N° 37
Février

http://www.bartolini.fr/bone

Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Février 2005
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Les dix derniers Numéros :
EDITO

VOYAGE A BÔNE

        Chers Amis

C'est préparé, c'est en route, nous sommes sur le départ…
- Le départ !
- Mais oui, le départ vers Bône, le voyage du printemps Bônois.

- Vous allez à Bône ? Pourquoi ? Qu'allez-vous faire ? Ah non, monsieur, moi jamais ! Vous n'avez pas de respect ! Vous traitez avec l'ennemi ! Que vont dire vos lecteurs ? Etc…

Tels sont quelques-uns des mots que j'ai entendu ou reçu.

Il est à peine lancé que déjà il suscite des polémiques.
Au travers de ce billet, je vais tenter de répondre
aux sceptiques, aux " malcomprenants " et aux démolisseurs.

POURQUOI ce voyage, maintenant ?
Cela fait longtemps que l'on me demande de retourner à Bône. J'ai toujours refusé car j'estimais que je n'étais pas prêt. A cela j'avais deux réticences primordiales.
         - La 1ère était que je ne pouvais pas retourner alors que d'autres étaient interdits. Aujourd'hui cette interdiction en générale est levée. Je sais qu'il y aura toujours du zéle chez les politiques et fonctionnaires algériens pour faire barrage à tel ou tel Pieds-Noirs ou Harki. Ce zéle est le même en France, nous en subisons encore les frais, ne serait-ce que sur nos passeports.
         - La 2ème, comme la majorité d'entre nous, je voulais garder l'image du Bône que j'avais quitté le 31 juillet 1962.
    * Avec l'age qui avance, nous avons besoin de retourner aux sources, il y a toujours cet appel, ce désir qui vient du fond de notre cerveau. Bien sur que l'on peut toujours le repousser :
    * Avec la réflexion, je pense que nous avons tous ce désir, que pendant des années nous avons eu une répulsion à se l'avouer et à franchir ce cap parce que nous n'étions pas prêts. Beaucoup, d'entre nous, ne le sont pas encore. Et je respecte leurs pensées parce que je sais que c'est dur de dire " oui c'est maintenant, c'est le moment ". Dans la vie il y a des signes ou des bizarreries qui nous poussent à faire quelque chose, à nous de saisir le bon moment ;
    * Avec les fréquentations des associations où je vois beaucoup de gens aigris ou durs lorsque l'on parle de l'Algérie mais qui se laissent aller à quelques confidences du cœur après un verre et un repas ;
    * Avec le travail que nous accomplissons sur les sites Internet pour faire vivre et sauvegarder notre mémoire ;
    * Avec mon esprit de contradiction qui m'anime chaque fois que je rencontre des personnes opposées à la réalité ;
    *Avec le travail de recherche sur cet exode voulu, déclanché et imposé par la France, par la majorité des métropolitains (plus de 80 %) et ordonné par le plus Félon, le plus grand Falsificateur de l'histoire du 20ème siècle : j'ai nommé Charles De Gaulle ;

J'ai pris cette décision de faire ce voyage. Cela devrait répondre aux sceptiques.

Pour répondre aux actuels Algériens qui pensent et écrivent que les Pieds-Noirs et Harkis retournent avec un esprit de reconquête : Il ne faut pas chercher cet esprit dans le petit peuple que nous sommes, mais plutôt dans l'esprit de nos gouvernements respectifs qui pensent finances et profits qu'ils pourraient en tirer.
Nos communautés n'ont rien à gagner en entrant dans le jeu de ces considérations de politique financière ou de politique politicienne.
Je leur dis : vous avez eu 40 ans pour faire vos preuves sans la présence des exilés, faites le bilan. Nous nous avons eu 40 ans pour vivre en France ou ailleurs et constater que nous sommes toujours des exilés et des rejetés. Tirez-en le constat, comme nous le faisons et à partir de là je croie qu'il est temps de se parler comme au bon vieux temps de paix et sans esprit de conquête ou de reconquête de part et d'autre.
Pour ceux qui clament qu'en retournant, je trahis la cause que je défends, je pense qu'ils font fausse route. Je n'oublie pas toutes les atrocités de cette guerre inutile.
Au lieu de ce gachis fatal (merci Agius), et si les autochtones (Pieds-Noirs et musulmans) avaient été plus intelligents, ils auraient fait l'indépendance tous ensemble à la fin de la 2ème guerre mondiale : peut-être qu'il y aurait eu un exil, mais un exil beaucoup moins sanglant surtout quand on pense et on sait que les plus grands massacres de Pieds-Noirs et Harkis, l'ont été sous l'aval et les ordres de De Gaulle.
Ma relative jeunesse ne doit pas faire penser que j'ai la mémoire courte. Au contraire il est temps que nos communautés passent au stade de la réflexion et sachent que nous n'avons pas grand chose à attendre de nos gouvernements.
La dernière preuve est cette loi infame qui sera votée le 10 Février à l'Assemblée Nationale.

Cela devrait répondre aux " malcomprenants " et aux démolisseurs.

Ce voyage sera pour la très grande majorité comme un pèlerinage sur le sol qui nous a vu naître. Sur un sol que nos ancêtres ont façonné, qui a été arrosé par la sueur de leur front. C'est un retour vers notre mémoire. Ce retour vers le passé doit être utile par respect pour eux et pour nous.
De plus, je voudrais que ce voyage soit un lien supplémentaire pour tous ceux qui participent, qui apportent quelque chose ou qui visitent notre Site de Bône, car ils s'impliquent dans la sauvegarde de notre mémoire.

POURQUOI un petit Bônois s'est-il mué en organisateur bénévole de voyage ?
C'est à la demande de nombreux amis et correspondants Internautes qui me posaient la question de savoir si une association organisait un voyage. Et ces demandes devenaient de plus en plus fréquentes.
A ces demandes je ne pouvais répondre que par non.
J'ai testé des Associations que je connais, dont c'est souvent une de leurs préoccupations, en posant des questions et surtout leur demandant si elles organiseraient un voyage sur Bône. Je n'en ai trouvé aucune disant oui. Chaque Association ayant ses raisons, je ne les commenterai pas.
Beaucoup de correspondants ont émis le souhait de faire un voyage par l'intermédiare du Site de Bône et m'ont poussé gentiment à l'organiser. C'est ce que j'ai fait malgré mes occupations.
Déjà l'année dernière, lorsque j'avais fait un appel pour une croisière par l'intermédiaire d'un voyagiste Pieds-Noirs, je n'avais eu que 40 personnes interressées pour la croisière (depuis annulée ) et 50 pour un voyage sur Bône.

Sitôt les modalités et le programme de ce voyage terminés, j'ai donc en priorité informé les plus fervents et tous mes correspondants inscrits sur mon carnet d'adresses pour recevoir les infos de la Seybouse et autres. Ce qui est normal et bienséant pour tous ceux qui font l'effort de m'aider ou de m'envoyer des messages dont bien souvent je n'ai pas le temps de répondre rapidement.
Le bouche à oreilles ayant circulé, depuis, je reçois des messages réprobateurs parce que je ne l'ai pas encore annoncé sur la Seybouse.
Que répondre ?
Nous sommes arrivés au terme de la limite initiale que j'avais fixé en nombre d'inscrits, mais il y en a d'autres inscrit et demande, nous repousserons cette limite.
De toutes les façons, comme dans toute organisation, quoi que l'on fasse, il y aura toujours des mécontents, pour ma part une de mes devises est " Tenter de bien faire et laisser dire ".
Et de dire simplement : Cet édito annonce officellement le voyage à Bône et que ceux qui veulent s'inscrire, le fassent rapidement en m'écrivant en priorité à l'adresse suivante :
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr et je leur enverrai la documentation avec le programme.

J'ai été mis au pied du défi, je l'ai relevé.
La ligne de départ est tracée, aux amateurs de la franchir.
Aux critiqueurs d'avoir la décence d'attendre notre retour.

Ce Voyage du Printemps devient le voyage du Site de Bône.

Merci à tous                                   Jean Pierre Bartolini                         

        Diobône,
        A tchao.



Voici le petit mot que m'a envoyé M. Pierre Borg à son retour de voyage à Bône le 16 janvier 2005.

Cher ami,
Nous sommes rentrés depuis le 16 et les jours ont passé à une vitesse vertigineuse. Pourtant, il nous semble qu'ils ont passé beaucoup plus vite lorsque nous étions là-bas!
Ce fut un voyage inoubliable avec son côté émouvant (les larmes ont coulé lorsque les roues ont touché la piste). Partout, nous avons retrouvé les traces de notre jeunesse, partout nous avons retrouvé des souvenirs enfouis au plus profond de notre mémoire.
Certes, notre belle ville de Bône est devenue "une ville arabe". Partout, on se croirait dans les quartiers de la Cité Auzas ou du marché arabe.
Pourtant...quel plaisir de fouler les allées du cours, les rues de la Colonne ou la cour du lycée St. Augustin. Nous avons pu visiter toutes les écoles, entrer dans nos anciennes demeures, voir et revoir tout ce que nous avons connu. La grande manquante, la cathédrale! Lorsque tu iras, trés prochainement, ne soit pas étonné de voir l'esplanade qui la remplace entièrement vide. Ils ne veulent plus passer sur cette esplanade aprés les quinze morts consécutifs à la destruction de notre cathédrale. Ils évitent de passer en te disant :"C'est mieux par ici".
Pour le reste, l'accueil a été époustouflant! Tous te diront :"Bienvenue dans votre ville...Bienvenue dans votre pays." Et ils sont sincères.
Nous avons, bien sur, effectué des stages "créponnet" et les invitations se sont amoncelées. pour ce qui est de la sécurité, à aucun moment nous ne nous sommes sentis en danger (même à 20.00 heures à la Place d'Armes).
Ils ont été ravis d'apprendre qu'un voyage est organisé dans les trois mois à venir.
Je prépare, également un petit laïus pour La Seybouse.
Avec mes sincères amitiés,
Pierre


Aprés votre visite,
(---n'oubliez pas de Cliquer --- ou de téléphoner ---)

Manifeste                
                des algerianistes
(Cercle Algérianiste de Séte
Paru dans Trait d'union N° 43 avril/mai98)
Envoyé par M. Gabriel Chaudet

      Personne n'a oublié les flots de sang et les milliers d'ossuaires qui jalonnent les siècles de lutte entre l'Islam et l'Europe.
      Mais qui se souvient encore que malgré ce destin qui semble vouer ces deux civilisations à une lutte à mort, la France avait réussi à les faire vivre en Afrique sans tonner le canon ni tournoyer les sabres. Faudrait-il le taire parce qu'après plus de cent ans de paix le temps des égorgeurs est revenu et a fini par triompher ?
      Tairions-nous que sous la tutelle de la France, l'Algérie avait cessé d'inculquer la haine à ses enfants, parce que ce pays a retrouvé ses instincts longtemps assoupis de rapine, de viol et de massacre ?
      Mais comment ne pas clamer que c'est avec la France que l'Algérie a asséché ses marais, ensemencé son maquis ; transformé ses douars, ses casbahs, ses repaires de pirates en villages paisibles, en cités prospères, en ports dignes de ce nom ; bâti ses écoles et ses universités ; chassé la maladie ; fait jaillir des pierres la vigne généreuse et des sables un pétroles aujourd'hui si convoité ?
      Imaginons l'état de l'Algérie il y a cent quarante-trois ans ; reprenons les lithographies jaunies des documents de cette époque.
      Essayons de mesurer la somme de courage et d'espérance, de sang et de sueur versés pour venir à bout du désert, pour enfanter notre Algérie des dernières années.
      Oublier ? Le voudrions-nous que nous ne pourrions pas le faire sans nous renier.
      Ce n'est pas assez d'avoir perdu notre terre, que l'on voudrait encore nous faire perdre notre âme. Car nous sentons bien maintenant combien "nous sommes littéralement faits du limon de cette terre". Certes elle n'existe plus cette terre où le chiendent recouvre les ceps de vigne ; où la folle avoine épuise les récoltes et où les chacals rôdent dans nos cimetières abandonnés.
      Mais ce n'est plus l'important : la douleur est à la fois trop constante et renouvelée pour que nous la ressentions désormais avec l'intensité des premiers jours de malheur.
      Non, cette terre c'est nous, pour peu que nous ne perdions pas notre caractère et nos coutumes.
      Puissions-nous, en redécouvrant notre culture algérianiste, et en la faisant vivre encore longtemps, prendre une revanche sur le mektoub aveugle qui nous a massacrés, pillés et disp

LES CHRONIQUES BÔNOISES

COMMUNIQUE
LE SAMEDI 26 FEVRIER A 14h 30 DANS LA MAISON ALPHONSE JUIN
29 Avenue de TUBINGEN à AIX-en-PROVENCE

René VENTO et ses acolytes Bônois

PRESENTENT

Elle était BÔNE
Un divertissement en trois actes présentant des scènes de vie à Bône

BENGUECHE                                       Programme ci-après

ACTE 1
LE PONT DE LA TRANCHEE

L' Histoire d'un pont et une histoire d'amour se déroulant dans un lieu hautement symbolique de la vie à Bône pendant les bombardements.
ACTE 2
AUGU, BENGUECHE, CHICHETTE, PARIS-SOIR, ……et THIERS

Cette parodie bônoise de la partie de cartes de Pagnol se déroule au Maxéville un dimanche où la pluie tombe sur Bône. BENGUECHE fait équipe avec PARIS-SOIR et AUGU avec Chichette. Pendant la nuit, BENGUECHE et PARIS-SOIR ont retourné la statue de THIERS de telle sorte que l'incontinence du personnage soit visible du côté du Maxéville …
ACTE 3
L'APHRODISIAQUE DE LA CAROUBE

Sur le port de BÔNE deux pêcheurs, STOKAFITCHE et TANOUTE, discutent de l'actualité dans la cité des " DIOCANE ! ". Un Bônois de la Caroube aurait fait une découverte d'importance capitale pour la gente masculine…

( Ce sketch sera précédé par une courte conférence sur les CATSOMARINES.)

HENRI VERNEDE
N° 1 de Janvier 1950
de M. D. GIOVACCHINI
Envoyé par sa fille

Il y a près de vingt-cinq ans, les colons de Randon assistaient à une réunion de propagande que je donnais à la Mairie.
" Nous l'écouterons avec plaisir, mais par simple politesse, me dit alors Henri VERNEDE. Ici la chasse est gardée. Tu perds ton temps ".
Avec l'assurance et la fougue de la jeunesse je dis aux auditeurs : " En ce moment je fais comme vous ! Je seme avec l'espoir que le grain germera. La récolte viendra même si d'autres devaient faire la moisson, etc.. "
Aujourd'hui dès qu'il me voit, Henri VERNEDE m'interpelle souvent par ces mots : " Tu avais raison, le grain a germé ! "

Il a même bien germé, La récolte a dépassé les bonnes espérances. Nous avons eu en effet des ministres socialistes et même communistes, avec la conquête de tout un arsenal de lois sociales. Avec comme apothéose, des colons allant s'incliner avec force révérences devant un Président de la République Socialiste.
Ces lois sociales ont été certes fabriquées en hâte dans la griserie du succès. Elles sont certainement imparfaites et assorties d'erreurs et excès de toutes sortes. On pourra les modifier et en rendre l'applicatlon plus judicieuse. Mais l'essentiel demeurera, attestant une fois de plus que les forces les plus rétrogrades ne sauraient arrêter la marelle ascendante du progrès.
Henri VERNEDE l'a bien compris. Il n'est pas de l'espèce des cul-terreux bornés et innintelligents, qui prennent leur nombril pour le centre d'une planète, et défendent leurs privilèges avec l'entêtement normal des parvenus et des nouveaux riches...
Gai, bon, sociable, il fait sans nul doute du paternalisme dans toute l'acception du mot. Il présente, diraient des Marxistes " l'aspect le plus dangereux du patronat de combat ".
Possible. Mais des gens comme VERNEDE sauraient éviter les plus violentes réactions populaires. Et la paix vaut bien quelques sacrifices de pure forme doctrinaire. D'autant plus qu'à l'heure où les guerres et les révolutions éclatent, les idéologies s'évanouissant et ceux qui paraissaient très courageux, deviennent subitement les plus couards.
Au pis aller, s'il n'y avait que des VERNEDE, il y aurait assez de joie et moins de misère parmi les hommes.

Avec LACOUME, il est de ceux qui déclarent au moins bravement avoir gagné trop d'argent, sans pleurnicher devant la " Baisse " comme TUCCI-LA-VIOLETTE et autres " Compagnons de Jésus ".
Avez-vous jamais, bien observé Hemi VERNEDE ? Un Franc-luron ; l'oeil malicieux, la poignée de main ferme, et un sourire de paysan qui vous en dit long. Se balance en marchant, à la recherche d'un équilibre, qu'il trouve toujours aussi bien dans ses attitudes que dans ses idées.
Il sait arroser ses amis de bon vin et de bonne humeur. Quelle différence avec ces " gros malins " qui viennent à vous seulement dès que vous leur êtes utiles et qui confondent " prévenance " avec " goujaterie " et " laide vénalité ! "
Ses amours sont nombreux. Il adore René MAYER tout en flirtant avec le R.P.F.
" L'antre " de l'Agriculture, a ses prudences et ses mystères ! ...
" VERNEDE manque de vernis et n'a ni titres de noblesse, ni titres de facultés " disent ceux d'en face, qui le jalouse atrocement
Ah ! La belle affaire ! Henri sans éloquence demandera et obtiendra, Il réalisera ce que des rhéteurs ne pourraint que solliciter vainement.
Les électeurs du canton de Morris ont eu le choix heureux. Il s'en est fallu de peu que René MAYER ne prenne sa place. Le Maire de Randon, dans le seul but d'accaparer le prestige de l'ex-futur Ministre voulait céder son siège. Mais PANTALONl et TUCCI prirent hombrage... Alors il resta pour le bonheur des bons vivants de Randon et autres Mechmech.

SI vous voulez une oie pour la kermesse, donnez-vous la peine de passer. Si vous voulez un veau de lait pour la fête du village, choisissez dans le troupeau. Si vous voulez cent litres de vin, passez rue Perrégaux. Et si vous voulez également, un bon coup de " gueule ", ne vous gênez pas ! Vous serez toujours servis, Que vous soyez blanc, rose, ou bleu, Henri VERNEDE est toujours un peu là.
emandez en revanche, quelque chose au Syndicat des Constipés, et vous jugerez. Leurs doigts sont des pinces de crabes. Et si par hasard, ces Messieurs commettaient un geste, on y décèlerait la marque de l'intérêt ou du " M'a-tu-vu ".
Avec Henri VERNEDE on peut toujours combattre la neurasthénie et crieer à pleins, poumons comme dans les Comices Agricoles : " Vive le bon vin, vive la République ! "
Quel homme dévoué ! Il sait même prendre à son compte toutes les fautes de mon bien cher ami ! Charles MUNCK.
Quand on dit au très honoré Président de la Tabacoop : " Et cette maladresse qui l'a commise ! " Il vous est répondu ceci, avec le plus sceptique des sourires " c'est Henri ". Et Henri aussitôt sourit en haussant les épaules.
Mais laissons MUNCK maintenant à ses méditations sur le chapitre des " Grandeurs ". Dès qu`iI aura quitté le voisinage du Grand St-Augustin, et des ruines d'Hippône, où il pense s'immortaliser, nous, causerons,

En attendant vive M. le Maire.
Buvons à sa santé et à celle, florIssante, de ses administrés !



Ça qu'on vous a pas dit … !
Christian AGIUS      N° 23
le Maltais de la route de Bugeaud,
y ramasse dans les poubelles de luxe…
ma, tombe de ses morts, c'est la franche vérité !!!

Diocane, Sarcloseille, je sais pas s'il a fait une bonne affaire : ministre, il avait 15 gardes du corps ; président du parti il plus droit qu'à……2


Si tu regardes bien le budget de la mairie de Paris, rien tu vas trouver pour les p'tites Sœurs des Pauvres. Ma, dessur la ligne de l'aide aux associations de coulots, ces grandes gatarelles de contribuables parisiens y verront……….719.990 zorros !
Diocane ! Je crois que je vais adhérer dessur le tard…


Le Maroc c'est un pays en pleine expansion agricole, diocane : 134.000 zhectares de cannabis (c'est comme ça que les Patos y z'appellent le kif…) qui produisent 3000 tonnes par an du même produit.
Pour le vendre où ???????????


Le 10 avril prochain, tu pourras visiter une esposition maousse dessur la civilisation antique égyptienne. Mais où ?
A l'Institut du Monde Arabe !
Comme si les Arabes y z'avaient quelque chose à voir ac l'Egypte antique…


820 millions de zorros y zont été votés dessur les cotisations du secteur privé pour financer les retraites des fonctionnaires..
Tranquille, fils !!


Qui c'est le comité d'entreprise le plus riche de France (ce qu'il en reste.) ?
Celui de l'EDF !
Y perçoit 1% du chiffre d'affaire, alors que tous les autres comités d'entreprise y perçoivent 1% du…….bénéfice !
Résultat : 3700 permanents y sont assis dessur un fromage de 400 millions de zorros !!!!!!!!!!!


Diocane, les Turcs y se font respecter : leur code pénal y prévoit 10 ans de prison à la moindre gatarelle qui parle du génocide arménien… (1 million et demi de morts…) !


Dis-moi pourquoi 2324 enseignants y zont voulu partir fin 2004 du département 93 (235 y zont pu s'échapper.) alors que 34 y voulaient y venir ????????????????


L'armée française (ce qu'il en reste) elle commande ses balles, ses obus et le reste en France…………………eh ! Non, calamar !!
Toutes les commandes elles sont exécutées par des sociétés………….israéliennes !!!!!
Y va falloir t'entraîner pour le prochain 14 juillet : Chirac il a autorisé l'enregistrement de la Marseillaise en.arabe !
Attends, c'est pas fini : la partition elle sera couplée ac l'hymne national algérien " Qassamenn…… "………..


Y en a qui font le tour complet d'la circonférence, comme y disait not'professeur Boisson.
Le dénommé Yvan Blot il a fait :
Le R.P.R. ; le F.N. ; le M.N.R. ; re-le F.N. ; non-inscrit ; l'UMP ……………..
On vient d'apprendre qui va travailler au magazine royaliste " Politique Magazine "……………………


La base française d'Abidjan elle a été bombardée par l'aviation ivoirienne…………
Calamar ! Tié pas tchoutche, non ?
46 conseillers militaires israéliens y zont piloté un drone pour la reconnaissance et un autre pour le bombardement : rien que des copains, tête de ma mère………….


Poutine y peut faire le farfaton : l'armée russe elle vient de s'équiper en missiles Topol M, qui peuvent frapper à 10000 kms, tout en étant mobiles, donc difficilement repérables…………….


On peut pas dire que Sarcloseille il a raté son entrée à l'UMP : la fiesta elle a coûté 6 millions de zorros !
Rigole pas, espèce de tanoute, c'est ac ton pognon !!!!!!!!!!!


Diocanamadone je suis sûr que tié pour les loups dans les Alpes et pour les ours dedans les Pyrénées.
Tu ferais mieux de lire les comptes-rendus du ministère de l'agriculture : tout compris, chaque loup ou chaque ours coûte 60.000 zorros par an………….devine à qui, o grand tchoutche ?


200 étudiants et enseignants de l'université de Rennes II y zont été questionnés dessur la capitale de la Slovénie. Total : 1% il a été capabe de bien répondre !!!!!!!!!!
La suite au prochain numéro :
te fais pas de mauvais sang,
J'en ai encore des tas en dedans les tiroirs….

LE PLUSSE DES KAOULADES BÔNOISES (23)
La "Ribrique" de Rachid HABBACHI
ARRETE DE RIRE VA !..
CE SOIR, JE SUIS TRISTE…..


      C'est vrai, je suis triste, j'te le jure dessur la tête du bon dieu d'abord et la vie d'mes morts après, je suis triste à mourir à cause que la vie elle a changé bien-bien et pas en bien. Diocane, là où que je m'tourne, j'me retrouve pas ; pour te parler seulement que d'la musique, que c'est important qu'à même, un sujet comme la musique ; avant, à Bône t'y avais à tout casser deux ou trois z'endroits où, à part la T S F, tu pouvais t'en écouter et en plusse, danser dessur. le Cours d'abord, autour le kiosque à musique quan t'y avais des fêtes ou des kermesses et tous les samedi soir, à l'arc en ciel à côté la gare et là aux deux z'endroits, c'était l'orchestre HABANERA qui te jouait, en héritier de Bagur qu'il était, des romances, purée de ses bises, des romances qu'elles te faisaient fondre dedans des boléros et des rumbas comme jamais t'y as vu ou entendu.
      Aujourd'hui, avec soit disant le progrès, y a plus d'musique, y a plus que du bruit et quel bruit, madone, boum.. boum.. Boum.. et chacun, sans même écouter à cause que ça s'écoute pas, y danse tout seul, comme un malheureux, à coire que les hommes et les femmes y sont fâchés. Avant, purée de nous z'aut', y avait des paroles et ces paroles elles z'avaient un sens par exempe, Bagur quan c'est qu'y chantait " Je t'en prie sors déhors ", la fille avec qui tu dansais, tu lui faisais de l'œil, elle comprenait et elle sortait…enfin pas toujours.
      Main'nan, d'abord elle comprend pas et elle peut pas comprendre pasque y a trop de bruit, pasque elle est droguée aux " affreuses tamines " qu'elles l'a mettent en dedans un état qu'y z'appellent ça " laisse l'asie " et elle comprend pas en plusse pasque tout il est chanté en Etranger quan c'est chanté. Et pis, elle peut pas sortir à cause qu'elle est déjà déhors, tout les bals de main'nan, qu'y z'appellent ça des " RAVE " y se passent dessur un champ où y a même pas un peu d'la lumière qu'elle te laisse deviner la beauté des filles.
      Dans tout ça, où elle est la poésie, dis moi, et moi sans poésie, tu ois, je suis triste comme La Martine, tu sais la fille des voisins qu'elle est toujours dedans l'isolement, au bord du lac à broder en vert son trousseau de mariage en espérant le retour d'HABANERA dessur le Cours, dedans le kiosque à musique que c'est sa seule chance de se trouver un fiancé elle qu'elle aime pas le bruit.

Rachid HABBACHI

BÔNE..    TU TE RAPPELLES
Par M. JEAN PERONI (Tome 2)
           envoyé par Mme Gauchi -- et Jean Louis Ventura                     N° 1
"Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer. "
BEAUMARCHAIS
<====OOO====>

PRÉFACE

        D'une préface vue comme une présentation ou une invitation à le lire ce livre n'avait pas besoin.
        Il est la suite de "BONE TU TE RAPPELLES" qui connut, auprès des Bônois, un si compréhensible succès et tout le monde l'attendait.
        Aussi bien, en me demandant ces quelques lignes d'introduction, Jean Péroni a-t-il voulu - ce dont je le remercie - témoigner de l'amitié qu'il me porte depuis bien longtemps et, sans doute aussi, donner à la fidélité de sa mémoire et à la véracité de son récit la caution d'un Bônois (et, qui plus est, d'un Bônois à la troisième génération) qui a connu, lui aussi, les personnages qu'il campe avec tant de vérité et d'humour et qui a vécu tous les moments dont il nous restitue l'intensité et l'émotion.
        Ce n'est certes pas une Histoire de BONE qu'écrit Jean Péroni.

        L'Histoire de BONE, ceux qui voudraient l'apprendre (je pense aux jeunes Bônois déracinés qui ont à peine eu le temps de connaître leur pays !) n'auront qu'à lire les "Lettres sur Hippone" de Papier, les publications de la docte Académie d'Hippone, les travaux de l'érudit et enchanteur Erwan Marec, les ouvrages savants que sont "l'Histoire de Bône" de René Bouzac, "Bône Militaire" et "Bône à travers les siècles" du Capitaine Maitrot.
        Ce n'est pas, non plus, cette monographie qui a toujours manqué et qu'avait, en 1943, commencé d'entreprendre le Président Artone, chartiste amoureux de notre ville et émerveillé de son essor.
        Jean Péroni nous en avait avertis, dès la préface de son premier tome : "Mon propos n'est pas de raconter des histoires bônoises, pourtant si savoureuses. Il n'est pas non plus d'écrire l'histoire de Bône .... Je ne fais oeuvre, ni de conteur, ni d'historien."

        Historien et conteur, Louis Arnaud l'avait déjà été, il est vrai, dans "BONE, son Histoire, ses histoires", bréviaire de ceux qui ont conservé la "religion de BONE" et la nostalgie de ses enchantements.
        Louis Lafourcade nous a laissé "Chichette" et les "Harmonies Bônoises" où, sous l'invocation de Suetone et de Nemesianus, s'expriment, en poèmes de langue bônoise, l'originalité et la saveur latine de notre folklore.
        Quant aux histoires bônoises, "Moi et Augu" nous les avait racontées avec la verve comique de Bussutil et de Rosso moins les gestes et l'accent d'André Fabri.
        Et le théâtre bônois, lui-même, eut son auteur, Edouard Blois, et son répertoire avec "Carmeno Tollo" ou les malheurs d'un Monsieur Poirier maltais, "Madame Omar" et "Bône Topane".

        Ce que nous offre Jean Péroni - avec un talent tout simple -.ce sont des souvenirs.
        Souvenirs d'un journaliste qui sait observer les choses et les gens et dont c'est le métier de tout connaître et de tout retenir.
        Souvenirs des dernières années de la vie bônoise - pendant lesquelles se mêlaient, encore, joies et tristesses, illusions et désespoirs, avant le grand malheur et le départ.
        Souvenirs de ces personnages sympathiques et familiers ou de ces évènements quotidiens que les Bônois en exil aiment, lorsqu'ils se retrouvent, inlassablement évoquer : "Tu te rappelles ! tu te rappelles !"
        Voyez ! Nous sommes sur la Place d'Armes, un soir de Ramadan, devant les étalages de "beignets dorés qui laissent dégouliner leur miel épais..." "de slabias en spirales..." "de makrouts dont la semoule frite craque sous la dent comme œufs de saumon". L'air sent la fleur d'oranger et la menthe.
        C'est encore le' "temps de l'espoir" où BONE tendue vers son grand destin, accélérait le rythme de ses activités et de ses audaces.
        Nous retrouvons des visages et des,voix - beaucoup, hélas ! de visages effacés et de "voix chères qui se sont tues".
        Et voici, pour tenter de s'accrocher à la terre natale, les ultimes combats, les "barouds d'honneur" et le "dernier matin" où Jean Péroni traduit, de façon poignante, l'insurmontable détresse des adieux.

