Le chemin est praticable aux voitures pendant les dix premières et les dix dernières lieues.
(1)Commandant des troupes.
(2) Membres du conseil.
(3) Garnison.
(4) Soldats turcs régulier.
(5) Auxiliaires arabes.
(6) Artilleurs turcs.
(7) Navire de commerce. .
(8) Navire de guerre
(9) Capitaine de vaisseau de guerre.
(10) Remplaçants.
(11) Sorte de grosse farine de blé rôti.
12) Officier de détails.
(13) Officier comptable.
(14) Adjudant major.
(15) Commandant de l'artillerie.
(16) Musiciens.
(17) Enfants de troupe.
(18) Caïd du balayage.
(19) Chaîne du port.
(20) Du tabac.
(21) Du Cap de Garde.
(22) Khalife.
(23) Capitaine.
(24) Lieutenants.
(25) Aperçu historique, statistique et topographique sur l'Est Algérien à l'usage de l'Armée expéditionnaire d'Afrique. Rédige au dépôt général de la Guerre. 1830
Les auteurs anonymes en sont le Marquis de Curïon-Nitas et M. Dusuyafe.
(26) Aux Caroubiers ; l'explication de cette désignation est donnée plus loin.

A SUIVRE       

LES PIEDS-NOIRS
Envoyé par M. Marc Spina
Ecrit par M. Jean-François MENDEZ


Celui qui est né en Amérique est un Américain
Celui qui est né en Italie est un Italien
Moi je suis né en Algérie mais je ne suis pas un Algérien
On dit que je suis Pieds-Noirs, je suis donc né en Piednoirie.
Mais la Piednoirie n'existe pas dans les livres de géographie
Pourtant ce pays existe puisque de tous cotés
On entend des gens dirent qu'ils y sont nés.

Pieds-Noirs quel nom bizarre venu d'on ne sait où !
Quant le vent de l'histoire a soufflé contre nous
On a souvent cherché l'explication
De noir et de pieds l'étrange association.
Mais de toute façon, faut pas qu'on nous en prive,
Pieds-Noirs on restera et quoiqu'il arrive....

Qui sont donc ces Pieds-Noirs qu'on rencontre partout ?
Des milliers de gens venus de Piednoirie
Qui ont laissé là-bas leurs parents, leurs amis
Et qui face à la tempête restèrent toujours debout.
Si vous leur demandez ce qu'est la Piednoirie,
Ou bien c'est la colère, ou bien la nostalgie.

Ils gardent toujours au coeur ce qu'ils ont laissé :
Le ciel bleu profond et les blanches cités
Mais aussi le soleil et les plaines arides...
Qui ont vu leurs aïeux approfondir leurs rides.
Après avoir défendus et servis la patrie et le pays...
Ont eu comme récompense d'être chassés et bannis.


COLONISATION de L'ALGERIE
  1843                           Par ENFANTIN                      N° 4 
INTRODUCTION - (SUITE)

        XVII. - Avant de réaliser un ouvrage qui aurait un cadre aussi vaste, j'ai pensé qu'il était convenable d'en tracer, pour ainsi dire, une esquisse, et, pour cela, d'aborder la question générale de la colonisation de l'Algérie par un de ses côtés le plus apparent, le plus matériel, qui permette toutefois, sinon d'embrasser, au moins de toucher presque toutes les parties de ce grand ensemble. Je me suis donc proposé de traiter d'abord la CONSTITUTION DE LA PROPRIÉTÉ en Algérie, c'est-à-dire d'examiner comment devaient être conçues la distribution et l'occupation du sol, soit pour les indigènes, soit pour les Européens; cet examen donne entrée dans, la question coloniale, qu'il fait découvrir tout entière, quoique d'un point de vue particulier ; car, selon l'expression très juste des économistes, la constitution de la propriété est la base matérielle de l'ordre social.
        Cette question, d'ailleurs, me paraissait la plus urgente; presque tous les hommes qui se sont occupés de l'Algérie ont signalé la nécessité d'apporter promptement de l'ordre dans ce qu'on a nomme, à bon droit, un chaos.
        Le Gouvernement, de son côté, s'occupe de réviser ses, propres actes sous ce rapport(1), de régulariser ce qui a été fait jusqu'ici sans principe bien arrêté(2), de réformer une partie de la législation arabe(3), de distinguer le domaine de l'État des propriétés individuelles(4). En même temps le Gouvernement songe, un peu tard peut-être, mais enfin avec grande raison, à organiser l'administration des tribus arabes, qui est impossible tant qu'on n'aura pas une connaissance parfaite de la manière dont la propriété est et doit être constituée dans ces tribus, puisque c'est d'après cette connaissance seule que peuvent être déterminés le droit de l'État et celui des administrés(5) ; enfin on recherche une forme définitive des concessions, en harmonie avec divers projets de colonisation militaire et de colonisation civile.
        Au moment ou j'écris ces lignes, des concessions de terres sont faites en Algérie, quoique ces terres soient du domaine de l'État et ; par conséquent; inaliénables à moins d'une loi spéciale(6), et quoique l'on n'ait encore examiné nulle part, ni dans les livres, ni surtout à la tribune, comment la propriété devait être constituée en Algérie; pour favoriser le plus possible l'établissement des colons et la soumission des indigènes.

        DIVISION DE CET OUVRAGE.

        XVIII. - J'ai dû rechercher d'abord comment la propriété était constituée en Algérie, lorsque nous en avons fait la conquête(7) ;
        Exposer ensuite ou rappeler les principes généraux sur lesquels elle repose en France;
        Enfin comparer ces deux manières de concevoir la propriété, et rechercher les modifications que nous devons essayer d'introduire dans la manière dont les Arabes l'ont jusqu'ici comprise et pratiquée, et les modifications non moins nécessaires et même plus promptement nécessaires, que nous devons faire subir à notre manière de comprendre la propriété en France, afin de la constituer en Algérie au profit d'une population de colons européens, transportés sur un sol, dans un climat et au milieu de relations très différents du sol, du climat et des relations d'Europe.
        Ces trois chapitres formeront la PREMÈRE PARTIE et, pour ainsi dire, une seconde et plus spéciale introduction de l'ouvrage.
        Dans le premier chapitre, l'étendue que je consacre à l'examen de la propriété dans les tribus, et le peu de détails que je donne, au contraire, sur la propriété dans les villes et leur banlieue, sont légitimés par le grand nombre d'ouvrages où sont exposés les principes de cette dernière espèce de propriété, qui se rapproche d'ailleurs beaucoup de notre propriété française; tandis qu'au contraire le lecteur aura certainement à faire un premier effort, assez difficile, pour se bien pénétrer du mode le plus général de propriété en Algérie, celui qui est pratiqué par les tribus qui en cultivent le sol.
        Dès à présent même, quelques mots sur cette division entre la, ville et la campagne me paraissent utiles.
        Nous n'avons trouvé, en Algérie qu'un très petit nombre de villes, et dans ces villes une: assez faible partie de la population qui fût propriétaire(8) d'une portion de la banlieue qui entoure ces villes; des Turcs, généralement grands feudataires et dignitaires du pays, et quelques Maures, possédaient des fermes et des maisons de campagne, situées presque toutes à une très petite distance des villes; et si l'on observe que sur un territoire comme celui que nous occupons, le nombre de ces villes n'est que de douze à quinze, dont la moitié, est sur la côte, et dont une seule, Alger, était un peu considérable et renfermait des hommes riches et puissants, on conçoit facilement que ces propriétés de citadins ne peuvent former qu'une très petite portion du sol occupé et cultivé par la population générale, et due, par conséquent, l'autre portion, infiniment plus vaste, habitée par la population agricole, doit appeler notre attention d'une manière bien plus intéressante.
        II n'en a pas été ainsi, le contraire est arrivé. Nous nous sommes emparés des villes, nous les avons occupées; c'est là que s'est opéré notre premier contact avec la population algérienne: il en est résulté que nous avons assez vite étudié et connu le mode de propriété des villes, la propriété selon les Turcs et les Maures, et que nous avons négligé d'étudier le mode de propriété des campagnes, la propriété selon les Arabes et les kabyles.
        C'est afin de réagir contre cette préoccupation générale, que j'ai plus particulièrement développé cette partie de mon sujet, jusqu'ici négligée.

        XIX. - Quant au deuxième chapitre, celui qui contient l'exposé où le rappel des principes sur lesquels repose la propriété en France, j'ai besoin de justifier aussi, à l'avance, l'étendue que je lui ai donnée.
        Quoique déjà, en France, une foule de bons esprits se soient préoccupés d'améliorations à introduire dans la constitution de la propriété et dans les lois qui s'y rattachent, telles que celles de l'expropriation, des hypothèques, des faillites, de la contrainte par corps, etc.; quoique plusieurs publicistes et économistes soient effrayés de ce qu'ils considèrent comme les conséquences de plus en plus désastreuses de cette constitution actuelle; enfin, quoique nous soyons, sous ce rapport, une véritable exception en Europe et dans le monde(9) et que notre régime actuel ne date que d'un demi-siècle, personne cependant n'ose porter la main sur cette arche sainte; bien plus, presque personne ne pense que nous puissions instituer en Algérie autre chose que ce qui existe en France, sous ce rapport; et enfin, comme si notre constitution de la propriété inspirait une admiration unanime, universelle, on songe bien plus à convertir les Arabes à notre manière de la concevoir, qu'à modifier nos propres usages, pour les rendre convenables à une société qui, par le fait, est et sera longtemps, toujours même, très différente de la société française, et pour les mettre en harmonie avec le mode de culture ou d'habitation qu'exigent le sol et le climat d'Algérie, et avec des précautions de sécurité et de salubrité qui sont tout à fait inutiles ou beaucoup moins impérieuses en France.
        Il ne m'était donc pas possible de me renfermer dans un simple exposé des formes variées que le droit de propriété revêt en France, formes que personne, d'ailleurs, n'ignore; et, sans avoir à examiner si, en effet, notre législation de la propriété appelle une réforme quelconque, pour la France, je devais faire ressortir l'esprit général de cette institution si récente, avant d'indiquer les modifications qu'elle doit subir, pour être applicable en Algérie.

        XX. - Le troisième chapitre, où sont combinés les principes de la propriété algérienne et de la propriété française, pour l'organisation de la propriété coloniale et indigène, dans l'Algérie française, sera la conséquence des principes posés dans les deux premiers chapitres.
        XXI. - Après cette première PARTIE, c'est-à-dire après avoir posé cette base matérielle de l'organisation de l'Algérie, j'ai pu aborder la colonisation européenne et l'organisation des indigènes; ce sont les sujets traités dans tes deux autres PARTIES de l'ouvrage.
        La colonisation européenne sera divisée en deux chapitres.

        XXII. - Dans le premier, j'établis, d'après des considérations historiques, géographiques et politiques, les LIEUX qui sont propres à la colonisation civile ou à la colonisation militaire, et l'ORDRE selon lequel ces deux espèces de colonisation doivent être commencées et progressivement développées. Ces considérations déterminent très nettement deux zones distinctes, séparées, l'une et l'autre, en trois parties correspondantes, et formant ainsi trois provinces qui ont chacune le caractère mixte (militaire et civil, seulement dans des proportions différentes.
        Ainsi, deux zones, dont l'une, intérieure, est particulièrement militaire, et l'autre, littorale, a, au contraire, le caractère civil; la première s'élargissant toujours, en avançant de l'EST à l'OUEST, c'est-à-dire depuis Tibessah (frontière de Tunis) jusqu'à Tlemcen (frontière de Maroc) ; la seconde, s'élargissant d'une manière inverse, de l'OUEST à l'EST, c'est à dire depuis Oran, comme sommet, jusqu'à La Calle et Guelma, comme base,
        Et ces deux zones, coupées par les lignes naturelles du Jurjura et du Chélif, de la plus grande montagne et du plus grand fleuve du nord de l'Algérie, forment ainsi les trois provinces de Constantine, d'Alger et d'Oran, ou, pour mieux dire, de Mascara.

        XXIII. - Le deuxième chapitre traitera du personnel et du matériel des colonies civiles et des colonies militaires.
        Ici je m'occuperai spécialement de la fondation des camps et des villages coloniaux, quant à leur emplacement, leurs communications, les travaux généraux de délimitation, d'assainissement, de protection, de défrichement et de culture, et j'exposerai l'organisation des colons civils et militaires qui devront former ces établissements. En d'autres termes, ce chapitre est consacré au gouvernement et à l'administration des colonies civiles et des colonies militaires.

        XXIV. - Enfin, dans la troisième PARTIE, je traiterai les mêmes questions qui font l'objet de la seconde, mais en les rattachant à la population indigène, et en les présentant dans un ordre inverse. Voici la raison de ce changement. Les lieux favorables à l'organisation des indigènes sont également ceux où doivent être les établissements européens, et ces lieux sont déjà déterminés d'une manière générale dans la deuxième PARTIE. Il ne me resterait donc qu'à donner quelques détails de plus sur ces lieux, par rapport aux populations que nous y organiserons; mais auparavant je suis obligé de parler de ces populations elles-mêmes, et cela me permet d'ailleurs d'examiner de suite les rapports de nos établissements européens avec les indigènes, et de compléter ainsi la deuxième PARTIE.

        XXV. - L'ouvrage sera terminé, comme CONCLUSION, par l'examen spécial d'une question naturellement touchée et soulevée dans tontes les autres parties, celle du gouvernement de l'Algérie. J'indiquerai ses rapports avec le gouvernement central, la nature et les limites de ses attributions, et sa hiérarchie supérieure, politique, militaire et administrative, relativement aux colonies européennes et aux tribus indigènes. Enfin j'exposerai l'organisation spéciale des villes d'Algérie, de leur population indigène et européenne, afin de compléter ce qui, dans tout l'ouvrage, aura plus particulièrement été présenté comme relatif aux tribus indigènes et aux colonies agricoles, civiles ou militaires, fondées par la France.

