N° 197
Septembre

http://piednoir.fr
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Septembre 2019
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO
  C'EST LA RENTREE….    

         Et c'est reparti ... Le mois de septembre annonce traditionnellement la fin de la période des vacances d'été. J'espère que vous avez fait le plein d'énergie malgré la canicule.
         Fini, les grandes étendues de plages, le farniente en bord de mer, les retrouvailles avec les amis de toujours, les randonnées en montagne, le calme et la sérénité des vacances.
         Le chassé-croisé entre aoûtiens et septembriens se termine.
         Adieu " crème solaire, plage, canicule, sueur " et autres mots porteurs de soleil ou articles de vacances. Ils s'effaceront de notre quotidien car celui-ci s'apprête à changer jusqu'aux prochaines vacances.
         Place en effet, à la rentrée… ou plutôt, aux rentrées !
         La rentrée scolaire
         La rentrée politique
         La rentrée culturelle
         La rentrée sociale
         La rentrée fiscale
         Et surtout à la rentrée de la Seybouse

         Même si la rentrée c'est avant tout la scolarité de nos enfants et petits-enfants qui est au centre de nos préoccupations, La Seybouse, le Journal des Bônois, de toute l'Algérie Ancienne et Nouvelle et des Pieds-Noirs du Monde est de retour en cette rentrée
         Vous êtes toujours plus nombreux à nous suivre, et nous allons encore tout faire pour vous conforter dans cette fidélité.
         Quant à la Seybouse, on ne peut pas dire que l'été ait été synonyme de calme absolu. Le courrier s'est amoncelé pendant mon absence. Et même en absence j'ai travaillé sur un portable.
         D'ailleurs, je tiens tout particulièrement à remercier ceux qui se donnent la peine de participer par des commentaires, des suggestions, des documents et qui rendent ce journal plus vivant et plus convivial. Je sais que vous êtes énormément nombreux à nous lire, nous enregistrer et nous diffuser mais seul un petit nombre d'entre vous participent en commentaire. Vous me direz " eh ! Si on dit rien c'est que c'est tout bon " ! Je suis d'accord mais ceux qui publient aiment bien avoir un petit retour sur ce qu'ils ont réalisé. C'est une forme de récompense en quelque sorte. Même un " merci ", ça n'a jamais tué personne (sourire).
         En attendant, nous vous proposons de découvrir en ce jour de pré rentrée ce numéro
         Merci de la confiance que vous témoignez à la Seybouse. Sa publicité, je sais que c'est en grande partie à vous qu'elle la doit.
         La parenthèse des vacances a pu faire craindre à certains qu'après deux mois d'inactivité, la Seybouse ne se soit essoufflée. Ce bulletin leur montrera qu'il n'en est rien, bien au contraire.
         Nous souhaitons ainsi parvenir à combler au mieux vos attentes.
         Toute l'équipe se joint à moi pour vous souhaiter une rentrée 2019 pleine d'énergie, une belle rentrée, douce, paisible, enrichissante et une bonne lecture ! Voilà, j'ai fini mon blabla. Je m'excuse s'il est indigeste.
         Bonne reprise à tous.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,         A tchao.

Affiche DDA N°38
Envoyé par M. Jean Louis Ventura
La propagande du gouvernement français avant le référendum du 1er juillet 1962 en Algerie...   

et pourtant cinq jours plus tard, à Oran...

PHOTO SOUVENIR
Envoyée par M. Piedinéri
LE GENERAL JOUHAUD

Juillet 1962 / 2019
Par M. Robert Charles PUIG


       Plus de cinquante sept ans que notre province française d'Algérie n'existe plus... Pour nous Pieds-noirs, elle est toujours dans notre mémoire mais pour les autres, ces gens de peu qui gouvernent la France, pour eux cela fait longtemps qu'elle n'existe plus cette province de l'autre côté de la Méditerranée... D'ailleurs que devient-elle, cette Algérie dictatoriale et FLN ? Le peuple manifeste et le pouvoir le chasse dans les rues de cette ville qui n'est plus mon Alger.
       Cependant ce que je veux rappeler, c'est que ce temps de notre Algérie, nous étions nombreux à la croire française à jamais... Certainement de l'aveuglement de notre part ou étions-nous trop fiers, patriotes d'une plus grande France... Une France comme ils sont nombreux à ne plus la vouloir en la diluant dans une Europe sans horizon, celle que Chirac nous a imposé et qui montre ses limites malgré les ruades d'un pouvoir parisien actuel qui la veut progressiste, sans frontière et débarrassée de son histoire.
       C'est pour cette raison, parce que je me souviens, que je veux évoquer ce temps des disparus et ce mois de juillet 1962... C'est loin pour les uns... toujours dans notre cœur pour d'autres.
       Il y a eu d'abord le mois de mai 1958. Nous espérions l'Algérie française sauvée de sa guerre... Hélas ! Il fallait compter sans De Gaulle. Imposé sur le balcon du Gouvernement général, il sortira de son képi la paix des braves ; libèrera 6.000 fellaghas et imposera le référendum du mois d'avril 1962... en interdisant que les Pieds-noirs votent. Bien entendu il préparait notre déchirure bien avant les accords d'Evian avec des entretiens informels... pour concrétiser notre fin, le 18 mars 1962. Des Pieds-noirs et des musulmans ont déjà " compris ". Ils sont partis par précaution, pour se préserver des pièges qu'ils pressentent de ces accords. Pourtant, une majorité est encore à Alger, Oran, Constantine et le bled, et ne comprendra combien le pouvoir gaulliste ne veut plus d'elle, qu'en ce jour dramatique du 26 mars.
       De Gaulle veut brader l'Algérie. Il fait tout pour cela. Les morts d'Alger sont les premières preuves de cette élimination massive... (À lire, le livre interdit / Le livre blanc : Alger le 26 mars 1962 / Édition Atlantis)
       À partir de ce mois de mars, l'armée a l'ordre de ne plus intervenir.

       Elle reste l'arme au pied, même si un algérois, un oranais ou un pied-noir du bled est kidnappé ou tué. Il arrive aussi que la gendarmerie rende aux " représentants " FLN des hommes qui se sont réfugiés dans les locaux encore nationaux des gendarmeries... Ne nous étonnons pas. Dès mars, le pouvoir terroriste est le maître de l'Algérie, mais innocemment nous sommes nombreux à ne pas croire à ce retournement de situation après 132 ans de présence française. Pourtant De Gaulle réussit en quelques mois ce tour honteux de nous éliminer et ceux qui défendent l'Algérie française sont vendus par le SAC gaulliste et les barbouzes aux tueurs FLN.
       Le 3 juillet, l'indépendance.
       Nous ne sommes plus chez nous ! Ce qui est triste, c'est que la métropole est satisfaite. Les médias gauchisants se pavanent de plaisir et le peuple dit : " Ouf ! ". Je comprends le peuple de France, il n'a eu de l'Algérie qu'une information communiste ou gaulliste, une information mensongère...
       Puis, le 5 juillet 1962, c'est le massacre des oranais.
       Combien sont morts ou disparus ce jour là ? 3.000... plus ? L'armée française est encore à Oran, mais les ordres sont de ne rien faire. De laisser les rues aux arabes, de les laisser massacrer les Pieds-noirs oranais, parce que ce 5 juillet 1962 la France refuse d'envisager une ingérence quelconque dans cette Algérie FLN indépendante... indépendante... depuis deux jours !
       Pour l'histoire de France il n'y a pas pire honte que cette décision gaulliste. Il faut lire les pages de cette tragédie magnifiquement racontées par Madame Geneviève de Ternant à travers les trois tomes de " L'agonie d'Oran ", aux Éditions Gandini, à Nice.
       Il y a les blessés, les torturés, les morts et les disparus, nombreux.
       À quelques jours de notre cérémonie du 5 juillet 2019, au square Alsace Lorraine de Nice où nous irons nous recueillir pour honorer cette journée dramatique et les disparus de 1962, je veux aussi évoquer la fuite des vivants, Pieds-noirs et musulmans au cœur français ; je veux évoquer le grand affolement qui suivit ce drame. Un drame à vomir tellement le pouvoir gaulliste est impliqué dans ces meurtres et ces disparitions d'Oran, ainsi qu'à toutes les tragédies de cette terre algérienne maraichère ou fruitière, champs de blé ou de vignes, que l'Exode et la disgrâce du peuple Pied-noir, pour le plaisir d'un fauteuil à l'Élysée, transformera en terre brûlée.

       L'Exode ! D'autres ont su l'écrire, le décrire avec sa peur, sa rage, ses pleurs. Une fuite souvent sans rien d'autre que le vêtement porté en sortant le matin de son domicile... sans souvenir...
       En cette mi-année 2019, je souhaite que l'on se souvienne de tous ces disparus de l'Algérie française. Des civils et des militaires. Des disparus appelés pudiquement des " Manquants ". Un triste terme du langage officiel ! Ils ont été nombreux, impossibles à chiffrer véritablement et aujourd'hui, le gouvernement de la France, comme les précédents n'a toujours pas répondu à l'attente des familles aux prières des familles de ces martyrs disparus.
       Il reste une évidence. Nous serions totalement occultés de l'histoire comme le souhaite ces politiciens modernes qui préfèrent s'incliner devant l'histoire FLN, " honorer " des traîtres et nous oublier, si des comités de rapatriés, des associations de Français d'Algérie n'avaient pas répondu à l'appel des familles par leurs actions, leurs gestes, leurs écrits. Des amicales et des associations entretiennent notre histoire avec des revues, des documents, des stèles du souvenir et de la mémoire.
       À Perpignan, " LE MUR DES DISPARUS " existe et raconte notre véritable histoire malgré les critiques de personnes gauchisantes, ignorantes de notre malheur et de notre peine.

       Ces disparus d'Algérie seront-ils reconnus ?
       Il faut savoir que l'histoire des disparus dans le monde a sensibilisé les autorités internationales. En vérité, les autorités internationales ont mis du temps pour s'occuper à cette situation dramatique.
       C'est en 1979 qu'une première résolution voit le jour. Une première résolution mais, " de la déclaration relative à la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, à la reconnaissance de la disparition forcée comme violation systématique des droits de l'homme ", il s'est écoulé vingt ans ! Puis la Convention sur les disparitions voit le jour en 2007.
       Pourtant... c'est à ce moment là, malgré que la France ait assisté à toutes les réunions de cette Convention, que l'on se rend compte combien nos disparus d'Algérie sont oubliés. JAMAIS la France n'a demandé que les disparus de l'Algérie française soient inclus dans cette Convention.

       Qui était au pouvoir en 2007 ? La droite ! Cette droite complexée qui préféra comme la gauche multiple, la soumission à l'Algérie FLN plutôt que de l'honneur de défendre son histoire de France.
       Ainsi, depuis l'avènement de la V ième République gaulliste, le FLN a toujours eu le soutien des autorités légales qui fermèrent les yeux sur les kidnappings, les disparitions des européens et des musulmans. Le programme de désengagement de l'armée dès 1961, après le putsch des généraux, s'accompagna d'une impunité de plus en plus grande des terroristes du FLN. Des instructions furent données ! " Nos forces ne devront riposter QUE pour assurer leur propre défense ". Tout est dans ce message ! Les civils sont les cibles qu'il faut abandonner aux griffes du FLN. Il en profite et ses exactions sont passées sous silence. Les viols des femmes envoyées dans les bordels FLN ; les tortures ; les meurtres et les disparitions dont certaines serviront jusqu'à ce que la mort d'en suive à la collecte du sang au profit des " hôpitaux " FLN, et en France l'interdiction aux soldats évadés des camps terroristes de parler de leur internement. (Un Silence d'État / Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie/ Jean-Jacques Jordi / Éditions Soteca.)
       Que reste-t-il de notre histoire que de nombreuses personnalités politiques occultent de l'épopée nationale depuis les différentes guerres où le sang pied-noir et français a été versé ? Que constatons-nous aujourd'hui, comme hier, en 1962 ? L'envie des politiciens de nous condamner à l'oubli ! Pas d'enquête, pas de recherche des disparus, pas d'honneur à souhaiter la vérité. La France des institutions demeure sans réaction. Bientôt soixante ans ! Ils nous veulent tous morts ! En 2017, le prétendant au poste de premier homme de France a prouvé sa méconnaissance de l'HISTOIRE. Un de plus dirons-nous. Par ses propos " étonnants " sur ce temps de l'Algérie française, il a méprisé le peuple Pied-noir, l'honneur de l'armée française et celui des anciens combattants métropolitains qui, avec nous, ont donné leur temps, leur vie, pour cette province française de 1954 à 1962.
       En attendant la prochaine cérémonie pour nos morts et nos disparus d'Algérie du 5 juillet 1962, resteront-ils toujours les oubliés de l'HISTOIRE DE LA NATION ?

Robert Charles PUIG / Fin juin 2019       
      

5 juillet 1962 - 5 juillet 2019
Envoyé par Mme Leonelli
    5 Juillet 1962            
     57 ans après….
     57 ans après quoi ?
L'homme de la rue, et plus particulièrement celui des jeunes générations, à qui l'on poserait la question : Que s'est-il passé le 5 juillet 1962 à Oran ? Ne serait pas en mesure de vous répondre ou, pour de rares individus, vous répondraient, hélas, selon les thèses du matraquage mensonger qui leur aura été administré au lycée ou en université.

       Nous, nous savons bien, nous, l'horrible drame qui s'est déroulé à Oran le jour même de l'indépendance de l'Algérie, ou plutôt le jour du naufrage de l'Algérie française. Et encore serait-il plus juste de parler du sabordage et de l'abandon de ces départements français érigés sur l'autre rive de la Méditerranée, en 132 ans d'un travail de Titan accompli par des générations de ces petits et de ces humbles dont la seule ambition était de vivre dignement sur cette terre qu'ils avaient conquise par leur sueur et par leur sang.

       Un drame tout aussi horrible serait, 57 ans après, que l'oubli finisse par l'emporter, de toutes ces morts, ces sacrifices et de cette forme d'holocauste, de génocide ou de je ne sais quoi encore, qui fut sciemment mis en œuvre pour nous chasser de notre terre.

       Peu importe la qualification de l'injustice meurtrière qui nous a atteints et qui nous meurtrit aujourd'hui encore - certains se perdent en conjectures pour nommer l'événement et, finalement, pour mieux le neutraliser, le disqualifier, et même l'utiliser pour nous discréditer et nous sortir de l'Histoire comme des malpropres qui n'auraient jamais dû y entrer, puisque nous n'étions, nous Pieds-Noirs, que d'infâmes colonialistes ; les Harkis et tous les musulmans qui avaient cru en la France, des collaborateurs de la pire espèce.

       Les négationnistes en tous genres abondent ; de ces pseudos historiens qui sont bien plus animés par une idéologie que nous connaissons bien et qui a pour but de détruire la France, plutôt que de travailler à mettre au jour la vérité objective d'une histoire que nous avons, nous, vécue.

       Nous ne prétendons pas détenir à nous seuls la vérité, mais nous luttons pour que soient reconnus les faits dans leur objectivité, et que soit enfin reconnus par la Nation et par les plus hautes autorités de notre pays le massacre que l'on a laissé se perpétrer et l'abandon délibéré de nationaux qui avaient un droit légitime et inaliénable à être défendus.

       Bien souvent nous avons le sentiment d'être le pot de terre face au pot de fer, c'est à dire dans le contexte d'un combat inégal et inutile, perdu d'avance.

       Mais faisons mentir le dicton ! Finalement, la terre n'est-elle pas plus noble que le fer ? La terre qui nous reçoit à la naissance et qui nous nourrit n'est-elle pas plus forte face au fer du dicton, parce qu'elle porte en elle la promesse de la vie, parce qu'elle sait accueillir en elle la semence et la faire croître. Parce que la terre garde la mémoire de ceux qui l'ont travaillée.

       Cela demande du temps, et le travail peut paraître ingrat, mais au bout du compte, c'est la vie qui triomphe ! Le fer est sans âme, la terre, elle, possède la plus belle âme qui soit, constituée d'une vérité inattaquable, d'une justice invincible et d'une lumière qui finit par percer les ténèbres les plus épaisses du mensonge et de la haine.

       Je reprends ici les propos d'une amie pied-noire, Danielle Pister, professeur agrégée d'université, oranaise, dont le Père avait été porté disparu durant plusieurs jours après les massacres d'Oran. Dans une réflexion sur le combat que nous menons, Danielle Pister évoque le mythe de Sisyphe écrit par "notre" Albert Camus. Vous savez que Sisyphe était ce personnage de la mythologie grecque, qui, ayant déplu aux dieux, fut condamné à pousser une énorme pierre au sommet d'une montagne. Objectif apparemment irréalisable, mais auquel le condamné ne renonça pas, y trouvant même le bonheur car, face à l'absurdité de la vie décrite par A. Camus, en ne baissant pas les bras, Sisyphe lui donnait un sens, même s'il désespérait d'arriver au bout de son combat.

       Éloignons-nous maintenant de la réflexion de Camus tout en la resituant dans le cadre de notre vécu.

       Certes, notre persévérance, notre résilience ne nous apporteront pas le bonheur évoqué par Camus, mais elles rendront l'honneur à nos martyrs, et, à nous, la fierté de ne pas les avoir abandonnés.

       Continuons, nous aussi, à pousser à contre-pente, à contre -courant du silence et de la désinformation.

       Ne baissons jamais les bras. Des résultats ont été obtenus grâce à la persévérance dans un combat dont le seul but est la reconnaissance et la mémoire des martyrs innocents du 5 juillet à Oran, du 26 mars à Alger, et avant cela de ceux de Philippeville, de Constantine, d'El Halia... Ainsi que de toutes les autres victimes civiles et militaires de la tragédie de l'Algérie française.

       Tragédie que l'on veut continuer de dissimuler en raison du mensonge et de la trahison qui ont présidé à sa fin dramatique.

       Demandons à Dieu que viennent enfin les héros d'une histoire nouvelle, qui sauront ôter la honte et le déshonneur qui, en cette période, marque l'Histoire de la France et son drapeau.

       Ne nous décourageons pas ; si nous demeurons ou si nous retrouvons la foi en Jésus Christ et en notre patrie, Dieu saura exaucer nos prières.
HOMELIE prononcée le 5 juillet au cours de la messe
Mgr Jean-Yves MOLINAS



5 Juillet 2019 Royan
Envoyé par M. Régis Guillem

                  Chers camarades
       Journée de deuil que ce jour du 5 juillet. Avec le Colonel Guy ROUX nous avons à notre petit niveau rendu hommage à tous ceux et celles qui, ce 5 juillet 1962, ont été victimes de la barbarie.
       Nous avons opté pour nous recueillir devant la tombe du Sergent-Chef Michel ABAD en sa mémoire, en celle des Oranais et Oranaises et du Lieutenant Roger Degueldre.

        Le Sergent-Chef Michel ABAD était un ancien du 1er R.E.P.où il se singularisera en obtenant médailles et citations..et 2 blessures; il rejoint tout naturellement son chef le Lieutenant Roger DEGUELDRE.
       Il est interné au camp de Thol dans l'Aîn d'où il s'évadera.
       Il décède dans un quasi oubli le 25 juillet 2014 à Royan; n'ayant plus de famille il est enterré au Cimetière de Montperrier au carré des indigents.
       Nous ne l'oublierons pas.
Régis Guillem        


http://encyclopedie-afn.org/ALGERIE_POLITIQUE_O.A.S._CAMP_DE_THOL_PHOTOS


Les Mystères de la Casbah,
De M. Toni-Pança et envoyé par M. piedineri
Feuilleton en pataouète, paru en 1909 dans le journal algérois Papa-Louette

SUITE PREMIÈRE PARTIE - II -
II - Les contrebandiers y z'enlèvent Mercédès, la fille d'un notable Palmaisan

                La nuit elle se passa taïba. Mercédès, fatiguée par l'émotion, elle se roupilla comme un soldat qui s'a fait cenquante kilomètres sans boire une goutte de Premier à l'eau de seltz.
                Pedro et Pastor, éreintés par cette périlleuse aventure, y se sont pas réveillés.
                Seul Martinez, qu'il était le gardien de Mercédès, y s'a dormi en gendarme.
                Un œil après l'aute, y fermait. Jamais il a fermé les deux.
                Il a bien fait, pourquoi le petit mousse il attendait que le moment où Martinez y serait plongé dans les bras de Morphée pour se tirer des pieds et avertir la guarda civile de Palma de l'enlèvement de la jeune fille.
                Il a pas pu, à son grand regret, accomplir cet acte de dévouement.

                A peine le soleil y se rougissait l'horizon et y se montrait doucement dans le ciel, comme une boule de feu qu'on se fait rouler sur un drap bleuté et laiteux, Pedro et Pastor y se réveillèrent, firent un brin de toilette et y s'amenèrent pour faire la révérence à leur prisonnière.
                Mercédès elle dormait toujours. Sa fisionomie elle avait une expression tellement sympathique que Martinez y disait à voix basse, comme si y veillait un mort :
                - On dirait la Sainte Vierge ! Elle a les yeux comme du velours à 20 francs le mètre. Pauvre fille, va ! Pauvres parents !
                - Viens pas faire le sentiment ici, y se lui dit Pedro ! Tout à l'heure, quand le fils du comte Luis de Placido y viendra nous compter les dix mille piécettes qui nous doit pour pouvoir se prendre la fleur d'oranger, délicatement et tout, à la petite sainte Vierge, comme tu l'appelle, tu seras heureux de toucher les trois mille balles.
                - Trois mille seulement ?
                - Bien sûr !
                - Pourtant, dix mille partagés en trois ça fait… ça fait… ça fait…
                - Accouche, plein des puces !
                - Ça fait… trois mille… trois cents francs, sans compter les centimes.
                - Oui, mais les trois cents francs, je les garde.
                - Pourquoi faire? y m'appartiennent.
                - Pas de mauvais sang, va, Martinez, j'achèterai avec le trousseau pour Mercédès.
                - Alors, oui, comme ça c'est d'attaque. Je mets même vingt sous de plus pour s'acheter le flacon de réglissérine qui se lui faudra quand le comte y se lui…
                - Chut ! sois raisonnable, viens pas faire le boniment ici, on n'est pas à la foire de Palma.

                Ils devisaient ainsi dessur Mercédès quand celle-ci elle se voit entourée d'une chiée des gens qu'elle connait pas. Elle se tourne les yeux à droite, à gauche, à le plafond, à le parterre et comme si elle était folle, vec ses cheveux qui se lui tombaient dessur la poitrine elle dit faiblement :
                - Aousque je suis, mon Dieu ! Papa, à mon secours ! A moi papa ! papa ! papa !
                Elle se met à pleurer à chaudes larmes.
                Sa crise de pleurs terminée, elle se redresse tout à coup furieuse, les yeux hagards :
                - Assassins, s'écrie-t-elle ! Quoi vous voulez faire de moi ? Vous m'avez ravie à mes parents, misérables, dans quel but ?

                S'emparant d'un couteau qui se trouvait sur la table et qui servait à rouvrir les moules à bord, elle allait en frapper Pédro, lorsque Pastor, qu'il avait vu le coup, y se lui a paré de suite.
                - Calme-toi, petite - y se lui dit avec un sang-froid terrible ce fant de garce de Pédro. Calme-toi, tout à l'heure tu vas faire un gousto d'attaque quand le fils du comte Luis de Placido y viendra nous demander ta main et le reste. Moi je ferai le curé, Martinez y fera l'alcade et Pastor y fera la maman. C'est lui qui t'expliquera quoi y faudra faire tout à l'heure quand le comte y viendra te faire bous-bous.
                - Assez misérables, de vos ignominies ! Ah ! ah ! vous croyez me donner au fils du comte. Jamais ! jamais ! entendez-vous, lâches, jamais !... Je mourrai plutôt ! Je me tuerai ! J'ai dans les veines du sang espagnol, je saurai m'en souvenir.
                - Pantience, petite, pantience ! y lui dit paternellement Martinez, fais entention. Pour une bagatelle comme ça, pas besoin de te faire du mauvais sang. Y a que le premier pas qui coûte. Tu verras comme c'est taïba. Que veux-tu, plus tôt fait mieux ça vaudra. Comme ça tu n'y penseras plus.

                Mercédès elle écoutait rien de ça qui lui disait Martinez, sa pensée elle se portait vers sa famille.
                Elle revoyait, dans un songe heureux, sa villa, son jardin, sa volière vec de tous les oiseaux qui le matin, y lui chantaient le réveil en fanfare.
                Elle revoyait son père, son petit père chéri, qui la choyait délicatement, comme un petit bébé est choyé par sa nourrice.
                Ce délicieux tableau de la vie y défilait devant ses yeux, dont l'expression de douceur elle était revenue.
                Elle songeait, lorsque tout à coup, un coup de sifflet strident y se lui a arrivé aux oreilles.
                Elle relève sa tête, tandis que Pedro et Pastor, qui s'avaient reconnu le sifflet du comte Luis de Placido, y se montent sur le pont, pour lui faire signe de venir que la petite elle était à bord.

                Martinez, il était resté seul pour garder Mercédès.
                - Du courage, lui dit-il, du courage, ma fille, je voudrais bien, vois-tu, te sauver. Mais je ne le puis. Pedro me tuerait comme un chien et il te tuerait aussi, s'il apprenait seulement mes intentions. Aies du courage et comptes toujours sur moi. Tu n'auras pas en moi un ravisseur, mais un ami fidèle. Moi aussi, j'ai une fille de ton âge, adorable et fiancée, et je ne voudrais jamais qu'il lui arrive malheur.
                - Pourquoi avez-vous donc aidé à ces misérables à me ravir à ma famille ?
                - J'étais forcé, ma petite, forcé, Pedro m'aurait tué. Ah ! il a la main leste tu sais. Chut, taisons-nous. Les voilà qui descendent et il ne faut pas qu'ils nous voient parler ensemble.

                Le mousse, caché derrière un gros amas de voiles, qu'il avait entendu la conversation y dit en lui-même :
                - Nous serons donc à te défendre, Mercédès, deux : moi et Martinez.

                - III - Les malpropretés du fils du comte Luis de Placido. - Rien de fait ! - En route pour Alger
                En descendant du pont dans la salle à ousqu'elle était Mercédès, Pastor, Pedro et Luis - nous appellerons ainsi tout le temps le fils du comte de Placido - chaque y riait qu'on s'arrait dit qui z'assistaient à une course de taureaux ampoulés, aousqu'il y a Kaloufa comme toréador.
                Y riaient tous à la pensée de voir que la petite brunette aux yeux de velours, comme y dit Martinez, elle allait faire cadeau son pucelage à un jeune homme, beau garçon et tout qu'il était amoureux d'elle.
                Pédro, que c'est un vieux louette de la mer et qu'il est encore vert y disait à Luis :
                - Veinard va ! La sanche vous avez de vous offrir une petite fleur comme ça ! Ah ! si j'étais à votre place, quoi elle prendrait pour son rhume. Je vous prie de croire qu'elle serait contente… Enfin, c'est pas moi qui dois faire ça. Débrouillez-vous tous les deux et bonne sanche !...
                - Merci, mon vieux, merci.
                - Mais avant, y poursuit Pedro… avant y faut commencer à jeter un peu de la broumitche, à ceux qui vont vous servir de témoins pour la noce. Vous savez la règle : il faut payer d'avance, trement, l'oiseau rare que nous se possédons dans la cage qu'est le " San-Raphael ", y s'envole, sans que manco, vous lui ayez sorti une plume seulement. C'est pas de note faute à nous z'autes, c'est la loi : Payez et vous serez considéré… par nous d'abord et par elle ensuite.
                - Allons, pas de discussion sur ce point, tu sais que je ne régare pas à si près. Combien veux-tu ?
                - Comme c'est convenu : dix mille !
                - Dix mille ! et le pourboire pour le mousse, y s'ajoute ce fant de garce de Pastor qu'il en pince rien que pour l'argent.
                - Mille francs de plus comme pourboire, ça va ?
                - Touchez cinq, M. le comte et… aboulez la galette, et nous donnons la femelle. Ça vaut plus que ça vous savez, un bijou pareil. Mais tant pis, nous vous la laissons à prix réduit, à condition que vous lui faisez pas beaucoup de mal.
                - C'est bien, je ferai tout mon possible pour satisfaire tous vos désirs.

                Il met sa main dans la poche gauche de son veston et en retire 11 billets de mille. Cette vue de billets bleus y fit faire le sourire large et tout à ce fant de sa mère de Pédro. Y s'ouvrait un four madone qu'on s'arrait dit qui bouffait dix sous de calentita à la fois.
                Pastor qu'il avait été, autrefois, chef d'une bande de pirates, y se faisait seulement pas entention. Il en avait déjà vu comme ça des chiées et des chiées.
                Ça fait rien, Pedro il encaisse les 11 billets bleus et y dit au fils du comte :
                - Merci, cher maître, nous allons vous laisser à vos petites affaires. Moi et Pastor nous partons en ville pour faire les provisions et dès que nous reviendrons et que vos… occupations elles seront terminées, nous se faisons pressa, pressa, voiles sur Alger.
                " Nous laissons avec vous Martinez, en cas que la petite elle fasse la méchante et qu'elle se foute le camp en dessur le pont pour appeler au secours.
                " Et maintenant, adios, M. Luis, adios et faisez pas trop de mal à cette pauvre petite Sainte Vierge, qu'elle est innocente et tout et qu'elle se connaît pas faire… l'amour bien comme y faut.
                - Au revoir, mes amis. Surtout ne tardez pas à revenir, trement je me ferai beaucoup le mauvais sang si vous restez longtemps dehiors.

                Pedro et Pastor quittent le bord, tandis que Luis se présente en face de Mercédès, qu'elle causait avec le mousse.
                - Bonjour, mignonne. Alors comme ça vous faisez la méchante. Quand j'a demandé votre main à votre père, pourquoi vous avez refusé ? Pourquoi vous avez dit que le fils du comte Luis de Placido ne serait jamais, au grand jamais, votre mari ? Ah ! Ah ! ma petite, vous voilà prise. Je vous aurais pour femme. Je vous aurais pour une heure seulement, c'est vrai, mais je vous aurais tout de même.
                " Vous étiez loin de vous douter jusqu'où allait ma puissance. Vous ne pensiez pas que j'étais capable de tout. Hé ! hé ! quand on a le gousto pour quelqu'un, on s'emploie tous les moyens possibles et imaginables.
                " Nous sommes tous comme ça en dedans la famille des Placido, vous entendez, Mercédès.
                " Et maintenant, ma mignonne, ne soyez pas mauvaise. Si vous voulez me suivre, et vivre désormais avec moi, suivez-moi. Je vous fais quitter ce bateau où peut-être des mains criminelles elles vont vous jeter à la mer, pendant la traversée.
                " Vous verrez plus votre famille qui vous aime et qui n'avait que vous au monde.
                " Répondez, Mercédès, répondez je suis votre homme, je serai votre mari si vous acceptez les conditions que je vous propose.

                Mercédès, savamment conseillée avant par Martinez, elle se répond avec un calme qu'on s'arrait dit une sœur qu'elle s'apprend l'" Ave Maria " à des élèves caméristes :
                - Partez, misérable, partez ! Avant d'avoir voulu donner des ordres pour qu'on m'enlève à mes parents, vous vouliez déjà abuser de moi. C'en est trop maintenant et votre vue seule me dégoûte profondément. Vous n'êtes pas digne de porter un nom noble comme le vôtre. Vous êtes un misérable que Dieu punira si moi je peux pas le faire. Partez de devant mes yeux, partez, votre vue me fait mal et me répugne.
                - Ah ! Ah ! Tu crois que ça va se passer comme ça. Tu crois que j'ai donné onze mille francs pour voir seulement ta figure ? Non ! Je te veux et je t'aurai. Si tu ne veux pas de ton bon vouloir ça sera de force.
                Appelant Martinez qu'il était en train d'arranger une voile à le fond du bateau, il lui dit :
                - Viens m'aider à me rendre maître de la petite. Viens nous allons lui attacher les mains.
                Comme Martinez ne répondait pas, Luis se précipite sur la malheureuse jeune fille et la fait rouler sur le plancher.
                Un combat terrible y se livre entre Mercédès et l'amoureux qu'il était chaud comme vingt-cinq petites chiennes en chaleur.
                Par force y voulait faire l'amour. Par force y voulait se déshonorer cette pauvre petite qu'elle était innocente comme un petit bout de l'algue marine.

                Mais Mercédès elle tenait bon. Manco elle se laissait faire.
                Elle se débattait si tellement bien qu'on s'arrait dit qu'elle s'avait appris à faire la boxe et la lutte avec Paul Pons, le courro des lutteurs.
                Luis, il avait un bœuf d'attaque. De sa bouche y sortait de l'écume qu'on s'arrait dit qu'il allait devenir enragé.
                - Ah ! Coquine, disait-il, tu crois que je céderai à ta résistance. Jamais ! Je devrais t'assommer et te posséder ensuite que je ne reculerai pas devant ce crime horrible. Soijis, ton amour ou bien la mort.
                - La mort plutôt, misérable, que le déshonneur. Et si vous êtes un homme tuez-moi. J'en ai assez de cette vie qu'elle est faite pleine des soucis.
                Fou de rage, ce fant de sa mère de Luis, y s'empogne une papasse de buche qui se trouvait en dessur la table et il allait en frapper cette pauvre brunette, lorsque Martinez qui s'avait assisté, sans rien dire, à la scène, y se jette dessur le comte et y donne un coup de carabasse sec, en pleine poitrine, qui se l'envoie rouler dessur le plancher.
                Mercédès elle se releva de suite et elle s'ensauva à le fond du bateau aousque le toiles et qui se tordait de rire, comme une mousse y l'était caché darrière des vieilles crappe qui s'a trouvé un porte-plume et un encrier dessur un rocher.
                - Donnes-z'y, y gueulait le petit mousse ! Donnes-z'y à ce bâtard ! qu'il aille toucher le c… de sa sœur et qui vienne pas se jeter le broumitche ici.
                Martinez y lui donnait toujours sec.
                Le fils du comte y gueulait comme un veau qui l'est en deuil pourquoi il a perdu sa mère.
                Mercédès, qu'elle a un cœur d'or, elle se dit à Martinez :
                - Laissez-le, Martinez, il en a assez.

                Martinez il écoute la petite et tandis qu'il lâchait Luis, celui-ci sort de la poche de son paletot un pistolet espagnol et y tire sur Martinez. Sanche que le mousse il avait vu le coup et qu'il a paré, trement Martinez y connaîtrait plus le goût du pain à cet heure-ci.
                La balle elle est allée se perdre à le plafond de la cale.
                Quand Martinez il a vu que Luis il avait voulu le tuer, y se l'empogne avec le mousse et vinga de li donner sec. Après y se le sont attrapé, un par les pieds, l'autre par la tête et y se le sont monté sur le pont et foutu par dessus le bord.

                Luis qui savait heureusement nager, y s'a regagné de suite la terre jurant de se venger, disant qu'il allait avertir le procureur du roi.
                Au même moment, Pédro et Pastor y z'arrivaient de faire les provisions.
                Quand le fils du comte y se les a vus, et craignant qu'eux aussi y se lui foutent une raclée d'al pello, il est parti comme une poule mouillée qui s'a trouvé un rasoir mécanique.
                En arrivant à bord, Pedro et Pastor y demandent à Martinez quoi y s'était passé pendant leur absence.
                Martinez y s'a tout raconté et Pedro se lui a donné raison.

                Nous avons empoché, dit-il, dans la boudjaqua, 11 billets de mille : laisse-le courir maintenant, ce fout-la-faim de comte.
                Y fallait qui soye plus malin. Tant pire pour lui, si il a pas pu faire l'amour avec la petite et tant mieux pour nous pourquoi (et il parlait à voix basse) ça coûte cher une petite qu'elle a sa fleur d'oranger et, à Alger, nous pourrons la vendre à un bon prix. Dix mille francs encore peut-être.
                Ça nous fera vingt-mille plus l'argent que nous retirerons de la vente de tout ce safran que nous vendrons, là-bas en contrebande.

                Allons, allons, notre voyage nous aura rapporté assez.
                Souhaitons que chaque fois ce soye la même chose.
                - Comment ! y dit Martinez, qu'il a pitié pour Mercédès, tu ne veux pas remettre en liberté notre captive ?
                - Atso ! Elle est bonne celle-là - A moins que vous soyez un comte aussi, monsieur Martinez et que vous faisez les avances pour la mettre en liberté.
                " Dans ce cas, aboulez 10.000 piécettes et la petite elle est à vous.
                " Ah ! ah ! Il est pas cochon, l'animal. Y voudrait s'envoyer la brunette dans les condices.
                " Patience, mon vieux, patience, quand nous la remarierons à Alger, tu seras le parrain du premier gosse.
                " Et maintenant assez blagué et larguons vite les voiles pourquoi ce fant de garce de Luis, il est capable de nous envoyer les guarda civils et nous faire arrêter.
                " Aller mousse, grimpe arranger les voiles. Le San Raphaël, y s'en va vec son chargement d'attaque.

                Mercédès qu'elle était en train d'écouter - quand elle s'entend que le bateau elle va larguer elle se précipite aux pieds de Pedro et demande grâce.
                - Pas de grâce, ma petite pas de grâce, y répond Pedro qu'il a le cœur dur comme le marbre de la tombe à Barbichat. Si tu es sage pendant la traversée, nous te laisserons tranquille à Alger.
                " Si tu travailles bien je te ferai donner le brevet de patron. "
                Dix minutes après, malgré les cris et les pleurs de la belle enfant, le San Raphaël faisait voiles sur Alger, faisant dans l'eau un sillage à ousque les mouettes elles venaient se jeter pour s'amuser un peu.
FIN
Ce roman-feuilleton paru dans le journal Papa-Louette l'automne 1909 n'a jamais été achevé. Son auteur, Toni-Pança, de son vrai nom Henri Fiori, deviendra député d'Alger dans l'entre-deux-guerres, après avoir combattu glorieusement comme poilu en 14-18.