        Le premier tome de "BONE TU TE RAPPELLES" s'achevait sur cette image bouleversante du vieil homme qui après avoir, au cours de la journée, traîné sa solitude et son ennui, rentre dans sa chambre reprendre son tête à tête avec ses souvenirs. "Chaque soir il vient à leur rendez-vous. Comme on va sur une tombe. Et ce rendez-vous, il ne le manque jamais. Dans la crainte d'oublier".
        Cette crainte d'oublier, "Bône tu te rappelles ... " nous aidera à l'apaiser. Remercions-en Jean Péroni, car nous savons bien que Bône, notre Bône perdue, ne sera jamais morte tant que nous saurons la conserver dans nos mémoires et dans nos coeurs.
        André FADDA

LE TEMPS DE L'ESPOIR

        L'aurore du 27 mars 1832 pointait doucement sur l'horizon lorsque la goélette ."Béarnaise", ayant amené ses voiles, avança au rythme lent des avirons vers ce bout de plage qu'on appela depuis "Le Lever de l'Aurore". Le capitaine d'Armandy, le lieutenant de frégate du Couédic, l'élève de lère classe de Cornulier Lucinière, à la tête de deux maréchaux des logis, d'un mousse tambour et de vingt-quatre matelots, se lancèrent aussitôt à l'assaut de la casbah. Une corde à noeuds fut fixée à l'embrasure du bastion par le capitaine Yusuf venu en éclaireur. Sur le terreplein, les matelots se rangèrent derrière le capitaine d'Armandy qui reçut la soumission des chefs turcs. Le pavillon rouge fut amené et flotta à sa hampe le drapeau tricolore, salué par un coup de canon à boulet; les vingt-quatre marins présentèrent les armes tandis que le mousse battait "Aux champs" sur son tambour.
        Ce jour-là, Bône était devenue ville française.
        Le 1er juillet 1832, le comte de Beaumont-Brivazac, premier officier municipal, dressait le premier acte de naissance d'un Français.
        Le 31 janvier 1848, Louis-Philippe signait une ordonnance créant la commune de Bône, et le 1er février 1849, M.Pierre-Auguste Lacombe était élu maire de la ville par le premier conseil municipal. Désormais, la commune devait être administrée comme toutes celles de la métropole.
        Et puis les années passent.

        Et puis, c'est le 4 août 1914. Avant même que les Allemands aient déclaré la guerre à la France, le "Breslau", au petit jour, bombarde Bône endormie, tandis qu'à côté, Philippeville reçoit en même temps le baptême du feu sous les canons du "Goëben".
        Et puis, c'est novembre 1942. Parce que les Alliés ont installé à Bône une base de départ pour leur offensive en Tunisie, la ville est durement éprouvée par les bombardements et son port en partie détruit. Ce sont des nuits d'apocalypse que vivent les Bônois dans la luminosité épouvantable des fusées éclairantes, dans le sifflement agaçant des balles traçantes, dans le grondement des bombes qui éclatent au sol.
        Le 11 novembre 1948, le Ministre de la Défense Nationale citait la ville à l'ordre de l'Armée; quelques semaines plus tard, M. Vinéent Auriol, président de la République, remettait au Dr Pantaloni, en signe de reconnaissance, la Croix de Guerre avec palmes.


        Et puis, c'est la marche en avant d'une cité, fière de son passé et tendue vers un grand destin. Les exploitations agricoles sont modernisées au cours des ans sous la conduite des Associations Agricoles, animées par Charles Munck. Le grand effort industriel est marqué par la création d'entreprises industrielles importantes : les usines de la Société Nord-Africaine de Constructions Mécaniques et Ferroviaires, qui construisent des moteurs, du matériel de chemin de fer, et qui fournissent la Défense Nationale ; les Usines de l'Aluminium J.P. qui alimentent le continent africain en ustensiles ménagers ; les usines de la Société Algérienne de Produits Chimiques et d'Engrais qui approvisionnent l'agriculture des pays méditerranéens ; l'usine Borgeaud qui transforme en produits industriels les lièges des Hamendas.
        Le port est devenu le débouché maritime de l'Est Algérien. Outre le minerai de fer de la Société de l'Ouenza et les phosphates de la Compagnie des Phosphates de Constantine, il exporte les charbons, les huiles minérales, les vins, les alcools, les céréales, les fourrages, l'alfa, le liège, les écorces à tan, le bétail, les fruits, les primeurs, les tabacs.
        Les produits importés sont essentiellement des combustibles minéraux, des matériaux de construction, des machines, des produits alimentaires, des vêtements.
        En vingt ans, grâce à des édiles prévoyants, l'urbanisme a fait un pas de géant. Les principales réalisations municipales comptent les Halles Centrales, construites en 1938; le marché de gros, les abattoirs dotés d'un équipement moderne; le stade Pantaloni, mis en service en 1950; le théâtre municipal, inauguré en 1954.
        Boulevard Narbonne, les Ponts et Chaussées ont pignon sur rue; l'Hôtel des Finances fait face à la Nouvelle Poste qui a installé sa direction dans un confortable immeuble aux Santons.
        La construction continue à pousser des pointes tous azimuts. André Fadda, avec un zèle infatigable, stimule l'habitat collectif.
        Les cités-jardins, créées par les sociétés d'H.L.M. dans les quartiers de Beauséjour, des Palmes, de l'Étoile, de Bellevue, de Sainte-Thérèse, de la cité Baylet, de Plaisance, sont devenues insuffisantes pour contenir la poussée démographique. Aussi bien, la construction de grands immeubles a-t-elle été réalisée à la Ménadia, sur le plateau des Santons, au Ruisseau d'Or, à Saint-Cloud. Les entreprises privées en divers autres points de l'agglomération leur apportent un appoint sérieux.
        Chaque nouvel îlot acquiert vite son caractère particulier. Les Santons sont pris d'assaut par les fonctionnaires et les militaires; autour de l'Église Sainte-Thérèse, sont groupées de charmantes villas fleuries de jardins; les 1000 logements de La Ménadia sont le lot d'une population besogneuse, un peu " matsame " sur les bords, imprégnée d'un folklore haut en couleurs.. Les enfants qui grouillent y ont improvisé des espaces, qui n'ont rien de vert, pour leurs jeux turbulents, au détriment des constructions mitoyennes. Ça crie, ça piaille à longueur de journée et jusqu'au milieu de la nuit; les femmes s'interpellent de fenêtre à balcon. En tout cas, aux faîtes des bâtiments, on a vue imprenable sur le golfe d'un côté, sur la plaine de l'autre.
        Les réfugiés des campagnes qui tiennent à se mettre à l'abri du terrorisme et les habitants des bidonvilles, dont la suppression s'imposait, ont été regroupés dans d'importantes cités de recasement, Sidi-Salem, Bou-Hamra, Beni-M'Hafeur.
        Deux cent trente logements particulièrement adaptés à la vie musulmane ont été construits Cité des Lauriers-Roses. Quand le terrorisme prendra ses quartiers en pleine ville, les Lauriers-Roses deviendront un repaire sûr pour les fellagah; la nuit, des vigiles en surveilleront les abords, alertant le voisinage à coups de sifflet, à l'approche de toute voiture suspecte.

        Mais nous n'en sommes pas encore là. Malgré les coups sourds du plastic et l'éclatement des bombes, la ville continue à prospérer en attendant les 300 000 habitants qu'on lui promet pour 1975.
        Et pour ne rien perdre du temps présent, la vie joyeuse continue dans les moments de détente que laisse le travail. Puisque la télévision n'a pas encore pris sa place sur les antennes des toits, les cinémas font salle comble : le Colisée de Lagardère, le Rex, le Majestic de Faraone, l'Empire, le Régent, l'Olympia des frères Lamouroux, les Variétés confiées à Mme Pasqualini.
        Quant au théâtre, il ne peut moins faire que de tourner rond. "La fille du Tambour Major" sera sa dernière représentation française; le dernier tableau avec ses dizaines de drapeaux tricolores déployés fut rappelé dix fois : un adieu à l'Algérie Française. Bône, grâce à son aérodrome, est devenue le carrefour des vedettes qui traversent l'Algérie en chantant, depuis Mistinguett vieillissante et Jean Marais toujours jeune, jusqu'à Dalida, cheveux au vent, et Pierre Dudan qu'Henri Aloi accueille à Bugeaud.
        Le commerce fructifie; les cafés offrent leur kémia colorée aux buveurs d'anisette. Les kermesses d'été font tourner les valseurs en pleine brise de mer.
        Dans la plaine, les colons poursuivent leur travail quotidien, comme si rien de bien méchant ne pouvait arriver dans la quiétude des jours qui s'écoulent.
        Albert Tucci, avec une légitime satisfaction et un brin d'orgueil justifié, offre à l'admiration des visiteurs ses écuries modernes. Roland Bertagna, qui a inventé ses lacs collinaires, a installé dans sa ferme de Mondovi un système industriel de traite des vaches à grand rendement. Les Fermes Françaises, patronnées par Pellarin, exploitent avec vigilance leurs vignobles.
        Les docks d'Hippone sentent bon le tabac séché. Les machines de la Cotocoop tournent à plein rendement.
        La vie est belle, vive la vie en cette année faste de 1960 qui célèbre le deuxième anniversaire du Plan de Constantine. Peu à peu, dans cette magnifique région aux multiples ressources, devient plus réelle et plus riche cette communauté fraternelle "d'hommes fiers et libres", confiante dans son propre destin.
        Oui, mais si le pire arrivait ?

        Le pire ? Impossible. A preuve, ces dernière paroles du préfet Taulelle, datées du 6 janvier 1962, avant de rejoindre la métropole :
        "J'affirme que la France veut passionnément la justice pour les Européens de ce pays. La terre qu'ils ont fécondée de leurs efforts et de leur peine leur appartient, et ils continueront à la féconder. Je suis certain que cette Algérie qui peut naître demain a trop besoin de la France pour vouloir se séparer d'elle. Je forme le voeu très cher, très ardent, avant de vous quitter, que les parfums de l'Islam restent toujours étroitement mêlés ici aux parfums de la vieille France."
        Hélas ! "le pire n'est pas toujours certain" affirme un proverbe espagnol.


Le voyage thomphal de De Gaule à Bône, Ou le temps des promeses.

A SUIVRE

LE PRINCE PICARD
par Mme. Nicole Marquet - octobre 2003


Un prince picard rêvait à une princesse
Qui viendrait, dans sa vie, mettre un peu de bonheur,
Apportant son beau sourire et sa gentillesse,
Et chassant les soucis et la mauvaise humeur.
Il l'imaginait, secouant ses belles tresses,
Avec un sourire faisant battre son cœur.
Car il voyait passer les heures et les saisons,
Inexorablement, sur le cadran solaire,
Dont il avait calculé la déclinaison.
Il demeurait, sentimental et solitaire,
Malgré les promenades sous les frondaisons,
En récitant des poèmes de Baudelaire.

Chassée du pays où l'on buvait l'anisette,
Autour d'une khémia, entre gens chaleureux,
Une princesse brune, aux jolis yeux noisette,
Arriva à Paris, où si souvent il pleut.
Sans trouver personne pour faire la causette,
Elle ressassait des souvenirs douloureux.
Sous les platanes du boulevard Saint-Germain,
Où les gens s'installent aux cafés en terrasses,
Elle avait froid, si loin du soleil africain,
Rêvant au beau ciel bleu, aux voiles des barcasses,
Aux jasmins, sur les quais du métropolitain,
En revenant chez elle, rue de Bellechasse.

Un jour, le Prince, suivant des amis pieds-noirs,
Se trouva dans une réunion militante,
Entouré d'Oranaises, et, sans le savoir,
Près de la jeune femme, dont la voix chantante,
Avec de beaux yeux sombres, racontait l'Espoir,
Et puis le Départ précipité, sanglotante.
Ému par son récit et par son éloquence,
Le Prince l'invita, ainsi que ses amis,
A retrouver le calme, et un peu d'espérance,
En son palais picard, au milieu des semis,
Parmi les champs et les fleurs du Nord de la France,
Et trouver, dans cette campagne, un peu d'oubli.
La Princesse lui raconta que son grand-père,
En Mil Neuf Cent Dix Sept, comme simple soldat,
Venu d'Algérie, pendant la Première Guerre,
Blessé en Picardie, fut ramené là-bas,
Pour quitter à nouveau cette si belle terre,
En Soixante-Deux, chassé par les fellaghas.

Elle s'installa dans le palais campagnard,
Se réchauffant et brodant, près de la cheminée.
" Pourras-tu rester dans mon royaume picard ? ",
Demanda-t-il à celle qui fut déracinée.
" Mais oui ", lui dit-elle, avec un tendre regard,
" Dans tes yeux bleus, je verrai la Méditerranée…"


QUAND L'ORAGE PASSA
par M. Robert Antoine                  N°10


      Quel Sud ?
      Le Sahara algérien ressemble à un trapèze ayant sa plus grande base ( 1600 kms) au Nord longeant l'Atlas saharien; sa plus petite base (800 kms) suit la frontière du Mali; la distance la plus courte entre les 2 bases est de 1200 kms: soit une superficie de un million deux cent mille km2 (environ deux fois la France).
      Dans cette étendue, on peut comprendre que des différences d'ethnies, de coutumes, de modes de vie soient apparues et que l'on ne puisse généraliser.

Mehari touareg
      Sans vouloir tout expliquer ni tout démontrer, je porte un regard sur des points particuliers qui peuvent quand même, du fait de leur situation géographique opposée et diverse, servir à un début de synthèse.
      Nous partirons si vous le voulez bien, de Colomb Béchar vers Tindouf à l'est, à une époque où il n'y avait pas encore de goudron sur le reg.
      Puis d'Alger, en passant par le col de Ben-Chicao, faire une halte dans le Mzab et continuer vers Hassi Messaoud. Remontant par Touggourt, traverser l'Aurés puis le Constantinois et retour.
      C'était là notre itinéraire pour aller voir les pétroliers.
      L'avion me posa plusieurs fois à Tamanrasset, et je vous ferai une place sur mon méhari, pour une méharée de 45 jours dans le Tassili de Ajjers.
      Enfin, avec le Théâtre aux armées, nous irons à Adrar des Iforas, assister à la représentation de "Volpone" et aller pêcher les poissons aveugles....

      Quelques réflexions sur d'autres sites, viendront égayer la monotonie du paysage.
      Nous ne parlerons pas de Reggane, ni d'autres endroits où ont eut lieu des essais nucléaires; c'est un autre sujet, une autre discussion.
      Etes-vous prêts ? le Sahara ne pardonne pas, bien que des farfelus aient voulu le traverser en vélo.
      Rappelez-vous vos premières impressions quand vous avez découvert l'océan ou la mer?
      Pour le Sahara, c'est pareil. On reste de longs moments, le regard fixé sur des paysages, envoûté, pris par le soleil et les djinns, qui vous font voiler les yeux, et vous rêvez....
      On se déplace en " vaisseaux du désert", on navigue aux étoiles, ou à l'estime.
      L'ère du GPS n'est pas encore arrivée. Magie du désert, odeur poivrée des nuits, charme d'une sérénité pure....
      La technique a beaucoup détruit en réduisant l'espace, le temps, le silence, mais c'est tellement plus confortable... Demain la route sera longue, peut être ne verrez-vous que des mirages .... mais que de souvenirs...

DE BECHAR A TINDOUF (1959)

      Nous sommes à Colomb Béchar, où la route goudronnée nous a permis de rouler si facilement et qui malheureusement s'arrête là.
      C'est le point de départ d'un itinéraire long de 1000 kms, avant d'arriver à Tindouf.
      Mais on ne part pas, nez dans le vent, pour un tel périple. Il faut être sûr de son matériel car, dans ce voyage, je sers de chauffeur de jeep.
      Notre convoi ne s'ébranlera que dans quelques jours et c'est l'heure de faire un peu de tourisme.
      Direction Taghit, merveilleuse petite palmeraie, vraie carte postale que l'on voudrait envoyer à ses amis et connaissances, mais il n'y a pas de librairie.... Le légionnaire ne nous donnera qu'une bière fraîche, un don du ciel par ces chaleurs. Un peu plus loin, après 130 kms de tôle ondulée, une trouvaille: Béni Abbés.
      Ici des savants fous font pousser des fraises et des tomates, en bordure du grand erg occidental, sur du sable.
      Les premières expériences de la " mal bouffe" se font là en plein désert.
      Très sceptique, mais très intéressé, je trouvai le procédé utile pour des régions déshéritées.
      L'avenir nous apprendra que c'est nous, là où la terre nourricière est de moins en moins cultivée, qui avons hérité des progrès de cette science " la culture sans sol" (après les Hollandais pour être honnête.)
      La date du départ approche.
      Le véhicule est vérifié, les pleins sont faits, essence et eau, notre place dans le convoi est déterminée; nous serons en tête et c'est heureux.
      Nous partons pour 28 jours, roulant tôt le matin et nous reposant pendant les grosses chaleurs.
      Nous doublons quelques caravanes qui se dirigent vers TINDOUF pour le "Chouffanne" la foire.
      Mais pourquoi allez-vous à Tindouf ?
      Je l'ai dit, pour le Chouffanne, cette foire rétablie afin de pouvoir contrôler les caravanes et les trafiquants d'armes.
      28 nuits passées à la belle étoile, sur le reg, à conduire avec le chèche sur la bouche, les lunettes sur les yeux, et puis boire, boire; on rêve de bière fraîche, d'une douche, mais ce n'est pas encore le Paris-Dakar ....
      A Tindouf, les douches sont prises d'assaut, avec comme seconde étape le bar. Tindouf, c'est trois casernes, avec des campements autour.
      Deux casernes sont sur des mamelons l'une affectée aux Indigènes supplétifs, l'autre "aux Joyeux", ceux qui ne veulent pas porter les armes. De joyeux, il n'ont que le nom, car ils traînent une morosité à faire peine, sur leur visage.
      Les Indigènes sont des Berbères, mais n'ont pas le même port, la même prestance, ni la vie sociale des Touaregs.
      Pour ceux qui nomadisent, ils sont souvent pasteurs et voyagent entre le Mali, la Mauritanie, et le Sénégal.
      Pour eux le "Chouffanne" c'est la fête. On y vient pour retrouver de la famille, faire des provisions de pains de sucre, de kilos de thé et vendre quelques moutons.
      Pour mieux participer à cette vie nomade, nous allons à la rencontre d'une tribu qui doit se rendre à Tindouf.
      Nous nous présentons face à l'entrée de la tente comme le veut la bienséance, offrons quelques cadeaux, subissons tous les "salamalecs" d'usage, et déjà le lait de chamelles aigre est dans la jatte en bois et chacun y trempe ses lèvres avec délice et rots appropriés....
      C'est au cours de cette visite de deux jours que l'on proposa de me vendre une petite fille de trois ans pour 50 frs.
      50 frs ce n'est pas cher, mais j'ai refusé. Ici l'humour n'est pas de mise.
      Ce qui est réel, à cette époque et qui n'a jamais disparu dans ces régions, c'est une forme d'esclavage paternaliste, car le maître n'estguère plus riche que l'esclave.
      Le principe reste inacceptable. Pour les autorités et l'Administration, il n'y a plus d'esclave mais les fonctionnaires sont loin et eux sont si démunis.
      Nous sommes en 1959, depuis les choses ont dû empirer.
      Le "Chouffanne" durait un mois, nous ne sommes restés qu'une dizaine de jours et c'est déjà très long.
      Le mess et le bar ont de grandes vertus, surtout le soir, où chacun se retrouve et où l'on pense à ceux qui sont restés en France ou ailleurs, dans la civilisation. On s'imagine près d'un arbre bien feuillu, là où coule un ruisseau chantant.
      Rien de cela ici, à part un vieux sergent qui m'a fait voir un pied de tomate dans un pot, à l'ombre des canisses et qui poussait dans de la terre rapportée de France.
      Contre toute attente la plante prospérait. Oh merveille!...
      J'ai fait et refait le champ de foire, parlant avec l'un, marchant avec l'autre, parfois buvant le thé chaud et sucré. Puis il y eut l'inauguration par M. le Député venu expressément d'Alger en avion, les discours, la fantasia à dos de dromadaire, la fête quoi.
      Le retour se fit en Junker, un avion qui volait depuis la guerre 39/45. Cet avion possède trois moteurs dont un dans le nez du fuselage. En vol il passe difficilement les 160 kms / h. Il vibre de façon étonnante car sa carlingue de tôle ondulée prend des résonnances très surprenantes, si bien que toute conversation est impossible.
      Le premier moteur s'arrêta après une demi-heure de marche puis le second... et le troisième qui nous permit quand même d'atterrir en catastrophe à Tabelbala . (On dirait de l'Astérix).
      C'est là que l'on comprend ce qu'est un erg. Région où rien ne pousse, où personne ne va, même pas les caravaniers.
      Tas de silice en perpétuel mouvement, couleur jaune écru, ça fait mal aux yeux, comme quand on regarde le soleil. C'est l'Infini, marié au néant.
      C'est beau vu du ciel mais, s'écraser dans ce tas de sable, aucun des passagers ne le souhaitait.

Campement nomade sur le reg

HOGGAR

      Les livres, les reportages sur ce pays et surtout sur les hommes qui le peuplent, sont foison.
      Les lignes écrites ici ne sont pas là pour infirmer ou confirmer tous ces dires mais pour essayer de vous transmettre ce que j'ai vu.
      Mes venues dans ce pays furent nombreuses et diverses.
      La première fois que je le découvris, ce fut dans une longue méharée puis avec le général de Gaulle et ses ministres, qui m'ont permis de découvrir la hiérarchie moyenâgeuse qui y règne.
      Puis, avec les Chasseurs Alpins où je m'essayai à grimper avec M. Bonnet, l'entraîneur de l'équipe de France de ski de l'époque.
      Enfin et surtout, avec le Directeur d'une école, le plus extraordinaire que je connaisse, M. Blanguernon.
      Aussi ai-je décidé de consacrer un chapitre un peu plus étoffé à ce peuple qui ne connaît pas les frontières, pratique des razzias et soumet certaines personnes à l'esclavage.
      Terre aride, minérale, froide et chaude, ancien paradis de la préhistoire.
      Terre de méditation, et de spiritualité, souvenir de l'ermite du Hoggar...
      Arrêtons l'énumération, expliquons nous.

MÉHARÉE

      Un reportage sur les Compagnies sahariennes rentrait dans mes attributions de reporter. Celui de Tamanrasset me fut confié et, après 4 heures d'avion, je débarquai àTam.
      Présentation au Commandant de la place, au Chef de peloton monté.
      (Il existe des pelotons portés avec des véhicules; les montés sont sur méhara)
      La première entrevue avec le chef de peloton monté ne fut pas des plus plaisantes. Ses questions sur la connaissance des chameaux et sur leurs habitudes me laissèrent sans voix et, lui, fit une moue moqueuse qui en disait trop à mon goût.
      La première chose à faire, me dit-il, est de confectionner une garde robe digne du pays, de troquer les chaussures contre des naïls et ensuite il m'aiderait à choisir ma monture.
      Je fis cela de bonne grâce et, peu à peu, ce " pied palmé " me devint sympathique.
      La connaissance avec ma monture fut plus laborieuse, tant pour la faire baraquer, que pour apprendre à la monter.
      Après quelques essais tragi-comiques, j'obtins l'approbation du chef de peloton. J'étais bon pour la méharée. Un peloton, c'est de la diplomatie mêlée à un drapeau.
      Diplomatie, car il y a un mélanje à 50% de deux ethnies, en guerre depuis la nuit des temps. Chaouias et Touareg sont l'eau et le feu, aucune entente possible, c'est atavique.
      Un drapeau car, avant le chef, passe l'étendard.
      Le chef, c'est la France sur 50 000 Km carrés; il doit répondre à tous sur tout, il doit connaître la piste, avant d'être accepté par cette population d'hommes bleus.
      Pour adjoint, un radio, qui fera office d'infirmier le cas échéant. Nous, nous sommes des rajouts, voire des inopportuns.
      Ces préliminaires établis, c'est le départ en grande pompe. Tout le peloton, en tenue de sortie, se trouve dans le bordj; nous franchissons la porte principale et traversons Tam, avec beaucoup d'allure sur nos méhari blancs.
      Direction le "Tassili des Ajjers".
      Quarante kilomètres après notre sortie, nous baraquons.
      Les hommes quittent leurs tenues de parade pour des vêtements couleur sable. Nous entravons nos montures à la bosse bien arrondie et ce sera notre première nuit. Le souper sera frugal : une soupe dans laquelle on avait fait tremper un os avec de la viande séchée autour, le tout tellement pimenté, qu'il est difficile de s'y habituer.
      Le duvet est nécessaire, la nuit la température passe sous zéro, mais quel beau ciel de lit: j'y vois pour la première fois la Croix du Sud, ici appelée Croix d'Agadès. Le lever est à deux heures du matin; heureusement un Targui a eu la bonne idée de récupérer nos montures, certes entravées mais pas complètement immobiles et combien de kilomètres ne feraient-elles pas pour une mauvaise touffe d'épineux.
      Les selles sont placées, le harnachement remis et l'on part. Pendant plus de trois heures, nous marchons à la queue leu leu, tirant notre méhari qui blatère tant et plus, une vraie belle mère!
      Vers les 7 heures, nous baraquons; un peu de repos et l'on repart, cette fois sur le dos de nos montures, dominant la piste de 5 mètres de haut. Des heures de balancement régulier où l'on fait corps avec son méhari, le guidant par le bout des pieds, appréciant sa délicatesse pour poser ses pattes.
      Bête inimaginable, inventée par un créateur à l'esprit fertile, animal essentiel au Sud, il donne le lait, la chair, le poil que l'on tisse; c'est le moyen de locomotion, de course, l'élément de fierté des Touareg.
      Jamais content, se nourrissant de peu, mais moins sobre qu'on ne le croit. Le harnachement est haut en couleur, la selle touareg a une certaine élégance, rappelant la Croix d'Agadès, mais très peu confortable: courbatures assurées pour non initiés.
      Que cherchons nous ?
      Quel rôle joue-t-on ?
      La piste est un livre pour qui sait le lire, certains le déchiffrent mieux que d'autres. Nos pisteurs savent qui est passé là, depuis quand, et où se trouve le campement. Pour moi, c'est Magique.
      Et de fait nous arrivons dans des campements.
      Tous sont prévenus de notre arrivé, et ils se tiennent derrière le Chef, en une longue file. Hommes, femmes, enfants, esclaves, nous passons en revue toute la tribu.
      Après les salamalecs d'usage, le radio-infirmier distribue à chacun la potion magique de la civilisation, tous, la main tendue, recevront un cachet d'aspirine. C'est notre cadeau, tellement précieux ici.
      Pendant ce temps , les chefs s'isolent et palabrent, accroupis, le thé ne saurait tarder à être servi.
      Un Targui n'a que trois préoccupations majeures: son méhari, les razzias et connaître son voisinage, c'est à dire déchiffrer les indices de la piste.
      Troupeaux, installation de campement, c'est affaire de femmes.
      L'une d'elles informe notre pseudo-infirmier qu'une femme a des difficultés pour accoucher et demande notre aide. Nous avons fait ce que nous avons pu, après avoir pris conseil, par radio, du médecin de Tam. Hélas, l'enfant n'a pas vécu, mais sa mère nous a remerciés, ainsi que le chef de la tribu.
      45 jours de méharée, c'est nettoyer les puits et gueltas, garder un contact avec la population, faire flotter un drapeau, apporter un peu d'aide, se renseigner sur ce que le vent de sable ne dit pas. Cela doit se faire sur son méhari, car son pas lent fait découvrir les vrais secrets du Hoggar.
      C'est le dernier jour: nous baraquons une dernière fois à 20 kms de Tam. Une citerne d'eau est venue nous apporter le précieux liquide. Toilette, rasage, changement de tenue, nous rentrerons dans Tam au trot de nos montures dont la bosse s'est affaissée, vidée par ce long périple.
      Nous avons fière allure, malgré la fatigue qui se lit sur nos visage, la musique est là, la population aussî qui apprécie cette mise en scène. Avant de quitter Tam, je voulais acheter mon méhari et son harnachement mais mes fonds étaient aussi bas que sa bosse. Ce sera pour une prochaine fois, au fond qu'aurais-je fait d'une telle bête? N'aurais-je pas pris "un coup de bambou" moi aussi *?...
      Nous rentrons sur Alger; j'ai l'esprit rempli de ces paysages lunaires, de ces hommes bleus à la peau cuivrée, de cette vie de nomade.... J'ai peur de traverser une rue, de franchir un passage clouté; ici les gens sont fous....
Départ de méharée

DE DUNKERQUE A TAMANRASSET

      Ces mots proclamés par notre Général ont eu un certain retentissement. J'accompagnai notre grand homme à Tamanrasset et c'est pendant ce reportage que j'ai découvert la personnalité de l'Amenokal.
      Vêtu de sa djellaba rouge, portant le chèche blanc, le prince des princes des Touareg , l'épée au côté, présente bien. Pas très grand, portant des traces de négritude, il garde malgré tout un profil de Berbère. Élu par ses pairs, il régit la communauté touareg, étant lui-même homme du désert.
      Mon grand général donnait du Monseigneur à cet homme, quelque peu étonné et embarrassé partant d'honneurs républicains.
      Le Général est parti, je suis resté quelques temps auprès de Sa "Seigneurie".
      J'ai vu sa cour, de grands seigneurs, venir demander quelques avantages et boire le thé à la menthe. Plus votre rang est élevé dans la société et plus vous devez boire de ce breuvage bouillant.
      Trois fois, vous êtes l'hôte normal, six, c'est déjà de la considération, douze, vous êtes un V.I.P. Ce prince recevait beaucoup de V.I.P. et souvent j'étais invité.
      Prince du Moyen-âge, il en avait l'outrance et la bonhomie, mais l'inquiétude perçait parfois dans son regard. Plus fin politique que d'autres, il se voyait mal accepter des tutelles autres que celles de la France, surtout si elles provenaient d'autres ethnies, méprisées depuis toujours.
      Dans une guerre qui ne dit pas son nom, les Touareg se battent pour un droit à l'espace, à la nomadisation, en ignorant les frontières d'Algérie, du Mali, de Libye.
      Le Hoggar est encore Touareg même si les apparences extérieures disent le contraire. Qu"est devenue Sa Seigneurie ?..
      Pourquoi n'a t-on pas crée un pays touareg ?
      Pour clore ce chapitre sur le Hoggar, je vais évoquer deux mystiques, dont un que tout le monde connait, le père de Foucault.
      Son Ermitage à l'Assekrem, son petit Bordj à Tam surmonté d'une croix rappellent que cet homme a fait beaucoup pour ce pays et pour la France.
      Son dictionnaire et sa grammaire rassemblent les bases de l'étude de la langue tamahacq. Cette langue ne peut s'écrire qu'avec ses caractères propres que l'on nomme des tifinars.
      Curiosité propre à cette langue, l'écriture ne comporte pas de voyelles et elle est assez pénible à lire même pour un Targui. Pour ce faire il chantonne en épelant chaque lettre, jusqu'à ce qu'à l'oreille, il identifie le mot et en retrouve le sens.
      Outre ces deux oeuvres essentielles, il a créé deux ordres, les Petits-frères et les Petites-soeurs du père de Foucault, qui font vivre sa mémoire, en adoptant la vie nomade des Touareg.
      Homme de prière et de renseignements, il tomba sous le poignard d'un haratin, un esclave de Touareg.
      Fanatisme ou geste politique?
      Il repose à l'ombre de quelques tamaris, près de son bordi. La simplicité du lieu est telle qu'elle en est émouvante.

