N° 162
Juin

http://piednoir.net
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1er Juin 2016
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO

MEMOIRE et NOSTALGERIE
Chers Amis,

         Cet Edito commence par un poème " Au Pays Perdu " de M. Robert Soria, pour rappeler un peu d'où l'on vient. Pour nous, du plus beau des pays.

         - Une petite histoire sur les permissionnaires d'Algérie à Marseille et ce qu'ils enduraient au camp américain pendant la guerre de 14/18. Cela s'est reproduit en 1962 avec les exilés et dépatriés.

         - Un hommage de M. Alexandre Papier à un homme méconnu, M. Joseph-Marius Nicolas, qui a œuvré à l'Académie d'Hippone et surtout a été un grand Typographe et Rédacteur de notre illustre Seybouse d'origine.

         - Les Ruines de la Place d'Armes à Bône nous offrent un spectacle de désolation. L'article qui suit résume bien la situation.
         - La suite du voyage dans le Sahara et le Mzab par le père F. Charmetant, missionnaire d'Algérie.

         - Le Rappel de la Saint-Couffin le 19 juin 2016 à UZES, un Rendez-Vous incontournable pour les Bônois et tous ceux de l'Est de l'Algérie. Soyez nombreux.

         - La suite du récit de " L'Algérie à la Normandie " racontée par M. Joseph Aletti. Récit qui prouve que le P.N. en général a continué son œuvre de pionnier en recommençant sa vie en métropole.
         - Après les poèmes de nos amis Jocelyne Mas et Hugues Jolivet, voici une Fable Bônoise de M. Edmond Brua et publiée, il y a plus de 70 ans.

         - La Gazette de l'ARDHAN nous livre le récit de M. Pierre Mathieu sur l'attentat à la bombe, lors du vol Oran-Paris le 19 décembre 1957.

         - Une pentecôte judéo-chrétienne nous est racontée par l'Abbé Alain Arbez.
         - Le docteur Jean Claude Pérez dans le Cycle de l'Adieu, poursuit son enseignement de l'histoire avec le douzième épisode de l'Agonie des Cathédrales.
         - A l'occasion du 55ème anniversaire du putsch d'Alger le 22 avril 1961, une petite récapitulation des unités engagées. Auteur Inconnu ?

         - Le Général Martinez, dans sa livraison du 12 mai 2016, réfléchit sur " Deux visions de l'intérêt de l'Etal et de la Nation "
         - La libre opinion du Commandant Gérard qui clame que pour " gagner la guerre contre l'islamisme, il faudra la déclarer. "

         - Le Sénat a publié un état sur les lieux de mémoire 14/18 et comment ne pas les oublier. Un beau poème de Victor Hugo souligne cette mémoire.
         - Deux nouvelles de là-bas terminent ce N° entrecoupé de petites blagounettes.
         Bonne lecture
JPB           
         Diobône,
         A tchao.
       



Au Pays perdu
ECHO D'ORANIE - N°295



              A ceux qui ne sont plus, à ceux qui n'ont pas vu
              L'abandon de la terre où nous avons vécu
              J'écris ces quelques lignes pour leur rendre l'hommage
              Que l'histoire aurait dû rappeler dans ses pages.
              Dans les plaines jadis rongées de marécages
              Ils ont planté le blé, l'orange et les fourrages.

              Venus de tous les coins, d'Espagne, de France ou d'Italie
              Ils ont bu pour rester, le vin jusqu'à la lie
              C'est dans les cimetières qu'on peut lire leur histoire.
              C'est là qu'ils ont fini leur triste vie sans gloire
              Pour que restât française la terre de tant de morts.
              Dans la paix et I'honneur ils sont demeurés forts

              S'ils ont laissé leurs biens sur la terre tant aimée,
              Tout au fond de leur cœur, ils la gardent enchâssée,
              Toute pareille aux reliques qu'on vénère à genoux,
              Elle renaît de ses cendres en souvenirs très doux.
              Et plus le temps s'écoule et plus je rêve encore
              A ces jours si heureux que je me remémore
              Quand hélas, un jour, nos yeux se fermeront
              C'est toujours Perrégaux que nous regretterons.
Robert SORIA                        





LE MUTILE N° 35, 9 septembre 1917 (Gallica)
Nos permissionnaires à Marseille
          Nous lisons dans l'Action Algérienne, Tunisienne et Marocaine sous la plume de notre confrère Maurice Levet, dont le talent et l'énergie s'emploient si superbement -à la défense de nos poilus algériens, les lignes suivantes que nous reproduisons avec le plus vif plaisir car nous sommes absolument de cœur avec lui pour l'idée généreuse dont il a eu l'initiative :
         " Une note officielle qui nous est adressée, veut nous persuader que nous avons été induits en erreur.

         " Les permissionnaires de passage sont nourris et couchés au camp américain ". Nous ne l'ignorons pas ; mais ce nous est une raison de plus pour plaindre les malheureux poilus qui sont obligés d'avoir recours au camp. Pour une mauvaise soupe et une botte de paille, on les astreint à des corvées fatigantes qui souvent se terminent par quelques jours de punition.

         Lors de notre passage à Marseille, nous avons rencontré un sergent de zouaves qui venait d'être frappé de 30 jours d'arrêts pour n'avoir pas répondu à l'appel du matin.

         On comprend facilement en quelle sainte horreur nos poilus tiennent le camp américain !

         Non il faut autre chose et l'initiative qu'avait prise M. Delafond répondait à une nécessité absolue.

         Si la caisse des Algériens à Marseille n'est pas assez riche, je le comprends étant donné la quantité de permissionnaires de passage, il ne faut pas compter sur le Gouvernement.

         Voilà une idée que je suggère :

         MM. Morinaud, de Galland et Gasser n'auraient qu'à se concerter pour créer à Marseille une sorte de Foyer qui serait alimenté par des subventions communales. Toutes les communes auraient à cœur d'y participer. Et nous n'aurions plus ce spectacle triste et lamentable de voir les poilus de Verdun et de la Somme, nos poilus à nous, errer dans les rues de Marseille et être obligés bien souvent de travailler sur les quais pour vivre en attendant un bateau.