LE MUTILE N° 63 du 6/10/1918 (Gallica)
Faut-il faire des Enfants ?
                 Dans son bulletin du 29 août, notre sympathique confrère Laffitte, du Messager, à la plume, si spirituelle qui, depuis quelques jours, mène campagne au sujet de la repopulation, explique que ce n'est pas tout que d'engendrer des enfants, mais qu'il faut encore et surtout pourvoir à leurs besoins essentiels dont l'un des principaux est de les loger.

       
        Pour indiquer que dans l'état actuel des choses, la solution de ce problème devient de plus malaisée, il cite le cas d'un employé des C. F. R. A. qui, s'étant mis à la recherche d'un, logement' accompagné de ses deux garçonnets, s'entendit, répondre par une pipelette :
        - Des logements, il y en a, mais pas pour vous, puisque vous avez des enfants !
        Ce à quoi l'employé répondit :
        - Mais Madame, je n'ai pas que ces deux-là ; j'en ai un autre qui se bat sur le front pour défendre la France et là République, mais aussi pour conserver à votre propriétaire l'immeuble dans lequel vous ne voulez pas recevoir les petits Français.

       Ce pénible incident, dont l'authenticité est indéniable, ne représente pas qu'un cas isolé ; il traduit la mentalité de pas mal de propriétaires.
        Si nous devions citer les noms de tous ceux qui ont été évincés alors qu'ils recherchaient des logements, il faudrait des volumes, car il existe, entre les propriétaires un mot d'ordre dont trois catégories de citoyens ont, à souffrir. Ce sont :
        1° Les familles de mobilisés ;
        2° Les familles des mutilés cl réformés de guerre ;
        3° Les familles nombreuses.

       Quelle que soit leur solvabilité, la consigne est formelle à leur égard. Pas un de ces propriétaires, qui font preuve d'autant d'ingratitude, n'a réfléchi que les mutilés de guerre le sont devenus pour avoir défendu leurs immeubles, que les mobilisés, qui étonnent le monde par leurs prouesses, chassent le boche nuit et jour pour le bouter hors de France et assurer la quiétude des favorisés de là fortune, et qu'enfin les familles nombreuses, appartenant généralement à la classe pauvre, sont dignes du plus grand respect car ce sont elles fuient donné ces beaux et Tiers soldats sans qui le patrimoine national n'existerait plus et ces radieux marmots qui, demain, se dresseront comme leurs aînés si la Patrie est à nouveau menacée.

       Grâce à nos soldats, les biens des propriétaires algériens demeurent intacts. Il est vrai que l'Algérie n'a pas connu l'invasion qui a dévasté le Nord de notre France, mais il faut bien reconnaître que si nos poilus n'avaient pas dressé la digue de leurs baïonnettes et de leurs poitrines devant le flot triomphant des hordes teutonnes, l'Algérie aurait, elle aussi, connu le poids de la botte allemande et les propriétaires auraient déchanté.
        Pendant qu'avides de bénéfices, ils louent de préférence leurs logements aux gens aisés possesseurs de chiens et de chats, beaucoup plus intéressants que les bébés sans doute, il s'est créé à Alger un comité qui, avec une inlassable énergie, poursuit une ardente campagne pour la repopulation.

       Nous reconnaissons la nécessité de l'existence du " Comité pour la vie" et nous applaudissons à ses efforts, mais nous nous demandons avec quelque inquiétude ce qu'ils vont devenir s'ils sont ainsi contrecarrés par la farouche et imbécile obstination de certains propriétaires.
        Il doit y avoir un remède à ce mal et il appartient à la Nation de l'appliquer d'urgence.
        Si les propriétaires ne veulent louer qu'aux classes aisées, il faut créer sans tarder des cités ouvrières.

       L'Angleterre, pays pourtant monarchique, vient de nous donner une leçon en désignant parmi les membres de la Chambre des Communes un Comité pour étudier la question au point de vue national. Or, ce Comité a déjà réclamé la construction de 500.000 maisons pour commencer puis 100.000 maisons par an pour là population des îles Britanniques.
        Terrains, plans, crédits, seront bientôt prêts, et aussitôt après la guerre une grande partie des usines employées à la fabrication des munitions seront transformées en fabriques de matériaux de construction.

       La Nation mettra ainsi à là disposition des citoyens des moyens de se loger et il est fort probable que les propriétaires se feront tout petits devant les locataires qui voudront bien encore demeurer chez eux.
        Que n'imite-t-on pas nos bons amis les Anglais et pourquoi ne publierait-on pas les noms des propriétaires qui préfèrent voir leurs appartements vidés plutôt que d'y loger des familles nombreuses !
        Cette façon de les clouer au pilori les ferait peut-être sourire tout d'abord, mais pourrait peut-être les faire réfléchir par la suite. Que diable, la guerre ne durera pas toujours !
CLAUDIUS, R. 1, père de famille.                 

Souvenir de Kleber
ECHO D'ORANIE - N°275

         Je n'ai jamais connu, Kléber, le général,
          Mais j'ai assez connu, là bas dans mon jeune âge,
          Aux environs d'Oran, le merveilleux village,
          Qui portait haut ce nom, de renom national.

         Qui voyait une fois, Kléber un jour Pascal,
          Et ses tableaux vivants, érigés en hommage,
          Du Christ ressuscité, gardait à vie l'image,
          D'un superbe village et de son festival.

         Ce n'était pourtant pas, mon village natal,
          Pas même d'adoption, mais de nombreux voyages,
          M'ont permis sûrement, d'apprécier davantage,

         Et ne pas oublier, I'accueil sans égal,
          Que tous les Klébériens, avaient mis en usage,
          Pour recevoir tous ceux, comme moi de passage.
         
Louis Portalés
frère de Solange épouse Gilbert Dolivot


PHOTOS DE BÔNE
Envoyé par M. Jean Louis Ventura
    COURS BERTAGNA





VUES SUR LE PORT





LES NOUVEAUX QUAIS





PLACE DES GARGOULETTES





LE PORT, LA GARE, LES CHAIX



LE PORT, LA CENTRALE





L'ANCIEN MARCHE FRANCAIS




LA PLACE ALEXIS LAMBERT








LA PLACE DU GENERAL FAIDHERBE





15 août 1944 - 15 août 2019.
75ème anniversaire
du Débarquement en Provence

Par M. Eric Wagner
Le 15 août 1944. Opération Dragoon. Le débarquement en Provence de l’Armée Française d’Afrique devenue 1ère Armée Française         

         Si le commandement est américain ( général D Eisenhower) et que les forces anglo-saxonnes sont très nombreuses sur ce deuxième front ouvert au sud après celui de Normandie début juin 44 (celui qui attire tous les regards, toutes les émotions, l’essentiel des commémorations), la 1ère Armée française qui y participe est forte de près de 300 000 hommes sous le commandement d’un chef illustre, futur Maréchal de France sur son lit de mort, le général d’armée Jean de Lattre de Tassigny (car il fallait bien qu’un « Français de France » commanda une armée française en reconquête du territoire national tel que le voulut le général de brigade De Gaulle).
         1ère Armée française certes, mais bien que (re)nommée ainsi elle était bien celle qui vainquit en Tunisie, en Italie en faisant sauter le verrou de Rome (et permettre l’entrée victorieuse de l’armée américaine dans la ville éternelle. Le cinéma se souvint de celle-ci mais pas de ceux, soldats Français, qui le permirent par leurs victoires sur les Allemands) : l’Armée française d’Afrique !

         Cette Armée d’Afrique, celle de nos Pères qui de la guerre de Crimée en 1853 à celle de 1870, puis de 1914-1918 (mon grand-père Alfred Wagner,de Bône, Zouave, était de la bataille de la Marne en 1914 ; mon grand-oncle Di-Tuoro Augustin, de Bône, Zouave également au 3ème Régiment de Marche de Constantine, est mort « tué à l’ennemi » à Verdun cote 304 le 19 mai 1916 à 26 ans) était encore des combats de 1939-1945, puis d’Indochine et de celles qui suivirent en AFN. Car Armée française !
         Armée d’Afrique commandée par le Maréchal (de son vivant) Alphonse Juin, Pieds-Noirs de Bône (Est de l’Algérie, aujourd’hui Annaba, ville de l’Evêque d’Hippone Saint-Augustin), fils de gendarme. Bône ma ville natale.

         Cette Armée vainquit en Sardaigne, en Corse avant de débarquer en Provence et libérer Marseille (bien oublieuse 18 ans plus tard en 1962, année de l’exode de près de 1 million de Français d’Algérie, quand dans la bouche de son Maire d’alors, Gaston Deferre, celui-ci indignement osa dire « il y a 150 000 personnes de trop à Marseille, que les Pieds-Noirs aillent se réacclimater ailleurs » ! Pieds-Noirs moi-même, de ces exilés-là, je ne n’oublie pas cet affront…et ceux qui suivirent),Toulon et tant d’autres villes du sud-est de la France…puis remonter victorieuse la vallée du Rhône, se battre et vaincre dans les Vosges, les Ardennes, en forêt Noire, traverser le Rhin pour finir en vainqueur au nid d’Aigle de Hitler à Berchtesgaden.
         Il faut lire au sujet de ces batailles de l’Armée d‘Afrique/1ère Armée française, de novembre 1942 à mai 1945, l’excellent livre de l’écrivain ami d’Albert Camus, André Rossfelder (inventeur de la Comex, mort dans son exil californien en 2011 à 86 ans) paru en 2001 chez Gallimard « Le Onzième commandement ».
         Cette Armée d’Afrique forte de près de 500 000 hommes dont près de 300 000 débarquèrent avec la 1ère Armée française en Provence le 15 août 1944.

         Hommage à nos Pères, les grands oubliés pour dé-raisons d’Etats, car n’ayant plus le bon profil dans les années présentes, qui perdurent de la bien-pensance et du politiquement correct sur fond de repentance qui cache bien mal son nom mais non pas son hypocrisie. Pour plaire, complaire, ne pas déplaire pour finalement se rabaisser…et ne pas en sortir plus respectés ou si mal. L’Histoire, rien que l’Histoire !
         Ils étaient ces Pieds-Noirs en nombre égal d’avec leurs frères d’armes et de terre. Maghrébins engagés du Maroc, d’Algérie de Tunisie (sur une population totale de près de 25 millions) : Goumiers, Tabors, Tirailleurs…

         De l’ordre de 250000 soldats pour chaque communauté.
         Pieds-Noirs (Zouaves, Spahis, Corps francs d’Afrique...) mobilisés parmi une population totale pour les 3 pays du Maghreb de l’ordre de 2 millions de Français d’AFN, ils représentaient alors 20 classes d’âge (de 18 à 42 ans) et 16.5% comme taux de mobilisation parmi la population nord-africaine d’origine européenne…un des plus forts taux de mobilisation du monde.
         Ils eurent respectivement, ces frères d’armes, près de 25 000 tués aux combats et des milliers de blessés. Les balles de l’ennemi les fauchaient tous sans distinguo.
         Pour les Pieds-Noirs, rapporter le nombre de leurs morts pour la France à la population française métropolitaine d’alors (40 millions) est l’équivalent de plus de 1 million de morts aux combats pour la population des européens d’AFN !

         Nous pouvons dès lors appréhender, imaginer et prendre la mesure de leur engagement, de leur abnégation, de leurs sacrifices pour la Patrie qui en juillet 1962 devint pour eux une bien amère Patrie.
         POURQUOI cette indifférence qui dure à leur égard alors qu’ils ont tant mérité de la patrie si peu reconnaissante ?
         Ils sont nos Pères et pour ma part en ce jour, comme en bien d’autres, je leur rends hommage comme je rends hommage aux Maghrébins, leurs frères d’armes, de terre, qui combattirent et moururent pour la France à leurs côtés. Ne les oublions pas.
         Aucun d’entre eux.

         Les pays indépendants de ces combattants-ci maintiennent aujourd’hui vivantes leurs mémoires. Egalement pour ce qui en est des pays d’Afrique Noire qui étaient de ces combats pour la France. Comme en étaient des milliers d’Antillais, Réunionnais, Calédoniens, Polynésiens, évadés de France, Français libres…de cette 1ère Armée française débarquant en Provence ce 15 août 1944.
         Pour ce qui en est de nos Pieds-Noirs de Pères, la France « honteuse » est bien oublieuse, bien ingrate qui ne les honore pas à leur hauteur de leurs sacrifices. Ou en catimini, à la va-vite…
         Ils demeurent les oubliés de l’Histoire…Encore en ce 75 ème anniversaire alors que peu d’entre eux sont encore de ce monde.
         Un exemple de cette hypocrisie durable, l’article paru le 12/08/19 dans le Figaro au sujet du Débarquement en Provence. On cite bien la 1ère Armée française et ces « soldats d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne »…Seulement, en l’écrivant ainsi, sans plus de détails, pour un public bien peu averti et selon la lecture sous le prisme « du temps présent », ces soldats-là ne peuvent être que Maghrébins et noirs Africains pour le lecteur non avisé…envers qui l’on est redevable.
         Et bien non, pas seulement, car comme précisé plus en avant 50% d’entre eux étaient des Nord-Africains d’origine européenne, des Pieds-Noirs comme l’Histoire a retenu leur nom !
         L’air de le dire sans le dire et tout en le disant.
         Monument d’hypocrisie et de détournement de l’Histoire. Nos Pères, les oubliés de l’Histoire disais-je, la preuve une fois encore, une fois de plus, une fois de trop…

         Article en question :« Macron avec Sarkozy, Ouattara, et Condé pour les 75 ans du débarquement en Provence » Le Figaro avec AFP du 12/08/2019.
         Pour en savoir plus sur ce sujet, lire l’ouvrage de référence de l’historien Philippe Lamarque « Le Débarquement en Provence, jour après jour », 2003.
         Ainsi dit !
Eric Wagner, de Bône             
1961, 5ème génération de Français d’Algérie) à la Réunion, le 15 août 2019.             


Une excursion dans le département d'Alger
Envoyé par M. Christian Graille

                  Alger est une capitale de hasard. La nature n'avait pas, comme dans d'autres lieux, marqué sur le sol que là où s'élève la ville, là serait la capitale d'un empire qui a son plein développement embrassera des milliers de kilomètres de côtes, qui englobe déjà Tunis, qui absorbera le Maroc et qui s'en ira au Sud , loin, loin, par-delà le grand désert de sable, rejoindre Saint Louis du Sénégal, Tombouctou et les stations du Niger.
                  Alger n'a pas de port naturel comme Oran à Mers-el-Kébir (on a dépensé 60 millions pour lui en créer un qui sera trop petit dans 10 ans), pas d'eau (les rues ont été asséchées, les plantes des squares couvertes de poussière).
                  Un site joli, certes, une situation agréable au bord de la mer bleue sur les flancs charmants de la Bouzaréa, mais en somme rien de ce qui peut faire dire : c'est bien là que doit être située la Ville-tête d'un grand empire. Si, pourtant ! Pour un empire fondé par les Français, Alger a l'avantage d'être sur le méridien de Paris et en face de Marseille, à mi-chemin entre Tunis et le Maroc.
                  - C'est une ville superbe,
                  - monumentale,
                  - avec des quais grandioses,
                  - des maisons en pierres de taille et
                  - des rues à arcades.

                  Les quais voûtés servent de magasins. Près de la gare située au bord de la mer, il y a jusqu'à trois étages de voûtes. Les rues des quartiers neufs qui bordent le port et montent petit à petit vers la vieille ville arabe qu'ils finiront par détruire ressemblent aux belles voies de Paris ou de Marseille. N'était cette foule bariolée.
                  - le Français au casque de moelle de millet,
                  - l'Espagnol au large feutre gris,
                  - le Maure, jambes et bras nus, le visage jaune,
                  - le Biskri venu de l'intérieur pour porter les fardeaux et servir de commissionnaire,
                  - la Mauresque, paquet de mousseline dont on ne voit que le front et les yeux noirs agrandis par le koheul, on ne croirait jamais avoir traversé la mer.
                  - Le Portefaix,
                  - Les commissionnaires,
                  - marchands de fruits et de bibelots, toute cette population indigène grouille en quantité considérable. Le long des quais ils ont dressé de petites tentes en toile blanche et une partie longe dedans. D'autres dorment allongés en plein soleil ou à l'ombre de la gare.

                  Quoique nous soyons au 20 juillet, il ne fait pas sensiblement plus chaud qu'à Paris, mais, et c'est une particularité du climat d'Alger, l'atmosphère est saturée de vapeur d'eau. Aussi transpire-t-on beaucoup. Dans l'intérieur des terres, au contraire, l'air est très sec.
                  Flâner et errer à l'aventure, je ne connais pas, quand on a du temps devant soi de manière plus agréable de visiter une ville.
                  Au préalable on a eu soin d'en bien étudier le plan et l'orientation générale ; au besoin on emporte une carte dans sa poche. Là, sous ce ciel pur,
                  - avec le tabac si doux et si bon marché,
                  - avec les cafés maures,
                  - avec une population aussi bien française qu'indigène, d'une amabilité et d'une politesse exquises, la flânerie est tout à fait délicieuse.

                  Les rues à arcades contribuent encore au charme des longues promenades. Il semble que dans les nouvelles voies qu'on ouvre, on tende à renoncer aux arcades. C'est un tort, car Alger sans les arcades, c'est comme Paris sans les boulevards, comme Marseille sans la Canebière.
                  En plan géométral, la ville forme un trapèze dont trois des angles sont voisins de la mer. Le quatrième est sur la colline.
                  Du fort Bab-Azzoun à la jetée de Khair-eddine, d'un bout du port à l'autre, s'allongent les quais. La voie qui les surmonte s'appelle boulevard de la République. De la jetée de Khair-eddine à l'arsenal d'artillerie, il n'y a plus de quai : le mur d'enceinte bastionné qui enserre la ville et qu'il est question de raser sur certains points, plonge de ce côté presque ses pieds dans la mer. Le boulevard des Palmiers en forme comme le chemin de ronde.

                  Lorsque, sortant de la douane, vous avez grimpé l'escalier du quai qui se trouve à votre gauche, vous apercevez le long du boulevard de la République un carré de verdure : C'est le square Bresson, un très agréable square avec des palmiers et des bambous qui lui forment une voûte naturelle. Il y a toujours une foule de flâneurs qui rêvent sur les bancs, et comme cette race française née en Afrique est très liante et très aimable, on ne s'ennuie pas au square Bresson.
                  Comme dans les autres squares d'Alger, ce square possède quelques palmiers. N'allez pas croire cependant que le palmier soit un arbre que l'on rencontre dans le Tell algérien. Les palmiers de rapport ne croissent que dans les oasis du Sahara. Le palmier du Tell n'est que pour l'ornement.

                  Le côté du square Bresson qui regarde la ville donne sur la place de la République bordée elle-même par le Théâtre National. C'est là que s'amorce la rue Bab-Azoun, une rue commerçante avec des arcades dans le genre de la rue de Rivoli qu'elle ne vaut pas du reste.
                  Tandis que vous cheminez sous les arcades sombres de la rue Bab-Azoun et que vous contemplez avec étonnement le flegmatique marchand Maure, les chairs débordantes et pâles, assis au fond de son échoppe, fumant la pipe ou la cigarette en attendant tranquillement le client, tout à coup un flot de lumière blanche vous aveugle.
                  Vous êtes sur la place du Gouvernement. C'est là que le soir se fera entendre la musique militaire, c'est là que toute la ville viendra tourner en cercle, que se donneront les rendez-vous, que se noueront les intrigues amoureuses (elles sont fréquentes à Alger).

                  C'est autour de cette place que se trouvent les cafés fréquentés par la haute société et qui ne le cèdent en rien à nos établissements à la mode des boulevards. Au milieu se dresse la statue du duc d'Orléans. Elle a été élevée en 1842. Le duc est à cheval et regarde la ville haute qu'il salue de l'épée.
                  Alger possède une autre statue, celle du maréchal Bugeaud. Elle orne la place Bugeaud au milieu de la rue d'Isly. C'est un hommage qu'était bien dû au "Gouverneur " comme on dit là-bas.
                  Depuis 1830 il y a eu déjà bien des Gouverneurs en Algérie. Ceux dont les Algériens (les Algériens sont les Français nés dans le pays) ne doivent pas laisser périr le souvenir sont, hélas bien rares. Bugeaud est resté comme le type d'un bon Gouverneur.

                  N'ayant que quelques arbres, entourée des trois côtés par des galeries blanches, serrée sur moitié du quatrième par la blanche mosquée de la Pêcherie, et, sauf sur un coin de mer, n'ayant vue que sur des maisons blanches, la place du Gouvernement, partout pavée et bitumée manque de verdure.
                  Il est agréable d'y passer la soirée, l'après-midi y est moins charmant. Le square Bresson n'est pas loin de la vérité, mais s'il donne de l'ombre la vue y est bornée.
                  Si donc on veut jouir de beaux ombrages et en même temps laisser errer l'œil sur quelque paysage lointain il faut aller au bout de la ville, de l'autre côté de la rue Bab-el-Oued, continuation de la rue Bab-Azoun, de l'autre côté du lycée, jusqu'au jardin Marengo.

                  Le jardin Marengo est superbe, c'est une de nos serres, mais cent fois, mille fois plus vaste et en plein air. Si Alger avait assez d'eau pour arroser le jardin Marengo comme nous arrosons nos jardins publics à Paris, ce serait un véritable paradis terrestre, plus beau certes que cette autre merveille qui s'appelle le Jardin d'Essai, parce qu'au parc Marengo, on a devant soi l'horizon infini de la mer et l'horizon majestueux de la terre.
                  - Allées tortueuses,
                  - esplanades,
                  - escaliers menant à des terrasses, le jardin Marengo a tout pour lui.

                  En bas se dresse un belvédère dédié " aux braves de la vieille et de la jeune armée par un vieux grognard, le colonel Marengo, créateur du jardin le 14 juin 1830. " Sur le socle d'une colonne corinthienne en marbre blanc sont inscrits les noms des principales victoires de l'empire.
                  Un escalier enguirlandé de lierre et de volubilis conduit à un plateau circulaire planté de superbes caroubiers et de massifs d'arbustes. De là on aperçoit la courbe immense de la bais d'Alger et toutes les blanches agglomérations de la banlieue, l'Agha, Mustapha inférieur et supérieur, Hussein-Dey, qui, aujourd'hui se relient par leurs constructions à la ville et qui demain en feront officiellement partie.

                  De l'autre côté la vue s'étend sur les hautes collines rougeâtres, les premières que l'on aperçoit en venant de Marseille et à mi-côte desquelles se détache la coupole de Notre Dame d'Afrique.
                  Cependant tandis que les rayons de soleil se profilaient encore obliquement sur le dôme blanc de Notre Dame d'Afrique, au-dessus de la baie le ciel s'était pris peu à peu. De bleu pâle il était devenu gris avec de larges plaques d'un blanc jaunâtre. La mer dont la teinte azurée s'est ternie commence à s'agiter, de larges gouttes de pluie tombent sur sa surface, des éclairs déchirent la nue.
                  Les lignes qui bordent la côte et dont tout à l'heure j'admirais les tonalité et la netteté contour s'effacent et n'apparaissent plus que comme des vapeurs vagues. On dirait qu'il y a un immense voile de fumée entre le ciel et la mer et qui les cache l'un et l'autre. L'air est lourd et chargé de poussières, et par moment, il passe des bouffées de siroco.
                  Tout au fond de la baie un coin de hauteur bizarrement découpé s'éclaire comme des reflets d'incendie.
                  Un voilier qui se couvrait de toile et s'apprêtait à prendre le large cargue ses voiles et rentre au port.

                  La mer s'embrume de plus en plus. Puis il y a comme un moment d'attente, un frisson semble secouer toute la nature. L'eau se met à tomber avec violence. Et tout à coup pendant que vous regardez ce spectacle, par un coup de théâtre fréquent sous ces latitudes mais qui étonne le Parisien,
                  - les nuées disparaissent,
                  - la pluie cesse,
                  - le soleil brille.

                  La pluie avait duré cinq minutes et tout l'orage vingt minutes. Et magie de ce soleil de midi, en quelques secondes toutes traces de cette bouderie du ciel avait disparu et vous eussiez fort stupéfait celui qui n'eut pas été dehors un quart d'heure auparavant en lui racontant que la pluie cessait à peine de tomber.
                  Le jardin Marengo est situé sur la zone qui sépare la ville basse de la ville haute. Il en est de même de la plupart des édifices civils et religieux,
                  - la préfecture, grand rectangle sans ornements extérieurs,
                  - le palais du Gouverneur,
                  - l'Archevêché,
                  - la Cathédrale Saint-Philippe, ancienne mosquée dont les transformations maladroites ont déjà coûté plus d'argent qu'un bâtiment neuf et qui, malgré tout, menace ruine. C'est dommage car dans cette cathédrale il y a des bas-côtés remarquables avec leurs dômes, leurs fines nervures, leurs arabesques.

                  Mais voici devant nous la rue du Soudan. Si nous montions à la ville haute, à la Casbah comme on dit ici ? Européen aux chaussures ferrées préparez votre courage car les rues presque verticales de la Casbah, pavées souvent avec des degrés inclinés sont terriblement raides et glissantes.
                  La Casbah est une chose fantastique.
                  - Rues étranglées,
                  - tortueuses,
                  - culs de sac,
                  - montant à pic,
                  - avec des voûtes,
                  - des passages sombres,
                  - des maisons ventrues avançant les unes au-devant des autres et rejoignant parfois leurs terrasses, échoppes dont l'entrée est à peine assez large pour laisser passer les Maures obèses, recoins où dorment les Arabes, voilà la Casbah.
                  Dans ces ruelles quelques Français, mais surtout des indigènes, de grands gaillards qui s'effacent pour vous laisser passer. On se sent chez soi, en pays conquis. Tous ces indigènes parlent français et sont polis. Mais comme l'ascension est rude et que l'on en finit pas de tourner dans ces passages, reposons-nous dans un café maure.
                  Dès que vous entrez les indigènes vous souhaitent le bonjour. Répondez à leur salut par le salut militaire, en portant la main au casque, on vous croira soldat et on aura pour vous beaucoup d'égards. Le militaire c'est une des rares choses qu'ils respectent chez les Roumis.

                  Le café maure est un des charmes de l'Algérie. Imaginez une salle généralement carrée avec des bancs et des nattes tout autour (dans quelques-uns il y a des tables, mais c'est l'exemption). Sur un des côtés un fourneau en faïence adhère au mur. Vous vous asseyez et le Kaouadji (cafetier) vous apporte une tasse avec une petite cafetière remplie d'un café exquis (le grain est broyé et la poudre mélangée à l'eau). Cela coûte un sou. Quand on a goûté au caoua maure on trouve détestable notre café français.
                  Voulez-vous varier ? Vous vous faites servir une tasse de thé, toujours pour un sou. Bien des Français affectent de mépriser le café maure ; il est de meilleur ton d'absorber dans les cafés européens des drogues malsaines que l'on paie cher.
                  Pour moi, entre le café européen et le café maure, je préfère le dernier.
                  - On y coudoie l'indigène,
                  - on y cause avec lui,
                  - on y démêle le caractère de l'Arabe indolent qui reste de longues heures à rêver et à fumer. Quelques-uns jouent aux dominos ; le soir on décroche une sorte de mandoline pendue à la muraille et durant des heures, un de la compagnie récite une sorte de mélopée traînante avec des intonations gutturales et une ritournelle qui revient périodiquement, comme dans nos chansons de geste du moyen-âge.

                  Tandis que nous sommes au café maure, voulez-vous que nous fassions sommairement connaissance avec les différentes populations indigènes de l'Algérie ?
                  Les indigènes, quoique tous musulmans, ne forment pas une nation parlant la même langue.
                  Deux races principales peuplent le pays : les Berbères, (les Berbères algériens sont appelés les Kabyles dans la langue courante), les Arabes :
                  les Kabyles sont sédentaires, les Arabes généralement nomades. Les Kabyles habitent les montagnes de l'Atlas et la plupart des oasis du désert. Ce sont les vieux maîtres du sol qui, devant les invasions successives : des Carthaginois, des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes, reculèrent peu à peu de la plaine aux collines, des collines aux montagnes.

                  Si le nombre de leurs hommes augmente, leur langue dure et gutturale disparaît cependant devant la langue arabe. Avant l'invasion musulmane ils étaient chrétiens. Ils sont musulmans aujourd'hui. Quelquefois blonds, de teint blanc et d'yeux bleus, les traits gros, les Kabyles forment une race très mêlée, énergique et laborieuse, qui : défriche, plante, sème, cultive, moissonne pour notre compte avant de planter, semer, cultiver, moissonner pour le sien.

                  Nous ne labourons encore que la plaine basse et chaude où tout se sème et pousse bien avant les plantations de la montagne kabyle.
                  Nos départements du Nord de la France connaissent quelque chose d'analogue. Chaque année, tandis que les blés brabançons achèvent de mûrir, des bandes de Belges moissonnent la Picardie et l'Ile de France.
                  Aussi fanatiques que les Arabes, les Kabyles sont peut-être encore plus féroces. Ils raffinent dans les manières de donner la mort. Ils sont généralement monogames. Aujourd'hui parqués dans les montagnes ils sont isolés et sans force, toute la plaine, toutes les vallées étant occupées par les colons français. Ils ont d'ailleurs été désarmés depuis les dernières insurrections. Le Tell est définitivement pacifié.

                  Les Arabes forment à peine un quart de la population indigène. Les femmes arabes sont très petites mais les hommes sont souvent grands, beaux quand ils sont maigres, affreux quand ils sont gras. Il n'y a pas d'esprit national chez eux, mais seulement un esprit religieux.
                  Quelques Arabes vivent disséminés dans le Tell mais la masse de population campe sur les hauts plateaux, là où s'arrêtent aujourd'hui les agglomérations européennes.
                  Nomades parce que la propriété n'est pas encore individualisée ils poussent devant eux des troupeaux de chèvres et de moutons et à époques fixes descendent dans le Tell échanger les moutons des Hauts Plateaux et les dattes des oasis du Sud contre du blé. Ce sont les conquérants du pays, et les Kabyles, qui les valent pourtant bien, cherchent toujours à se faire passer pour Arabes
                  " Moi, Sidi, macache kébaïle, arabe, arbi. "

                  La langue française gagne étonnamment du terrain parmi les indigènes. Dans les villes tous la parlent, presque tous dans le Tell ; sur les Hauts-Plateaux, nombre la comprennent déjà. Mais il n'y a pas que les indigènes en Algérie ; il y a : des Espagnols, des Italiens, des Maltais et aux premiers temps de la conquête, avant la diffusion de notre langue, les Français ne sachant pas l'arabe ou l'espagnol ou l'italien, les Arabes, les Espagnols, les Italiens ne comprenant pas le Français, il s'est créé un patois informe, le sabir, langue sans genre ni nombre, sans temps ni modes. Mélange de mots français, de mots arabes, espagnols, italien, le sabir a vécu ses plus beaux jours ; on peut dès à présent compter le temps qui s'épare de la tombe.
                  La phrase que je citais : " Moi, Sidi, macache Kébaïle , arabe arbi " (moi monsieur je ne suis pas kabyle mais arabe) est du sabir.

                  A côté de ces deux grandes races, Arabes Kabyles, il existe dans les villes une population indigène spéciale, les Maures. Commerçants, âpres, rusés, avares, ce sont les Juifs moins la religion.
                  Parlant tous le français, connaissant notre histoire, ayant dans les veines du sang de tous les pays les Maures devraient être francisés en masse.
                  S'ils ne nous ont jamais aidés aux périodes difficiles de la conquête, ils ne nous ont jamais combattus. Bien qu'il y ait des Maures parmi nos officiers indigènes, ils n'ont pas grande vertu militaire pas plus d'ailleurs que les Juifs au moment du décret Crémieux ; mais l'entraînement leur donnerait l'énergie qui leur manque.
                  Que de progrès les Juifs n'ont-ils pas faits depuis 20 ans qu'ils sont citoyens français !

                  Quant aux quelques Koulouglis, c'est une honte de ne pas les avoir naturalisés car ceux-là ont maintes fois versé leur sang dans nos rangs et ont toujours été nos alliés. Il y a aussi un certain nombre de Noirs mais ils s'acclimatent difficilement. Il n'existe donc pas un peuple indigène en Algérie mais deux races différentes, sans idéal national, en revanche animées d'un même esprit : le fanatisme religieux. Mais ce fanatisme religieux nous pouvons le combattre en minant l'influence de la noblesse religieuse et civile chez les Kabyles et en fondant des écoles pour les enfants.
                  Sans s'occuper des étrangers d'origine européenne, sans compter les Maures, le Koulouglis qui devraient être naturalisés en bloc, ce serait-ce que pour faire nombre devant le péril étranger, nous pourrions facilement trouver en Algérie 60.000 soldats indigènes.

                  Actuellement les effectifs étant toujours au complet les bureaux de recrutement refusent les trois quarts des volontaires indigènes qui se présentent.
                  Et ces soldats indigènes sont très disciplinés, braves. S'ils tirent mal, s'ils sont de médiocres soldats de ligne, quelques auxiliaires précieux comme éclaireurs, comme troupe avant-garde et de coups de main !
                  Les Allemands n'ont pas oublié les charges des Turcos, charges à la baïonnette du 3e régiment de tirailleurs à Wissembourg, du deuxième à Woerth. Que serait-ce, quand sonnera l'heure de la grande guerre européenne, s'ils avaient devant eux, non les 5 ou 6.000 tirailleurs, de 1870, mais un nombre dix fois plus considérable ? 60.000 hommes à l'heure actuelle ne sont pas à dédaigner surtout si nous avons à combattre à la fois l'armée allemande et l'armée italienne. Ce serait d'ailleurs autant d'éléments d'insurrections enlevés à nos ennemis qui ne manqueront pas d'essayer de créer de l'agitation parmi nos sujets musulmans.

                  Il faut le dire bien haut parce que le péril est grave ; à l'heure actuelle, l'Algérie compte de nombreux émissaires allemands et italiens. S'ils ne parviennent pas à créer de mouvement insurrectionnel, la faute ne leur incombe pas mais à la transformation de la contrée parce que le pays ayant maintenant des chemins de fer, des télégraphes, une population française de plus en plus considérable, toute insurrection est presque impossible dans le Tell et parce que la ligne des postes du Sud est solidement gardée.
                  Au jour d'une guerre européenne, plus nous amènerons d'indigènes en France, moins nous en aurons à surveiller là-bas. Peut-être même pourrons-nous disposer d'une partie des troupes du 19e corps car les Français d'Algérie étaient soumis au service militaire, l'armée algérienne mobilisée suffira seule à garder la ligne des Hauts Plateaux.

                  La population européenne est assez nombreuse aujourd'hui pour que le pays n'ait rien à redouter des indigènes. Le péril pour l'Algérie n'est plus au Sud, il est au Nord. Que par malheur la flotte française occupée ailleurs ne soit plus maîtresse.
                  La Corse aussi ! L'Assemblée de Bordeaux en 1871 a rendu l'Empire responsable " de la ruine, de l'invasion, du démembrement de la France. "
                  Nous sommes en République aujourd'hui. Le Parlement est le maître, il contrôle tout. N'y aura-t-il pas un député un peu clairvoyant pour dénoncer le péril ?
                  En Algérie, comme dans tous les pays neufs, la vie n'est pas aussi guindée que dans la vieille Europe. L'habit noir et le chapeau haut de forme ne règnent pas en maître.

                  Je faisais ces réflexions en regardant le cortège bariolé qui suivait l'enterrement d'un enfant chrétien. En tête marchant d'un pas délibéré un vieux curé à barbe blanche (le Clergé algérien porte la barbe parce qu'aux yeux des indigènes des " marabouts " sans barbe ne seraient pas des marabouts sérieux.)
                  Les croque morts portaient un large chapeau, une pèlerine avec des galons blancs autour d'une robe retroussée, également bordée de blanc. Un peu plus loin c'était l'enterrement d'une musulmane ; le drap mortuaire était rouge, vert, jaune avec des broderies. L'appareil n'avait rien de triste ni de funèbre, les gens riaient, causaient, faisaient tapage.
                  Les catholiques mènent leurs morts à l'église avant de les enterrer, les musulmans ne passent pas par la mosquée.

                  Intérieurement une mosquée ne diffère pas d'une église. Entrez pour vous en convaincre dans la mosquée la plus simple d'Alger, la mosquée de la Pêcherie.
                  Les murs sont à peu près nus ; çà et là des versets du Coran peints en jaunes. Au milieu la chaire en bois surmontée d'un toit pointu terminé par le croissant de l'Islam. Des nattes sur lesquelles on ne marche point avec des chaussures couvrent le sol ; au fond cependant un assez large espace permet de circuler botté. Près des escaliers d'entrée, un jet d'eau où les croyants font leurs ablutions.
                  - Ils arrivent graves, jettent leurs guenilles, s'avancent sur les nattes, font des génuflexions, se prosternent, se relèvent et prient.
                  - Puis, ils reprennent leurs guenilles, les roulent en forme d'oreiller, y reposent leur tête et font un somme.

                  Il fait si frais dans la mosquée, on y est si bien tandis que dehors le soleil chauffe et met un engourdissement dans toute la nature.
                  On ne voit jamais de femmes dans les mosquées. Quant aux cérémonies elles sont toutes très simples ; les Marabouts psalmodient sur le même ton que nos curés et les croyants accompagnent de la voix. Et au moment où tous : se prosternent, s'agenouillent, se relèvent, tous ont un chapelet à gros grains qu'ils égrènent non seulement dans la mosquée mais dehors.
                  L'usage du chapelet chez les catholiques a du reste été emprunté aux musulmans. " Les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem et du temple dit Dulaure dans son Histoire de Paris, ne sachant pas lire, au lieu de l'office auquel ils étaient obligés, récitaient le chapelet à l'imitation des musulmans.
                  Cette matière d'intercéder Dieu en répétant toujours la même prière était fort ancienne puisqu'on la trouve prohibée dans le chapitre VI de l'Évangile selon Saint-Mathieu. "

                  La mosquée de la Pêcherie est à côté de la rampe de la Pêcherie où l'on mange. Les provinciaux d'Algérie, les colons arrivant de l'intérieur à Alger ne manquent jamais de déjeuner à la Pêcherie, de même que nos provinciaux de France venant à Paris dînent au Palais Royal.
                  Dans leurs grandes lignes toutes les mosquées se ressemblent, aussi bien celles des croyants orthodoxes que celles des schismatiques. Tout en haut de la ville s'élève la mosquée des Mozabites qui sont schismatiques. Elle a été bâtie à leurs frais. Ces Mozabites qui viennent des oasis du M'Zab sont, sans doute, proches parents des Berbères, mais non des Berbères purs. Ce sont des hommes énergiques qui ne craignent pas la fatigue. Les croyants orthodoxes les appellent non sans dédain K'Hammès (cinquième) parce qu'ils sont en dehors des quatre sectes officielles de l'Islam.