1 Règlements relatifs aux biens séquestrés.
2 Questions relatives aux concessions primitives, dont les concessionnaires n'ont pas rempli les conditions
3 Projets de destruction du habous.
4 Domaine et cadastre.
5 Fuit lime sapientia quondam
      Publica privatis secernere, sacra profanis,
      Horace, De art. poet., - 3g6.
6 J'ai soumis à M. le Gouverneur général cette objection de la nécessité d'intervention de la loi, pour l'aliénation, par concessions en Algérie, d'une partie du domaine de l'État. M. le général Bugeaud, reconnaissant cette nécessité, m'a répondu que, vu l'urgence, il comptait sur un bill d'indemnité. En effet, l'urgence est évidente; il y a urgence de coloniser, et aussi urgence de coloniser légalement.
7 J'ai placé en appendice, à la fin de l'ouvrage, des extraits d'une lettre qui m'a été écrite par M. Marion, président du tribunal de Bône. Elle a pour objet spécial la constitution de la propriété dans les tribus; elle ne traite donc que de l'une des formes de la propriété algérienne, il est vrai la plus importante. J'ai pensé que ce travail, dans lequel sont passées en revue toutes les opinions émises sur ce sujet, et où, pour la première fois, la propriété dans les tribus a été nettement distinguée de la propriété dans les villes et leur banlieue; j'ai pensé, dis-je, que cette lettre était nécessaire pour faire bien sentir le vague et l'erreur même qui ont obscurci, jusqu'à présent, les idées des observateurs les plus habiles de l'Algérie, et pour donner ainsi l'explication des fautes qui ont été si souvent commises dans les actes concernant la propriété.
J'ai joint à cet appendice les opinions de MM. Bande, Worms, Duvivier, Warnier et Urbain sur ce sujet.
8 Et encore, nous verrons ce qu'il faut entendre par ce mot.
9 II est utile, en effet, de remarquer que, même en Europe, notre forme de propriété, selon la loi française, est très différente de celle qui existe en Angleterre, en Russie, dans la péninsule espagnole et dans la plus grande partie de l'Allemagne et de l'Italie, puisque nous n'avons ni le servage, ni les droits seigneuriaux, ni le droit d'aînesse et les substitutions, ni des biens religieux, ni la dîme, ni les confiscations. Ces différences, qui existent entre nous et tous les États chrétiens, sous ce rapport, sont bien plus grandes encore entre nous et tous les peuples musulmans. Avons-nous seuls et entièrement raison? C'est une question.

A SUIVRE

LES PECHEURS DU DIMANCHE
Envoyé par M. Marcel Cutajar

          Il y avait, bien sûr, les " privilégiés ", ceux qui avaient pu se construire un de ces petits cabanons qui agrémentaient de leurs couleurs vives, toute la côte, de la Plage du Lever de l'Aurore au Cap de Garde et même au delà, du côté de la Voile Noire, en passant par les plages Gassiot, de St. Cloud, de Chapuis, ou encore de la Caroube ou de Toche…

          Pour les heureux possesseurs ( ou invités ) de ces maisonnettes, toutes de guingois certes, mais disposées sur des sites bénis des dieux, il leur suffisait d'immerger, la veille au fond de l'eau, deux ou trois nasses puis de les remonter le lendemain matin, remplies de crustacés et de poissons de roche.

          Alors la Fête commençait. Chacun s'affairait à bien caler le chaudron où cuirait tout à l'heure la bouillabaisse, sur un foyer fait de branchages et de charbon de bois, déjà tout crépitant. Puis, vers la fin de la matinée, pour immortaliser la joyeuse réunion, on se prenait en photo avec, au premier plan - avant qu'elle ne soit plongée dans le bouillon - la pêche miraculeuse composée de " jaunes ", " d'ombrines ", de " saupes ", de " murères ", et autres " merots ",(1) avec trônant au centre, une magnifique langouste …

          L'après-midi, c'était la sieste et le farniente avant un retour laborieux, au coucher du soleil.

          Oui ! mais c'étaient là, les " privilégiés ", comme déjà dit.

          Car il y avait tous les autres, ceux qui, après un frugal petit déjeuner, s'en allaient dés l'aube, soit à pied, soit à bicyclette, vers le port ou vers la Corniche : on les voyait de loin, avec leur " cartale "(2) sur le dos, leur " salabre "(3) et leur roseau (ou leur bambou )(4) calé au creux de leur épaule ( ou fixés le long du cadre de leur vélo ). Leur seul point commun était que la veille, ils avaient méticuleusement préparé leur sortie en vérifiant dans le détail leur matériel - " palangrotte "(5), hameçons, " boyaux "(6) mis à tremper afin de les assouplir, confection du " broumedge "(7), dont chacun avait sa propre recette tenue jalousement secrète.

          Pour le reste, chacun avait sa propre stratégie.

          Il y avait les " maniaques " ( que les " mauvaises langues " traitaient de " chien mort "(8), au prétexte qu'au lieu d'aller acheter tout bonnement leurs vers de vase qui leur serviraient d'appâts, auprès des petits marchands installés au bas du Cours, ils préféraient aller les extraire eux-mêmes de leur gangue de boue, dés le samedi après-midi, le long des berges nauséabondes de la Boudjema. C'est ainsi qu'ils se rencontraient, en plein soleil, de la vase jusqu'à mi-mollet, les bras noircis jusqu'à mi-coude, fouillant et triturant les mottes jusqu'à ce qu'une bestiole leur tombe entre les doigts.

          Puis Il y avait les " stratèges " qui, avant de se décider quant à l'endroit où ils iraient jeter leurs lignes, interprétaient avec soin, les conditions météorologiques du moment : allait-il faire du vent ? ferait-il très chaud ? la mer serait-elle calme ou agitée ?Selon le cas ils se rendraient, soit vers les " Petites Pierres "(9), ouvertes au grand large, à quelques encablures de l'embouchure de la Seybouse, où ils auraient plus de chance, sur un fond sablonneux, d'attraper du " marbré "(10), soit le long des quais où ils auraient le choix entre la Petite Darse, le lieu dit " Tombeau des lignes ", à cause des ferrailles qui reposaient sur le fond, ce qui nécessitait une certaine expérience pour ne pas y laisser ses lignes, ou encore les passes du Môle Cigogne ou Babaillot, habitats du loup et surtout du sar…

          Il y avait aussi les " sportifs ", ceux qui n'hésitaient pas à poursuivre le long des jetées, en sautant de bloc en bloc, au risque de se rompre les os, les bancs indifférents de mulets auxquels il fallait, pour qu'ils se décident à mordre, suspendre l'amorce juste à la hauteur de leur gueule, et encore !…

          Quant aux " massacreurs ", ceux-là attendaient que le soleil soit au zénith et que la canicule soit à son maximum : ils s'en allaient alors vers les grandes dunes, bien après les dernières maisons de Joannonville. Là, par endroit, s'étaient formées des petites lagunes, qui ne correspondaient avec la mer que par un étroit chenal ; des colonies entières de mulets s'y trouvaient souvent piégées, comme dans une nasse. Devenus affamés et donc, extrêmement voraces, il suffisait de leur jeter une ligne amorcée pour qu'ils s'y précipitent. Il s'en suivait un vrai carnage, les cartales se remplissant en un clin d'œil, d'une masse mouvante, visqueuse et sanguinolente.

          Enfin, il y avait les " dilettantes ", qui ne cherchaient pas à tout prix la grosse prise, mais plutôt le plaisir d'une bonne matinée de détente. Ceux-là jetaient leur dévolu sur les criques de la Corniche. Pour s'y rendre, les uns empruntaient les tortueuses ruelles de la vieille ville, en y achetant au passage, à un commerçant matinal, soit quelques figues de Barbarie qu'ils consommaient sur place, soit une pastèque, qu'une fois parvenus à destination, ils placeraient au frais, dans l'eau, entre deux rochers, avant de s'en désaltérer, lorsque la chaleur deviendrait trop forte. D'autres, escaladaient la montée des Caroubiers, en n'omettant pas de s'arrêter un moment au deuxième tournant pour souffler un peu, mais surtout pour assister, à travers la trouée du Pont de la Tranchée, à un magnifique lever de soleil, là-bas, sur le golfe, vers l'Orient, digne - comme l'écrivaient si bien les auteurs de " l'ORIENTAL-GUIDE " de 1909, de ceux d'Istanbul, sur le BOSPHORE ! Pas moins…

          Parvenus à pied d'œuvre, chacun se mettait en maillot et, selon son humeur, choisissait parmi les nombreuses distractions que leur offrait la mer : les uns partaient taquiner dans leur trou " demoiselles " et gougeons ; les autres essayaient de capturer, à l'aide d'un nœud coulant de " boyau " fixé à un roseau, une " crabe poileuse " ; d'autres plus loin, exploraient, au moyen d'un " ganche ", la moindre des cavités sous-marines, à la recherche d'un poulpe, auquel, en cas de prise, ils tordraient adroitement la " calotte "(11) ; ou, munis d'un couteau et d'un seau allaient racler les " arapelles "(12), s'évertuant au passage à décoller les " orties " de leur support, qu'ils prépareraient en omelette ; quant aux plus courageux, ils partaient au large, plonger vers un tapis d'algues pour y débusquer des oursins…

          Vers les dix heures ce petit monde, épuisé par tant d'activités, allait s'allonger pour se régaler d'arapèdes et d'oursins…

          Et en les observant de la route longeant l'Hôtel Transatlantique, on ne pouvait s'empêcher de penser que de tous, c'étaient bien eux les plus heureux…

          C'était à BONE, les pêcheurs du Dimanche, au temps des " Années Folles ".

Marcel CUTAJAR          

(1) Poissons de roche qui abondaient dans les eaux du golfe.
(2) Panier d'osier de forme arrondie dans lequel était entreposé le matériel de pèche ainsi que les " prises ".
(3) Epuisette.
(4) Ancêtres des cannes en fibre de verre.
(5) Longue ligne en crin, de plusieurs dizaines de mètres qu'on lançai le plus loin possible, en la faisant tournoyer ; l'ancêtre de nos moulinets.
(6) Ligne de nylon.
(7) Mixture à base de mie de pain et de restes de poisson plus ou moins faisandés, que l'on jetait à l'eau, préalablement au lancer de ligne, pour attirer les poissons.
(8) " CHIEN MORT " : avare - pingre -il se disait d'eux qu'ils avaient un oursin dans la poche…
(9) Jetée érigée face à la grande plage de Joannonvile, et composée en réalité de blocs, jetés en désordre les uns sur les autres.
(10) Petits poissons aux larges raies grises, vivant surtout au large des plages.
(11) La tète de l'animal.
(12) Patelle

ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 10


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

III - TEMOIGNAGES
A - ORANIE
La Région de Sidi-Bel-Abbès
PAR
Daniel CHEVAISGeorges REUTT
Ingénieur de l'Institut Agricole d'Algérie (1932) Ingénieur Principal des Services Agricoles
Directeur de l'Ecole d'Agriculture
de Sidi-bel-Abbès (Oran)

La région agricole de Sidi-Bel-Abbès ne se signale, au coeur de l'Oranie, ni par le pittoresque des sites, ni par de glorieux vestiges du passé.

1. Historique.

     Peu marquée de constructions par l'occupation romaine et pas davantage par la domination arabe, cette région semble n'avoir été jusqu'à l'arrivée des Français et, à l'origine, même pour ceux-ci, qu'un lieu de passage. Ses terres, si l'on excepte quelques parcelles sporadiquement cultivées sur les rives de la Mekerra et aux abords du Tessalah, ne connaissaient pas la charrue.
     Aujourd'hui, la conquête agricole fait le renom de la contrée et la fierté de ses habitants.
     Un peu plus d'un siècle s'est écoulé depuis la signature, le 5 janvier 1849, du décret portant création du centre de Sidi-Bel-Abbès, et celui-ci est devenu une ville prospère de 81.000 habitants, deuxième cité de l'Oranie.
     " D'un pays jadis dénudé ou couvert seulement de palmiers nains, le labeur d'une population énergique et industrieuse a fait une des plus belles régions agricoles de l'Algérie. " (1).

II. Conditions naturelles.

     Cette région comprend deux parties faciles à distinguer
- au Nord, la plaine de la Mekerra, d'une altitude moyenne de 500 mètres, ayant la ville de Sidi-Bel-Abbès pour centre ;
- au Sud, le plateau de Telagh-Sefioun, du nom des deux oueds qui le parcourent, (le 800 à 900 mètres d'altitude.
     Le climat de ces deux régions, plus rigoureux vers le Sud, est caractérisé par l'insuffisance habituelle de la pluviométrie (moins de 400 millimètres), l'irrégularité des précipitations, l'importance des variations thermiques, la fréquence des gelées tardives et des vents chauds du Sud (sirocco).
¶ - (1) Augustin BFRNARD : Afrique Septentrionale et Occidentale, Géographie Universelle, tome XI, première partie, page 187.

III. Conditions humaines.

     La colonisation, tout d'abord hésitante, le général LAMORICIÈRE estimant le sol impropre à la culture, est partie des rives de l'Oued Mekerra, propices aux cultures maraîchères. Malheureusement, les possibilités d'irrigation se sont vite révélées très réduites, et les lots de colonisation de 26 hectares pour immigrants, de 16 hectares pour éléments déjà fixés en Algérie, sont apparus insuffisants pour ceux qui ne disposaient pas d'eau. Ces derniers ont dû demander à la culture des céréales, et plus particulièrement au blé tendre, l'essentiel de leurs ressources.
     Le recrutement des premiers colons a été assez divers. A l'origine peu nombreux étaient les agriculteurs et encore plus rares ceux qui avaient l'expérience de l'agriculture méditerranéenne. Beaucoup d'entre eux étaient originaires du Bassin parisien, d'Alsace, de Lorraine ou des Alpes. On notait également quelques familles allemandes.
     L'adaptation au pays et à l'agriculture locale, toujours menace des rigueurs du climat, a été particulièrement difficile. Certaines familles ont réussi à se fixer, d'autres ont cherché en Algérie même des terres plus fertiles, d'autres encore sont retournées vers leur pays ou ont été absorbées par les villes.
     L'Espagne toute proche devait aussi fournir des contingents d'ouvriers défricheurs et maraîchers, mais ceux-ci se trouvaient mieux préparés à tirer parti des ressources d'un pays dont bien des caractères rappelaient leur contrée d'origine.
     Les conditions de vie assez rudes et, pour beaucoup, inattendues, expliquent l'accroissement tout d'abord assez. lent de la population. Mais, petit à petit, la région s'équipe, les techniques se précisent, l'agriculture devient d'une rentabilité plus sûre, tandis que le commerce se développe ; la population européenne augmente.