Méharée au repos

      Le second mystique, vous ne le connaissez pas, c'est le Directeur des écoles nomades du Hoggar, Monsieur Blanguernon. Il a consacré une partie de sa vie à apprendre le français aux Touareg, lui, apprenant le tamahag.
      Seul, puis avec d'autres qui l'ont rejoint, ils nomadisaient avec les tribus.
      Ces drôles d'enseignants s'incorporaient à un style de vie très différent de celui dont ils étaient issus.
      Insidieusement, le Hoggar les envoûtait par des sortilèges pas toujours inoffensifs.
      Mettez-vous à la place de ces jeunes gens, tout frais émoulus de l'Ecole Normale, et que l'on plonge dans un pays bizarre, avec quelques craies et un méhari .... La République a de drôles de manières parfois.
      A ma connaissance, à part M. Blanguernon, aucun des ces jeunes "instits", n'a publié de souvenirs. Pourtant les anecdotes devaient être nombreuses et pétillantes.
      Je puis attester cependant que, lors d'une tournée d'inspection avec M. Blanguernon, nous avons ramené un jeune instituteur borborisé.
      Le borbore, filtre d'amour touareg, rend l'homme dépendant de la femme, sans lui retirer ses qualités viriles.
      Je connais plusieurs personnes qui seraient intéressées par la formule ; hélas, les effets thérapeutiques sont néfastes à long terme.
      Ce pauvre jeune homme, rendu à l'état de loque, fut vivement évacué sur la France, où les philtres d'amour sont moins nocifs, encore que....
      Mon dernier regard sur ce pays de fantasmes, je le dois aux Chasseurs Alpins, venus escalader quelques montagnes dans le massif de l'Assekrem.
      Une visite au prêtre ermite qui remplace le père de Foucault dans sa cahute en pierre et me voilà encordé pour gravir ces pics à la roche si friable. Premiers contacts avec cordes et pitons, escalade en cordée, mon premier sommet et une descente en rappel mémorable pour moi.
      Demain ce sera une première.
      M. Bonnet est content, moi beaucoup moins rassuré.
      Deux cordées feront l'ascension, je suis de la deuxième.
      D'énormes pierres nous tombent près de la tête et touchent notre premier de cordée. Nous abandonnons.
      M. Bonnet continuera mais, arrivé au trois quart de la course, il devra, lui aussi rendre les armes.
      Ils recommenceront demain, mais sans moi.
      Quant à nous, délaissant les pros s'escrimant à gravir cette montagne qui se défend si bien, nous irons avec notre ami Targui, découvrir une grotte rupestre magnifique et encore inviolée par les chasseurs de trésors.
      Je quitte définitivement les hommes bleus, si fiers, si nobles, emportant le souvenir de l'infinie beauté des paysages.
      J'espère vous avoir fait partager le désir de connaître ce pays mais, de grâce, évitez les cars touristiques, ce serait dommage.
Un désert minéral ...
 
      
FIN DU 10éme EPISODE
LA SUITE AU PROCHAIN NUMERO

Histoire écrite en l'an 2001 par Robert ANTOINE
Photographies de l'auteur

A ma femme, à mes filles
A M. et Mme Roger Fauthoux
A ceux qui m'ont aidé à retrouver
une documentation perdue

M. ANTOINE nous fait l'honneur de la diffusion, par épisodes sur notre site, de ce livre de souvenirs. Pour ceux qui ne voudraient pas attendre la fin du livre, il est vendu par l'auteur au prix de 25 Euros (hors envoi).
Adresse de courriel, cliquez ICI --> : M. Robert Antoine

ELLES SONT BIEN BÔNE
Par M. Fernand Bussutil dit OTTO BUS
Envoyé Par Jean Louis Ventura               N°9
ELLES SONT BIEN BÔNE
FERNAND BUS

A tous mes Amis bônois, si douloureusement éprouvés par les événements d'Algérie et dispersés dans tous les coins de France et du Monde, avec mes affectueuses pensées.

F.B.

" FUGIT IRREPARIBILE TEMPUS " (Virgile)
FIFINE AC LE BIDON DE LAIT

     Fifine, tsur sa tête portant un bidon de lait
     Posé tsur un chiffon plié
     Se croyait arriver en toriste à la ville.
     Légère zibellule, elle faisait des p'tits pas
     Et s'a mis ce jour là, sa belle paire de spadrilles
     Ac son beau pul au vert, sa jupe noirte en taffetas.
     Et ma Fifine cette p'tite fauvette
     Comptait déjà se faire la fête
     Ac le pèze de son lait et dépensant l'argent
     S'achetait cinquante z'oeufs et se les faire couver
     La chose elle est facile pour un antelligent
     " Ça c'est, qu'elle disait, pépère
     De lever des poulets autour de la maison.
     Le chacail, même si s'les repère,
     Y m'en laissera assez pour aoir un cochon
     Cuilà pour s'engraisser y coût'ra pas de son
     Pour économiser, y faut que j'm'le nourris
     Ac des corses de pastèques, des figues de barbaries.
     Après çà, je m'le vends et j'aura un troupeau
     Ac des chèvres et des vaches, un taureau et un veau "
     Comme elle se disait çà, elle prend une caplate
     Et reste collée par terre comme une patelle plate.
     Le lait s'y a coulé, le bidon défoncé
     Le tricot déchiré, ac sa robe toute froissée
     Elle rentra chez elle, un gros mal dans les osses
     Ac un oeil au beurre noir et le corps plein de bosses.
Les grandes chasses...

MOI ET AUGU ON S'A TIRE A RAMBOUILLET

     L'aut'soir le Ridacteur de la " Dépêche " y reçoit un télégramme " Tachez moyen deux rapporters. Stop ! pour chasse présidentielle. Stop ! Amitiés. Vincent. Restop. "
     Lendemain, une fois de plusque, on se prenait l'avion pour Paris. Après quatre z'heures de oyage, on se posait tsur l'ariodrome d'Orly.

     Là-bas, on s'arrive tsur le coup des 9 heures, on se prend un taxi, direct à Rambouillet. Le temps de se casser une bonne croûte au village et de se changer en chasseur ac le pantalon d'la golfe et nous oilà arrivés au Château à 10 heures. Augu, à son oncle Ouestine y se lui avait demandé le fusil à la broche et à son chapeau y s'avait mis une plume d'une plumeau qu'on se postille les meubles. Moi, dans la poche, je m'étais pris la tirboulette, un crayon ac du papier.
     Le Château comme fi était beau de l'estérieur ac des tours et la toiture qu'elle ressemble à une entonnoir renversé. Comme je voudrais bien passer l'été là-dedans !... Tous les Ambassadeurs des pays y z'étaient là :
     On monte en auto et direction la forêt. On s'arrête et on descend. Chaque anvité il avait à côté de lui, deux gardes pour charger le fusil. Nous autres, on en avait pas. A saoir pourquoi ? Peut-être y z'avaient pas confiance. On se trouvait tous en ligne à 50 mètres les uns des autres. Tout d'un coup, on s'entend le signal et la chasse elle commence.
     Quelle pétarade ! Des grands z'oiseaux y passaient au-dessur de nous autres, liche à liche comme les goalands le dimanche qui se font le tour du port. Augu y tape tsur un. On s'aurait dit le canon d'la Casbah pour le Ramadan. Qand la fumée elle s'a ensauvée, par terre on se oit un zoiseau, un fésan ; il a une madone de queue, qu'elle est tellement longue que si te pêches à la trame avec, te prends un marsoin, si c'est pas une baleine.
     Tout d'un coup, plus de z'oiseaux et au dessur d'une broussaille, on se voit une longue plume qu'elle sort. J'y fais signe à Augu, y ferme une oeil, Y S'appuie tsur la gâchette et boum ! : Mamamia !... On se voit un chapeau ac une tête sortir. C'était l'Ambassadeur d'à côté nous autres, qu'il avait été faire son petit besoin. Reusement qu'il s'avait aperçu de rien, pourquoi sûr, y aurait eu un accident diplomatique.
     Augu, y se lui avait coupé la plume juste à ras le chapeau. Tout d'un coup ! zeck ! on s'entend des zurlements. C'étaient des soldats qui z'avaient une grande blouse blanche pour pas qu'on se trompe et qu'on leur tire dessur et qui marchaient en ligne en criant ac des bâtons dans la main. De tous les côtés y sortaient des lapins et si c'étaient pas les soldats, qui se les tuaient à coups de dabbous, c'étaient les chasseurs qui se les faisaient.
     Ac ma tireboulette, j'en a estraffogué deux, malgré qu'ils faisaient des maillonades. A une heure et demie, on s'a arrêté la chasse et on s'a remonté dans les autos. On retourne à le Château et en s'arrivant, on se oit tsur la pelouse en ligne tous les z'oiseaux tués et les lapins zigouillés. Quel carrelage !! La vérité, pas besoin d'être chasseur ; te fermes les yeux et te tires seulement.
     A deux heures, le Président de la République, qu'il était occupé à Paris ac le gouvernement y s'a venu déjeuner ac les Ambassadeurs. Nous autres on s'a tapé la cloche ac les gardes dans un petit restaurant à côté. Lendemain, on se reprend l'avion, on se pose aux Salines, on passe la douane et quand Augu y s'ouvre sa valise, on se trouve le fésan, qu'il été fésandé.
     Avant de s'le jeter, y se lui a enlevé la plume de la queue, pour donner à Fifine, pour s'la mettre tsur le chapeau des dimanches. La chasse elle avait été taïba, ma, contents on était de se retrouver à la maison.

A MES COLLÈGUES DE L'A.S.B.

     Un seul Dieu t'y adoreras
     C'est le ballon... évidemment
     Tous les morts ne jureras
     Même si te perds... bêtement.
     Le dimanche te t'garderas
     Pour le match... forcément.
     Ton entraîneur respecteras
     Et t'l'écoutant parfaitement.
     Pas la casse et te joueras
     Et la gambette principalement
     Toujours à l'heure te te trouveras
     Même pour faire l'entraînement.
     Pas de chiqué te te feras
     Et t'joueras antelligemment.
     L'envie d'la chair t'y auras
     Jusqu'au jeudi seulement.
     Le pauvre arbitre t'respecteras
     Même si y t'sort injustement.
     Et bientôt alors te seras
     Le Champion du Département.

Prosper, ce héros...
Paru dans Trait d'union N° 39, avril 1996
Envoyé par M. Gabriel Chaudet

Mini-feuilleton offert (en exclusivité !) aux lecteurs du Trait d'Union par un amicaliste qui doit suivre de près l'actualité...

      Une pluie fine, serrée, persistante, ne tombait pas sur la ville ce matin là. Rien ne laissait supposer que la journée ne se passerait pas comme d'habitude...
      L'homme, Prosper, inspecteur de police de son état ne portait pas cet imperméable "mastic" cher à mon confrère Georges Simenon mais un ensemble léger, un coton garanti lavable en machine à 80°. Vers sept heures il s'était levé des deux pieds évitant ainsi la redoutable alternative "pied droit ou pied gauche" qui gâche tant de réveils ! Il avait ensuite pris sa douche et pas celle de sa femme ou de la bonne. Dans ce domaine l'ordre régnait à la maison, chacun prenait sa douche et, généralement même, l'annonçait : "je vais prendre ma douche !".
      Et maintenant, il se dirigeait de son pas élastique vers le commissariat. Soudain des détonations claquèrent et l'homme s'écroula. Il venait de glisser sur une peau de banane. Il se releva en maugréant pendant que le camion s'éloignait en continuant de pétarader !
      Quelques minutes après ces événements, Prosper faisait, comme tous les matins, la bise au grand patron, le commissaire Virginie Sanrim (ni raison ne manquaient d'ajouter les mauvaises langues) et pénétrait dans son bureau.
      Il tira sa liasse de papier et s'attaqua à la première cocotte. Les fonctionnaires ont, pour la confection de ces fragiles sculptures une réputation qui n'est plus à faire mais Prosper avait acquis une maîtrise hors du commun que ses pairs reconnaissaient volontiers malgré un soupçon de jalousie bien compréhensible. Les cocottes avaient une allure presque noble. On les sentait solides, robustes, avec une assise quasi-germanique et c'était un plaisir de les voir s'aligner tout au long de la journée sur l'étagère spécialement aménagée. Certes, un de ses collègues avait une dextérité qui lui permettait d'aller plus vite, on l'appelait "cocotte minute" mais ses cocottes avaient un air bâclé, les connaisseurs ne s'y trompaient pas
      - Inspecteur !
      Prosper sursauta. C'était pourtant plusieurs fois par jour que son adjoint l'appelait ainsi sans ménagement mais il ne pouvait pas s'y faire et là encore, il faillit rater une pliure particulièrement délicate.
      - Quoi ?
      - Une dame insiste pour vous voir
      - Faites-la entrer.
      Une dame entre deux agents et entre deux âges apparut dans la porte.
      - Vous pouvez nous laisser !
      Les sergents de ville tournèrent les talons.
      - Bonjour Madame. Qu'est-ce qui vous amène ?
      - Eh bien voilà, M. l'inspecteur, on m'a volé ma voiture.
      - Vous m'étonnez, Madame, on ne vous a pas vraiment volé votre voiture, on vous l'aura tout au plus empruntée. Lisez les journaux ! On ne vole plus les voitures ! D'ailleurs vous allez voir, on va vous la retrouver. Quand ils n'auront plus d'essence, ils s'arrêteront. Au fait, il restait beaucoup d'essence dans votre réservoir ?
      - je venais de faire le plein...
      - Alors là, madame, je ne vous comprends pas, on ne fait pas le plein avant d'abandonner sa voiture dans la rue
      Mais... M. l'inspecteur...
      Il n'y a pas de mais. Avec tout ce carburant ils peuvent aller à l'étranger et vous n'imaginez pas qu'on va mobiliser interpol pour retrouver un véhicule. A tout hasard, laissez le numéro à mon adjoint mais je ne garantis vraiment rien.
      La dame partie, Prosper était trop contrarié pour se remettre sérieusement à sa cocotte et il décida de rentrer chez lui.
      Au lieu de rentrer à pied comme il le faisait souvent, il sauta dans le bus qu'il prenait de temps en temps lorsque le ciel était menaçant ou tout simplement quand il n'avait pas envie de marcher.
      En passant devant son pavillon, le bus s'arrêtant un peu plus loin, il remarqua que Sophie, sa femme, avait dû s'absenter. Il fut donc surpris d'entendre
      - Ça va ? Tu rentres tôt, ce soir.
      Oui, j'en avais assez. Mais, je te croyais en ville. Où as-tu laissé la voiture ?
      - Devant la maison.
      Prosper comprit tout de suite. On lui avait volé sa voiture, à lui, Inspecteur de police, une voiture toute neuve, rouge vif, série spéciale, bourrée d'options... Il en avait longtemps rêvé... Ah ! Celui-là, s'il le pinçait, il se pourrait bien qu'il y ait de la bavure à l'ordre du jour !! Sophie ne comprenait pas :
      Eh bien, qu'est-ce que tu as ?
      Sans un mot, il tourna les talons et, pour la première fois depuis qu'ils étaient mariés il prit, d'un air absent, la douche de sa femme...

Sète le 11 novembre 1995


BÔNE MILITAIRE
du CAPITAINE MAITROT
                              Envoyé par M. Rachid Habbachi                      N° 3

Bône Militaire                                                   44 SIÈCLES DE LUTTES
du XXIVème avant  au XXème Siècle après notre ère
Médaille de Bronze à l'Exposition Coloniale de Marseille 1906
Médaille d'Argent de la société de Géographie d'Alger 1908

Première Partie
HlPPONE ET BONE

CHAPITRE III
HIPPONE CHRETIENNE (240 à 640)


        Sous le proconsulat de Sallustre et celui de ses successeurs, Hippone coula des jours heureux et n'eut pas d'histoire. Ce fut en 240 de notre ère que la vieille cité fit de nouveau parier d'elle.
        Avec le IIème siècle, le christianisme avait fait apparition en Afrique et Hippone eut, comme premier pasteur, l'évêque Theogènes. Mais, en 240, éclata la persécution et l'évêque fut massacré avec trente-six de ses frères.
        Son successeur Pidentius périt à son tour, sous Dioclétien, en 304.
        Le troisième évêque, Léontius, vit éclore, durant son épiscopat, la secte des Donatistes. Ce fut même l'un des leurs, Faustinus, qui lui succéda ; c'était un fanatique devenu célèbre par ses débordements de toute nature. Mais il fut remplacé, à son tour, par un saint homme et un excellent pasteur, l'évêque Valérius, en 388.
        Valérius eut le bonheur d'ordonner prêtre celui qui devait lui succéder et répandre sur le monde entier les lumières de sa science et la grandeur de ses idées philosophiques. J'ai nommé saint Augustin.
        Saint Augustin, un Africain, était né à Thagaste (en 354) d'une femme qui eut aussi son heure de célébrité, sainte Monique.
        Après avoir mené une vie de dissipation, il se convertit et fut ordonné prêtre à Hippone qu'il ne devait plus quitter.
        Il assista dans cette ville à trois conciles.
        Le premier fut présidé par Aurélius, évêque de Carthage, en 393. Saint Augustin y prononça son discours " Sur la Foi et le Symbole ".
        Au cours du second, en 395, il fut désigné comme successeur de Valérius et reçut l'investiture de Mégalius, primat de Numidie.
        Le dernier fut tenu en 426 ; l'évêque y désigna son successeur, contrairement à tous les principes de l'Eglise ; il indiqua le moine Héraclius.
        Mais l'heure des controverses religieuses avait sonné ; les discussions calmes et raisonnées allaient faire place aux bruits de la bataille et aux horreurs du siège. Le Cedant arma Togœ allait avoir une contre partie.

        Rome avait abandonné à sa rivale, Constantinople, le spectre mondial qu'elle détenait depuis plusieurs siècles.

        Les Byzantins avaient fait main basse sur presque toutes les colonies romaines, sauf sur le diocèse d'Afrique qui, gouverné par des patrices, ressortissait encore de l'empire d' Occident.

        L'Afrique était gouverné, en 388, par le comte Boniface, favori de l'impératrice Placidie, dont il avait soutenu l'élection au détriment des intérêts de son frère Honorius.

        Ce patrice séduit par les beautés d'Hippone avait abandonné Carthage, sa résidence officielle, pour venir habiter le palais proconsulaire des bords de la Seybouse.
        Mais des intrigues de cour, suscitées par Aetius, le déconsidèrent bientôt aux yeux de l'impératrice et, pour se venger, le comte fit appel aux Vandales qui venaient de faire leur apparition en Espagne.
        Sous les ordres du roi Genséric,. au nombre de 80.000, dont 50.000 combattants, ils envahirent la Numidie.

        Boniface s'était, pendant ce temps, disculpé aux yeux de sa souveraine, grâce à l'intervention de Saint Augustin qui avait envoyé à Rome une délégation d'évêques dont son ami Alypius et la réconciliation avait été scellée par le comte Darius, envoyé extraordinaire de l'impératrice.
        Aidé du comte et de Saint Augustin, le patrice marcha bravement au-devant des envahisseurs ; il fut battu à plates coutures et vint s'enfermer, dans Hippone, en 430 (Procope, " Debello Vandalico ").
        Les Donatistes s'étaient vengés de la guerre que leur avait faite le saint évêque, en dirigeant les Vandales. Ceux-ci vinrent mettre le siège devant la ville, en mai 430.

        Ils avaient d'abord, peu habitués à la guerre d'investissement, tenté de prendre la cité par la famine. Mais devant l'inanité de ce blocus, ils se répandirent dans la campagne. Pendant qu'un certain nombre de leurs guerriers surveillaient les remparts, les autres pillaient et massacraient les villages de la banlieue. Les ruines fumantes s'amoncelaient les unes sur les autres ; les cadavres s'entassaient dans des ruisseaux de sang, sans distinction d'âge ou de sexe. Les monastères, les églises, les chapelles étaient dévastés et incendiés.
        Quelques fugitifs se réfugiaient dans les bois et les rochers et y mouraient de faim. Les chemins étaient sillonnés de malheureux complètement nus et demandant l'aumône. Les prêtres, objet tout particulier de la haine des hérétiques, avaient les membres et la tête serrés dans des cordes qui étaient ensuite mouillées ; les barbares leur faisaient avaler du vinaigre, de l'eau de mer et de la lie. Ceux qui survivaient étaient transformés en bêtes de somme et poussés à coups d'aiguillon.
        D'autre part, pour démoraliser les assiégés et leur rendre le séjour de la ville intolérable, les assiégeants avaient amoncelé des cadavres dans les fossés et au pied des murs et ils mettaient leurs prisonniers à mort sur ces charniers qu'ils laissaient se décomposer en plein air. L'Armua en déborda et se mit à rouler des corps décomposés.
        Saint Augustin, qui aurait pu fuir, avait préféré rester dans son évêché et soutenir l'honneur de cette église d'Afrique pour laquelle il avait tant lutté ; mais il ne put résister aux souffrances et à la fatigue du siège et il s'éteignit, le 28 aoùt 430, à l'âge de 76 ans, entre les bras de ses disciples qui le déposèrent pieusement dans la basilique de la Paix, où il resta 69 ans.
        Dans l'été de 431, des secours, commandés par Aspar, furent envoyés par Placidie, à Hippone.
        Boniface crut alors pouvoir prendre l'offensive et chasser ses ennemis qui avaient à peu près levé le siège.
        Il ne fit que donner dans le piège que lui tendait Genséric, lequel se rendait bien compte que s'il ne pouvait rien contre les murailles, il aurait en rase campagne facilement raison de troupes qui, depuis 12 mois déjà, étaient privées de tout et cela, malgré les renforts venus de Rome.

        Boniface et Aspar partirent à la poursuite de Genséric qui se retourna brusquement et les détruisit complètement à Calama.
        Aspar réussit à embarquer les débris de son armée.
        Boniface s'enfuit à Carthage et de là gagna I'Italie où il fut nommé Magister Militum.
        Genséric vint remettre le siège devant la cité qui, réduite à elle-même, tomba en août 431, après 14 mois de siège.
        Les Vandales entrèrent triomphalement dans la ville où ils ne trouvérent rien ni personne.
        Les habitants s'étaient réfugiés dans le massif de l'Edough et les rochers de la côte ; les oeuvres d'art, statues, colonnes, mosaïques noyées dans une couche de ciment et de sable échappèrent à la vue des vainqueurs. Furieux de ce presque insuccès, ils incendièrent ce qui restait sans toucher toutefois à la basilique de la Paix où reposait celui qui avait su leur inspirer le respect.

        Par un hasard providentiel, Saint Augustin avait, peu avant sa morl, fait transporter dans l'église sa bibliothèque qui échappa, ainsi à la destruction.
        Après la prise d'Hippone, un premier traité fut signé, en 435, dans cette ville entre Genséric et Trigetius, successeur de Boniface. Par ce traité, les, Romains abandonnaient aux Vandales les trois Mauritanies et toute la Numidie, à l'Ouest du fleuve Ampsaga (Oued?el?Kébir).
        Déjà à ce moment, Hippone s'était relevée de ses ruines. On ne s'apercevait déjà plus qu'elle avait dù subir un siège de 14 mois et qu'elle avait été incendiée.

        Le système hydraulique, en particulier, avait été refait de toutes pièces avec des pierres prises un peu partout, suivant le caprice et la commodité des ouvriers.
        Mais les fortifications n'avaient pas été relevées, comme d'ailleurs il en fut fait dans toutes les possessions vandales ; c'est pour cette raison qu'il est impossible d'en trouver trace.
        Genséric, énivré par le succès, continua sa marche triomphale et s'empara de Carthage dont il fit sa capitale.
        En 443, il y signa avec Valentinien un traité qui rectifiait celui d'Hippone ; l'empereur d'Occident donnait la Numidie orientale, la Byzacène et la Proconsulaire en échange des trois Mauritanies et de la Numidie occidentale ; Hippone devenait définitivement Vandale.
        Genséric mourut à Carthage en 477. Ses successeurs Hunéric, Gundusmund et Trasamund se firent remarquer par leur nonchalance et leurs persécutions contre les catholiques.
        Sous le règne du roi Hunéric, selon certains auteurs, et plus probablement, sous celui de Trasamund selon d'autres (1), qui fixent le mois d'octobre 498, le corps de saint Augustin fut placé dans un cercueil de bois de chêne sculpté, garni de plomb intérieurement, et suivit en exil les évêques orthodoxes chassés de la terre d'Afrique. Il fut déposé à Cagliari, en Sardaigne, en la basilique de saint Saturnin et enfermé dans un sarcophage en marbre blanc qui existe encore.
        Au Vlllème siècle, les Arabes ayant envahi l'île, le roi Luitprand, de Lombardie, dépêcha à Cagliari un ambassadeur qui acheta les reliques pour 60.000 écus d'or.
        Entre 812 et 725, le 5 des ides d'octobre 722, d'après quelques chroniqueurs, (2) la châsse débarqua à Gênes et fut dirigée sur Pavie. Le roi se porta au-devant d'elle ; mais il ne put, d'après la légende, lui faire continuer le voyage. Elle était devenue d'un poids extraordinaire, lequel ne se réduisit aux proportions normales, que lorsque le monarque eût fait le voeu de construire une église pour la recevoir. Ce fut la basilique de saint Pierre-au-Ciel-d'Or.
        Cependant Hildéric, ami de l'empereur byzantin Justinien, avait, fait rouvrir les églises d'Afrique.

        Mais cette, ère de prospérité ne dura pas. Gélimer détrôna son frère et l'enferma dans un cloître ; l'empereur Justinien, pour venger son ami, déclara la guerre à l'usurpateur.
        Bélisaire débarqua à Caput Vanda, à la tête de 15.000 hommes. Gélimer répondit à cette invasion, en égorgeant Hildéric et en appelant à son aide son frère Tzazou qui se trouvait en Sardaigne.
        Gélimer avait établi son camp à Tricameron, à 140 stades ou 26 kilomètres au S. O. de Carthage.
        Bélisaire vint se briser contre ce camp. Trois ,attaques, malgré la mort de Tzazou, échouèrent ; mais le roi vandale, effrayé de sa situation, se sauva à cheval, abandonnant son armée. Il prit la route, d'Hippone par Bulla et non pas celle de Ahmedera et Thevest. Sa trace fut perdue un moment, car l'officier que le général avait envoyé à sa poursuite, Jean l'Arménien, fut tué accidentellement d'une flèche dans le cou par un Grec du nom d'Uliaris, officier aux gardes de Bélisaire. On perdit deux jours précieux, puis on se remit en route sous les ordres de Bélisaire lui-même ; on arriva à Hippone où la poursuite se termina par suite du froid. Gélimer avait disparu, sa présence fut signalée peu après au mont Pappua et dans la ville de Médenos. Bélisaire envoya contre lui Pharas, roi des Hérules, avec 400 cavaliers. Le roi attaqua Gélimer, mais il laissa 110 hommes dans cette affaire et se contenta alors de bloquer étroitement le fugitif. Au bout de trois mois, vaincu par la famine, Gélimer fit sa soumission à Cyprien, envoyé extraordinaire de, l'empereur.

        Quel est ce mont Pappua ? Les opinions sont très diverses et la situation exacte de ce mont, comme celle de la ville de Medenos, n'a pas été définie.
        On a dit que c'était l'Edough, en s'appuyant sur ce que Gélimer avait pris la route d'Hippone ; mais s'il était arrivé dans cette ville, il se serait certainement embarqué sur les vaisseaux de son serviteur Boniface et comme ces bâtiments, ramenés à la côte par la tempête, furent pris par Bélisaire avec les trésors du roi vandale, Crélimier lui-même serait tombé entre les mains du vainqueur. Comment, d'autre part, le roi des Hérules, avec 400 cavaliers, aurait-il bloqué son adversaire assez étroitement pour qu'il ne s'échappât pas d'un massif de 30 kilomètres de long adossé à la mer qui était libre ?
        D'Anville (géographie ancienne, p. 665), l'Académie des Inscriptions et belles lettres (Recherches sur la régence d'Alger, Tome i, p. 105) Marcus (Histoire des Vandales, Tomes III et XIII), Dureau de la Malle (Recueil de renseignements sur la province de Constantine), Pelimer (Mémoires historique et géographique sur l'Algérie), Fournel (Richesse minière de l'Algérie) admettent l'identification du Pappua et de l'Edough.

        D'autres on parlé du Babor (Babourah), à cause de la similitude des mots.

        D'autres encore opinent pour l'Aurès, mais outre que Procope parle concurremment du Pappua et ne les identifie pas, il faut reconnaître également que les habitants de cette région n'étaient pas les amis de Gélimer et qu'ils avaient chassé son frère Hildéric quand il s'étaient approché d'eux. D'autre part, l'Aurès, en temps que massif, est aussi difficile à cerner que l'Edough.

        Procope de Césarée, historien et secrétaire de Bélisaire, écrit :
        " Le Pappua est situé au fond de la Numidie, c'est une montagne escarpée et terriblement inaccessible (des rochers très élevés l'entourent de tous côtés)... à l'extrémité de la montagne existait une ville ancienne du nom de Médéos, c'est là que Gélimier s'était réfugié avec sa suite. "
        L'Edough est donc à rejeter, il n'est pas au fond de la Numidie et n'est pas inaccessible.
        Il est de même des monts de Djidjelli indiqués par l'interprête principal Ferraud.

        M. Papier place le mont Pappua au mont Nador; d'après lui, Gélimier aurait quitté la route d'Hippone au moment de la mort de Jean l'Arménien et se serait rejeté à gauche du côté de Thagaste. Le Nador, pic dominant le reste de la chaîne et à 611 mètres au-dessus de la Seybouse, portait au sommet un burgus speculatorum. M. Papier aurait trouvé une inscription permettant de lire le nom de Médinos..
        Mgr Toulotte a découvert une inscription rupestre plaçant le Pappua aux environs de Mila.