                  Traqués et persécutés autrefois ils se sont réfugiés dans le M'Zab, un pays d'une aridité et d'une sécheresse désespérantes et qu'avec des peines inouïes en creusant dans le sable et dans le roc des puits forés avec des outils rudimentaires, ils ont transformé en verger et en jardin. A Alger et dans les grandes villes ; ces Mozabites sont :
                  - marchands de charbon, fruitiers, bouchers, garçons de bain.

                  Grâce à leur travail et à leur sobriété ils finissent par amasser un petit pécule et retournent alors, pour la plupart, finir leur vie dans leur pays.
                  Les Mozabites sont surtout marchands, les Biskris sont portefaix et commissionnaires. Beaucoup de portefaix étant du pays de Biskra, on a désigné toute la corporation des portefaix sous le nom de Biskris. Ils arrivent à 10 ou 12 ans et restent généralement jusqu'à un âge assez avancé.
                  Ce sont des Kabyles mais non de race pure ; ils sont fortement mélangés de sang arabe avec prédominance de sang berbère. Je les ai vu sur le port faire des travaux que bien peu de nos ouvriers européens auraient voulu faire. Une lourde barrique de pétrole ou d'huile sur les épaules, ils montaient un pied sur chaque timon déposer leur charges sur la plate-forme d'un camion.

                  Quant à la population ouvrière européenne, elle offre une physionomie à part. A misère égale, la misère à Alger vaut mieux que la misère à Paris car elle n'est jamais triste ni répugnante. Comment ne pas rester gai sous ce beau ciel où l'on vit à si bon compte et de si peu de choses.
                  Nul besoin d'habitation bien clause, de charbon, de ses mille riens qui dans nos climats du Nord augmentent la dépense d'une manière considérable.
                  Les vêtements de couleur claire en été ne sont jamais maculés comme chez nous ceux de certaines catégories d'ouvriers de nos faubourgs.
                  Le pantalon et la veste de laine coûtent si cher à Paris que les ouvriers des métiers rudes et salissants, les moins payés ne les remplacent qu'à leur dernière extrémité. Les habits de toile ou de flanelle de l'Algérien, outre que le prix n'en est pas élevé se nettoient facilement.
                  Propre, joli, serviable l'ouvrier d'Alger serait parfait s'il n'avait pas un goût prononcé pour l'alcool. L'ouvrier français ou maltais se tue par l'absinthe, l'ouvrier espagnol par l'aguardiente ; le nom seul change, le résultat est le même.

                  Le soir, toute la population : - ouvriers, employés, commerçants, rentiers, Européens et Africains, se répand par les rues. Les magasins ferment de bonne heure ; à 7 heures beaucoup ont mis leurs volets. A 8 heures, les cafés et les restaurants sont les seuls ouverts.
                  - Partout, mais surtout dans les voies de la ville basse, se presse, se heurte, se coudoie la foule, une foule compacte, une foule de jour de fête à Paris ; mais que de différence dans l'allure ? Le Français vif et toujours pressé, s'ouvre à coups d'épaules un chemin au milieu de la masse impossible et lente des burnous et des gandouras.
                  On reconnaît vite un nouveau débarqué à son allure plus rapide, car, chose curieuse et cependant naturelle, les Franco-Algériens, nés dans le pays, ont pris de leurs longues flâneries sous les arcades, quelque peu de l'allure indolente des indigènes.

                  Pour qui veut étudier l'Algérie, il existe à Alger un établissement incomparable qu'il faut visiter avant de s'enfoncer dans l'intérieur et qu'il faut visiter encore au retour. C'est l'exposition permanente des produits de l'Algérie. Un soldat, le commandant Loche en fut le fondateur.
                  Vous descendez la rampe de la pêcherie, fameuse par ses restaurants, vous aspirez les âpres senteurs du marché aux poissons et sous une voûte des quais vous trouvez installée l'Exposition.
                  Tout ce que produit l'Algérie :
                  - chênes liège, oliviers, thuyas, lentisques, myrtes, térébinthes, cèdres, sorgho, chanvre, alfa,
                  - tout ce qu'elle renferme dans son sein, cuivre et plomb argentifères, fer, gypse, marbre, onyx, porphyre, grès, calcaires de toutes sortes, pierres à chaux, plâtre,
                  - tout ce que son industrie indigène a créé : poteries, armes, vêtements, chaussures, ornements,
                  - tout ce qui court, grimpe, saute, marche ou rampe, mammifères, oiseaux, reptiles,
                  - tout est classé étiqueté, rangé à l'exposition permanente.

                  Aux portes d'Alger, comme le Jardin d'Acclimatation aux portes de Paris, le Jardin d'Essai élève vers le ciel les cimes de ses arbres géants.
                  On ne trouve que des végétaux au Jardin d'Essai. Platanes hauts de vingt mètres, lataniers, bambous gigantesques, dattiers au tronc énormes, le Jardin d'Essai est une de ces choses qu'on voit, qu'on ne décrit pas.
                  On se rend compte en parcourant le Jardin d'Essai de ce que pourra âtre l'Algérie, le jour où elle sera complètement aménagée.
                  Pour arriver au Jardin d'Essai, on traverse la banlieue d'Alger le long de la baie, Mustapha, Hussein-Dey, vastes faubourgs dont les constructions se relient déjà à la ville et qui forment comme une rue continue sur la route de Constantine, le long des rails de chemin de fer. Et quand on longe ces grandes constructions blanches, en pierre ou en carreaux de plâtre, qu'on voit la population ouvrière, propre et aimable qui anime les rues, les omnibus et les tramways qui circulent au trot de leurs chevaux, on ne s'imagine pas avoir quitté la France d'Europe.

                  Il semble que l'on traverse par une belle journée d'été, une petite ville de la banlieue Sud de Paris, Gentilly par exemple. Mais quand on se retourne et qu'on voit l'entassement prodigieux d'Alger, la couleur rouge plaquée de vert des collines, on sent l'étrangeté de ce pays et on reconnaît l'Afrique.
                  Le long de la mer, infinie vers le Nord, mais nettement délimitée à l'Ouest par le promontoire du cap Matifou fermant la baie, de nombreuses usines profilent sur le bleu du ciel les hautes cheminées de briques cerclées de fer.
                  Sur les eaux les voiles triangulaires des barques de pêcheurs glissent comme de blancs oiseaux, tandis que derrière le remblai du chemin de fer sur la plage marine, les feux de peloton des soldats à la manœuvre déchirent l'air de leurs craquements métalliques.
                  Le champ de manœuvres de Mustapha est très vaste mais il doit être très fatigant d'y manœuvrer. Le sable fin de la plage s'étend en effet sur la grande partie et le pied entre jusqu'à la cheville dans un sol fuyant ; mais quel paysage splendide devant les yeux !

                  Quelques cabanes de pêcheurs s'élèvent près du champ de manœuvres de Mustapha. Et le matin c'est un spectacle curieux de voir hommes et femmes dans l'eau jusqu'à mi-cuisses tirant sur les énormes filets lancés pendant la nuit tout au bord de la côte.
                  Le poisson ramassé, des enfants nu-pieds et nu-jambes comme de petits indigènes partent le vendre à la ville, les tournettes qui le contiennent en équilibre sur leur tête. Dès que le sable finit, la culture maraîchère commence.
                  Des norias fournissent l'eau en abondance et il pousse sur cette terre, dont l'humus atteint jusqu'à trois mètres d'épaisseur, de merveilleux produits.
                  Les jardins sont entourés de haies de cannes de Provence dont la hauteur atteint 4 à 5 mètres. Tout en étant suffisamment clos, les propriétaires tirent encore un petit revenu de ces haies, car un beau pied de canne se vend 10 centimes.
                  Des champs de bananiers, donnant deux récoltes de bananes chaque année, alternant avec des carrés de pommes de terre et de choux. Beaucoup de ces légumes approvisionnent le marché de Paris.

Alger : une excursion dans le département d'Alger
de Camille Viré. Édition 1888.


Bône et ses environs. Les vignobles
Envoyé par M. Christian Graille

               Nous partons pour Guébar, ferme située sur la ligne de Guelma, près de Mondovi et appartenant à M. Bertagna, maire de Bône. C'est, nous dit-on, une des plus importantes, sinon la plus importantes de l'Algérie.
               La compagnie Bône-Guelma, toujours complaisante, a donné des ordres pour que le train s'arrête au passage à niveau qui se trouve juste en face de la ferme.
               Nous visitons la belle installation des chais, où se fabriquent et se conservent les vins. Le directeur de l'exploitation explique savamment des choses scientifiques. Voici le résumé de ce qu'il m'a dit :
               " En Algérie de hardis colons ont créé de vastes exploitations et après de nombreux tâtonnements, des expériences toujours coûteuses, parfois ruineuses même, ils ont trouvé enfin une méthode de travail qui leur donne aujourd'hui la richesse.
               La plupart partagent leur domaine entre :
               - la culture des céréales,
               - de la vigne,
               - des orangers,
               - des plantes à essence et aussi
               - De l'élevage.
               - Mais la vigne tient toujours la plus large part, ayant depuis 1870 suivi une progression croissante.
               - Ainsi en 1871, on comptait 9.817 hectares en 1881
               - il y en avait 30.200 et
               - En 1899 155.019 donnant 4.520.418 hectolitres.

               C'est là, sans doute, un maximum qu'il serait peut-être imprudent de dépasser :
               Les vignerons français se plaignant déjà de la mévente de leurs vins, la surproduction algérienne ne ferait qu'accroître le mal.
               Il n'est pas téméraire de fixer à un milliard la valeur des terrains plantés en vigne. Mais ce qui est particulièrement remarquable, ce en quoi les Algériens se sont distingués et ont dépassé le plus nos viticulteurs, c'est le progrès dans la vinification. La science a été mise à contribution et, avec le soin le plus minutieux, on a créé des installations modèles pour la fermentation et la conservation des vins.
               Il y a trente ans le vigneron habitait un gourbi et faisait son vin comme il le pouvait, à la vieille mode. Par une température trop élevée, la fermentation première restait incomplète mais se produisait de nouveau plus tard, au grand détriment de la qualité de la marchandise.

               Maintenant plus rien n'est livré au hasard ni à la routine. Partout la science a pénétré ; tout travail se fait par elle et avec elle. Des cuves ou basins cimentés reçoivent le raisin.
               Un appareil réfrigérant, dont le modèle est très répandu, est installé tout contre, et maintient une température constante durant la fermentation du moult qui est complète du premier coup. Le vin est alors de bon goût, de conservation sûre et de transport facile.
               Les caves sont-elles même des monuments. Ce sont généralement d'immenses halls charpentés de fer, comprenant un rez-de-chaussée et un étage. Grâce aux murs épais du rez-de-chaussée où sont les réservoirs, la chaleur pénètre difficilement ; d'autre part, le premier conserve une température de 27 à 28 degrés, mais préserve le bas qui reste avec une température moyenne à peu près constante à 20 degrés.

               Dans de vastes celliers sont alignés de grands foudres renfermant de 400 à 410 hectolitres. A Guébar il y en a 40. C'est vraiment imposant. Ces foudres de bois sont excellents pour les vins de conserve qu'ils aident à vieillir. Mais quand il s'agit de s'en servir plutôt comme réservoir en attendant un proche enlèvement, il y a toujours une évaporation inutile, d'où perte sérieuse.
               D'autres parts, sous l'influence de la chaleur, ces futailles, si énormes soient-elles, se détériorent vite, et cependant elles reviennent à neuf francs l'hectolitre.
               L'ingénieux viticulteur a donc cherché autre chose et a fait l'essai de cuves carrées construites avec des briques à tenons et mortaises pour offrir plus de résistance à la poussée du liquide, et enduites de ciment. C'est excellent comme réservoir, mais d'un entretien un peu difficile comme propreté.
               On a trouvé encore mieux. C'est la cuve cylindrique en ciment aussi, avec revêtement de verre à l'intérieur et bouchage à tampon de caoutchouc à la partie supérieure : c'est solide, c'est frais, c'est propre. "

               J'ai mieux saisi sur-le-champ les explications que le directeur de la ferme nous a données sur la culture de l'oranger. Cet arbre demande un terrain fécond, suffisamment humide, et, chose essentielle, s'égouttant bien.
               Les pieds sont espacés de six mètres en tous sens.
               On les irrigue tous les huit ou quinze jours.
               Autant que possible les plantations sont faites par carré d'un hectare, entourées sur les quatre côtés d'une haie de grands cyprès. On protège ainsi les orangers contre le vent et on évite la chute du fruit qui doit être cueilli à la main, sinon il n'est plus vendable.
               Comme la plupart des arbres fruitiers, les orangers donnent une bonne récolte sur deux. Le producteur intelligent s'arrange en conséquence pour avoir, quoique par alternance, des orangeries de grand rapport et d'autres de rapport moyen.
               Il y a l'oranger amer et l'oranger doux.
               Le fruit du premier ne vaut rien. On récolte la fleur entière pour la distillation. Ce travail dure cinq semaines et commence vers le 10 avril.
               Pour l'oranger doux, dont il faut ménager le fruit, on secoue l'arbre au-dessus des toiles sur lesquelles tombent les débris des fleurs déjà fécondées.
               C'est toute une administration que la direction d'une ferme de ce genre. Celle de M. Bertagna compte en effet 3.770 hectares de vigne donnant en moyenne 65.000 quintaux de raisin. La main d'œuvre est fournie en partie par des détenus.
               Nous en apercevons dans les vignes sous la surveillance d'un garde armé. Il y en a d'ordinaire 1200 que l'on rétribue 1 franc 20 par jour.

               Une visite rapide à la cavalerie de la ferme, une apparition dans les bureaux où travaillent plusieurs comptables et nous nous disposons à rejoindre la gare de Mondovi.
               Mais sur les tables ont été disposés des rafraîchissements : vins blancs et rouges, vins secs et vins sucrés, tous produits par la ferme, et il faut y goûter.
               Deux grandes corbeilles remplies de mandarines et d'oranges, de belles sanguines en particulier, ont été apportées à notre intention. Ce qu'elles sont savoureuses ainsi fraîches cueillies, en pleine maturité ! Qu'elles laissent donc loin derrière elles les oranges que l'on nous vend, en France, à peine mûres, car, pour être expédiées au loin, il a fallu les cueillir sur le vert.
               C'est à regret que nous quittons cette belle ferme, où nous avons reçu un si fraternel accueil, et à pied, à travers ces cultures luxuriantes, dont nous n'avions pas jusqu'ici la moindre idée, nous gagnons le train, et mêlés aux Arabes, nous rentrons à Bône.
Voyage en Algérie par M. Meunier,
Directeur d'école primaire supérieure (1909)


Histoire de la ville de Ténès
Envoyé par M. Christian Graille

I

                 " Au temps de Moïse dit une légende recueillie par Shaw (1) les gens de Ténès étaient des sorciers renommés. Le pharaon d'Egypte en aurait fait venir quelques-uns parmi les plus habiles pour les opposer à un thaumaturge israélite qui battait les magiciens des bords du Nil. "
                 Sans remonter avec le voyageur anglais à ces temps fabuleux il faut reconnaître à la ville de Ténès une origine ancienne, et tout porte à croire qu'elle fut bâtie par les Phéniciens qui en firent un comptoir commercial.
                 Sa construction fut sans doute postérieure à celle de Carthage c'est-à-dire vers le huitième ou septième siècle avant Jésus-Christ.
                 Les Romains l'appelèrent Cartenna, mot formé de karth, ville en phénicien ou de car, cap, en berbère et de tenna nom de lieu.
                 Cartenna isolée par le massif du Dahra des grandes routes naturelles des invasions n'a pas d'histoire.

                 Pline nous apprend que la ville de Cartenna reçut, trente ans avant notre ère, un détachement de colons tirés de la deuxième légion, licenciée par Auguste après la bataille d'Actium, comme la plus grande partie des armées romaines ; on a retrouvé en effet les épitaphes de quelques-uns de ces soldats de la deuxième légion.
                 Une autre inscription, plus importante, trouvée à Ténès même prouve du reste que cette ville est bien bâtie sur l'emplacement de Cartenna ; elle était gravée sur le piédestal d'une statue élevée au duumvir (2) Caïus Fulcinius Optatus :
                 " A Caïus Fulcinius, fils de Marcus, de la tribu Quirina, (3) surnommé Optatus, flamine augustale, duumvir, édile, questeur lequel dans une rupture avec les Baquates (4) a protégé la colonie comme le témoigne le décret du corps municipal et de la population de Cartenna ; et les habitants ont accordé cet honneur à lui le premier et à aucun autre auparavant, par souscription. "

                 La colonie dut ensuite avoir à repousser bien des attaques des populations belliqueuses du Dahra ; mais elle ne fut arrachée à la domination romaine qu'après le passage du comte Théodose. (373) (5)
                 Les Vandales ne pénétrèrent pas dans le Dahra et, jusqu'à la conquête arabe, le pays parait avoir formé un royaume indépendant avec Ténès pour capitale.
                 C'est à cette époque qu'il faudrait faire remonter la fondation de la seconde ville de Ténès, devenue aujourd'hui le Vieux Ténès par opposition avec la ville neuve française.

                 " A cette époque nous dit M. Berbrugger, la fille du roi de Ténès se plaignait à son père de la violence des vents du Nord-Est qui balayaient le plateau de Cartenna où vivait le roi berbère. Son père lui permit de se bâtir une maison à l'abri du vent sur le rocher du Vieux-Ténès. Sa famille et ses courtisans vinrent bâtir autour d'elle. Puis à la suite d'un épouvantable tremblement de terre, Cartenna fut détruite, ce qui décida les survivants à imiter les autres et à se retirer au Vieux-Ténès."
                 Les vents violents du Nord-Est, le Vieux-Ténès sur son rocher à deux kilomètres de la mer au bord de l'oued Allala existent encore et les Français les premiers ont relevé Cartenna de ses ruines.
                 On ne connaît presque rien de l'histoire de Ténès la Neuve (aujourd'hui Vieux-Ténès). Nous citerons seulement la description d'El-Bekri (6) parce qu'elle est encore vraie aujourd'hui.
                 " Ténès, ville entourée d'une forte muraille est située à deux milles de la mer. Dans l'intérieur de la place est une colline escarpée dont le sommet est couronné par un petit château (ce château est détruit). Ténès renferme une mosquée et des bazars. La rivière Teniatin (oued Allala) qui entoure la ville du côté de l'Est et du Nord vient des montagnes situées à un jour de marche et se décharge dans la mer. On trouve à Ténès quelques bains. Cette ville s'appelle Ténès la Neuve. Les habitants montrent sur le bord de la mer un château qu'ils disent être l'ancienne Ténès. "

                 Depuis El-Bekri jusqu'à nos jours on ne rencontre le nom de Ténès que bien rarement.
                 En 1299, le sultan Yacoub-Youçof de la dynastie des Mérinides (7) de Fez, après avoir soumis Miliana, s'empare de Ténès ; mais cette ville dut échapper bientôt à la domination de ces sultans car nous voyons que l'un d'eux, Abon-l'Hacen, la reprend en 1336 ainsi que Miliana, Alger et beaucoup d'autres villes pendant qu'il fait le fameux siège de Tlemcen, la capitale des princes Abed-el-Ouadites.
                 Ensuite on ne trouve plus sur Ténès la Neuve qu'une description de Marmol (XVe siècle) qui se termine ainsi : " Le cadet Barberousse prit cette ville après la mort de son aîné et depuis elle a toujours été aux Turcs. "
                 D'après une autre tradition plus probable, Ténès a été prise en 1516 par Barberousse l'aîné qui conquit à la même époque Cherchell et Tlemcen.
                 Quoiqu'il en soit, à partir de cette époque, Ténès s'éclipse définitivement dit le capitaine Bourin dans son histoires des villes de l'Algérie et ses chroniqueurs sont obligés de sauter d'un bond à la conquête française.

                 En terminant cette esquisse historique nous ne pouvons passer sous silence la mauvaise opinion qu'ont exprimée sur Ténès tous ceux qui en ont parlé : le climat, les habitants, rien n'y est épargné. El-Bekri (1068) cite les vers du poète Saïd-Ibn-ou-Chekla , natif de Tehert (Tiaret) : " Ténès ville de malheur où l'on conduit ceux dont la vie doit promptement s'éteindre. Ténès est aussi fatale que le temps et le bourreau ; son eau est le juge qui nous mène à la mort. Son aspect funèbre est le glaive du trépas…
                 On voit les habitants accablés par les coups de la fièvre et s'enivrant, malgré cela, depuis le matin jusqu'au soir. "
                 L'eau de Ténès est mauvaise et chargée de sel de magnésie ; la plaine de l'oued Allala a dû être marécageuse à l'époque dont il est question, elle ne l'est plus aujourd'hui. Hâtons-nous d'ajouter que le poète était malade et qu'il est mort à Ténès. Mais d'autres ont parlé de même, et le dernier, Ahmed-Ben-Youssef, le saint de Miliana a fait passer en proverbe les paroles qu'il prononça lors de la visite qu'il fit à Ténès il y a quatre cents ans :
                 " Ténès, ville bâtie sur du fumier ; son eau est du sang ; son air est du poison. "

                 Il est vrai que les Ténésiens, peu respectueux, ou désireux d'éprouver sa sainteté avait essayé de lui faire manger du chat ; mais d'un seul mot sob, pour se débarrasser des chats opportuns, le marabout, qui avait reconnu la supercherie, fit fuir au galop l'animal mis à la broche tout rôti qu'il était.
                 Cette victoire aurait dû lui suffire. Aujourd'hui Ténès est une ville très saine ; le plateau est toujours balayé par les vents mais sans que cet état de choses présente de grands inconvénients. L'eau seule est toujours mauvaise.

                 Cartenna, port de mer.
                 Cartenna, à notre avis, n'a jamais été un port. La raison en est que la rade est très mauvaise et battue par les vents dangereux.
                 Il est vrai qu'on a cherché à tourner la difficulté en disant d'abord que la mer pénétrait, jadis, jusqu'au Vieux-Ténès puis que l'oued Allala avait été canalisé jusque-là ; et, d'après M. le capitaine Bourin on aurait trouvé des traces de quai sur les bords de la rivière, au pied de la forteresse arabe.
                 Nous n'en croyons rien pour cette raison péremptoire qu'au-dessous du Vieux-Ténès l'oued Allala coule sur un seuil rocheux considérable beaucoup plus élevé encore aujourd'hui que la mer, et qui ne pouvait que l'être davantage autrefois. Une seconde raison est que le torrent qui parcourt pendant quatre kilomètres au-dessus du Vieux-Ténès des gorges rocheuses et ébouleuses très encaissées, roule jusqu'à un kilomètre en aval de la ville arabe et a toujours roulé des blocs considérables empêchant toute navigation.

                 La trouvaille d'une vieille carène de bateau au pied du Vieux-Ténès, lors de l'occupation française, a donné naissance à cette fable de l'oued canalisé ; mais le fait peut s'expliquer de plusieurs manières : L'épave a pu simplement être traînée là par les Arabes pour en tirer le métal employé à la construction.
                 La vérité est que les bateaux qui venaient quelquefois à Ténès étaient sans doute tirés en deçà de la barre de la rivière, à l'abri des coups de mer ; mais il n'y a jamais eu de port à Ténès.
                 Aucun auteur du reste ne parle d'un ouvrage de ce genre ni même de quelque chose d'analogue.
                 El-Bekri (1068) dit bien que les marins d'Andalousie avaient l'habitude d'aller passer l'hiver dans le port de Ténès , mais il faut entendre le mot port dans le sens de rade, comme l'entend Marmol dans sa notice, cinq siècles plus tard lorsqu'il dit : " Vis-à-vis de la ville il y a un endroit où les vaisseaux se mettent à l'abri pendant la tempête quand ils ne peuvent demeurer au port " et comme les Arabes l'entendent encore aujourd'hui.

                 Il est bien certain que les Andalous, s'ils passaient l'hiver à Ténès, devaient tirer leurs barques à terre ou leur faire franchir simplement la barre de l'oued Allala. Quant aux flottes romaines qui venaient ravitailler la colonie ou chercher des grains, elles devaient, comme nous l'avons vu de nos jours encore faire les balancelles d'Espagne, rester sur ancres devant Ténès et prendre le large au premier signe du mauvais temps.

                 Conquête française.
                 Ténès ne fut occupée que douze ans après la prise d'Alger ; on sait, en effet, qu'il n'était question de rien moins, pendant les premières années de la conquête, que d'abandonner l'Algérie.
                 C'est seulement en 1841, après dix ans d'hésitation que le gouvernement se décide à poursuivre résolument l'occupation de la régence d'Alger et charge le maréchal Bugeaud de mener cette entreprise à bonne fin.
                 Le 22 Décembre, le colonel Changarnier occupe Ténès sans coup férir ; il devait y passer l'hiver. N'y trouvant que des abris insuffisants et aucune ressource pour sa cavalerie il abandonne la place.
                 Mais en 1843, le maréchal Bugeaud, arrêtant un plan de colonisation en même temps qu'un plan de campagne, décide l'occupation de la plaine du Chélif et la création du port de Ténès, débouché naturel de cette plaine.
                 Le 27 Avril, le maréchal marque l'emplacement d'Orléansville ; le lendemain il part pour Ténès, ouvrant devant lui la route qui doit relier ces deux villes et dont le tracé a été presque entièrement conservé.

                 Le 16 Mai, 243 commerçants et industriels sollicitent des concessions pour s'établir à Ténès. Le maréchal Bugeaud y avait laissé le colonel Cavaignac avec de nombreux travailleurs militaires.
                 On construisit immédiatement :
                 - des baraques,
                 - des puits,
                 - des fortifications,
                 - des magasins pour l'armée,
                 - des fours,
                 - on transporta des bois,
                 - on créa des jardins,
                 - on fouilla les ruines romaines dont on emploie les matériaux sans égard à leurs inscriptions et à leur premier usage dit M. Bérard, ancien capitaine de corvette, puis colon à Ténès,
                 - on transforma les vieilles citernes en caves, en magasins, en prison et la ville est créée.

                 En 1845, un soulèvement éclate aux portes mêmes de la jeune cité ; mais après deux ans de lutte dans le Dahra, le célèbre agitateur Bou-Maza est vaincu et pris et, depuis, Ténès n'a plus été inquiétée. La grande insurrection de 1871 ne gagna pas le Dahra.
                 Ténès prospéra relativement jusqu'en 1869 ; elle était, en effet, le seul point d'embarquement des céréales du Dahra et de la plaine du Cheliff, et pendant la guerre de Crimée notamment on expédia de ce port des quantités considérables de grains, de fourrages, etc. De plus, comme au temps d'El-Bakri, Ténès commerçait avec l'Espagne qui lui apportait comme aujourd'hui, de la poterie, des vins etc., et en emportait des grains, des céréales etc.
                 Mais en 1869, la création de la ligne du chemin de fer d'Alger à Oran tua le commerce de Ténès avec l'intérieur ; le trafic avec l'Espagne, seul, lui est resté.
                 Ténès ne reprendra la vie et le mouvement qu'après la création du chemin de fer d'Orléansville.

                 Cette ligne, comprise d'une manière éventuelle, dès 1860, dans le réseau projeté, fut classée par la loi de 1879 dans le réseau des lignes de chemin de fer d'intérêt général à construire en Algérie dans un délai de dix ans ; elle reste aujourd'hui l'une des seules lignes classées par cette loi qui n'ait encore fait l'objet d'aucune convention. Les communes intéressées réunissent en ce moment leurs efforts pour arriver à la construction de ce chemin de fer.
                 En l'état actuel le port de Ténès commerce avec l'Espagne et Alger.
                 Les principales marchandises importées sont :
                 - les pommes de terre, les fruits secs, les matériaux, les vins, les eaux de vie, la poterie, la vannerie, les cordages.

                 Les principales marchandises exportées sont :
                 - les poissons de mer (deux sardineries y sont installées), les grains, les farines de froment, les légumes secs et leurs farines, les graines à ensemencer, le son

       (1) 1692-1751 Ecclésiastique et voyageur Britannique.
       (2) Magistrat exerçant conjointement certaines fonctions spéciales, le plus souvent temporaires.
       (3) L'une des anciennes tribus de la Rome antique.
       (4) Peuple berbère de Maurétanie.
       (5) Empereur romain (346-395).
       (6) Géographe et historien.
       (7) dynastie d'origine berbère.
Notice sur le port de Ténès par M. Branlière,
Conducteur faisant fonction d'ingénieur des mines. Edition 1890.


La Mitidja
Envoyé par M. Christian Graille

         On comprend sous le nom de Mitidja la vaste plaine qui s'étend de l'Ouest à l'Est, du pied du mont Chenoua jusqu'au-delà du Cap Matifou, sur une longueur de 96 kilomètres et une largeur moyenne de 22, ce qui lui donne une superficie de 2.100 kilomètres carrés.
         Elle a la forme d'un rectangle dirigé du Nord-Est au Sud-Ouest limité au nord par les collines tertiaires du Sahel et le massif de Bou-Zaréah, à l'Est, au Sud et à l'Ouest par les hautes chaînes secondaires de l'Atlas.
         Elle s'ouvre au Nord-Est sur la baie d'Alger où s'écoule la plus grande partie de ses eaux.

         " On a beau, dit Fromentin (1), la parcourir à la française, sur une longue chaussée civilisée par les ornières, y trouver des relais, des villages et de loin en loin des fermes habitées, c'est encore une vaste étendue solitaire où le travail de l'homme est imperceptible, où les plus grands arbres disparaissent sous le niveau des lignes, mystérieuse comme tous les horizons plats, et dont on ne découvre distinctement que les extrêmes limites ".

         M. Mac-Carthy (2), divise la Mitidja en trois parties très distinctes :
         La partie orientale, limitée par l'Harrach où se trouvent :
         - Rovigo, l'Arba, le Fondouk, Bou Hamedi, la Maison Blanche, le Fort de l'Eau, Rouïba, la Reghaïa, l'Alma et dont le territoire est occupé en outre par les Khrachna et les Beni-Moussa.

         La partie centrale, où l'on trouve :
         - Boufarik, Blida, Joinville, Montpensier, Dalmatie, Beni-Méred, Souma, Bouïnan, Chebli, Birtouta, Les quatre chemins et l'Oued-el-Alleug. Sa population indigène forme la tribu des Beni-Khrelil.

         (1) Fromentin (1820-1876), artiste peintre et écrivain.
         (2) Mac-Carthy (1815-1894), géographe et explorateur d'origine irlandaise


         La partie occidentale comprend les villages de :
         - la Chiffa, Mouzaïaville, Bou-Roumi, El-Affroun, Ameur-el-Aïn, Marengo, tous placés au pied de l'Atlas ; les Hadjoutes occupent le milieu de cette troisième partie.

         Boufarik

         Boufarik est situé à 13 kilomètres de Blida et à 35 au Sud-Ouest d'Alger, au centre de la Mitidja.
         Boufarik traversée par l'armée française en 1830 lors de son excursion vers Blida n'était qu'un humide bocage, entouré de marais aux exhalaisons malsaines, où les Arabes tenaient un grand marché de bestiaux tous les lundis.

         En 1832 ce fourré fut fouillé par les chasseurs d'Afrique qui en débusquèrent l'ennemi. Ce fut là que s'établit le premier poste de l'armée dans la plaine.

         Le 27 septembre 1836, le mode de la concession des fermes domaniales d'Haouch Chaouch et de Bou Laqueh, au même endroit, fut déterminé par un arrêté du maréchal Clauzel, et le plan de la ville, où les rues sont tirées au cordeau, fut mis à l'étude.
         L'arrêté ministériel, en date du 17 février 1840, fixa la délimitation du district à 729 hectares. Ce territoire fut augmenté de plus du double par arrêté du 31 janvier 1844.

         Ce centre bâti sur un emplacement si malsain que, suivant un proverbe arabe, les corneilles elles-mêmes ne pouvaient y vivre, est aujourd'hui des plus salubres.
         Le climat, d'abord fort malsain, s'est heureusement modifié, grâce à la culture. Il n'est point de centre de l'Algérie qui ait fait un progrès plus rapide et soit arrivé à une plus grande prospérité.
         Le camp d'Erlon, monument de notre première pensée de colonisation dans cette belle contrée, les vastes bâtiments militaires qui y furent établis, et 117 hectares 26 ares 98 centiares de terrains environnants, ont été abandonnés par décret présidentiel du 16 août 1851, au Révérant Père Brumauld, à condition de consacrer pendant 20 ans ces immeubles à une maison d'apprentissage de jeunes orphelins.
         Depuis, et par décret impérial du 7 juillet 1856, divers lots de l'Haouch Ben Chaban, près de Boufarik, ont été ajoutés à cette magnifique concession. Les orphelins qui l'habitent, au nombre de 308, reçoivent une éducation particulièrement agricole et professionnelle, et mettent en culture de vastes jardins. Ils ont planté une véritable forêt de saules.

         La population est de :
         - 1.857 Français, 1.176 Étrangers,
         - 43 Juifs,
         - 2.243 Arabes.

         Un curé dessert une belle église. Le décret du 5 décembre 1857 a reconstitué la justice de paix. La commune est en plein exercice depuis 1951. Il y a :
         - une mairie,
         - une caserne de gendarmerie,
         - une direction des postes,
         - une société de secours mutuel,
         - un orphéon.

         L'Empereur a visité cette localité le 6 mai 1865.
         L'État a fait construire depuis longtemps une école pour les garçons.
         Les demoiselles sont instruites par les Sœurs de la Doctrine chrétienne.

         Boufarik est une ville toute champêtre. Ses rues sont de larges avenues plantées de platanes aux verts ombrages, ouvrant de ravissantes perspectives sur la plaine que limitent, d'un côté, les flancs abrupts de l'Atlas, de l'autre, les riants coteaux du Sahel.
         Partout les eaux circulent le long des rues en ruisseaux limpides et gazouillants, répandant la fraîcheur et la santé là où elles portèrent si longtemps la maladie et la mort.
         Un canal de dérivation amène une partie des eaux de l'Harrach sur divers points de la commune, et un autre, les eaux de l'oued Ben Chemla jusqu'à Boufarik même.

         Au milieu de Boufarik sont une fontaine et un abreuvoir alimentés par d'excellentes eaux qui se rendent ensuite dans un grand bassin où l'on fait baigner les bestiaux. L'abattoir civil est tenu par :
         - un receveur,
         - un vérificateur,
         - un vétérinaire et
         - un personnel spécial.

         Les éleveurs de la commune fournissent en grande partie le marché du lundi qui est tenu près d'un vaste caravansérail. Les bouchers d'Alger et les colons de Blida y viennent faire leurs achats et leurs approvisionnements.
         Tous les jours plusieurs diligences et un nombreux roulage allant de l'une à l'autre de ces deux villes traversent Boufarik où les rues sont belles et larges. Il y a une station de chemin de fer.

         Tous les colons sont dans l'aisance ; beaucoup sont riches. La position centrale de Boufarik, où aboutissent en tous sens des communications faciles, est le rendez-vous des faucheurs et des moissonneurs de la plaine.
         Des plantations considérables ont été faites et toutes ont parfaitement réussi. Il y a un très beau moulin à plusieurs tournants.
         S.M. l'Empereur a visité l'usine de M. Dumesgnil pour le rouissage et le teillage du lin.
         Les hôtels où l'on peut prendre pension sont l'hôtel Mazagran, sur la place de ce nom et l'hôtel du commerce, rue de Médéa. Il y a deux cafés sous les mêmes enseignes. Toutefois celui du Commerce est sur le boulevard Duquesne et celui de la Poste, rue de Blida.

         En vertu du décret du 8 mars 1862, les propriétaires intéressés à la conservation des canaux exécutés par l'État pour l'assainissement et le dessèchement de Rhylen, Cheurfa, Goreith, Boufarik, forment entre eux une association dite syndicat des canaux de dessèchement de Boufarik, pour assurer annuellement le curage et l'entretien desdits canaux. La commune supporte le quart de la dépense. Les propriétaires jouissent, en conséquence, de prises d'eau pour les irrigations de leurs cultures.

         Boufarik a pour sections communales :
         Souma, village crée par arrêté du 20 septembre 1845, à 7 kilomètres, à 10 de Blida, sur un territoire de 900 hectares, à cheval sur la route du pied de l'Atlas.
         Les eaux qui l'alimentent sont fournies par l'oued Bou Chemla mettent en mouvement des moulins.
         On remarque de beaux vergers et une vaste orangerie.
         A l'exposition de 1849, Souma a mérité une médaille d'argent pour ses cultures de mûriers et éducation de vers à soie. Il y a une église, une école mixte. On y exploite une mine de fer.
         Population : 281 Français, 157 Étrangers, 1.359 Arabes.

         Chébli, village créé par décret impérial du 21 juillet 1854, à 8 kilomètres de Boufarik, entre ce village et l'Haouch Mimouch, sur la route médiane de la plaine de la Mitidja, pour 40 familles, sur un territoire de 1.072 hectares, doté d'un communal de 96 hectares.
         Le décret du 22 août 1861 a reconnu la commune de Chébli en plein exercice.
         Il a été planté sur les places, rues et boulevards de Chébli, 1.409 arbres d'essence de platanes et de mûriers.

         Les travaux d'aménagement des eaux comprennent l'établissement, au centre de la place principale, d'un puits surmonté d'une pompe, d'un abreuvoir, d'un lavoir public. Une rigole de dérivation des eaux de l'Harrach alimente ces réservoirs et arrose les terres.
         Population ; 408 Français, 466 Étrangers, 2.515 Arabes.