     Parallèlement, la population musulmane, très clairsemée en 1840. s'accroît également. Nourrissant tout d'abord, vis-à-vis des agriculteurs français, l'hostilité du pasteur pour le laboureur, les éléments autochtones se sont progressivement habitués à leur présence. Le rapprochement, amorcé par l'évolution de leur genre de vie vers l'exploitation agricole sédentaire, s'est peu à peu transformé en collaboration. Attirés dans la plaine par l'exécution des travaux agricoles, les Musulmans se sont fixés dans les centres primitivement habités par les seuls Européens.

     Quelques chiffres marquent les étapes de cette évolution et précisent la vigueur de la poussée démographique ayant suivi la mise en valeur de la région

Années   
Européens  
Musulmans
TOTAL
1858
1867
1877
1926
1951
4.629
6.487
--
46.158
49.605
822
2.415
--
105.538
162.555
5.451
8.902
37.666
151.696
212.100

IV. Etat de la production agricole.

     L'arrondissement a une superficie totale de 970.000 hectares dont
     - 320.000 hectares absolument improductifs localisés surtout dans sa partie Sud ;
     - 173.000 hectares de forêts de pins d'Alep principalement ;
     - 477.000 hectares utilisés par l'agriculture européenne et musulmane.

RÉPARTITION DES TERRES UTILISÉES PAR L'AGRICULTURE

 
Superficies (d'après les statistiques de 1954)  
Productions extrêmes


Céréales
Vignobles
Arbres fruitiers et divers
Jachères
Parcours
Européens

94.000 ha
35.500 ha

5.000 ha
70.000 ha
17.000 ha
Musulmans

81.000 ha
600 ha

2.000 ha
22.000 ha
150.000 ha


de 350.000 à 1.550.000 q
de 350.000 à 2.100.000 hl


50.000 à 300.000 ovins

     L'importance de l'écart entre une année de misère et une année féconde frappe dès le premier regard sur le tableau ci-dessus. Selon que la répartition des pluies et leur volume total ont été convenables ou non, les rendements varient dans la proportion de 1 à 5, aussi bien dans les céréales que dans le vignoble.
     En ce qui concerne l'élevage, l'influence d'une mauvaise année est plus grave encore ; c'est le capital troupeau lui-même qui se trouve atteint et non pas seulement le croit.
     Toute l'Algérie souffre plus ou moins de cette prépondérance des facteurs naturels et, dans notre région de Sidi-Bel-Abbès même, des différences notables existent entre le Nord et le Sud, ce dernier étant plus durement atteint par les caprices du climat.
     Le producteur musulman, au système de culture plus extensif, voit ses rendements varier davantage que ceux de l'agriculteur européen.

BLÉ TENDRE:

     La région de Sidi-Bel-Abbès, plus particulièrement vouée à la culture du blé tendre, produit de 18 à 20 % de la récolte algérienne. Les rendements moyens, meilleurs que ceux du reste de l'Algérie, restent faibles au regard de ceux de la Métropole.



Culture européenne
Culture musulmane
Bonne année (1954)

11 q par ha
6,5 q par ha
Mauvaise année (1945)

3 q par ha
1,1 q par ha

VIGNOBLE :

     Dans le vignoble, les variations de rendements ne sont pas moins grandes : 16 hl/ha en 1947 contre 58 hl/ha lors de la récolte record de 1954. Le rendement moyen de 25 hl/ha est ici inférieur au rendement moyen de l'Algérie.

ELEVAGE

     L'élevage ovin demeure en grande partie aux mains des éleveurs musulmans. Il constitue une ressource non négligeable bien que trop souvent mésestimée par les Européens. Un effort a récemment été entrepris par les Services Techniques de l'Etat et quelques agriculteurs pour améliorer la conduite de cet élevage et assurer sa rentabilité.

V. Caractères de l'exploitation agricole.

     Les exploitations agricoles de la région de Sidi-Bel-Abbès appartiennent à deux types.
     Les unes traditionnelles, utilisant la main-d'oeuvre familiale sur une superficie restreinte, vivent en grande partie de la consommation de leurs propres produits dont le surplus est seul commercialisé. Agriculteurs musulmans et petits maraîchers européens sont à ranger dans ce groupe.
     Les autres, combinant l'utilisation d'un cheptel vif et mort plus important, l'emploi de capitaux et de main-d'oeuvre salariée, produisent essentiellement pour le marché. La majorité des exploitations européennes et un nombre croissant de propriétaires musulmans font partie de cette catégorie.

PROPRIÉTÉS EUROPÉENNES ET MUSULMANES
(d'après la statistique quinquennale de 1937)

 
Européens  
Musulmans


Moins de 10 ha ..
10 à 50 ha ..
50 à 100 ha ..
100 à 500 ha ..
500 à 1000 ha ..
Plus de 1000 ha ..

TOTAUX

Nombre

195
253
287
617
63
21

1.436
Superficie moyenne
3
32
85
243
698
1.159


Nombre

3.017
1.275
228
46
5


4.571
Superficie moyenne
8
34
76
222
584




1° Exploitations européennes

     Alors qu'en Métropole, le paysan français en raison de la variété de ses productions peut rester attaché à l'autarcie domestique, dans la région de Sidi-Bel-Abbès, il a été poussé par la monoculture à l'économie de marché. Il lui a fallu produire pour vendre, réaliser des bénéfices pour vivre, étendre son exploitation pour produire davantage afin de vivre mieux.
     Le développement de la culture de la vigne n'est intervenu de façon notable dans l'économie de la région qu'au lendemain de la guerre 1914 1918. Apportant une ressource supplémentaire, la vigne a freiné l'exode rural des Européens.

Aspects et réalités de l'Algérie Agricole
Docks Silos de Sidi-Bel-Abbès.

     L'aridité de la région, ayant imposé l'assolement biennal (jachère travaillée - blé), ainsi que le faible niveau des rendements moyens en blé, expliquent que l'agriculteur européen ait dû chercher à étendre son exploitation. Lorsque 200.000 francs sont nécessaires pour faire vivre une famille, si le bénéfice à l'hectare n'est que de 1.000 francs, il faut essayer de cultiver 200 hectares. Les fluctuations des prix des céréales et le décalage entre les prix de vente et les prix de revient ont conduit à l'élimination des producteurs les plus faibles au bénéfice des autres. C'est ainsi que :
- en 1947, le prix de revient d'un hectare de blé pouvait être estimé à 12.500 francs (soit 7 quintaux de blé tendre valant 1.850 francs le quintal) ;
- en 1956, ce prix de revient a triplé et varie de 35.000 à 40.000 francs l'hectare, tandis que le prix du quintal n'a pas tout à fait doublé (3.500 francs).
2. Exploitations musulmanes

     Le fellah, plus pasteur qu'agriculteur, habitué à tirer parti du milieu, surtout par l'intermédiaire de son troupeau, a pu continuer à vivre en économie fermée. Lorsque ses besoins d'argent se sont accrus, il a pu les satisfaire en travaillant de temps en temps comme ouvrier agricole. Moins dépendant du milieu économique, il ne souffre pas autant de la relative dévaluation du prix des céréales. Ce qui ne veut pas dire qu'il lui est insensible ; l'endettement croissant des agriculteurs musulmans et, surtout, l'accroissement du taux de mortalité infantile après de mauvaises récoltes, témoignent du contraire.

VI. Perspectives d'avenir.

     Lorsque nous pensons à l'avenir de cette belle région agricole dont la naissance est encore proche et dont l'évolution reste facile à retracer, nous sommes conduits à ordonner nos réflexions autour de quelques idées de base

1° Protection du sol, capital essentiel:
- Par l'application des techniques de la Défense et de la Restauration des Sols.

2° Accroissement des productions utiles
- Par le maintien du vignoble qui, par les salaires qu'il assure et le mouvement d'affaires qu'il suscite, joue, sur le plan social, un rôle essentiel.
Bien que peu importantes, les ressources apportées par l'arboriculture fruitière, les cultures maraîchères, l'exploitation des forêts et de l'alfa, l'apiculture, etc., ne doivent pas être négligées.
Mais le gros effort doit être tenté dans le domaine de la culture des céréales combinée avec l'élevage ovin. L'abandon de l'assolement biennal, ruineux, tant du point de vue de l'économiste que de celui de l'agrologue, doit permettre, sans préjudice pour le blé, le développement des cultures fourragères. L'accroissement de la charge de bétail assurera plus de viande, plus de laine, plus de lait. Cette amélioration de la culture des céréales est à poursuivre tant en milieu européen que musulman, mais en veillant toutefois dans ce dernier cas à conserver au fellah, aussi longtemps que possible, son atout maître qui est l'indépendance à l'égard du milieu économique.

3° Développement des possibilités d'emploi:
Dans ce domaine, les solutions ne sont pas toutes agricoles, mais il appartient à l'agriculture de préparer l'avenir en évitant la crise qui provoquerait l'accélération de l'exode rural. Pour cela, il lui faut tendre par tous les moyens à l'augmentation de sa propre capacité d'emploi, limiter de façon raisonnable la mécanisation tout en intensifiant ses systèmes de culture ; améliorer les conditions de vie à la campagne pour diminuer l'attrait de la ville ; ne pas hâter inconsidérément l'abandon de l'autarcie domestique, économiquement condamnée, mais socialement salutaire.

Aspects et réalités de l'Algérie Agricole
Ecole régionale d'Agriculture de Sidi-Bel-Abbès : vue générale.


A SUIVRE       

QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°15
DIVAGATIONS

ASCENSION DU MONT BLANC (1962)

      A l'époque, j'avais une chambre au fort d'Ivry et, comme on savait où me trouver en cas de besoin, l'heure d'arrivée dans la salle des reporters n'était pas très rigoureuse.
      Aussi par une belle journée de mai, comme le ciel parisien en donne avec parcimonie, je me dirigeai vers le bâtiment de la photo, le coeur léger, le sourire aux lèvres.
      Dans notre salle une ambiance lourde régnait. La question était de savoir qui serait désigné pour couvrir un événement assez rare" Une prise d'armes avec tous les Bataillons de Chasseurs Alpins réunis "et ce, en pleine montagne.
      L'usage, l'habitude, voulait que le chef des reporters y aille, c'était une de ses rares sorties en Province, d'autant plus qu'il aimait la neige.
      Cette fois-ci le séjour à Chamonix ne lui convenait pas pour une raison que je trouvai très fallacieuse.

      Les uns étaient pris ailleurs, les autres, trop âgés pour l'altitude, bref le seul disponible et qui ne pouvait refuser, c'était moi.
      Oh! J'ai bien essayé de dire que la neige et la montagne n'avaient rien d'attirant pour moi, rien n'y fit, je dus prendre le train pour Chamonix où je n'avais jamais mis les pieds.
      Vêtu d' un petit costume bleu pétrole très printanier, d'une chemise blanche ornée d'une cravate à pois, chaussé de jolis mocassins, j'espérais que les boites de nuit de Chamonix m'offriraient quelques douceurs, après cette prise d'armes que je souhaitais rapide.
      Dès mon arrivée, je me présentais à l'Officier chargé de la Presse, qui me considéra longuement.
      "Vous a-t-on expliqué votre mission ? "
      - Oui, vaguement; je sais que je dois "couvrir "une Prise d'Armes qui doit avoir lieu en montagne.
      - C'est tout, reprit l'Officier?
       Oui, répondis-je, commençant à me douter de quelques désagréments.
      Après une longue respiration, il reprit; " Etes-vous montagnard, avez-vous fait de la glace, marché avec des crampons enfin, savez vous ce qu'est un piolet?"
       " Non, pas le moins du monde, je n'aime ni la glace ni la montagne ...."
      - " Eh bien il faudra vous y faire, et puisque vos chefs sont inconscients, je vais vous révéler le but exact de votre mission. La Prise d'Armes aura lieu au sommet du Mont Blanc, dans exactement 3 jours. Vous profiterez de ce temps pour vous initier aux crampons et piolet sur la Merde glace.
      On vous donnera un instructeur, en attendant allez voir le fourrier qui vous équipera.

      Abasourdi de ce qui venait de m'arriver, je rencontrai, à la sortie de cette entrevue, le cameraman du S.C.A. La première question que je lui posai portait sur sa connaissance de la montagne. Il en savait autant que moi et quand je lui appris le but de la mission, il en resta pantois, ne voulant pas me croire. Hélas, il ne reçut que des confirmations.
      Trois jours d'entraînement intensif, avec des "Rangers" neuves bien qu'on ait pris la précaution d'uriner dedans pour assouplir le cuir, trois jours de galère où l'on nous prenait pour des Parisiens à qui on devait en faire baver. Les premières ampoules apparurent et l'on fit connaissance avec divers baumes et diverses techniques de soins. Enfin, le jour J : Départ 4 heures du matin. Un court parcours entrain et nous voilà partis vers le sommet, la Prise d'Armes de l'inutile :

Photo M. R. Antoine
c'est nous

      8 heures de marche pour arriver au refuge Vallot. ( 4360 mètres)
      Pendant notre marche, je rencontrai M. BONNET, l'entraîneur des skieurs Français, que j'avais connu dans le Hoggar où l'on avait essayé de faire ensemble une "première " en escaladant un pic de la Sekrem. Cette rencontre m'amena un peu de considération auprès des Chasseurs Alpins car notre réputation avait été vite faite par l'Officier de Presse.
      M. BONNET eut la gentillesse de gonfler un peu nos exploits africains et cela eut pour effet notre intégration au sein du groupe.
      Après 8 heures de marche ou plus, je ne sais, nous arrivons au refuge observatoire Vallot qui se trouve sur une plate-forme au pied du sommet du Mont Blanc.