         Si mon idée plaît, je me fais fort de recueillir ici, à Paris, plus de 20.000 francs.
         Je prends l'engagement pour ma part, à mettre personnellement 1.000 francs à la disposition de l'œuvre à créer.

         Il n'y a pas de temps à perdre. La parole est aux maires d'Oran, d'Alger et de Constantine.


         Bravo ! cher confrère pour l'oeuvre utile dont vous posez les bases et merci pour nos frères d'armes. L'idée est lancée, il s'agit de savoir si les maires au concours desquels vous faites un si pressant appel voudront y collaborer.
Le Mutilé.          


ACADEMIE d'HIPPONE
Bulletin N°14
Par M. Alexandre Papier


Joseph-Marius Nicolas

             Joseph-Marius Nicolas, né à Marseille le 19 mars 1813, montra de bonne heure de très heureuses dispositions pour l'étude des langues étrangères en général et des langues orientales en particulier. Après avoir fait, non sans de brillants succès, ses humanités dans une institution tenue par les RR. PP. jésuites à Saint-Maximin, renoncé à la carrière ecclésiastique que ses parents désiraient lui voir embrasser et réfléchi un moment à celle qui répondait le mieux à sa vocation et pouvait mettre un jour en lumière ses capacités naturelles en linguistique, il choisit celle de typographe et entre comme apprenti dans l'imprimerie Carnaud, à Marseille. Son apprentissage terminé, il s'empresse de venir à Paris, en 1834, où, après quelques mois passés chez Dupont, il entre à l'imprimerie Bureau et compose, entre autres travaux typographiques remarquables, une grammaire franco-anglaise à l'usage du prince de Galles et pour laquelle il reçoit de grands éloges en raison de la belle manière dont tout y était coordonné. Il est vrai de dire qu'il s'était adonné, pour arriver à ce beau résultat, à l'étude de la langue de ce pays et qu'il l'avait apprise, comme il apprenait tout, avec la plus grande facilité.

             De chez Bureau, il passe ensuite chez Firmin-Didot, où il compose en arabe la Vie des Hommes illustres du Mahométisme, par Ibn Khallikan. Il s'était déjà initié à l'étude de cette langue à Marseille, en suivant les leçons de Garcin de Tassy.

             Pour une raison que nous ne connaissons pas, il quitte Paris peu de temps après, voyage en Suisse et revient à Marseille, où son père lui achète une imprimerie. Mais, après cinq ans d'efforts inouïs pour relever cet établissement qui avait périclité entre les mains de son fondateur, il finit un beau jour par en reléguer tout le matériel dans une cave, et s'en vient à Rome, puis à Naples, autant pour satisfaire son esprit d'observation, son goût pour les voyages et se perfectionner dans la langue italienne, que pour trouver à se caser.

             Déçu dans son projet de se fixer à Rome, il revient à Marseille, puis à Paris (1842). Après deux nouvelles années passées chez Firmin-Didot, il entre chez Dondey-Dupré, où il reste de 1844 à 1851, compose et met et pages :

             1° Paralipomeni alla illuslrazione délia Sagra Scriltura (texte italien, notes arabes et hébraïques), par Michel-Ange Lancy ;

             2° Cours synthétique .... de la langue arabe, par B. de Braisne ;

             3° Dictionnaire arabe - français, par Kazimirsky (tome 1er). En 1851, il s'établit à Meulan (Seine-et-Oise), où il achève le beau dictionnaire de Kazimirsky (tome II), et imprime successivement les ouvrages suivants :

             Nous ne citons ici que les ouvrages conservés dans sa bibliothèque, d'ailleurs les principaux ; mais sa famille nous assure qu'un certain nombre sont demeurés entre les mains d'emprunteurs, un peu de ci et de là n'était venue lui en faciliter la lecture et la composition typographique?...

             En 1855. Victor Langlois. Numismatique de l'Arménien au moyen âge (caractères arméniens);

             En 1856. Barges. Mémoire sur le Sarcophage et l'Inscription funéraire d'Eschnounazar (caractères hébreux et phéniciens);

             Même année. Léon de Rosny. Introduction à l'élude de la langue japonaise (caractères japonais);
             Même année. Caussin de Perceval. Grammaire arabe vulgaire;

             En 1857. Barges. Grammaiica hebraïca (latin et hébreu);
             Même année. F. Lenormand. Description des Médailles et Antiquités composant le cabinet de M. le baron de Bëhr (grec, latin, hébreux, syriaque, phénicien, cilicien; monogrammes et hyéroglyphes);

             En 1858. Barges. Inscription phénicienne de Marseille (caractères hébreux et phéniciens) ;

             En 1859. Barges. Tlemcen ; Souvenirs d'un Voyage (caractères samaritains, arabes, hébreux.)
             Même année. N. Mallouf. Nouveau Guide de la Conversation : italien, grec moderne, turc, français et anglais.

             Or, comment aurait-il pu éditer tant d'ouvrages en langues étrangères si diverses, si l'étude de ces langues

             Marius Nicolas s'était déjà initié à l'étude de la langue arabe en suivant, comme on sait, les leçons de Garcin de Tassy, que la mort vient d'enlever presque en même temps que son élève. A Paris, il se fortifie dans celte langue avec l'abbé Bourgade, apprend l'hébreu avec l'abbé Latouche et avec l'abbé Barges le phénicien; enfin, avec M. Léon de Rosny il aborde franchement l'étude de la syntaxe des langues japonaise et chinoise, ce qui le met à même d'éditer bientôt l'Introduction à l'élude de la langue japonaise de ce savant orientaliste, ainsi qu'une Grammaire chinoise.

             Ce qu'il a fallu à notre regretté et laborieux confrère de travail, de patience, d'habileté, de talent pour mener à bien la composition de tous ces ouvrages avec des caractères, des monogrammes et des hiéroglyphes qu'il lui fallait souvent graver lui-même est inouï !

             Les pages 113 à 125, entre autres, de l'ouvrage de M. Lenormant [Description des Médailles et Antiquités composant le cabinet de M. le baron de Bëhr, 1851), constituent un de ces tours de force typographiques dont seraient justement fiers les plus habiles en l'art de façonner et de faire servir la matière brute aux oeuvres de l'esprit.