Description d'Alger et de ses environs par Victor Bérard,
Receveur de l'Enregistrement, des Domaines et du Timbre. 1867. Extraits.



 Biskra
Envoyé par M. Christian Graille

                 Biskra est moins une ville, proprement dite, que la réunion de sept villages ou quartiers disséminés dans des plantations de dattiers qui couvrent environ 20.000 hectares de terrain.
                Au centre, à peu près, s'élève la casbah, espèce de château fort où la garnison est casernée. La mosquée principale se distingue par son minaret dont le sommet domine les plus hauts palmiers.
                L'ensemble des constructions n'a rien de remarquable ; comme dans tout le Sahara les maisons bâties en pisé sont couvertes en terrasses.
                On y compte quatre mille habitants.
                Cette ville est la capitale politique des Ziban.

                Les Ziban sont fermés au Nord par une chaîne de montagnes habitées par des tribus insoumises. Ils faisaient autrefois partie de la Maurétanie ; les ruines que l'on y trouve encore en grand nombre attestent que les Romains y avaient élevé des établissements nombreux.
                Les populations des villages de la région ne sont point d'origine arabe.
                On retrouve dans leurs mœurs, leurs habitudes politiques, religieuses ou agricoles, les traits caractéristiques des aborigènes.
                Les principales tribus vivent sous la tente dans les villages et en protègent d'autres plus petites ou des fractions de tribus trop faibles pour former unité, toutes ces tribus obéissent au cheikh El Arab.

                Quoique le territoire des Ziban soit fertile en fruits, légumes et céréales, les récoltes de blé et d'orge ne suffisent point à la consommation des habitants, et les nomades viennent s'approvisionner dans le Tell.
                Les palmiers constituent la véritable richesse des Zibaniens.
                Au printemps, quand le moment d'entrer dans le Tell est arrivé, les tribus se réunissent et s'acheminent lentement vers le but de leur voyage en faisant de fréquentes haltes.
                Beaucoup d'autres tribus du Sahara opèrent, à la même époque, le même mouvement, et toutes passent par les Ziban, suivies de leurs innombrables troupeaux. C'est un fléau périodique pour les propriétaires de jardins.

                Du lieu de la dernière station, des convois de chameaux, chargés de dattes et d'autres produits du désert, sont expédiés dans toutes les directions, sur le Tell, pour y opérer des échanges.
                En attendant leur retour, les tribus passent le reste du printemps et une partie de l'été, campées dans les pâturages environnants. Auprès d'elles se rendent alors les cultivateurs du Tell pour recruter des moissonneurs, qui, se détachant par groupes, vont camper à proximité des champs qu'il faut moissonner. Chaque travailleur reçoit pour salaire le douzième du blé et le dixième de l'orge qu'il a moissonné.

                Ces travaux terminés les tribus se réunissent pour se rapprocher du grand marché de la Temania où la smala du cheikh El Arab qui doit la présider s'est déjà établie. Au jour indiqué, le cheikh plante son drapeau sur le point culminant de la colline, et des crieurs annoncent que le marché est ouvert et se tiendra tels jours de la semaine.
                Des cavaliers partent en même temps pour aller en donner avis aux caïds des tribus connues pour fréquenter habituellement la Temania. C'est l'un des plus importants du Tell ; c'est un rendez-vous général où tous les produits du Nord sont échangés contre ceux du Sud.

                Les tribus des Ziban importent :
                - des dattes,
                - des kessoua (vêtements de laine),
                - du henné,
                - des abricots séchés dont sont très friands les Arabes et dont ils usent pour accommoder certains mets,
                - de la garance,
                - des armes et autres objets apportés de Tunis ;
                Elles exportent :
                - des laines brutes,
                - des moutons,
                - du beurre,
                - de l'huile,
                - des fèves,
                - des pois chiches,
                - beaucoup de céréales.

                Les tribus des environs de Touggourt et quelques autres exportent les mêmes denrées et importent :
                - des plumes d'autruches,
                - de la poudre d'or,
                - du henné.

                Depuis une douzaine d'années ce mouvement commercial, paralysé par un état de guerre perpétuel, avait subi un ralentissement notable :
                - les tribus de Touggourt n'y prenaient plus qu'une part indirecte,
                - celles du Souf n'allaient plus qu'à Tunis.

                Les caravanes menacées par des bandes armées qui les guettent au passage pour les piller, peu de spéculateurs osent s'aventurer dans ces dangereux voyages. Aussi, voyons-nous toutes les tribus revenir peu à peu où les appellent leurs intérêts et leurs besoins et reprendre le chemin de nos marchés.
                Les Oulad Moulat, tribu guerrière, qui n'avaient jamais fait de voyage dans le Tell avant la domination française y sont revenues cette année et y ont rencontré d'autres. Le mouvement progressif de ces migrations est un fait d'une haute importance et qui prouve la confiance des tribus nomades dans l'équité de notre administration.
                Il est remarquable d'ailleurs que les Sahariens n'éprouvent pas pour nous cette antipathie que nous avons trouvée chez les montagnards et chez les habitants du Tell. L'appât du gain domine chez eux et fait taire les scrupules du fanatisme.

                Chaque année voit se détacher de la fraction nomade quelques familles nouvelles qui viennent planter leurs tentes près de celles de leurs frères, dès qu'elles ont pu réaliser les premiers éléments nécessaires pour se livrer à l'agriculture.

                Note : Le Mzab est un pays étendu où les villages sont nombreux et proches les uns des autres. Chacun se nomme Zab, pluriel ziban
Le Sahara algérien
Ouvrage rédigé d'après les documents recueillis par les soins de Monsieur le Lieutenant-Colonel Daumas Directeur des affaires arabes à Alger. Edition 1845



La WIFI dans le Cantal.... !!!
Envoyé par Annie

           C'est un homme qui se rend dans un restaurant cantalien, à Pierrefort, pour déjeuner.
           Arrivé sur les lieux, son smartphone capte la connexion Wi-Fi du restaurant.
           Quand la serveuse vient prendre sa commande, il lui demande :
           - S'il vous plaît, mademoiselle, pourrais-je avoir le mot de passe du Wi-Fi ?
           - Mangez d'abord, monsieur.

           Le monsieur s'empresse alors de commander un repas copieux.
           Après avoir fini de manger, il redemande à la serveuse:
           - Ça y est, j'ai fini de manger, pourrais-je avoir ce mot de passe maintenant ?
           - Mangez d'abord.

           Le monsieur, se sentant un peu gêné, commande un second plat.
           Après s'être gavé avec, il s'en va directement demander le mot de passe au gérant, un nommé Albert M. pour ceux qui connaissent :
           - Excusez-moi monsieur Albert M., mais vos serveuses me font du chantage.
           Elles veulent que je commande d'abord à manger avant de pouvoir obtenir d'elles le mot de passe de Wi-Fi.
           Pouvez-vous me le donner, s'il vous plaît ?
           - C'est "mangezdabord", sans majuscule, sans espace et sans apostrophe.



Tipaza
Envoyé par M. Christian Graille

               Tipaza, situé à 8 kilomètres de Marengo, est un village maritime établi au débouché de la vallée de l'oued Nador, sur un petit port, dont la rade est bien abritée des vents d'ouest par le Chenoua.
               La navigation légale y a été autorisée en août 1863, époque où l'entreprise du centre de population a été concédée à M. de Mouchy, sur 2.672 hectares, pour 500 familles.
               Un poste de douaniers a été établi. On obtient de l'eau qu'au moyen d'un puits. Les réparations à un aqueduc romain amèneront de l'oued Nador d'abondants moyens d'arrosage.
               Sur la pente couverte d'épaisses broussailles, qui descend de l'Est, dernière colline du Sahel algérois, se montrent, parmi les hauts oliviers, les ruines de Tipaza, ville romaine, dont l'enceinte était de :
               - 3.450 mètres
               - 500 à l'Est,
               - 1.100 au Sud,
               - 450 à l'Ouest, et
               - 1.400 sur le rivage.

                Le village est assis dans les ruines mêmes. L'Empereur Claude accorda le droit latin à cette antique cité.
               A l'époque des Vandales, les habitants catholiques aimèrent mieux s'expatrier en Espagne que d'accepter l'évêque arien que ces hérétiques voulaient leur imposer.
               Quelques-uns eurent la langue coupée en cette occasion.
               Les Arabes nommèrent Tfessadt (la ruine), cette ville abandonnée, dont les Turcs et les Français tour à tour, ont achevé la désolation en détruisant ce qui en restait pour employer les matériaux à leurs propres constructions.

               On trouve encore de belles briques de 8 centimètres d'épaisseur et de 3 centimètres carrés. Au milieu de ces décombres sont les débris d'une basilique que l'on désigne sous le nom d'église de l'Est. C'est un édifice en pierres de taille, de 60 mètres de long sur 30 de large, ayant la figure d'un carré long. Les murs subsistent encore à diverses hauteurs. L'entrée est à l'Ouest, au Nord s'ouvre une grande fenêtre cintrée et au Sud deux chapelles. Un mur, avec portique ouvert, sépare le cœur de la nef. Les chapiteaux gisent encore au pied des colonnes qu'ils décoraient jadis.

               85 colons en compagnie de 72 Arabes promènent dans cette solitude.

Description d'Alger et ses environs par Victor Bérard,
Receveur de l'Enregistrement, des Domaines et du Timbre. 1867. Extraits.


 Alfred Salinas
Envoyé par M. Christian Graille

tOran la joyeuse.
Mémoires franco-andalouses d'une ville d'Algérie.
Éditions l'Harmattan

               Dans la préface l'auteur ne conteste ni ne réfute le fait d'être Pied Noir mais définit ainsi son identité en la nuançant quelque peu : "Je suis en effet un Oranais avant d'être quoi que ce soit d'autre, cela veut dire que je ne suis pas né en Algérie après 1830 mais mille ans auparavant, que mes racines plongent dans le passé le plus lointain de la terre Nord-Africaine à l'égal de tous mes semblables, originaires, comme moi d'Andalousie ou du reste de l'Espagne, qui peuplèrent majoritairement la ville d'Oran avant l'indépendance du pays en 1962 .
              Subtile précision.
              Quel fut donc le passé de cette ville ?

              En 902, des marins andalous décidèrent de s'installer à Oran.
              Au fil du temps, le développement économique de la ville s'accrut mais devint une source d'antagonismes et de luttes incessantes entre les différentes factions rivales qui l'occupèrent.
              Grâce au port de Mers El Kébir, la cité devint le carrefour de relations commerciales méditerranéennes.
              Cependant la vie, dans ce coin d'Afrique du Nord, ne fut pas toujours un havre de paix et de sérénité ; la ville fut assiégée à de nombreuses reprises par mer, par terre et les dévastations, reconstructions, fuites et retours se succédèrent.

              1492 sonna le glas de la domination musulmane sur la péninsule ibérique.
              Au début du seizième siècle, la recrudescence des actes de pirateries incita l'Espagne à s'installer durablement à Oran mais l'esprit de revanche sur les Maures n'était pas absent des buts de la conquête.
              L'opération militaire vit le jour en 1509. La ville fut prise ; commença alors une période de domination qui dura jusqu'à la fin du 18ème siècle, interrompue par une courte domination turque de 1708 à 1732.
              Afin de se protéger de leurs ennemis les Ibères construisirent des forts :
              - San Grégorio,
              - San Luis,
              - San Bernardino,
              - San Félipe,
              - Santa Cruz.

              Alfred Salinas nous raconte que durant l'occupation espagnole Oran était une ville bercée par l'insouciance et un fort appétit de vivre, une ville qui s'efforçait d'oublier qu'elle se trouvait, parfois, en état de siège, à la fois menacée par ses voisins et les épidémies de peste.
              Oran voulait ressembler à Tolède et à Madrid au 18ème siècle ; elle se plaisait à ressusciter le décorum de la cour royale d'Espagne et reçut le nom de " corte chica " (petite cour).
              Des fêtes fastueuses étaient périodiquement organisées au château du Rosalcazar. On y dansait selon l'étiquette et on y chantait les refrains de toujours.
              On y croisait de jeunes nobles en quête d'aventures et de fortune.
              On en rencontrait d'autres : C'étaient les " desterrados" (exilés) qui étaient en disgrâce auprès du Roi et qu'on assignait à résidence à Oran, comme si cette ville était à mille lieues de toute civilisation alors qu'en moins de douze heures, par vent favorable, un voilier pouvait faire la traversée depuis Almeria ou Carthagène.

              Les nobles, éloignés de la Cour, menaient à Oran un train de vie fastueux, participaient à des divertissements de toutes natures dans un grand raffinement.
              - Des poètes,
              - romanciers,
              - Dramaturges de Séville, Cordoue, Madrid ou Tolède firent de la ville l'un des sujets de leurs œuvres ; Cervantès lui dédia même une pièce de théâtre.

              Si la cité fut :
              - riche, vivante, insouciante, conviviale, tolérante, libertine à diverses époques de son histoire elle n'en était pas moins demeurée une ville
              - Courageuse, fière, laborieuse, douloureusement meurtrie aussi au fil des siècles.

              Lors du tremblement de terre de 1790 la majeure partie fut détruite ; près de 1.200 habitants périrent. (Certaines sources font état de 3.000 victimes), sur un total de 9.500.
              Les Turcs profitèrent de ce désastre pour attaquer la citadelle et c'est en 1792 que les Espagnols leur abandonnèrent la ville.

              La conquête de l'Algérie par la France en vit revenir en grand nombre et dans un état d'extrême dénuement ; vêtus de haillons, de rares objets personnels sur les épaules, un maigre ballot ; on les appelait " les caracoles " (les escargots) car c'est leur maison qu'ils transportaient sur le dos.
              On les accusait de tous les maux de la société : un vol était-il commis ?
              Cela ne pouvait être qu'un Espagnol.
              La police rapportait que certains d'entre eux n'étaient que :
              - des repris de justice,
              - des mendiants,
              - des vagabonds,
              - Des déserteurs.

              On laissait volontiers accréditer l'idée que l'Espagne se séparait, à bon compte, de toute une communauté jugée marginale ; l'Administration tentait de les éloigner de leurs racines, les humiliait en les traitant de " cinquante pour cent " car nés Français en Algérie de parents espagnols.
              Les propos d'Emmanuel Roblès, à ce sujet, sont révélateurs :
              " A l'école on nous interdisait de parler notre patois et nous considérions cela comme une brimade, sans déceler l'intention purement pédagogique de nos bons maîtres. Verneil (un de nos camarade de classe) me surpris un jour à parler espagnol et fit une remarque désobligeante. C'était la première fois que j'entendais l'expression cinquante pour cent dans son sens injurieux et, piqué au vif je répliquais par dépit, défi, amour propre blessé que je n'étais pas cinquante mais zéro de Français et que si les Français n'étaient pas contents ils pouvaient toujours retourner chez eux tandis que nous, ici, nous étions chez nous, parfaitement et sans rien demander à personne " etc…etc… ".
              Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls à subir de tels affronts ; on considérait que les nouveaux arrivants de Paris en 1848 n'étaient qu'un " ramassis de fainéants et de débauchés, de francs vauriens ".

              Certains Espagnols étaient présentés comme des trublions dont il fallait se méfier et surveiller étroitement les activités.
              Après 1870, ils furent encore les victimes de fortes discriminations ; ne jouissant pas de la nationalité française, ils ne pouvaient accéder à l'attribution de terres réservées en priorité " aux Français de souche "; de ce fait le seul espoir qu'ils nourrissaient était celui de se replier vers des métiers manuels :
              - manœuvres, portefaix, ouvriers agricoles, maçons.

              Leur afflux massif inquiétait les autorités qui tentaient, par tous les moyens, de les dissuader de gagner les rivages de la province. Fort heureusement une loi de naturalisation fut promulguée en 1889, atténuant leur isolement en privilégiant le droit du sol au droit du sang, permettant ainsi aux enfants nés en Algérie de parents espagnols d'acquérir automatiquement la nationalité française.
              L'intégration prenait forme et se mettait lentement en marche ; elle allait se matérialiser :
              - grâce à un labeur acharné,
              - un courage à toute épreuve et
              - une farouche volonté de vaincre l'adversité.

              Mais sans leur laisser de répit, de nouveaux nuages s'amoncelaient à l'horizon et obscurcissaient le ciel.
              En 1939 l'arrivée massive de réfugiés espagnols fuyant la guerre civile jeta le trouble et l'inquiétude dans les rangs de l'Administration, qui n'avait pas tout à fait perdu ses vieux réflexes anti Espagnols.

              Beaucoup ont oublié, encore aujourd'hui, la vaillance et le courage de ces hommes durant les deux conflits mondiaux du vingtième siècle.
              Si ceux qui émettent un doute sur la fidélité de ces pionniers, le bon sens aurait dû les conduire, par pur bon sens, à s'informer ; ils auraient alors pu lire aux frontons des monuments aux morts des villes et des villages les noms de ces hommes qui avaient fait le sacrifice de leur vie pour la patrie ; certes la consonance de leurs patronymes ne ressemblait aucunement à celle de ces " Français de souche " mais ils étaient devenus, de surprenante façon et comme par enchantement, de vrais citoyens.

              Le livre d'Alfred Salinas fourmille d'informations de toutes sortes :
              L'honneur était farouchement défendu ; aucun outrage, aucun affront ne devaient rester impunis surtout s'ils concernaient la famille ; la ferveur populaire exprimée intensément lors des nombreuses fêtes religieuses rappelait celles de la Castille ;
              les réussites professionnelles furent nombreuses :
              - Adolphe Perrier cet imprimeur lorrain qui, sous le régime de Louis Philippe, fut exilé et fonda en 1844 "l' Écho d'Oran ",
              - Juan Bastos le célèbre fabricant et négociant de cigares et de cigarettes,
              - les succès sportifs : (Marcel Cerdan, le plus célèbre des habitants de Sidi Bel Abbés dont l'équipe de football, le S.C.B.A régna quasiment en maître et sans partage sur le championnat d'Algérie),
              - le grand Dominguin qui faisait vibrer les " aficionados " des arènes d'Eckmühl où s'illustrèrent notamment Bénitez, Ordonez, et bien d'autres.

              Comment oublier cette place de la Perle, lieu emblématique des habitants de la cité et, particulièrement, du quartier de la Marine, lieu de rassemblement et de convivialité où il faisait bon s'attarder. Ce site magique eut les faveurs d'Albert Camus qui dans ses carnets écrivait : " Ce que j'aime ici, c'est l'heure qui n'est pas celle-ci mais que je devine, où le ciel d'été vidé de sa chaleur, la petite place s'adoucit dans le soir, les militaires et les femmes y tournent en rond tandis que l'odeur d'anisette attire les hommes vers les bars ".

              Pour Emmanuel Roblès " les bistrots étaient ornés d'étoiles de mer, de gros coquillages, de poteries d'Alméria ou d'Alicante et qu'il y avait assis, au fond, des joueurs d'accordéon ou de guitare qui tiraient de leurs instruments des airs nostalgiques ".
              L'auteur a tenu aussi à rendre un hommage appuyé " aux filles d'Oran " qui se distinguèrent :
              - Jeanne-Paule Sicard, agrégée de lettres qui occupa le poste de chef de cabinet du président René Pleven au sein d'un gouvernement de la quatrième République,
              - Angèle Maraval-Berthoin, poétesse, présidente de l'Association amicale des artistes africains dont quatre ouvrages furent couronnés par l'Académie française,
              - Simone Cruck, brillante universitaire,
              - Suzanne Koehl-Layrise, première femme inscrite au barreau d'Oran, Nafissa Sid Cara, député d'Alger, très proche de l'Oranie, secrétaire d'État dans le gouvernement Michel Debré et sœur du docteur Chérif Sid Cara maire de Misserghin.

              Il est néanmoins paradoxal de constater que, même dans la gestion des affaires, rien n'empêchait un Métropolitain de faire carrière ; les Espagnols étaient devenus des observateurs plus que des acteurs de la vie politique de leur propre ville; deux maires seulement (Hippolyte Giraud et Henri Fouques-Duparc) sur trente-quatre en furent originaires.
              On peut aisément concevoir que cet éloignement et ce désintérêt puissent interpeller et interroger :
              - S'agissait-il d'un excès de pudeur ?
              - Les vexations et humiliations subies depuis si longtemps les enfermaient-elles dans ce désappointement teinté d'indifférence et d'amertume ?
              - Se sentaient-ils méprisés par l'État et ses représentants ?
              - Se considéraient-ils encore comme " étrangers " ?…
              Peut-être mais ce qui est indéniable c'est qu'ils manquèrent là une occasion d'apporter à la région une richesse supplémentaire qui, incontestablement, lui a manqué.

              Le narrateur évoque enfin les différents parcours d'hommes ayant marqué de leur sceau l'Histoire de cette métropole qui, en 1962, était par sa population la cinquième de France.
              Jadis, pour le visiteur, la ville attestait bien que les Oranais étaient profondément et viscéralement attachés à leurs racines : Comportement, langue, us et coutumes, traditions et fêtes populaires ou religieuses fleuraient bon les senteurs de l'Espagne toute proche…

              Oran la joyeuse restait Oran l'andalouse.
              Cet ouvrage remarquable, dense, fort bien documenté est écrit dans un style vif, précis et concis ; il éclaire de façon brillante le passé de cette cité,
              - vivante, fière, libre, dynamique, accueillante, parfois rebelle.

              Il serait dommage de se priver de sa lecture, que l'on soit originaire de la région ou d'ailleurs. Sa découverte permettra à beaucoup de se replonger et de se ressourcer dans ce passé encore si proche et si vivant mais qui reste ô combien nostalgique !

              " Sur ces plages d'Oranie tous les matins d'été ont l'air d'être les premiers du monde ". (Albert Camus).
              Que les lectrices et les lecteurs nous excusent d'avoir quelque peu transgressé les règles habituelles régissant les recensions mais ce livre mérite bien plus que quelques lignes.

Christian Graille


BLIDA
Envoyé par M. Christian Graille

                 Blidah est située à 48 kilomètres au Sud-Ouest d'Alger, à 42 au Nord-Nord-Est de Médéa et à 70 kilomètres de Miliana. La ville est élevée de 100 mètres au-dessus du Mazafran, et de 185 au-dessus du niveau de la mer.
                  A l'abord même, elle semble perdue dans une forêt d'orangers de la plus luxuriante verdure. A distance, la ville développe une grande étendue où s'élèvent de belles constructions qui semblent annoncer une cité importante et opulente, placé dans le site le plus heureux.

                  C'est au temps de l'invasion turque qu'il semble qu'on doive rapporter la fondation de la ville qui fut détruite par le tremblement de terre du 2 mars 1825, à 10 heures et demie du matin. Une vaste enceinte carrée fut élevée plus au Nord dans la plaine à 2 kilomètres de l'ancienne ville détruite, pour protéger les nouvelles constructions et recevoir ce qui restait de la population que les auteurs portent à 18.000 âmes avant la catastrophe, où plus de la moitié périt.
                  Mais les Blidéens restèrent fidèles à leur ancienne position et relevèrent leurs maisons sans vouloir habiter le nouvel enclos qui est vide et tombe en ruine à son tour.

                  - Le 25 juillet 1830, le général de Bourmont poussa une reconnaissance vers Blida, y fut accueilli avec cordialité et resta un jour. Au retour les Kabyles accompagnèrent l'armée de leur fusillade.
                  - Le 19 novembre de la même année, le maréchal Clauzel ne put pénétrer dans la ville qu'après un combat. Il y laissa un corps d'occupation qui, pour la défense de la place dévasta les jardins aux alentours. Ben Zamoun ne cessait de tourmenter la garnison.
                  - Le 26, il pénétra dans Blida, mais ne put s'y maintenir.

                  En revenant de Médéa, le maréchal Clauzel évacua la ville où d'inutiles massacres venaient d'avoir lieu en représailles des attaques faites par les Arabes, et une partie de la population suivit nos soldats dans leur mouvement de retraite.
                  Les autres habitants de Blidah, qui avaient abandonné leurs foyers à notre approche, revinrent après l'évacuation des troupes françaises, chassèrent le hakem (1) que la France avait laissé, mais furent forcés de se soumettre, en mars 1831, aux armes du général Berthezène.

                  Cependant, ils entrèrent peu après dans la grande coalition formée par Sidi Saadi.
                  - Le 20 novembre 1832, ils abandonnèrent de nouveau leur ville qui fut saccagée par le duc de Rovigo, pillée, évacuée encore par les troupes françaises. Les malheureux habitants acceptèrent alors un hakem de l'Émir Abd-el-Kader, et en furent punis, le 29 avril 1837 par le général Damrémont.
                  - Les 7 et 8 mai 1865 l'Empereur allant à Miliana et au retour, les 11 et 12 du même mois, Sa Majesté a traversé Blidah, et l'a visitée avec satisfaction.
                  - Le 2 janvier 1867, à 7 heures 15 minutes du matin, une violente secousse de tremblement de terre lézarda un grand nombre de maisons et en fit écrouler quelques-unes.

                  Blidah, chef-lieu d'arrondissement, a :
                  - un Sous-Préfet,
                  - un Tribunal de première instance,
                  - une Justice de paix.
                  La population de la ville et banlieue est de :
                  - 2.814 Français
                  - 2.510 Étrangers,
                  - 570 Juifs,
                  - 3.449 Arabes.
                  Le culte catholique a un curé et plusieurs vicaires ; l'Islamisme a un muphti.

                  La ville est un composé d'habitations arabes et de constructions gracieuses, quelques fois grandioses. A côté de la hutte de l'Arabe, de l'ancienne maisonnette, dont un rez-de-chaussée autour d'une petite cour carrée, plantée de quelques orangers formait toute l'importance, s'élève sur des arcades de la maison avec ses hautes fenêtres, ou bien la fraîche demeure de l'homme plus sage et plus modeste, dont les persiennes vertes s'ouvrent sur les plus riches paysages.
                  Beaucoup de maisons jouissent de la vue immense de la plaine de la Mitidja au Nord, l'Atlas qui domine la ville au Sud, à peu de distance, plane de toute la hauteur de son imposant aspect sur tous les quartiers et se voit de presque toutes les rues. La cité établie sur une surface plane est régulière, bien percée, et alignée comme une cité américaine. A l'entrée de chacune des portes de Blida est une petite place. Dans les rues :
                  - Bab-el-Sebt,
                  - Bab-er-Rahba,
                  - d'Alger,
                  - Abdallâh (dite des Juifs),
                  - rue Grande,
                  - rue du Bey (dite des Bains Français),
                  On voit de hautes maisons françaises ; celles qui forment le carré de la place d'armes, qui est ornée d'un bassin et de deux rangées d'arbres sont à arcades et d'une architecture régulière ; celles de la place Bab-el-Sebt, où s'élève une jolie fontaine, rivalisent par leur élégance avec ces importantes constructions.
                  La place de l'Orangerie est embellie d'orangers grands et forts.
                  La grande place du marché des Indigènes réunit tous les jours une foule d'Arabes qui trouvent, à Blida, deux fondouks et deux bazars et viennent y apporter les produits de leurs jardins tandis que les Européens ont leurs étalages sur la place Bab-el-Sebt ; ils ont aussi, au même lieu, des bâtiments affectés au même usage. La viande et le combustible y sont moins chers qu'à Alger.

                  La vie n'y est guère à meilleur marché. Les Indigènes, tous les vendredis, viennent en grand nombre, à l'ouest de la ville et y tiennent une foire où l'affluence est prodigieuse.
                  Ils y conduisent des bestiaux, des chevaux et des bêtes de somme, y apportent :
                  - des céréales,
                  - des peaux,
                  - laines,
                  - charbon,
                  - bois à brûler,
                  - du sel provenant des montagnes.
                  - Les Zouaoua offrent leur savon,
                  - les Mouzaïa leur tabac,
                  - les Béni Sala des substances tinctoriales.

                  Ces Arabes achètent en échange :
                  - des fers bruts,
                  - de la mercerie,
                  - de la quincaillerie,
                  - des tissus de coton,
                  - des calicots,
                  - des foulards,
                  - du sucre,
                  - de l'épicerie.
                  Il y a une foire du 15 au 20 août chaque année.

                  Autrefois Blidah était renommée pour ses teintureries, ses tanneries où la préparation du maroquin pour la chaussure, l'équipement et le harnachement étaient excellents ; on y fabriquait des instruments aratoires.
                  De nombreux moulins à farine, établis sur l'oued Kébir qui prend sa source à 4 kilomètres au Sud de la ville, dans la gorge profonde à l'embouchure de laquelle est assise la ville, avaient été habilement établis au lieu où des chutes d'eau indiquaient l'emplacement d'usines de ce genre.
                  Aujourd'hui, ces industries sont bien délaissées. Toutefois plusieurs minoteries importantes exploitées par des Européens sont en peine activité ; quelques-unes même fonctionnent jour et nuit, et méritent d'être visitées.
                  L'oued Kébir presque tout entier, est pris au-dessus de la ville où l'on a fait un barrage ; ses eaux arrivent de Blida par des conduits souterrains savamment ménagés.

                  Ce travail, et des aqueducs qui passent par Joinville et Montpensier, déversent une abondance de liquide qui est débité par les fontaines :
                  - de la place el-sebt,
                  - des portes d'Alger,
                  - Bab-er-Rahba,
                  - Bab-el-Sebt et
                  - des bornes fontaines, répandant plus de 13.000 mètres cubes d'eau en 24 heures, dans le temps des plus fortes chaleurs. L'excédent suffit à l'irrigation des nombreux jardins cultivés aux alentours de la ville, et va encore enrichir les villages de sa surabondance.
                  - Un beau lavoir et trois abreuvoirs publics réunissent une partie de ces ondes qui coulent sans cesse.

                  Un journal se publie sous le titre du Tell.
                  L'orangerie du Tapis-Vert est un Tivoli délicieux, en dehors de la porte d'Alger, où les chanteurs, les acteurs ambulants, les jeux de toute espèce, les danseurs prennent leurs ébats au milieu des plus charmants parterres et sous l'ombrage parfumé d'arbres touffus ; c'est le théâtre en la saison d'été.

                  Les beaux cafés sont ceux du Commerce, Des Arts, De France, et le café Laval qui ne leur cède guère par le goût des ornements et les bonnes consommations.
                  Les hôtels sont bien servis : L'hôtel au coin de la rue d'Alger et de la place d'Armes, les hôtels de la Régence, du Périgord, des Bains français, d'Orient.
                  Blida a un comice agricole.

                  La ville est une corbeille de fleurs. Sidi H'Amed Ben Yousef, le poète satyrique, n'a trouvé pour elle qu'un madrigal en disant :
                  " on t'a nommé petite ville, moi je t'appellerai petite rose. "
                  Les environs sont enchanteurs, à cause de la forêt d'orangers et des beaux jardins cultivés avec intelligence, du milieu desquels s'élèvent ses murs.
                  Ses champs s'étendent dans un immense lointain au Nord, à l'Est, à l'Ouest et se prolongent dans la plaine de la Mitidja jusqu'au Sahel de Koléa et au Chenoua qui cache la vue de Cherchell, ou bien sont disposés en amphithéâtre au Sud, sur les pentes de l'Atlas.

                  Au bois des oliviers, dit Bois sacré, au Sud-Ouest de la ville et sur la rive droite de l'oued El-Kébir, se trouve aussi le tombeau d'un Sidi Mohammed Blidi, très illustre dans les légendes.
                  La ligne de chemin de fer d'Alger s'arrêté à Blida. Des voitures de toute espèce sont à la disposition des voyageurs ingambes et autres mulets conduits par d'infatigables Arabes servent aussi au transport.

                  (1) Hakem, administrateur

Description d'Alger et de ses environs par Victor Bérard,
Receveur de l'Enregistrement, des Domaines et du Timbre. 1867. Extraits


Bou Saâda
Envoyé par M. Christian Graille
(Le père du bonheur)

                 Cette ville peut contenir cinq ou six cents maisons et lever un millier de fusils. Elle est divisée en huit quartiers et possède cinq mosquées.
                 La plaine dans laquelle est située Bou Saâda est aride et pierreuse mais l'emplacement de la ville même est d'une fertilité remarquable et abondamment pourvue d'eau.
                 Un petit mamelon stérile le domine seul, du côté de l'Ouest ; sur tous les autres points elle est entourée de jardins.
                 Au milieu de la ville jaillissent deux sources abondantes et limpides.
                 Les jardins sont plantés de : grenadiers, vignes, figuiers, abricotiers, pêchers, dattiers en quantité.
                 On y cultive : le melon, la pastèque, le concombre, l'ail, l'oignon etc.
                 On trouve, à quelque distance, des mines de plâtre et des fours à chaux.

                 Il n'est point de ville, dans cette zone, où l'industrie ait pris un aussi grand développement qu'à Bou Saâda. On y compte :
                 - quarante fabriques de savon,
                 - dix boutiques de forgerons et d'armuriers dont l'adresse à faire des bois de fusil est en grande réputation,
                 - plusieurs échoppes de maréchaux-ferrants,
                 - quatre maisons de teinture et de
                 - nombreuses boutiques de petits marchands.
                 Chaque famille fait sa poterie et ses vêtements.

                 Les juifs relégués dans un quartier à part ont :
                 - leur synagogue,
                 - leurs écoles,
                 - leur cimetière.
                 Un mouchoir noir, roulé autour de la tête est tout ce qui les distingue dans leur costume qui, d'ailleurs, est le même que celui de leurs compatriotes.
                 Ils ne peuvent point monter à cheval : c'est un honneur réservé aux seuls musulmans ; mais ils sont généralement traités avec beaucoup de tolérance ; ils exercent les métiers :
                 - de cardeurs de laine,
                 - tailleurs,
                 - orfèvres etc., et, comme partout, ils se sont fait les intermédiaires obligés de toutes les relations commerciales.

                 Bou Saâda est un centre de commerce important. Les tribus du désert s'y rendent avec leurs produits et, de là, peuvent aisément les écouler vers Constantine et Alger en même temps qu'elles s'y approvisionnent.
                 Le marché se tient dans la ville ; c'est une foire tous les jours où il n'est pas rare de voir cinq à six cents chameaux.

                 Les tribus qui habitent le Tell apportent : de l'orge, de l'huile, des bernous, des étoffes, des batteries de fusils.
                 Elles y conduisent : quelques bœufs, beaucoup de chameaux, de chevaux, de mulets, d'ânes.
                 Celles qui viennent du désert y apportent : de la laine en quantité, des moutons, des plumes d'autruches, des haïks, des dattes, du beurre de brebis, des fromages, des tellis (sacs à porter des fardeaux), des tentes en poils de chameaux.
                 Elles y conduisent des Noirs esclaves.
                 Tous ces produits sont vendus ou échangés contre : des chéchias, des mouchoirs, du calicot, de la soie, des épiceries, des teintures, des chaussures, des essences, des bourses, des aiguilles, des épingles, des ceintures d'hommes et de femmes, des fers et des aciers, des ustensiles en cuivre pour la cuisine, des pioches, des pelles, des socs de charrues, des serrures, de la coutellerie, de la verroterie dont on fait des colliers de femmes, du corail, des bracelets en corne et en ébène, des bijoux de femmes en or et en argent, du sucre, du café, de la cire en bougie.

                 Les gens de Bou Saâda en venant chercher ces produits à Alger ou à Constantine apportent ceux qu'ils reçoivent du désert. Ces échanges déjà considérables peuvent prendre une bien plus grande extension si nous savons les favoriser.
                 Placée sur la limite du Tell ou du Sahara, ouverte aux Kabyles vers le Nord, voisine des Ouled-Naïl, sillonnée en tous temps par tous les habitants des villages des Ziban, en relations habituelles avec : Médéa, Constantine, Biskra, Touggourt et - les Beni-Mzab,
                 Bou Saâda devait, par la force des choses, devenir le dépôt général de tout le commerce dans ce vaste rayonnement.

Le Sahara algérien.
Ouvrage rédigé d'après les documents recueillis par les soins de Monsieur le Lieutenant-Colonel Daumas Directeur central des affaires arabes à Alger Édition 1845


La Trappe de Staouéli
Envoyé par M. Christian Graille

                 A neuf heures et demie nous nous installons à quatre dans un excellent landau et prenons la route de Staouéli afin de visiter la Trappe située à 17 kilomètres d'Alger. Il faut d'abord gravir les tournants de Rovigo et une fois en haut de la ville, nous jouissons d'une vue délicieuse sur la rade et les côtes qui enserrent la baie. Le temps est un peu couvert, et tout en laissant une modeste trouée au soleil, les nuages, car il y en a hélas, ne nous inspirent qu'une médiocre confiance.
                 Le pays que nous traversons est bien cultivé. C'est le Sahel.
                 L'on voit de nombreuses plantations de vignes et la terre a une heureuse apparence de richesse. Tout est vert comme en Normandie au doux mois de mai.
                 On s'y croirait même si de gigantesques cactus, des aloès, et par-ci par-là des terrains non défrichés et couverts de palmiers-nains ne venaient rappeler au passant qu'il est à quelques centaines de lieues du royaume de la pomme et du cidre pur-sang. Et d'ailleurs la blouse bleue de nos braves cultivateurs est ici remplacée par le long burnous blanc des Arabes qui animent la route.

                 Nous passons par Chéragas, petit village peu remarquable et à onze heures un quart nous arrivons à la Trappe.
                 Le bon père qui reçoit les étrangers fait entrer notre voiture sous la voûte de la porte d'entrée ; des forçats militaires vont partir sous la conduite de zouaves en armes afin de travailler aux terres du couvent.
                 Le Gouvernement a concédé mille hectares aux bons pères en 1843, et c'est à cette exploitation jointe à celle de deux cents hectares environs achetés plus tard par le couvent que sont employés les disciplinaires et un certain nombre d'ouvriers d'origine espagnole. Les premiers sont nourris par les Trappistes qui paient en outre à l'Etat 0 franc, 30 centimes par homme et par jour.
                 La culture porte sur tous les genres, en particulier sur la vigne qui est fort belle et donne des vins réputés pour être les meilleurs de l'Algérie.
                 On aperçoit aussi des champs entiers de géraniums ; les Pères fabriquent des essences qui font les délices des Anglaises et forment une source sérieuse de revenu pour la Trappe.
                 En entrant le digne Père nous invite selon l'usage à déjeuner au couvent et nous offre de visiter l'établissement, ce que nous acceptons avec plaisir … puisque nous ne sommes venus que pour cela.
                 Caves, distillerie pour l'essence de géranium, étables, écuries, bergerie, charronnerie, porcherie, basse-cour, nous passons tout en revue.