      Demain, nous présenterons les armes à 4800 mètres d'altitude, pour le moment l'heure est à se restaurer, à soigner ses pieds et à dormir. Le lendemain, le 2éme détachement, le plus important, nous a rejoint. Ils sont passés par les "Grands Mulets". J'avoue ne pas apprécier l'effort...
      Un bon bol de café bien chaud, et nous quittons au matin le refuge Vallot, avec un soupir de soulagement. L'air est pur, le temps est clair, tout va pour le mieux sinon que mes chaussures ont du mal à se réadapter à mes pieds, mais cela s'arrangera, me dit on.
      Pour arriver au sommet , il faut franchir une arête de glace assez longue ,il nous faut nous encorder et chausser les crampons. Mon expérience toute neuve me sert et je tiens le piolet du bon côté de la pente.

      Le sommet du Mont Blanc est relativement plat mais, ce qui n'est pas prévu au programme, c'est le vent. Un vent à 140 kms . Impossible de faire tenir le drapeau par un seul homme, il faut être 4 pour le sortir de son fourreau et le déployer.
      Je n'ai pu faire qu'une seule photo, celle justement du drapeau déployé, tenu par 4 hommes. Après quoi, mon appareil étant gelé et ses mécanismes ne voulant plus fonctionner, je ne pus faire d'autres photos.
      Le commandement décida de la retraite, nous prîmes le chemin du retour, toujours plus délicat en descente.
      La Prise d'Armes eut lieu près du refuge Vallot car, curieusement, là, il n'y avait plus de vent. Mon appareil photo était abrité sous ma parka et, après réchauffement ,voulut bien fonctionner mais il n'était pas question que je le sorte. Seul l'objectif se trouvait à l'air libre, à la hauteur du ventre.
      Ce fut mon seul reportage où ,sans aucune visée, à l'estime, me donnant quelques coups sur le ventre, je réussis à rapporter quelques photos. Mon compagnon cinéaste eut moins de chance, car sa batterie avait le mal des4000 mètres et n'a jamais voulu fonctionner.
      Prise d'Armes terminée, nous rencontrons au refuge un Belge qui avait voulu monter au Mont Blanc chaussé de sandales. Ses pieds étaient gelés, les miens en sang. M. Bonnet eut la gentillesse d'intervenir auprès du pilote d'hélicoptère pour nous ramener à Chamonix.
      Nous décollons et, là, c'est l'émerveillement! Le paysage est grandiose.
      Les Alpes en ce massif , sont sublimes. On me cite des sommets prestigieux et des noms d'alpinistes qui y sont attachés, c'est magnifique.
      Que la montagne est belle, quand elle est bien racontée au fil des pages d'un bon livre, ou vue du ciel. C'est là mon sentiment, que je ne vous demande pas de partager. . .
      Minuscules dans ce décor, nos Chasseurs Alpins descendent lentement vers la vallée. Je goûte mon confort ; c'est en hélicoptère que je préfère la montagne et la glace. J'allais plaindre nos Alpins, mais non, ils sont heureux de ce qu'ils font.
      A mon retour à Ivry, je ne peux pas dire que j'aie marqué mon contentement au Chef des reporters.
      Ce que je lui reprochais le plus, c'était de ne pas m'avoir averti de la véritable mission que j'avais à effectuer.
      Je fus assez fier des résultats de mes photos, et je reçus une lettre de félicitations des Chasseurs Alpins.
      La glace et la montagne ne furent cependant jamais une de mes spécialités, peut être parce que j'en avais trop souffert pendant cette ascension du Mont Blanc.

MODANE

      J'ai dû revenir cette même année dans les Alpes, à Modane, petite ville de la vallée de la Maurienne qui abrite une grande soufflerie. Mais qu'est-ce qu'une soufflerie?
      C'est un énorme conduit où l'on fait, grâce à des ventilateurs ou avec une forte dépression, souffler un vent qui peut être très violent. On connaît la soufflerie de Meudon près de Paris qui est actuellement plus spécialisée dans l'industrie automobile. C'est ainsi que l'on étudie la fluidité des formes dans l'air, à une vitesse donnée.
      Celle de Modane est généralement utilisée pour l'Aéronautique voire l'espace. Les avions sont placés sur un genre de pivot, à l'intérieur de cet immense cylindre, où l'on pourrait installer la Cathédrale de Paris. me dit on. On ferme les portes et l'on soumet l'avion à toutes sortes de vents, à toutes les puissances et dans différentes positions. On enregistre toutes les données que l'on transmet au constructeur.
      Pour le spatial, fusées et ogives, on travaille surtout sur maquettes, dans des cylindres beaucoup plus réduits puisque certains d'entre eux ne font qu'un mètre de long sur 30 centimètres de large. Par contre la vitesse des vents est incroyable puisque l'on peut dépasser mach 30 !
      c'est à dire 30 fois la vitesse du son . Depuis on a dû faire mieux!
      Mon défi, en tant que photographe, restait la photographie de la grande soufflerie. J'ai dû faire venir du matériel cinématographique pour éclairer ce trou noir et, en plus, donner des centaines de coups de flash en me promenant à l'intérieur de ma prise de vue. Le résultat fut acceptable et la grande soufflerie de Modane pu être présentée dans différentes Expositions photographiques. En cet hiver 1962, beaucoup de neige, beaucoup de froid dans la vallée de la Maurienne et c'est avec plaisir que je prends le train pour Paris. Je revins en Maurienne, pas pour les mêmes raisons, mais toujours en été.
A SUIVRE
Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs. Pour ceux qui voudraient posseder ce livre, il est vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors frais d'envoi).
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine


LETTRES A UN METROPOLITAIN
Envoyé par Mme Anne Marie Berger/Gallo
Par le CERCLE D'ÉTUDES ALGERIENNES
ÉDITIONS REGIREX

La franchise ne consiste pas à dire beaucoup, mais à dire tout, et ce tout est bientôt dit quand on est sincère, parce qu'il... ne faut pas employer beaucoup de paroles pour ouvrir le cœur.
Mme de MAINTENON.
(Lettre du 21/10/1708 à Mme de St PERIER.)
      
 
LETTRE N° 2

       Au mois de juillet 1830, les troupes françaises, sous le commandement du maréchal de Bourmont, s'emparent d'Alger. La conquête et la pacification complètes du pays devaient exiger vingt ans d'efforts.

       Dans quel état se trouvait l'Algérie ? La réponse est donnée par Ibn Khaldoun, historien berbère delà fin du XIVème siècle

       " Avant l'invasion des Arabes hilaliens, toute la région qui s'étend depuis le pays des Noirs jusqu'à la Méditerranée était bien habitée :les traces d'une ancienne civilisation, les débris de monuments et d'édifices, les ruines de villes et de villages sont là pour l'attester... Au cinquième siècle de l'hégire (XIème siècle après J.C.), les Beni Hilal... (venus d'Egypte)... y firent irruption, et pendant trois siècles et demi ils ont continué à s'acharner sur ces pays ; aussi la dévastation et la solitude y règnent encore " . (Ibn Khaldoun, Prolégomènes, trad. de Slane, t. l, 1934. Genther, édit, Paris, page 312).

       Cinq siècles plus tard, ce tableau impitoyable est toujours vrai. Depuis le XVIème siècle, la domination turque paralyse la vie économique. Les famines, les épidémies, les grandes endémies et notamment le paludisme, déciment les fellahs, que ruinent par ailleurs les razzias des Turcs et les guerres incessantes de tribus à tribus.

       En dehors des rares grandes villes, dont les habitants vivent de la piraterie et de quelques exportations, la masse de la population végète misérablement dans un état d'anarchie permanente. De l'Afrique, grenier de Rome, il ne reste rien. Etienne perrière ruinae (1).

       Aussitôt après la prise d'Alger, les premiers colons étaient arrivés dans la capitale de l'ancienne Régence. Il convient de restituer à ce terme de " colons " son sens originel d'immigrants ; pour la plupart, en effet, ils s'adonnèrent à la culture du sol, ce qui explique qu'on le prenne actuellement dans son acception restreinte de "cultivateurs ".

       En réalité, ces colons appartenaient à toutes les classes de la société : quelques-uns possédaient un Pécule et des connaissances techniques qui leur permirent de créer les premières entreprises industrielles et commerciales, dont certaines subsistent encore ; d'autres étaient des fonctionnaires destinés à constituer les cadres d'une administration civile qui s'organisait progressivement ; mais la majorité de ces nouveaux venus ne possédait que de la bonne volonté et beaucoup d'illusions.

       Ils venaient principalement de France, parfois dans le cadre d'un mouvement collectif d'émigration : chômeurs de 1848, bannis de 1852, Alsaciens ayant opté pour la France en 187 I , mais également, et en forte proportion, d'Espagne, d'Italie et de Malte.

       Le peuplement européen de l'Algérie est un phénomène comparable, avec ses nuances propres, à celui qu'ont connu les U.S.A. ou l'Australie, à cette différence essentielle près, que les autochtones n'ont pas été éliminés.

       II est possible que le maintien de ces autochtones soit à l'origine de nos difficultés actuelles : nous ne regrettons rien de ce que nous avons fait.

       La majorité de ces immigrants consacra son activité à l'agriculture. Les terres dont ils disposaient provenaient, soit de concessions prélevées sur l'ancien domaine du Beylik, c'est-à-dire du Gouvernement turc, que l'annexion avait transféré à la France, soit d'acquisitions régulières, c'est à dire conformes aux règles de droit établies par le Gouvernement et les Assemblées françaises, soit, enfin, et pour la plus grande part, de terrains incultes qu'il fallut défricher, assainir et mettre en culture.

       Quelle fut l'héroïque épopée de ces pionniers, installés dans de précaires masures, décimés par les fièvres paludéennes, dont on ne savait pas encore l'origine, qui travaillaient le fusil en bandoulière pour se défendre contre les pillards, quel fut leur entêtement désespéré à " faire de la terre ", nul n'y. pense plus en traversant aujourd'hui l'orgueilleuse Mitidja ou la vallée du Cheliff, et leurs opulentes orangeraies. Personne ne s'en souvient si ce n'est un vieil auteur qui adjure les Algériens " de ne pas oublier que cette luxuriante végétation qui leur donne ses fruits et qui leur prête son ombre, émerge d'un charnier, et que la terre qu'ils foulent recouvre les débris humains, les ossements d'une génération morte à la peine ou décimée par la fièvre et par le feu de l'ennemi ". (C. Trumelet, Boufarik, 1887. Jourdan édit., Alger, page 15).

       Les Français de souche européenne qui habitent l'Algérie sont les descendants à la quatrième génération de ces pionniers qui avaient, ainsi que l'écrit un autre témoin de leur aventure, " âme d'acier, volonté de fer, corps de bronze ". (C. de Feuillidie, l'Algérie française, 1856. Plon édit., Paris, page 98). Toutefois, l'apport métropolitain n'a jamais cessé et chaque jour encore, un jeune appelé qui termine son temps, à moins que ce ne soit un instituteur récemment affecté, dont le nom fleure bon la vieille province française, se marie avec une demoiselle Giménez ou une fille Bonvini, dont le trisaïeul était jardinier à Port Mahon ou savetier à Naples. Une nouvelle famille de Pieds Noirs s'est fondée, dont les enfants se souviendront seulement qu'ils sont Français.

       On a beaucoup médit, et pas toujours sans parti pris, de ces nouveaux venus au sein de la famille française. Habitués aux larges espaces, aux prises avec une nature plus hostile, héritiers de conquérants, tournés vers l'avenir parce qu'ils n'ont que très peu de passé, plus aptes à l'action qu'à la méditation, ils font peut-être un peu l'effet d'un cow-boy dans un cercle très aristocratique du Faubourg St Germain. Ils ont les défauts de leurs qualités et la moindre de ces qualités n'est pas d'avoir su faire l'Algérie moderne et d'être prêts à faire l'Algérie de demain.

(1) Même les ruines ont péri. Lucain, Pharsale, Il p, 969.


Santa-Cruz - 1873
Envoyé par Nicole Marquet
Article publié dans " Amitié " n°8, juin 2005.

     Le 10 février 1873, Mgr CALLOT, premier Evêque d'Oran, bénissait la première pierre de la tour de Santa-Cruz. C'était au moment même où l'Eglise allait célébrer, à Lourdes, la miraculeuse apparition de Marie sur notre terre de France.
     [à Lourdes, première apparition à Bernadette Soubirous = 11 février 1858 ]

     Mgr CALLOT avait apporté de Fourvière, à Lyon, quelques pierres taillées pour ce magnifique sanctuaire, pour qu'elles soient placées dans les premières assises du monument qu'il élevait à Marie Immaculée. Il avait acquis une colossale statue de Marie Immaculée, coulée en bronze, dans le moule de celle qui couronne l'antique chapelle de Fourvière, à Lyon. Avant de venir en Afrique, la statue avait reçu, à l'Exposition Romaine de 1870, la bénédiction du Pape Pie IX.
     Dans les premiers jours de décembre 1873, la statue de l'Immaculée quitta le Séminaire. Malgré son poids énorme, dépassant 5 000 kg, elle fut érigée rapidement.