             Mais qui pourrait mieux le dire que M. Léon de Rosny?...
             " Je dois citer, et je suis heureux d'en trouver ici l'occasion, dit-il dans la préface de son bel ouvrage en langue japonaise, le nom de M. Marius Nicolas, imprimeur à Meulan. Cet habile typographe, qui possède aujourd'hui des caractères pour les principales langues orientales, a su lever avec un rare talent et une intelligence digne d'éloges les nombreuses difficultés typographiques de tous genres que présentait la reproduction en types mobiles de ce travail. "

             La fortune est loin cependant de sourire à ses nobles efforts. Eu 1860, Marius Nicolas se voit forcé de vendre au prix du plomb ce qui lui avait coûté son poids en or, c'est-à-dire tous les caractères avec lesquels il était parvenu à imprimer ses beaux ouvrages en langues grecque, arabe, turque, hébraïque, chaldéenne, syriaque, éthiopienne, arménienne, phénicienne, japonaise, chinoise, malaise, cilicienne, etc. Il continue néanmoins à travailler pour la maison de Paris qui a acquis la partie orientale de son matériel et compose, en 1861, les ouvrages suivants : Barges. Psaumes de David, texte latin et arabe, notes hébraïques ; L. Pages. Essai de Grammaire japonaise; J.-B. Glaire. Principes de Grammaire arabe ; V. Langlois. Voyage dans la Cilicie (citations arméniennes nombreuses).

             Son dernier travail à Paris est le Papyrus égypto-araméen, expliqué et analysé (caractères hébreux et phéniciens).

             Fatigué et plus encore désillusionné, Marius Nicolas quitte Paris et s'en vient à Alger avec sa nombreuse famille. Il entre chez Bouyer, où il met en pages le Moniteur de l'Algérie, puis le Mobacher (journal arabe).

             Des difficultés avec Bouyer, qui ne sait pas l'apprécier à sa juste valeur, lui font quitter Alger et l'amènent à Constantine, où il met en pages chez Arnolet un volume des Notices et Mémoires de la Société archéologique de Constantine. De Constantine, il descend à Bône, en 1868, où il finit par trouver en feu Dagand un appréciateur sérieux.

             C'est dans cette imprimerie, une des plus anciennes de l'Algérie, qu'appelé à de plus modestes travaux, il est vrai, Marius Nicolas compose les Bulletins de l'Académie d'Hippone et plusieurs de ces oeuvres qui faisaient dire un jour à Arnolet : " Allons ! c'est encore de chez Dagand, mon vieil ami, que sortent les ouvrages les mieux imprimés en Algérie, "

             C'est là que nous l'avons connu, c'est là que nous allions le voir si souvent, et que la veille encore du fatal accident qui le ravit à sa famille et à ses amis éplorés, nous prenions plaisir à l'écouter causer, à la tombée de la nuit, sur quelques-unes des questions les plus délicates de notre Lettre sur les Helminthes, dont il était occupé à composer les premières pages.

             Nous l'avons dit sur le bord de sa tombe et nous nous faisons un devoir de le répéter ici :

             Marius Nicolas, qui ne comptait parmi nous que depuis deux ou trois ans seulement, était non-seulement un collègue-affectueux et dévoué, mais encore un collègue très-instruit, et plusieurs d'entre nous n'ont jamais eu qu'à se louer des soins intelligents qu'il donnait à leurs publications et des conseils bienveillants qu'il savait leur donner à propos. Il était affable autant que modeste, et sa simplicité d'âme était même si grande qu'il s'ignorait lui-même. Jamais il n'eut l'idée, nous disait M. Guy, qui a collaboré avec lui pendant près de quatre ans comme rédacteur du journal la Seybouse, de se placer au-dessus des ouvriers typographes qui travaillaient avec lui. Il les considérait comme ses égaux et les traitait comme des camarades et des amis.

             Il poussait le désintéressement jusqu'à l'abnégation, trouvant dans la satisfaction du devoir accompli une récompense suffisante. Les termes dans lesquels le Congrès international des Orientalistes, présidé par M. Léon de Rosny, rendait justice, en 1873, au vieux typographe, le prouvent assez. Dans le tome 1er du compte-rendu de la première session de ce Congrès, on lit, en effet, les lignes suivantes:

RÉCOMPENSE EXCEPTIONNELLE.
A M. Marius Nicolas,
Fondateur de l'Imprimerie orientale de Meulan.

             " Ce compositeur, d'une rare intelligence, après avoir acquis la connaissance de plusieurs langues orientales, alla fonder en province une typographie avec laquelle il put faire paraître toute une série d'ouvrages dans les divers idiomes de l'Orient. Son amour de la science l'ayant conduit à accepter des travaux insuffisamment rémunérés, il dut vendre son matériel et partir pour les colonies. La commission ignore ce qu'il est devenu et même s'il vit encore. Elle tient néanmoins à consacrer un souvenir à sa mémoire et lui décerne une médaille d'or et un diplôme d'honneur, avec mention spéciale des services qu'il a rendus à l'orientalisme. "

             La grande publicité donnée aux travaux du Congrès par la presse française et étrangère fit arriver jusqu'à Bône la nouvelle de la récompense qui venait d'être décernée à Marius Nicolas. Elle fut accueillie avec joie par toute la population éclairée de la ville et par tous ses compagnons d'atelier surtout, qu'une distinction aussi bien méritée enorgueillissait à juste titre.

             Mais il était écrit que notre collègue et ami ne jouirait pas longtemps de cette juste et trop tardive récompense. Un mal dont il ne se préoccupait peut-être pas assez devait bientôt nous le ravir, alors que rien cependant ne nous faisait présager un si rapide dénouement. Il n'était pas dit toutefois qu'il nous quitterait pour toujours sans nous laisser au moins un dernier souvenir de son érudition. De son voyage à Carthage, M. Puiméral avait apporté deux inscriptions phéniciennes qui, pour nous, eussent été lettres mortes si Marius Nicolas n'avait été là pour nous les lire et nous les traduire. L'étude analytique qu'il en a faite ensuite et qu'il n'a pu revoir ni imprimer lui-même comme il se l'était tant promis, est insérée dans ce Bulletin. Nous laissons à ceux qui ont fait une étude spéciale de cette langue ancienne le soin de juger de sa valeur, nous contentant de rappeler ici que notre regretté collègue n'a point mis la moindre ostentation à la produire et s'en est acquitté avec toute la modestie qui le caractérisait.