                 Puis vient la visite du couvent proprement dit, avec ses cloîtres, ses réfectoires, ses dortoirs. La cellule de chaque moine depuis le supérieur jusqu'au plus simple trappiste renferme uniformément un petit lit que l'on imagine rembourré de noyaux de pêches, un balai qui atteste que la propreté est une des vertus de la maison.
                 C'est là tout le mobilier. Nous traversons la chapelle où les moines sont occupés à chanter l'office. Je distingue quelques laïcs parmi eux. Le Père qui nous conduit m'explique que l'on reçoit ainsi fréquemment des personnes désireuses d'éprouver la fermeté, la sûreté de leur propre vocation et qui pendant quelques semaines vivent de la vie commune.
                 Les Pères ont la défense de parler et notre cicérone est le seul à peu près qui puisse adresser la parole aux étrangers dans le monastère.
                 A l'intérieur du couvent nous traversons de jolis jardins bien entretenus et remplis de citronniers et d'orangers surchargés de fruits. Il y en a aussi de très vastes à l'extérieur qu'embaument les rosiers en fleurs.
                 Dans la plaine, les vignes ; de beaux ceps qui comptent parmi les plus vieux de notre colonie africaine, s'étendent bien alignés et bourgeonnants aux caresses du printemps. C'est là la principale richesse des Trappistes. Ils en cultivent deux cents hectares.

                 Mais rentrons dans le monastère, aussi bien notre estomac commence à crier famine et quelque délabré que soit le mien en particulier, il s'apprête à faire honneur au menu des bons Pères.
                 Pour gagner le réfectoire des visiteurs, nous traversons une grande cour d'honneur et le bon Trappiste qui nous guide nous fait remarquer un beau groupe de palmiers devenus historiques. C'est en effet sous leurs ombrages que le 19 juin 1830 s'étaient dressées les tentes magnifiques d'Ibrahim, gendre d'Hussein-Dey, et de ses alliés les beys d'Oran et de Constantine. Surpris par nos cavaliers au moment où ils savouraient le moka traditionnel, ils n'avaient pu qu'à grand peine éviter de tomber entre notre pouvoir. Je présume que nos braves soldats ne se seront pas fait faute au premier instant de répit de terminer le repas de ces hauts personnages.
                 La salle à manger des hôtes est assez spacieuse. En dehors de nous quatre elle renferme aujourd'hui une quinzaine de visiteurs et de visiteuses, ces dernières vraiment peu favorisées, puisque de tout le monastère c'est là la seule pièce dans laquelle elles soient admises.
                 Le revenu de la Trappe est consacré aux aumônes de toute espèce, et l'ordre étant hospitalier, il offre gratis la nourriture à tout visiteur qui se présente.
                 Dimanche dernier il y avait, paraît-il, cent-vingt déjeuneurs et hier soixante.
                 Le temps étant incertain aujourd'hui, nous n'étions qu'un petit nombre.
                 J'ai acheté pour les miens des médailles de N.D de Staouéli, mais je n'ai pu me résoudre à emporter de l'essence de géranium ; non point qu'elle soit désagréable mais plutôt parce qu'elle est extrêmement forte. Nos Anglaises y ont largement supplée.
                 Voici l'heure du retour, et après avoir inscrit nos noms sur le livre où d'illustres visiteurs ont signé depuis tant d'années, nous remercions le bon Père qui nous a pilotés sans relâche depuis notre arrivée, rendant notre visite à la Trappe très intéressante.       

 Souvenirs d'Algérie de Maurice Taconet (1885)                


Allo les toilettes !
Envoyé par Albert

           C'est l'histoire d'un mec qui va aux toilettes dans un endroit public. La première est occupée et il entre dans la seconde. A peine se met-il sur la cuvette qu'il entend :
           Salut ! Comment ça va ?
           Surpris, il se dit que c'est un drôle d'endroit pour lier d'amitié avec quelqu'un, mais bon, on ne choisit pas !
           Bien, ça va, dit-il embarrassé ? ! ? ! ?
           Qu'est-ce que tu fais de beau ?
           Ben, je fais comme toi...CaCa
           Et là, il entend :
           Ecoute, je te rappelle plus tard, il y a un con à côté qui répond à toutes mes questions !

La Trappe de Staouéli
Envoyé par M. Christian Graille

La Trappe de Staouéli – Entrée du domaine

                Par une splendide matinée de mars je me résignais à subir les exigences fantastiques des loueurs de voitures algériens et je poussai ma promenade jusqu’au couvent de la Trappe de Staouéli, si connue pour son superbe agencement

                 Mon conducteur, un compatriote de Crispi dont il a, sinon l’astuce, du moins les énormes moustaches, me fit de nouveau traverser la Kasbah, passer en vue du fort l’Empereur où l’on envoie aujourd’hui en villégiature forcée les officiers coupables de fautes graves mais où le Dey faisait autrefois élever des légions de paons. Au Bou-zaréa, d’où l’on domine tout le Sahel algérois, la route monte et descend à travers des haies d’aloès et de cactus qui bordent les champs parfaitement cultivés.

                 De Chéragas, je découvre tout le littoral avec ses vignobles en pleine prospérité et ses villages de Zéralda, Fouka et Castiglione. Du bout de son fouet mon conducteur me montre sur notre droite les toits d’un couvent : nous y voici ; tandis que l’attelage est remisé à l’auberge d’en face, je demande au concierge, qui me l’octroie immédiatement, la permission de visiter l’austère demeure.

                 Treize ans après l’occupation c’est-à-dire en 1843, quarante trappistes munis d’une donation d’un millier d’hectares sur l’emplacement de la bataille de Staouéli se présentaient au général Bugeaud alors gouverneur. Celui-ci, sachant par expérience combien cette terre vierge disposée à tout donner si on la remuait exigeait aussi, comme le Minotaure antique, un tribut de vies humaines, était peu partisan des colons célibataires et, en rude soldat, il les accueillit froidement : « C’est vous les Trappistes annoncés, leur dit-il, ceux qui vous envoient sont-ils bien sûrs que ce soient des célibataires qu’il faut pour coloniserl’Algérie ? Les faiseurs de miracle ne réussissent guère ici mais, je suis soldat, j’obéirai et je vous aiderai ».

                 Malgré cette réception, ce discours qui n’avait rien d’engageant, les nouveaux venus se mirent courageusement à l’œuvre et gagnèrent quelques parcelles de terrain sur les palmiers nains, les lentisques, les myrtes sauvages, seule végétation du maquis.
                 En trois mois douze payèrent de leur vie ces premiers efforts ; mais trois ou quatre ans après ils étaient cent-vingt et grâce à leur ténacité Staouéli est devenue la plus belle propriété de l’Algérie.


                 Mon guide, un frère avec lequel je pus causer, car les pères observent le silence absolu, me montre en détail cet immense domaine dont 50 hectares sont plantés en vigne, 15 hectares en géranium dont on extrait l’essence. Les religieux au nombre de 110 vivent uniquement de légumes cuits à l’eau et couchent habillés de leur robe de bure sur une seule paillasse, comme je puis le constater en visitant les cellules. L’abbaye comprend en outre 60 domestiques, 400 travailleurs libres et 200 défricheurs. Les étables propres et bien aérées contiennent 35 à 40 paires de bœufs, des chevaux, 400 moutons. 500 ruches sont rangées à proximité des jardins en fleurs ; les bâtiments occupent un emplacement de 50 hectares entièrement clos de murs.

                 Nous terminons notre visite par le cimetière déjà rempli de croix sans noms et sans dates. Parmi les inscriptions qui couvrent les murs du cloître je rencontre celle-ci : « S’il est triste de vivre à la Trappe, qu’il est doux d’y mourir ! ». Je ne me sens pas pour le moment la dose philosophique suffisante pour profiter de cette sentence ; aussi est-ce avec un véritable soupir de soulagement que je repassai ce seuil au-delà duquel règne un silence absolu et éternel où les désabusés de la vie sont venus chercher un asile.

                 Monsieur Laroche, résident général à Madagascar et ancien préfet d’Alger, se souvenant des trappistes de Staouéli et de la colonie qu’ils y ont fondée, vient de leur adresser un pressant appel. Il leur promet son appui et de vastes domaines dans la grande île africaine que nos vaillants soldats viennent de conquérir.

                 Puissent-ils, indifférents aux criailleries des socialistes, répondre à cet appel et mettre en valeur cette terre lointaine et si chèrement payée !
                 Surtout que l’on ne s’avise pas d’y renouveler l’expérience collectiviste du Maréchal Bugeaud. Grand partisan des colonies militaires le Maréchal avait attribué à un bataillon une grande étendue de terrain ; les cinq sixièmes du sol ainsi affecté devaient être cultivés en commun, le sixième avait été divisé en lots dont chacun avait été concédé en toute propriété à un colon. Quelque temps après le Maréchal, visitant la colonie, constata que le sixième divisé en lots particuliers avait produit le double des cinq sixièmes cultivés en commun. Comme à juste titre il s’étonnait de ce résultat un vieux grognard prit la parole : « Pardon Maréchal, voici la chose ; nous avons parmi nous des fainéants et comme ils gagnent autant que nous, nous nous sommes tous faits fainéants ».
                 Est-ce assez naturel ?

                 Je reviens le long du littoral par Guyotville, un des plus coquets villages de l’Algérie ; je longe le cap Caxine avec son phare superbe et la Pointe Pescade d’où l’on aperçoit Alger se découpant vigoureusement sur le vert sombre de Bou-Zaréa. Plus loin Saint Eugène apparaît avec ses villas, ses restaurants et ses guinguettes dont les pieds baignent dans la mer ; dans le cimetière européen la place d’honneur, face à l’entrée, est occupée par le monument en pierres de cassis du Général Yusuf, ce soldat de fortune, sans nationalité bien précise mais qui fut un fidèle serviteur de la France.

                 Je rentre à Alger par la rue Bab el Oued ; à la fenêtre d’une feuille révolutionnaire est arboré un large drapeau rouge. Nous sommes le 18 mars, c’est l’anniversaire de la Commune, et l’autorité qui est à deux pas ne semble pas s’en émouvoir. Elle ne se préoccupe plus des organes qui prêchaient chaque jour la séparation de la colonie avec la mère patrie.
                 Est-ce un bien, est-ce un mal ? « That is the question » dirait Hamlet.
                 Et notre regretté Burdeau a dit : « Le jour où l’Algérie aura son autonomie, la France aura dans la Méditerranée un ennemi de plus. ».
                 Tout en faisant ces réflexions un peu tristes, j’admire cette splendide fin de jour. A cette heure le soleil resplendissant dans un ciel sans nuage diamante de mille feux l’azur de la mer et dore de ses derniers rayons les cimes de la Kabylie.

A TRAVERS L’ALGERIE D’AUJOURD’HUI
Auguste Besset Edition 1896


Les Trappistes
Envoyé par M. Christian Graille

                 C'est une longue excursion de se rendre à l'établissement de la Trappe. Cela en est une cependant que les touristes et les Algériens n'hésitent pas à faire. Elle est des plus curieuses. Le chemin est déjà connu jusqu'à Chéragas. La Trappe est, en effet, sur le prolongement de cette route, au 17ème kilomètre. Quelques Algériens, intrépides marcheurs, s'y rendent à pied, mais il est moins fatigant d'y aller dans une voiture particulière ou dans celle qui fait le service de Staouéli.
                 De Chéragas à destination, aucune beauté pittoresque n'est à signaler.

                 On a devant soi l'Atlas vers lequel on paraît s'avancer et la mer, d'instant en instant moins éloignée. Un horizon hautain de montagne et l'immensité de la Méditerranée ; et je prétends que ce n'est rien. C'est que tout est relatif. Nous sommes vraiment gâtés, nous Algériens, par les spectacles naturels, et nous nous montrons difficiles.
                 A droite et à gauche de la voie, ce sont d'interminables vignes. Cependant… soudain, un nuage d'odeurs pénétrantes viendra vers vous, vous enveloppera, à chaque pas, plus grisantes. Vous regarderez autour de vous surpris, et vous apercevrez des herbes d'un vert sombre, très découpées et piquées, de place en place de tigrures d'un rose violet et moucheté. Ce sont de grands champs cultivés pour l'essence qu'on en tire, des champs qui sont des jardins, ou plutôt d'immenses bouquets.

                 A la porte du monastère, en face du couvent, un restaurant qui ne doit pas faire ses frais, puisqu'il fait payer l'hospitalité que la maison d'en face donne gratis. Quelle concurrence déloyale ! Vous aurez à parlementer quelque peu, puis on vous introduira dans la Trappe.
                 Des maximes pieuses et sombres vous accueilleront dès votre entrée et vous donneront envie de fuir au plus vite : Frères il faut mourir ! et nous ne le savons que trop ! C'est pourquoi nous désirons bien vivre en attendant.
                 S'il est bien dur de vivre à la Trappe, il est bien doux d'y mourir. C'est assez naturel ; quand la vie quelque part est un supplice, on est heureux d'en être débarrassé au plus tôt. Ne croyez pas, du reste, que vous serez si durement traité au monastère, c'est par pure modestie d'amphitryons que les Trappistes le prétendent.

                 Ne vous laissez donc pas effrayer par les sentences funèbres, suivez le guide que les moines vous offriront. Je vais vous laisser avec lui. Tout est à admirer dans ce couvent.
                 Le jardin intérieur est un bouquet d'orangers, de fleurs blanches ou de fruits d'or, selon la saison. C'est un paradis terrestre dont les moines ne sont pas exilés, ces veinards !
                 La chapelle, avec ses odeurs mystiques vous reportera en plein moyen-âge. Les cellules vous feront penser à quelque bagne bien tenu, avec leur grosse tranche de pain noir et leur unique matelas, plat comme une galette.
                 On vous conduira ensuite dans la bibliothèque où tous les plus étranges livres de scolastique se sont réfugiés. Le père Joseph vous montrera aussi " sa bibliothèque " composée de volumes à tranches d'or ou de rubis qui ont la forme de bouteilles ; vous comprenez ? Dans la cave vous verrez des foudres qui contiennent assez de vin pour une naumachie. Les enfants d'Édouard auraient pu nager dans un tonneau pareil ou se sauver sur un radeau.

                 Vous contemplerez des champs infinis, des vignes qui sont des océans verts. Et si vous voulez des songes héroïques, vous vous ferez montrer les boulets français trouvés dans le sol, lorsqu'on en a déchiffré les broussailles. C'est là que s'est livré le premier combat contre les Turcs et vous verrez passer les ombres des héros épiques qui ont conquis l'Algérie.

Errans.
Les Annales algériennes (13-11-1892)


Richelieu
Envoyé par M. Christian Graille

                  Ces temps derniers, dans les journaux algériens et dans ceux de la métropole, on a beaucoup parlé de ce village de Richelieu dont les colons à peine installés sont sur le point d'être dépossédés et expropriés par l'administration des Domaines. Les " chroniques " de Constantine ont enregistré l'écho des doléances des malheureux colons et cette revue a fait campagne pour une indulgence qui semble bien méritée.
                 L'histoire de ce centre vaut la peine d'être contée ; nous l'avons recueillie pour les lecteurs de la vie algérienne et tunisienne qui pourront ainsi juger en connaissance de cause des procédés colonisateurs employés quelquefois par le formalisme étroit des administrations françaises en Algérie.

                 Le projet de création de Roumeriane qui devait plus tard s'appeler Richelieu remonte à 1890.
                 L'administration algérienne voulant créer un centre de colonisation européenne dans la partie de l'arrondissement de Constantine qui appartient à la contrée montagneuse de la " petite Kabylie " vers la route qui, à travers un massif très accidenté conduit à Djidjelli, s'arrêta, sur avis de la commission des centres, à un territoire appartenant à l'État et occupant une superficie d'environ 2.000 hectares qui devant être allotis en cinquante concessions de 40 hectares chacune.

                 Ce territoire appartenait à la commune mixte de Fedj-M'zala et se trouvait à 5 kilomètres du village de Redjas à l'Est et à 10 kilomètres de celui de Tibergueret à l'Ouest ; il occupait un plateau d'aspect salubre abondamment pourvu d'eau bonne par la source permanente d'Aïn-Enida qui alimente la région.
                 Les terres de nature argilo-calcaires semblaient devoir se prêter à la culture.
                 L'installation de Roumeriane, dans l'esprit de l'administration, devait, en outre nécessiter certains travaux d'adduction d'eau et de viabilité qui aurait amélioré la situation générale de la région.
                 Une somme de 380.000 francs fut affectée en principe aux travaux de son installation. En principe, disons-nous, car en 1891, il restait à dépenser 154.693 francs et sur cette somme en 1894, on annonçait simplement une dépense de 6.941 francs pour installation d'une conduite d'eau.

                 Les travaux projetés n'avaient donc pas été exécutés et les préliminaires du peuplement qui incombent à l'État n'étaient pas terminés.
                 Pendant la période de 1890 à 1893, l'administration avait décidé que les terres de Roumeriane, désormais Richelieu, seraient affectées à la colonisation par la voie des enchères publiques. Le 28 mai 1894 et jours suivants après la publication dérisoire dont elle est coutumière l'Administration pour ces sortes de ventes, les enchères eurent lieu à Constantine.
                 Quinze lots d'une contenance moyenne de 35 hectares étaient offerts aux amateurs sur une mise à prix variant entre 550 et 1.000 francs.
                 Chaque lot se composait de cinq parties :
                 - 1° un emplacement à bâtir de 8 ares dans le village projeté ;
                 - 2° un terrain de 50 ares propre au jardinage touchant le village ;
                 - 3° un terrain de 2 hectares touchant au village et propre à la culture de la vigne ;
                 - 4° un terrain de 10 à 12 hectares distant du village propre à la culture de céréales ;
                 - 5° un terrain de 20 à 25 hectares distant du village, de culture inférieure, propre néanmoins à la culture des céréales.

                 N'est-ce pas une composition idéale :
                 - une maison,
                 - un jardin
                 - une vigne et
                 - des champs ?

                 Le cahier des charges obligeait les acquéreurs à édifier dans un an sur le terrain une construction valant au moins 1.500, à résider eux-mêmes sur leur lot pendant 5 ans au moins d'une manière effective et permanente.
                 Au bout de trois ans de résidence, les colons de Richelieu pouvaient être dispensés de la dernière clause, s'ils justifiaient d'une dépense moyenne de 100 francs par hectare réalisées en améliorations utiles.
                 Le prix de vente était payable en six termes égaux :
                 - le premier au moment même de l'adjudication ou 10 jours après la notification, si caution était fournie,
                 - le deuxième deux ans après l'adjudication et
                 - les quatre autres d'année en année à partir de l'échéance du deuxième terme.

                 Parmi l'infinité de clauses du cahier des charges nous ne relèverons plus que cette dernière : " L'État ne prend aucun engagement en ce qui concerne l'ouverture ou la viabilité des routes, chemins, rues ou autres voies publiques représentés ou non sur le plan des immeubles à aliéner. "
                 Et une petite note de rien du tout au bas d'une colonne qui ajoutait : " Tous les lots sont reliés au village par des chemins : les uns anciens, les autres creusés par le lotissement, mais non ouverts. Un seul de ces chemins est praticable pour les voitures dans l'état actuel. "

                 De sorte que l'État voulait bien prévenir les futurs colons qu'il fallait acheter les yeux fermés, que si les chemins, première nécessité d'un peuplement agricole, n'existait pas, il ne s'engageait pas à en construire, bien que sa prévoyance éclairée en eût indiqué le tracé sur le papier.
                 Nous recommandons aux économistes qui trouvent insuffisant le mouvement de la colonisation en Algérie, l'originalité de ce procédé administratif et nous en revenons aux enchères du 28 mai 1894.
                 Les quinze lots de Richelieu furent achetés par 14 Algériens et un immigrant.
                 - Le lot mis à prix à 550 francs atteignit 3.350 francs et fut le moins payé ;
                 - le lot mis à prix à 1.000 francs, chiffre le plus élevé, s'enleva à 4.700 francs, enfin - un lot mis à prix à 650 francs contenant 34 hectares, 94 ares, fut adjugé à 6.925 francs.

                 La vente des quinze lots représentant 532 hectares produisit la somme de 66.250 francs, soit une moyenne de 125 francs l'hectare. Le résultat financier était joli et l'administration s'en félicita. L'ensemble des ventes de l'année avait produit 351.5015 sur une mise à prix de 159.845 et 80 lots sur 244 offerts avaient été acquis par 70 Algériens et 10 immigrants.
                 Les colons de Richelieu avaient à payer, sur la moyenne de 4.500 francs, 6 annuités de 750 francs, l'une à l'adjudication, l'autre en 1896 et les quatre autres en 1897, 1898, 1899 et 1900.

                 Ils payèrent la première annuité avec leur part des frais d'adjudication et de publicité préalable, soit 800 francs environ, puis ils furent mis en possession de leurs terres par un géomètre de l'État. Leur premier soin fut de bâtir la maison réglementaire que le cahier des charges estimait à 1.500 francs.
                 1500+800 firent tout de suite une dépense de 2.300 francs à laquelle il faut ajouter l'achat du matériel et le prix des premiers travaux.
                 Mais l'administration qui, en mauvaise mère de famille, ne garantit pas l'aménagement des chemins, n'avait pas davantage assuré une bonne venue des premières récoltes ; les quelques sous apportés par les colons de Richelieu, étaient passés au défrichement, aux dépenses premières et au tribu payé à la fièvre.

                 La récolte de 1895 n'apporta pas de bénéfices et celle de 1896 était à peine mûre que l'administration des Domaines mettait en recouvrement la deuxième annuité.
                 Les colons de Richelieu ne purent pas payer et depuis il pleut sur le plateau de Roumeriane, … non point de cette eau bienfaisante qui fait sortir de la terre algérienne les moissons luxuriantes, mais du papier timbré et des sommations de toute couleur, et demain, si l'Administration supérieure n'attendrit pas le service si impitoyable des Domaines les colons de Richelieu seront déchus de leurs droits, expropriés ; leur œuvre si laborieusement commencée sera perdue et pour eux et l'État colonisateur, l'État père de famille, parce que quinze Français ne peuvent pas lui payer 750 francs chacun, chassera ces colons des terres qu'ils ouvraient à la culture.
                 Faudra-t-il faire appel à quelque âme charitable pour envoyer aux colons de Richelieu les 10.000 francs qui les sauveraient d'une solution si déplorable ou devrons-nous seulement un peu d'humanité d'une Administration qui gaspille assez souvent le domaine de l'Etat ou des concessions scandaleuses pour ne pas s'enfermer aujourd'hui dans un rigorisme que ne peut approuver l'opinion publique.

Ali et Fdouli
La vie algérienne et tunisienne (30-03-1897)



 Batna, Lambèse
Envoyé par M. Christian Graille

                  Batna est une ville toute française. On y créa un camp en 1844 pour surveiller l’Aurès et la route du Sahara et peu à peu un nombre, assez important, de civils s’installa auprès des soldats.

                 Lors du recensement de 1876, la commune abritait 4.140 âmes dont :
                   - 1.423 Français,
                   - 331 Israélites,
                   - 1.874 Indigènes
                   - 512 européens étrangers.

                  Aujourd’hui encore la garnison est une question d’importance capitale pour la cité.
                  Si elle est peu nombreuse, les petits commerçants qui vivent des dépenses qu’elle fait périclitent.

                 Si elle est composée de soldats indigènes dont les dépenses sont à peu près nulles, il en est de même. Plus d’une ville en est encore là en Algérie et inscrit au nombre de ses principaux revenus l’argent que la garnison lui apporte. Ce coin de la colonie est du reste fort éprouvé. Pendant trois années de suite les récoltes ont manqué à cause de la sécheresse. La construction du chemin de fer reliant Batna à Constantine modifierait cette situation précaire. Il existe dans l’Aurès de vastes forêts de chênes verts et de cèdres ; la voie ferrée permettrait également d’exploiter des gisements miniers qui paraissent fort riches. On est certain qu’il existe des gisements d’argent, de cuivre et de fer. Batna pourrait devenir un grand centre forestier et minier.

                 La visite de la ville est rapide. Une enceinte rectangulaire, deux grandes rues qui se croisent, des maisons qui n’ont généralement qu’un rez-de-chaussée. Les environs ressemblent à une plaine de France. Les seuls arbres qu’on y voie sont des saules, des frênes, des peupliers, des ormes.

                 Mais bien que le désert soit proche, Batna, située à mille mètres d’altitude, a un climat excessif. En hiver il tombe parfois un mètre de neige et en été le thermomètre s’élève jusqu’à quarante-deux degrés au-dessus de zéro.

                 Les ruines de Lambèse s’annoncent de loin. Le Praetorium ayant environ trente mètres de côté est un monument aux restes imposants qui s’élève à l’intersection de deux voies principales qui, partant des quatre portes de la ville, la partageaient en quatre quartiers d’inégale grandeur. De l’immense salle où retentissait la voix éloquente des tribuns, il ne reste plus que les quatre murs et dans l’enceinte vide on ne trouve plus que des fragments de colonnes et des bas-reliefs.
                  Puis ce sont les restes des vastes établissements thermaux, l’amphithéâtre, un temple dédié à Esculape, des portes monumentales, un forum, des nécropoles.
                  Tout cela est parsemé de fûts de colonnes brisées, de mosaïques dispersées, seuls restes d’un pillage ininterrompu depuis plus de mille ans.
                  Les ruines ne sont, paraît-il, même plus reconnaissables pour ceux qui les ont visitées il y a quarante ans tellement cette période de notre occupation a été désastreuse pour elles.

                 Au pied de l’Aurès est bâti le petit village de Lambèse, qui masque à demi la longue façade du pénitencier. Onze cent cinquante condamnés sont actuellement enfermés dans cet établissement. La plupart sont indigènes. Ils sont relativement bien nourris et bien logés et la vie qu’on y mène est loin de représenter un châtiment.

                 Les colons se plaignent beaucoup de ce qu’on loue aux fermiers des environs des prisonniers à des prix dérisoires qui avilissent la main d’œuvre dans la région. Ils demandent qu’au lieu d’en faire pour eux des concurrents avec lesquels la lutte est impossible à soutenir, on en fasse des auxiliaires de la colonisation en les employant soit aux travaux durs de défrichement qui rendent les débuts si pénibles dans certaines parties de l’Algérie, soit aux travaux d’irrigation qui sont réclamés de toutes parts.

A TRAVERS L’ALGERIE D’AUJOURD’HUI
Auguste Besset Edition 1896


Mostaganem
Envoyé par M. Christian Graille

                  Le n° décret de l’Assemblée Nationale rendu le 19 septembre 1848 avait ouvert un crédit de cinquante millions pour l’établissement de colonies agricoles en Algérie et l’exécution de travaux publics destinés à en assurer la prospérité.

                  La série principale et la plus compacte se trouve échelonnée entre Oran et Mostaganem, sur un parcours de quatre-vingts kilomètres, au pied du djebel Karkhar d’abord, puis autour du golfe où se jette la Mecta. Voici la liste des petites villes et des villages qu’on rencontre à partir d’Oran : Arcole, Assi-Bounif, Assi-Ameur, Fleurus, Assi-Okba, Assi-Ben Feréah, Saint Louis, Saint Cloud (1.182 habitants), Christel, Kléber, Mefessour, Sainte Léonie, Arzew (15.784 habitants).

                  Arzew et Sainte Léonie datent de 1846 mais ils n’ont réellement été peuplés qu’en 1848. La Stidia (466 habitants) est une colonie allemande, des émigrants prussiens, amenés sur les côtes d’Afrique par suite d’incidents de voyage assez étranges, la fondèrent en 1846. Christel est un village arabe.
                  Mazagran, moitié européen, moitié arabe, est antérieur à l’occupation française.En retranchant de la liste Mazagran, Christel et la Stidia, il reste quinze colonies formées en 1848 : leur population s’élevait en 1860 au chiffre de 5.855 habitants ; d’après le recensement de 1872 elle est aujourd’hui de 8.835 habitants dont 361 Musulmans. En douze ans elle s’est accrue de 42%. Ce n’est pas là un développement extraordinaire, c’est l’indice d’une certaine prospérité. Les maisons des villages et les cultures qui les entourent témoignent de l’importance des travaux entrepris, de la fécondité du sol et de l’aisance des colons.

                  Une route assez bonne, desservie par les diligences, met en communications les uns avec les autres les divers groupes que nous avons cités et les rattache aux deux villes qui occupent les points extrêmes de la ligne.

                  En suivant cette route nous avons remarqué l’élégant village de Saint Cloud peuplé de Parisiens, le petit port d’Arzew si heureusement abrité, la colonne de Mazagran, élevée en souvenir de cent vingt-trois hommes, soldats sans peur sinon sans reproches, qui soutinrent pendant trois jours au mois de février 1840 l’assaut de deux mille Arabes ; puis les haras et les vergers si riches en fruits de toutes sortes qui précèdent Mostaganem.

                  Mostaganem est une ville de 5.891 habitants, elle en avait il y a douze ans plus de 8.000. Depuis la création du chemin de fer qui passe à une distance de trente-cinq kilomètres, le mouvement commercial incline de plus en plus du côté d’Oran. Ce qui est pire pour Mostaganem c’est qu’elle n’a pas de port.

                  Cependant elle lutte avec courage contre les difficultés de sa situation. Elle ne veut pas déchoir et le fait est que sa tenue extérieure n’annonce pas la décadence ; elle s’attache surtout à développer ses établissements industriels qui consistent particulièrement en minoteries, poteries et tanneries. L’Aïn Sefra qui coule à l’est de la ville dans un ravin est pour elle une précieuse ressource car il lui donne la force motrice.
                  De l’autre côté du ravin se trouve un village arabe qu’on visite avec plaisir ;
                  c’est un type accompli dans son genre, sans aucun mélange d’éléments étrangers. Aucune maison européenne ne se montre parmi les cubes blanchis à la chaux, aucune église à côté de gracieuses mosquées. Les costumes des hommes et des femmes sont aussi empreints de la couleur locale la plus pure. Le cimetière qui avoisine le village avec ses tombes éparses, presque à fleur de terre, sans aucun souci de l’hygiène, n’est pas moins caractéristique. Une seule chose étonne, c’est de rencontrer tant d’Arabes disposés à causer avec un Français, parlant et prononçant notre langue avec une correction presque irréprochable.
                  A l’est de Mostaganem s’ouvre une charmante vallée dite « vallée des jardins » ; au sud une route de douze kilomètres conduit à Aboukir, colonie agricole qui date de 1848 ; de là on se rend en trois ou quatre heures, soit à la station de l’Hillil, soit à celle de Relizane. Les mûriers sont nombreux dans cette région ; ils alternent avec les figuiers qu’on cultive par grandes masses sur de vastes espaces et les cactus arborescents qu’on dispose en forme de bosquets.
                  Le développement de la région est en cours.

IMPRESSIONS DE VOYAGE (17 mars-4 juin 1973)
Jean-Jules Clamageran Edition 1874
Le développement s’est poursuivi :
quelque quatre-vingts ans plus tard, l’église de Mostaganem.


Que lisez-vous ?
Envoyé par M Gilbert

         Trois hommes discutent. Le premier dit :
         Ma femme, avant d'accoucher, lisait "Les trois mousquetaires" et elle a eu des triplés !

         Le deuxième répond :
         Moi, ma femme lisait "les deux orphelines" et elle a eu des jumeaux !

         Le troisième, affolé, s'écrie :
         Excusez moi, il faut que je me sauve, ma femme est enceinte et elle est en train de lire "Ali Baba et les quarante voleurs"


QUELQUES PAGES D'UN VIEUX CAHIER

Source Gallica

Souvenirs du Général Herbillon (1794 - 1866)
Publiés par son petit-fils

        CHAPITRE XX
Mariage de l'Empereur (février 1853). - Visite du maréchal de Saint-Arnaud à Lyon (août 1853). - Fête de l'Empereur (15 août). - Nommé Grand-croix de l'ordre de Saint-Grégoire le Grand. - Départ du 3e bataillon de chasseurs pour l'armée d'Orient (9 mars 1854). - Affectation à la 1ère division du camp du Midi, puis contre-ordre (juin-août 1854). - Mort du général de Lourmel (novembre 1854). - Le lieutenant Herbillon est décoré après l'expédition de Touggourt.

        La vie à Lyon est calme et paisible. Au cours des années 1853 et 1854 et jusqu'à son départ pour l'armée d'Orient, en 1855, le général Herbillon a noté quelques anecdotes ou incidents dont nous extrairons ce qui suit :

        La nouvelle du mariage de l'Empereur avec la duchesse de Teba, Mlle de Montijo, fut reçue à Lyon avec froideur, la population ouvrière parut très indifférente; l'invitation d'illuminer faite par le préfet à ses administrés n'eut pas grand succès et, à l'exception des monuments publics qui furent garnis de quelques lampions, les rues n'eurent que leur éclairage ordinaire.
        Le maréchal de Castellane est rentré de Paris où il était allé pour la célébration du mariage et pour recevoir son bâton de maréchal. Les prétentions du maréchal de Saint-Arnaud, ministre de la Guerre, de marcher avant lui comme maréchal de France le préoccupent beaucoup. Il a adressé à ce sujet une lettre à l'Empereur pour que la hiérarchie basée sur les règlements en vigueur ne soit pas violée. C'est une question de principe, dit-il, qu'il portera jusqu'au Conseil d'État si Sa Majesté ne fait pas droit à sa requête. Malgré ses réclamations, Y Annuaire de 1853 le porte à la gauche des maréchaux, c'est-à-dire à la suite des maréchaux de Saint-Arnaud et Magnan.
        Le maréchal de Saint-Arnaud annonça son arrivée à Lyon pour le 3 août; il y séjourna le 4, et repartit pour Paris dans la soirée du 5.

        Les troupes réunies formèrent la haie du débarcadère à l'hôtel de la préfecture. L'ordre avait été donné de leur faire crier : "Vive l'Empereur ". Rien ne peut décidément corriger les gouvernants de cette aberration. Il leur faut toujours ces démonstrations qui n'aboutissent qu'à mécontenter les uns et souvent blessent les autres, car on peut servir son pays avec cœur, et au fond de soi préférer tel souverain à tel autre; mais non, il faut des cris que les soldats profèrent tant bien que mal. A mon avis, un silence militairement gardé produit un effet autrement solennel et imposant que ce tumulte de voix discordantes. A une époque bien éloignée, j'ai entendu ce même cri sur les champs de bataille; il partait de l'âme; et là, au milieu de la mitraille, des tués et des blessés, le cri était unanime, car dans ce temps-là on ne voyait que la gloire de l'homme dont tous les soldats étaient fous, mais aujourd'hui, il faut crier pour permettre aux intrigants de faire étalage de leur zèle et prouver leur soi-disant dévouement à la personne du Souverain.
        Le soir, il y eut grand dîner à la préfecture, et comme d'usage des toasts furent portés. C'est à qui ferait assaut pour trouver les mots, les phrases pouvant le mieux encenser le ministre, certains ne se rappelant plus sans doute qu'ils l'auraient envoyé à la potence s'il n'avait pas réussi dans le mouvement du 2 décembre.
        Au milieu de cette avalanche de discours, l'Impératrice avait été oubliée. J'ai cru devoir demander la parole, et, en deux mots, je portai mon toast qui fut accueilli avec succès.
        Le lendemain 4, dès 7 heures du matin, les troupes se mirent en mouvement pour se réunir à l'Ile de la Passe où, à 11 h. 15, arrivèrent le ministre et le maréchal de Castellane. De suite après la revue, on prit position pour faire un simulacre de combat; après de nombreux coups de canon tirés et une fusillade soutenue, les troupes regagnèrent leurs quartiers, sauf la brigade Mellinet, venue du camp de Sathonay pour attaquer les troupes en position, qui y rentra et y fut passée en revue par le maréchal de Saint-Arnaud, lequel, après avoir visité le camp, nous fit compliment sur sa propreté et son installation.

        Le maréchal de Castellane avait fait préparer un splendide repas. Soixante convives étaient prêts à se mettre à table lorsque survint un ouragan terrible qui brisa une partie du service, délaya tous les mets, et fit de la salle à manger un véritable lac; ce fut avec peine qu'on empêcha la tente du maréchal d'être enlevée; les convives se mirent aux montants pour la maintenir. Quand le vent et la pluie eurent cessé, on se mit à table en faisant bonne contenance, on fut même très gai, mais, pour la plupart mouillés, transis, les convives, après avoir dégusté un remarquable bordeaux, se levèrent de table et s'empressèrent de boire le café pour regagner leurs pénates.
        Cette journée fut très fatigante pour les troupes qui, fort heureusement, avaient rejoint leurs quartiers lorsque l'orage éclata, et elles n'eurent pas à souffrir des cataractes d'eau qui inondèrent la ville et les environs.
        Le ministre parla assez longuement et fort aimablement avec moi. Il m'exprima son intention de me laisser à Lyon, même au cas où le maréchal de Castellane s'en irait; mais, comme tout change en ce bas monde, il ne faut pas trop se fier aux promesses et aux bonnes intentions, que les moindres incidents peuvent détruire.
        La population ne se mêla en rien à la réception faite au ministre; il y eut simplement beaucoup de curieux à son arrivée, mais cette foule resta froide.