     Le 6 décembre, elle dominait le grandiose horizon qui se déroulait à ses pieds. On put, le surlendemain, 8 décembre 1873, illuminer son image bénie, et, pour la première fois, voir à Oran, un reflet, bien modeste et bien pâle, des splendeurs que Lyon prodigue, depuis tant d'années, à sa puissante protectrice.

     [8 décembre 1852 = premières illuminations à Fourvière, à Lyon, mais c'est le 8 décembre 1854 qu'elles ont coïncidé avec la proclamation par le Pape Pie IX , dans la Bulle " Ineffabilis Deus ", du dogme de l'Immaculée Conception.]

     Commencée vers 5 h du soir, cette illumination dura longtemps dans la nuit. Ce fut une véritable surprise, pour la population d'Oran, de voir s'embraser ainsi, la chapelle de Santa-Cruz.
     Plusieurs bâtiments ancrés dans le port d'Oran, entre autres, le paquebot " L'Oncle Joseph ", capitaine Servia, de la Compagnie Valéry, répondaient aux illuminations de la montagne, par de jolis feux de Bengale dont ils étaient couverts
     Mgr MATHIEU (" L'Echo du Sacré-Cœur d'Oran ", n°8, décembre 1913)


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) Quand le crime paie
Par Mustapha Hammouche Liberté-Algérie

En matière de terrorisme islamiste, il semble bien que contrairement à l’adage, le crime paie.

      Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur l’Algérie prévoit que “les réserves de change nationales atteindront le seuil record de près de 100 milliards de dollars US, plus précisément 94,9 milliards de dollars en 2009, c’est-à-dire à la fin du second mandat du président Bouteflika”. Le même document, qui prévoit des hausses substantielles dans les revenus pétroliers à la faveur de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, met en avant les prévisions pour chacune des années à venir. Il est prévu que l’Algérie, grâce aux recettes pétrolières, engrangera encore 39,1 milliards de dollars en 2005, 37,2 milliards de dollars en 2006, 38,1 milliards de dollars en 2007 et 37,4 milliards de dollars en 2008.
En terre d’Islam, hormis quelques rares exceptions comme le pouvoir tunisien et quelques forces politiques au Liban, c’est l’intégrisme qui fixe les règles du jeu politique. Et, malheureusement, plus il frappe, plus ces règles s’imposent.
Le week-end de deuil qui a suivi l’assassinat des deux diplomates algériens en Irak fut l’occasion d’une démonstration officielle et ostensible de piété nationale. L’agence de presse officielle se fit un devoir de rapporter le déroulement de la prière de l’Absent. Elle s’employa à préciser que le meurtre fut commenté par les imams qui officiaient aux sermons du vendredi.

      NDLR: Analyse dramatique et lucide ! En terre d'Islam, l'avenir est aux islamistes, mais cela a commencé en 1962, quand De Gaulle, trahissant sa parole, a négocié sans que "les couteaux soient au vestiaire". La mécanique infernale se mettait en place . A vouloir la paix au prix du déshonneur, on récolte et le déshonneur et la guerre. 42 ans de répit, le temps que la 5ème Colonne se mette en place...Ne te demande pas pour qui sonne le glas !
La Vème république est née de l'imposture algérienne, elle va périr du même problème non résolu dans nos cités elles-mêmes.

(envoyé par Pierre Barisain)

2) Pauvre jeunesse

Edition du 10 août 2005 Liberté-Algérie
Par Tayeb Belghiche

jeunesse algérienne a-t-elle un avenir ?

La Il y a lieu de s’inquiéter lorsqu’on apprend qu’à Annaba trois jeunes âgés entre 12 et 14 ans ont pénétré de nuit dans un cimetière chrétien, tiré deux squelettes d’un caveau et les ont brûlés. Pour accomplir leur forfait, ils étaient venus d’un village situé à 14 km de là. On s’interroge sur les motivations de ces enfants. A cet âge-là, en principe, on a peur même de passer devant un cimetière, à plus forte raison y entrer la nuit. Ils ne sont certainement pas des Dracula des temps modernes pour se comporter d’une façon aussi monstrueuse. Le discours ambiant est pour beaucoup dans cette affaire. L’école surtout a une lourde responsabilité avec des cours qui prônent l’intolérance, la haine de l’autre, qui parle sans cesse à l’enfant de la mort et du châtiment suprême. L’enfant ne peut être normal lorsque, dès la quatrième année scolaire, on lui apprend comment laver les morts. Il est plus que perturbé et certains garderont des séquelles pour la vie. D’autres deviendront carrément des terroristes pour rejoindre ce paradis sur lequel on les a fait fantasmer. Ajoutez à cela le discours dans de nombreuses mosquées où le juif et le chrétien sont la cible permanente des prêcheurs et où ils sont présentés comme l’ennemi principal et le mal absolu de cette planète. Beaucoup de jeunes sont ainsi endoctrinés à un point tel que même les morts n’échappent pas à leur haine. Même les tombes des martyrs de la guerre de Libération ont été profanées par les islamistes. C’est un véritable drame auquel il faut mettre fin, sinon c’est tout l’avenir de l’Algérie qui est hypothéqué. Les pouvoirs publics ont intérêt à ouvrir d’urgence le débat, car la jeunesse algérienne est en train de plus en plus de basculer dans la délinquance, la violence et parfois le crime. Les prisons sont pleines de mineurs de moins de 15 ans. Feu le président Mohamed Boudiaf avait fait remarquer à juste titre que l’école algérienne était sinistrée.
Tout le monde lui avait donné raison à l’exception notable et logique des islamistes. Cette école-là produit des monstres. Elle a fait des ravages tels que le pays ne s’en relèvera pas durant deux ou trois générations. Et le pire risque encore de se reproduire. Toutefois, la situation peut être redressée. Cela passe par une révision profonde et urgente des programmes scolaires. Ils doivent être extirpés de tout ce qui est négatif afin de parvenir à créer une nouvelle école ouverte sur la modernité. Une réforme de cette école a été engagée. Cela ne peut être qu’une bonne chose, parce que le pays ne peut plus se permettre d’être à l’écart de l’évolution du monde et pour que ne se répète plus le sinistre épisode du genre vécu à Annaba.
(envoyé par Pierre Barisain)

3) L’Algérie profonde

(Edition du 15/8/2005) Liberté-Algérie
Par ALI FARÈS

Corniche Jijelienne El Aouana ( Cavallo) cherche désespérément investisseurs.

Cinq plages immenses toutes aussi belles et aussi attirantes les unes que les autres s’étalent des Aftis jusqu’à Kissir en passant pas Arbid-Ali (Rocher noir) et Bordj Blida (Andreux).../...
L’agriculture est presque insignifiante. Seules les populations retirées dans les montagnes pratiquent du maraîchage pour les besoins domestiques, comme c’est le cas à Hamza et Kherracha, deux mechtas campées en amont de la commune où la misère est criante. Les familles subsistent, surtout en été, de la vente de galettes, de m’hadjeb ou de beignets italiens que les enfants et les adolescents proposent aux estivants en sillonnant les plages. Sinon, aucune autre forme de rentrée d’argent. ../..
En quittant le chef-lieu communal d’El Aouana, Bordj Blida fait partie des plus belles plages de la corniche jijelienne. Jadis Andreux, nom d’un colon français qui exploitait une ferme dont les vestiges témoignent que la région développait une autre vocation, cette agglomération est plus connue par son centre international de vacances implanté à quelques mètres de la plage. Inauguré en 1987, ce centre avait pour vocation de recevoir des estivants de passage en provenance de l’étranger. Malheureusement, les évènements qui se sont succédé ayant généré la détérioration des conditions sécuritaires n’ont pas été favorables pour assurer la continuité.

      NDLR: Avant 62, nous faisions "suer le burnous". A présent, ils n'ont plus de burnous, avec un bitroule à 67 dollars le baril. Merci De Gaulle...
(envoyé par Pierre Barisain)


4) Les Algerianistes

LIBERTE Culture (Edition du 16/8/2005)
Par Nassira Belloula

Les femmes du mouvement littéraire

Le mouvement des Algérianistes voit le jour avec son père spirituel Louis Bertrand qui arriva en 1891 au lycée d’Alger comme professeur de rhétorique.
La littérature algérienne avec toute sa complexité linguistique, son concept identitaire est née vers 1891 avec Si M'hamed Ben Rahal qui aurait écrit le premier texte littéraire algérien, soit une nouvelle, la toute première nouvelle en langue française. Puis en 1920, Ben Si Ahmed Bencherif, né en 1879, avait écrit son roman, Ahmed Ben Mostapha, goumier. Il faut aussi citer les noms de Abdelkader Hadj Hamou (1891-1953), Chukri Khodja (1891-1967), Mohammed Ould Cheikh (1905-1938), Aly El Hammamy (1902-1949) puis les frères Zenati qui publièrent en 1945 Bou El Nouar, le jeune Algérien. A priori, c’est cette date de 1945 qui est prise en considération par de nombreux chercheurs pour situer la naissance de la littérature algérienne, soit deux années avant la naissance de la littérature féminine avec Jacinthe Noire de Taos Amrouche, paru en 1947.
Pour rappel, de nombreuses Françaises du Maghreb, de l’Algérie en particulier, ont écrit entre 1919 et 1939, certaines faisaient parties du courant dit des Algérianistes sur lequel nous reviendrons plus loin. parmi elles, des romancières juives qui avaient publié des romans dès les années 1920. La colonisation française s’étendit rapidement en Algérie, surtout après l’insurrection de 1871. La politique des colons s’affirme. Espagnols, Maltais et Italiens viennent renforcer le rang des français. Une nouvelle société prend corps en Algérie. “Ils se proclament Algériens”. Les revues coloniales voient elles aussi le jour à partir de 1900 : La grande France fondée par Leblond, Le journal des colonies, Le monde colonial illustré, Le tour du monde…
L’Algérie, dotée d’un budget spécial en 1900, évolue rapidement du point de vue politique, financier et artistique. Des intellectuels venus de la Métropole s’établissent en Algérie, les courants littéraires apparaissent, les mouvements s’affirment. Le mouvement des Algérianistes voit le jour avec son père spirituel Louis Bertrand qui arriva en 1891 au lycée d’Alger comme professeur de rhétorique. Dès 1920, son influence sera grande sur une génération d’intellectuels : Français d’Algérie. Ce mouvement regroupera, entre autres, Jean Pommier qui annonça le roman de Hadj Hamou Zohra, la femme du mineur, Randau et Louis Lecoq qui était le premier président de l’association des écrivains algériens ; un prix littéraire fut créé. Quand apparaît la littérature algérienne, ce fut d’abord une littérature de conquête, lettres de touristes, récits de guerres, mémoires des généraux ou témoignages militaires.
Les toutes premières œuvres furent écrites par des Français résidant en Algérie ou nés en Algérie. Des Françaises, nées en Algérie se sont faites connaître avec succès dans le milieu littéraire algérien : Lucienne Favre, Lucienne Jean Darrouy, Jeanne Faure-Sardet ou encore Angèle Maroval-Berthoin. Puis, celles qui s’étaient imposées dans cette période en s’intégrant dans le mouvement algérianiste, Elisa Rhaïs, née à Blida, auteur d’une douzaine d’ouvrages dont Saâda, la Marocaine publié en 1919 ou La fille d’Eleazar paru en 1921.
Plus tard, son fils Roland Rhaïs, après une plaquette sur la musique andalouse, publia en 1988 Massinissa, le maître des cités ainsi que Maximilienne Heller, née à Constantine qui a obtenu le prix littéraire de l’Algérie en publiant La mer rouge en 1923. Il y a aussi Magali Boisnard qui fait paraître, dès 1909, des romans de qualité littéraire reconnue comme Les Endormies. puis, Marie Bugéja avec Nos sœurs musulmanes. À partir de 1955, la relève de la littérature féminine algérienne est assurée par des écrivaines de talent qui s’affirmeront durant les années à venir comme Assia Djebar.

(envoyé par jean Touchet)


5) Opération d’envergure dans les monts de l’Edough à Annaba

LIBERTE - (Edition du 16/8/2005)
Par B. Badis

Tirs de missiles sur des positions terroristes

Des unités spéciales de l’ANP ont entrepris depuis hier matin une importante opération dans cette région considérée comme zone de repli pour les groupes terroristes écumant les monts de l’Edough.
Deux jours après l’explosion d’une bombe artisanale faisant six blessés parmi les éléments de la Garde communale, près de Oued El-Aneb, dans la daïra de Berrahal, 30 kilomètres à l’ouest de Annaba, les forces combinées ont lancé, hier dans la matinée, une opération de ratissage d’envergure, au cours de laquelle des hélicoptères de combat furent utilisés, et qui a ciblé la partie sud des monts de l’Edough.
Plusieurs hélicoptères de combat, qui ont survolé durant toute la matinée cette région, la plus touchée de la wilaya par les actes criminels, ont lancé des missiles téléguidés sur des cibles précises : Metessaâ et El-Ch’haiba au cœur des vastes monts de l’Edough, considérés comme des quartiers généraux des hommes de l’“émir” de l’Edough Mezhoud Mohamed-Tahar, alias Khoubieb Aboumaad, selon des sources proches des services de sécurité.
Ces zones aux mains des mercenaires de la horde sauvage sont complètement minées et personne n’ose d’ailleurs s’y aventurer depuis plus d’une décennie.
Pour rappel, plusieurs éléments des forces combinées ont trouvé la mort dans les opérations de ratissage effectuées les années précédentes, notamment dans la région de Metessaâ, théâtre de plusieurs actes criminels, dont l’assassinat à l’arme blanche des quatre ressortissants ukrainiens en 2001.
Au moins 2 000 hommes (éléments de l’ANP, de la BMPJ, Patriotes et de la garde communale) participent à cette opération, selon la même source. Pour le moment, aucun bilan officiel n’a été donné.

(envoyé par jean Touchet)


6) 280 milliards pour la mise à niveau de l’hôtel Seybouse

L’Algérie profonde (Edition du 16/8/2005)
Par Hafiza M.