             Autant familier avec la langue italienne qu'il l'était avec la langue française, il s'empressa aussi de nous traduire les Documenti Storici Siciliani, publiés en 1876 par M. le duc de Brolo, président de la Société Historique de Palerme,. et de faire suivre sa traduction d'un aperçu plein de renseignements intéressants sur l'histoire ancienne de la Sicile, de cette île aux trois caps d'où Rome eut tant de peine, on le sait, à chasser les Carthaginois, nos anciens voisins. La commission chargée d'examiner son travail s'est plue à en demander l'insertion dans nos Bulletins, et l'Académie d'Hippone se fait un devoir aujourd'hui de le publier, rendant par-là un dernier et sincère hommage au zèle et au mérite de son auteur.

             Notre devoir de biographe étant terminé, nous n'avons plus qu'à formuler un vœu : c'est que la mort daigne ne plus moissonner de longtemps dans nos rangs éclaircis et nous laisser au moins combler les vides nombreux et regrettables qu'elle y a faits depuis dix ans.

Bône, le 31 décembre -1878.                 
Le Vice-Président,                 
A. PAPIER.                 



PHOTOS de BÔNE
Envoyée par M. Teuma
LES RUINES DE LA PLACE D'ARMES
Photo envoyée par M. Teuma       Photo envoyée par M. Teuma
Photo envoyée par M. Teuma       Photo envoyée par M. Teuma

Annaba : un blessé dans un énième effondrement d’une bâtisse à la place d’armes

           Un nouvel et énième effondrement partiel d’une ancienne bâtisse sise 4 rue Tunis, à la place d’armes à Annaba, causant des blessures à une personne, a suscité la colère et le mécontentement des habitants qui, impuissants, investissement à chaque fois la rue pour tirer la sonnette d’alarme sur une situation qui perdure, à leurs risques et périls.
           L’accident survenant, comme à chaque fois, au beau milieu de la nuit, surprendra les habitants qui déplorent cette situation qui va en s’aggravant d’année en année, d’autant plus, diront-ils, que durant cette meme journée un autre effondrement a été enregistré.
           Cet interminable feuilleton du vieux bâti se poursuit sans qu’une solution radicale ne semble avoir été trouvée pour une prise en charge concrète. Près de 300 vieilles constructions sur un total de plus de 600 dans un état jugé déplorable, avaient été proposées à la démolition, sachant que 70 % appartiennent au privé.

           Ce problème, qui fait sortir à chaque fois les habitants de leurs semblant de maison, sera-t-il enfin pris en charge dans le cadre d’une opération portant préservation du patrimoine des sites concernés. C’est en tout cas le souhait des citoyens que des services en charge de ce lourd et épineux dossier.
           Le vieux bâti qui se concentre notamment dans la vieille ville, la Colonne, M’Haffeur ainsi que dans diverses autres localités de la wilaya dont Chétaibi, El Hadjar et Ain Berda pour ne citer que celles-là, permettra, si une telle opération arrivait à se concrétiser, à la ville de se relooker et de présenter un visage coquet. Rappelons que la restauration du vieux bâti demeure plus que primordiale à Annaba, où plusieurs immeubles menaçant ruine ces dernières années, nécessitent une prise en charge urgente et efficace afin de les réhabiliter et éviter qu’ils disparaissent à jamais. Des immeubles datent pour certains de plus d’un siècle et leur état se détériore de plus en plus.

           Cette situation a été déplorée plusieurs fois par les occupants de ces immeubles mais rien ne semble réellement changé, selon les déclarations de ces nombreuses familles qui craignent pour leurs vies à la moindre chute de pluie. Certains ont déclaré que ces bâtisses, dont la construction remonte à l’époque coloniale, ont atteint un niveau de dégradation critique et présentent un réel danger chaque fois que le ciel gronde.
           A Annaba ce dossier demeure d’actualité. Les années passent mais aucune stratégie claire et efficace ne semble encore être élaborée par ceux qui en ont cette lourde responsabilité. A Annaba, le nombre de constructions menaçant ruine augmente jour après jour. Des efforts se font mais le dossier est lourd et demeure difficilement gérable.La situation demeure, néanmoins, préoccupante.

           Rappelions qu’il y a quelques années, une vaste opération nationale de contrôle technique avait été engagée dans le but de dégager un diagnostic précis et fiable pour mieux cerner ce problème et le prendre en charge comme il se doit. Car de nos jours, les vieilles bâtisses s’écroulent de jour en jour telles des châteaux de carte sans que l’on ne puisse réagir à temps. Généralement, l’intervention des responsables concernés survient après que l’inévitable se soit produit. Même si leurs efforts demeurent louables, notamment en ce qui concerne le relogement des sinistrés, ils demeurent incapables pour l’instant d’agir avant le drame faute de moyens d’intervention suffisants et performants.
           Concernant la récente étude réalisée l’année écoulée en coordination avec la DUC, celle-ci a montré qu’outre une quinzaine de sites englobant d’anciennes bâtisses menaçant ruine, réparties dans la vieille ville, M’Haffeur, Didouche Mourad, la cité Seybouse et la Colonne, la wilaya d’Annaba comptait 500 habitations dont l’état est jugé acceptable, un autre nombre similaire de logements se trouvant dans un état critique et près de 2000 autres répondant aux normes requises. Les chiffres avancés sont plus que révélateurs : l’heure est grave et des solutions urgentes doivent être prises pour arrêter cette ‘’tuerie’’.
           Combien de fois, les pouvoirs publics ont-ils souligné l’importance de la prise en charge de ce dossier et la réalisation d’autant de logements que le nombre de bâti ancien afin de faciliter toute opération de recasement touchant les habitants de ces quartiers précaires. Annaba avec son ambitieux programme de 50 000 logements , tous types confondus, lequel prévoit la construction de plus de 8000 logements promotionnels prévus au niveau de la nouvelle zone d’extension de Draa Errich portant réalisation de 100 .000 logements, est la bouffée d’oxygène attendue par tous.