        Le 15 août 1853, fête de l'Empereur. Le programme de cette fête fut conforme à la tradition : messe fort longue où l'on étale les plus beaux ornements de l'Église, où les prêtres de tous rangs s'étudient pour rester impassibles, où les assistants prient très peu et d'une façon distraite. Après la messe, grande revue des troupes sur la Place Bellecour, mais ce qui n'était pas prévu, c'est une nuée affreuse qui creva et nous doucha abondamment.
        Le maréchal de Castellane portait pour la première fois son bel habit chamarré. A son arrivée à la droite des troupes, la pluie commença à tomber à gros bouillons et ne cessa qu'après le défilé. Nous rentrâmes trempés jusqu aux os pour aller ensuite dîner au camp de Sathonay, où le maréchal nous offrit un très beau repas.
        A 9 heures, je traversai la Croix-Rouge et les quais du Rhône; personne n'avait illuminé. La Place Bellecour, celle de la Charité et les rues avoisinantes étaient encombrées de curieux regardant le feu d'artifice tiré à Fourvière. A 9 h. 30, la ville avait repris son aspect ordinaire et la fête du 15 août se terminait sans enthousiasme ni entrain. Le temps de ces grandes fêtes où la population criait avec feu : "Vive l'Empereur " est passé. Comme les gouvernements qui se sont succédé en ont abusé, il en résulte qu'aujourd'hui, les masses voient, observent et rentrent en réfléchissant.

        Le 20 octobre, à 8 heures du matin, je reçois une lettre du maréchal de Castellane m'invitant à passer chez lui à 9 heures. Je me rendis à cet appel. A peine la porte fut-elle ouverte, que le maréchal m'embrassa avec effusion en m'annonçant que, sur sa demande, le Pape m'avait nommé grand-croix de l'Ordre de Saint-Grégoire le Grand.
        J'ai été très sensible à cette marque d'attention. Il m'avait dit qu'il ferait tout ce qui dépendrait de lui pour me faire avoir un grand cordon. Il a tenu parole et cela me prouve une fois de plus que si le maréchal est souvent exigeant et parfois difficile, il n'oublie jamais les officier dont il apprécie les services.

        Au mois de juillet 1853, la Russie avait envahi les provinces danubiennes et, le 30 novembre, la flotte turque avait été détruite par les Russes dans la rade de Sinope. Les escadres française et anglaise avaient été envoyées dans la Mer Noire.
        Toutefois, avant de rompre avec la Russie, l'Empereur avait proposé au czar Nicolas, en janvier 1854, de signer un armistice avec la Turquie; sur le refus de celui-ci, les relations diplomatiques avaient été rompues. M. le maréchal de Castellane me dit, le 25 février 1854, qu'il avait reçu des nouvelles de Paris. L'Empereur n'avait pas d'abord l'intention d'envoyer un corps expéditionnaire en Orient, mais l'Angleterre nous entraîna dans son mouvement, car si le drapeau anglais flotte sur les murs de Constantinople, il est indispensable que le nôtre s'y trouve aussi.
        Le général Baraguey d'Hilliers prendrait le commandement de ce corps expéditionnaire d'environ 15.000 hommes, ayant avec lui les généraux Bosquet et Canrobert.
        Le maréchal me dit que la situation paraît à tous très grave et que l'on se demande si on ne va pas à une conflagration générale; en tous cas, l'effectif de ce corps expéditionnaire paraît tout à fait insuffisant et il faut s'attendre à devoir bientôt le renforcer très sérieusement.
        Quelques jours après, j'apprends que c'est le maréchal de Saint-Arnaud qui prend le commandement de l'armée d'Orient. Il est encore, paraît-il, très souffrant, sortant à peine d'une grave maladie. Le maréchal Vaillant sera ministre de la Guerre.

        Le 3e bataillon de chasseurs à pied devant partir pour l'armée d'Orient, je le passai en revue avant son départ, le 9 mars 1854, sur la Place Bellecour. Avant le défilé, les officiers et sous-officiers ayant formé le cercle, je leur adressai le petit speech suivant :
        "Officiers, sous-officiers et soldats, je vous félicite sincèrement du choix que S. M. l'Empereur a fait du 3e bataillon de chasseurs pour faire partie de l'armée d'Orient.
        Vous allez, soldats, fouler un sol plein de hauts et nobles souvenirs, vous allez vous trouver en face de l'armée russe que vos pères ont vaincue à Zurich, dans les plaines d'Austerlitz, à Smolensk, à la Moskova, armée qui sans le secours des frimas et la coalition de toute l'Europe, n'aurait jamais pu vaincre la France. Allez porter le nom et l'honneur français sur les bords du Danube et du Pont-Euxin, comme il y a un demi-siècle nos bataillons les ont portés dans la haute et la basse Égypte où le souvenir du grand homme qui les commandait est resté aussi solidement assis que les pyramides qui dominent ce vaste pays et aussi vénéré que le Nil qui le féconde.
        " Soldats, je vous suivrai de mes vœux et je serai fier si un jour je puis avoir encore l'honneur de vous commander.

        Le 7 juin, le chef d'état-major du maréchal m'envoya une lettre de service me nommant au commandement de la 1ère division d'infanterie du Camp du Midi, sous les ordres de M. le général de division d'Hautpoul, tout en m'informant que je devais conserver jusqu'à nouvel ordre ma position actuelle.
        J'avais déjà été officieusement avisé quelques jours avant de cette affectation et j'avais, comme c'est régulier, écrit à ce sujet à M. le général d'Hautpoul avec lequel, cependant, pour des raisons multiples, j'étais plus qu'en froid. Il me répondit par retour du courrier en termes fort obligeants.
        Paris, le 7 juin 1854.

        " Mon cher Général,
        " J'ai reçu votre lettre du 5 juin. Je ne doute pas que je trouve en vous au camp du Midi, le même homme que j'ai connu en Afrique, se faisant remarquer par son zèle son énergie et la bonne instruction que vous donnez aux troupes sous vos ordres.
        " Je suis heureux et fier de vous voir maintenant commandant la 1ère division d'infanterie de l'armée du Midi. Nous aurons à former ensemble de bons soldats; j'espère y parvenir facilement avec le concours d'un homme tel que vous.
        "Recevez, mon cher Général, l'assurance de mon sincère attachement.
        "Le Commandant en chef de l'Armée du Midi,
        Général Marquis D'HAUTPOUL."


        Cependant, de nouvelles dispositions ayant été prises, je fus avisé quelque temps après par le maréchal Vaillant, ministre de la Guerre, que mon affectation au camp du Midi était annulée et que je restais au commandement de la 1ère division d'infanterie à Lyon.
        A la fin de novembre, j'appris la mort du général de Lourmel, tué sous les murs de Sébastopol (5 novembre 1854). C'était un brave et vaillant soldat, vif, impétueux qui se précipitait tête baissée au milieu du danger. D'un entrain remarquable, il relevait ses troupes par l'exemple de son courage héroïque qui, malheureusement, n'était pas toujours chez lui assez réfléchi.
        Je l'ai eu sous mes ordres en Afrique, quand il était lieutenant-colonel au 8e de ligne. Son vif désir de se distinguer, son zèle, son ardeur et son activité me le firent remarquer. Je lui confiai donc en 1848, le commandement du Cercle de Philippeville, où la situation était des plus difficiles à cette époque. Avec la plus grande intelligence, cet officier supérieur s'acquitta de ses fonctions; il eut vite fait de parcourir les tribus et les douars, de se rendre compte des causes de mécontentement qui existaient, de se mettre au courant de toutes les affaires arabes. Ses rapports étaient toujours clairs et précis, son administration bien conduite. Il avait fait du très bon travail quand des raisons d'organisations et le désir que j'avais de lui donner un commandement de troupes dans les expéditions que je projetais me firent le rappeler à son régiment.

        Le 11 novembre 1849, il vint me trouver devant Zaatcha et se montra fort étonné tout d'abord que le village n'eût pas encore été pris. Avec son impétuosité ordinaire, il ne me le cacha pas et me demanda de lui confier la tâche de s'en rendre maître avec deux compagnies de plus que son régiment. Je calmai son ardeur en lui montrant les difficultés que nous avions trouvées le 20 octobre; mais je ne l'avais pas persuadé quand, pendant l'expédition que je fis contre les nomades, les sorties des Arabes et une étude plus claire de la situation lui firent comprendre que j'avais raison.
        Le 26 novembre, il se distingua tout particulièrement dans l'assaut final où il commandait la colonne de gauche et fut merveilleux de valeur et d'élan.
        Je le retrouvai à Paris en 1851, toujours le même, sympathique par sa vivacité, son brio et son ardeur chevaleresque. Il était fort ambitieux, dit-on; sa belle conduite militaire, sa mort héroïque justifient grandement cette ambition qui était placée dans un cœur noble, imbu de hauts et bons sentiments.

        Le 28 décembre, le colonel Desvaux, avec qui mon fils vient de faire l'expédition de Touggourt, m'a envoyé cette lettre qui me cause une grande joie :
        "Mon général,
        " Je ne saurais trop vous faire l'éloge du zèle et de l'intelligence de votre fils. Depuis le commencement de l'expédition, il m'a été fort utile et j'ai eu le plaisir de le proposer pour la croix de chevalier en le recommandant de façon toute particulière...


        J'ai été d'autant plus sensible à cette bonne nouvelle que c'est dans la subdivision de Batna, créée et organisée par moi, que mon fils a reçu presque au début de sa carrière la récompense que tout militaire envie.
        Il m'écrit lui-même que le 68e n'allant pas à l'armée d'Orient, il me prie de le faire venir près de moi si possible au cas où, selon que c'est prévu, je partirais moi-même pour cette armée.

A SUIVRE


Cinquième République
De Hugues Jolivet


FRANCOIS HOLLANDE

      
       Le candidat Hollande, au bras d'une nouvelle dame,
       S'investit en campagne comme on part en croisade.
       Il vend le socialisme comme on vend de l'Edam :
       Pâte molle à l'intérieur, croute rouge en façade !

       Face à lui, dans la quête de sa réélection,
       Nicolas Sarkosy, entre dans la Campagne,
       Concentre, sur sa tête, de fâcheuses réflexions
       Emises par ses pairs, compagnons et compagnes.

       Ils jugent son programme droitier et populiste,
       Visant l'enfermement, derrière leurs frontières,
       D'une Europe, d'une France, devenues pessimistes
       Face à l'immigration, aux menaces subsidiaires.

       Ces querelles intestines réjouissent la concurrence !
       Libre de toute charge, le prétendant Hollande,
       En premier de la classe et en toute assurance,
       Allure mitterrandienne, satisfait la demande !

       Il convient, tout d'abord, de vouer aux gémonies
       Les adversaires de droite, deux prétendants au "trône"!
       Il est séant, ensuite, telle une symphonie,
       De charmer l'électeur, de lui donner l'aumône

       De soixante engagements pour vingt milliards d'Euros !
       "Je veux", répète t-il, "Je veux et vous soumets".
       La France croit en lui et choisit son héros.
       Sarkosy est battu, hollande est au sommet !



FRANCOIS HOLLANDE


       Jean Marc, premier Premier Ministre de François,
       Accepte cette charge au titre de l'amitié
       Liant deux députés, et cela se conçoit,
       Quand, au Palais Bourbon, ils étaient équipiers !

       Ils ont durant ce lustre, croyant en leur victoire,
       Tiré des plans sur la comète élyséenne,
       Retenu, pour ministres, des fidèles méritoires
       Et, parité oblige, compétents, magiciennes !

       Comme l'amour, l'amitié est souvent malvoyante :
       Des ministres des deux sexes, fraudeurs, puis condamnés !
       Couvrir les ministères, en période défaillante,
       De primes rondelettes devait être sanctionné.

       Jean Marc bon professeur, non chef d'établissement !
       Car, aux municipales, profite de la défaite
       Pour passer le témoin à Valls, habilement,
       Et prendre le Quai d'Orsay, mener une vie parfaite.

       Ministre de l'Intérieur, Manuel sent l'hexagone
       Lorsqu'il reprend les rênes du grand char de l'Etat.
       Le jugeant trop à Droite, deux Ministres démissionnent,
       Mais, reçoit des soutiens après les attentats.

       Deux grandes lois, "croissance", "travail", passent en force.
       Elles génèrent des tensions entre Valls et Macron.
       Vers la fin du mandat, les prétentions s'amorcent
       Et l'homme qui vaincra sera le Grand Patron !



FRANCOIS HOLLANDE


       La Nation est fragile, toujours convalescente :
       Réformes difficiles, l'Assemblée traîne les pieds.
       A la tête de l'Etat, que d'idées indécentes
       Tourmentent les egos, divisent les équipiers !

       Ils sont trois prétendants pour un poste à pourvoir,
       Celui de candidat au siège de Président.
       Quels amis conserver et quel plan concevoir
       Pour atteindre l'objectif, éviter l'accident ?

       Macron prend les devants, quitte le Gouvernement,
       Active les adhérents de son parti "En Marche",
       Coqueluche des Médias, assure son financement,
       Semble poursuivre sa route, sans heurts, avec panache !

       Objectif immédiat, pour Valls, la Primaire.
       Remet au Président les clefs de Matignon
       Qu'il s'empresse de confier au dévoué mercenaire,
       Cazeneuve de Cherbourg, le fidèle compagnon.

       En poste pour six mois, jusqu'en fin de mandat
       Du Président Hollande qui annonce, sans embage,
       Qu'il abandonne la course, qu'il n'est plus candidat,
       Cazeneuve gère une France proche du sabordage !

       A l'issue des Primaires, Manuel est vaincu
       Par sieur Benoît Hamon, plus homme de gauche que lui !
       La défaite est amère, et Valls a convaincu
       Qu'il épaulera Macron dont l'avenir séduit.





FRANCOIS HOLLANDE



       "Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent !"
       Maxime d'Henri Queuille, habitué des discours,
       Promesses de candidats, mais non parole de scout,
       Pour "ferrer l'électeur" et gagner le concours !

       Et cinq années plus tard, lecture du Livre Blanc
       Du Président sortant. Que de pages raturées,
       D'incidents de parcours, de trous dans le bilan,
       De promesses non tenues, de serments parjurés,

       Coeur brisé de l'aimée au profit d'une actrice.
       Le "coq", tombeur de dames. Marianne, échec et mat !
       Alors qu'un Président est l'aile protectrice
       D'un Etat, de son peuple, François, Ponce Pilate,

       Crucifie notre Histoire à "Canossa - Alger".
       Il enterre nos valeurs par le mariage pour tous.
       Du glaive de l'Islam devient le messager !
       Adieu la poule au pot, désormais, c'est couscous !


Hugues Jolivet         
Le 9 janvier 2019          


A SUIVRE



BILLET DE COLÈRE :
LA FRANCE FRACTURÉE

Envoyé par Monsieur Alain ALGUDO

       Monsieur le Président Myard,
       Bien lu le Billet de votre légitime colère partagée par bon nombre de Français à la suite de ces "mouvements de liesse" à en croire la majorité de médias audio visuels et certains torchons habituels.
       Mais ce qui m’étonne, c'est que dans les citations des exactions commises par ces "chances pour la France" qui sont aussi "chez EUX, chez NOUS," c'est que je ne vois pas une ligne sur les solutions que vous préconiseriez pour mettre fin à ce processus mortel enclenché dans notre pays, surtout quand on va, suprême outrage apparemment pour vous, "jusqu'à mettre bas la statue du Général Degaulle !"

       Eh oui, Monsieur le Président, il y a aussi des prophéties qui s'accomplissent un jour, comme le sera celle de louis de Bonald que vous citez en oubliant évidemment celle du Maréchal JUIN de 1962 et l'état de pêché mortel d'un gouvernement de la trahison avéré d'un homme envers ses concitoyens, abandonnés, laissés massacrer.....sur ordre....ne l'oubliez pas, dont, entre autres, le 5 juillet 1962 à Oran et son ordre terrible: "surtout ne bougez pas" au général Katz qui l'informait des tueries en cours !!

       Aujourd'hui NOUS Y SOMMES !!! Sa statue commence à être "mise à bas" par les descendants de ceux là mêmes à qui il a livré clés en main 15 départements Français avec, cerise sur le gâteau si je puis dire, félicitations à Benbella lui précisant bien : "cette indépendance nous l'avons voulue."

       Et pendant ce temps là un petit peuple en plein exode, sans protection, rejeté, soufrait le martyr et, qu'informé de cet état, il répondait :
       "Eh bien, qu'ils souffrent !"
       Alors si une de ses statues est déboulonnée, peut-être comprendrez vous que je n'en sois pas du tout outragé. La justice divine est en place !

       Je me pose toujours la question : Comment un éminent personnage comme vous peut-il encore occulter, indifférent, de tels faits criminels historiques et avérés......sans les dénoncer ?
Alain ALGUDO
Président d'honneur CDFA/VERITAS
En réponse au billet de la colère ci-dessous
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BILLET DE COLÈRE :
LA FRANCE FRACTURÉE

de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement, Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République,
President de l'Academie du Gaullisme

       Le 22 JUILLET 2019
       La France vient de connaître plus de six mois de fortes tensions avec le mouvement de gilets jaunes, mouvement qui traduit une profonde cassure économique entre les Français qui n'arrivent pas à boucler les fins de mois et ceux qui bénéficient des bienfaits de la mondialisation heureuse ou supposée telle.

       Cette cassure est d'ordre économique et elle s'exprime au nom d'une certaine idée de la France : " Nous sommes français, nous avons droit à vivre de notre travail, à pouvoir bénéficier des mêmes services publics sans parcourir des dizaines de kilomètres " .

       Ces demandes sont plus que légitimes et relèvent de la politique économique du gouvernement qui a passé à la trappe la politique industrielle, l'aménagement du territoire et toute politique prévisionnelle, en d'autres termes " feue l'ardente obligation " du début de la Vème République. C'est le règne du tout marché qui ne peut conduire qu'aux inégalités croissantes !

       Il n'y a là aucune fatalité et cette fracture peut être corrigée en changeant radicalement de politique économique .
       Mais la France connaît désormais des fractures beaucoup plus graves et porteuses de conflits annoncés.

       La victoire de l’Algérie contre le Sénégal et les manifestations sur les Champs-Elysées ainsi que dans de nombreuses villes ne sont pas de simples exubérances de supporters d'une équipe de football qui donnent libre cours à leur joie et enthousiasme.

       Ces manifestants s'expriment au nom de leur identité nationale, ils s'affirment comme des Algériens en France et veulent être - pour un grand nombre - reconnus comme tels.
       Ce phénomène n'est pas nouveau mais il devient de plus en plus prégnant et s'impose parfois avec violence.

       C'est là une violence - non de simples casseurs - mais une violence politique qui incarne tout simplement un communautarisme affirmé dont les conséquences sont malheureusement prévisibles et très risquées pour l'unité nationale de la France et la paix civile !

       Il est à peine croyable que les médias français avec une totale naïveté célèbrent ces événements, au lieu de rappeler que brandir à l'Arc de Triomphe - haut lieu de la Nation française - des drapeaux algériens est un acte politique grave qui interpelle et révolte la très grande majorité des Français !

       Il est vrai que ces individus ont bien compris le message d'Emmanuel Macron qui a plusieurs reprises a qualifié " la colonisation en Algérie de crime contre l'Humanité", bel encouragement pour ceux qui déversent leur haine sur les réseaux sociaux en diffusant à satiété leur fameux "nique la France " .

       Et " cerise sur la gâteau " comme dirait Gavroche, un indigène parisien, les immigrés en situation irrégulière envahissent le Panthéon et exigent leur régularisation, du jamais vu !

       La France n'est plus ni un Etat qui contrôle ses frontières, ni un pays qui fait respecter son identité nationale aux étrangers qui vivent sur son sol, elle est devenue une Terra incognita sur laquelle des hordes viennent planter leur drapeau pour se l'approprier !

       Propos excessifs ? Ne le croyez pas. De nombreux observateurs étrangers ne comprennent plus que la France puisse laisser le haut du pavé à des individus qui vont jusqu'à mettre bas la statue de de Gaulle .
       En laissant faire ce genre de manifestations le gouvernement joue avec le feu !
       Il devrait garder à l'esprit la prophétie de Louis de Bonald :
       " Toutes les fois que l'on attend le retour de l'ordre, on ne peut se tromper que sur la date " .
       C'est exact, mais il y aura de la casse, par notre faute et notre laxisme .


Histoire, légendes et trahisons ...
Envoyé par Monsieur Alain ALGUDO
Les raisons de mon intransigeance vis-à-vis de ceux qui paraissent, quelqu'ils soient , avoir la mémoire courte.
Alain ALGUDO


"La Vérité, fut elle douloureuse, ne peut blesser que pour mieux guérir" : André GIDE

LES COMMENTAIRES SONT LIBRES,
LES FAITS SONT SACRES !

LE DROIT DE SAVOIR !
Sachant que ce qui est rapporté dans cette chronique ne constituent pas des éléments exhaustifs. Il y en a d'autres!


Le mensonge de la légende gaulliste

       À la veille du 18 juin, il est bon de rappeler qui fut en réalité Charles De Gaulle.

       C’est à partir de 1916 que l’on commence à parler d’un certain De Gaulle.

       Légèrement blessé au genou au début de la guerre, “cela lui évitera de participer à la bataille de la Marne (…) une chance, car celle-ci s’est traduite par une hécatombe d’officiers subalternes dont il eût fort risqué d’être victime » .

       « De même restera-t-il étranger à la bataille du Nord.

       « Les fonctions qu’il occupe dans l’État major régimentaire vont le tenir à l’arrière des premières lignes ».


       Derrière la prudence d’Yves Amiot (1), se dessine déjà le jeune De Gaulle :

       Éviter les coups et rester près de l’autorité supérieure.

       Tel est l’homme qui arrivera finalement en première ligne le 1er mars 1916, son 33ème régiment prenant la position défendue victorieusement par le 92ème, puis par le 110ème régiment d’infanterie en dépit du pilonnage des Allemands.

       Or, dès le lendemain de son arrivée, suite à un nouveau pilonnage, le capitaine De Gaulle fait hisser le drapeau blanc…

       trairement aux autres officiers français, les Allemands ne lui rendirent pas son épée et De Gaulle qui s’en étonnait, s’entendit répondre froidement, « c’est parce que vous vous êtes rendu sans combattre » … !

       Ce “détail” du parcours de De Gaulle, je l’avais entendu avec mon père, une première fois au Portugal de la bouche d’un commandant de l’armée française.

       Plusieurs années plus tard, le comte Aymer de la Chevalerie, le généreux donateur des locaux de Chiré-en-Montreuil, nous donnait les mêmes détails, sans que ces deux hommes se soient connus.

       Tel était le personnage dont les lobbies antinationaux allaient faire un héros.

       Sans la protection du général Pétain, parrain de son fils Philippe, la carrière du jeune De Gaulle se serait arrêtée là.

       L’ambition maladive de De Gaulle allait l’amener à s’approprier une étude d’État-major sur l’avenir de l’arme blindée en le publiant sous son seul nom.

Le général Spears et sa «recrue», le colonel De Gaulle


Albert Lebrun, Président de la République

       Réprimandé par Pétain, De Gaulle allait lui vouer une haine tenace comme à l’ensemble de l’armée française qui le méprisait.

       Lors de la Seconde Guerre mondiale, la prétendue victoire de Montcornet le 17 mai 1940 attribuée après la guerre à De Gaulle, ne fut qu’une nouvelle reculade de sa part.

       Dès les premiers engagements il fit reculer la 4e division cuirassée qu’il commandait.

       « Charles de Gaulle ne semble pas avoir montré sur le terrain les qualités de coup d’oeil et d’invention« …, commentait Jean Lacouture (2), dans son De Gaulle, Édition Le Seuil.

       Et dans Hitler der feldherr (3), traduit en français sous le titre Hitler, chef de guerre, Editions Arthaud, Gert Bucheit confirmait :

       « Le 15 mai, le corps blindé Guderian et le 12ème Panzer Corps atteignit Montcornet à 70 km de Sedan.
       « On pouvait supposer que le haut commandement allemand ne se contenterait pas d’une simple tête de pont sur la Meuse.
       Pourtant, le général Von Kleist donna l’ordre de s’arrêter"
.
       Moncornet, n’est donc qu’un clone de la pseudo victoire de Valmy du 20 septembre 1792.

       L’invention d’une victoire pour créer la saga de la Révolution, comme celle de De Gaulle.
       Ce fut pourtant la guerre de 40 qui allait lui donner la chance dont il rêvait.

       Les Anglais qui avaient besoin d’un képi à opposer au prestige et l’action du Maréchal, envoyèrent le général Spears de l’Intelligence service, débaucher le vaniteux De Gaulle ulcéré de ne pas avoir été pris dans le gouvernement Pétain.

       Tel fut le début de la légende du « glorieux résistant« , De Gaulle et là encore l’Histoire officielle est menteuse, car De Gaulle n’a jamais été nommé général.

       La saga résistantialiste occulte que ce fut Albert Lebrun, président de la République, qui signa le 23 juin 1940, le décret de mise à pied de De Gaulle pour cause de désertion : Au Journal Officiel, 24 juin 1940, paraissait ce texte du Ministère de la Défense : –

       « Par décision ministérielle du 22 juin 1940, la promotion au grade de général de brigade à titre temporaire, de M. le colonel d’infanterie breveté De Gaulle (Charles-André-Joseph-Marie) est annulée ».

       – « M. le colonel d’infanterie breveté d’état-major De Gaulle (Charles-André-Joseph-Marie) est admis d’office à la retraite, par mesure de discipline« .

       Le 2 août 1940, le tribunal militaire permanent de la 13e région qui siège à Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, « condamne par contumace le colonel d’infanterie breveté d’état-major en retraite de Gaulle, Charles, André, Joseph, Marie, susqualifié, à la majorité des voix, à la peine de mort, à la dégradation militaire, et ordonne la confiscation des biens meubles et immeubles du condamné ». Le chef autoproclamé de la France libre est accusé de : « Trahison. Atteinte à la sûreté extérieure de l’État. Désertion à l’étranger en temps de guerre, sur un territoire en état de guerre et de siège. »

       La « Libération-Épuration » sera pour De Gaulle allié aux responsables de la Débâcle, l’occasion de créer sa «légende», donc celle de sa prétendue «victoire de Montcornet», qui n’eu pas plus de réalité historique que la «victoire» de Valmy pour la Révolution dite française, comme on l’a vu plus haut…

       Elle sera aussi l’occasion de régler ses comptes avec l’armée qui le méprisait depuis sa capitulation de 1916 et contre les pétainistes.

       Comme l’avouait Robespierre au Club des Jacobins pour justifier la Révolution :
       «Si Louis est innocent, c’en est fait de la Révolution».

       De même, De Gaulle était amené à proclamer Philippe Pétain «traitre», pour que lui De Gaulle et ses alliés ne le soient pas !

       Les crimes de la Résistance gaullo-communistes furent tels que le Père Panicci dans son sermon du dimanche des Rameaux 1945, à Notre Dame de Paris, dénonçait « ce régime d’abattoir« .
       Des documents médicaux de l’époque, permettent de mesurer l’horreur des tortures infligées par les « patriotes« , FFI, FTP, et autres « milices patriotiques » (4) :

       « Poils brûlés au briquet, bougies allumées dans l’anus, pointes des seins coupées, dents cassées, brûlures électriques dans le vagin, l’anus, la plante des pieds, coups de barre de fer, sections des doigts, arrachages d’ongles, lésions de marche ou reptation sur du verre, brûlures pour « cautériser » les plaies , aspersion d’essence et mise à feu, enfoncement de la cage thoracique, du crâne, avec lésions méningées, cérébrales, de la moelle épinière – c’est ainsi qu’allait mourir dans d’atroces souffrances le constructeur Louis Renault – lésions de l’oeil, viol de femmes et de fillettes, promenées nues ».

Le «féal» des Anglais, De Gaulle aux coté de Churchill

       Il faut rappeler le martyre de l’amiral Platon, chargé par le maréchal Pétain de surveiller les sociétés secrètes interdites par Vichy qui, renvoyé par Laval dans sa propriété du sud-ouest, y fut torturé et mis à mort par des résistants en l’écartelant entre des tracteurs (5).

       Avec celui du comte Christian de Lorgeril , héros de la guerre de 1914, on atteignait les sommets de la barbarie.

       Le quotidien démocrate-chétien du MRP, L’Aube, 16.11.1950, quelque peu gêné du comportement de ses alliés, rapportait les faits :
       « Arrêté pour ses idées monarchistes le 22 août 44, complètement nu, le malheureux dut s’asseoir sur la pointe d’une baïonnette, puis il eut les espaces métacarpiens sectionnés, les pieds et les mains broyés, le thorax et le dos transpercés par une baïonnette rougie au feu, puis on le réanima pour lui verser du pétrole enflammé sur les plaies« . « Il ne devait mourir que 55 jours plus tard dans des souffrances de damné » (6).

       C’était le temps où le démocrate-chrétien P.H.Teitgen, Garde des Sceaux de De Gaulle, répondait aux communistes qui trouvaient l’Épuration insuffisante :
       « Messieurs, Par rapport à nous, les Grands Ancêtres étaient des enfants de coeur »…
       et à ceux qui déploraient la guerre civile, De Gaulle répondait :
       « Messieurs, la guerre civile où est la guerre civile » ?!
(4).

       Tel fut l’homme auquel Fred Zeller, ancien Grand Maître du Grand .‘. Orient .’., rendait hommage dans Europe Parlement en rappelant le « mot » de De Gaulle, à la Libération :

       « Je vais redonner la République à la France, il n’y a aucune raison pour que je ne lui redonne pas aussi les francs-maçons » et Zeller reconnaissait :
       “Il nous a redonné force et vigueur« .


       Tel était l’individu pour lequel tant de « nationaux« , de Rivarol, à Tixier-Vignancour et à Le Pen, entre autres, ont voté au référendum de 1958 et dont la suite de sa « carrière« , allait confirmer l’ignominie.

       Dès son arrivée au pouvoir à Alger, il rétablissait, le décret Crémieux abrogé par Vichy.

       Ce décret redonnait unilatéralement et en bloc la nationalité française aux seuls Juifs, alors que comme en 1870 les musulmans venaient de se battre pour la France.

       Les conséquences ne se firent pas attendre et François d’Orcival rappelle, Valeurs actuelles, 13.5..05 :
       « Le 1er mai 1945, les manifestants à Alger, Oran, Mostaganem, criaient « À bas la France, à bas les Juifs », tandis que la police tire sur eux ».

       De même, lors des émeutes du 9 au 14 mai, les émeutiers criaient de façon révélatrice :
       « À bas De Gaulle, serviteur de la juiverie ».
       « À bas Churchill et les Juifs ».


       Comme en 1870 les marxistes Adrien Texier ministre de l’Intérieur et Charles Tillon , ministre de l’Air, massacreront des milliers de civils musulmans, traités d’ « hitlériens » !!!

       C’est dire si le facteur juif était fondamental dans l’insurrection contre la France, devenue aux yeux des musulmans, un occupant au service de la communauté juive.

       Cela aucun des nostalgiques de l’Algérie française ne le rappelle !

       Ils n’ont toujours rien compris aux causes premières de la perte de l’Algérie.

       La férocité de la répression des gaullo-marxistes, comme celle du gouvernement Thiers tenu par les Rothschild en 1870, est suspecte, comme si, comme en 1870, les dirigeants de 1945 avaient voulu créer l’irréparable avec la communauté musulmane, pour la dresser contre la France.

       On connaît la suite :
       La trahison de De Gaulle rappelé en « sauveur » par les Français d’Algérie, l’armée française et applaudi par les « nationaux » d’alors.

       Pour comprendre leur naïveté, il faut rappeler comment De Gaulle s’est vanté dans ses Mémoires d’Espoir, de les avoir trompés :
       “Si de but en blanc j’affichais mes intentions, une vague de stupeur(s) et de fureur(s) eut fait chavirer le navire« .
       « Sans jamais changer de cap, il me faudrait donc manoeuvrer »
, p. 60-61.

       Ayant réussi à amener l’armée à capituler, l’autre ignominie, avec le mitraillage des Français par le général Katz aux origines juives, sera de livrer les harkis.
       Le télégramme secret du 16.5.1962, N° 125/IGAA, ordonnait :
       « Le ministre d’État Louis Joxe demande au Haut commissariat de rappeler que toutes les initiatives individuelles tendant à l’installation ( en ) Métropole ( de ) Français musulmans sont strictement interdites ».

       Une nouvelle directive de Joxe, du 15 juin 1962, enjoignait :
       « Vous voudrez bien rechercher, tant dans l’armée que dans l’administration, les promoteurs et les complices de ces entreprises de rapatriement et de faire prendre des sanctions appropriées ».
       « Les supplétifs débarqués en Métropole seront renvoyés en Algérie ».

       « Je n’ignore pas que ce renvoi peut être interprété comme un refus d’assurer l’avenir de ceux qui sont restés fidèles, il conviendra donc d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure ».


       Même Alain Rollat reconnaissait, Le Monde 7.8.91 :
       « Dès le mois de juillet 1961, l’armée française commence à désarmer les harkis » « leur désarmement avait été promis au FLN par les autorités Françaises ».
       « Ils seront exécutés avec leurs femmes et leurs enfants ».


       Ces massacres « varient selon les sources, de 30.000 à 150.000, les harkis et leurs familles ont été victimes d’atrocités en tous genres, avant même la proclamation de l’indépendance, sans que les autorités françaises interviennent »...
       Ainsi, les Musulmans comme les Français ont été victimes du même complot mondialiste cosmopolite.

       On juge de la déliquescence de la « mouvance nationale » par son silence et son adulation d’un Le Pen qui se présente « comme seul héritier du gaullisme », Rivarol , 29.1.99 et qui, avant même son discours d’Argenteuil, prônait « une France multiculturelle et multconfessionnelle« , Ouest-France , 3.9.99.

       Or, toute la politique française actuelle découle des conséquences de cette politique gaulliste aux ordres du mondialisme.

       Voilà pourquoi, il urge de faire le ménage dans les rangs de cette pseudo droite nationale et de tirer les leçons de l’Histoire.

       Dont celle de la légende de De Gaulle, faux patriote, militaire lâche, capitulant aux étapes clés de notre histoire, n’ayant réussi à s’imposer que par la politique aux ordres des lobbies.

       Du De Gaulle de 1916, à celui se mettant à l’abri à Londres aux ordres des Anglos-américains, au fuyard à Baden-Baden allant se mettre sous la protection du général Massu, en mai 68, c’est le mêmer homme.

       Chacune de ses fuites, de ses désertions, explique l’homme et son action contre la France.
P. P. d’ Assac

       (1) Yves Amiot . La Capture . Editions Ulysse,
       (2) Jean Lacouture, De Gaulle, Édition Le Seuil.
       (3) Gert Bucheit. Hitler der feldherr, traduit en français sous le titre Hitler, chef de guerre, Éditions Arthaud,
       (4) J-P Abel. L’Âge de Caïn . Les Editions Nouvelles.
       (5) André Figueras. Onze Amiraux dans la Tourmente. DPF.
       (6) Henry Coston. Le Livre Noir de l’Epuration . Lectures Françaises, 1964. Extrait de La Politique, N° 84, juin 2008

Information ajoutée au texte initial, laquelle ne figurait pas.


DE L’ALGERIE FRANÇAISE…
à LA FRANCE ALGERIENNE
Par M.José CASTANO,


« A l’occasion de votre élection à la présidence de la République algérienne, je vous adresse mes félicitations. Cette indépendance algérienne, nous l’avons voulue et aidée » (Message de Charles de Gaulle à Ben Bella, le 4 septembre 1963)

       Le dimanche 1er juillet 1962, l’Algérie exsangue, privée de la majorité de ses Européens, vota sur la question de savoir si elle devait devenir un état indépendant. En répondant « Oui » à cette question, chaque électeur annulait pour sa part l’existence de l’Algérie française et ce fut la somme de ces « Oui » qui réduisit à néant cette Algérie-là dont l’existence avait commencé le 5 juillet 1830 lorsque les troupes du général de Bourmont, après avoir débarqué à Sidi-Ferruch, occupèrent la capitale des deys. Le gouvernement français, tel Ponce-Pilate se lavait les mains et tournait la page.

       Si l’enfantement de la nouvelle République algérienne entraîna l’hystérie collective, amalgame de réjouissances, de meurtres et de pillages tels le génocide dont furent victimes les Musulmans fidèles à la France et les assassinats d’Européens du 5 juillet 1962 à Oran, les Algériens ivres d’indépendance allaient, très vite, danser une tout autre danse en tournant en rond devant un buffet vide… C’est ainsi qu’après la mise à sac du pays en 1962, après la frénésie sanguinaire et destructrice des premiers mois de l’indépendance, après l’incurie des chefs du FLN désormais aux commandes de l’Etat, après les premières années de chaos forcené, il ne restait plus rien de l’équipement technique du pays. Les immeubles tombaient en ruine, l’agriculture était moribonde, les rouages précieux mis en place par la France rouillaient au soleil de midi et les ingénieurs venus de l’Est dès la proclamation de l’indépendance levaient les bras au ciel en contemplant d’un œil désespéré l’ampleur des dégâts. C’est alors que craignant la colère du peuple que l’on avait savamment gavé durant huit ans de promesses démagogiques et fallacieuses, le gouvernement algérien, incapable de fournir du travail à sa population, exigea « la libre circulation des personnes » avec la France et « leur libre résidence de Dunkerque à Marseille » en menaçant de Gaulle d’une rupture qui eût contrarié sa « grande politique » arabe. Aussitôt, sur l’injonction formelle du « Guide », satisfaction sera donnée aux nouveaux maîtres de l’Algérie et la décision d’ouvrir, pratiquement sans contrôle, nos frontières à l’immigration algérienne fut appliquée.

       Durant l’épisode sanglant de ce conflit, le leitmotiv constant des responsables du FLN était que la rébellion se justifiait par le besoin de plus de justice, de bonheur et de liberté pour la « malheureuse » population musulmane… L’indépendance n’a pas permis à cette dernière d’atteindre le bonheur escompté et encore moins de sortir de la violence. Elle a plongé l’Algérie, dévorée par la prévarication, dans un désastre économique que la manne pétro gazière (détournée au profit d’apparatchiks) n’a jamais pu endiguer… Le pouvoir n’a pas été rendu au peuple mais a été accaparé par un groupe initialement choisi par la France pour protéger ses intérêts. Pour se maintenir, ce groupe n’a pas hésité à manipuler des islamistes et à plonger le pays dans un nouveau cycle de violence. Dans un ouvrage documenté, « La colonie française en Algérie. 200 ans d’inavouable », Lounis Aggoun dénonce un système élaboré par des Algériens avec le soutien de la France, puis des Etats-Unis, au détriment de tout un peuple.