        En tout cas, il ne faut pas oublier que Procope dit " au fond de la Numidie ", mais plus loin, il ajoute c et aux confins de la Numidie et de la Mauritanie ", il faudrait donc voir le Pappua du côté de Sétif ou de Mila, sinon plus loin ; car, il faut ne pas l'oublier, la Numidie se trouvait entre la province romaine à l'Est, dans les environs de Thagaste et la Mauritanie césarienne à l'Ouest, c'est-à-dire la province d'Alger.
        Après la chute de Gélimer, Hippone se contenta de végéter sous la domination byzantine, elle ne fut le théâtre d'aucun évènement important. Elle dut, comme Rusicada (Philippeville), Saldœ (Bougie), être occupée par un détachement militaire qui surveillait la côte, d'une part, et les Berbères, d'autre part.. On signale, sur la plus haute des collines, une petite fortification construite avec des pierres de fortune, faisant face à la mer de ses deux tours et surveillant les piscines épuratoires de l'aqueduc.
        Et Madame Magali Boisnard continue :

--------------------------------------------------------
A HIPPONE - (suite)
Hommage à M. et Mme Chevillot.
MAGALI BOISNARD

III

        " Or, Boniface, proconsul d'Afrique, sous Valentinien III, lassé peut-être de l'aride Cirta, ou voulant abriter de nouvelles tendresses dans de nouveaux lieux, vint à Hippone.
        " - Il trouva la cité belle et douce.
        " - Près de la Basilique de la Paix, qui devait être, plus tard, l'Eglise de saint-Etienne, et où vibrait la grande Parole de Saint-Augustin, il fit construire un palais.
        " - Ce fut une demeure d'esthète.
        " - Dans les appartements, les caliges foulaient un sol coloré comme une peinture merveilleuse.
        " Les mosaïques s'épanouissaient. Leurs petits carrés de marbre, assemblés par la main d'artistes grecs, chantaient la fête de la beauté et du génie, comme un poème.
        " - Et, sur ces choses exquises, Boniface passait, avec Pégalie la Vandale, sa seconde épouse, et, dans les heures graves, les pas d'Augustin de Thagaste retentissaient.

        " C'est l'exode, la fuite, l'arrachement aux lieux " familiers, devant Genséric, le barbare, l'insatiable vainqueur.
        " - Comme les maisons, comme les voies d'Hippone, ville royale, devenue la cité de la mort et " du silence, le palais se trouve désert.
        " - Mais, avant l'abandon, des mains soigneuses ont abattu les blanches colonnes, caché les trésors au fond de mystérieux souterrains, voilé les mosaïques de ciment gris.
        " - Ainsi, le feu rugit sans les atteindre, et la horde vandale s'écoula sans les voir. ".

IV

        L'histoire du siège d'Hippone fut le thème sur lequel Madame Boisnard broda, de ses doigts de fée, son roman La Vandale. Insister serait douter de son universelle renommée.
        Je ne veux pas laisser l'Hippone chrétienne s'endormir sous ses cendres, sans rapporter la légende de la Poudre.
        Un détachement de la Légio IV Cyrenaïca étant venu tenir garnison à Hippo-Regius, suppléant, comme le firent beaucoup d'autres corps à diverses époques, la Legio III Augusta, qui était spécialement affectée au service de la Numidie, quoique celle-ci fût province sénatoriale. De ce détachement, faisait partie un centurion nommé Narzal Alypius. Cet officier aurait, de concert avec sa fille Barba, inventé la poudre, et la jeune fille se serait fait saute, avec les religieuses de saint Augustin, au moment où les Vandales enfonçaient les portes du couvent, le 25 Août 431.

(1) Tillemont, Bède (de sex oetatilbus mundis, Perre 0ldradus (archevêque de Milan), (Relation pour Charlemagne), Paul Diacre, (de gestis Longabardorum), Baronius, Don Ruinrat .....
(2) Martyrologe d'Adan.

A SUIVRE       

Le Docteur Jean Bulliod

Le Docteur Jean Bulliod
(1870 - 1921)
Un grand Maire de Bône
au service des pauvres et des belles-lettres
Photo envoyée par M. Denis Fadda
Jean Bulliod
Descendant d'une famille genevoise très tôt installée en Algérie, fils de Louis-Eugène Bulliod, brillant officier de l'Armée d'Afrique qui s'illustra, durant la guerre de Crimée, Jean Bulliod est né en 1870 à Alger où sa mère, une fois devenue veuve, exerça, à l'Hôpital Mustapha, le métier de sage-femme.

Après des études de médecine à la faculté d'Alger, il vient exercer son art à Bône, en 1894, appelé en cette ville par son oncle, Martial Charmarty, Avocat-défenseur.

En effet, la famille de sa mère, d'origine périgourdine, y est depuis longtemps installée ; en 1857, déjà, un Charmarty, dans la plaine de Bône, a obtenu un prix pour la qualité de son tabac.

Médecin réputé et d'un dévouement extrême qui lui vaut, d'ailleurs, de recevoir la médaille d'honneur pour sa belle conduite pendant l'épidémie de typhus qui a sévi à Bône avec tant d'intensité, d'une générosité légendaire et d'une bonté qui ne l'est pas moins - " une bonté forte et agissante, sans cesse en éveil, rayonnant intensément et pénétrant les cœurs les plus durs, les âmes les plus fermées - comme une lumière " écrira L'Afrique du Nord Illustrée - le " médecin des pauvres " entre en politique, contre son gré, dans un moment difficile pour l'Est algérien.

Entré au Conseil municipal de Bône en 1908, il est premier adjoint l'année suivante, à la faveur d'une élection complémentaire consécutive à l'invalidation de conseillers municipaux par le Conseil d'Etat - plus tard il deviendra maire - et cette même année conquiert haut la main un siège de Conseiller général. La guerre le trouve d'abord à l'hôpital de Bône où les blessés des Dardanelles reçoivent ses soins éclairés, mais très vite il demande à servir sur le front et, adjoint du Général Calmette responsable des services de santé des armées, il fait une guerre brillante qui lui vaut de recevoir les insignes de chevalier de la Légion d'honneur. Revenu du front il est à nouveau auprès de ses administrés et la presse pourra célébrer " celui qui fut le Maire de Bône dans

les circonstances tragiques de la guerre, aux prises avec des difficultés qui auraient été insurmontables pour tout autre que lui, celui [qui vécut] des années qui ont compté double et triple ". Bône, le 4 août 1914, a été la première ville bombardée par les Allemands. Sa popularité est à son zénith lorsqu'il meurt à Alger en janvier 1921 alors qu'il vient tout juste d'avoir cinquante ans.

Photo envoyée par M. Denis Fadda
Discours de Jean Bulliod

Personnalité farouchement attachée à son indépendance, il rappelle bien fort à l'immense foule, dont les mineurs de l'Ouenza menacés de chômage, qui en 1909 lui font un triomphe : " Ne me demandez pas plus. Je vous le répète, je suis indépendant et je tiens à le rester. Je ne veux être inféodé à personne. J'ai été élu sur [un] programme, je ne faillirai pas à la parole donnée ". Dans des remerciements à ses électeurs placardés dans la ville, il écrit en 1910 : " Bône, libérée définitivement des discordes du passé, s'éveille unie et forte à une vie nouvelle. Quant à moi, reconnaissant à vous tous, exempt de rancune à l'égard de mes adversaires d'hier, mais dévoué à notre Ville, […] sans haines à assouvir, sans intérêts particuliers à satisfaire […] je reste au-dessus [des coteries], au service de tous. ".

L'émotion suscitée par sa mort dans l'Est algérien et bien au-delà, les hommages qui de toutes parts lui furent rendus furent une preuve supplémentaire que l'Algérie avait mis beaucoup d'espoirs en cet homme politique brillant et intègre. En rapportant la mort de cet " administrateur remarquable ", Les Nouvelles d'Alger parlent de " véritable douleur " et l'Afrique du Nord Illustrée écrit que " c'est une grande et belle figure algérienne qui disparaît ".

Les obsèques furent à la mesure de cette popularité et il est intéressant de noter la composition du cortège qui suit le défunt ; il nous donne une photographie de l'Algérie de l'époque : … Les élèves des écoles, les Enfants de Bône, le Croissant tricolore, Fratellanza e Lavoro, Alsaciens-lorrains, l'Association Sportive Bônoise, l'Association des Combattants Italiens, l'Armorique, le Consistoire israélite, l'Union Italienne, le Collège de garçons, l'Harmonie Bônoise, le Bône-Mokta-St Charles, la Provençale, les Vétérans et médaillés militaires, l'Université populaire, le Collège de Jeunes filles, la Bônoise Sporting-Club, l'Union des familles des soldats morts pour la Patrie, les Cadets de Gascogne, la Bombe, les Bretons, Bahli Ahmed (colonne mozabite), l'Union nationale des combattants, l'Union des femmes de France, la Mutuelle des sapeurs- pompiers, l'Amicale des Mutilés etc etc… et la presse pouvait écrire, non sans lyrisme, : "…et jamais ne s'appliqua mieux qu'au Docteur Bulliod la parole du poète : 'La voix d'un peuple entier le berce en son tombeau' ".

Photo envoyée par M. Denis Fadda
Jean Bulliod et la délégation qui vient de rencontrer
M. Raymond Poincaré¨Président du Conseil

Les Bônois l'avaient appelé notamment pour régler l'Affaire de l'Ouenza. Les gisements de fer de l'Ouenza découverts par M.Pascal au début du siècle restaient en fait inexploités faute de décision définitive sur le port d'acheminement du minerai. Après bien des péripéties et l'ajournement répété du débat sur la question à la Chambre des Députés, qui subissait de très fortes pressions en faveur de Bizerte - celle du Ministre de la Marine, Député de Bône, Gaston Thomson, n'étant pas la moindre - la question ne trouva un règlement favorable à Bône qu'après qu'une délégation conduite par lui eut rencontré à Paris Raymond Poincaré alors Président du Conseil. La ville, depuis si longtemps agitée, retrouva, alors la sérénité. La démarche de la délégation avait été appuyée non seulement par la population bônoise mais encore par toutes les instances algériennes, conseils généraux, délégations financières et Conseil supérieur de l'Algérie ainsi que par les conseils municipaux de toutes les communes de l'Est algérien.

Il a pour sa ville de très grands projets, il s'applique cependant d'abord au développement des œuvres d'assistance, d'hospitalisation et d'hygiène publique. C'est lui qui inaugure la lutte antilarvaire ; au début de la guerre, sentant la nécessité, après la mobilisation, de protéger les familles contre les spéculations, il a l'idée de magasins municipaux, véritables régulateurs des cours, qui mettent un frein à la hausse illicite des produits de première nécessité. Mais sa priorité, Jean Bulliod la donne à l'école, à l'éducation, à la jeunesse et aux plus démunis. En 1909, il fonde le Patronage Scolaire dont le but est de secourir l'enfance scolaire sans aide et sans soutien. Jusqu'à la création, dix-huit ans plus tard, de la Caisse des Ecoles et du grand patronage de secours qu'il avait voulus, le Patronage Scolaire distribuera à des milliers d'enfants pauvres livres, chaussures et vêtements. Son action inlassable en faveur de la protection morale de l'enfance lui vaut des félicitations du Gouvernement qui veut voir étendues à toute l'Algérie les mesures qu'il a prises dans sa ville. Son attention aux plus humbles ne se dément jamais, sa bonté légendaire le porte naturellement vers eux ; sentant venir sa fin, il écrit : " Je meurs trop tôt pour tous ceux qui comptaient sur moi ".

Mais son amour pour les plus méritants et les plus humbles, n'exclut pas un penchant irrésistible pour les sereines régions de l'art. Homme de culture raffiné et avisé, passionné de théâtre, de musique, et surtout de littérature et de poésie, il encourage l'Académie d'Hippone, dont il est membre, contribue grandement au développement de l'Université Populaire et assure la promotion d'activités culturelles de qualité avec toujours le souci de donner à tous accès à la connaissance. Il contribue aussi à l'expansion des activités culturelles de sa ville à travers son journal, " Le Réveil Bônois ", journal qui littéralement s'arrache ; il a su s'attacher Maxime Rasteil, le " Rochefort algérien ", qui en est le Directeur. Rasteil est un polémiste et un pamphlétaire de très grande qualité, il est aussi un écrivain et un poète auteur notamment du " Calvaire des colons de 1848 " et de " Frissons d'Algérie ". Mallebay, le doyen respecté des journalistes algériens disait de lui qu'il était " un véritable paladin de la presse ".

Détenteur d'une très grande partie des manuscrits laissés à sa mort par Isabelle Eberhardt, il contribue largement à faire connaître cet écrivain dont, avec son épouse Chloé, elle aussi protectrice des belles-lettres et critique avisé, il fait publier deux essais en 1915 ; plus tard, " Mes journaliers " et " Contes et Paysages " seront publiés par René-Louis Doyon. Il a sans doute connu " la bonne nomade " à Bône lors du long séjour qu'elle fit, à la fin du siècle, dans cette ville où sa mère, d'ailleurs, fut enterrée.

Photo envoyée par M. Denis Fadda
Place Jean Bulliod - inauguration du monument

Sept ans après sa disparition, les Bônois lui ont érigé un monument, œuvre du sculpteur Emile Monier, au cœur de la ville, derrière le Monument aux morts, sur une place qui portait son nom; ils ont aussi donné son nom à une rue reliant la ville nouvelle à la Vielle ville, la ville principalement européenne à la ville majoritairement arabe, peut-être pour souligner que Jean Bulliod avait été un homme d'union, un homme réellement au service de tous les Bônois. Des cérémonies importantes se sont déroulées le jour où était dévoilé son buste ; sans interruption, pendant des heures, la population bônoise avait défilé. Après avoir souligné qu' " un fleuve de jeunesse et d'avenir " avait jeté des fleurs en témoignage de reconnaissance " à celui qui lui avait ouvert son cœur ", la presse avait écrit : "Sous les palmiers dont l'ombre lui sera légère il a, (…) repris sa place parmi ceux qu'il chérissait de toute son âme, épris de ce bel idéal humain : la bonté, le savoir, le dévouement et l'amour profond de la démocratie ".

Photo envoyée par M. Denis Fadda
Place Jean Bulliod - inauguration du monument

Le jour de l'inauguration du monument, Maxime Rasteil, rendait hommage à Jean Bulliod par un sonnet de sa composition:

" Je ne dirai qu'un mot pour saluer ton buste
O toi qui fus l'ami, l'apôtre, le charmeur,
Et qui, dans l'au-delà des choses où tout meurt
Survis par la beauté de ton âme robuste.

Oh ! la compassion du chêne pour l'arbuste.
Elle a brûlé ta vie, et, comme le semeur,
Soldat du bien public, tu jetais sans clameur
Dans le sillon humain ta bonté libre et juste.

Tu guérissais le mal, tu séchais bien des larmes
Et lorsque le pays vécut dans les alarmes,
Notre cité connut tes élans généreux.

O cher grand disparu, ton œuvre fut trop brève !
Mais ton bronze surgit, et tu reprends ton rêve ;
Mettre un peu de soleil au coeur des malheureux !

Après sa mort, l'ensemble des instituteurs et institutrices de la ville avaient pris l'engagement que les enfants des écoles apporteraient souvent des fleurs, en signe de remerciement, et en effet, pendant de très longues années, ils sont venus fleurir sa tombe.

Médecin de haute compétence, homme politique de grande stature, protecteur des belles-lettres, Jean Bulliod est, sans aucun doute, une de ces figures qui ont contribué à " faire " l'Algérie. Homme de conviction et de courage, d'un dévouement sans pareil jusque dans ses derniers instants, malgré la maladie, il a constitué un exemple pour les générations qui lui ont succédé.

Denis Fadda


ASPECTS ET REALITES
DE L'ALGERIE AGRICOLE
Envoyé par M. Philippe Maréchal                    N° 4


Par cette Brochure qui sera diffusée par épisode au cours des Numéros suivants, nous allons faire découvrir des aspects et des réalités qui ont été déformées par les fossoyeurs de l'Algérie Française et dont les conséquences se poursuivent et dureront encore plusieurs décénies.
             

Les Techniciens
De l'Agriculture Algérienne
Vous présentent
ASPECTS ET REALITES
DE
L'ALGERIE AGRICOLE

" Quand je débarquai à Alger pour la première fois, il y a une vingtaine d'années, j'éprouvai une impression à laquelle, j'imagine, un Français n'échappait guère. J'arrivais dans un des rares coins du monde où nous pouvions nous présenter avec orgueil. "

Jérôme et Jean Tharaud.       

Exposés Généraux
L'Oeuvre française
dans le développement
de l'Agriculture Algérienne

PAR
Pierre ROUVEROUX
Ingénieur Agricole (Grignon, 1923)
Docteur en Droit
Membre Correspondant de l'Académie d'Agriculture
Administrateur de Sociétés Agricoles
Président de l'Association Algérienne
des Ingénieurs Agricoles

III - Possibilités d'expansion de la production agricole.

A. Remarques préliminaires.

Trois notions paraissent dominer le problème que pose l'accroissement de la production agricole :

1°Au POINT DE VUE QUANTITATIF.

a) Les surfaces utilisables peuvent-elles être augmentées ?
En fait, il n'existe qu'un petit nombre d'îlots où l'extension des cultures puisse être envisagée. Certains se sont même demandés avec raison si, assez souvent, la mise en culture des terres dont le paccage est la vocation naturelle n'a pas été une erreur.
Assurément, la réalisation de travaux tendant à l'assainissement des dernières zones marécageuses et au défrichement de broussailles est susceptible de livrer à la culture de nouvelles surfaces ; il ne semble pas, toutefois, que ces surfaces puissent dépasser 100.000 hectares.

b) Les rendements peuvent-ils être améliorés ?
Nous verrons dans le chapitre " Buts à atteindre - Amélioration des techniques " l'accroissement de production que l'on peut espérer de l'introduction de méthodes de culture rationnelles.

2° Au POINT DE VUE QUALITATIF.

Les surfaces des cultures vivrières peuvent-elles être étendues ?
Ceux qui, sur l'autre rive de la Méditerranée, s'intéressent au " drame algérien ", pensent que l'Algérie devrait renoncer à ses vignobles et à ses plantations fruitières dont les produits sont exportés, pour les remplacer par des spéculations donnant des récoltes directement consommables sur place. Faut-il, notamment, substituer la culture des céréales à celle de la vigne et des agrumes ?
Le rappel de quelques chiffres va nous permettre de répondre à cette question.
En admettant que les 450.000 hectares consacrés aujourd'hui à la culture de la vigne, des agrumes et du maraîchage primeur, soient désormais réservés à la culture des ceréales en fournissant, ce qui est peu probable, un rendement moyen de 12 quintaux à l'hectare, le supplement de production annuel à escompter ne dépasserait pas 2.700.000 quintaux.
En revanche, le revenu brut fourni par ces 450.000 hectares tomberait de 70 à moins de 10 milliards et, ce qui est particulièrement grave à un moment où le problème du plein emploi prime celui de la production, le montant des salaires se trouverait ramené de 25 à moins de 2 milliards. Cette reconversion priverait de leur gagne-pain près de 250.000 familles.
Le problème qui se pose à l'agriculture algérienne est beaucoup moins de produire davantage de grains ou de légumes secs que de fournir davantage de richesses, directement consommables ou non, et de pouvoir ainsi augmenter chaque année le niveau de vie d'une population qui s'accroît, est-il besoin de le rappeler, à la cadence annuelle de 200.000 unités.


B. Buts à atteindre.

Ainsi sommes?nous amenés à dégager les deux objectifs essentiels vers lesquels doivent tendre tous nos efforts :
     - d'une part, étendre partout où les conditions naturelles le permettent les spéculations végétales ou animales susceptibles de fournir un produit élevé et de distribuer une quantité importante de "bons d'achat " ;
     - d'autre part, améliorer par tous les moyens possibles les conditions de culture et d'élevage de façon à réaliser une exploitation aussi intensive que possible sur des terres qui la justifie.

1° PLAN DE MODERNISATION ET D'EQUIPEMENT DE 1953.

Les Pouvoirs Publics ont, en 1953, établi un deuxième plan quadriennal prévoyant l'investissement, au cours de la période 1953-1957, de 65 milliards pour la modernisation et l'équipement du secteur agricole. Les objectifs généraux de ce plan (augmenter la production et développer les cultures les plus exigeantes en main-d'oeuvre) correspondent aux préoccupations que nous avons dégagées.

2° APPLICATION DE CE PLAN.

Le plan envisagé est assez imprécis tant en ce qui concerne les modalités des interventions que les résultats susceptibles d'être escomptés dans les différents secteurs.
En vérité, le problème de l'accroissement de la production dépasse le cadre des seuls investissements et comporte des aspects techniques, économiques, voires politiques, difficiles à isoler.

a) Aspects techniques.
S'il est, nous l'avons vu, difficile d'agir sur les surfaces puisqu'il n'existe pratiquement pas aujourd'hui de terres labourables inutilisées, il est en revanche possible d'agir sur les rendements.
Extension des cultures irriguées :
Dans les périmètres des grands barrages, un gros effort peut et doit être accompli pour mettre en eau 75.000 hectares irrigables qui, d'après les chiffres fournis par l'Administration, sont encore cultivés en sec.
Pour être moins spectaculaire que la construction des grands barrages, l'exécution des travaux dits "de Petite et Moyenne Hydraulique " doit contribuer, dans un délai rapproché, à une augmentation sensible de la production sur des surfaces étendues et réparties sur l'ensemble du territoire. Ces travaux de Petite et Moyenne Hydraulique revêtiront une importance particulière dans les régions arides où la multiplication des points d'eau et la constitution de réserves fourragères aideront puissamment au développement et à la sécurité de l'élevage.
Amélioration des techniques :
L'un des éléments les plus efficaces du développement de la production est, sans nul doute, l'amélioration des techniques
     - pratique des façons culturales,
     - perfectionnement des espèces végétales et animales,
     - amélioration des méthodes de fumure,
     - protection contre les ennemis des cultures et les épizooties.

Cette amélioration sera facilitée par l'extension et la multiplication des organismes de recherche et d'expérimentation. Mais pour que ces organismes puissent vraiment contribuer à une augmentation générale des rendements, il faut que les méthodes éprouvées soient appliquées sur l'ensemble des exploitations qui, jusqu'ici, s'en tiennent à des pratiques traditionnelles.
Si nous retenons seulement le cas des céréales, une augmentation de deux à trois quintaux sur les 2.300.000 hectares ensemencés chaque année par l'agriculture traditionnelle, permettrait de porter à 24 ou 26 millions de quintaux la production annuelle de l'Algérie.


Canal d'irrigation à Orléansville.
Au deuxième plan : orangeraie.
(Cliché Jean Guglielmi)

Ainsi se trouve posée la question si importante et si délicate à la fois de la vulgarisation agricole ou, plus précisément, de l'éducation professionnelle des 650.000 fellahs qui continuent à pratiquer une culture familiale et autarcique. Il est à souhaiter que, dans un proche avenir, le programme envisagé de 700 S.A.R. puisse être réalisé intégralement.


S.A.R. de Sidi Lakrout (région de Boghari -- Alger)

Introduction de spéculations nouvelles :

La culture du maïs hybride qui, en 1955, a été entreprise avec succès sur quelque 2.500 hectares, doit pouvoir être largement développée dans les plaines sublittorales, et plus spécialement dans les périmètres irrigables.
Le colon, qui a couvert 10.000 hectares, en 1955, pourrait techniquement être cultivé avec succès sur des zones beaucoup plus étendues et convient parfaitement à la culture familiale (nombreux binages et cueillette manuelle).
Le riz, dont la culture a porté sur 1.500 hectares, pourrait être cultivé à une assez large échelle, dans plusieurs zones marécageuses ou salées.
Il en est de même pour les plantes sucrières (betterave, sorgho), les plantes oléagineuses (olivier, lin, tournesol, ricin), sans parler des cultures fruitières et maraîchères qui pourraient, elles aussi, être étendues à de nouvelles terres.
L'amélioration et le développement des cultures fourragères qu'il est possible de réaliser devraient permettre de stabiliser le cheptel ovin, puis de l'augmenter, d'accroître sensiblement la production de viande et de lait.

b) Aspects économiques.

Il ne suffit pas, en effet, de produire plus de richesses dont une partie seulement pourra être consommée sur place ; il faut que les suppléments de produits obtenus soient certains de trouver des possibilités d'écoulement à des prix rémunérateurs. Trop souvent, dans le passé, les tentatives visant à augmenter les productions ont été freinées par une politique qui tendait davantage à éviter une élévation des prix des produits alimentaires qu'à favoriser l'expansion de l'agriculture.
Si l'on veut que l'Algérie produise plus de fruits, plus de coton, plus de riz, plus de graines oléagineuses, plus de primeurs, etc., il est essentiel que s'efface de l'esprit des producteurs cette crainte de mévente qui, jusqu'ici, a été trop souvent génératrice de malthusianisme. A cette seule condition sera possible l'expansion de la production agricole algérienne qu'exige l'équilibre économique et social de ce pays.

c) Aspects politiques et humains.

Le régime foncier propre à la plupart des terres musulmanes est, nous l'avons déjà signalé, l'un des principaux obstacles à la réalisation de cultures rationnelles. Il est à souhaiter que les dispositions tendant à favoriser le remembrement des parcelles soient, rapidement et largement, mises en ceuvre. Par ailleurs, un aménagement profond du régime foncier doit mettre un terme à des indivisions qui rendent impossible la réalisation de toute opération de mise en valeur.
Dans certains cas, l'octroi de crédits plus larges à court et surtout à moyen et long terme pourrait permettre, avec une exploitation plus intensive, une production accrue. Dans d'autres cas, on se trouve en présence de propriétaires, aussi bien musulmans qu'européens d'ailleurs, qui limitent surtout leurs efforts par nonchalance ou par crainte du risque et compensent la faiblesse des rendements par l'étendue des terres dont ils disposent. S'ils sauvegardent ainsi leurs intérêts personnels, il est permis de se demander s'ils remplissent vraiment le rôle social et économique qu'il leur appartient de jouer.

Réalisations en cours :

Cette situation est, sans nul doute, à l'origine des projets de redistribution des terres dont le principe a été récemment retenu par les Pouvoirs Publics. En matière de cultures irriguées, un texte prévoit l'expropriation de terres comprises dans les périmètres des grands barrages, en vue de créer, dans les zones, considérées, une nouvelle colonisation susceptible d'utiliser pleinement les eaux d'irrigation.
Sur un plan plus général, la création d'une Caisse dite d' " Accession, à la Petite Propriété Rurale " doit permettre aux Pouvoirs Publics de racheter certaines propriétés susceptibles d'être divisées et sur lesquelles seront installés de nouveaux exploitants.

IV. Conclusions.

Que peut-on attendre de l'effort entrepris ? Nous ne saurions oublier que le sol algérien a des possibilités limitées et il serait dangereux et illusoire d'admettre à priori que l'on peut espérer un accroisement indéfini de la production parallèlement à l'accroissement indéfini de la population. Cependant, une augmentation de la production et de l'emploi sera obtenue, en particulier :
     - si l'on parvient à étendre les cultures riches partout où elles sont techniquement possibles ;
     - si l'on arrive à perfectionner les techniques de l'agriculture traditionnelle.

Quelques chiffres vont nous permettre de mesurer la portée de l'oeuvre susceptible d'être accomplie dans cet ordre d'idées,
D'après les évaluations administratives, le revenu brut fourni par l'exploitation de quelque 4 millions d'hectares soumis à l'agriculture et à l'élevage traditionnels serait seulement de l'ordre de 90 milliards.
L'implantation de cultures riches sur 50.000 à 60.000 hectares se traduirait par une augmentation de revenus que l'on petit chiffrer à 9 milliards.
L'accroissement à raison de 2 à 3 quintaux par hectare du rendement moyen obtenu dans la culture traditionnelle des céréales fournirait un supplément annuel de l'ordre de 25 milliards.
L'association de l'élevage à la production du blé sur 3 millions d'hectares des Hauts-Plateaux devrait permettre d'augmenter le cheptel ovin de quelque 2.500.000 têtes fournissant un revenu de 5 à 6 milliards.
Ainsi serait-il possible, en un temps relativement court, d'accroître de 40 % les moyens d'existence des populations rurales et d'autoriser le plein emploi de 200.000 à 300.000 ouvriers supplémentaires.
Mais pour que ces résultats puissent être obtenus, il est nécessaire que la tâche immense à accomplir soit l'oeuvre de tous ceux qui peinent sur la terre d'Algérie et également qu'elle s'inscrive dans le cadre d'une politique suivie et cohérente.


Regard sur les productions animales
PAR
Pierre JORE D'ARCES
Docteur-vétérinaire
Professeur de Zootechnie
à l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Alger

Dans le courant de l'été 1833, débarquait, en Algérie, un jeune officier, Jean BERNIS, qui, sorti l'année précédente de l'Ecole Vétérinaire de Toulouse, venait d'être affecté à l'Armée d'Afrique. Sa participation à la plupart des opérations militaires et un sens aigu de l'observation donnaient, en effet, à sa connaissance du pays un poids considérable. Ses avis recevaient une large audience et le maréchal Randon l'honora de son amitié.
On doit à Jean BERNIS les premiers éléments d'un programme zootechnique destiné à donner plus de valeur au cheptel ovin. En 1851, il préconise le croisement de la brebis algérienne avec le mérinos. De 1857 à 1868, il organise dans les Cercles de Boghar, de Laghouat et de Djelfa, l'élimination systématique de tous les béliers jugés défectueux par un jury spécialisé. Il fonde, à Laghouat, la première bergerie gouvernementale, appelée à fournir des béliers améliorateurs aux troupeaux de la région. Il meurt, en 1869, après un labeur opiniâtre. Il fut le premier à avoir jeté les bases d'un plan d'amélioration de l'élevage du mouton en Algérie.


Moutons dans les Hautes Plaines

A mesure que s'étend la paix française, que se multiplient les fermes et les chemins, arrivent de la Métropole les premiers vétérinaires civils. Il s'agit, en effet, avant de songer à entreprendre quoi que ce soit en faveur des productions animales, de conserver ce qui existe, c'est-à-dire de combattre les maladies contagieuses du bétail qui répètent chaque année leurs coupes sombres dans les rangs du cheptel. Il faut commencer par enrayer la clavelée, le charbon, la morve, la rage, la gale, les piroplasmoses. C'est alors l'époque héroïque pour ce pionnier qu'est le praticien du bled et qui, à cheval le plus souvent, parfois en diligence, court à travers le pays, de douars en marchés, au devant du troupeau malade, suspect ou menacé. Bientôt le pasteur devient son ami, il est son conseiller et son juge, partageant sous la tente le feu, le pain et le thé ; parfois quelques parasites égarés...
Le 12 novembre 1887, un décret dote l'Algérie d'un " Service Vétérinaire Sanitaire " qui deviendra, le 1er janvier 1920, le " Service de l'Elevage " dont les attributions seront réparties, en deux grandes divisions :
     - Protection sanitaire
     - Application et Vulgarisation des meilleurs procédés de production.

Le 20 mai 1919, on crée dans le sud algérois, à Tadmit, une première Station d'Elevage qui sera consacrée à l'étude du mouton et dans laquelle TROUETTE montrera tout ce qu'on peut attendre de la sélection appliquée avec soin aux troupeaux du pays.

En 1945, on procédera aux premiers aménagements d'une Station Expérimentale d'Elevage, au Kroubs, à proximité de Constantine.