           Rappelons également que la vieille ville, appelée communément la place d’Armes, quartier englobant le plus grand nombre de ces constructions menaçant ruine et criant toute leur souffrance face à l’indifférence des uns et des autres, est sans conteste la plaie éternelle que d’aucuns n’arrivent à soigner. Combien de fois, leurs toitures avaient cédé, au mauvais temps, blessant ou tuant leurs occupants qui persistent à défier, malgré eux, la précarité des lieux faute d’un toit décent où s’abriter. A chaque chute de pluie, l’on déplore de nouveaux effondrements, emportant avec eux un pan de ce patrimoine, témoin éternel de ce que fut le passé prestigieux de cette ville.
           L’indifférence, la négligence et les lenteurs affichées dans le lancement d’opérations de restauration, reconstruction et réhabilitation de ces constructions, accentuent leur dégradation et les condamnent à disparaître jour après jour, pierre par pierre. Ces maisonnettes tenant encore par un miracle divin, mériteraient, selon les vœux aussi bien de leurs habitants que des simples passagers ou visiteurs de ce site captivant, un meilleur traitement. Chaque jour, l’on recense davantage de constructions menaçant ruine et nécessitant une intervention rapide à même de les sauver. Les opérations de recensement effectuées périodiquement pour situer avec exactitude le nombre et l’état de ce vieux bâti, demeurent sans suite concrète. D’un côté, les propriétaires délaissent toute action de réhabilitation de leurs biens, jugeant leur coût onéreux et attendant que l’état intervienne pour les préserver, continuent néanmoins à les exploiter en toute inconscience. Les opérations de recasement des familles se retrouvant à la rue à la suite de l’effondrement de leurs maisons, faussent à chaque fois les calculs des responsables concernés. Le problème du vieux-bâti est une urgence, selon l’avis de ceux là même qui craignent la moindre goutte de pluie, bien qu’ils en soient quelque part responsables d’un tel désastre, méconnaissant la valeur de ce témoin éternel … Ces bâtisses offrent un décor désolant au visiteur. Toitures écroulées, murs à moitié effondrés, environnement hideux, terni par l’insalubrité et la prolifération de rongeurs, elles semblent “supplier” pour que l’on vienne les secourir, leur accorder tout l’intérêt qu’elles méritent.
Khadidja B.           

http://lecourrier-dalgerie.com/annaba-un-blesse-dans-un-enieme-effondrement-dune-batisse-a-la-place-darmes/


MAI, DE LA JOIE AUX LARMES !
Par M. Hugues Jolivet


Photo envoyée par M. Jolivet

         Joli, doux mois de mai, un bouquet de muguet
         Offert, source de joie, symbole du bonheur,
         Est source de sourires, de visages qui s'égaient
         Délaissant quelque temps les soucis, les humeurs !

         Une journée chômée, c'est la Fête du Travail.
         Jour de joie, sans nuage, pour actifs à plein temps,
         Mais pour les sans-emploi, tardent les retrouvailles
         D'un patron, de collègues, d'un job palpitant !

         C'est pourquoi, chaque année, défilent les syndicats,
         Respectant le rituel des us et des coutumes,
         Gardant le maigre espoir de quelques résultats
         Et avantages sociaux, en foulant le bitume !

         Une semaine plus tard, les Français commémorent
         La victoire des Alliés sur l'Allemagne Nazie.
         Ils rendent un hommage au courage, à la mort
         Des sauveteurs de la France, valeur qu'ils ont choisie !

         Les dimanches de Mai, à Nice, sont jours de fête,
         La Fête du Printemps, coutume ancestrale,
         Où les familles entières, dans leurs tenues parfaites,
         Dansent et chantent leur joie. L'ambiance est théâtrale !

         Et, en milieu de mois, le Festival de Cannes
         Devient centre du monde. Il fait son cinéma
         Aux marches du Palais où les stars se pavanent
         Sur un fond de Croisette. Quel beau panorama !

         A quelques lieues, à l'Est, Grand Prix de Monaco,
         Tourniquet infernal, au cœur de la cité,
         Qui, du pied du Rocher jusqu'à Monte Carlo,
         Captive, malgré le bruit, les fans surexcités !

         Spectacles parallèles qui sacrent, au Printemps,
         Les virtuoses du volant, les acteurs de plateaux.
         Larmes de joie des vainqueurs et les pleurs des perdants,
         Tels une symphonie, résonnent en vibratos !

         Dernier dimanche du mois, la Fête des mamans
         Regroupe la famille autour d'une grande table.
         Les expressions d'amour sont perles et diamants,
         Pour le cœur d'une mère, elles sont inestimables !

         Joli, doux mois de Mai, tu es mois de Marie,
         La mère de l'enfant que l'on fête à Noël
         Elle est mère des hommes, victimes de barbarie,
         Pauvres et dépossédés, ils se tournent vers elle !
        
- Hugues JOLIVET        
11 Mai 2016        




 Bulletin - Oeuvre de saint Augustin et de sainte Monique, patronne des mères chrétiennes  
N° 9 - janvier 1874 - Brochure trouvée à la BNF

VOYAGE DANS LE SAHARA
ET LE MZAB.

(Suite.)

               L'esclavage existe au Mzab, mais avec une particularité qui ne se trouve chez aucun peuple musulman, car, dans ce pays, les enfants des esclaves naissent libres, et même font presque partie de la famille du maître. Celui-ci doit les faire élever dans la religion et les usages du pays, et ils restent à sa charge d'abord, puis à son service jusqu'à l'âge où l'homme sort de la tutelle paternelle. Alors, ils deviennent complètement leurs maîtres. Ils peuvent rester au service du propriétaire de leurs parents ou s'établir dans la ville, ou aller ailleurs, comme bon leur semble. Aussi le sort des esclaves est-il très doux chez ce peuple, et les nègres regardent-ils comme une bonne fortune d'être achetés par un Mozabite.