Annaba

Dès septembre prochain, les étoiles distribuées auparavant administrativement seront du passé. Désormais, la classification se fera sur la base d’une nomenclature qui prend en compte les normes internationales. Le Seybouse, véritable pôle touristique, doit procéder à un lourd investissement pour mériter sa présence dans la cour des grands. Selon la direction du tourisme, il y a d’énormes changements à entreprendre, comme la réfection complète de certains étages, le renouvellement des équipements d’exploitation, etc. “Le service offert doit être à la hauteur des tarifs exigés (5 000 DA la chambre, 8 000 DA la suite), sachant que pour un hôtel de luxe comme le Seybouse, la durée de vie de son équipement est d’autant plus courte qu’elle doit être calculée en fonction du taux de rentabilité. Le client de 1975 n’est pas le même que celui de 2005.” De plus, selon un responsable, il n’y a pas de chambres et d’équipements adaptés aux handicapés moteurs (sanitaires, glissières, etc.). Une omission qu’il faudrait corriger, selon lui. 280 milliards de centimes, telle est la somme nécessaire pour la mise à niveau de l’hôtel Seybouse de Annaba, selon les résultats de l’étude confiée à un bureau d’expertises. Echelonnée sur cinq ans (horizon 2010), cette opération, qui sera financée par les banques et l’EGT, concernera la réfection quasi totale de l’établissement qui n’a pas subi de transformations depuis sa mise en service en 1975.
Une nécessaire modernisation dictée en premier lieu par la concurrence qui pointe à l’horizon avec la mise en service prochaine de nouveaux hôtels hauts de gamme à Annaba et l’opération de reclassement du parc hôtelier qui sera effective à partir du mois de septembre prochain, selon le ministre du Tourisme. Il s’agit d’une transformation progressive accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par le personnel de l’hôtel et un sentiment de soulagement quant à son avenir. Toutes ces transformations vont coûter cher, et le Seybouse, qui est décidé à prendre le train en marche, a d'ores et déjà commencé à opérer en douceur des changements, comme la tuyauterie complète de l'hôtel, le standard et l'utilisation, pour la fin du mois en cours, des cartes magnétiques (pour 7 millions de DA environ) par les clients. Le plus gros des travaux de réfection se fera au cours du mois de ramadan. Le responsable du Seybouse, qui affirme que son hôtel sera “aux normes” dès l’été prochain, a déclaré que cette “stagnation” était due en grande partie à certaines contraintes d’ordre financier qu’avait connues l’hôtel par le passé comme, par exemple, sa participation à la mise à niveau de l’hôtel El Mountazeh de Seraïdi, à hauteur de 7 milliards de centimes.

(envoyé par jean Touchet)


7) Le GSPC menace les algériens en France

Actualité (Edition du 17/8/2005) Liberté Algérie
Par Rafik Benkaci

Alors que le président Bouteflika lance son projet de réconciliation nationale

Après avoir revendiqué l’attaque d’une ase militaire en Mauritanie et soutenu l’assassinat de nos deux diplomates à Bagdad, ce groupe terroriste annonce qu’il compte s’en prendre aux Algériens ésidant ou séjournant dans l’Hexagone.
Ce groupe avait revendiqué l'attaque d'une base militaire mauritanienne qui avait fait 20 morts en prévenant que, désormais, son “action ne s'arrêterait pas à l'intérieur”. Son soutien à l’assassinat de nos deux diplomates à Bagdad avait confirmé son allégeance à l’organisation de Ben Laden.

Au moment où le président Abdelaziz Bouteflika appelle le peuple algérien à se prononcer sur son projet de réconciliation nationale qui promet le pardon aux terroristes, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) réaffirme son rejet de toute initiative visant à “faire cesser l’effusion de sang” en Algérie. Le GSPC menace une nouvelle fois d’étendre ses opérations hors d’Algérie. Cette organisation terroriste a, en effet, appelé “les musulmans résidant en France à attaquer les responsables liés au régime algérien présents sur le sol français”, dans un communiqué mis en ligne hier et rapporté par l’AFP à Dubaï. “Nous appelons nos frères en religion, résidant en France, (...) à traquer (...) la bande de criminels et d'apostats (...) qui ont trouvé dans ce pays un refuge sûr”, écrit le GSPC dans ce communiqué daté du 1er août dernier.

      NDLR: L'Histoire repasse les plats. 50 ans après les assassinats du FLN, en métropole, contre les Messalistes ( MNA), le GSPC menace les Algériens "Kollaborateurs" en France. Mais les Français ont la mémoire courte. http://algerie-francaise.org/leflnafait/assassins-fln.shtml
Combien penseront, le 20 Août, au massacre d' El Halia en 1955, et aux 171 morts : 70 FSE et 100 FSNA fidèles (dont le propre neveu de Ferhat Abbas) à Philippeville, Jemmapes, Catinat, Hammam-Meskoutine , Ain-Abid ?
Alors que l'Algérie-FLN honore le boucher Zighout Youssef en lui donnant des noms de rues, de villages et d'édifices publics, la France gaulliste défère ses propres soldats devant ses tribunaux ( Schmidt, Aussaresses), sans percevoir le mépris qu'ont les arabo-Musulmans pour cette attitude.
Mais le GSPC va remettre les pendules FLN à l'heure, sur notre propre territoire. Messali Hadj, réhabilité tardivement par le FLN triomphant, doit rire dans sa tombe. Et la France payera... pour changer.

(envoyé par Pierre Barisain)


8) Sortie nocturne en mer à bord du sardinier “le sidi slimane”

Reportage (Edition du 18/8/2005) Liberté-Algérie
Par Meziane Ourad

Les marins, ces oubliés des “terriens”

Qui boude l’autre, l’Algérien ou le poisson ?
À voir la désolation des étals et les prix prohibitifs des produits de la mer, on croirait qu’il n’y a plus de marins dans ce pays. Ils existent, pourtant ; notre collaborateur les a rencontrés. Reportage sur le Sidi Slimane, un sardinier de 25 m.

Elizane. Voilà un bled mortel, un village qui se veut métropole et qui, depuis que son église a été transformée en marché à prêches assassins, a perdu tous ses repères. Toutes aspérités. Ce qui devait devenir ville est devenu douar, champs pour serveurs de casse-croûte. Nids de bactéries. L’Algérie toute entière mange désormais n’importe quoi et téléphone n’importe où.
Ça fait cataplasme pour les meurtrissures d’âme. Le chemin vers l’oubli.
Nous sommes de passage, nous allons vers la mer. Nous traversons les plaines de Oued Rhiou, ces étendues qui, jadis, nourrissaient l’Algérie. Ici, il y avait de l’eau et... des rizières ! C’était l’Asie en Afrique ! L’odeur de la mer arrive juste à temps pour nous faire oublier la couleur du néant. Le vert des prairies, l’ocre des montagnes, le noir des âmes, le crissement des charrettes, la misère, tout renvoie au passé. Tout interroge le futur. Nous sommes tentés par le rire, nous étranglons des sanglots à la vue de ces enfants nu-pieds en quête de bouchées d’aliments. Enfants épargnés par le terrorisme islamiste. Enfants vivant dans “le bénéfice”. Affamés à deux pas de la mer, d’une manne inestimable : le poisson. Ils n’en ont jamais vu ou rarement. Ils sont nés au milieu de la luzerne, de la jachère abondante et d’arbres fruitiers irrémédiablement malades.../...

“Le ministère vous a dit qu’il accordait des subventions aux marins ? Faux. Ils en donnent aux parents, aux amis et aux pourvoyeurs de tchipa (pots-de-vin). Nous avons des preuves. Nous connaissons tous les gens qui ont bénéficié des largesses ministérielles. Pour les crédits bancaires, c’est encore pire. Le banquier sollicité te dira : je te donne 6 milliards, tu m’en redonne un sous la table.” Ali, le chef mécanicien, qui se définit comme électrotechnicien, navigateur, patron côtier, est presque hors de lui lorsqu’on évoque les aides de l’État. “Avec mes qualifications, ne suis-je pas éligible aux subventions ? J’ai déposé à trois reprises un dossier pour l’acquisition d’un bateau. C’est resté lettre morte.” Les marins ne mâchent pas leurs mots.
“On nous traite comme si nous étions des extra-terrestres. Le marin manque de tout. ../...

      NDLR: 45 ans après, c'est pire que ce qu'on pouvait prévoir. Le jeune Aldeguer de Beni Saf aurait bien voulu manqué de tout, mais être vivant..
Remember: BENI-SAF : date?
Tous les membres européens de l'équipage du Marc-Eric sont égorgés, mutilés et jetés par dessus bord. Les auteurs, 3 musulmans de Béni-Saf, sont connus par la population et en particulier par les pêcheurs. Ils avaient égorgé d'abord le patron pêcheur, qui se tenait confiant à la barre. L'équipage dormaient dans les couchettes du bas lorsqu'ils ont été surpris et égorgés à leur tour. Le mousse 15/16 ans, Aldeguer,Joseph, est enchaîné à l'ancre de marine et jeté par le fond. Il n'a jamais été retrouvé malgré les recherches entreprises par tous les marins-pêcheurs de la ville. Les lâches assassins sont gardés en Espagne et libérés à l'indépendance. Vive De Gaulle.

(envoyé par Pierre Barisain)


9) Lors d’une conférence organisée hier par le FFS au CIP

Actualité (Edition du 20/8/2005) Liberté Algérie
Par M. A. O.

Hamrouche : “L’alternative ne se construit pas dans l’enfermement actuel”

Le conférencier a poussé son analyse contre l’équipe actuelle au pouvoir jusqu'à qualifier “la situation économique et sociale des plus catastrophiques”.
L’ex-Chef du gouvernement Mouloud Hamrouche s’est exprimé, hier, sur la situation actuelle du pays lors d’une conférence- débat animée au Centre international de presse (CIP) par le FFS dans le cadre de la célébration du double anniversaire du 20 Août.

L’Algérie n’a pas de projets de développement, ni économique, ni culturel, ni autre.
Cette situation a fait dire à l’ancien Premier ministre de Chadli que “le pays est revenu dans les archaïsmes des 16 et 17 siècles”. Au passage, il a “égratigné” le chef de l’État sans le nommer.

      NDLR: Et sur le terrain, les successeurs de Zigoud Youssef se "libérent" à coup de missiles. Même la Marine Nationale Algérienne tire dans le tas, comme on nous le reproche, à Kerrata, le 8 Mai 1945:
(envoyé par Pierre Barisain)


10) Lutte contre le terrorisme

Actualité (Edition du 20/8/2005) Liberté Algérie
Par B. BADIS

L’ANP libère deux villages près de Annaba

Jeudi, quatrième jour de l’important ratissage, lancé lundi dernier dans les monts de l’Edough de Annaba, les forces sécuritaires combinées, appuyées par les tirs nourris de la Marine nationale, des chasseurs “Mig-29” et des hélicoptères de combat, ont réussi à récupérer les villages de Aïn Barbar et Romanat, situés sur le flanc côtier nord à une vingtaine de kilomètres du village touristique de Seraïdi, 900 mètres d’altitude sur les hauteurs de la ville de Annaba. Les habitants de ces deux villages, qui ont rejeté l’idéologie obscurantiste, ont été forcés un certain 17 septembre 2003 à l’exode par les sanguinaires intégristes. Deux jours, rappelle-t-on, après un ultimatum d’une semaine donné par les groupuscules de l’ex-FIS dissous, et sous la pression de l’insécurité, plus de 160 familles ont quitté ces deux villages en catastrophe pour s’installer de force dans des appartements participatifs en cours de réalisation au chef-lieu de la commune de Seraïdi. Depuis, ces familles qui ont refusé de retourner sur les lieux, vivent dans des conditions, le moins que l’on puisse dire, lamentables. Sur les lieux, les militaires, qui n’ont pas été confrontés à une résistance des terroristes, ont d’ores et déjà lancé une opération de déminage des deux villages. Chaque mètre carré est passé au peigne fin à l’aide de détecteurs de mines, affirme-t-on. Deux bombes de grande puissance ont été découvertes dans les parages et au moins cinq casemates ont été détruites par les tirs de missile, selon des sources proches des opérations.

      NDLR: "20 Aout 1955" date sinistre ! Et Chirac veut signer un pacte avec ces assassins qui ont ramené l'Algérie au 16 ou 17 ème Siécle !
(envoyé par Pierre Barisain)


11) Faux barrage près de Batna

Actualité (Edition du 21/8/2005) Liberté Algérie
Par M. Benabdelhadi

Six personnes assassinées et une femme enlevée

L’attentat a eu lieu vendredi soir au lieu-dit Le Ravin-Bleu à la sortie ouest de la ville de Batna.
Au cours de cette incursion, les terroristes ont également racketté les usagers de la route prenant notamment des téléphones portables, de l’argent et des bijoux.
Un sanglant faux barrage vient, une fois de plus, endeuiller la région des Aurès où six personnes ont trouvé la mort vendredi dernier. Il était 16h environ lorsqu’un groupe de terroristes armés a tendu un guet-apens au lieu dit Ravin-Bleu, à la sortie nord de la ville de Batna menant vers le col de Telmet.
Des citoyens qui se trouvaient dans une forêt avoisinante, où ils étaient allés prendre le frais par ces temps de canicule, se sont vus surpris par l’assaut de ce groupe terroriste sur le chemin du retour. Les assaillants ont commencé par les délester de tout ce qu’ils possédaient : argent, téléphones portables et autres effets personnels. Après avoir racketté leurs victimes, les terroristes ont procédé à leur “tri”.
Selon des témoignages recueillis auprès des rescapés, les terroristes recherchaient au premier chef les personnes soupçonnées de servir au sein des corps de sécurité. Six d’entre elles seront ainsi égorgées sans état d’âme, et les six autres seront enlevées dont une femme. Elles seront brutalisées avant d’être relâchées, à l’exception de la femme en question dont nous sommes toujours sans nouvelle. Aussitôt alertées, une brigade de la BMPJ et une autre des forces combinées ont accouru, bouclant immédiatement le lieu du carnage. Une opération de ratissage a été déclenchée et s’est poursuivie toute la nuit de vendredi à samedi. Les dépouilles des six victimes ont été retrouvées et déposées à la morgue du CHU de Batna pour identification.