En 1947, du fait de la motorisation de l'Armée, les anciennes " Remontes Militaires " passent dans le secteur civil, après avoir contribué, pendant près d'un siècle, à l'amélioration du cheval autochtone. Elles prennent le titre de " Dépôts de Reproducteurs " et voient leur rôle étendu. Si les Dépôts continuent à mettre, chaque année, à la disposition des éleveurs du pays, des étalons de selle et un nombre croissant d'étalons de trait et de baudets pour développer l'industrie mulassière, ils constituent autant de Centres d'Insémination Artificielle et sont équipés pour assurer la prophylaxie collective des piroplasmoses du bétail.
En même temps, sur la steppe, on procède à l'ouverture de Centres d'Elevage Ovin destinés à fournir des béliers sélectionnés aux pasteurs, à traiter les troupeaux contre les parasites internes et externes, à effectuer la tonte dans de bonnes conditions, à constituer des réserves fourragères, à stocker des aliments de disette. On comptait 66 centres équipés au 1er janvier 1954,


Béliers sélectionnés de Tadmit (Sud Algérois) distribués
aux éleveurs musulmans dans le cadre des S.A.R. d'élevage.

Pour stimuler les éleveurs, éveiller chez eux une saine émulation, des Commisisons spécialisées parcourent le pays et surtout la steppe, le " pays du mouton ". Elles récompensent les meilleurs pas?teurs au moyen de primes, de diplômes, de médailles, de béliers (2.200 géniteurs furent distribués de 1947 à 1954). La mise au point de la vaccination contre la variole ovine (clavelée) autorise bientôt le commerce des moutons algériens par les importateurs français, qui n'ont plus à redouter cette grave maladie pour le cheptel national.
Grâce à la multiplication de piscines de type australien, les balnéations contre les maladies parasitaires permettent de lutter efficacement contre la gale, et même de la prévenir. Elles sont effectuées gratuitement, tous les frais étant supportés par le budget du Gouvernement Général. En 1953, 2.200.000 moutons furent ainsi traités, non seulement contre la gale, mais en même temps contre les parasitoses internes (strongyloses), et toujours à titre gratuit.
Les raquettes de cactus (figuier de Barbarie) constituant une réserve alimentaire fort intéressante pour l'élevage sur la steppe, 1.250.000 raquettes ont été mises en terre, couvrant plus de 700 hectares. De plus, afin de parer aux éventualités d'une disette qui tue parfois plus de la moitié du troupeau, 450.000 quintaux de fourrages étaient en stock au 1er janvier 1954.
Pour régénérer le pâturage trop souvent dégradé par le mouton entretenu sur le mode extensif, 328.000 hectares furent mis en défens, de façon à permettre aux plantes de reprendre vigueur et de se multiplier.
Depuis 1947, aux nombreux points d'eau déjà créés sont venus s'en ajouter 1.000 nouveaux, chiffre auquel il convient d'ajouter la mise en route par l'Association Ovine Algérienne de camions-citernes destinés à abreuver les moutons pâturant des zones trop éloignées des points d'eau.
Enfin, pour lutter contre le froid hivernal, souvent très dur, des hautes plaines, 120 abris maçonnés, 560.000 abris végétaux et 100 tentes-abris ont été aménagés.

Ces quelques chiffres suffisent-ils à mesurer l'effort financier consenti au profit du " pays du mouton " ?
Ils seraient incomplets, si nous n'y ajoutions quelques éléments d'appréciation.
Il appartenait - et il appartient toujours - à des institutions telles que l'Institut Pasteur d'Algérie, la Station de Tadmit, la Station Expérimentale d'Elevage du Kroubs, le Centre de Recherches Zootechniques et Vétérinaires, récemment créé à l'Institut Agricole de Maison-Carrée, de procéder aux études qui permettent de dresser les plans d'action en toute connaissance de cause.
C'est ainsi que de l'Institut Pasteur d'Alger sont venus notamment le vaccin contre la clavelée (vaccin BRIDRÉ et BOCQUET), et la prémunition des piroplasinoses ; de la Station de Tadmit, les éléments d'appréciation et d'amélioration du mouton autochtone ; de la Station du Kroubs, nos connaissances sur le comportement de la race bovine Damasquine entretenue en Algérie ; du Centre de Recherches Zootechniques de Maison-Carrée, l'application et l'organisation de l'Insémination Artificielle, ainsi que le mode d'administration et la valeur antiparasitaire de la phénothiazine.
La psychologie si particulière du monde pastoral a fait l'objet de nombreuses relations et d'ouvrages, dont certains furent écrits après vingt ans de séjour ininterrompu dans le bled. La plupart sont demeurés complètement ignorés et l'on ne peut que le déplorer. Mieux connus, ils eussent peut-être contribué à éviter quelques erreurs.
Pour terminer, puisque nous avons cité, en tête de ce propos, le nom d'un vétérinaire français, qu'on nous permette de rappeler le cas plus récent d'un autre vétérinaire, M. BERTHON, mort à Djelfa, après y avoir exercé toute sa vie, entouré du respect et de l'affection des pasteurs de sa circonscription. Il ne laissa à ses héritiers que quelques livres. C'était sa seule fortune.


Lutte contre la faim.
- Distribution gratuite de fourrage aux adhérents de la Caisse Assurances " Vie-Moutons ", S.A.P, de la Région des Eulma. (Photo Kara Abdelbaki)
A SUIVRE       

" Dis, c'était comment                 
                 l'Algérie française ? "

     Villefranche de Lauragais,
le 1er janvier 2005.

Réédition du livre de Maurice Calmein et Christiane Lacoste-Adrover :
" Dis, c'était comment l'Algérie française ?


     Après le succès remporté par la première édition de cet ouvrage, en 2002, SOS Outre-Mer et les Editions Atlantis ont décidé de le rééditer.
     Quelques modifications et mises à jour ont été apportées au texte initial, grâce notamment aux nombreux témoignages reçus de lecteurs de la première édition. Avec 8 pages supplémentaires, cette nouvelle édition intègre aussi les derniers développements de l'actualité (réaction des Pieds-Noirs à la célébration du 60 ème anniversaire du débarquement en Provence, par exemple).
     Ce livre est plus particulièrement destiné aux jeunes générations des familles françaises qui ont du quitter l'Algérie après son indépendance en 1962. Sa présentation sous forme de 20 questions et réponses en rend la lecture facile et pratique.
     Mais attention, il ne s'agit pas pour autant d'un livre pour enfants car certains récits d'événements dramatiques pourraient heurter leur sensibilité. Il aidera toutefois leurs parents à répondre aux principales questions qui peuvent leur être posées et à contribuer ainsi à rendre justice à une communauté et à une page d'histoire trop souvent méconnues, incomprises et décriées.
     Enfin, ce livre constitue une approche synthétique pour toute personne désireuse de s'informer sur ce que fut l'œuvre de la France en Algérie et d'en avoir une autre vision que celle que présentent invariablement les médias politiquement corrects et les livres scolaires.
     Précision : le produit de la vente de ce livre est destiné aux actions humanitaires de SOS Outre-Mer et en particulier à l'aide à l'orphelinat chrétien du Liban :" Maison ND des Dons pour l'enfant heureux " situé à Zahlé (Bekaa).

" Dis, c'était comment l'Algérie française ? "
par Maurice Calmein et Christiane Lacoste-Adrover
126 pages, 18 illustrations.
Prix: 19 € franco de port.

Commandes : SOS Outre-Mer, 13 Faubourg Sébastopol, 31290 Villefranche de Lauragais (chèques à l'ordre de SOS Outre-Mer).


Les Maltais en Algérie
Par Mme Andrea SMITH
(/ Les Maltais.../extrait du Chapitre 1/ Suite)

        Voici la suite des extraits du chapitre d'introduction de la thèse du Docteur Andrea Lynn Smith, soutenue à l'Université d'Arizona en 1998, et dont elle a confié quelques chapitres à notre ami Gilles Martinez, de Guelma.
        Je remercie le Dr Smith de m'avoir autorisé à traduire une partie de son ouvrage pour le bénéfice des Pieds-Noirs en général, des Pieds-Noirs d'origine maltaise en particulier, et des futurs chercheurs qui se pencheront sur notre histoire sans trouver de réponses à leurs questions dans l'histoire officielle de l'Algérie Française. Les références et la bibliographie d'ouvrages de recherche tels que le sien leur seront d'une extrême valeur.
        Je tiens à rappeler que j'ai choisi de traduire les termes originaux de " colonist " ou de " settler " par " colon " ou " pionnier " ; pour un Américain, ces termes s'appliquent d'abord aux Européens qui se sont installés sur les territoires d'Amérique du Nord dès le 17ème siècle pour y faire leur vie, et n'ont aucune charge affective négative.
________________________

        Comme David Prochaska l'a noté, les pionniers n'ont été le sujet central d'aucune recherche ni débat historique : " c'est presque comme si leur présence dans la tragédie algérienne était un fait trop important pour qu'on le remarque ".
        Bien que les étrangers eussent composé plus de la moitié de la population des colons, leur expérience a été presque totalement passée sous silence. Dans le premier tome de la série écrite par Julien et Ageron (1964, 1979), couvrant les périodes les plus importantes de la migration vers l'Algérie, Julien ne fait que souligner les faits démographiques les plus élémentaires et fournit en seulement deux pages un profil rapide et stéréotypé des caractéristiques des différents groupes d'immigrants ( 1964 :250-251). Nous apprenons peu de choses sur la façon dont ces étrangers sont devenus citoyens français, ou dont ils se sont assimilés à la culture française.
        Dans sa publication de 1991, Ageron déclare simplement que les villes ont été " le vrai 'melting-pot' algérien " (impliquant qu'il s'y est produit une certaine sorte d'assimilation) et ne parle du processus d'assimilation que brièvement et accessoirement, dans le passage qui suit :

        Le 'péril étranger' dénoncé par les politiciens locaux pour des raisons électorales fut en fait moins important, historiquement, que la fusion progressive des Français et des 'néo-Français' naturalisés, qui a résulté en l'algérianisation des deux parties. (1991 :62)

        L'assimilation des non-Français est donc présentée presque comme un sous-problème, ou au mieux comme un processus plutôt simple, peu digne d'intérêt pour une étude historique.

        Vers une autre perspective

        Une 'contre-histoire'des Pieds-Noirs
        On a récemment publié des ouvrages qui commencent à combler les lacunes de notre compréhension des " trajectoires " de migration et d'intégration des différentes nationalités européennes en Algérie. Parmi ceux-ci figurent :
        L'immigration espagnole dans l'Algérois de 1830 à 1914 (1991) de Gérard Crespo et Jean-Jacques Jordi ;
        Les Italiens en Algérie, 1830-1960 (1994) de Gérard Crespo, et
        L'émigration maltaise en Algérie (1985) de Marc Donato.
        Ces livres ont été écrits par des Pieds-Noirs et la plupart ont été publiées par des maisons d'édition appartenant à des Pieds-Noirs. Ils suggèrent le renforcement d'une contre-mémoire pied-noire motivée, au moins en partie, par un désir de répondre aux silences que l'on trouve, dans les livres d'histoire de France courants, sur les expériences des non-Français.
        Bien que ces études soient d'une extrême importance pour une introduction à ces passés étouffés, elles passent elles aussi sans insister sur le processus d'assimilation auquel ont été soumis les non-Français. La plupart présentent ce processus comme terminé en 1914 ; Crespo et Jordi expliquent qu'ils n'ont étudié l'histoire des Espagnols dans l'Algérois que jusqu'en 1914 parce qu'après cette date il y a eu " une intégration sans faille " (Crespo et Jordi 1991 :9).
        Dans La vie des Français en Algérie, 1830-1914 (1967) -livre qui ne procède pas d'une démarche universitaire- Baroli écrit qu'en 1914 la synthèse était complète, et " la fusion des races " réussie dont il parle fut mise en évidence au cours des épreuves de la Grande Guerre (1967 :8). D'après Baroli, la fusion des colons français et non-français s'est accomplie grâce aux décrets de naturalisation, aux mariages entre communautés et au passage des Français fraîchement naturalisés par les grandes institutions de la République Française, en particulier l'école et le service militaire, qui ont été un moteur d'assimilation (1967 :252-255) ; Cependant, le livre de Baroli est plus un mémoire qu'une étude historique suivie, et nous sommes frustrés de ne pouvoir connaître de façon plus détaillée le fonctionnement de ces processus, ni comment les immigrants eux-mêmes les ont vécus.

        Le travail de recherche de Prochaska
        L'ouvrage de David Prochaska, Making Algeria French : Colonialism in Bône, 1870-1920 (1990), est la première étude historique sérieuse à se concentrer spécifiquement sur la formation d'une colonie de peuplement en Algérie : celle de Bône, dans l'Est algérien. Le livre de Prochaska examine la transformation de Bône, au départ petite ville portuaire, en centre colonial, des années 1830 au début du vingtième siècle.
        Bien que les documents officiels de cette époque n'établissent pas de distinction entre les individus de différentes origines nationales, et nous empêchent donc de pouvoir comparer le niveau économique des Maltais à celui des Italiens, par exemple, Prochaska a trouvé des documents du service d'état civil et d'autres services qui distinguent les Français, les naturalisés Français, les Européens non-Français, et les Juifs. A partir de ce matériau, il a pu illustrer non seulement le développement de classes sociales distinctes entre les colons français et les non-français, mais aussi la persistance d'une ségrégation sociale et économique qui a continué bien après le début du vingtième siècle, et même après la naturalisation des non-Français. Ce travail de recherche, le premier du genre, est fondamental pour le développement de modèles à base empirique de l'assimilation des colons non-français.
        Chose extrêmement importante pour notre présente étude, les conclusions de Prochaska indiquent qu'après leur naturalisation, les Français naturalisés de Bône, qui comprenaient bon nombre de Maltais, restèrent différenciés (segregated n.d.t.) des Français venant de métropole - que ce soit par leurs activités économiques ou par leur quartier de résidence - bien après le début du vingtième siècle.

Notes du traducteur : - le professeur Andrea Smith va bientôt publier un livre tiré de sa thèse, intitulée The Colonial in Postcolonial Europe : The Social Memory of Maltese Origin Pieds-Noirs. Elle est professeur à l'Université LaFayette, Easton, Pennsylvanie.
         - le livre de David Prochaska a été réédité en 2002 par Cambridge University Press (Cambridge, Royaume-Uni) et les Editions de la Maison des Sciences de l'Homme (Paris). N° ISBN : 0-521-53128-4. On peut se le procurer par Amazon.fr pour 25,62 euros.
David Prochaska est professeur à l'Université d'Illinois, Urbana-Champaign.


Le coin des poètes
Christian MISSUD-CARDINALE
Paru dans Trait d'union N° 47, avril/mai 2000
Envoyé par M. Gabriel Chaudet

Christian MISSUD-CARDINALE, ancien instituteur à SOUKH-AHRAS - et amicaliste de toujours - nous envoie ces vers émouvants et ce dessin de TIMGAD la ROMAINE qui, pour nous, préfigure le tragique destin de l'Algérie française...

Dans dix mille ans et plus

Au bout du chemin creux bordé d'eucalyptus,
nous avions découvert Djemila-la-jolie,
cette ville dorée, au soleil endormie
depuis mille ans et plus.

Nous avions remonté le Cardo maximus,
entendu les buccins des légions triomphales
qui sur tant de pavés usèrent leurs sandales
depuis mille ans et plus.

Nous avions ardemment sacrifié à Vénus,
puis gravé nos deux noms enlacés dans la pierre,
comme tant d'amoureux qui chantent,
qui espèrent depuis mille ans et plus.

J'ai déclamé des vers et même un angelus !
pour te dire ma joie en ce théâtre antique.
je te verrai toujours, j'entendrai ta réplique
dans dix mille ans et plus.

Et puis, de nos destins, les fils se sont rompus
quand de l'horizon vide une balle est partie ...
Je contemple ma main que ton sang a rougie
et pleurerai dessus dans dix mille ans et plus ...


COMMUNIQUE
De M. Fred ARTZ
Gérant Bénévole
DU JOURNAL PIEDS-NOIRS MAGAZINE

A nos lecteurs et à nos amis

INVITATION A POURSUIVRE AVEC NOUS
LE CHEMIN "PIEDS NOIRS D'HIER
et D'AUJOURD'HUI" c'est entre nos mains

Créé, voici bientôt 15 ans, il a succombé après une rude bataille, malgré l'aide de ses lecteurs, aux vicissitudes propres à toute vie d'une entreprise mais aussi aux difficultés de faire entendre notre Histoire particulière qui dérange.
Après deux ans d'interruption, il a reparu : A VOUS DE LE FAIRE DURER.
Par la volonté d'un groupe d'amis Pieds-Noirs, depuis toujours engagés dans la défense de notre communauté, nous ferons connaître NOTRE HISTOIRE dans toute sa vérité et défendrons nos droits de citoyens de ce pays. Notre indépendance politique, ethnique ou religieuse en est la garantie.
Privés de radio et interdits de télévision, nous afficherons nos messages et nous attendons de nos abonnés qu'ils les fassent entendre partout où ils seront. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes. Trop de personnalités en activité ont intérêt à escamoter les forfaitures qui ont été commises.
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Ressorti sous ce titre et dans la version qui étaient connus, il évoluera, autant que nécessaire, pour répondre à l'attente de notre communauté dont nos frères Harkis sont partie intégrante.
Une place est prévue à l'Histoire et une autre à L'Actualité qui tiendra lieu de Droit de Réponse ou d'avis. Dès le numéro de décembre, il a pu faire connaître d'une même voix ce que chacun s'emploie à crier dans son coin et à sa manière : Le Cri (site Internet) qui est un bel exemple de démarche commune pourrait alors être le relais Web de cette entreprise.
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Plus nous serons nombreux et plus nous serons entendus.
NOUS DEVONS REUSSIR pour donner une image respectable et forte de notre communauté à nos détracteurs, au pouvoir politique, et demain à nos enfants et petits-enfants.

La rédaction

Fred ARTZ.

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NOS ANCETRES
LES RAPATRIES DE TABARCA
Envoyé par J. B. Lemaire

1- PRESENTATION :

               Tabarka, Tabarca, Tabarqa ou même pourquoi pas Tabarque comme l'a écrit le Capitaine de frégate Cavelier de Cuverville dans son étude " La pêche du corail sur les cotes de l'Algérie " publié vers 1880 chez Berger-Levrault à Nancy. Peu importe la transcription puisqu'il s'agit d'un nom de lointaine origine sémitique déjà retranscrit, à notre connaissance, du Phénicien/Carthaginois en Latin, Grec puis en Arabe, toujours avec les approximations que cela implique, avant de l'être en " Lingua franca "(sabir vernaculaire en Méditerranée occidentale du Moyen-Âge au XIXème siècle), en Italien et en Français. De plus les noms propres n'ayant pas d'orthographe comme chacun sait, laissons donc aux linguistes le loisir d'argumenter sur une hypothétique "correction" et concentrons-nous sur notre propos, la généalogie.
               Les lecteurs auront compris qu'il s'agit de la petite île, plutôt îlot, qui avait déjà été évoquée dans un article intitulé " Les Tabarkini de San Pietro " paru dans GAMT n° 37-1992/1 sous la plume de Louis et Christiane Nozières (née MORETTO). Ils ont retraçé les grandes lignes de l'histoire mouvementée de ces Génois de Pegli installés devant la côte de l'actuelle Tunisie au service des Lomellini, concessionnaires de l'exploitation du corail. La souveraineté génoise se maintint sur Tabarka de 1540 à 1741 date de la mainmise du Bey de Tunis. Ce dernier, ayant eu vent que les Français s'y intéressaient, voulut en tirer profit en la plaçant sous sa tutelle pour le compte de l'empire Ottoman.
               Sur le plan de la population, eu égard au fait que les premiers arrivants étaient près d'un millier, que le travail de la collecte du corail devait être épuisant, que les conditions sanitaires ne permettaient certainement pas d'assurer la survie d'un grand nombre de nouveaux nés, ni d'anciens, sans parler de l'alimentation (principalement importée) et de l'eau (fournie par la pluie et les apports extérieurs) qui devait croupir longtemps avant d'être consommée, nous avons toutes bonnes raisons d'imaginer que la population a dû être renouvelée, au moins partiellement et que de ce fait les 2000 personnes qui peuplaient l'îlot en 1738, date du premier "rapatriement" ne devaient pas toutes être, loin s'en faut, les descendants du premier contingent débarqué au milieu du XVIème siècle.
               Si nous nous référons au peuplement de l'Algérie par nos ancêtres 300 ans plus tard, en principe dans de meilleures conditions et que nous nous rappelons les hécatombes caractérisées (épidémies de choléra, paludisme, dysenterie et autres endémies) qu'ont connues les premières générations, il nous est aisé de concevoir ce qu'il avait dû en être à une époque beaucoup plus ancienne.
               Le comptoir étant en relation permanente avec la Mère Patrie, il servait de base avancée pour le commerce de marchandises de toutes sortes et disposait de silos à céréales. Hormis les résidents génois, sa population était peu nombreuse, généralement de passage et très variée. On y rencontrait des représentants de maisons de négoce, des agents diplomatiques de puissances européennes, des négociateurs accrédités par les organismes de rachat des esclaves chrétiens; ils s'y reposaient entre deux missions pour préparer les rapports destinés à leurs commanditaires, profitant des rotations navales permanentes avec Gênes et quelques autres ports d'Italie pour envoyer et recevoir leur courrier. Il fallait alors une dizaine de jours pour rallier la cote ligure. L'île accueillait aussi les esclaves libérés en attendant leur rapatriement.

2- REFUGIES DE TABARKA :

               Comme l'ont écrit mes prédécesseurs, une partie des résidents quitta Tabarka en Avril 1738, pour aller s'établir sur la petite île de San Pietro, alors déserte, au sud-ouest de la Sardaigne; ils y fondèrent la bourgade de Carloforte ainsi qu'un certain nombre de hameaux ou lieux-dits pour ceux d'entre eux qui, se destinant à une activité agricole et pastorale, avaient demandé et obtenu un terrain. Le tout formant une seule commune, une seule paroisse où tous les enfants étaient baptisés, tous les mariages contractés et tous les décès enregistrés.
               Nous avons vu que le comptoir de Barbarie était passé sous contrôle turc depuis 1741. A la suite de cette annexion, un grand nombre de femmes et d'enfants furent réduits en esclavage par Tunis. Ils seront rachetés par le Roi de Sardaigne et en 1770, ils seront accueillis à quelques milles au sud de San Pietro, dans la péninsule de Sant'Antioco où ils créeront eux aussi une nouvelle agglomération sous le nom de Calasetta.
               La nouvelle possession de Tunis suscitant leur convoitise, des pirates Algérois s'emparèrent de Tabarka par la force et firent des habitants restants, leurs esclaves. Ceux-ci seront rachetés par le Roi d'Espagne mais c'est seulement au bout de quelques années qu'ils seront installés à Nueva Tabarca ainsi que sera désormais appelée cette île minuscule rattachée à la commune d'Alicante.
               Tabarka de Kroumirie était désormais pratiquement vidée de ses habitants, elle sera définitivement désertée vers 1783 et l'est encore aujourd'hui.
               Voici la première partie du destin de sa population terminée. A la fin du XVIIIème siècle, ils sont donc répartis entre l'archipel sulcitain (San Pietro et Sant'Antioco) et l'Espagne (Nueva Tabarca). De cette dernière branche, nous n'avons pas de nouvelles mais des deux premières nous savons qu'ils ont fourni quelques contingents au peuplement de l'Algérie française.

               Ainsi, certains descendants de ces rapatriés de la première heure sont retournés en Afrique, à proximité des "Turcs", comme ils les ont toujours appelés. D'autres y étaient déjà revenus travailler, soit avec les Français dans le corail soit dans la pêche au thon à La Goulette. En effet au tout début du XIXème siècle on y comptait des thonières tenues par des Carlofortins alors même que d'autres de leurs compatriotes étaient détenus en esclavage. "Les affaires sont les affaires".
               En ce qui concerne les concessions de corail, c'était la concurrence entre les Corses de Marseille et les Napolitains, on a même vu une compagnie anglaise s'y risquer sans succès mais la main d'œuvre était invariablement du sud de l'Italie et Tabarquine de Carloforte ou de Calasetta.
               Il est à noter que si les habitants de Nueva Tabarca se sont progressivement assimilés en Espagne, leurs noms étant généralement transcrits à la Castillane dès le début et la langue ayant pris la suite, ceux de San Pietro et de Calasetta ont gardé leur particularité Ligure, essentiellement au point de vue de leur parler qui est resté très fidèle à leur dialecte génois d'origine. A tel point qu'ils ne peuvent et ne doivent en aucun cas être confondus avec leurs voisins Sardes. Ils disent eux-mêmes: "Aua parlemmu tabarchin" et ce dialecte est encore pratiqué de nos jours. C'est pourquoi M. Crespo (in Les Italiens en Algérie pp212-235) commet une erreur qui nécessite correction lorsqu'il décrit une certaine "micro communauté sarde à Philippeville et dans le Constantinois" alors qu'il s'agit essentiellement de Tabarquins, comme nous le verrons au moment de la présentation des listes de noms de famille. Il convient toutefois de noter que tous les émigrants de Sant'Antioco ne sont pas Tabarquins seule la majorité des originaires de Calasetta le sont. En ce qui concerne San Pietro nous n'oublions pas qu'il y a eu un appoint de populations diverses, à majorité ligure de Pegli aux portes de Gênes, venus en deux vagues: la première en 1738 et la seconde étalée entre 1739 et 1866. Ces nouveaux arrivants se sont tous fondus dans le creuset de la culture locale, ce qui a du être on ne peut plus facile à ceux de Pegli ; les autres étant largement minoritaires et les mariages aidant ils formèrent rapidement un groupe homogène.
               Peuvent effectivement se prévaloir d'une origine tabarquine ceux dont l'un des ancêtres figure sur une des listes de "rapatriés". M. Crespo a du être mal renseigné par ses informateurs mais il est excusable tant il est vrai que j'ignorais moi-même, jusqu'à une date récente, ce détail de mes origines.
               Pour l'anecdote nous mentionnerons que sur le plan culinaire, ils sont restés attachés à une sorte de plat à base de couscous mais dont l'accompagnement est uniquement constitué par des légumes sans sauce. Ils l'appellent "Cashca'" et le préparent dans une "cuscussiera" en terre cuite qui figure en bonne place dans toutes les cuisines de San Pietro et de Calasetta. C'est d'ailleurs un Chef de Carloforte qui a remporté le premier prix au concours international de couscous 2002 face à des concurrent maghrébins, entre autres. Dans les traités de cuisine tabarquine de l'île de San Pietro, il est généralement fait état que leur plats représentent une synthèse entre les fonds culinaires ligures et les saveurs nord-africaines. Pour ma part le cashca' est la seule que j'ai pu trouver. Cependant en matière de préparation d'origine génoise traditionnelle nous pouvons mentionner une bouillie de pois chiches qui n'est pas sans rappeler la calentita et la socca niçoise.

3- L'ALGERIE :

               Après cette présentation globale de l'environnement venons en au peuplement de l'Algérie.
               Toutefois avant de suivre nos Tabarquins, il convient de nous rafraîchir la mémoire afin de mieux nous y retrouver dans le dédale inextricable des peuples à l'origine des "Pieds-noirs". Dédale est bien le terme car il en est venu de toutes parts comme dans les autres pays neufs fondés au cours du XIXème siècle par la grande migration des Européens.
               Ce n'est un secret pour aucun d'entre nous que parmi les Français d'Afrique du Nord et d'Algérie en particulier, les origines sont diverses et variées. Cependant les sentiments sont souvent confus voire inexacts quant à la provenance des "Algériens" de la première heure. Nous en voulons pour preuve ce qui a été démontré plus haut au sujet des Tabarquins.
               En fait il y eut beaucoup plus d'Allemands que l'on pouvait se l'imaginer: Bavarois, Grand-duché de Bade et même Prussiens (en fait des Sarrois et des Palatins de Rhénanie annexée par la Prusse en 1815) . Mais si le Grand-duché de Bade correspond à ses limites traditionnelles, il n'en est de même ni de la Bavière qui s'étendait jusqu'au Rhin donc bien au-delà de ses limites actuelles, ni de la Prusse qui elle aussi avait annexé de nombreuses principautés proches des frontières de France. Il faut donc se méfier en lisant la mention " Prussien " ou " Bavarois " sur les registres d'état-civil des anciens départements d'Algérie, la localité mentionnée a de grandes chances de se trouver dans l'ouest de l'Allemagne, en Sarre, Palatinat ou Bade-Wurtemberg par exemple. De plus volontairement ou non de nombreux Allemands se sont eux-mêmes déclarés "Alsaciens" pour diverses raisons sur lesquelles nous ne nous étendrons pas ici.
               Il y eut aussi des Suisses (Romands, quelques Alémaniques et Italophones), des Alsaciens et des Lorrains de Sarre française (Moselle de l'est) bien avant 1870; des Parisiens, quelques Bretons, des gens du Sud-ouest en assez bon nombre, des Languedociens et Provençaux en gros contingents, quelques Niçois (avant et après le rattachement de ce Comté à la France en 1860) et bien sur, d'autres de toutes les régions de France sans oublier la Corse.
               Concernant le sud de l'Europe, il y eut naturellement les "Mahonnais" qui sont en fait d'origine catalane car les Baléares, saignées par les exactions des pirates, avaient été repeuplées de Catalans aux siècles précédents. Ils ont suivi de près, lorsqu'ils ne les avaient pas précédés, les hommes du Maréchal de Bourmont en 1830.
               Les Espagnols quant à eux, Africains de longue tradition, ils allaient et venaient entre l'Europe et la Barbarie au gré de leurs conquêtes et retraites. Depuis la prise de Marzalquivir (Mers el-kébir) en 1505 puis d'Oran sous Charles Quint en 1509 et l'occupation des îlots d'Alger. Malgré l'évacuation finale de 1792, beaucoup demeurèrent à Oran et dans ses environs, sans oublier Ceuta et Melilla où ils sont toujours. Aventureux et aventuriers, ils étaient notamment issus de l'Estrémadure et de la région d'Alicante où certains sont même retournés en 1962-63 et y ont établi une forte présence française et francophone.