                Je ne puis dire la même chose de la manière inique dont se pratique l'esclavage parmi les Arabes qui avoisinent le Mzab. A part de rares exceptions, les esclaves n'y sont traités par leurs propriétaires que comme des bêtes de somme; et ces traitements deviennent plus affreux encore lorsque le maître, ce qui arrive souvent, confie la garde de ses nègres à des affranchis, que la perte d'un homme ne touche pas plus que celle d'un animal ordinaire.

                Mais Ce qui est plus affreux, c'est que toutes les lois les plus impérieuses et les plus sacrées de la nature sont méconnues à leur endroit. On les oblige, pour ainsi dire, à vivre dans une horrible promiscuité, et on vend indistinctement mari ou femme selon l'occasion la plus favorable, sans tenir aucun compte des liens de famille, que l'on brise ainsi de la manière la plus brutale.

                Un Chambi, à Metlili, A voulu me vendre un petit négrillon de quatre ans, parce qu'il voulait toujours, me dit-il, être auprès de sa mère, ce qui empêche la négresse de faire son travail comme il faut. Je ne pus maîtriser mon indignation mais cet homme n'a pas même eu l'air de comprendre le sentiment qui l'excitait.

                Que j'eusse désiré avoir alors de nombreuses ressources à ma disposition, au moins pour mettre en liberté cette foule de petits êtres volés à leurs parents dans leur plus tendre jeunesse, et amenés du Soudan dans ces contrées arides pour aider aux bêtes de somme à tirer l'eau des puits. Hélas! Je n'avais plus avec moi que trois cents francs, prix d'un cheval que je fus obligé d'acheter en route, mais que j'obtins de ne payer qu'à mon retour à Laghouat. Je pus donc consacrer cette somme au rachat d'un petit noir, mais d'un seul, parmi ceux dont le sort m'intéressait si vivement.

                J'ai eu le bonheur de le constater, l'achat de ce petit noir dans le seul but d'en faire non-seulement un homme libre, mais encore, si c'est possible, un homme instruit et utile, a été pour tous un éclair de lumière. Les maîtres ont pu mesurer la distance qui les sépare des chrétiens, en voyant ceux-ci s'interdire entre eux tout commerce humain et chercher à le détruire dans le pays où il existe.

                Quant aux nègres, ils^surent bientôt la nouvelle. Aussi, ai-je reçu de leur part de véritables démonstrations d'estime et de reconnaissance. S'ils avaient pu parler devant leurs maîtres, ils auraient certainement dit ce que leurs regards et leur attitude m'exprimaient si éloquemment :

                " Oh! que ta religion est belle, puisqu'elle t'oblige à nous traiter non-seulement comme des frères et des fils, mais encore à t'imposer des sacrifices pour nous racheter et nous rendre libres comme les autres créatures de Dieu. "

                J'en ai la conviction, le jour où, définitivement établis dans ce pays, nous pourrons avec toute la liberté de l'apôtre faire entendre les conseils de S. Paul aux maîtres et aux esclaves, et régler leurs rapports entre eux, en attendant que nous puissions délivrer les opprimés, notre voix sera comprise de tous, mais surtout des nègres qui, dans ce pays deviendront peut-être nos premiers et plus fervents néophytes.

V. SÉJOUR DANS LES TRIBUS ARABES DU SAHARA.

               Outre les sept villes berbères de la confédération mozabite, j'ai pu dans ce voyage parcourir les tribus d'Arabes qui sillonnent avec leurs troupeaux toute cette partie du Sahara. Là, ce qui surtout m'a frappé, c'est, qu'à l'inverse du Mzab, dont l'administration est parfaitement organisée, toutes les peuplades qui habitent le désert vivent dans le plus complet désarroi.

                Elles ne se rattachent entre elles par aucun lien ni civil, ni politique, ni même religieux, car nous verrons plus loin le peu d'estime qu'elles témoignent à leurs marabouts les plus illustres.

                La grande tribu des Chambas, qui a pour capitale Metlili, est sans contredit la plus influente et la plus considérable de toutes. C'est aussi celle avec laquelle j'ai eu les rapports les plus directs. Or, je n'ai trouvé là aucune espèce d'autorité qui soit reconnue et acceptée de tous.

                L'ombre d'autorité qui existe se partage entre les principaux chefs de famille qui, en réalité, sont autant de chefs de partis. Dans un moment critique, ils se rallieront autour d'un homme de courage et d'action mais, de retour au douar, ils ne le traiteront plus que comme leur égal.

                L'état de ces tribus me rappelle le genre de vie demi-sauvage des premiers Francs.

               Quoique paresseux au travail, ils sont d'une activité et d'une ardeur incomparables pour les surprises et les hardis coups de main. Ce sont, en effet, les pillards de cette partie du désert. Aussi, ont-ils souvent de sanglantes discussions avec les Touaregs, leurs voisins de l'Est.

                Ces Chambas sont la terreur des caravanes et surtout des Mozabites. Il n'y a encore que quelques années, ceux-ci n'avaient aucune espèce de sécurité pour se rendre soit à Laghouat, soit à Biskra, soit à Ouargla. Ils ne sortaient jamais sans faire escorter leurs caravanes par des Arabes armés, qu'ils payaient fort cher, ce qui n'empêchait pas ceux-ci de les faire tomber assez souvent dans des embuscades.

                Un de leurs chefs parlait devant moi de ses prouesses contre les Mozabites. Je lui demandai s'il en avait tué beaucoup. Cinq fois il réunit ensemble ses dix doigts : " J'ai compté jusqu'à cinquante, me dit-il depuis lors, quand l'occasion se présente, je frappe, mais je ne compte plus. "

                Que de fois j'ai senti comme un frisson parcourir mes membres, en suivant les conversations tenues dans ces larges cercles qu'ils aiment à former, le soir, autour d'un grand feu.

                Une nuit, en particulier, il se trouvait là par hasard des représentants de presque toutes les tribus sahariennes qui étaient venus se joindre à nous. Il y avait là des Mkhalifs, des Arbahs, des Othbas, des Oulad-Nayls, des Oulad-Sidi-Cheikh, des Chambas. Après une copieuse diffa, chacun vint s'accroupir en face du feu qui avait servi à éclairer le repas.