Le décompte reste long et le chemin vers la paix escomptée escarpé.

      NDLR: L'Algérie en bonne voie d'égorgement. Zigoud Youssef a fait des petits. La demande de visas n'est pas près de diminuer. Hier ils étaient rendus au 16ème - 17ème siècle. A présent, ils en sont au 14ème. Encore un peu de patience et de faux barrages, et on reviendra à l'Invasion hillalienne, et avec un peu de chance à Saint Augustin...On peut rêver.
(envoyé par Pierre Barisain)


12) Le ratissage des monts de l’Edough se poursuit

Actualité (Edition du 25/8/2005) Liberté-Algérie
Par B. BADIS

6 parachutistes blessés

Dans la matinée d’hier, une nouvelle attaque aérienne a ciblé une position terroriste localisée sur les hauteurs des villages de Aïn Barbar et Romanat.

Six éléments de l’armée nationale populaire, des parachutistes des forces spéciales, ont été blessés, mardi, au 9e jour de l’opération de ratissage lancée dans les monts de l’Edough de Annaba, à la suite de l’explosion d’une bombe artisanale à aiguille, non loin du village de Aïn Barbar, situé à une vingtaine de kilomètres du village touristique de Seraïdi.
Il était 16h lorsque les forces sécuritaires combinées avaient encerclé, à quelques kilomètres sur les hauteurs du village côtier de Aïn Barbar, des islamistes armés qui se cachaient dans les maquis avec femmes et enfants. Le lieu où se trouvaient les terroristes aurait été divulgué par un des leurs qui s’est livré aux services de sécurité le même jour, selon des sources proches des opérations.
Des nombreux appels ont été lancés à travers des haut-parleurs en direction du groupe terroriste pour déposer les armes et se livrer, ou du moins libérer les femmes et les enfants. En vain. Vers 18h10, six parachutistes, dont deux officiers, qui ont tenté de se rapprocher de l’endroit où se sont retranchés les sanguinaires ont été blessés par l’explosion d’une bombe artisanale à aiguille, enfouie sous terre. L’élément qui a marché sur l’engin de la mort a perdu la partie inférieure de son pied droit. Il a été admis dans la soirée aux urgences de l’hôpital Ibn-Rochd de Annaba. Deux des six blessés, dont l’état de santé est jugé hors de danger, ont quitté l’hôpital après avoir reçu des soins, alors que le reste des blessés a été placé sous observation médicale.
Dans la matinée d’hier, une nouvelle attaque aérienne a ciblé une position terroriste localisée sur les hauteurs des villages de Aïn Barbar et Romanat. Une opération de déminage au lieu dit rihana, près de Aïn Barbar, à coups d’engins, a été également signalée.
Au dixième jour de l’opération, l’étau se resserre sur les terroristes activant sous le commandement de l’“émir” Mezhoud Mohamed-Tahar, alias Khoubeïb Aboumaâd le Constantinois, au nombre d’une cinquantaine. Ainsi, les forces combinées, qui ont réussi à mettre hors d’état de nuire plusieurs terroristes suite aux bombardements intensifs, viennent de prendre possession de trois localités situées au sud des monts de l’Edough, sur le versant d’Oued el-Aneb, Treat et Oued zied, dans la daïra de Berrahal, à savoir Metessaâ, Kaf Bouacida et Zaouïat Boukahabia, qui étaient aux mains des sanguinaires depuis plus d’une décennie. Mardi dans l’après-midi, un violent accrochage entre les services de sécurité et les terroristes avait eu lieu dans la zone de Zaouïat Boukahabia où une casemate a été découverte avec, à l’intérieur, des vêtements de femmes et d’enfants.
Des dizaines de bombes artisanales, dont certaines de très forte puissance, ont été détruites. Une bonne partie de ces engins a explosé à la suite des bombardements effectués à partir d’hélicoptères de combat. Le reste a été découvert grâce aux professionnels en la matière dépêchés sur les lieux. “Ces deux régions étaient carrément des champs de mines. Mais, cela n’a pas empêché l’avancée des militaires”, rapporte un Patriote, qui vient de bénéficier d’une permission de deux jours. Si l’on se réfère à ses déclarations, les forces combinées sont décidées à éradiquer les groupes armés qui infestent les monts de d’Edough. “Même si cela doit durer des années, l’armée ne quittera pas les lieux sans l’éradication définitive des terroristes. D’ailleurs, ce sont les ordres. Nous avons tout le temps pour les coincer. Cette fois-ci, les criminels n’échapperont pas”, affirme-t-il.
Actuellement, les terroristes se sont retranchés au niveau de six zones très boisées et réputées pour leur relief accidenté, lesquelles ont été utilisées par les éléments de l’ALN durant la guerre de libération nationale. À commencer par le lieu dit Aïn Laksab, connu pour ses grottes et son tunnel de l’ancienne mine de marbre, long de plusieurs kilomètres. La bouche de ce tunnel, qui a fait l’objet d’un bombardement à coups de missiles, a été totalement détruite, signalent nos sources. Sidi Boumediene, Kaf-rakhrakh et Aïn Ataoua, au cœur des monts de l’Egough, sont les autres zones où se cachent les islamistes armés avec femmes et enfants.

      NDLR: Difficile, 45 ans après, de ne pas penser à nos parachutistes tombés, eux aussi, en donnant l'assaut à des grottes dans ces lieux mêmes. A présent, il est de bon ton de les accuser de tous les maux et d'avoir utilisé toutes sortes de moyens pour réduire les "terroristes" de l'époque, parfois retranchés, comme maintenant, avec femmes et enfants. L’“émir” Mezhoud Mohamed-Tahar, alias Khoubeïb Aboumaâd le Constantinois, sera, un jour, considéré comme un héros à l'égal de Zigiud Youssef ou d'Amirouche par le nouveau pouvoir islamiste, financé par l'Occident en pleine repentance, comme l'a été le FLN par De Gaulle, afin de ménager les pipe lines, plus précieux que le sang de ses soldats.
(envoyé par Pierre Barisain)


13) Cinq terroristes de nationalité tunisienne arrêtés mercredi à Annaba

Actualité (Édition du 27/8/2005) liberté Algérie
Par B. Badis

La légion étrangère du PC

Les éléments arrêtés étaient en formation paramilitaire depuis quelques semaines dans la région de Ain barbar. l L’opération de ratissage se poursuit toujours sur les monts de l’Edough.

Les services de sécurité, qui continuaient les opérations de déblaiement à l’aide d’engins, ont pu coincer les cinq terroristes tunisiens en formation paramilitaire depuis quelques semaines, selon leurs propres aveux.
Cinq terroristes étrangers, tous de nationalité tunisienne, ont été arrêtés, mercredi dernier, au lieu dit Rihana, une plage encore à l’état sauvage, située à quelques kilomètres du village côtier de Aïn Barbar, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Annaba, par les forces sécuritaires combinées, en ratissage depuis près de deux semaines dans les monts de l’Edough, apprend-on de sources proches des opérations.
Un important groupe terroriste était, ce jour-là, encerclé dans cette zone, très boisée et totalement minée par les sanguinaires de l’“émir” de l’Edough, Mezhoud Mohamed Tahar alias Khouheib Aboumaad.
Les services de sécurité, qui continuaient les opérations de déblaiement à l’aide d’engins, ont pu coincer les cinq terroristes tunisiens en formation paramilitaire depuis quelques semaines, selon leurs propres aveux. Les autres éléments terroristes, les seuls à connaître l’emplacement des mines artisanales implantées sur les lieux, ont réussi dans l’obscurité à échapper au cordon sécuritaire. ../...
Aujourd’hui, et face à la pression aussi bien aérienne que terrestre des forces de sécurité, les éléments de la horde sauvage ont perdu beaucoup de localités des monts de l’Edough conquises durant la dernière décennie. Chaque jour, l’étau se resserre de plus en plus sur les islamistes armés, retranchés ainsi avec femmes et enfants dans les zones de Kaf Rekhrekh, Ech’heïba, Sidi Boumediène, réputées pour leur relief très accidenté.

      NDLR: Ils ne leur restent plus qu'à reconstruire la ligne Morice, dont le véritable initiateur fut le Général Pedron, sans oublier que "tout obstacle non battu par le feu est un obstacle nul !". Ceux qui ont vu, depuis la herse, le drapeau fellouze flotter sur les camps au pied de la table de Jugurtha en Tunisie, doivent bien rire, en voyant l'article au -dessus....Quant aux "islamistes armés retranchés avec femmes et enfants", Bouteflika n'a plus qu'à reprendre la technique des enfumages qu'il reproche à Bugeaud. A quand un nouveau coup de Sakiet-Sidi-Youcef ?
(envoyé par Pierre Barisain)



ANNONCE
envoyé par M. Paul Mouraret

CIRCUIT - SÉJOUR
Du dimanche 23 Avril au dimanche 30 Avril 2006

Dimanche 23 Avril 06
         Départ de Marseille à 10H 35 Arrivée à Alger à 11H 05 puis
         Départ pour Béjaïa - Tichy Diner-Nuitée.
Lundi 24 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Puis Départ pour Jijel Déjeuner puis
         Continuation Par la Corniche, et les gorges de Kerrata vers Sétif
         Diner- Nuitée à l'Hôtel.
Mardi 25 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Visite des Cimetières. Tour de ville. Déjeuner
         Après-midi libre, Diner Nuitée à l'Hôtel.
Mercredi 26 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Matinée libre Déjeuner
         Après-midi libre, Diner-Nuitée à l'Hôtel.
Jeudi 27 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Puis Départ pour Constantine Déjeuner
         Tour de Ville, La Corniche, le Pont suspendu et retour vers Sétif.
         Diner-Nuitée à l'Hôtel.
Vendredi 28 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Puis Départ Pour Alger Déjeuner à Béjaïa ou à Alger
         Diner-Nuitée à l'Hôtel.
Samedi 29 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Tour de Ville Visite de N. D. d'Afrique. Déjeuner
         Après-midi libre Diner-Nuitée à l'Hôtel.
Dimanche 30 Avril 06
         Petit Déjeuner à l'Hôtel. Déjeuner libre. Puis transfert à l'Aéroport
         Envol pour Marseille à 13H 05 Arrivée vers 15H 30.


Pour Renseignements et Réservations
Téléphonez à M. Paul Mouraret au
04 67 72 80 21 - Heures Repas



COMMUNIQUE
De M. Gilbert Quaranta


Cher Amis,

Je dois vous dire que j'ai quelques soucis en ce qui concerne le monument aux morts de notre ville natale, Souk-Ahras, et si vous pouvez me donner un coup de mains, c'est avec plaisir que j'accepterai cette aide.

Pour la petite histoire, fin 62 alors que l'armée Française est encore présente sur le territoire Algérien, il a été décidé par les autorités militaires de l'époque de transférer notre monument aux morts en métropole.
Une colonne de 12 mètres de haut avec un socle imposant en marbre de Carrare et surmonté d'un magnifique coq gaulois en bronze doré aux ailles déployées en direction de la ville.
367 noms de poilus toutes confessions confondues ayant donnés leurs vies pour la France étaient inscrits tout autour de cette colonne garnie de petites mosaïques bleu ciel.
Le monument fut démonté et placé sur des camions militaires pour être transporté à BÔNE afin de l'embarquer sur un cargo en partance pour la FRANCE, malheureusement le monument n'a pas eu la chance de voir un jour la métropole car n'ayant pas eu les autorisations nécessaires des autorités Algériennes de l'époque, il a fini sa pauvre vie dans le port de BÔNE, où ? Personne ne le sait, c'est un mystère et ce mystère, je voudrai bien le percer.

J'ai envoyé un courrier au secrétaire d'état et Souk-Ahrassien M. MEKACHERA HAMLAOUI qui a transmis le dossier à la direction de la mémoire du patrimoine et des archives à PARIS et j'ai eu la réponse suivante:
En deux mots, nous ne savons pas ce qu'est devenu ce monument, ce qui est certain, c'est qu'il ne fait pas parti des monuments qui ont étaient ramenés en France et érigés dans des communes Françaises;
En revanche il n'est pas possible ni de confirmer ni d'infirmer sa destruction dans le port de BÔNE.
Une enquête plus générale sur les monuments commémoratifs a été demandée à l'ambassadeur de France à ALGER et si des informations relatives aux monuments de SOUK-AHRAS nous parvenaient ultérieurement, je ne manquerai pas de vous en aviser.

Voila où nous en somment, j'espère tout bonnement que ce courrier ne restera pas lettre morte et qu'un jour nous connaîtrons ce qu'il est advenu de notre monument.
Ma demande est: Un monument de cette taille n'a pas pu passer inaperçu, il existe certainement des gens qui ont vu ou ont eu connaissance de cette affaire, comment retrouver des témoins?
Il doit bien y avoir des registres militaires où sont consignés ce fait gravissime?
Qu'en pensez-vous mes amis? par le biais du site pouvez-vous rechercher des témoins pour nos aider dans cette démarche ?
De mon coté, je multiplierai les actions de toutes sortes pour enfin savoir où est passé notre monument qui entre parenthèse a été le premier Monument inauguré en ALGERIE ( 1921)
Si vous pouvez me donner ce coup de main je vous en serai reconnaissant au nom de la communauté des Enfants de Thagaste.
Amitiés fraternelles
Bien à vous - Gilbert Quaranta



"Algérie-Amour-Amitié -
version 2005 "


Colette LEVY



Nous vous informons de la sortie du 4ème roman de Colette LEVY :"Algérie-Amour-Amitié - version 2005 ". L'auteur revient en première partie sur son thème préféré : la vie pied-noir du temps de l'Algérie Française - et en seconde partie véritable pièce de théâtre du genre "Dîner de cons". A mourir de rire pour le prix (envoi compris) de : 12 euros
Une dédicace personnelle vous sera adressée en retour.