4- TABARQUINS A PHILIPPEVILLE :

               Me consacrant à Philippeville, je me contenterais maintenant de limiter mon propos à ce qui me concerne directement, laissant aux Algérois et aux Oranais le soin de traiter les autres aspects de la question. Que personne ne se vexe si sa région de prédilection n'a pas été nommée, cette énumération n'avait pas la prétention d'être complète; elle consistait simplement à donner une petite idée de la complexité de nos racines.
               Dans notre région de l'Est algérien et jusqu'en Tunisie, les immigrations italienne et maltaise ont été les plus marquantes.
               A ceux d'entre nous qui s'intéressent à la généalogie et qui ont pu faire des recherches approfondies dans les archives ou sur place, ce qui va suivre n'apportera peut-être rien de nouveau mais parmi les autres qui n'y attachent qu'une importance relative et qui sans être vraiment actifs n'en sont pas moins attentifs aux trouvailles de leurs prochain, j'ai trop souvent constaté des erreurs dans l'analyse de leurs racines, dans ce qu'ils s'imaginaient être la provenance de leurs ancêtres.
               S'il est exact que la région de Naples et l'île d'Ischia ont fourni un important apport de population à Philippeville entre autres, ce ne sont pas les seuls sources de nos origines. Combien de fois devant le nom italien de mon grand-père maternel, ne m'a-t-on demandé: mais d'où il est (d'où viennent ses parents ou ses grands parents), de Naples ou d'Ischia? Non, ce patronyme vient de Toscane, de Porcari près de Lucques (on en trouve aussi à Capanori). Il est bon de rappeler qu'en 1851, à la naissance du seul émigrant connu, Lucques n'était ni Toscane, ni Italienne, c'était un Duché indépendant.
               Pourquoi cette fixation sur Ischia?
               Je me suis interrogé à ce sujet et après en avoir discuté avec quelques autres personnes, il semblerait que cela vienne du caractère frappant du nom lui-même et de la façon dont nous le prononcions en "Filivilois": "Ichque", ce nom était vraiment devenu "mythique", avec des expressions telles que: "à Ichque" pour désigner quelque lieu perdu dans le lointain.
               En réalité, des Italiens il en est venu de presque toutes les régions de la botte, avant même que l'Italie ne fut unifiée à partir de 1861: Royaume de Piémont-Sardaigne (Quelquefois dénommé "Etats sardes"), République de Gênes, Duchés de Lucques, de Parme, Lombardie autrichienne, Royaume de Naples et des Deux-Siciles…
               La mémoire humaine est courte, en moins d'une génération on a trop souvent tout oublié; volontairement ou non et le jour où quelqu'un se pose des questions, il se retrouve dans le brouillard, manquant de références et de pistes. Certes, aujourd'hui tout ceci fait partie du superflu et n'a que peu d'importance puisque nous sommes tous Français.
               C'est ainsi que j'avais toujours entendu dire " elle était Alsacienne " au sujet de la première épouse de l'un de mes arrières grands-pères alors que j'ai découvert qu'elle était née en Bavière (avec les réserves énoncées précédemment). L'un de ses descendants directs interrogé ne connaissait même pas son existence !
               En ce qui concerne nos ancêtres de San Pietro/ Tabarca , j'ai interrogé un cousin éloigné qui ne savait pas mais pensait qu'ils pouvaient être… d'Ischia !!! Il a toutefois une excuse, sa grand'mère était effectivement de cette ascendance, c'est son époux qui lui, était d'origine tabarquine.
               Certains croient leurs ancêtres Alsaciens, alors qu'ils venaient en réalité de l'autre coté du Rhin, arrivés vers 1850 et avaient survécu au choléra et à la malaria qui décimaient bon nombre de nouveaux installés. D'autres se disent d'Ischia alors que leurs racines sont en Calabre, dans les Pouilles ou plus au nord.
               Compulsant les registres d'état-civil de Philippeville, j'ai pu constater, ça et là, la mention "Italien" ou "Italien d'Ischia" alors que le sujet était "Maltais" ou "Anglo-Maltais" et vice versa ou autre mention erronée portée par un employé de mairie laxiste ou mal informé face à un déclarant s'exprimant mal en Français, peu au fait de ces subtilités et/ou n'osant pas reprendre un bureaucrate impressionnant d'importance. Il y a toutefois eu des corrections, faites sur le champ ou demandées en justice à posteriori sur l'orthographe des noms et prénoms, plus rarement sur la nationalité.

               C'est en "surfant" sur Internet, en consultant un des nombreux sites sur Carloforte et l'île de San Pietro, que j'ai découvert la surprenante histoire de cette petite communauté tabarquine dont sont issus les arrières grands parents maternels de mon grand-père maternel. Ils ont débarqué, âgés d'une petite trentaine d'années et ont fait souche à Philippeville alors que certains de leurs proches ont laissé des traces à Valée.
               Comme partout en Europe, la surpopulation poussa les plus aventureux à l'émigration vers l'Amérique latine et …l'Afrique du Nord principalement dans la même région que leurs aïeux, entre Tunis et Collo.
               Philippeville, de création récente et en pleine expansion à cette époque allait devenir, pour un temps, le port principal à l'est d'Alger. De nombreux immigrants y débarquèrent, le travail ne manquant pas, ils y prirent racine. On les retrouve journaliers, terrassiers, maçons, paveurs, plâtriers, charpentiers de marine, pêcheurs et autres métiers. Ils habitaient rue du Sphinx qui deviendra rue Antoine Bruno en 1918 (la plus longue de Philippeville, du Montplaisant à l'avenue de la République! ), rue Valée, rue Buffon, rue Scipion ou rue du Ravin et rue des Aurès, sur les hauts, vers les remparts de cette cité en construction. D'autres sont agriculteurs, fermiers, vignerons, viticulteurs ou horticulteurs dans les villages environnants, Mareuil, Valée, Danrémont, Saint-Antoine, Robertville, Gastonville ou plus loin Jemmapes, Auribeau, La Robertsau et même sur la route de la Grande-Plage après Stora.
               Mais, n'en déplaise aux détracteurs de l'œuvre et de la présence française en Algérie, je n'en ai rencontré aucun qui " faisait suer le burnous ", c'est plutôt eux, les malheureux que l'on faisait trimer pour juste de quoi survivre… Ils ne s'en plaignaient que peu, étant des gens soumis et respectueux de l'autorité, ils obéissaient et exécutaient sans discuter bien heureux d'avoir leur " panade " quotidienne en priant le ciel d'avoir de quoi payer le loyer et les vêtements des enfants pour la communion sans quoi certain curé au comportement discutable pouvait leur refuser de la faire (c'est arrivé à mon grand père maternel qui en a gardé, à vie, une méfiance viscérale vis à vis de la " bonté " des gens d'église. Heureusement qu'un oncle par alliance de sa veuve de mère, plus favorisé par le sort lui offrit le fameux costume pour la communion).
               Beaucoup allaient misérablement vêtus mais en général soigneux de leurs effets et l'un des mots que j'entendais dans ma prime enfance était : " il vaut mieux une vilaine pièce qu'un beau trou ".
               Alors, où sont les " gros colons ", " Latifundiaires " dont on a fait la caricature du Pied-Noir ? Une poignée tout au plus et en général même pas résidants en Afrique mais pas la grande majorité du peuple Pied-noir ! Car ceux que l'on appelait " les colons " n'étaient que de petits agriculteurs trimant sur une terre pauvre et ingrate, plus ingrate qu'en Sicile ou en Espagne pour ne citer que ces deux parmi leurs pays d'origine.
               Dans sa thèse, M. Crespo déclare que la rue du Sphinx semble être la rue de prédilection des Italiens et de ceux qu'il qualifie de "Sardes", c'est-à-dire les Tabarquins. Sans pouvoir dire que c'est inexact, il faut y apporter les ajustements qui s'imposent. Il est exact que ce nom revient souvent, mais si on étudie les autres origines on le rencontrera aussi souvent; de plus n'oublions pas que c'est la rue la plus longue de Philippeville et qu'il n'y avait pas beaucoup de rues à cette époque, c'était une ville nouvelle qui s'étendait progressivement. De plus c'est sur la rive gauche de la rue principale (rue Royale, Impériale, Nationale puis G.Clémenceau), tracée dans le lit du Saf Saf asséché et détourné vers l'embouchure que nous lui connaissons sur la route de Jeanne-d'Arc derrière le Skikda, que les premières maisons et immeubles d'habitation ont été construits. La rive droite, en ce temps là, étant plutôt occupée par des édifices publics civils et militaires, Eglise, Mairie, hôpital, Caserne de France, Caserne d'Artillerie à cheval (plus tard nommée Mangin), parc à fourrage, cimetière, poudrière, arsenal etc…, elle est aussi devenue secteur d'habitation mais plus tard. Donc il y avait tout au plus une dizaine de rues dans ce gros village entre 1845 et 1890 et par voie de conséquences plus de chance de retrouver les mêmes noms de rues qui reviennent. De plus il ne faut pas oublier que l'endogamie n'était pas la norme, loin s'en faut. On pouvait critiquer ou se moquer de tel ou tel et ça s'est fait jusqu'à l'indépendance mais on se mariait sans en tenir compte, c'était déjà le "melting pot". On ne peut pas en déduire qu'il y avait des regroupements par origine bien qu'il y ait des présomptions que les plus pauvres habitent les plus vieilles maisons.
               Une autre erreur de cet auteur est illustrée par la remarque suivante tirée de son ouvrage page 85: "A Philippeville, trois fabricants de pâtes alimentaires sur quatre sont Italiens: ce sont les sieurs, Azzopardi, Mizzi, Casseri. Il en est de même pour les négociants en grains: Marchica, Camilleri, Grima".
               Voilà qui fera bien rire les Philppevillois, ce sont tous des noms MALTAIS. Errare humanum est, espérons une rectification…

               Dès l'ouverture de Constantine à l'implantation européenne, certaines familles se dirigèrent vers cette ville puis essaimèrent dans tout le constantinois où d'ailleurs une forte proportion de la population est issue d'une première génération de Philippeville. Et l'on peut qualifier cette dernière de " berceau des Constantinois ".
               Paradoxalement, ce port n'évoluera pas suffisamment.

                               Sa population atteignit tout juste les 60 à 70.000 habitants en 1962.

                               En 1861, selon les autorités consulaires italiennes, il y aurait eu 10.942 Italiens en Algérie: 4907 dans la province d'Alger avec 3976 à Alger même, 2108 dans la province d'Oran avec 1.436 à Oran même et 3.927 dans la province de Constantine dont 1.003 à Bône et 1.311 à Philippeville. En fait ces chiffres ont été corrigés et l'on arriva à plus de 3.000 pour la seule ville de Bône.
                               En 1864, le consulat dénombre 12.000 Italiens dont 4.000 dans l'Algérois, 2.000 dans l'Oranais et 6.000 dans le Constantinois.

               En 1866, le recensement fait par l'administration française en relève 16.665 en ne comptant que les personnes établies de façon permanente. Selon le consulat italien on arriverait à plus de 32.000 en ajoutant les itinérants. En effet ajoute le consulat, "presque tous les ouvriers employés aux travaux des mines et des ports, à la construction des voies ferrées et des voies ordinaires, des canaux et des réservoirs, sont Italiens.
               Ces chiffres de 1861, 1864 et 1866 sont tirés du " boll. Consolare de Déc 1870 pp429-30 "
               En 1868, il y aurait à Bône, toujours selon la même source 1871 p457, 2.926 Italiens sur les 17.501 habitants de Bône soit un tiers de la population totale de la ville. En 1870 ils seraient passés à 4.000 âmes (Tous ces chiffres sont cités dans G.Loth, le peuplement Italien en Tunisie et en Algérie, Paris, Armand Colin 1905).
               Même si on a du mal à s'y retrouver, nous avons ici la confirmation du rôle de premier plan joué par la main d'œuvre italienne dans la construction des infrastructures de l'Algérie. Alors où sont les indigènes ? Qu'ont-ils fait pour la construction de "leur" pays ? Vraisemblablement pas grand chose. A qui le mérite revient-il ?
               Ils continuaient leur vie musulmane dans leurs "douars", se tenant bien à l'écart des "Roumis, impurs et méprisables" pendant que ceux-ci trimaient pour leur préparer le pays qu'ils allaient recevoir sur un plateau d'argent en 1962. Ils refusaient, certes sous l'influence de leurs chefs et leur foi le leur imposait-il, l'école et le contact des Français, jusqu'à une période récente, vers 1900, où ils se sont mis à "descendre" en ville s'étant rendu compte de l'avantage matériel qu'il pouvait y avoir à travailler avec les Français. Mais l'essentiel de l'œuvre était accompli et l'Algérie avait, entre autres, le réseau ferré le plus important d'Afrique y compris à l'époque de l'Afrique du sud.
               Donc nos ancêtres venus en Algérie n'ont pas "fait suer le burnous" mais ont sué eux-même et tout le mérite leur revient sous l'égide du génie français qui a conçu les projets auxquels ils ont prêté leurs bras et leur savoir faire habile.
               Nous en voulons pour preuves ces quelques lignes que Gaston Loth avait écrites avant 1905 :
               Page 125 de son livre déjà cité: "Un deuxième point…en 1898-99, n'arrivèrent d'Italie que 75 émigrants après en avoir, en 1877-78, envoyé 335; en 1884-85, 668; en 1890-91, 168 seulement. L'ère des grands travaux étant close, les grandes lignes construites, ceci s'explique".
               Et page 135: "Les Italiens constituaient, dès 1863, la partie la plus considérable des classes ouvrières de la province de Constantine".

                               Revenons au cœur de notre sujet :
               En activité, Philippeville se maintint quand même à la 3ème place des ports de pêche (1er pour la sardine et l'anchois) et obtint tout juste une place intérimaire de port pétrolier, alors que Bône dépassa allègrement les 120.000 habitants et conforta sa place de 1er port de l'Est algérien au cours du XXème siècle malgré des liaisons moins favorables avec l'arrière pays. Pourquoi?...à approfondir.

5 - BORGHERO et DANOVARO :

               C'est le 12 Septembre 1841 que fut célébré en l'église San Carlo de Carloforte l'union de Donato, fils de Agostino BORGHERO et de Catterina son épouse, d'une part et de Rosalia, fille de Bartolomeo MORETTO (ou Amoretto ?) et de Rosa son épouse, d'autre part.
               Certainement embarqués à Cagliari ou à Castel Sardo sur une goélette ou une tartane vers 1851, Donato BORGHERO, son épouse Rosalia MORETTO (enregistrée sous ce nom à Philippeville) et leurs enfants ont débarqué au mouillage de Stora car le port de Philippeville n'existait pas encore.
               Je tiens cette information de mon grand-père qui m'avait expliqué comment sa grand'mère Catherine, Maria, Regina BORGHERO était arrivée à l'age de 9 ans en mentionnant qu'elle se rappelait avoir été portée du bateau dans la baleinière puis avoir marché dans l'eau jusqu'à la taille pour arriver à terre; comme elle est née le 1er Janvier 1842 à Carloforte, j'ai fait le calcul.
                              1°)Le 26 Avril 1862 à Philippeville, à 18h15, à 20 ans elle épousa Giuseppe, Salvatore DANOVARO, 30 ans, exerçant la profession de journalier, né le 17 Décembre 1832 à Carloforte de feu Bartolomeo et de feue Caterina LEONE (Unis le 3 Mars 1822 à Carloforte étant respectivement fils de feu Bernardo et Maria et fille de Luigi et feue Maddalena). Giuseppe, Salvator aussi bien que Catherine, ont déclaré ne pas savoir signer. Les témoins étaient : Severac Jean Pierre, employé de 46 ans, Bourdis Charles gendarme de 30 ans, Canapo Salvator journalier de 42 ans et GROSSO Grégoire maçon de 24 ans (certainement aussi Tabarquin de Carloforte, cf liste des noms). Vous voyez qu'ils n'ont pas que des compatriotes comme témoins !
                              Parmi leurs enfants identifiés nous notons :
               a- Mathilde née le 29 Mars 1863 à Philippeville rue Valée n°54, mariée à 16 ans 1/2, le 20 décembre 1879 avec Giovanni, Raffaele, Alessandro dit Jean DELLA MAGGIORA , menuisier né le 12 octobre 1851 à Lucques qui décédera le 18 Mai 1886, rue du Sphinx n°35.
               Parmi leurs témoins on retrouve GROSSO Grégoire âgé de 41 ans qui avait déjà été témoin au mariage des parents de Mathilde, Keller Jean, marchand de meubles, Emeric Augustin, officier en retraite de 69 ans et Pio Sébastien, cordonnier de 56 ans.
               Les époux ont signé.
               Ils eurent 4 enfants dont 3 arrivèrent à l'âge adulte:
               · Bernard, Auguste, Salvator DELLA MAGGIORA, 18 Septembre 1880, rue des Aurès maison Caille. Il sera grièvement blessé au Champ d'Honneur le 7 Avril 1917 dans la zone de Nieuport au cours d'un coup de main pour lequel il s'était porté volontaire avec d'autres et décèdera le lendemain, jour de Pâques, à l'ambulance "Océan" de La Panne (Belgique), récompensé par une élogieuse citation posthume à " l'ordre de la division ". Une lettre reçue de l'aumônier mentionnait qu'il avait voulu remplacer un père de famille, lui-même étant célibataire, sans enfants. Il figure sur le monument de Philippeville, maintenant à Toulouse au cimetière "de Salonique".
               · Augustine DELLA MAGGIORA, 17 Août 1882, rue du Sphinx n°35. Deviendra Mme GAUDINO Giro (Jérôme) en 1903, aura 3 enfants (Rose, Mathilde, Francis) et décèdera en 1939.
               · Salvator DELLA MAGGIORA, 25 Juin 1884 à la même adresse. Epousera en 1921 Prudence, Félicité, Zoé FORMOSA dont il aura 2 enfants (Yvonne 1/8/1922 et Jean 9/5/1925) et décèdera le 11/11/1975 à Nice.

               b- Madeleine, Marie 29/10/1865- 30/5/1866, rue du Sphinx n°32.

               c- Joseph, Pierre le 13 Octobre 1869, rue du sphinx n°35. Il exercera la profession de maçon et dans la mémoire familiale il est célèbre puisqu'il aurait exécuté les moulures en staff et en stuc de la décoration du théâtre de Philippeville (vérifié et attesté auprès de différentes sources familiales). Rappelons que c'est un DANOVARO, Maître Agostino qui avait été le Maître d'œuvre (capomastro costruttore) lors de l'édification de l'Eglise de Carloforte où il subsiste deux ou trois descendants du même nom. En 1790-91 il en est devenu Maire (Sindaco), alors que son père Maître Antonio, unique porteur de ce nom figurant sur la liste des rapatriés et sur celle des trente mariages de Tabarka avant le départ de 1738, avait déjà en 1740 exercé des fonctions officielles locales. Un autre de ses fils, Maître Ambroggio fut également Maire de Carloforte en 1793 (attesté par un document du 2/9/1793, alors que la République Française avait annexé San Pietro, renommée " île de la Liberté ". Joseph a une nombreuse descendance en France par ses enfants, Reine, Jeanne et Antoine.

               d- Donat, Augustin né le 26/4/1879 rue des Aurès, maison Caille. Son père Joseph, Salvator est terrassier et les témoins sont Baude François maçon de 32 ans que nous retrouverons ci après et Borghero François cultivateur de 28 ans. Meurt le 20/8/1885.

                              2°) Le 29 Août 1863 à Philippeville, Agathe BORGHERO, née à Carloforte le 4/1/1845 et baptisée Maria Agate (sous les parrainages de Andrea et Agata Tassara), épouse Jean Alphonse GOUMAZ. Ils auront un fils, Marius Antoine qui épousera Marie Anne Portelli le 24 Décembre 1889 et une fille Rosalie Hyacinthe qui épousera Victor Joseph BOREL le 21/12/1893 dans la même ville.

                              3°) Une autre fille de Donato BORGHERO, Marie Anne, Philippine, née à Carloforte le 28/7/1847 épousa le 21/12/1869, François Joseph BAUDE, maçon né à Oran le 23/12/1846. Dans cet acte Donato Borghero serait cultivateur. La future et ses parents n'ont pas signé.
               Ils eurent au moins 5 enfants: Fortuné le 21/11/1870, Eugénie le 01/10/1872, Baptistin le 25/4/1878 se mariera à Sétif le 16/4/1904 avec Zoé Bonnot, Marie Victorine le 9/11/1880 et Marius le 16/5/1884 (+en Juin 1887).
               Elle décèdera le 9/5/1888, rue des Poudrières, maison Baude, fille de feu Donato Borghero.
               François BAUDE se remariera en 1889, sera à nouveau veuf et plus tard il rejoindra sa fille mariée à un Sicilien, à New York où il a été enregistré à Ellis Island le 21/12/1919. Il y finira sa vie, mais sera enterré à Philippeville dans son caveau où se trouvent également, si ma mémoire est bonne, outre les dépouilles de ses épouses et de ses enfants décédés, les corps des époux Borghero, des époux Danovaro et de Mathilde Danovaro. C'est lui qui avait payé le costume pour que mon grand père puisse faire sa communion (cité plus haut).

                              4°) Marie Louise, 3 ans, figure aux décès du 15/4/1862, rue du Sphinx, maison Musso. Salvator DANOVARO, le futur gendre de 30 ans est témoin.
                              Donato Borghero est décédé avant sa fille Marie Anne (+ 9/5/1888).
               Rosalia Moretto, son épouse demeurait à Valée au moment du décès de sa fille.
               Joseph Salvator DANOVARO, journalier de 58 ans, décède le 11 Février 1891, rue Clauzel, maison Calendini.
               Quant à Catarina, son épouse née BORGHERO, elle était toujours en vie pendant la première guerre mondiale. Comme elle est souvent dénommée Borghese sur les registres de l'état-civil, il faut entreprendre des recherches de confirmation. Toutefois, le nom de Borghese n'étant jamais apparu dans l'histoire des Tabarquins et toute sa fratrie s'appelant Borghero, je pencherais pour une erreur de transcription, ce qui reste à établir. C'est établi le 17 juillet 2003 par la consultation du registre des baptêmes de Carloforte où elle est inscrite sous le nom de Borghero. C'était donc bien une mauvaise transcription de l'officier d'état civil de Philippeville.

6- HOMONYMES NON IDENTIFIES :

BORGHERO :
               BORGHERO Augustin se marie le 7/1/1888 avec Deydier Adrienne.
               J'ai également trouvé le décès de Donat Alfred fils de BORGHERO Augustin, viticulteur âgé de 27 ans le 13/6/1893. Les prénoms Donat et Augustin sont utilisés dans la famille que nous étudions mais nous n'avons pas assez d'éléments pour trancher.

DANOVARO :
               Marie Charlotte née le 2/11/1817 à Carloforte, fille de Joseph (décédé en Mars 1847) et de Rosa (Rombi ?) (décédée en Novembre 1829) a épousé le 13/6/1855 à Philippeville, Adolphe PIEL, voilier, dont elle avait eu une fille Angélique née le 25/11/1849 à Philippeville, alors qu'il était sapeur. Les témoins étaient Filippi Jean Baptiste, patron marin de 76 ans, Rosso Baptiste, menuisier de 36 ans, Rias Philippe forgeron de 27 ans et Padovanni Antoine Paul, agent de police de 36 ans. Elle n'a pas signé.
               Il est fort probable qu'elle soit parente de Joseph Salvator, les DANOVARO de Carloforte descendant tous d'Antonio " rapatrié " de Tabarka (cf. supra et liste des mariages et des rapatriés de 1738 en annexe), fils d'Ambroggio et originaire de Rivarolo in Ponsevia au nord-est de Gênes, aujourd'hui quartier (circonscription) de cette métropole.

7- ORIGINE et DIFFUSION DES NOMS :

BORGHERO : Assez rare, semble avoir deux foyers, l'un à Padoue et l'autre à Carloforte.
          Selon l'annuaire téléphonique, il y en aurait 157 en Italie, 25 en France, 24 aux Etats-Unis (NY/NJ), 3 en Argentine et 2 en Espagne. >DANOVARO :
Très rare, exclusivement génois, il se rencontre dans l'île de San Pietro du fait de Tabarca.
          Au XIXème siècle une famille d'armateurs portait ce nom à Gênes, ils avaient baptisés de nombreux navires des noms de membres de leur famille.
          Dans le dictionnaire italien des familles nobles éteintes, on mentionne en 1868, des Comtes DANOVARO.
          Aujourd'hui il est porté par 187 abonnés en Italie (Génois, Carlofortins), 19 en France, 10 aux Etats-Unis (Cal., NY/NJ) et 2 en Argentine.

8- ANNEXES : Seule l'annexe B est disponible sur le site de J.P. Bartolini " Bône la coquette " sous le titre " Ceux de Tabarka " :
               A- Liste des 30 mariages de 1738 à Tabarka.
               B- Liste des 100 familles installées à Carloforte le 17 Avril 1738.
               C- Liste des immigrants non Tabarquins en 1738.
               D- Liste des immigrants à Carloforte entre 1739 et 1866.
               E- Liste des immigrants à Calasetta en 1770.
               F- Liste des rachetés de Nueva Tabarca.
               G- Liste de familles des 630 esclaves rachetés en 1803.
               H- Liste des natifs de Carloforte et de Calasetta naturalisés Français.
               I- Liste de quelques mariages de Carlofortins à Philippeville de 1862 à 1894.

*****
Sources bibliographiques :

               -Giuseppe Vallebona, "Storia di una colonizzazione", Edizioni Della Torre, Cagliari, 1962, 1974, 1988.
               -Giorgio Ferraro, "Da Tabarka a San Pietro", Grafica del Parteolla,1998.
               -Maria Cabras et Pietrina Rivano Poma, "Calasetta", Storia e folklore letterario.
               -Alejandro Ramos Folqués, " La isla de Tabarka ".
               -Gérard Crespo, "Les Italiens en Algérie 1830-1960" Septentrion 1998.
               -Cavelier de Cuverville, "La pêche du corail sur les cotes de l'Algérie" Nancy 1880
               -Ambassade d'Italie à Tunis, "Memorie italiane di Tunisia" Finzi, Tunis.
               -Pierpaolo Merlin, coordinateur, "Grande storia del Piemonte" 5vol., Bonechi, Florence.
               -Fernand Braudel, "Histoire de la méditerranée sous Philippe II", 2t., Armand Colin, 1985.
               -Revue GAMT n° 37- 1992/1.

Archives :

               -Registres d'état-civil de Philippeville (1838-1895) C.A.O.M. Aix-en-Provence.
               -Bulletins des lois 1830-1920.
               -Service Historique de L'armée de Terre à Vincennes.
               -Archivio di Stato, Cagliari.
               -Archivio Storico Diocesano, Iglesias Sardaigne.
               -Archives personnelles et mémoire familiale.

Sites internet :

               -Melegnano.net : sens et origine des noms de famille.
               -Chercher Carloforte, SanPietro, Calasetta et Tabarka/Tabarca avec un moteur de recherches.
               -Geneaita.org : généalogie italienne et bibliothèque.
               -Annuaires électroniques.

Articles complémentaires du même auteur :

               -"Cuisine insolite" Oct. 2002. Paru en Décembre 2002, Revue "Ensemble" 130, ave. de Palavas 34000 Montpellier et sur le présent site rubrique " cuisine " sous le titre "Calentita".
               -"I Tabarchini" Sept. 2002, Non publié
               -"La Madonna dello schiavo" (traduction d'un texte italien) Nov 2002 à paru en Octobre 2003 dans la revue "Etoiles du Sud" et sur le présent site dans le N° 24 de la Seybouse sous le titre "La Madonna dello schiavo" .
               -"Barbarie et méditerranée occidentale" Nov 2002, paru en Janvier 2004 dans la revue "Etoiles du Sud" et sur le présent site dans le N° 26 de la Seybouse sous le titre "Barbarie et méditerranée occidentale" ..

Jean-Bernard LEMAIRE                    
St Germain-en-Laye - le 12 Décembre 2004


COMMUNIQUE
Envoyé par J. B. Lemaire
CONFERENCES sur TABARKA

          INVITATION

          Si vous êtes dans la région et que ça vous intéresse, nous avons le plaisir de vous inviter à une double conférence sur « L'île de Tabarka du XVIe au XVIIIe siècle » et « Tabarque vue du côté français ».
          Les conférenciers sont:
          Pour la 1ère: M.le professeur Gourdin Philippe
          Pour la 2ème: Mme Grenié Paulette.

          Le Samedi 12 Février à 15H, Annexe de la Sorbonne,
          108, Boulevard Malherbes 75017 Paris (Métro Malherbes),
          Bâtiment B, 1er étage, Amphithéâtre 116.
Durée environ 3 heures.

          Si vous avez parmi vos relations des personnes qui sont intéressées... Invitez-les, elles seront les bienvenues.
          Salutations amicales

J.B. LEMAIRE       

EN HOMMAGE A L'ARMEE D'AFRIQUE....
...AFIN QUE NUL N'OUBLIE !
Distribué par M. A.S.A.F. VAR - Fernand WIRTZ
Ecrit par M. Gaëtan Dalaut


Au, pied des monts bleutés, en un site historique,
Il est une colline où flottent nos couleurs.
Endormis à jamais, abattus loin des leurs,
C'est là que sont tombés ceux de l'Armée d'Afrique....

Alignés sous la Croix ou la Stèle hébraïque,
Arborant le Croissant du soldat musulman,
De modestes tombeaux témoignent de ce sang
Que versèrent pour nous ceux d'Afrique....

Et sur ce tertre obscur, morne et mélancolique,
Ils ne sont pas tous là: les autres, par milliers,
Ont jalonné de gloire, en usant leurs souliers,
La route de l'Honneur chère à l'Armée d'Afrique....

Quand Ils ont débarqué, courageux, magnifiques,
Venus de Kabylie, d'Alger, venus d'Oran,
De Tunis ou, Rabat, de Dakar, d'Abidjan,
Ils étaient de chez nous, ceux de l'Armée d'Afrique !

Ils s'appelaient Grasset, Grupo, Àli ou Bou?Hâick
Ratazzi, Fernandez, Ginart ou bien Dardour.
Ayant pour idéal de planter sur Strasbourg
Leurs drapeaux glorieux, ceux de lArmée d'Afrique !

A leurs rangs s'ajoutait le peuple nostalgique,
Ayant perdu la France en fuyant l'étranger,
Qui, dans " Rhin et Danube " accourait s'engager
Fier de rejoindre aussi ceux de l'Armée d'Afrique....

Leurs grands chefs égalaient les héros de l'Antique,
C'étaient Juin et, Leclerc, de Lattre ou Monsabert,
C'étaient Giraud, Valin, Brosset, de Montalembert…
Qui menaient au combat ceux de l'Armée d'Afrique…

Ils, ont rétabli Rome en sa grandeur antique
On les a vus à Sienne, à Monte Cassino,
Dans la neige et le froid du Garigliano,
Dans Mulhouse et Colmar, ceux de l'Armée d'Afrique....

Après avoir vécu l'Aventure Homérique
Quand ils ont défilé sur les Champs Elysées
Les foules en délire étaient électrisées,
Et Paris acclamait ceux de l'Armée d'Afrique....

Mais tant d'autres sont morts en n'ayant pour Musique
Que la voix du canon et, la plainte du vent....
Passant, près de ces tombes arrête-toi souvent
Prie et recueille-toi; là dort l'Armée d'Afrique !



Bône et l’OAS

Documents Réunis
par José MERCIECCA

    

      Dans cette brochure de 310 pages, l’auteur a réuni dans une première partie des photos et des "documents-souvenir" de Bône. On y trouve ensuite plus de 200 tracts, en format orignal, émis par l’OAS-Bône (Est-Algérien) accompagnés parfois de coupures de la presse locale. L’ouvrage se termine par diverses autres pièces et notamment les annonces distribuées par la Délégation Générale d’Alger qui prouvent tous les mensonges sur les garanties de justice et de sécurité que prétendait apporter aux Pieds-Noirs le cessez-le-feu du 19 mars 1962.
Cet ouvrage constitue une collection exceptionnelle de documents authentiques.


En vente au profit de l’ADIMAD : 30 Euros franco de port.
ADIMAD 68 Traverse des Loubes-83400 Hyères-les-Palmiers.
Tél : 0494575291 - Fax 0494576865.