                Si Bel-Haya, un vieux marabout dont l'influence est grande parmi les Oulad-Sidi-Cheïkh, commence par allumer un long chibouk, en fume un peu, et le passe à son voisin. De main en main, de bouche en bouche, l'énorme pipe fait le tour et revient à Si Bel-Haya, qui la remplit de nouveau et recommence le tour. C'était à se croire au milieu des Peaux-Rouges, fumant le calumet de paix après le carnage, d'autant plus qu'il n'était question que de razzias, de pillage et de meurtres.

                Aujourd'hui, grâce à l'influence de la France qui a pénétré jusque dans ces contrées, ils sont réduits à une paix forcée, et ne font jamais leurs coups de main qu'en secret.

               Pour les Chambas surtout, depuis que M. de Sonis a détruit leur ville de Metlili, vers 1865, une espèce de solidarité s'est presque établie entre eux et les Mozabites.

                Ils regrettent néanmoins le temps où ils avaient coutume d'aller gratuitement se munir de toutes choses chez les Mozabites, car toujours ceux-ci s'estimaient heureux de les éloigner en leur donnant un certain nombre de haïks, de burnous, et les provisions qu'ils réclamaient. " Autrefois, disent-ils, tous les deux ou trois jours nous avions quelques razzias. Depuis que les Français s'occupent de nos affaires, le commerce ne va plus ici, et la misère commence à régner parmi nous."

                De fait, on ne les voit plus autant sur les routes, à la grande satisfaction des caravanes. Ils passent leurs journées couchés au soleil, le long de leurs maisons en ruines. Quelques-uns uns d'entre eux, plus actifs et plus industrieux, paraissent déjà décidés à embrasser un genre de vie plus moral. Ils sont prêts à se faire les convoyeurs des caravanes qui vont du centre de l'Afrique vers le Nord, par la ligne du Touat.

                Les Oulad-Sidi Cheikh, eux aussi, sont résolus à se donner tout entiers au commerce, pour peu que le gouvernement français veuille s'y prêter.
               " Nos pères, me disait Si-Lalla, étaient comme toi; ils ne s'occupaient que de bonnes œuvres et de prières et jamais ne faisaient parler la poudre. La méchanceté des hommes les a obligés à échanger leurs livres contre des armes mais aujourd'hui, j'ai lieu de croire que nos maharas et nos chameaux, au lieu d'être chargés de munitions de guerre, ne porteront désormais que des marchandises. Quant à la sécurité des routes, les Oulad-Sidi-Cheikh sont assez puissants pour répondre de la paix dans tout le Sahara, partout où ils se trouveront. "

                Je fais des vœux pour que la France profite de ces bonnes dispositions des Oulad-Sidi Cheikh et des Chambas. Ce serait une ère nouvelle toute de richesse et de prospérité qui s'ouvrirait pour l'Algérie.

               Il suffirait de placer au milieu d'eux un agent quelconque, mais à l'esprit droit, juste et ferme. On ne saurait croire l'ascendant que pourrait prendre un tel homme sur toutes ces peuplades, et les services qu'il pourrait rendre à son pays.

               Bien souvent je les ai entendus parler des officiers français avec lesquels ils ont eu des rapports. Parmi ceux-ci, je citerai En particulier les généraux Marmier, Marguerite, et surtout de Sonis.

                Je n'aurais jamais pensé qu'un Français puisse prendre, sur ces natures indomptées, l'ascendant qu'avait pris sur eux le brave général de Sonis. Ils n'en parlent jamais qu'avec vénération :

               " C'est un soldat-marabout, disent-ils, et c'est le seul que nous ayons connu parmi les Français. " Pour faire comprendre son équité et son inflexible justice, ils ont coutume de dire " Il ne craignait que Dieu seul, mais lui, tous le redoutaient. " Ou bien encore " Il ne préférait personne, si ce n'est Dieu, mais chaque fils d'Adam était son frère. Le droit seul avec la loi lui commandaient. "

                Il est certain que si un tel homme séjournait longtemps parmi ces populations, son influence sur tout le centre de l'Afrique aurait des résultats immenses pour la France et pour la cause de la civilisation.
               
F. Charmetant         
missionnaire d'Afrique.                   
A SUIVRE



PREMIER MAI
Par Jocelyne MAS

                       Aux calendes de mai, la fête de Beltaine annonçait pour certains le début de l'été ; Les Celtes d'autrefois allumaient des bûchers, c'était le feu de Bel, tradition fort lointaine.

Respirez le parfum que dispense le muguet,
Et plantez par amour l'arbre du premier mai !
Arbre respire pour nous, verdure retrouvée,
Tes fleurs pourront s'épanouir et embaumer !
Un bouquet de muguet, c'est un brin de bonheur,
Rendez grâces au ciel pour sa divine fleur :
Admirons de ses blanches clochettes la pudeur !

Jocelyne MAS              
Poète Écrivain Conférencière              
Médaille d'Or des Valeurs Francophones      
Médaille d'Argent des Arts et Lettres de France.
06 20 78 74 53              
http://www.jocelynemas.com              