Commande sur site internet : http://www.amisdebone.com

ou sur e.mail : levy22@club-internet.fr


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis




De Saint-Raphaël, Navarrenx (64) Gattières (06), La Ciotat, Bône (Algérie)
Mme Myriam Leonardelli, son épouse ;
Pierre et Anne-Marie Leonardelli ;
Jeanne et Aline Leonardelli ;
Marcel et Marie-Pierre Leonardelli
Leurs enfants et petits-enfants Parents et alliés

Ont la tristesse de faire part de la disparition d'Alphonse LEONARDELLI à l'âge de 98 ans le 11 août 2005 dernier à La Ciotat dans le service de Médecine local tenu par son fils Marcel. Séjournant à Nice puis à Saint Raphaêl.
Après plusieurs postes dans le bled de la petite kabylie aux confins sahariens puis à Ain Khiar pres du Tarf, il a été enseignant à Bône à la rue D'Armendy puis à l'école de Garçons des Béni Ramassés où il a été nommé Directeur en 1953, puis à l'Inspection Académique la dernière année jusqu'à l'Indépendance où il a été mis à la retraite, et Chevalier des Palmes académique..
A prés de 98 ans il a fait un accident vasculaire cérèbral qui l'a emporté en 1 jour. Ma mère madame Leonardelli Myriam Directrice de l'école de filles des Béni Ramassés est agée de 96 ans.
Nous résidions à Beauséjour

Son frère Auguste, plus jeune de 2 ans est décédé à Cannes 3 mois plus tôt, lui avait été aussi enseignant à Lamy puis à Bône. Instit puis Directeur d'Ecole à La Calle. Il avait été en fin de carrière Directeur au Champs de Mars puis Inspecteur primaire. Son épouse Nini l'avait précédé de quelques mois.
Restons dans ces tristes nouvelles pour que chacun se retrouve dans ses souvenirs :
Cyprienne LISITA soeur d'Alphonse et Auguste, est décédée il y a 3 années, son mari René qui travaillait à la Banque d'Algérie l'avait précédé.
et Paulette ROBERT, dernière de cette branche LEONARDELLI-CARUANA a perdu son mari Camille qui était policier à Bône.

Que de Cendres quittent ce côté de notre Mer pour rejoindre notre Cimetière et Merci à ceux qui le préservent.




MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. Francis Josse

Bonjour.
La ville de Lille (Nord) envisage un jumelage avec Oujda (Maroc). Le signature d'une charte de jumelage et de partenariat est à l'étude.
Plus de 5000 ressortissants marocains et plusieurs milliers de personnes ayant une relation d'origine avec le Maroc habitent Lille. Parmi les nombreux lillois originaires du Maroc, plus de la moitié est issue de la région orientale, à l'extrême nord-est du pays.
Je m'intéresse d'abord et surtout à l'Histoire militaire. Je cherche à recenser les formations et unités militaires de l'Armée Française ayant stationné à Oujda ou à proximité, de 1945 à 1962 (au départ des dernières troupes françaises).
Merci de votre aide. Cordialement. Francis (Lille)

Plus de cent dix ans ! C'est le signe d'une belle vitalité, bien à l'image des Spahis légendaires, ainsi qu'un repère fabuleux dans l'histoire de l'une des plus chevronnées associations d'anciens combattants. C'est en effet en 1895 que " Le Burnous " s'est constitué, afin d'entretenir ces liens si forts de fraternité militaire qu'unissaient alors tous ceux qui avaient servi dans les escadrons de cette cavalerie que l'on appelait " indigène ". Pour tous ceux là, d'hier et d'aujourd'hui, " Le Burnous " garde vivante cette amitié solide, dans laquelle se reconnaissent tous ceux qui ont eu l'honneur de le porter. Retrouvez les, retrouvez-nous sur : http://perso.wanadoo.fr/le.burnous/ .
Adresse : jossef@numericable.fr


De M. Roland Siniscalchi

je profite de la Gazette pour dire qu'une personne a été à Bône et a pris la photo de la tombe de ma mère (enfin ce qui en reste).
Donc je possede une photo de ce caveau prise avant mon départ en 1961 et celle que je viens de recevoir, de juillet 2005. Mes recherches seraient de retouver le propriétaire de ce caveau. Je connais son nom.
Pourquoi ma mère a été mise dans ce caveau à son décès en 1957? A l'époque je me suis jamais posé la question. Hélas je n'ai plus personne pour me renseigner.
Si quelqu'un a des tuyaux !!! Amicalement.
Roland
Adresse : siniscalchi.roland@wanadoo.fr

De M. Jules Cano

Je suis resident en Espagne et je voudrais contacter Pierrette Hurlin qui habitait le plateau saint Michel a Oran y qui passait ses vacances au Cap Falcon.
Mon nom Jules Cano
Merci
Adresse : maxiart@infonegocio.com

De M. Jean Paul Selles

Mon ami Jacques VASSIEUX né à BONE me prie de vous faire connaître son site.: http://jacques.vassieux.free.fr
Merci
Adresse : jeanpaul.selles@wanadoo.fr

De M. Daniel Valero

je suis bônois par adoption, mon père ayant était tué lors du débarquement de Provence ma mère est retournée vers sa famille habitant Bône.
Nous habitions 13 rue du 14 juillet à la Colone, si des gens habitant à cette adresse me reconnaissent: je pense à Roger Tuccilo, à monsieur et madame Cane.
La maison était celle où habitait le pauvre GILBERT GAMBA tué par des militaires ivres.
Encore bravo pour votre site.
Adresse : dvalero@wanadoo.fr

De M. Fabien Sabatés

Bonjour, je suis journaliste automobile spécialisé sur Citroên. Je prépare un article important sur l'agence Citroên de Bône, Algérie, tenue par P. Sens-Olive et A. Mignot. Le garage portait le nom de "Auto Palace Bônois". Je n'en connais pas l'adresse exacte.
J'ai de superbes photos (de 1930 environ) pour cet article mais je n'en sais pas plus sur cette agence. Pouvez-vous m'aider ?
Je cherche à retrouver outre l'histoire du garage et son lieu :
- Pubs d'époque du garage
- famille des deux agents ou toute personne ayant travaillé dans ce garage pour me raconter des souvenirs.
Merci de votre aide amicale.
Fabien Sabatés
Amicalement
Adresse : citropolis@wanadoo.fr

De M. Charles Magnien

Je recherche des personnes qui ont connu mon père Magnien Roger et mon oncle Magnien Adrien.
Ils étaient horticulteurs fleuristes à Bône, Avenue du Capitaine Dauphin.
Merci.
Adresse : charlesmagnin@free.fr

De M. Rodriguez

bonjour
Je recherche depuis des années des personnes ayant habitées cité Montplaisant prés de la Ménadia ou une photo de cette cité où j'y ai vécu plus de 18 ans mon pére était Jean Rodriguez et il travaillait à la centrale électrique de Bône ('E.G.A.).
Nous habitions cité Montplaisant villa des trois mousquetaires.
Merci a tous
Adresse : h.rodriguez1@libertysurf.fr

De M. Mohamed Harkat

Bonjour M. BARTOLINI,
Je crois que c'est un bon travail de conserver ces documents pour les générations futures, et de faciliter la tache aux chercheurs et aux amateurs de l'histoire.
Moi aussi je suis entrain de numériser quelques documents qui remonte à la période coloniale et qui concerne la commune mixte des Ouled Djellal.
Et je suis entrain aussi de faire une biographie sur le champion olympique natif de cette commune qui a remporté la médaille d'or aux olympiades d'Amsterdam en 1928, le héros "Bouguerra Elouafi".
Et si vous avez des informations ou des photos de lui, je vous prie de me les communiquer car j'en ai besoin dans ce travail, et merci.
Mohamed Harkat
Adresse : harkatmohamed@yahoo.fr

De Mme. Francine Vuillermet

Je ne connais pas Bône, je suis de CHANZY : SIDI ALI BEN YOUB - Sud de SIDI BEL ABBES.
Je recherche HENRI LARUE rencontré à Vichy dans les années 1960 - dernière rencontre à Aix en Provence juin 1962. Il doit avoir environ 64 ans et être professeur de Lettres. Le connaissez-vous ? Merci à vous. Francine Vuillermet
Adresse : cenlingmed@wanadoo.fr

De Mme Charlette Yyacono

Bonjour,
si vous avez connu des personnes de ma famille et que vous pouvez me donner des renseignements sur ma nombreuse famille dont j'ignore certains parents :
Je recherche ma famille :
Mon grand-père était né en Sicile, son vrai nom était Giuseppe Lo Jacono (dit Yacono Joseph) né le 15 octobre 1860 à Réalmonte (Girgenti) sicile - mort en 1945 - naturalisé en mars 1901 - marié à Toussainte Billanti (dite Toussainte BELLANTE) née le 24 juin 1879 à Porto Empédocle Sicile - Ils se sont mariés à Porto Empédocle en Sicile.
Puis ils se sont installés à Constantine (usine de savons) (peut-être des personnes qui ont des renseignements sur cette fabrique de l'époque et des personnes qui le connaissaient).
Puis propriétaire terriens à Guelma où ils ont eu 15 enfants vivants -
Je recherche tant les descendants de mes grands-parents que ma famille en Sicile à Agrigente (realmonte Girgenti) ou à Porto Empédocle) s'il en reste, sinon en Sicile.
Mon arrière-Grand-père s'appelait Don Stefano Lo Jacono (Agrigente)
Mon arrière-grand-mère Donna Giuseppa Azzolini -
Un frère de mon grand-père était Biagio Lo Jacono marié (à GUELMA)à Rosa Raguccia née aussi à Girgenti (fille de Raguccia et Micelli)
Mon père était Victor Emmanuel charles YACONO né le 15 mai 1914 à Guelma mort en 1984 à Marseille
J'essaie de constituer notre arbre généalogique.
Dans l'espoir d'une réponse, Très cordialement, charlette.yacono@wanadoo.fr
Adresse : charlette.yacono@wanadoo.fr

De M. Alain Beaumont

Bonjour
Cette petite Gazette est superbe !
je suis d'ALGER (60ans).
Toute ma famille coté maternelle est de Sétif famille COLL BALESTO et plus loin, PARTIARCHE MENNEGLEIR arrivés en 1870 à AIN ROUA
Je recherche tout ce qui peut retracer leur arrivée en Algérie pour les prohaines générations. Je suis preneur de toute l'histoire de la colonisation d'AIN ROUA.
Amitié P.N., A. Beaumont
Adresse : beaumontalain@menara.ma

De Mme Laure Farrugia

Bonjour
Je viens de reparcourir le site avec enchantement, par contre je suis très surprise de ne trouver aucun article de Joanonville.
N'y aurait-il pas de joanonvillois internaute ?
J'aurais aimé retrouver des photos anciennes ou récentes de ce village qui m'a vu naître.
Mon père (Emile Parisot) ancien ailier gauche de l'ASB travaillait aux abattoirs. Mes grands parents (Gentilli) avaient une épicerie boulangerie dans ce village.
En tout cas merci pour ce site où je constate que tout un chacun trouve un petit coin de souvenir.
Laure Farrugia
Adresse : Farrugialaure@aol.com
Je suis tout disposé à recevoir les documents et photos sur ce village (ou autres) et prêt à faire une rubrique des villages voisins de Bône. J.P.B.

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Chers amis
Le collectif Guelmois vous invite à visiter son site sur la nouvelle adresse
Vous retrouverez votre site sur la page des sites Pieds-Noirs des Pyrennées Orientales, avec Bône et Palikao à l'adresse suivante :
http://www.piednoir.net
Pour le collectif GUELMA FRANCE, le webmaster
gilles martinez
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le site de Bône de notre ami Jean Louis Ventura a été mis à jour
partie retrouvailles le toit collectif bônois
la marine en Algerie ajout de photos de monsieur Bonhomme son père a fait son service militaire a Bône
http://perso.wanadoo.fr/jlvbone/
Une visite à réserver.
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PETITE HISTOIRE BONOISE.
Envoyé par M. Marcel Treels

L’indépendance ayant été prononcée, le petit Jean-Jacques KAYOUN débarque en France avec sa famille et rejoint des cousins installés à NIMES .

Lors des vacances scolaires une grande féria avait lieu aux arènes. Jean-Jacques qui avait entendu parler des festivités, décida de s’y rendre pour assister aux festivités.
Malheureusement pour lui, l’entrée aux arènes était payante et le service d’ordre et de contrôle assez impressionnant.
Impossible de resquiller…

Après avoir fait le tour à plusieurs reprises des arènes, son attention fut attirée par une petite porte de coté où certains venaient frapper et où quelqu’un ouvrait et faisait pénétrer ces personnes dans l’enceinte.
Surpris de la chose, Jean-Jacques se rapprocha et prêta l’oreille.

C’est alors qu’un jeune homme se présenta. Il frappa à la porte. Le portier ouvrit.
La personne dit alors au portier : TORREADOR.
Le portier lui dit d’entrer.

Vint alors une 2ème personne qui frappa à son tour à la porte.
Le portier ouvrit. La personne dit alors au portier : MATADOR.
Le portier lui dit d’entrer.

Puis arriva un 3ème larron qui à son tour frappa à la porte. Le portier ouvrit.
La personne dit au portier : PICADOR.

Après réflexion, notre petit Jean-Jacques eut une idée lumineuse. Il se présenta à son tour à la porte et frappa.
Le portier ouvrit et c’est alors que notre ami Jean-Jacques dit au portier : CON DE TES MORTS.
Le petit Jean-Jacques fut invité à rentrer ce qui lui permit d’assister à la Corrida sans bourse délié .



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