Le droit du sang
De M. Christian MIGLIACCIO

Association Nationale des Supplétifs de Souche Européenne A.N.S.S.E. - C.C.P. MARSEILLE 16 304 63 G
Christian MIGLIACCIO - Président National
Chevalier de la Légion d'Honneur (D.P.L.V.)

Le Droit du Sang !

     Honte à notre République !, Honte à nos Sénateurs !, Honte à nos Députés !.
     L’égalité du citoyen devant la loi existe-t’elle encore ?

     Ce vingt et unième siècle sera comme le précédent, entaché et salit de xénophobie et de racisme ethnique. La République Française légifère comme au bon vieux temps de la seconde guerre mondiale en promulguant à nouveau des textes de lois basés sur la xénophobie et le racisme ethnique.

     Nous les supplétifs de souche européenne, nous ne pouvons accepter cela. Le Sénat Français vient d’avaliser le projet de loi N° 306 adopté en première lecture par l’Assemblée Nationale, et basé sur les textes 1499 et 1660 qui prévoient l’indemnisation des supplétifs et Harkis musulmans de statut de droit local de confession islamique, en spoliant ipso facto les supplétifs européens de droit commun des autres confessions : Israélite, Catholique, Protestante, agnostique, ils ne sont pourtant pas nombreux durant cette tragique période, tout au plus cinq ou six cents, et il en reste aujourd’hui moins de la moitié. C’est dur d’être supplétif non musulman, c’est atroce de constater que notre sang, celui que nous avons versé pour notre Patrie, n’a plus aujourd’hui la même couleur et la même valeur que le sang de nos frères de combat musulmans.
     N’existe-t’il plus aujourd’hui en France des hommes d’Honneur, des parlementaires responsables qui s’érigeront contre cette loi qui privera une partie de ses enfants d’une juste indemnisation.

     Nous contestons les arguties gouvernementales qui tentent de démontrer qu’en Algérie deux catégories de citoyens se côtoyaient celle de droit local (Arabo-Berbère) et celle de droit commun (Européenne). Cette palinodie fait abstraction de la Constitution Française de 1958, adoptée par l’ensemble du peuple français le 4 octobre 1958, décrétant qu’à compter de cette date, il n’y a plus en France et dans ses départements (dont les trois départements d’Algérie), qu’une seule catégorie de Citoyens, des français à part entière, tous libres et égaux en droit devant la loi.

     Notre Droit Français est-il basé sur la Constitution de 1958 ? ou varie-t’il selon les besoins et les circonstances du moment , voire des besoins électoralistes !

     Non à cette future loi raciste, xénophobe et confessionnelle. Oui à l’égalité du citoyen devant la loi. Les Supplétifs de Souche Européenne exigent le respect de leurs droits, dans la légalité républicaine.

Auteur : Christian MIGLIACCIO - Publié le 2005-01-07
Association Nationale des Supplétifs de Souche Européenne
Mail :cmigli@aol.com



COMMUNIQUE
Concernant les Disparus de l'Algérie Française
Envoyé par Mme Viviane Ezagouri
Message important

Dans le cadre de la continuité du dossier sur les disparus, paru sur le site Internet : http://www.infopn.net , que nous portons à la connaissance des familles qui ont eu des parents disparus lors de la guerre civile d'Algérie et notamment des massacres perpétrés aprés le 19 mars 1962, nous les prions de se faire connaître sur notre site pour nous apporter leurs témoignages que nous diffuserons afin de faire connaître ce génocide.
Au travers ces témoignages, nous voudrions aussi regrouper toutes les familles de disparus.
Amicalement Viviane.
D'avance, nous vous en remercions.
AUX JETEURS D'ANATHEME
par M. Josian Olivier ( le 28/03/2001)

" En ces temps de trouble et de misère, Frères ne jugez pas vos frères "
                  M. CHOLOKOV (prix Nobel 1965)

        L'interminable polèmique concernant " la Guerre d'Algérie " et qui met en cause la conduite d'officiers ou de sous-officiers, pour certains aujourd'hui disparus, m'incite a apporter mon modeste témoignage.

        J'ai servi entre autre sous les ordres du Colonel Roger Trinquier Commandant le secteur d'EL MILIA, Nord Constantinois (aout 1959 - février 1960)

        C'est grâce à une recherche systématique du renseignement et des interrogatoires bien menés qu'il a été mis un terme entre autres, aux activités d'un dépanneur " radio-électricien " de souche européenne, qui apportait une aide précieuse tant en dépannages qu'en renseignements, au FLN local… Cela a permis d'apprendre qu'un notable du secteur, lui aussi de souche europèenne, qui était à l'époque reçu à la table de l'administrateur Civil, payait l'impôt du FLN et peut-être plus…

        Je suis l'un des quatre appelés qui ont porté le cercueui du colonel Marey, prédecesseur du colonel Trinquier. Cet homme attachant qu'était le colonel Marey, avait mis en sommeil le " DOP " du secteur. Il était persuadé que l'Action Psychologique était préférable à tout autre mode d'action. Aujourd'hui il serait qualifié de grand Humaniste. De l'avis de beaucoup, cette foi de missionnaire lui a été fatale. Il a été assassiné le 28 mars 1959 vers 11 Heures du matin. Il a été abattu d'une rafale de P.M à bout portant, dans sa 203 de service à 500 mètres de l'aglomération d'El Milia sur la route de Catina. Il avait pris le commandement du Secteur en février ou Mars 1959.
        J'ai un profond respect pour ces deux homme que j'ai cotoyé en tant que Radiophoniste.
        Chacun à leur manière ont essayés de bien servir la France.
        J'ai aussi une pensée émue pour deux garçons de mon age enlevés dans une tour de garde, grace à la complicité de deux déserteurs de souche nord-africaine. Ils ont été retrouvés trois jours après leur enlèvement. Désabillés et pendus dans un bois de chênes. Peut-être que si " LA QUESTION " avait été un peu plus poussée, ils seraient encore là aujourd'hui. Il sont mort pour la France en janvier 1960. Ils étaient libérables en mars 1960, il servaient depuis 25 mois.

        Comment ne pas trouver que la recherche de renseignements est un mal " TRISTEMENT NECESSAIRE " quand on se trouve derrière un GMC cloué au sol par deux FM planqués sur l'autre rive de l'Oued El Kébir. Les minutes sont longues avant que la réplique s'organise.
        Comment oublier ce petit musulman de 9 ou 10 ans, orphelin, adopté de façon informelle par le Chef de la Secton de Protection et l'ensemble de la Section. Ce gamin a été noyé en plein jour dans l'Oued El Kébir alors qu'il s'adonnait aux joies de la baignade au milieu d'une dizaine d'enfants de son age.
        Comment oublier ces moments où convoqués à l'Antenne Chirurgicale, nous donnions notre sang immédiatement utilisé dans le bloc opératoire où des chirurgiens de campagne faisaient l'impossible pour sauver un gus.
        Alors bien sur tout cela n'est pas bien beau, mais quarante ans après pourquoi remuer autant de MERDE, d'autant plus qu'il ne faut pas oublier que c'est, sauf erreur de ma part, le Gouvernement Français représenté par M. Robert Lacoste qui a refilé les pouvoirs de police au Général Massu. Cela a arrangé pas mal de monde.
        Au fait, Messieurs les CENSEURS, imaginons un moment que vous vous trouviez dans un RER où une jeune femme se fait violer par trois ou quatre voyous, feriez-vous autant preuve de détermination pour condamner et tenter d'interdire de tels actes de violence.
        En ce qui me concerne, je crains malheureusement de ne être tout à fait à la hauteur sauf si je me suis auparavant doté de moyens susceptibles de me donner les chances de sortir vainqueur d'un tel affrontement. (c'est du réalisme cartésien).
        Conclusion
        Personne ne détient la vérité. Qui a tord, qui a raison? …
        Puisse ce témoignage inciter à un peu plus de réserve, de claivoyance et de modération, aux jeteurs d'ANATHEME

Photo M. Josian Olivier

Monsieur le Premier Ministre..
Nos Voeux pour Nos Cimetières
Envoyé par Eric Wagner

                                                              Ile de la Réunion le 24 décembre 2004.

                                                        Monsieur Le Premier Ministre
                                                        Monsieur Le Ministre de l'Intérieur
                                                        Monsieur Le Ministre des Affaires Etrangères
                                                        Monsieur L'Ambassadeur de France en Algérie
                                                        Monsieur Le Consul Général de France à Annaba
         

        Monsieur le Premier Ministre,

        
        Je profite de cette période traditionnelle des vœux pour en formuler un au nom de ma communauté Pied-noire d'origine au moment où la Nation va, de la manière la plus solennelle qui soit, lui rendre l'Hommage mérité.
        Ce vœu est collectif car il est unanimement exprimé par les Associations représentantes les anciens habitants de ma ville natale, Bône (Annaba aujourd'hui), mais aussi Pieds-Noires dans leur ensemble.
        Il s'inscrit naturellement et légitimement dans la démarche initiée lors de la visite du Président Chirac en Algérie en mars 2003 et ayant fait l'objet d'un Protocole d'Accords entre nos deux pays, ceux de la préservation et de l'entretien des Cimetières Européens d'Algérie. Vous n'êtes pas sans savoir le travail colossal que cela représente, qui l'aurait été certainement moins si les garanties des Accords d'Evian du 18 mars 1962 avaient été respectées sur ce point comme sur tant d'autres. Mais cela est une autre histoire et en l'état, c'est le présent qui importe.
        Beaucoup parmi nous, consciencieusement, bénévolement, s'y consacrent le mieux qu'ils le peuvent avec pour relais les Associations de Français d'Algérie.
        En France, de la plus ancienne, l'A.S.C.A (Association pour la Sauvegarde des Cimetières en Algérie, reconnue d'Utilité Publique), à d'autres plus récentes comme la dernière en date, l'Association France-Maghreb, dont un des objets est aussi celui de la préservation des cimetières français, leur volonté est inébranlable.
        En Algérie, travaillant en collaboration avec l'Ambassade de France et les Consulats Généraux, les Associations IN MEMORIAM, dont celle d'Annaba avec laquelle je collabore afin d'apporter ma contribution (tout en soutenant les actions menées sur l'ensemble du territoire algérien), s'y consacrent aussi du mieux qu'elles le peuvent avec les faibles moyens, tant humains que matériels, dont elles disposent.
        A ce titre, je sais quel est l'engagement de ceux présidant à ces actions que nous souhaitons efficaces et pérennes. Nous savons aussi leur bonne volonté, leur bénévolat, et le temps qu'ils y consacrent avec pour corollaires des handicaps conséquents, résultat d'un gros travail de fond et de forme à fournir. Nous ne pouvons donc qu'espérer, en raison des décisions prises aux plus hauts sommets des deux Etats et des moyens alors dégagés, que des actions pérennes et d'envergure seront réalisées.
        Pour ces raisons, Monsieur le Premier Ministre, nous basant sur un exemple que nous connaissons bien, celui de Sabri Mèle, président de In Mémoriam Annaba et employé au Consulat Général, ne serait-il pas possible, s'appuyant ainsi sur ces hommes d'expérience et de compétences, de dégager à leur intention au sein des représentations consulaires, des postes à plein temps pour cette mission s'étalant sur plusieurs années par des lignes budgétaires appropriées leur permettant d'être alors totalement efficaces, et la France à la hauteur de ses ambitions ?
        C'est le vœu que formulent et soutiennent les Pieds-Noirs en général, de Bône en particulier.
        Dans l'attente d'une réponse que nous espérons être le point de départ d'un nouvel élan, veuillez agréer Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mes respectueuses salutations.

Eric-Hubert WAGNER           


                                                              Ile de la Réunion le 23 décembre 2004.

                                                                          à Monsieur le Ministre
                                                                             Michel DELEBARRE
                                                                             Député-Maire
                                                                             Hôtel de Ville
                                                                             DUNKERQUE
                  Monsieur,

                  Une récente conversation téléphonique avec Georges MORIN Président de l'Association " Coup de soleil ", dont je suis membre, m'amène à vous.
                  Quel en est l'objet ?
                  Natif de la ville de Bône, l'actuelle Annaba, de vieille famille pied-noire je m'intéresse et m'attache à tout ce qui concerne les rapports franco-algériens, entre autre lorsque cela s'adresse aux natifs que nous sommes.
                  Parmi un certain nombre d'engagements, un, du cœur, m'interpelle tout particulièrement : il s'agit du devenir des Cimetières Européens d'Algérie faisant l'objet, depuis la visite du Président Chirac à Alger en mars 2003, d'un protocole d'accords entre la France et ma terre natale. Dans ce vaste programme, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, et les partenaires les plus divers sont indispensables tant la tâche est colossale.
                  Je sais Annaba jumelée à la ville de Saint-Etienne, et Georges Morin m'a informé de ce qui se met en place, comme partenariat privilégié, entre votre ville et celle d'Annaba, toutes deux villes portuaires d'importance.
                  La Mairie (APC) d'Annaba, le Consulat de France, la Willaya et l'Association In Mémoriam présidée par le jeune et dynamique
                  Sabri MELE ( chez Consulat Général de France, rue Gouta Sebti, 23000 Annaba) mènent des travaux de réhabilitation du cimetière chrétien de la ville, son patrimoine, ainsi que ceux de sa circonscription. Néanmoins, il y a tant à faire que toutes les solidarités et les sources de financement à de telles réalisations sont nécessaires. D'où cet appel, à votre intention ainsi qu'à celle de votre municipalité afin de nous aider dans cette œuvre, que je lance avec l'accord de l'Association In Mémoriam, ainsi qu'avec le soutien des Associations de Bônois en France, encouragés que nous sommes dans cette démarche, nous n'en doutons pas, par les Annabis, et pourquoi pas par les Dunkerquois.
                  J'informe également de ce courrier, afin que cela puisse servir d'exemple à d'autres municipalités françaises jumelées à des villes algériennes, l'A.S.C.A (Association pour la Sauvegarde des Cimetières en Algérie Le Beverly 226 B av. de la lanterne 06200 Nice) reconnue d'Utilité Publique.
                  Voilà, Monsieur le Député-Maire, j'espère que cette missive saura attirer toute votre attention.
                  Je me tiens, bien entendu, à votre entière disposition pour tout renseignement pouvant vous être utile.
                  Veuillez recevoir, Monsieur, l'expression de mes respectueuses salutations.

Eric-Hubert WAGNER           
COMMUNIQUE
De M. Aldo Riboni


Cher Amis,

Je vous prie de trouver ci-dessous, à toute fin utile, les dernières informations relatives à la 1ère tranche du regroupement de divers cimetières concernant notamment la circonscription consulaire d'Annaba.
Bien à vous - Aldo RIBONI

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Communiqué sur la mise en oeuvre du plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles françaises en Algérie
Déclaration du porte-parole du Quai d'Orsay
(Paris, le 10 décembre 2004)

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Dans ce cadre, un état général des cimetières où se trouvent les sépultures civiles françaises a été effectué par les consuls généraux de France à Alger et à Annaba, en étroite coopération avec les autorités algériennes. Les premières propositions d'action ont reçu l'accord du Gouvernement algérien, en septembre 2004.

En conséquence, tout en poursuivant les travaux de rénovation et d'entretien qu'il a intensifiés en 2004, le Gouvernement français lancera en 2005, avec des collectivités territoriales qui ont souhaité s'engager au côté de l'Etat, la première phase d'un programme de regroupements d'environ 4000 tombes de 62 cimetières fortement dégradés.

Un arrêté du ministre des affaires étrangères du 7 décembre 2004 désigne les cimetières concernés et les sites de regroupements. En outre, il permet aux familles qui souhaiteraient mettre à profit cette occasion pour transférer en France les restes mortels de leurs défunts, de disposer d'un délai de quatre mois pour en informer, selon le cas, le consul général de France à Alger ou à Annaba.
A cette fin, les familles pouvant localiser les tombes de leurs défunts dans les cimetières concernés par les opérations de regroupements trouveront, sur le site internet du consulat général de France à Alger
http://www.ambafrance-dz.org/consulat/Cimetieres/index_cimetieres.html
une fiche technique qui précise la procédure à suivre et les organismes à contacter pour le coût et l'organisation matérielle des transferts de restes mortels d'Algérie en France.
Les tranches ultérieures des travaux, qui se succèderont jusqu'à l'achèvement du plan en 2007, seront annoncées de la même façon./.

FICHE TECHNIQUE
SUR LE TRANSFERT DE RESTES MORTELS
D'ALGERIE EN FRANCE

Informations pratiques :
Les personnes qui désirent faire transférer en France, à leurs frais, les restes mortels de membres de leur famille enterrés en Algérie, notamment dans un cimetière qui va faire l'objet d'un regroupement de tombes, peuvent s'adresser à l'une des entreprises de pompes funèbres suivantes :

Informations concernant les formalités réglementaires :
Une autorisation des autorités locales algériennes est requise. Les démarches sont effectuées par l'entreprise de pompes funèbres mandatée par la famille :

Annaba :
- " Pompes funèbres Modernes HADJOUB "
30, rue du CNRA 23000 - ANNABA - Algérie
Directeur : M. Kamel HADJOUB
Téléphone : 00 213 / 38 86 54 69 (jour), 00 213 / 38 51 47 79 (nuit)
Télécopie : 00 213 / 38 86 21 29

Alger :
- " L'Express - Pompes funèbres " ;
Directeur : M. Lakhdar MOSTEFAOUI ;
Adresse : 24, rue Edgar Quinet - 16000 ALGER - Algérie
Téléphone : 00 213 / 21 73 69 69, ou 21 73 56 56, ou encore 61 55 41 42.
Fax : 00.213 / 21.97.07.38 ou 21.96.07.38

Oran :
- Régie Communale des Pompes funèbres d'Oran
1, cours Sahila Belaouel - 31000 ORAN - Algérie
Directeur : M. Kaddour BENYETTOU
Téléphone : 00 213 / 41 34 18 41
Télécopie : 00 213 / 41 34 54 21

Pour toute autre ville :
La personne qui souhaite transférer en France les restes d'un défunt de sa famille doit écrire à l'Assemblée Populaire Communale (municipalité) dont dépend le cimetière où repose le défunt.

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J.O n° 11 du 14 janvier 2005 page 597
texte n° 12
Ministère des affaires étrangères


Arrêté du 7 décembre 2004 relatif au regroupement de sépultures civiles françaises en Algérie

NOR: MAEF0410090A
Le ministre des affaires étrangères,
Vu le décret n° 68-728 du 7 août 1968 portant publication de l'échange de lettres des 29 avril et 20 juin 1968 entre la France et l'Algérie concernant le regroupement des sépultures civiles françaises situées dans certains cimetières d'Algérie ;
Vu le plan d'action et de coopération relatif aux sépultures civiles françaises en Algérie, annoncé par le Président de la République le 3 mars 2003, à Alger ;
Vu l'accord des autorités algériennes du 8 septembre 2004 concernant des propositions de regroupement de sépultures formulées par le consul général de France à Alger et par le consul général de France à Annaba ;
Vu l'avis du Haut Conseil des rapatriés,

Arrête :
Article 1

Sur le fondement des propositions formulées par le consul général de France à Alger et par le consul général de France à Annaba et de l'accord des autorités algériennes du 8 septembre 2004 susvisé, un regroupement, en tombes collectives ou ossuaires selon le cas, de sépultures civiles françaises en Algérie est engagé selon le tableau annexé au présent arrêté.

Article 2

Les familles pouvant justifier par tout moyen de la sépulture de parents dans les cimetières mentionnés dans le tableau annexé au présent arrêté disposent, à compter de la date de publication du présent arrêté au Journal officiel de la République française, d'un délai de quatre mois pour faire savoir au consul général territorialement compétent si elles souhaitent effectuer le transfert en France, à leurs frais, des restes mortels de leurs défunts.

Article 3

Les informations relatives aux modalités de ce transfert font l'objet d'une fiche technique que les familles mentionnées à l'article 2 du présent arrêté peuvent obtenir en se mettant en rapport avec :
- le ministre des affaires étrangères, direction des Français à l'étranger et des étrangers en France (sous-direction de l'administration consulaire et de la protection des biens, 244, boulevard Saint-Germain, 75303 Paris 07 SP).
Mél : defunts-algerie.fae-ac@diplomatie.gouv.fr ;

- le consul général de France à Alger, 25, chemin Gaddouche, Hydra 1600 Alger, www.consulfrance-alger.org ;

- le consul général de France à Annaba, rue Gota-Sebti, 23000 Annaba,
www.consulfrance-alger.org.

Article 4
Le directeur des Français à l'étranger et des étrangers en France, l'ambassadeur de France en République algérienne démocratique et populaire, le consul général de France à Alger et le consul général de France à Annaba sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française.
Fait à Paris, le 7 décembre 2004.
Pour le ministre et par délégation :
Le directeur des Français à l'étranger
et des étrangers en France,
F. Barry

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Lu dans la presse locale :
EL WATAN - Edition du 18 janvier 2005

CIMETIÈRES CHRÉTIEN ET JUIF
Indifférence des vivants
Depuis des années, le commun des mortels habitant à Annaba vit avec regret la situation désastreuse de la totalité des cimetières musulmans. Il ne peut imaginer un seul instant que ceux en charge du dossier de leur entretien pourraient aussi s'intéresser aux deux autres cimetières chrétien et juif de religion monothéiste aussi.

Comment entretenir et réhabiliter ces deux cimetières ? C'est à ce casse-tête que s'est attaquée Annaba. Chacune des onze autres communes de la wilaya en ont un sur leur territoire respectif. Les responsables de la commune chef-lieu de wilaya se sont engagés, il y a quelques mois, dans divers travaux de réhabilitation, dont la réalisation d'une nouvelle enceinte au cimetière chrétien des Crêtes. Ce qui représente financièrement un grand enjeu hors de portée de la bourse des collectivités locales. Soumise à des contraintes financières générées par des réductions drastiques des recettes fiscales et des subventions étatiques, la commune de Annaba n'arrive plus à assumer l'entretien des cimetières. Des difficultés d'identification du propriétaire des surfaces ont rendu cette mission bien aléatoire. Tout récemment, au siège de la commune et de certaines directions de l'exécutif de la wilaya, des voix se sont élevées. Elles ont dénoncé la situation des cimetières chrétien et juif. Selon eux, cette situation prêtent à l'inquiétude de par les multiples agressions commises par le temps et par les hommes. Des élus de la commune ont estimé que l'entretien des cimetières chrétien et juif, qu'on ne peut détruire ni reconstruire, exige d'importantes enveloppes financières annuelles. Situé au beau milieu de la ville, le cimetière chrétien a fait de tout temps l'objet de pillage et de profanation. Pratiquement toutes les épitaphes, urnes, plaques de marbre et plaques citant des passages de De profundis grégorien ont disparu. Dans ce cimetière, passé au révélateur, un siècle et demi d'histoire pourrait dévoiler les rêves insensés des chrétiens français d'Algérie pour tenter de dévaluer la conscience nationale des algériens. Toutes ces tombes sur lesquelles des noms de familles sont inscrits révèlent une époque de passion, d'énergie, de sacrifice et d'illusion. La messe définitive ayant été dite dans les syncrétismes de la chrétienté depuis 1962 a succédé l'abandon total du cimetière. Il y a quelques années, à la recherche d'une assistance pour son entretien, la commune avait tenté une approche auprès des autorités consulaires françaises à Annaba. Une tacite fin de non-recevoir avait ponctué sa démarche. Les différentes visites au cimetière chrétien et les bonnes dispositions des représentants diplomatiques, qui s'étaient succédé à l'ambassade de France à Alger, n'étaient rien d'autre que du bouillon pour... La même situation est constatée au cimetière juif. Enfoui au beau milieu d'une des plus grandes cités de la commune de Annaba Oued Eddeheb, ce cimetière ne tardera pas à disparaître. Comme pour le cimetière français, ceux qui y reposent étaient tous des juifs de nationalité française. Les projets de réhabilitation de ces cimetières étaient disponibles. Tout autant que leurs homologues de Annaba, les onze autres communes de la wilaya affirment avoir du pain sur la planche, mais se disent financièrement démunies. Conséquences : objets de toutes les dégradations et absence d'entretiens réguliers et efficients, les tombes sont, pour la plupart, à moitié détruites. Au cimetière chrétien, des caveaux tombent en ruine. Seuls ceux implantés à proximité du logement du gardien, en bordure de l'allée centrale ou à proximité de l'enceinte extérieure, sont plus ou moins en bon état. Et même si, pour éviter les dépravations de certains maraudeurs, une enceinte longue de plus de 200 m a été récemment réalisée, de nombreuses tombes devraient se transformer en poussière. La situation est identique pour le cimetière juif implanté sur un contrefort de la cité Oued Eddeheb. De quelque cinq hectares, cette parcelle de terre est entourée d'une muraille en pierre de taille de 2 m de hauteur. C'est à la commune de Annaba que l'on doit la surélévation et le badigeonnage de cette muraille. Elle donne à ce cimetière juif, dont les tombes sont englouties sous de hautes herbes, une certaine austérité. Malgré leurs lézardes, les cimetières chrétien et juif de Annaba ressemblent à des sentinelles de la mémoire d'un temps révolu. Ils défient l'indifférence des hommes d'aujourd'hui. Pourtant, dossier bien ficelé en main, un jeune Algérien avait tenté de créer il y a quelques mois, une entreprise d'entretien des cimetières chrétiens et juifs. Bien qu'ayant eu l'aval du Vatican pour le financement de son projet, ce dossier a été bloqué quelque part dans une des institutions du gouvernement algérien.

M. F. Gaïdi
La Nouvelle République - quotidien algérien d'information - 28/12/04

Dégradation des cimetières à Annaba
Même les morts ne reposent pas en paix
Triste est la situation dans laquelle se trouvent les cimetières d'Annaba qui auparavant étaient cités comme exemples. Aujourd'hui, ces lieux se dégradent davantage où on constate un état de délabrement avancé en plus des actes de vandalisme, à savoir la destruction de tombes, présence d'herbes folles, détritus de toutes sortes (canettes, bouteilles de bière).
Il va sans dire que les plus grands cimetières du chef-lieu de wilaya, notamment Sidi Harb Zarouane, Bouhdid, Bougantas, sont en état de dégradation avancé. Les espaces de ces lieux de repos éternel demeurent complets depuis plusieurs années puisqu'ils n'ont subi aucune extension car sur les terrains mitoyens sont érigées des habitations précaires en particulier à Sidi Harb. Dans ce contexte, il est impératif de signaler que plusieurs sépultures sont volées et d'autres quasiment squattées par des citoyens, qui n'ont pas trouvé de place pour enterrer leurs morts. La sérénité des lieux est quotidiennement altérée par ceux qui ne respectent plus ni les morts ni les lieux, transformant ainsi ces endroits en décharges publiques et lieux de débauche. A ce propos, il est à de souligner que nous n'avons malheureusement point de respect pour nos morts. Par ailleurs, on reste réellement abasourdis par l'état de dégradation avancé de la quasi majorité de nos cimetières : manque d'entretien, présence de troupeaux d'ovins et de bovins et autres chiens errants dès la tombe de la nuit, l'absence aussi de contrôle, l'inexistence d'allées entre les tombes. Ceci est la conséquence de la négligence des uns, et l'inconscience des autres et le laisser-faire de ceux qui ont la charge de veiller sur ces lieux de repos éternel. De ce fait, on oublie les textes régissant la gestion des cimetières qui rendent les collectivités locales responsables de l'entretien et du gardiennage.
Il est à signaler que la profondeur de la tombe creusée actuellement par les fossoyeurs est d'environ 1 mètre alors qu'elle devrait être de 1,50 m.
En effet, au niveau du plus vieux cimetière d'Annaba, celui de Zerouane en l'occurrence, les tombes situées dans sa partie basse face à la mer sont englouties par la boue en période pluviale.
Le désherbage se fait de façon irrégulière, et aucune mesure d'amélioration n'a été prise. Pourquoi les cimetières sont-ils dans cet état de délabrement ? Est-ce que nos morts n'ont pas droit à un espace de repos tranquille et propre ? L'entretien et la surveillance des cimetières doivent être une préoccupation constante. Celui de Sidi Harb est également à l'abandon.

Les familles qui viennent se recueillir sur les tombes de leurs disparus sont obligées d'aller ramener l'eau de l'oued pour les nettoyer et se laver puisque la fontaine est toujours à sec.
Or, la loi existe, il est des limites que la conscience ne saurait admettre. A noter enfin que les vivants n'ont plus de respect ni pour les morts ni pour leurs lieux de repos. Pourtant, la loi n°150, 151 et 152 du code pénal stipule une peine allant de six mois à deux ans de prison ferme assortie d'une amende de 500 à 2 000 DA à tout profanateur de tombe.
28-12-2004
O.F.

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A N N E X E
(voir pièce jointe)

ANNEXE OPERATIONS DE REGROUPEMENT DE SEPULTURES Wilaya
Cimetières de regroupement
Cimetières à regrouper


A. CIRCONSCRIPTION CONSULAIRE D'ALGER
BEJAIA BEJAIA ADEKAR (KABOUCHE)
(BOUGIE) (BOUGIE) AKBOU
AOKAS (CAP AOKAS)
EL KSEUR
SEDDOUK
SIDI AICHE
TASKRIOUT
BLIDA BLIDA BENI MERAD
CHEFFA (LA CHEFFA)
OULED YAICH (DALMATIE)
SOUMAA
BORDJ BOU BORDJ BOU ARRERIDJ AIN TAGHOURT
ARRERIDJ AIN TESSALA
BIR KASSED ALI
BLIMOUR (CEREZ)
EL HAMMADI (LACOUTE)
MEDJANA
RAS EL OUED (TOCQUEVILLE)
SIDI M'BAREK (PAUL DOUMER)
BOUIRA BOUIRA AOMAR
(COLIGNY) (COLIGNY) DJEBAHIA (LAPERRINE)
KADIRIA (THIERS)
LAKHDARIA (PALESTRO)
M'CHEDALLAH (MAILLOT)
SOUR EL GHOZLANE (AUMALE)
CHLEF CHLEF OULED FARES (WARNIER) (ORLEANSVILLE) (ORLEANSVILLE) OUM DROU
MEDEA MEDEA DRAA ES MAR (LODI)
OUAMRI
OUZERA (LOVERDO)
TIZI OUZOU TIZI OUZOU TADMAIT (CAMP DU MARECHAL)

B. CIRCONSCRIPTION CONSULAIRE D'ANNABA
CONSTANTINE CONSTANTINE AIN ABID
AIN KERMA (MUNIER)
DIDOUCHE MOURAD (BIZOT)
EL KHROUB (LE KHROUB)
IBN ZIAD (ROUFFACH)
GUELMA GUELMA HELIOPOLIS
OUED FRARAH
ROKNIA
JIJEL JIJEL CHEKFA
EMIR ABDELKADER (STRASBOURG)
KAOUS (DUQUESNE)
KHENCHELA KHENCHELA KAIS (EDGAR QUINET)
MILA CHELGHOUM LAID AHMED RACHEDI (RICHELIEU)
GRAREM GOUGA
OUED ATHMENIA
SIDI MEROUANE
TELEGHMA
SETIF SETIF AIN ABESSA (centre)
AIN ABESSA (El Kharba)
AIN OULMENE (COLBERT)
AIN ROUA
AMOUCHA
SKIKDA SKIKDA AIN CHERCHAR (AURIBEAU)
DJENDEL
EL ARROUCH
RAMDANE DJAMEL (SAINT CHARLES)
SOUK AHRAS SOUK AHRAS SEDRATA
ZAROURIA
TEBESSA TEBESSA EL AIOUN
OUENZA
YOUKS LES BAINS



LES ENFANTS DU SOLEIL
L'argent n'a pas d'odeur, ni celle de l'exil, ni celle du sang
Le spectacle "Les enfants do Soleil" a suscité de nombreuses réactions sur tous les sites Pieds-Noirs.
Au travers du regard de deux spécialistes et défenseurs de notre histoire, en voici ci-dessous un aperçu des réactions que suscite ce spectacle.