       Ainsi, minée par la corruption, l’islamisme, les rivalités au sommet du pouvoir et de la hiérarchie militaire, les séquelles de la guerre civile des années 1990 dont les causes jamais éradiquées fomentent en coulisse de nouveaux troubles, la société algérienne se décompose inexorablement…

       Alors, afin de s’exonérer de ses responsabilités et de celles du FLN -parti au pouvoir depuis l’indépendance- et couvrir par là même leur incompétence notoire, le président Bouteflika, impotent –voire, moribond- qui ne sert plus que de prête-nom à la nomenklatura du FLN, véritable marionnette entre les mains des apparatchiks, a trouvé en la France le bouc émissaire idéal : un pays qui se complaît dans l’auto-flagellation, le masochisme et la repentance.

       C’est ainsi qu’en avril 2006, il déclarait sans gêne aucune que la France était « responsable d’un génocide de l’identité, de l’histoire, de la langue et des traditions algériennes »… en parfaite contradiction avec celle d’Aït Ahmed, leader historique du FLN : « Du temps de la France, l’Algérie c’était le paradis ! », déclaration faite en juin 2005 à la revue « ENSEMBLE », organe de l’Association Culturelle d’Education Populaire (ACEP).

       ... Et Slimane BENTOUCHA journaliste en Algérie, de renchérir : « La colonisation nous a laissé un patrimoine inestimable que nous n’avons malheureusement pas su garder soit par ignorance, soit par indiscipline, soit par bêtise ».

       Un « paradis dilapidé »… Un « patrimoine inestimable »… En effet, un quart des recettes en hydrocarbures de l’Algérie, découverts et abandonnés par la France dans un Sahara qui n’était même pas algérien, permet aujourd’hui à ce pays d’importer ses produits alimentaires issus notamment de l’agriculture… alors qu’elle les exportait du temps de la « colonisation ».

       Dès 1962, afin de réduire le risque encouru par sa jeunesse turbulente devenue la « classe dangereuse » du pays, le gouvernement algérien a encouragé l’émigration de ses ressortissants, sachant pouvoir compter sur le laxisme de la France et sa politique bienveillante des visas. C'est ainsi qu'en 2015, 422 000 visas ont été accordés (pour une durée indéterminée)... Par ailleurs, de 5600 en 2015, les « étudiants » algériens sont passés à plus de 7000 en 2016 et, ceux-là -en vertu d'une loi votée par le Parlement sur proposition de la vice-présidente PS du Sénat, l’Algéro-française Bariza Khiari- ne repartiront pas.

       « Le nombre de Français ayant un lien direct avec l'Algérie avoisine les sept millions », a déclaré, le 3 février 2015, l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Emié, lors d’une visite dans la wilaya de Tlemcen.

       C’est par cette politique de transfert des populations désœuvrées que le pouvoir algérien assure la stabilité et la paix sociale en exportant sans la moindre retenue tout ce dont il ne veut plus.

       La moitié des 40 millions d’Algériens ont aujourd’hui moins de 19 ans. Ils sont nombreux à rêver de s’installer en Europe, particulièrement en France… nombreux, aussi, à profiter de la crise migratoire pour s’infiltrer dans les filières des « réfugiés ». En témoignent les violeurs arrêtés à Cologne en décembre 2015, parmi lesquels figuraient plusieurs jeunes Algériens. Et ces nouveaux « migrants », à l'instar des assassins qui ont récemment sévi en France, Merah, Coulibaly, Couachi, Sid Ahmed Ghlam, Yassin Salhi, Salah Abdeslam, l’organisateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Karim Cheurfi, l’auteur de l’attentat du 20 avril 2017 sur des policiers à Paris et Mohamed Lahouaiej-Bouhle, celui de Nice, le 14 juillet 2016 (86 morts et 458 blessés), deviendront, un jour, Français… ou, comme Salah Abdeslam, le sont déjà. Alors, avec eux, ce sont des milliers d'autres jeunes « Français », issus de l’immigration ou pas, qui basculeront inexorablement dans la fascination pour le djihadisme et la violence meurtrière. Ce sont des bombes à retardement en puissance prêtes à exploser n’importe où, n’importe quand.

       « Les Français qui n’ont pas voulu de l’Algérie française auront un jour la France algérienne » a écrit dans son livre, « d’une Résistance à l’autre », Georges Bidault, l’ancien chef du Conseil National de la Résistance. Il reprenait là, en quelque sorte, cette déclaration du redoutable chef du FLN qu’était Larbi ben M’Hidi, déclaration lancée à la face des parachutistes français venus l’arrêter en 1957 lors de la « bataille d’Alger » : « Vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset ? Je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».

       Ainsi, si l’Algérie française et ses célèbres 5 coups de klaxons (Al-gé-rie fran-çaise !) n’est plus qu’un lointain souvenir, la France maghrébine et ses « manifestations d’allégresse », ses violences et ses coups de Kalachnikov devient, elle, réalité !
José CASTANO       
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr
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Un écrivain algérien s'exprime sur l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui

       Que reste-t-il du modernisme de la colonisation ? Rien à part le pétrole, le gaz, des gouvernants mafieux, un peuple dans la misère, des villes en décrépitude, une agriculture peau de chagrin (...). Au temps de la présence française, l'Algérie était un beau pays, bien administré, plus sûr, même si certaines inégalités existaient. Beaucoup d'Algériens regrettent le départ des pieds noirs. S'ils étaient restés, nous aurions à coup sûr évité notre tragédie. Je suis un iconoclaste qui dénonce les mensonges de la guerre de libération. J'ose toucher à un mythe fondateur, mais un mythe est fait pour être discuté. L'Algérie a été construite par la France dont elle porte les valeurs du XIXème. Alger est une ville squattée. Ils sont loin d'avoir trouvé les clés. Aujourd'hui, elle tourne le dos à la Méditerranée en regardant vers l'Iran et les pays arabes. Chez nous, les politiques s'expriment comme des imams ténébreux. La France est le centre du monde par son immense culture et sa liberté. C'est le pays de l'équilibre par excellence.

       La liberté est une notion riche et profonde en Occident. Ici, en guise de liberté, c'est le foutoir, l'apostrophe, l'insulte et la bagarre de rues (...) Il faut en finir avec ces bêtes immondes, avec ces barbares des temps obscurs, ces porteurs de ténèbres, oublier les serments pleins d'orgueil et de morgue qu'ils ont réussi à nous extorquer au sortir de ces années de guerre. La lumière n'est pas avec eux et les lendemains ne chantent jamais que pour les hommes libres.

       Boualem SANSAL (entretien paru dans Le Matin Algérie 15/01/2016)


 Processus d’intégration ! 
Envoyé par Mme Leonelli

« Brandir un drapeau est un acte éminemment politique »

                 L’auteur de Décomposition française a analysé avec une rare justesse le processus d’intégration. Elle voit dans les débordements qui ont émaillé les victoires de l’Algérie lors de la Coupe d’Afrique des nations l’expression d’une défiance d’une partie des enfants de l’immigration à l’égard de la France.

            LE FIGARO. - Dimanche dernier, après la qualification de l’Algérie, il y a eu 282 interpellations suite aux désordres causés par des supporters algériens. Doit-on y voir de simples « débordements » liés à la liesse ou le symptôme d’un malaise plus profond ?

            Malika SOREL. - Ce n’est pas la première fois qu’on observe ce phénomène, et cela prend une ampleur inquiétante, du fait du nombre de personnes enclines à braver l’ordre républicain. Par ailleurs, hisser ou planter un drapeau n’est jamais anodin. C’est un acte éminemment politique qui symbolise, tout comme l’hymne national, un ancrage moral, l’attachement à un socle de principes et de valeurs, et bien sûr un enracinement sentimental. Brandir le drapeau sous le nez de l’ancien pays colonial, c’est l’expression d’une revanche sur l’Histoire. Une revanche qui s’est trouvée légitimée par le candidat Macron lorsqu’il a accusé la France de « crime contre l’humanité ».

            L’Occident freudien justifie, excuse, et son monde politique affiche au grand jour sa trouille des « jeunes » de l’immigration. Il est donc perçu comme accommodant, conciliant, peureux : traduire « dévirilisé ». Cet Occident n’inspire plus ni respect ni crainte, sentiments ici intimement liés. Est désormais profondément ancrée la conviction que pour obtenir, il faut faire peur ; terrible spirale !

            Au-delà des violences, comment expliquez-vous ce besoin d’afficher bruyamment leur identité d’origine pour des jeunes souvent nés en France ?

            C’est bien la démonstration que la naissance en France n’est pas un critère d’analyse pertinent ! L’arrivée continue de migrants produit un ré-enracinement dans les mœurs d’origine. L’intégration s’est dégradée dans le temps avec le refus croissant de respecter les principes républicains, à commencer par la laïcité et la liberté qui permet à chacun de choisir sa propre vie. Ce sont les femmes qui en subissent de plein fouet les conséquences. J’ai souvent pensé que si les menaces avaient pesé en priorité sur les hommes, nos gouvernants auraient su réagir promptement.

            Afficher son identité d’origine, c’est montrer son allégeance et ainsi avoir la paix, car à mesure que l’État cédait aux revendications communautaires, le groupe culturel d’origine accroissait sa pression voire sa répression - sur chacun des membres supposés lui appartenir. C’est la capitulation de l’État qui pousse un nombre croissant de personnes de l’immigration à tourner le dos à l’intégration culturelle.

            Autre faute : avoir installé une prime à la non-assimilation. Du fait des politiques de discrimination positive progressivement mises en place, s’afficher ou se revendiquer de la « diversité » peut parfois faire office de coupe-file. Il n’y a plus vraiment de raison pour que les enfants de l’immigration s’assimilent. Or, le gouvernement prévoit d’intensifier ces politiques.

            « C’est un pauvre cœur que celui auquel il est interdit de renfermer plus d’une tendresse », expliquait Marc Bloch dans L’Étrange Défaite. Peut-on reprocher aux enfants de l’immigration leur fierté pour leurs origines ? Celle-ci est-elle incompatible avec le respect, voire l’amour, de la France ?

            Nul n’interdit de renfermer plusieurs tendresses dans son cœur, mais Marc Bloch disait bien plus important : que la France était la patrie dont il ne saurait déraciner son cœur et qu’il s’était efforcé de la défendre de son mieux. Il est mort pour la France ! Nous ne sommes pas du tout dans la même situation. Nombre de parents éduquent leurs enfants dans un respect quasi religieux de leur pays d’origine. Et c’est lui qui devient ainsi le vrai pays de leurs enfants. Un pays qui n’a rien fait pour eux et qu’ils adulent. Quant à la France, c’est elle qui leur a donné ce qu’ils possèdent, les prend en charge si besoin… Le problème n’est donc pas économique, et l’amour ne se décrète ni ne s’achète !

            Le passé douloureux de la France se trouve constamment remis sur le devant de la scène, et il n’est plus question que de lutte contre des discriminations et une « islamophobie » dont les Français de souche se rendraient coupables. Des lois sont votées pour contraindre l’expression et empêcher ainsi les Français de dire ce qu’ils ont sur le cœur. Il ne fait plus bon être Français dans ce pays que je ne reconnais plus. Mon chagrin est infini.

            Dans votre dernier livre notamment, Décomposition française, vous montrez toute la complexité du processus d’assimilation. Est-ce toujours un choix douloureux ?

            Oui. S’assimiler à un autre peuple que celui de ses ancêtres est une décision personnelle, intime, qui se joue entièrement sur le registre affectif et moral. Au sein d’une même famille, et évoluant dans un même environnement, certains enfants s’assimilent, d’autres pas. Cette problématique dépasse par ailleurs largement l’approche simpliste et nuisible de l’origine des prénoms. Ayant travaillé à l’intérieur du système politique et administratif, je peux témoigner du fait que beaucoup de ceux qui ont participé à mener la France dans la situation actuelle portaient des prénoms chrétiens.

            Vous plaidez plutôt pour l’intégration…

            Je plaide pour la reconnaissance du fait que l’intégration est un processus à l’issue non prédictible qui peut déboucher ou pas sur une assimilation. Or le code civil, qui imposait que l’octroi de la nationalité française soit subordonné à l’assimilation, a été violé. La citoyenneté a été vidée de sa substance. Plus grave encore, les papiers d’identité confèrent un droit de propriété sur la terre. Les élites ont donc disposé de la France comme si elle leur appartenait en propre, ce qui est contraire au principe démocratique inscrit dans la Constitution : « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »

            François Hollande, dans Un président ne devrait pas dire cela, évoquait le risque de la partition. Comment l’éviter ?

            J’ai abordé à maintes reprises la liste des erreurs à éviter et des politiques à déployer. L’urgence ici, c’est d’alerter sur deux projets en cours qui pèseront sur la cohésion nationale.

            - Le président a évoqué l’idée d’une organisation de l’« Islam de France ». L’opération a déjà commencé dans les territoires avec une circulaire adressée aux préfets par le ministre Castaner. L’expérience montre que le risque existe que certains membres partagent de près ou de loin des idéologies incompatibles avec la République.

            Or, la défense de l’intérêt général commande non pas le placement sous tutelle d’une partie des descendants de l’immigration, mais au contraire leur émancipation pour qu’ils puissent vivre leur religion dans sa seule dimension de foi, donc dépouillée de ses dimensions politiques.

            Par ailleurs, en reconnaissant récemment les diasporas africaines, le président donne corps à l’existence de plusieurs peuples sur un même territoire : les diasporas sont des peuples qui gardent un sentiment de leur unité malgré l’éclatement géographique (Dominique Schnapper). Il accélère, là aussi sans le vouloir, la partition de la France. Qui saura lui faire entendre raison? Il y a urgence.

Propos de Malika SOREL*
recueillis par Alexandre DEVECCHIO
(journaliste au Figaro et Figaro magazine)
*« Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?» (Fayard) a reçu le prix Honneur et Patrie de la Société des membres de la Légion d’honneur


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ALGER AOÛT 1959
Par M. Bernard Donville



Dans les nouvelles d'Alger la mer bouge à l'amirauté, une plage se crée.. Les événements sont loin d'être assagis mais l'opération Jumelles voit bien le coup. En banlieue attention aux hauteurs: scorpion, feux, accidents...En sports c'est normal on ne pense qu'à la flotte.
Comme j'ai supprimé des rubriques vides j'ai fait l'effort de vous offrir 3 pages en coup de coeur et sur les carrières Jaubert ( et par Brouty svp) .et c'est le même que j'ai retenu en bonus pour vous parler de nautisme à Hassi Messaoud.
Bonne lecture à tous. Bernard Donville.

Voir la suite du dossier sur : donville-aout1959.pdf




LE HOMARD DE BRETAGNE
Par Hugues Jolivet


 

             Un "Ci-devant" Baron, Ministre républicain,
             De ses ancêtres "Chouans", vient troubler le repos,
             Car, livré en pâture, il perd son maroquin,
             Et, en récriminant, doit rendre ses oripeaux !

             Encore "Vert" et "En Marche", il gravit les échelons !
             F. Goullet de Rugy a trouvé le passage
             Pour monter au Perchoir du beau Palais Bourbon,
             Et, au coeur de ses fastes, dispense ses messages

             Aux "amis" amateurs des plaisirs de la table !
             Lorsque des journalistes dévoilent à l'opinion
             La liste des menus des dîners contestables :
             Du caviar, des homards, des grands vins bourguignons,

             Le Ministre Ecolo est à cours d'arguments !
             Il serait allergique à tous les crustacés,
             Au caviar, au Champagne ! L'accuser indûment
             L'incite à porter plainte. Il souhaite pourchasser

             Les auteurs de ragots et d'approximations.
             Mais chaque jour apporte son lot de manquements
             Aux devoirs d'un Ministre, à ses obligations
             Et dont sa démission est le seul dénouement !

Hugues JOLIVET
17 juillet 2019
 


Bribes de vie macroniste
en plein été 2019.

Par M. Robert Charles PUIG


       Le temps de l'écologie Macron-Jadot nous brime.

       C'est comme un tsunami politicien qui nous tombe sur la tête. Comme le ciel sur les Gaulois nos ancêtres, quand en Algérie, dans ma classe primaire avec des copains arabes, nous éclations de rire en imaginant nos ancêtres avec un casque à corne et des moustaches. Le seul problème c'est que nous ne savions pas où mettre les dromadaires. Mais nous sommes aujourd'hui en 2019 et c'est " Haro " sur notre vie... il faut tout changer depuis ce que nous mangeons et buvons, faisons même, avec l'écologie-verte et de plus en plus bigote ! Par exemple, pour un homme " fait " normalement, le baratin devient un interdit, par contre madame peut faire ses enfants toute seule. C'est le plus du XXI ième siècle voulu par l'Elysée.
       Ce n'est pas tout.
       Il y a les promesses non tenues mais que les médias nous affirment acquises : hausse du revenu, baisse des impôts, sauf que l'électricité augmente vraiment ainsi que le prix des billets d'avions, l'essence et le diésel en nous imposant au prix fort de changer de véhicule... Un autre pire ? C'est ce qui est rogné sur le médical avec la hausse des mutuelles. Moins de remboursements, plus de prélèvements sur les médicaments en nous faisant avaler les génériques dont la fabrication laisse à désirer. Qu'importe ! C'est les vieux qui les prennent et malgré les ponctions sur leurs pensions, rien ne vaut une médicamentation bidon. Cela " accélère " le processus de renouvellement des espèces ! Puis voilà encore une façon de faire moins de sécurité sociale. Lancer l'anathème sur l'homéopathie et sur certains médicaments. Dans le collimateur gouvernemental le paracétamol trop utilisé et normalement remboursé. Donc une publicité effrénée des médias cible ce produit trop utilisé... Il sera moins ou pas remboursé ! C'est encore bon pour les LAREM moins bon pour la bourse des vieux et une accélération de leur fin de vie !

       D'autres sujets attirent l'oreille et le regard sur Paris.
       Le marchandage des prochaines élections ou les LAREM s'étripent. C'est le combat fratricide entre Cédric Villani, Benjamin Griveaux et Hugues Renson. Ils veulent tous la Tour Eiffel ! Cela n'empêche pas le président de jouer au commis voyageur pour ramasser des voix, après avoir envoyé sa moitié au charbon : Marseille, Lyon, Toulouse... Nice ! Même Nice se monnaie sur le dos d'une population toujours J. Médecin et J. Peyrat, fière des travaux qu'ils ont entrepris avec l'afflux des pieds-noirs... Tout cela c'est fini ! Beaucoup de pieds-noirs sont devenus " compatibles " LAREM-maire actuel. Ils renient d'où ils viennent.
       Puis il y a cette politique internationale.
       Où va l'Europe face à Trump et ses élucubrations guerrières, face à Poutine et l'Iran belliqueux ? Peut-on rester européens pour le moment, rester " occidentaux ", avec notre style, notre histoire, tout ce qui a construit l'Europe hors le modernisme américain, occidental mais différent ? Peut-on l'être vraiment alors que nous subissons les lois étrangères ? Celle des USA sur le commerce, celle de l'Orient sur nos us et coutumes et sur notre chrétienté qui se perd face au salafisme.

       Aujourd'hui, c'est l'Europe des progressistes qui est en marche avec Merkel, les Belges et les socialistes espagnols. Macron est en première ligne. Il a fait " voter " Christine Lagarde au poste de patronne de la BCE. Un coup de maître qu'il faut définitivement asseoir dans son fauteuil.
       C'est au moment de l'affaire Tapie au tribunal où des " transactions " passées peuvent resurgir. Tapie coupable ou relaxé ? N'y a-t-il pas eu une certaine accointance avec Lagarde ministre de finances de France au temps de Nicolas Sarkozy ? Bien entendu les soupçons ont été balayés mais... si Tapie était condamné ?

       OUF ! C'est la victoire, face à vingt cinq ans de tribunaux pour ce patron d'entreprises qu'il a été et cet ancien ministre mitterrandiste. Il sort vainqueur ! Tout à coup, blanc comme neige. Bravo pour ce tour de magie. Du cirque ou de la politique ?
       Cet homme malade mérite mes bravos. C'est un manœuvrier fin et un peu renard et il a du mordant. Je le félicite d'avoir acheté et vendu à la découpe des entreprises, d'avoir trafiqué les victoires de OM, mais avec quel panache ! Il mérite de vivre en paix avec ses quatre cents millions d'euros et peut-être d'écrire ses mémoires. Quant à Christine Lagarde... vive l'Europe ?

Robert Charles PUIG / Nice 2019       
      

Déliquescence française
Publié par GUY MILLIÈRE le 17 juillet 2019 Envoyé par Mme Leonelli
Dois-je le dire ?

           Ce qui s'est passé le 14 juillet en France ne m'a pas du tout surpris. Des milliers de personnes venues regarder le défilé sur les Champs Elysées ont hué et insulté Macron ? C'est logique. Macron n'est plus respecté par une large part de la population française : parce qu'il n'est plus respectable.
           Les insultes les paroles de mépris qu'il a adressées aux plus pauvres ne sont pas oubliées, la férocité délibérée qu'il a utilisée pour écraser le soulèvement des gilets jaunes (soulèvement qui était au départ un soulèvement né du désespoir né de taxes excessives, et de la colère face aux insultes et aux paroles de mépris) n'est pas oubliée non plus. Le fait qu'il ait refusé d'agir de manière démocratique (retour aux urnes, instauration d'un référendum d'initiative populaire) reste dans les têtes. Macron est un Président illégitime. Il l'est depuis les circonstances très troubles qui lui ont permis de se faire élire, puis de disposer d'une majorité écrasante à l'assemblée nationale. Il n'a strictement rien fait pour se doter depuis d'une légitimité qu'il n'a jamais eue. Il avait en 2017 le soutien de vingt pour cent d'électeurs bercés d'illusions vaines. Il s'est maintenant doté du soutien de ceux qui possèdent encore quelque chose en France et qui ont peur du chaos, vingt pour cent à nouveau, mais ce soutien est plus malsain encore que celui de ceux qui se faisaient des illusions en 2017: l'utilisation cynique qu'il a faite des anarchistes violents qui ont pu venir impunément saccager à la fin des manifestations de gilets jaunes a fait peur, ce qui était le but recherché, mais a fait que ceux qui ont peur en sont venus à détester les gilets jaunes, ce qui crée un clivage très profonds entre deux populations françaises. Ce qui fait aussi que les gilets jaunes voient qu'aux insultes et aux paroles de mépris, à la férocité délibérée, au refus d'agir de manière démocratique, Macron a ajouté la détestation qui s'abat sur eux. Ils sont rentrés chez eux amers, parfois mutilés, imprégnés d'amertume et de haine envers Macron.
           Des personnes qui ont hué et insulté Macron à son passage ont lâché plus tard des ballons jaunes, comme la couleur des gilets ? C'est logique encore. Quand on se conduit vis-à-vis d'un soulèvement né du désespoir né de taxes excessives comme Macron s'est conduit, quand on prend de surcroit des mesures dignes d'une dictature contre le droit de manifester pacifiquement et contre la liberté de parole, il est logique que des membres du soulèvement utilisent les quelques interstices de liberté dont ils disposent encore pour montrer qu'ils n'ont pas disparu. Si Macron avait agi de manière démocratique, s'il avait montré le minimum de respect vis-à-vis des membres du soulèvement, il n'y aurait pas eu de ballons jaunes.
           Des personnes considérées comme des leaders des gilets jaunes ont été arrêtées préventivement et détenues arbitrairement pendant des heures ? C'est logique toujours. Il a utilisé l'une des mesures dignes d'une dictature qu'il a fait voter. Il est désormais possible en France d'arrêter une personne et de la placer en garde à vue sous le simple prétexte qu'on la soupçonne de vouloir se rendre à une manifestation. Aucune preuve n'est nécessaire. Aucun motif de détention n'est requis. C'est non seulement une atteinte au droit de manifester. C'est une atteinte à la liberté d'aller et venir de citoyens français sur le territoire français. C'est une atteinte à la présomption d'innocence et un glissement grave vers l'arbitraire digne d'un régime d'Europe centrale au temps de l'Union Soviétique.

           Un peu plus tard, des anarchistes violents qui, eux, n'ont pas été arrêtés préventivement sont venus saccager les Champs Elysées une fois de plus ? C'est absolument normal. On les a laissé saccager à la fin de chaque manifestation des gilets jaunes ou presque, les Champs Elysées ou d'autres lieux. On les a utilisés cyniquement pour faire peur. Ils ont pris des habitudes. Ils les conservent. On peut se demander pourquoi la police ne les a pas arrêtés, alors que pour la plupart ils sont connus des services de renseignement et alors qu'ils ont en général avec eux des objets plus délétères que des ballons jaunes, et qu'il y aurait eu, là, des motifs d'arrestation. Poser la question est sans doute y répondre.
           Plus tard encore, des Algériens voulant fêter la victoire de l'Algérie dans une compétition de football sont venus à leur tour aux Champs Elysées procéder à leurs propres saccages et ont été réprimés avec une modération dont la police n'a jamais fait preuve vis-à-vis des gilets jaunes. C'était la deuxième fois en une semaine que les saccages d'Algériens se produisaient aux Champs Elysées, et la deuxième fois en une semaine que la police réprimait avec modération. Tout cela est absolument normal encore. La police peut recevoir l'ordre de réprimer des Français pauvres, mais pas des Arabes, car cela pourrait conduire à des émeutes. Il y a eu quelques dizaines d'arrestations. Ceux qui ont été arrêtés seront relâchés très vite et le sont sans doute déjà. Que des Algériens qui vivent en France et qui ont parfois la nationalité française continuent à se considérer comme Algériens, se conduisent en France comme ils ne se conduiraient pas en Algérie (parce qu'ils craindraient une répression plus ferme de la police algérienne) et montrent qu'ils considèrent la France comme un pays faible, méprisable et conquis ne doit pas surprendre. Les autorités françaises ne cessent de montrer aux populations musulmanes en France qu'elles se comportent comme les autorités d'un pays méprisable et conquis.
           Si l'on ajoute l'invasion du Panthéon par des immigrants illégaux guidés par des organisations gauchistes et le peu de réaction des autorités, la décision d'abandonner toute poursuite contre l'assassin de Sarah Halimi, et quelques autres faits du même genre, on voit que la France est en pleine déliquescence.
           C'est l'ère Macron. Cela a des allures de régime autoritaire parce qu'on porte atteinte au droit d'aller et venir de Français non musulmans, au droit de manifester, à la présomption d'innocence, à la liberté de parler et de penser, parce qu'on utilise la police de manière féroce contre des Français pauvres. Cela a des allures de régime complice avec des casseurs gauchistes. Cela a des allures de régime démissionnaire face à des populations musulmanes, face à des immigrants en situation illégale et face à un tueur de vieille dame juive.
           Je n'ai pas parlé de l'armée française, qui a défilé, qui compte nombre de membres imprégnés d'un sens de l'honneur, mais qui manque sérieusement de moyens et qui est souvent placée au service d'une politique étrangère très frelatée. Hélas.
           Je n'ai pas parlé non plus de la ville de Paris et du titre de citoyenne d'honneur offert à l'allemande Carola Rackete, qui a pour seul titre de gloire d'avoir pénétré par effraction et illégalement dans le port de Lampedusa aux fins de faire entrer en Italie des immigrants qui n'avaient aucun droit d'y entrer. Elle a violé la frontière italienne et mis en danger la vie de soldats et de garde côtes italiens. L'Italie aurait dû la mettre en prison et l'a fait, mais le gouvernement italien a cédé aux pressions du gouvernement Merkel et l'a relâchée. Si Carola Rackete avait blessé ou tué des Italiens, la ville de Paris aurait sans doute rajouté une médaille au titre de citoyenne d'honneur. J'arrête là.
           Je regarde tout cela de loin. Avec tristesse.



RAISON ET VÉRITÉ.
Par M. Robert Charles PUIG


       " La raison n'avait garde de se trouver là, alors la Politique régnait à Rome. Elle avait pour Ministres ses deux sœurs, la Fourberie et l'Avarice. On voyait l'ignorance, le Fanatisme, la Fureur courir sous ses ordres dans l'Europe, et la Pauvreté les suivait partout. La Raison se cachait dans un puits, avec la Vérité, sa fille. " (L'éloge historique de la raison / Voltaire / Romans et contes / Garnier et Flammarion / 1966.)

       En relisant Voltaire dans ce qu'il écrivait sur la logique ou le combat contre la bêtise, parfois avec humour, je retrouve dans notre XXI ? siècle les mêmes effets, les mêmes désagréments à vivre une époque où la Raison et la Vérité sont toujours au fond d'un puits, absents.
       Si j'observe au travers de l'écran de la télévision ou à l'écoute des radios et la lecture des médias-papiers le monde, il me semble demeurer dans un espace manquant de réalisme, privé de Raison et de Vérité. Je suis submergé d'informations téléguidées, dirigées, imposées par " l'Ordre " de ce monde moderne où le peuple reste le mouton à tondre, le " veau " gaulliste, hypnotisé par les images subliminales qui l'abrutissent. Un monde fourbe où nos dirigeants, pour se donner un rôle, cherchent dans les légendes antiques des noms pour se parer de savoir, à la façon de la commedia dell'arte, afin de nous faire croire en un avenir glorieux.

       Il me semble que rien ne se construit comme nous pouvions l'espérer à l'aube d'un siècle nouveau prometteur de paix, de bonheur... ou d'un nouveau printemps. Il suffit de lire, d'entendre et de voir. Notre planète demeure en effervescence continue, en guerre en Orient et en Afrique, en menaces en Asie, en combats larvés de ci-de-là avec des torturés et les assassinés. Nous pouvions espérer que les découvertes scientifiques, l'évolution de la société humaine nous tiendraient loin des batailles, des combats de titans nés des tragédies grecques ou romaines. Il n'en est rien. Nous sommes toujours secoués par les démons de l'histoire universelle tandis que la raison reste enchaînée dans son puits, et la Vérité condamnée au silence.
       François-Marie Arouet, notre Voltaire, avait raison d'être avant l'heure un révolté ! Un précurseur de ce besoin d'ordre et de logique, un " lanceur " d'alerte et de conscience. Rien depuis son temps n'a changé. Il y a ceux qui nous gouvernent avec plus de défauts que de qualités même s'ils affirment que le changement c'est eux, et le peuple reste encore la victime consentante des maîtres politiciens.
       Il faut l'écrire ! Le monde a basculé plusieurs fois dans l'erreur en croyant qu'il était sur la bonne route. Si des guerres puniques aux croisades la science a progressé pour nous faire alunir il y a cinquante ans sur l'astre de nos nuits, cette espérance du mieux vivre est compensée par les maux qui étouffent la Raison et la Vérité. Elle nous fait miroiter ce monde où les riches s'enrichissent tandis que le peuple crève dans les mouroirs, victime de l'idéologie iconoclaste d'un l'État ingrat et méprisant. Cet état des lieux a pour conséquence des réactions populaires, celle par exemple des G.J., les Gilets Jaunes, vite reprise dans la nasse étatique. Une rébellion endormie au son du pipeau élyséen qui, comme Hamelin le joueur de flute, promet et noie.

       J'ai d'autres raisons de craindre que la Raison et la Vérité soient dans un puits depuis longtemps. Ma conviction ne date pas d'une éternité mais depuis que le Mensonge et la Fourberie ont abandonné mon peuple, là-bas en Algérie, à partir de 1958. Bien entendu mon histoire ne représente pas grand-chose pour beaucoup. Elle n'est pour des ingrats qu'un grain de sable qui n'empêche pas la roue de l'État de tourner, mais pour moi cette année marque notre pays d'une tâche indélébile qui l'a conduit dans les griffes d'un salafisme dictatorial et d'un Dae'ch terroriste. L'Occident dont nous faisons partie, joue avec le feu et les contes d'Orient, sans se rendre compte que sa bêtise et son progressisme benêt le mènent à sa disparition.

       Cela fait soixante ans que de nombreuses personnes crient au " casse-cou ! " ; à l'erreur de casting lorsque l'on tend la joue gauche après avoir été frappé sur la joue droite par le chasse-mouche du Bey Hussein. La main tendue de l'Occident ne doit pas devenir une main coupée et le sens de l'hospitalité un envahissement du sud incontrôlé, incontrôlable.

       Nous devons pourtant constater combien notre sol est agressé par des exactions répétitives, des incivilités, des zones interdites à nos lois françaises ; paralysé par un raz-de-marée de mouvements religieux étrangers et des manifestations qui nous prouvent combien notre terre de France est prisonnière d'événements dangereux quand une fête du football devient une bataille rangée et l'amorce d'une guerre. J'ai vu les Champs-Élysées et l'Arc de Triomphe récemment. Il m'a semblé, au nombre de drapeaux étrangers flottant sur la Capitale que nous étions en 1940, lorsque le Führer envahit notre sol.

       Raison et Vérité ! Je veux évoquer la revue " Veritas " aujourd'hui disparue depuis fin 2018, parce que ses principaux animateurs, informateurs et rédacteurs sont rentrés dans un âge où le combat est difficile et parce qu'ils n'ont plus la force de leur vingt ans. Mais leurs idées sont toujours présentent dans nos pensées et nos cœurs parce que nous défendons la même " Vérité ! " de notre Algérie française, celle que nous proclamons pour laver l'affront d'un mensonge de l'État et l'indignation d'une liquidation humanitaire honteuse, sous couvert d'une cinquième République qui a failli, en 1962.

       Nous suivons leur exemple avec modestie, mais nous croyons en cette Raison et cette Vérité espérées par Voltaire. Pour cela, je veux rendre les honneurs à cette revue " Veritas ", longtemps sous la présidence de son fondateur aujourd'hui décédé, Joseph Hattab-Pacha ; aux très nombreux écrits de sa directrice et responsable de la publication, Anne Cazal ; aux propos si vrais de Geneviève de Ternant, d'Alain Algudo et de bien d'autres patriotes sous la direction de Jean-Marie Avelin. Tous ont mené et mènent encore ce combat de la Raison et de la Vérité. Ils sont des exemples à suivre pour défendre cette " Vérité pied-noir " qui nous est interdite et cette Raison qui s'oppose à des ignorants et des inconscients de l'Histoire qui jugent notre culture française inexistante, et transforment l'épopée glorieuse de la Terre de Nos Racines en un désastre humanitaire.
       Voltaire dit vrai. " La Raison et la Vérité sont toujours au fond d'un puits. "

Robert Charles PUIG / juillet 2019       
      


Ces Algériens qui transforment la France en champ de guerre après les matches
Par M. SALEM BEN AMMAR,


Et pourtant, ce n'est pas Durand-Dupont-Dubois qui écrit cet article prémonitoire...................!!!!!!!!!!!!
MERCI A TOUS NOS PRESIDENTS DE LA Ve REPUBLIQUE.
       A tous les bobos, collabos où autres bien pensants...
       .... QUI N'ONT PAS ENCORE COMPRIS !!!

Faudrait-il interdire l’Algérie de compétitions footballistiques internationales, pour en finir avec le déferlement de violence prenant les allures d’une véritable guérilla urbaine en France ?

       Une question certes irréaliste et saugrenue mais qui se justifie amplement par elle-même au regard des atteintes graves à l’ordre public apparentées à des pogroms antifrançais.

       Ils sont les seuls au monde à libérer leurs pulsions haineuses et bestiales en marge des matches de leur équipe nationale.

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       Sous le voile du football se dissimule le visage hideux et arrogant de ces supporteurs qui sont en réalité des meutes de loups sortis de leurs réserves indigénistes drapés dans le drapeau algérien pour marquer leur appartenance nationale avec force et fracas.

       N’en déplaise à leurs frères restés là-bas qui rêvent pourtant eux-mêmes de venir grossir leur rang qui voient en eux des Français d’origine algérienne comme s’ils avaient honte d’eux et qu’ils préfèrent faire endosser la responsabilité de leur comportement ultra-violent à la France.

       Ils ne sont plus des Algériens, ils sont des Français qui illustrent l’échec de la politique d’intégration de la France selon les bonnes âmes algériennes reines de la défausse. Un Français ne crache pas sur son drapeau national et n’exhibe pas un drapeau étranger pour se démarquer de sa communauté nationale.

       À ce jour on ne connaît rien du profil sociologique des casseurs des soirs des matches de football de l’équipe nationale algérienne pour pouvoir affirmer avec certitudes s’ils sont des Algériens d’ici ou de là-bas. La vérité est par l’image, ils ne sont pas des Maoris lls sont autant Algériens que leurs frères restés au pays. On ne saurait séparer le bon grain de l’ivraie. Il n’y a pas de bons Algériens que l’Algérie a jalousement gardés chez elle et qui travaillent d’arrache-pieds pour l’aider à rejoindre le peloton de tête des pays développés et ceux qu’elle a jetés dans les bras de la France qui n’a pas su en faire des citoyens à part entière.

       Après le pas d’amalgame de l’islam avec l’islamisme, on veut nous jouer une nouvelle et indécente rengaine des Algériens d’Algérie et des Algériens de France. Ils sont les deux faces du miroir algérien.

       Les loups lâchés dans l’arène après les matches de l’équipe d’Algérie portent une seule et unique nationalité, celle de l’Algérie dont ils arborent les couleurs avec une violence inouïe.

       Les actes de vandalisme et de pillage auxquels ils se livrent sont les faits d’individus qui ne font aucun mystère de leur nationalité. Qu’importe si certains d’entre eux sont porteurs de la nationalité française, ils sont avant tout et surtout algériens et leur attachement à la France ne dépasse pas la surface de leur CNI.

       Il faut être atteint de cécité mentale pour ne pas percevoir dans ces scènes de guérilla urbaine une démonstration de force, une intifada à la Hamas.

       On ne met pas la France à feu et à sang, ni on n’ envahit pas les Champs-Élysées, ni on ne brûle pas son drapeau national, ni on le remplace pas sur le mat de ses mairies par le drapeau algérien comme à Tours, ni on incendie pas les voitures par centaines si on était pas mu par des intentions hostiles et bellicistes.

       Les Algériens qui transforment la France en champ de guerre se servent de ces matches comme moyen pour affirmer leur toute-puissance hégémonique territoriale et leur mépris des lois de la République. Ils font comprendre à la France entière que la France est à eux et la loi ne s’applique pas à eux. Ils sont au-dessus de tout. Ils sont ses nouveaux colonisateurs.