Dr Alain BOURDON


          25 MARS 2004 ; Réflexions "en avant première", sur LES ENFANTS DU SOLEIL (Après lecture de la pré campagne de presse, suite aux informations qui ont été données officiellement à la Maison des Rapatriés de Marseille, et suite aux témoignages des premières personnes qui ont assisté, sur invitation, aux répétitions):

          Je suis très réservé a priori sur ce spectacle qui "dégouline de bons sentiments" politiquement corrects et dont seuls quelques initiés ont pu voir des extraits. D'abord parce que toutes les critiques lues et entendues sont bonnes ou excellentes y compris dans les milieux qui ne sont pas favorables aux Pieds-Noirs.

          "Ensuite et surtout car le scénario de départ repose sur un mensonge qui n'est pas innocent : Dire que la famille harkie a pu prendre "comme tout le monde" le Kairouan pour partir en exil nie la réalité des faits: DE GAULLE et MESSMER et leurs affidés ont officiellement (mais sous couvert du Secret Défense) interdit d'organiser le départ des harkis en métropole; bien plus, nombre de ceux qui avaient pu être évacués par les quelques Officiers qui ont sauvé l'honneur français d'un désastre total, ont été renvoyés de force en Algérie où leur sort a été tragique. Cela, les Pieds noirs et les harkis le savent, mais cette information n'atteint pas la masse des français de Métropole. Or c'est à cette masse qu'est destiné 'Les Enfants du Soleil".
          Il s'agit donc bien, volontairement ou non, d'une oeuvre typique de désinformation."

          18 JANVIER 2005: Complément après commentaires du "PARISIEN":

          Le spectacle ayant maintenant été donné, mes préventions se sont confirmées: il s'agit bien d'une désinformation anti-Pieds-noirs, niant en fait le drame de l'exode (qui est traduit comme un aimable dégagement du Club méditerranée), niant la condamnation à mort des harkis, interdits de traversée (et, summum de l'infamie, certains qui avaient pu être passés en France, furent même renvoyés en Algérie où leur sort fut horrible).

          D'ailleurs, qu'y a-t-il à espérer d'un spectacle qui reçoit l'approbation chaleureuse de Roger Hanin...???

          Enfin, je ne sais ce qui se passe à Paris, mais ici à Marseille, ce fut un bide avec salle vide, sauf le jour de la première qui ne comptait que des invités et du "beau monde" politiquement très correct du show biz. Les commentaires médiatiques sur le "succès" du spectacle furent tout à fait déconnectés du réel... Je pense que Le Parisien DEVAIT écrire ce qu'il a écrit...

          Ajoutons enfin que la seule subvention de la Ville de Marseille a été TRES largement supérieure à celle que la municipalité de Marseille vient d'accorder pour la restauration de l'ENSEMBLE des cimetières d'Algérie...(respectivement 450 000 et 16 000 euros)
          Quand donc les Pieds Noirs comprendront-ils ?
          Bien Cordialement.
          Dr Alain BOURDON.


M. Michel LAGROT

ARCADY CIRCUS


           « L'Année de l'Algérie » nous avait refabriqué l'Histoire, l'espace d'une année et d'innombrables manifestations, en lui infligeant quelques outrages : l'Algérie Française n'avait jamais existé..et les Français d'Algérie étaient une race inconnue, évoquée seulement par des esprits nostalgiques et rétrogrades, indignes d'exister encore. Cela se confirma lors des cérémonies du 15 Août commémorant le débarquement sur les cotes de Provence, lorsque nous pûmes constater que l'Armée d'Afrique, qui avait fait le boulot et compté ses morts, ne recelait dans ses rangs rien qui ressemblât à un Pied Noir. Et puis soudain on s'est souvenu de quelque chose, en découvrant qu'il existait des cimetières « là-bas ».c'est que, bien sur, les morts sont moins encombrants que les vivants.mais puisque ces vivants existent encore, on doit pouvoir en tirer quelque chose.alors, pas fou, notre ami Arcady a troussé une comédie musicale, les « Enfants du soleil », créée à Marseille ( avec force subventions locales..)

          Imaginez un grand bidule dans un décor de music-hall, lumières fluo et strass-laser, le grand jeu, censé représenter l'exode des populations d'Algérie fuyant l'indépendance du pays en 1962 . Musiques appropriées , c'est-à-dire pleines d'entrain ( on danse sur notre Exodus pendant la traversée ! ) et notre Exodus s'appelle le Kairouan, orthographié Querrouan par les intellectuels de Nice-Matin. Pour le haut niveau des textes, voici un court extrait d'une chanson à nombreux couplets, dont je vous garantis l'authenticité :

Vois comme elle me regarde
Notre Dame de la Garde
N'en sois jamais jalouse
Notre Dame de Santa Cruz

          Plus débile tu meurs ! mais quand il s'agit de nous faire passer pour des attardés rien n'est trop fort... pour le ton général on a compris : tout le monde il est beau, tout le monde il est content , on est bien triste mais tout ça va s'arranger vous allez voir, d'ailleurs l'arabe tombe amoureux de la juive, ou peut-être l'inverse, on ne sait pas très bien tant on est ému. Bref ça s'écoute le mouchoir à la main ( le prix d'entrée y est un peu pour quelque chose ! ). Évidemment ce Pied Noir qui n'est ni juif ni musulman gâche un peu l'événement ( la presse le décrit comme « bien propre sur lui ».), mais on égratigne un peu le Général, ça fait toujours plaisir, et le tour est joué. Notre Dame de la Garde, tu m'as pris dans tes bras !

          C'est tellement génial que pour l'occasion un avion charter a été frété pour une soirée exceptionnelle amenant à pied d'ouvre toute la crème des soirées parisiennes ; s'y sont même joints le ministre Sarkozy et Madame, qui ne seraient pas dérangés pour rien. Ils ont tous pu constater que la population du pays à l'époque se composait de trois parties égales : les Juifs, les Arabes et les Français . Comme ça, pas de jaloux ! Ca ruisselle de nostalgie en chromo, d'amours impossibles, de chansonnettes du genre cité plus haut et à la fin on plie bagages bien contents d'avoir été « rapatriés »....

          La Presse, évidemment, ne tarit pas d'éloges. Ils sont heureux, les plumitifs, de savoir qu'il n'y a pas eu de « drame algérien » ! Mais pour les victimes de l'affaire, qu'en penser : qu' Alexandre Arcady est sans doute le premier à avoir fait de la tragédie d'un peuple une comédie musicale. Et les acteurs et victimes de cette tragédie, qu'il insulte impunément, sont pour la plupart encore vivants , certains étant même venus l'applaudir tant il est vrai que Jupiter rend fous ceux qu'il veut perdre..

          On suggère à ce talentueux auteur quelques autres thèmes porteurs : le génocide arménien, par exemple, ferait à Marseille un excellent sujet d'Opéra Bouffe avec égorgements en série sur un air de tango, ou, mieux encore, la bataille de Verdun : Je suis sur que le ballet des veuves de guerre dans leurs voiles noirs, dansant le cha-cha-cha sur les ruines du fort de Douaumont, ça, ça ferait un tabac ! et puis l'argent n'a pas de couleur....


LES ECHOS DIVERS
Par les VIGIES DU NET
1) En guise de cadeau de fin d’année
Des enfants inadaptés expulsés à Sétif

Le revers de la médaille
Par : RADAR (Edition du 04/01/2005) liberté-algérie

      Près d’une centaine d’enfants ina-daptés mentaux, âgés de moins de 13 ans, ont été expulsés par la force, avant-hier lundi, de l’école Cheikh-Abdou de Sétif. Ces enfant y trouvaient refuge depuis 1995 à la faveur d’une décision (n° 54) de la direction de l’éducation locale.
      En 2000, les instances judiciaires de la capitale des Hauts-Plateaux avaient rejeté une première action d’expulsion initiée par une association des parents d’élèves relevant de l’école. Cette expulsion ne laisse pas de marge de manœuvre à des enfants déjà marqués par la vie ; ils affronteront le rude hiver des Hauts-Plateaux dans la nudité et le désarroi.

NDLR: Voila qui rappelle le massacre des enfants de la DASS à Alger, lors de l'Indépendance, épisode peu connu et qu'il conviendrait de mettre au clair.

(envoyé par Pierre Barisain)

2) Djelfa, Mascara et Kherrata
         Émeutes pour le gaz butane
Par Lotfi G

Actualité (Edition du 19/1/2005) Liberté-Algérie

Les habitants sont sortis dans la rue pour protester contre les dernières augmentations qui ont touché ce produit essentiel, surtout en cette période de froid.

Pas moins de 33 émeutiers ont été arrêtés avant-hier au soir par les éléments de la sûreté nationale à Birine, à 130 km au nord-est de Djelfa, alors que 10 policiers ont été blessés, dont 3 estimés graves. Par ailleurs, les dégâts matériels sont évalués à des dizaines de milliards de centimes.
Tel est le premier bilan des émeutes ayant secoué la ville de Birine avant-hier, où plus de 5 000 personnes sont sorties dans la rue pour protester contre l’augmentation du prix du gaz butane, mais aussi contre la corruption, le manque d’eau, les coupures d’électricité...
Les Birinois en effervescence ont saccagé et incendié plusieurs édifices publics, dont le siège de l’APC, la daïra, les impôts, la poste... Ils ont même tenté de saccager l’agence Badr durant la nuit d’avant-hier, n’était l’intervention musclée des forces antiémeutes dépêchées de Médéa.
Le calme est donc revenu hier matin à Birine, bien que de nombreux jeunes aient vainement tenté de semer la panique au marché hebdomadaire, très fréquenté à l’approche de l’Aïd. Les commerçants et les maquignons, très vigilants, ont réussi à rétablir l’ordre en quelques minutes. Les services de sécurité mènent, depuis hier, les investigations afin de situer les responsabilités. Ils auraient filmé les actes de violence, en attendant des poursuites judiciaires contre les auteurs des troubles. Ainsi, il est certain que d’autres personnes seront interpellées dans les prochains jours selon une source sécuritaire.
Par ailleurs, on apprend que le ministère de l’Intérieur va dépêcher une commission d’enquête. Le wali de Djelfa, M. Hamou Ahmed Touhami, a pour sa part ordonné, hier, le versement des salaires des enseignants qui auraient, selon certaines sources, manipulé des élèves pour protester dans les rues en signe de solidarité avec leurs professeurs n’ayant pas encore perçu leur salaire.
Le wali a aussi ordonné la distribution en grandes quantités de gaz butane sous le contrôle des services de sécurité.
Il faut noter que les élus ont préféré quitter la ville pendant que les incendies ravageaient les édifices publics ; seuls le maire et le chef de daïra ont été contraints de se réfugier dans la brigade de la gendarmerie nationale. Ce qui a poussé le wali, très en colère, à vociférer en s’adressant au maire et à ses adjoints : “Vous êtes indignes de représenter la population.” Le P/APW s’est abstenu de tout commentaire. Manipulation ou protesta spontanée, rien n’est encore clair à Birine, ville qui n’a jamais connu de pareilles violences. si certaines sources parlent de la goutte d’eau qui a fait déborder le vase en raison de la pauvreté, du chômage, de la marginalisation que vit la population de cette ville, d’autres évoquent l’existence d’un lobby d’“importateurs” originaires de Birine mais installés à Alger, qui auraient manipulé des délinquants les poussant à mettre le feu aux documents fiscaux, voire leurs dossiers à la recette des impôts de Birine. et là, c’est une tout autre histoire.
L. G.

NDLR: On leur a donné le pain et le couteau. Ils ont planté le couteau dans notre dos et le gaz manque pour cuire le pain...
Et ce n'est pas fini, ni là-bas, ni en métropole. Birine est dans lé région de Djelfa ( Hauts- plateaux du Centre)

(envoyé par Pierre Barisain)

3) Amnistie générale
         Ben Bella fait “le plein politique”
Par Rubrique Radar

RADAR (Edition du 19/1/2005) Liberté-Algérie
L’ex-président de la République, Ahmed Ben Bella, n’a pas manqué l’occasion de faire “le plein politique” à Tlemcen où il devait participer à une rencontre sur l’hypertension artérielle dans la région de Maghnia, sa région natale. En effet, profitant de l’invitation des journalistes de la radio locale, l’actuel président d’honneur de la Commission nationale de l’amnistie générale — récemment instituée par Bouteflika — a déclaré qu’il est “avec le projet de l’amnistie générale et la réconciliation nationale”.
Il évoquera, dans ce contexte, l’épisode de la reconquête du Prophète Mohamed, (qssl), de La Mecque lorsqu’il prononça en direction des Quraychites sa célèbre formule : “Vous êtes libres.”

NDLR: Il ne lui manque plus que le pèlerinage à Colombey.

(envoyé par Pierre Barisain)

4) Diffamation envers les harkis : l'ex-secrétaire de Sartre condamné
 Sartre et Péju
MARSEILLE, 7 janvier 2005

Par (AFP)
Marcel Péju, ex-secrétaire de Jean-Paul Sartre, a été condamné vendredi à 1.500 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Marseille pour diffamation envers les harkis, qu'il avait qualifiés de "traîtres" et de "collabos" dans les colonnes de l'hebdomadaire Marianne. Cinq harkis, outragés par la lecture de ces propos publiés le 3 novembre 2003 dans le cadre d'un dossier sur les harkis, avaient porté plainte contre Marianne, son directeur de publication Jean-François Kahn ainsi que Marcel Péju, 82 ans. Le défenseur des plaignants, Me Patrice Payan, avait dénoncé au cours de l'audience du 12 novembre 2004 les "haines recuites" et les "éructations" de Marcel Péju, qui n'était pas présent. De son côté, Marianne avait plaidé sa "bonne foi", estimant que le dossier consacré aux harkis était équilibré puisqu'il citait, outre Marcel Péju, de nombreuses personnalités telles que des historiens et un ex-officier de l'OAS, nettement plus favorables à l'action des harkis durant la guerre d'Algérie. Le tribunal, qui avait mis son jugement en délibéré, a relaxé Marianne et Jean-François Kahn mais a condamné Marcel Péju pour "diffamation publique envers un dépositaire de l'autorité publique", les harkis ayant eu à l'époque le statut d'auxiliaire de l'armée française". Outre l'amende pénale de 1.500 euros, le tribunal a condamné Marcel Péju à verser 1.000 euros de dommages et intérêts à chacun des plaignants.
(envoyé par Gérard Cruz, Hubert Groud et Luc Demarchi)

COMMUNIQUE
du comité directeur
des ENFANTS DE THAGASTE

                Merci mes Amies,
                Merci mes Amis,

                Merci pour vos bons voeux qui nous arrivent de partout, notre association" les ENFANTS DE THAGASTE" et son comité directeur sensibles à votre attention, sont heureux de vous présenter les leurs en espérant que cette nouvelle année soit riche en élans fraternels et nous apporte à tous et à toutes, beaucoup de joie, de bonheur et d'Amour, avec une excellente santé pour affronter cette vie tumultueuse dans laquelle nous vivons.

                Le but que nous nous sommes fixé: Rassembler les Enfants de Thagaste, doit nous aider à faire face aux turpitudes de cette vie et nous donner beaucoup d'espoir ne serait ce que par le fait de nous retrouver, de nous réunir et cultiver ensemble cette nostalgie que nous avons pour notre pays et pour notre ville natale.

                L'année 2004, s'est très bien terminée pour notre association avec beaucoup de nouveaux adhérents, sensibles aux travail que nous avons fait pendant cette année et aussi par le succès remporté par notre assemblée Générale du 13 novembre.

                Nous fondons beaucoup d'espoirs pour l'année 2005 qui verra se mettre en place des projets tel qu'un voyage à Souk-Ahras; Le lancement de l'opération: Annuaire des Souk-Ahrassiens; L'entretien des sépultures des cimetières de notre ville natale.

                En consultant votre site: http://www.thagaste.com , vous trouverez tous les renseignements concernant les projets cités ci dessus.

                Afin que ce site, qui a été construit pour vous, puisse donner un maximum d'éléments qui intéressent nos compatriotes, merci de nous envoyer vos photos anciennes photos de classes, de groupes, de clubs etc. Les documents d'époque, les récits, les coupures de journaux, les anecdotes, les histoires de chez nous, des recettes, et tout ce qui concerne notre ville natale. Nous avons tous et toutes dans le fond d'un tiroir, des souvenirs de notre passé qui, nous sommes sûr intéresseront nos concitoyens.

                Votre avis nous intéresse, vos commentaires sont les bienvenus, participez à l'élaboration de votre site, c'est le seul lien qui existe entre nous. Déjà 120 Internautes Souk-Ahrassiens font partis du groupe, consultent régulièrement et apportent leurs contributions.

                Avec cette nouvelle année qui commence, nous voulons rendre un hommage particulier à tous nos amis Souk-Ahrassiens de souche ou d'adoption qui ont malheureusement disparus cette année, pour tous ces gens connus ou inconnus, nous adressons à leurs familles et amis nos sincères condoléances. Une pensée également pour tous ceux et toutes celles qui sont restés là bas dans nos cimetières, sur cette terre qu'ils ont tant aimés, nous pensons à eux, nous ne les oublions pas.

                BONNE ANNEE A TOUTES ET À TOUS
                Pour le C A
                Gilbert Quaranta-Greck

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Siège de l'association : 1 rue de la montagne du Perray 911000 Corbeil Essonnes
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Le site de l'association : http://www.thagaste.com


SOUVENIRS
Pour nos chers Amis Disparus
Nos Sincères condoléances à leur Familles et Amis



Un grand défenseur de l'Algérie française
nous a quitté.

Nous apprenons avec une grande tristesse la mort du Colonel Charles Lacheroy.

Obsèques lundi 31 janvier 2005 10h
Eglise Saint Jean de Malte
24 r Italie 13100 Aix en Provence.


L'Echo des Français d'AFN
présente à sa famille, à ses amis, ses biens sincères condoléances.


Charles Lacheroy Né le 22 août 1906 à Chalon-sur-Saône
Mort le 26 janvier 2005 à Aix en Provence.

Pupille de la nation (son père est mort à Verdun en 1916), Charles Lacheroy fait ses études au prytanée militaire de La Flèche et entre à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en octobre 1925. Il en sort dans l’infanterie coloniale et sert en Haute-Volta dans un régiment de tirailleurs sénégalais. Après un passage en métropole, il est affecté pour quatre ans à la 3ème compagnie de méharistes en Syrie et côtoie d’anciens compagnons du colonel Lawrence. .....

Pour consulter sa biographie
et retrouver le texte complet sur BEO story:

http://babelouedstory.ifrance.com/babelouedstory/
blocnotes/mortlacheroy/mortlacheroy.html




J'ai la douleur de vous faire part du décés le 3 octobbre 2003 à Marseille, de mon Père THIERRY PAUL né en 1923 à Bône.
Mon père est le fils de THIERRY Auguste employé à la fabrique d'allumette.
Il a épousé GATT Marthe, a eu 2 enfants Jacques et Jean.
Il aimait la natation et faisait partie du CNB.
Il a fait la 2° guerre mondiale et notamment la campagne d'italie.
Sa carrière professionnelle en ALGERIE il l'a faite à l'OINSA et au centre AFPA où il était enseignant.
Il avait deux frères FERNAND qui employé aux impôts et ROBERT qui travaillait au port.
MERCI
M THIERRY J



ROGER SPITERI A VECU…
Par Mme Noëlle d'IPPOLITO et Envoyé M. M. René Vento

         Au Lycée Mercier, octobre 1952, des élèves effectuent leur entrée en sixième. Chantal Calvi, attentive et réservée, a perdu son Père, Gabriel, à la Guerre.
         Sa maman, Marie, couturière, a épousé Roger Spitéri. Est née Christine.
         La famille réside Rue Marcel Lucet, au numéro 14, immeuble où habite une de mes cousines, Michèle Matteï. Très rapidement se forme un trio : Chantal, Michèle, Noëlle - qui disparaîtra en 96 - au décès de Chantal.
         Qui est Roger Spitéri ? Un pur méditerranéen, personnage très pittoresque, alliant, dans son cœur, don du soleil et bleu de la mer. Descendant d'insulaires corses, maltais, siciliens, il aime la liberté, s'intéresse aux autres.
         Né en 1924 dans notre coquette ville, enfant unique de Lucette et Julien, le couple travaillant, très gâté, il s'épanouit dans un cadre heureux.
         Mère et Père, afin de lui donner une éducation fort soignée, prennent la décision de l'inscrire, en métropole, dans un pensionnat privé, à Saint-Pé-de-Bigorre. Il y reste sept années, mais la période est très dure, le double cordon ombilical coupé. Cependant, aux vacances, et, dès son retour sur la terre d'Afrique, brillent les rayons de la vie.
         Mais, bien vite, la lumière joue à cache-cache avec la tourmente, et la guerre éclate. Engagé volontaire, il traverse des pays et reçoit de nombreuses décorations.
         Fin des hostilités : Roger savoure la vie bônoise, il épouse Marie.
         Il prend un emploi, comme représentant d'une importante Société. Il sillonne " le Constantinois ".
         Toussaint rouge, suivie de tant d'événements tragiques, il décide d'abandonner ses voyages, pour un quotidien mettant moins en péril, son équilibre familial.
         Aimant la conduite automobile, il crée une auto-école :

AUTO ECOLE N°7
Garage F. Merlin
4, Rue Wohlwend, face à Monoprix (Tél : 30.55)
Salle de code, Immeuble Mangin,
Avenue Pétrolacci (Tél : 55.76)
Domicile : 14 Rue Marcel Lucet (Tél : 42.56)

         Que de jeunes, notamment, sont formés par lui ! Sa dauphine claire, on la repère chaque jour sur le circuit de la Grenouillère ! Rappelez-vous " le coup de l'espadrille " sur le véhicule lorsque la manœuvre n'est pas réussie ! " Marche arrière, angle, marche arrière " forment les trois temps.
         Familier, simple, sûr de lui, décontracté ou très élégant, charmeur ou strict, mystérieux ou bavard, il se " baigne " dans la vie bônoise. Il pratique le culte de l'amitié. Vocabulaire parfois épicé, mais aussi que de tendresse offerte ! " Mon Fils, ma Fille "… Quel accordéon de paroles imagées, quel rythme !
         Et puis, en 62, la cassure ! Roger, en famille, quitte sa terre natale.
         Escale à Marseille. Retrouvailles dans un café, avec un cousin corse, médecin du Maire. Deferre s'y trouve, offre une tournée générale. Roger refuse de boire. En ce lieu public, il clame ses sentiments horrifiés, à la suite de la sinistre interjection qui avait été lancée par l'élu : " Les Pieds-noirs à la mer ! ".
         Deferre intervient, veut lui apporter son aide. Refus de Roger. Il se débrouillera. Il rejoint Perpignan, où il crée, de nouveau, une auto-école. Il forme 5.000 catalans à la conduite.
         Les années 1966-67 marquent sa séparation d'avec Marie, leur divorce.
         1968 : Mariage avec Edith, puis, naissance de Fabienne.
         Au volant de sa vie, en 1969, il bifurque vers une autre voie. Il devient chauffeur de taxi, et d'autre part, n'hésite pas à prendre des responsabilités. Présidence d'organismes, Homme de Cœur, il s'agite en faveur des Pieds-Noirs et de ceux qui ne le sont pas. Il s'occupe des plus démunis. Sous son impulsion, en 78, lors de la catastrophe du camping de Los Alfaques, en Espagne, les taxis rapatrient, bénévolement, les touristes.
         Roger est décoré de l'Ordre National du Mérite en 1980.
         Tourné vers ceux qui ont, toujours, défendu les Pieds-Noirs, il participe, activement, aux campagnes municipales et législatives. Il réunit même 13.670 signatures pour donner le nom de " Paul Alduy ", le premier Magistrat de la ville, à une avenue du " Moulin à Vent ".
         Le film de sa vie se déroule, et, en 2002, Roger, très fatigué, assiste au mariage de la Fille de Chantal avec Cyril.

         Le 25 février 2004, à Cabestany, après une longue maladie, il quitte ce monde, âgé de 80 ans. Ses obsèques, il les a souhaitées familiales. Pas d'avis de décès dans la presse avant l'inhumation. Mais les amis sont nombreux ! Toute la municipalité et les camarades de Perpignan, Cabestany l'accompagnent à sa dernière demeure. Drapeau tricolore sur le cercueil.
         Au premier rang, toutes celles, si proches, qui ont eu une place si forte dans son cœur, dans sa vie, ses Gendres, ses Petits-enfants Laurent, Jordi, Axel. Manquait Emmanuel, son Arrière-Petit-Fils. Stéphanie et Cyril ne sont pas encore Parents.
         Au revoir, Roger.

               Mme Noëlle d'IPPOLITO     



MESSAGES
S.V.P., lorsqu'une réponse aux messages ci dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une nouvelle rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la seybouse.
Après avoir pris connaissance des messages ci-dessous,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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Pour des recherches par nom, Marc Mora a ouvert un site de recherche de personnes ?
Vous pouvez le voir à : http://pieds-noirs.info/recherche
Vous pouvez effectuer votre recherche à partir du module ci-dessous.
Nom recherché :


De Mme Pinau Madeleine

Je recherche des nouvelles d'amies nées comme moi à Bône et ayant effectué leurs études à l'école du lever de l'aurore(c'était une école primaire qui devait s'arrêter au CM2)
Ma dernière année fut justement le CM2:année 1961 1962,avant le grand départ vers la sixième en France.
Je n'ai retrouvé aucune photo de cette école sur les sites bônois.
Peut-être à bientôt.
Madeleine.
Adresse : Mme Pinau Madeleine

De M. Aldartevelle

je recherche photos de classe école du Marché au blé à bone en 1937, ma mère s'appelait Sicart Germaine.
Si quelqu'un avait des photos ou souvenirs de cette famille Sicart Toussouriere.
Merci à vous
Adresse : M. Aldartevelle

De Mme Anne-Marie Berger

-"Annie Jardino aimerait avoir des nouvelles de son amie: Irène Palladini(C.C Vaccaro)
-Yolande Putino aimerait avoir des nouvelles d'Anne-Marie Barbara.(Lycée Mercier)
-Classe de seconde M3 M' 1 E.N ,lycée Mercier année 1959-60: manquent à l'appel:
Nelly Alarcon-(interne)
Jacqueline Ezzo(Bône)
Danielle Jan(Bône)
Acceptons tout renseignement susceptible de nous aider à les contacter pour prochaines retrouvailles.
Contacter Anne-Marie Berger qui transmettra."
Merci
Adresse : Mme Anne-Marie Berger

De Mme Laure Fourgeaud-Farrugia

Si certains ont des souvenirs de mes parents, le nom de maman est LONGO Lisiane, et celui de papa FARRUGIA Georges.
Papa est né en mars 1937, maman en aout 1941. ils habitaient rue sadi-carnot.
Mes grands-parents paternels: FARRUGIA Prosper, SANNA Eléonore.
Mes grands parents maternels, LONGO Ange, VASALO Anne.
Je suis née pour ma part en France en 1966.
Je vous remercie des éventuelles réponses que vous pourriez m'adresser.
sincèrement,LAURE-ANNE.
Adresse : Mme Laure Fourgeaud-Farrugia

De Mme Lise HOENN (nom de jeune fille CALVO)

Je suis pieds-noirs, j'ai 44 ans, et n'ayant plus de parents vivants, je cherche pour mes enfants, des "mémoires" dont celle de mon grand-père, ANTOINE CALVO d'ORAN qui était artiste peintre;
Si vous avez un recueil de peintures des artistes d'Afrique du Nord, et je me demandais si mon grand-père y figurait ou toutefois si vous auriez trace de reproductions existantes...??
Merci d'avance
Adresse : Lise HOENN (nom de jeune fille CALVO)

DIVERS LIENS VERS LES SITES

Chers amis
Nous voilà en l'an 2005 aussi le collectif Guelmois vous présente ses meilleurs voeux de bonheur, joie et prospérité.
Vous pourrez lire des documents exclusifs, la chronique de l'année 1946, un retour à Souk Harras et de nombreuses photos sur notre site http://www.piednoir.net/guelma
Bonne lecture et merci pour votre fidélité
Laurie C
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Radio Pied-Noire Internationale diffuse toutes les musiques des Artistes P.N. en boucle et l'émission "LE PAYS OÙ JE SUIS NÉ"
http://www.radiorpni.com
Pour tout courrier : jpernst@wanadoo.fr
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je vous signale que j'ai changé d'hébergeur depuis 3 jours et voici la nouvelle adresse.
http://perso.wanadoo.fr/mon.algerie
je vous remercie pour vos visites.
Amicalement
Brigitte

cliquez ICI pour d'autres messages.

La blonde et les souliers croco...
Envoyé par Michèle Raphanel

Une blonde est en vacances en Louisiane.
Elle entre dans un magasin de chaussures car elle veut à tout prix s'acheter une paire de souliers en croco pendant son séjour.
Le prix des souliers est si élevé qu'elle essaie de marchander avec le vendeur.
Ce dernier étant intransigeant, elle lui dit : - Laissez faire, je vais m'en chasser un moi-même.
Et elle quitte le magasin.
A la fin de la journée, le vendeur, en rentrant chez lui passe devant un marécage et voit la blonde, dans l'eau jusqu'à la taille, armée d'un fusil.
Sur le bord du marécage, cinq ou six crocodiles sont morts, alignés sur la terre ferme.
A ce moment, il voit dans l'eau un énorme croco de 10 ou 12 mètres s'approcher de la blonde.
Bang ! La blonde l'abat, le traîne sur la terre ferme, le retourne sur le dos et dit :
- Et merde ! Celui-là non plus n'a pas de chaussures.


Vous venez de parcourir cette petite gazette, qu'en pensez-vous ?
Avez-vous des suggestions ? si oui, lesquelles ?
En cliquant sur le nom des auteurs en tête de rubrique, vous pouvez leur écrire directement,
c'est une façon de les remercier de leur travail.

D'avance, merci pour vos réponses. ===> ICI


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