       Leur comportement dépasse largement le cadre du sport et les résultats de leur équipe nationale quels qu’en soient l’issue. Pour eux c’est l’occasion de mener des offensives velléitaires contre la France histoire de tâter le terrain et de jauger les capacités réactionnelles de ses forces de l’ordre en attendant le grand soir. Celui où toutes les meutes de loups s’agrégeront entre elles pour partir à l’assaut de l’ensemble du territoire français au nom du djihad dans le sentier d’Allah.

       Les émeutiers des soirs des matches de l’Algérie se comportent comme des picadors qui sont là pour porter des coups de pique au taureau en attendant de lui porter le coup fatal.
Reproduction autorisée avec la mention suivante :
© Salem Ben Ammar pour Dreuz.info.
LE 18 JUILLET 2019
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Ecoute-moi bien,
toi le « supporter » algérien…

Envoyé par M. Ventura

Lettre à ces supporters "mal élevés"
À l’annonce de la victoire de l’Algérie en finale de la Coupe d’Afrique des nations, quelques débordements ont éclaté, comme le craignait la police. Près de 200 personnes ont été interpellées. Les drapeaux algériens ostensiblement de sortie n’étant pas toujours exempts de quelque hostilité, des Français peuvent se sentir en insécurité culturelle…
Lettre d’un grand frère aux « hooligans » algériens.

        Tu te dis amateur de foot, mais tu n'es rien d'autre qu'un mal-élevé. Tu te présentes comme supporter de l'équipe d'Algérie, mais tu n'es rien d'autre qu'un aigri qui passe ses nerfs sur le mobilier urbain. Un lâche qui a besoin de la foule pour passer à l'acte.
        Le drapeau algérien est ton alibi, ce qu'il représente t'est indifférent. Les seules couleurs que tu défendes sont les tiennes et elles sont tristes et délavées comme ton maigre bilan dans la vie.

        Tu es un embarras binational
        Tu n'es pas Algérien. Tu es simplement le résultat d'erreurs commises par des Algériens (tes parents qui n'ont pas su t'élever). Ton impolitesse fait de toi une caricature. Une sorte de bête de foire qui fait peur en même temps qu'elle inspire la pitié. Un cliché ambulant qui coche toutes les cases du " détestable ".

        VIVA L'ALGERIE ! DE QUOI TU PARLES ?
        En réalité, tu es un embarras binational. En France, tu causes la consternation. En Algérie, tu provoques la sidération à cause de ton manque total de savoir-vivre.
        " Viva l'Algérie ! " De quoi tu parles ? Est-ce qu'il t'arrive de t'entendre ?
        Tu ne connais même pas l'histoire de l'Algérie, autrement tu n'attirerais par l'opprobre sur le peuple qui a engendré des grands seigneurs comme Abdelkader ou Mokrani, nobles guerriers craints et respectés par leurs ennemis.

        Brûle ton passeport et casse-toi
        Tant de gens sont morts pour l'Algérie, tant de braves ont connu la faim et le froid pour te donner un pays souverain, tant ont soutenu la cause algérienne, avec armes et munitions parfois. Et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de poser tes fesses sur le capot d'une voiture en France et crier " Viva l'Algérie ! " Crois-tu honorer leurs sacrificies en te faisant passer pour un clown ?
        Un homme, un vrai, vit en fonction de ses valeurs. Si tu détestes la France, alors brûle ton passeport et casse-toi. Si tu estimes que tu as des droits sur la France, engage-toi dans un parti politique quel qu'il soit et défends-y tes intérêts.
        Ta maladie (car tu es vraiment malade) est une compulsion. À la moindre occasion, tu dois te remplir les poumons et la cervelle d'insultes et de bruits de sirène. On dirait que tu es vide de l'intérieur et que tout (et surtout n'importe quoi) peut combler ta vacuité.

        L'intégration fonctionne pour les autres
        Il t'a manqué une paire de baffes à un âge précoce. Tu avais besoin d'un cadre et l'on t'a donné des caresses. Tu languissais pour des règles et l'on t'a offert des excuses. Résultat : tu t'es perdu dans l'existence et tu as laissé passer ta chance de réussir.
        Maintenant, tu imputes ton échec aux autres. Tu veux gâcher la victoire du football algérien, en faire un événement triste et déplorable, ruiner l'œuvre de ces joueurs talentueux qui eux ont trouvé un sens à leur vie. L'histoire du sport africain se souviendra d'eux ; de toi personne ne gardera la moindre trace.
        En vérité, tu n'es rien de plus qu'un aigri et un jaloux. En brûlant les voitures et en cassant les vitrines, tu veux faire croire au monde qu'il n'y a pas d'intégration possible, que les Arabes ne seront jamais des bons citoyens. Or, tu le sais bien au fond de toi : l'intégration fonctionne pour certains. Pas assez pour absorber les bouleversements démographiques mais suffisamment quand même pour que des Algériens dirigent des cliniques ou donnent des cours à l'université. Leur succès t'est insupportable. Alors, tu casses et tu craches pour éclabousser leur aura.

        Le " traumatisme colonial ", de quoi parles-tu?
        Tu as la passion triste des peuples du sud qui aiment saboter les étoiles qui montent et cultiver les mauvaises herbes. Dès qu'une fille sort du lot, tu la traites de " pute ", dès qu'un mec se distingue, tu le qualifies de " traitre ". Tu n'es qu'une pâle copie des millions d'aigris qui peuplent les cafés au sud de la Méditerranée, comme eux tu es le porteur passif d'un virus mental nommé défaitisme.
        " Oui mais la France a colonisé l'Algérie pendant 130 ans ! " Ah le traumatisme colonial ! Pauvre garçon, tu as dû souffrir le martyre sous le joug des pieds noirs, toi qui es né après 1962 ! Tu n'as pas honte de t'approprier la souffrance de tes aïeux ?
        Toi qui compatis tellement aux crimes du passé, tu devrais t'intéresser aux outrages faits au peuple algérien avant 1830. Renseigne-toi sur l'occupation ottomane qui a duré plus de trois siècles… Tente de localiser sur une carte les infrastructures et les hôpitaux légués par les Ottomans en Algérie… Tu n'en trouveras pas.
        Les Ottomans ont prélevé l'impôt en Algérie, pratiqué l'esclavage, discriminé les populations autochtones qu'ils ont maintenues dans l'analphabétisme et le dénuement… et toi tu fermes les yeux ! Pourquoi tu ne vas pas crier " Viva l'Algérie " à Istanbul ?

        La France a tant fait pour l'Algérie
        En 1962, la France a laissé un pays équipé. Des routes magnifiques, des barrages, des centres de recherche, une chaîne de télévision moderne. Les Français ont soigné le typhus, le paludisme et la variole. Ils ont dépensé des fortunes pour améliorer le sort des Algériens. Pourquoi crois-tu que De Gaulle a tout voulu remballer et partir illico presto ? C'est aussi parce que ça coûtait cher à la France de soigner la misère accumulée par des siècles de mauvaise gouvernance et de retard technologique.
        Bien entendu, la France aurait dû faire plus, beaucoup plus. Elle a attendu 1954, c'est-à-dire le début des hostilités, pour se retrousser les manches sérieusement : campagnes de vaccination, dissémination des soins médicaux au djebel, développement de l'irrigation. Oui, la France a des choses à se reprocher mais tant de choses à mettre à son crédit. L'histoire est têtue mais elle est aussi faite de contrastes. Il n'y a que les enfants et les sots pour refuser la nuance.
         " L'Algérie est un pays riche et la France l'a pillé ! " Douce illusion. Il faut lire Jacques Marseille et Daniel Lefeuvre pour comprendre que la colonisation n'a pas été une bonne affaire pour les Français. Elle l'a été pour certains capitalistes, c'est indéniable, mais pas pour la République Française.

        La valise ou le cercueil
        La colonisation a été réellement utile pour la France pendant la Seconde Guerre Mondiale lorsque les musulmans d'Algérie, les pieds noirs et des dizaines de milliers d'indigènes (Maliens, Sénégalais, Marocains) ont combattu le nazisme. Là pour le coup, il y a de quoi être fier. Malheureusement, je ne t'ai jamais entendu réclamer la revalorisation des pensions versées aux anciens combattants et à leurs descendants.
        L'Algérie aurait pu être un pays riche… si elle avait seulement gardé ses pieds noirs. Une population dynamique et parfaitement adaptée aux conditions locales. Parmi eux, il y avait des industriels, des médecins et des professeurs, des talents inestimables expulsés par le slogan : " la valise ou le cercueil ". L'Algérie ne cesse de payer le prix de cette erreur historique (ce n'est pas moi qui le dis, c'est Hocine Ait Ahmed).
         " La France a torturé en Algérie ! " Il n'y a aucun doute que la présence française a été entachée d'immenses parts d'ombre. Tu connais un peuple de saints toi ? Un peuple immaculé, exempt de toute culpabilité ? Es-tu suffisamment naïf pour croire que les Arabes ont dominé les Berbères d'Algérie en distribuant des roses et du miel ?

        Passer à autre chose
        Passer les doigts en permanence sur les cicatrices réveille les vieux souvenirs, même les plus abjectes. Combien de tués au nom de la libération de l'Algérie ?
        Apprends à tourner la page. Il n'y a que les enfants qui vivent dans la mémoire immédiate. Les adultes sont capables d'aller de l'avant. Est-ce que les Chinois passent leur vie à cracher sur les Japonais pour le viol de Nankin ? Non, ils préfèrent travailler ! Est-ce que les Vietnamiens tiennent rigueur aux Français pour l'Indochine ? Non, ils n'ont pas le temps de se plaindre, ils bossent !
        Chaque année, plus de 1,5 milliards d'euros sont transférés vers l'Algérie par la diaspora installée en France. Pas mal, tu ne trouves pas ? Je ne connais pas un programme d'aide au développement qui soit aussi généreux et durable ! Considère ça comme une sorte de réparation, un solde de tous comptes. Et passe à autre chose.
        À ta décharge, ceux qui devraient t'ouvrir les yeux brillent par leur absence… Artistes, joueurs de football et autres stars issues de la diversité se taisent. Ils suivent le sens du vent dominant chargé de repentance.

        Enfants de France ?
        À ta décharge aussi, il est évident que tu souffres. Ton agressivité n'a d'égale que ton mal-être.
        La France te considère comme un enfant turbulent qui pourrit la vie de parents fatigués. Un enfant adopté que l'on regrette d'avoir amené à la maison. Ceux qui doivent t'orienter sont eux-mêmes en détresse : ils sont égarés par un malaise dans les valeurs qui remonte à 1968 et lessivés par tant de reproches et de récriminations. Avoir pitié de toi ne te rend pas service. La France ne va pas changer pour te faire une place, le monde non plus. Tu as raté la première mi-temps, ce n'est pas si grave que ça. La vie est un match de foot qui se gagne aux prolongations. Ressaisis-toi, arrête de chahuter et va t'entraîner, la deuxième mi-temps est pour tout de suite.

Driss Ghali
Ecrivain et diplômé en sciences politiques, il vient de publier
"Mon père, le Maroc et moi" aux Editions de l'Artilleur.


LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


                            Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Gelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.

             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Millesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :

CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envois divers

Pourquoi l'Algérie n'est-elle pas devenue un pays comme l'Afrique du Sud

Envoyé par José

Par Liberté Algérie par APS le 10/08/2019

Que se serait-il passé si les juifs algériens et les Européens d’origine algérienne étaient restés ?

             Pourquoi l'Algérie n'est-elle pas devenue un pays comme l'Afrique du Sud, au nord du continent ?

             Que se serait-il passé si les juifs algériens étaient restés dans le pays après l'indépendance ? Cette question dérange, parce que nous avons produit un citoyen qui craignait les questions, se contentant des réponses prêtes-à-porter. L'histoire nous a appris que là où vivent les juifs, la société est en dynamisme. La gestion intelligente des affaires publiques et privées par les citoyens juifs algériens était incontestable en économie, art, agriculture, commerce, finances, artisanat, médias... Comme dans les rangs des musulmans autochtones, il y avait des harkis, dans les rangs des “juifs”, on a trouvé également des harkis. Il n’y a pas de différence entre un traître musulman et un autre juif, comme il n’y a pas de différence entre un combattant juif et un combattant musulman. La religion n’est pas un facteur déterminant dans l’amour d’une patrie, c’est l’engagement politique pour l’indépendance qui détermine le patriotisme.
             L’Afrique du Sud a souffert des pratiques les plus sévères du colonialisme : l’apartheid. Mais au bout d’une décennie, ce peuple martyrisé est parvenu à enterrer le passé et réaliser un modèle de coexistence sociale, basé sur le pluralisme, la diversité et le vivre-ensemble. Cela lui a permis de réaliser un sursaut sans précédent sur les plans politique, économique, social et culturel.
             Aucun pays africain n'a vécu ce que l’Afrique du Sud a connu dans ses relations avec le colonialisme, à l'exception de l'Algérie.

             Mais pourquoi l'Algérie ne s'est-elle pas transformée en une autre Afrique du Sud, au nord du continent ?
             La classe politique éclairée qui a pris le pouvoir en Afrique du Sud après la chute de l’apartheid a choisi une véritable réconciliation, loin du populisme, pour construire un nouvel État avec toutes les composantes ethniques, religieuses et culturelles. En Algérie, la classe politique qui a confisqué le pouvoir après la guerre de libération n'a pas pu et n'était pas capable politiquement, de créer une telle réconciliation. Pour la raison évidente que cette classe politique algérienne qui s’est trouvée maître de la maison n'était pas cultivée. Elle était dominée par une mentalité paysanne traditionnelle avec une sensibilité religieuse conservatrice. Aussitôt elle a étouffé tous les courants politiques garants de la diversité.

             Pourquoi l'Algérie n'est-elle pas devenue un pays comme l'Afrique du Sud, au nord du continent ? Ceux qui réussissent à diriger le mouvement de libération ne sont pas nécessairement les qualifiés pour diriger la période de la construction d'un État national, et c'est le cas du pouvoir algérien. La direction de la guerre de libération a sa logique qui est complètement différente de celle de la construction d’un nouvel État indépendant.

             Pourquoi l'Algérie n'est-elle pas devenue un pays comme l'Afrique du Sud, au nord du continent ? C’est parce que le pouvoir politique algérien, dès les premières années de l’indépendance, n’a pas été en mesure d’instaurer une réconciliation juste et durable entre les composantes ethniques, religieuses et humaines qu’elle a héritées de la période coloniale. La première de ce capital humain est la composante européenne, c’est-à-dire les Algériens d’origine européenne. Au fil du temps, après plus d’un siècle de colonisation, cette composante s’est transformée en un pouvoir économique, agricole et urbain. Elle n’a cessé de réclamer une indépendance vis-à-vis de la métropole. Sur le plan littéraire, basé sur cette accumulation culturelle, artistique et linguistique, le mouvement indépendantiste appelé “Les Algérianistes” prônait l'indépendance littéraire vis-à-vis de la littérature des salons parisiens.
             Après la Seconde Guerre mondiale, un autre mouvement littéraire est né, “L'école d'Alger”, qui a enfanté de grands écrivains tels Albert Camus, Mohammed Dib, Mouloud Feraoun, Roblès et d’autres. La violence sanglante perpétrée après la déclaration du cessez-le-feu a fait perdre à l’Algérie indépendante un énorme capital de savoir-faire dans la gestion de l'agriculture, de l'administration, des villes et des institutions de l'État en général.

             La révolution algérienne n'était pas l'œuvre des Algériens musulmans uniquement; de nombreux Européens d'origine algérienne y avaient participé, dont plusieurs étaient tombés au champ d’honneur, d’autres emprisonnés et torturés.
             En l’absence d’une véritable réconciliation, l’Algérie a perdu de cette composante humaine : les Européens d’origine algérienne.

             Pourquoi l'Algérie n'est-elle pas devenue un pays comme l'Afrique du Sud, au nord du continent ? L'Algérie a perdu une autre composante humaine, les juifs algériens qui vivaient sur cette terre depuis des millénaires. La population autochtone composée de musulmans et de juifs vivait en toute harmonie sociale et religieuse. Ils portaient les mêmes vêtements, mangeaient la même nourriture, montaient les mêmes montures, chantaient les mêmes chansons et jouaient la même musique.
             Le décret Crémieux d'octobre 1870, qui a donné le droit à la nationalité française aux juifs indigènes, a créé la première fracture au milieu de la population autochtone.

             Que se serait-il passé si les juifs algériens étaient restés dans le pays après l'indépendance ? Cette question dérange, parce que nous avons produit un citoyen qui craignait les questions, se contentant des réponses prêtes-à-porter. L'histoire nous a appris que là où vivent les juifs, la société est en dynamisme. La gestion intelligente des affaires publiques et privées par les citoyens juifs algériens était incontestable en économie, art, agriculture, commerce, finances, artisanat, médias... Comme dans les rangs des musulmans autochtones, il y avait des harkis, dans les rangs des “juifs”, on a trouvé également des harkis. Il n’y a pas de différence entre un traître musulman et un autre juif, comme il n’y a pas de différence entre un combattant juif et un combattant musulman. La religion n’est pas un facteur déterminant dans l’amour d’une patrie, c’est l’engagement politique pour l’indépendance qui détermine le patriotisme.
             De nombreux juifs algériens ont rejoint les rangs de la révolution contre le colonialisme français, dont plusieurs sont tombés en martyrs. Le cas de Fernand Yveton, guillotiné le 11 février 1957 par l’armée coloniale, en est un exemple. Par peur du pluralisme politique et linguistique, de la diversité ethnique et religieuse, l’enseignement officiel de l’histoire nationale plaçait les juifs algériens ainsi que les Algériens d’origine européenne du côté du mal. Ainsi, la nouvelle génération a été soumise au lavage de cerveau, par les programmes scolaires, par les discours du pouvoir politique, par les discours des partis islamistes, par les charlatans prédicateurs. Pour tous ces facteurs et d’autres, l’Algérie ne pourrait et ne pourra jamais se transformer en un pays ressemblant à l’Afrique du Sud.
A. Z.           
aminzaoui@yahoo.fr           


SOUFFLES…SOUFFLES…SOUFFLES…

Envoyé par Jeanne
https://www.liberte-algerie.com/culture/la-guerre-entre-le-francais-et-langlais-en-terre-dapulee-sur-un-fond-islamique-320189


Liberté Algérie   l Par M. A. Z - 18/07/2019

La guerre entre le français et l’anglais en terre d’Apulée sur un fond islamique !

        Une fois de plus, en un demi-siècle d’indépendance, un peu plus, voici l’Algérie qui se réveille sur les tambours battants d’une nouvelle guerre linguistique déclarée. C’est un nouvel épisode d’un feuilleton de guerres linguistiques qui a rongé l’école, la classe politique, les intellectuels et même les mosquées ! Cette nouvelle guerre, en plein Hirak, est déclenchée entre le français et l’anglais ! La guerre de Cent ans est déclarée sur la terre d’Apulée, de Mammeri, de Moufdi Zakariya, de Si Mhand U Mohand, d’El-Khaldi, de Kateb Yacine, de Mohammed Dib, d’Assia Djebar, de Benguitoune…

        En réalité, la guerre déclarée, dans les années 1970, contre le français, et au nom de l’arabisation, était une guerre politique contre tamazight. La seule langue qui dérange la classe politique algérienne c’est bel et bien tamazight ! Tamazight depuis l’indépendance fut la cible de deux ennemis ; d’un côté le courant du panarabisme baâthiste qui la considère comme sœur jumelle du français, et de l’autre côté, le courant des islamistes (les frères musulmans et leurs dérivés) qui considèrent tamazight comme langue d’impies, et de ce fait, menace l’islam en Algérie.

        Les partisans de l’arabisation ne cherchaient pas la promotion de la langue avec laquelle écrivait Ibn Rochd, Al Maârri, Arrawandi, El-Mutanabbi, Adonis, Mahmoud Darwich et tous les autres impies “zanadiqa”, ils cherchaient plutôt à implanter une idéologie à travers cette langue, l’idéologie des frères musulmans et de la “salafiyya”. Ils voulaient faire passer à travers l’arabe, et ils ont réussi, les idées de Sayyid qotb, d’Ibn Timiyya, de Youcef al Qaradaoui, de Âid Al-Qarni….

        Cet appel au remplacement du français par l’anglais a été lancé par les baâthistes, dans les années 1990. Les partisans du remplacement du français par l’anglais pensent que cette dernière, c’est-à-dire l’anglais, est la porte magique du “progrès”, le tapis volant vers la “science technologique”. Ces partisans de l’anglais oublient que de nombreux pays africains, nos voisins, sont noyésdans le sous-développement malgré avoir choisi, il y a belle lurette, la langue de Shakespeare comme langue nationale et officielle à l’image du Nigeria,du Soudan,du Kenya, de l’Ouganda, du Ghana, du Zimbabwe, de la Sierra Leone, du Lesotho, du Botswana...

        L’anglais n’a pas sauvé les populations de ces pays de la famine, des maladies, de la pauvreté, de la violence, des guerres tribales. La langue anglaise n’a pas libéré ces populations des pouvoirs politico-financiers corrompus. Le remplacement du français par l’anglais dans l’école algérienne serait un nouveau désastre pour l’éducation nationale et pour l’université. Comment peut-on imaginer l’enseignement d’une langue, en l’occurrence l’anglais, dans un pays qui est l’Algérie où il n’y a ni conditions matériels, ni compétences pédagogiques, ni encadrement humain, ni bain linguistique !

        Le remplacement du français par l'anglais est une aventure politicarde orchestrée par les islamo-baâthistes, la nouvelle génération des milices de “l'arabisation”, afin d’enterrer le dernier souffle d’ouverture parvenant à travers le français. La langue française en Algérie est une réalité historique, sur le plan culturel comme sur le plan démographique. Il y a dix millions de citoyens algériens qui utilisent cette langue dans leurs transactions économiques, culturelles, artistiques, touristiques et autres. Certes, les Algériens ont algérianisé le français !

        La communauté algérienne vivant en France ou au Québec qui dépasse les cinq millions est un capital humain important, un vif pont vers l’autre, sur lequel il faut miser pour un renouvellement économique, une nouvelle Algérie plurielle et en bonne santé politique et culturelle. Nul ne peut nier que l'Algérie est le premier pays francophone après la France, même si elle n'est pas membre de l'Organisation internationale de la Francophonie.

        Nul ne peut nier que les écrivains et les intellectuels algériens francophones, toutes générations confondues, créent en littérature, au cinéma, théâtre, une production exceptionnelle. Depuis la génération de Mohammed Dib, Mammeri, Kateb Yacine, en passant par Assia Djebar, Mohamed Arkoun, Rachid Mimmouni, Tahar Djaout et jusqu’à Kamel Daoud, Boualem Sansal, Salim Bachi, Anouar Benmalek, Yasmina Khadra… cette production intellectuelle, littéraire et artistique représente l’image universelle de l’Algérie.

        Le français et la culture française des Lumières ne sont pas la propriété du système politique français, ils sont un patrimoine méditerranéen et universel. Le français restera notre accès à la pensée humaine à travers les belles traductions. Dans cette langue on a découvert les richesses universelles allemandes, américaines, russes, japonaises, chinoises et autres. Ceux qui combattent le français oublient que l'anglais est présent à l'école algérienne à partir de la première année du collège, et tant mieux.

        Les partisans de l'enseignement de l'anglais ne cessent de scander que le français est la langue de la colonisation, oubliant que l'anglais est la langue de l'impérialisme américain qui a détruit l'Irak et dévasté la Syrie, qui a déclaré Jérusalem capitale d'Israël malgré l’opposition de l'ensemble des pays de l’Union européenne, y compris la France. L'Algérie d’aujourd'hui n'est pas une colonie française, elle est une colonie de sous-développement, de la corruption et des corrompus.
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr           


Bilan de police du premier semestre 2019 à Annaba

Envoyé par Louis
https://www.liberte-algerie.com/est/saisie-de-46-kg-de-kif-et-de-336-g-de-cocaine-321420


par liberté Algérie, A. Allia 06/08-2019 ,

Saisie de 46 kg de kif et de 336 g de cocaïne

           Dans le cadre de leurs actions de proximité, les services de police judiciaire, de la voie publique, de la formation, de la santé publique et des activités sociales et sportives dépendant de la Sûreté de wilaya de Annaba ont organisé, avant-hier, une campagne de sensibilisation contre les dangers de la toxicomanie sous toutes ses formes.

           Cette action qui a concerné les jeunes et particulièrement les adolescents s’est traduite par la tenue d’une exposition, dénonçant les méfaits de la drogue, au commissariat du 7e arrondissement situé en bordure de la plage Fellah-Rachid, ex-St Cloud, est-il indiqué dans un communiqué de la cellule de communication de ce corps constitué.

           Nous apprenons, par ailleurs, dans le même communiqué, que les éléments de la Sûreté de wilaya de Annaba ont traité 549 affaires liées au phénomène de la toxicomanie durant le premier semestre de l’année 2019, des affaires dans lesquelles 675 individus étaient impliqués. Ainsi, les policiers ont procédé, au cours de cette période, à la saisie de 46,255 kg de chanvre indien, 336,95 grammes de cocaïne et 28 453 comprimés psychotropes.
          
A. Allia                      

ECONOMIE

Envoyé par Vivien
https://www.tsa-algerie.com/le-gouvernement-peine-a-dissimuler-les-effets-dune-crise-economique-qui-saggrave/


 APS - Par Hassan Haddouche - 08 Août 2019

Le gouvernement peine à dissimuler les effets d’une crise économique qui s’aggrave

           Il s’agit certainement d’un indice révélateur de l’ambiance qui règne actuellement au sein des milieux économiques algériens. Le patron d’un important cabinet de comptabilité confie à TSA que parmi les centaines d’entreprises que compte son portefeuille de clients, la quasi-totalité lui ont demandé d’adresser à l’administration fiscale une correspondance indiquant qu’elles seront dans l’incapacité de verser, au deuxième semestre 2019, les « acomptes prévisionnels » au titre de l’impôt sur les bénéfices pour l’exercice en cours.

           Explication : les entreprises algériennes tous secteurs confondus anticipent une baisse sensible de leur activité et une forte réduction de leurs profits voire, pour nombre d’entres elles, des pertes sévères dans les mois à venir.

           Plus globalement, de nombreux signaux semblent indiquer que les nuages s’amoncellent au-dessus de l’économie nationale. L’année 2019 pourrait bien mettre à l’épreuve, plus tôt que prévu, une économie et des entreprises déjà fragiles pour la plupart d’entre elles. Pour l’instant, la communication gouvernementale et les statistiques officielles restent discrètes sur la réalité d’une crise économique dont la plupart des opérateurs font pourtant état de plus en plus franchement.

           Le pétrole, le bâtiment et l’agriculture en difficulté

           C’est ainsi que, pas plus tard que la semaine dernière, les médias officiels tentaient encore de présenter les résultats de la croissance au premier trimestre 2019 comme une nouvelle « rassurante » sur l’état de santé de l’économie nationale.

           Selon les statistiques de l’ONS, la croissance globale du PIB de l’Algérie a atteint 1,5% au 1er trimestre 2019. Les commentateurs officiels ont juste oublié de dire que cette « performance » globale est la plus mauvaise des 20 dernières années.

           Dans le détail, elle recouvre d’abord une baisse de l’activité du secteur des hydrocarbures qui recule encore de -7,7% au 1er trimestre 2019, contre -2,4% durant la même période de l’année écoulée.

           Personne pour l’instant, ni au sein du gouvernement ni à Sonatrach, n’a jugé utile de fournir des explications convaincantes sur cette réduction persistante de l’activité du secteur pétrolier qui semble s’amplifier et qui est en passe de prendre des proportions catastrophiques.

           De son côté, la croissance du PIB hors hydrocarbures, est jugée « appréciable » par la communication gouvernementale. Elle est tirée essentiellement par l’activité des services marchands, de l’industrie, du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (BTPH) et enfin du secteur agricole.
           En réalité, selon l’ONS, seule l’activité des services marchands a connu une croissance importante, de l’ordre de 5,6%, durant le 1er trimestre 2019, contre 3,6% à la même période en 2018. Dans la terminologie de l’Office des statistiques, les services marchands sont les transports et communications, le commerce, les services fournis aux entreprises et aux ménages, ainsi que les Hôtels-cafés-restaurants.

           Les autres secteurs connaissent tous une réduction sensible de leur rythme de croissance. Il s’agit, en premier lieu, du secteur du BTPH qui a réalisé une croissance inférieure à 3%, contre 5,1% durant la même période de 2018. La croissance est également en forte baisse dans le secteur de l’agriculture avec seulement 2,7%, contre 4,5% et celui des services non marchands avec +1,7% contre 2,3%, détaillait l’Office algérien des statistiques.

           Les réserves de change en chute libre

           On relève la même évolution inquiétante et la même dénégation de la réalité des faits de la part de la communication du gouvernement dans le cas des réserves de change.

           En juillet, le ministère des finances annonçait que les réserves de change de l’Algérie avaient reculé à 72,6 milliards de dollars à la fin avril 2019, contre 79,8 milliards à la fin de l’année 2018, soit une baisse de 7, 2 milliards de dollars en seulement 4 mois. Aucune explication officielle non plus sur cette accélération inattendue de la fonte de nos réserves internationales. A ce rythme elles pourraient se réduire de près de 22 milliards sur l’ensemble de l’année et passer largement sous la barre des 60 milliards de dollars à fin 2019, d’autant que les prix du pétrole sont orientés à la baisse : en une semaine le Brent a perdu près de 10% passant largement sous la barre symbolique des 60 dollars. Les analystes anticipent une poursuite de la baisse dans les prochaines semaines dans un contexte de ralentissement de la demande mondiale.

           Dans un entretien à l’APS. Mohamed Loukal jugeait imperturbablement que « le niveau des réserves est relativement satisfaisant, il équivaut à deux années d’importation et il nous permet une marge de manœuvre importante en matière de redressement de la situation financière ». Un commentaire des autorités financières algériennes exactement identique depuis 2014. A l’époque les réserves de change frôlaient la barre des 200 milliards de dollars.

           En juillet, le ministre des finances ajoutait quand même que « pour faire face à l’érosion continue des réserves de change, le gouvernement s’est récemment engagé dans une démarche basée sur la rationalisation des importations des biens, à travers leur limitation aux besoins réels du marché national, en attendant la généralisation de cette approche aux services ».

           Au cours des derniers mois ce sont successivement les activités du montage automobile, de l’électroménager, de l’électronique grand public ainsi que, tout récemment, les minoteries qui se sont vus imposer des quotas d’importation en forte baisse et qui ont considérablement réduit leur niveau d’activité en contraignant beaucoup d’entreprises à prendre des mesures de chômage technique.

           Les moteurs de la croissance en panne

           Malheureusement, ces premiers résultats en matière de croissance et de réserves internationales de change, déjà très préoccupants, ne couvrent que les premiers mois de l’année en cours et sont donc pour l’essentiel de cette période exempt de l’impact de la crise politique et des conséquences des décisions des nouveaux décideurs sur le climat des affaires dans notre pays.

           Ces conséquences devraient surtout être sensibles au cours de la deuxième partie de l’année 2019 et seront marqués, selon les experts consultés par TSA, par une aggravation de la crise économique.

           Pour la plupart des analystes, les principaux moteurs de la croissance économique sont aujourd’hui gravement affectés et risquent de s’éteindre l’un après l’autre.

           Le premier de ces moteurs, celui qui a été traditionnellement le plus important, est la dépense publique. Il est déjà fortement grippé. C’est le ministère des finances lui-même qui annonçait très officiellement en juin dernier que les dépenses d’équipement de l’Etat ont connu une véritable dégringolade au premier trimestre 2019.

           Tandis que les dépenses de fonctionnement continuent de battre des records et sont en hausse de plus de 12%, les dépenses d’équipement ont enregistré une baisse de 28 %. Elles ne représentent plus que 890 milliards de dinars contre près de 1250 milliards l’année dernière à la même époque.

           Un chiffre qui confirme et explique sans doute en grande partie les inquiétudes exprimées par beaucoup d’associations professionnelles, qui ont tiré la sonnette d’alarme sur la situation des entreprises dépendantes de la commande de l’Etat. C’est en particulier le cas des entrepreneurs du BTP qui dénonçaient au cours des derniers mois l’accumulation des arriérés de paiement et la baisse de leur plan de charge qui aurait déjà conduit à la fermeture de plusieurs milliers d’entreprises et la mise au chômage de plus de 200 000 travailleurs depuis le début de l’année.

           Un secteur privé déstabilisé

           Un autre moteur de la croissance est désormais très sérieusement menacé. Il s’agit de l’investissement privé. L’impact de la situation politique du pays est très fortement ressenti par le secteur privé qui a été la première cible de la campagne anti-corruption.

           Au cours des derniers mois, dans le cadre de l’opération « mains propres », de nombreux hommes d’affaire parmi les plus en vue ont été placé sous les verrous. La liste s’allonge, chaque semaine, des chefs d’entreprises du secteur privé qui ont été incarcérés de manière expéditive bien que beaucoup d’observateurs et de juristes aient souligné que de nombreux autres instruments, bien moins risqués pours les entreprises et les emplois, soient pourtant à la disposition de la justice.

           Cette opération qui est en train de prendre les dimensions d’un véritable jeu de massacre pour le secteur privé se poursuit « sans que personne puisse en prévoir la fin » commente un patron algérien.

           Dans ce contexte, les patrons algériens semblent tétanisés et hésitent aujourd’hui à s’exprimer publiquement. De très nombreux témoignages indiquent cependant sans aucune ambiguïté que l’effort d’investissement des entrepreneurs algériens, à quelques rares exceptions près, est aujourd’hui quasiment à l’arrêt tandis que de vives tensions sont également signalées par les opérateurs économiques notamment en matière de distribution du crédit.

           Vers une contraction du PIB en 2019 ?

           Le dernier moteur de croissance encore actif commence de son côté à donner lui aussi des signes de fatigue. Il s’agit de la consommation des ménages. Beaucoup de professionnels commencent au cours des derniers mois à se plaindre d’une baisse sensible de la demande. Même des secteurs comme l’agroalimentaire semblent désormais être touché. Depuis le début de l’été les agences de tourisme signalent une baisse sensible de leur activité et, signe qui ne trompe pas, même le cours des devises sur le marché parallèle a reculé fortement en raison d’une demande nettement plus faible que les années passées.

           Comment l’économie algérienne encaissera t’elle le choc ? Pour l’instant les pronostics sont très défavorables. On pourrait bien être à la veille d’une contraction du PIB en 2019 d’autant plus que la croissance prévue initialement pour l’année en cour était déjà anémique.
           Dans ce contexte l’évolution de l’emploi devrait constituer une préoccupation de plus en plus importante dans la période à venir. Les institutions financières internationales annoncent déjà une aggravation sensible du chômage au cours des prochains mois alors que des centaines de milliers de jeunes, diplômés ou non, se préparent à se présenter sur le marché du travail.

           De façon assez paradoxale, les principaux bénéficiaires de la situation actuelle devraient être d’abord le secteur informel qui risque de profiter mécaniquement du ralentissement de l’activité des entreprises privées légalement constituées. Les importations pourraient également être appelées à la rescousse et se trouver stimulées par les défaillances de la production nationale.
Par Hassan Haddouche                      

MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
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De M. Prieto

           Je recherche de Mr PISANI Maximilien, ayant servit dans l'armée de terre à la 410éme CRD à Méchéria dans le sud Oranais en 61 et 62
           En éspérant avoir un réponse favorable.
           Laurent Prieto
           adresse de courrier = p781507@gmail.com
De M. P.Regnard

           Un fidèle lecteur de la SEYBOUSE fait la recherche suivante, si un autre lecteur pouvait aider...
           "Bonjour Monsieur,
           J'habitais à la cité JUANOLA, (ce quartier: du Pont blanc – Hôpital Civil – Rues Deplano - Castaglioli – Portelli – Murtas – Liberto- etc.), lieu de résidence encore et toujours de mes souvenirs de ma très chère terre.
           Je voudrais vous demander si par le biais de vos amis et lecteurs si vous pourriez m'avoir des vues de ma chère cité telle que je l'ai vécue jusqu'en 1962.
           Je vous en remercie par avance et vous félicite pour le travail que vous accomplissez."
           P.Regnard
           pierreregnard@orange.fr

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.  
                                        Diaporama 124
    PDF 125                                                       Diaporama 126
    PDF 127                                                       PDF 128
    Diaporama 128                                          Diaporama 129
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    Diaporama 130
Pierre Jarrige
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Mon adresse : jarrige31@orange.fr

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Histoire Soufie
Envoyé par Fabien
Mon Ami, Nasrudin !
       Les histoires de Nasr Eddin Hodja peuvent être appréciées pour l’absurdité amusante apparente de la plupart des situations,mais peuvent aussi être interprétées de différentes manières, comme des contes moraux ou des histoires spirituelles. Voici :

       Les habitants d’Aksehir ont besoin d’un sage pour leur apprendre le monde.
       Ils vont chercher Nasr Eddin et l’amènent en place publique.
       « Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ?
       - Tout !
       - Je n’ai rien à faire avec de tels ignorants. » Et Nasr Eddin s’en va.

       Les dignitaires réfléchissent et demandent au peuple de répondre sans froisser le grand sage.
       Ils vont rechercher Nasr Eddin qui demande :
       « Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ?
       - Rien !
       - Alors si vous savez tout, je m’en vais. » Et Nasr Eddin s’en va, énervé.

       Les dignitaires réfléchissent de nouveau et demandent cette fois-ci au peuple un peu plus de compréhension avec une telle sagesse. Ils vont retrouver Nasr Eddin et le ramènent en ville.
       « Que voulez-vous que je vous apprenne que vous ne savez pas ? »
       Une moitié crie :
       « Rien ! »
       Et l’autre moitié :
       « Tout ! »

       Alors Nasr Eddin excédé, dit :
       « Hé bien, que ceux qui savent apprennent à ceux qui ne savent pas. »
       Nasr Eddin s’en va


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