RAPPEL La Saint-Couffin !
A UZES le 19 JUIN 2016
Communiqué de l'A.B.C.T
AMICALE des BÔNOIS, CONSTANTINOIS
& ANCIENS de TUNISIE, du GARD
ADRESSE POSTALE B.P. 16 - 30128 GARONS
RETENEZ BIEN CETTE DATE, 19 JUIN 2016
Grand Rassemblement national des Bônois, Constantinois et anciens de Tunisie, de leurs Sympathisants et Amis
     Chers(es) compatriotes et amis(es)
     Depuis 50 ans notre Amicale organise le grand Rassemblement National d'UZES, avec l'aide de bénévoles issus du Conseil dAdministration, ayant pour seul objectif, permettre à l'ensemble des Bônois, Constantinois, Philippevillois et Anciens de Tunisie et d'ailleurs de se retrouver pour une journée de souvenirs liés à notre enfance sur notre terre natale.
     Les années sont passées et avec elles une grande partie de notre vitalité, mais nous essayons toujours d'organiser ce rassemblement qui nous met à toutes et tous un peu de baume au coeur.
     Alors pour maintenir ces liens, nous avons besoin de votre présence et de celles de vos amis. Vos participations aux services et prestations proposées nous permettront de pérenniser ces cordiales retrouvailles qui font la joie de beaucoup d'entre-nous.
     Nous fêterons tous les "Papas", ainsi que notre St-Augustin.
     Le Conseil d'Administration et moi-même espérons que vous serez nombreux à effectuer le déplacement.
     C'est donc le Dimanche 21 Juin qu'aura lieu la traditionnelle journee champêtre, organisée par l'Amicale des Bônois du Gard (A.B.C.T.) et l'Association des Fidèles de Saint-Augustin.
     Comme les année précédentes, c'est dans le cadre verdoyant du camping Municipal d'UZES, mis à notre disposition (moyennant location) par la Mairie de cette ville, que nous vous accueillerons en famille.
     (pour de plus amples renseignements nous contacter-Tél: 04.66.70.00.75 ou 06.14.59.93.11)
       Nos stands seront bien approvisionnés et nous l'espérons vous donneront satisfaction, Votre présence à ceux-ci, vous permettra de rencontrer les organisateurs (tous bénévoles) et contribuera à maintenir notre très belle et amicale journée de retrouvailles.
    Programme de la journée.
     8 h 30 - ouverture et accueil des participants (entrée gratuite).
     10 h 30 - Messe en plein air sous réserve ( Statue de ST AUGUSTIN, Posters de Notre Dame D'afrique et de Notre Dame de Santa Cruz) recueillement et silence... Vente de veilleuses à l'effigie du Saint Patron des BONOIS...
     11 h 30 - Accueil des personnalités Gardoises et des représentants des diverses amicales et associations régionales de Rapatriés
     12 h 00 - Repas tiré du sac ou ravitaillement aux stands (couscous).
     15 h 00 - Animations diverses, orchestre André Musette avec l'Amie Janine .
     17 h 00 - Tirage de la tombola pour couvrir les frais de la journée.
     Prix du billet - 2 €
Vous trouverez sur place : (café , jus de fruits, thé, etc.,..), Ftahïrs chauds (beignets de chez nous), merguez, pizza, Chippolata, pain et pâtisseries orientales, couscous à la viande.
Chacun apporte son "Couffin" ou sa "Cabassette",
Sa petite table et ses chaises pliantes.
N'oubliez pas les verres pour notre éternel "Sirop de Cristal"
(Se délecter avec modération entre copains)
Venez nombreux à ces retrouvailles de convivialité et de souvenirs qui nous rappellerons notre heureuse jeunesse.
DITES LE A TOUS VOS AMIS ET AUTOUR DE VOUS ! ! ! A BIENTOT
Le Président, J.P. ROZIER


ARBRE RACINES
Mme Jocelyne Mas

Image- Mme Mas

Cette photo m'émeut beaucoup.
Cet arbre se meurt car il a perdu ses racines, il s'enlise dans le néant, il souffre, essaie de survivre, de s'accrocher à cette terre qui apparemment ne veut plus de lui. Ses branches se tendent vers le ciel en l'implorant.

Cet arbre est le symbole des Pieds-Noirs.
Comme lui nous avons perdu nos racines.
Comme lui nous souffrons et essayons de survivre.
Comme lui nous sommes sur cette terre qui ne veut pas de nous.
Comme lui nous tendons nos bras vers le ciel en implorant.

Mais la FOI est en nous et nous vaincrons. Petit à petit nous avons reconstruit notre vie, nos enfants sont les branches de cet arbre qui trouve toujours la force de tendre ses ramures vers le ciel, toujours plus haut.
Nos cœurs gardent toujours l'amour de notre pays là-bas de l'autre côté de la méditerranée qui nous sépare et nous rassemble.
Jocelyne MAS              


De l'Algérie à la Normandie...
Écrit et envoyé par M. Aletti

2ème partie -
L'AIDE SOCIALE A L'ENFANCE
Photo M. Aletti Il s'agit d'une trajectoire personnelle avec l'approche progressive d'un secteur professionnel mal connu. Lentement, mais sûrement les services départementaux de l'Enfance ont évolué, la route a été longue. Nous avons partagé notre vie, pendant plus de trente années, avec des jeunes confiés, soit par les familles, soit par des juges spécialisés, au service départemental de l'enfance de l'Eure.

Il est important de préciser que la situation des enfants confiés à l'ASE est infiniment douloureuse ; face à la blessure de la séparation, on ne peut assurer que la solution adoptée soit la meilleure. Toutefois, l'action éducative mise progressivement en place a été dictée par le désir de proposer et d'organiser un lieu de vie où l'enfant, comme tout individu d'ailleurs, évolue avec les meilleures chances de se situer, de progresser et de se dépasser.

Dans la recherche des solutions les moins mauvaises, il y a eu des maladresses, voire des erreurs, mais je peux affirmer que tous les personnels du foyer se sont attachés à mieux ajuster leur pratique aux exigences de l'épanouissement d'un jeune.

Il est vrai que nous avons connu des situations où les enfants étaient dévalorisés en milieu d'accueil, nous avons rencontré des employeurs qui abusaient de la faiblesse de jeunes sans défense, des familles d'accueil surchargées, car nous étions constamment confrontés à des situations d'échec.

En aucun cas, je veux prétendre que toutes les situations étaient identiques ou néfastes à l'épanouissement d'un jeune même si nous étions à l'époque des "Orphelinats et des Bons Pasteurs ". Je me suis engagé dans une démarche pragmatique, aidé par le personnel en place. Chaque jour, chaque heure, il nous a fallu œuvrer pour aider enfants et familles à accéder à l'autonomie. Cette approche a permis dans un premier temps de jeter un regard aussi lucide que possible sur l'action menée dans l'établissement, ensuite il m'a été possible de contribuer à l'évolution de la protection de l'Enfance et de la Famille.

Afin que vous sachiez dans quelle optique nous avons travaillé, permettez-moi de citer quelques lignes d'un ouvrage de François de Closets, un titre qui est à lui seul tout un programme et que nous pourrions prendre à notre compte, " LE BONHEUR EN PLUS ".
" Eviter les pièges de l'illusion technique et de l'illusion idéologique. En théorie, la route devrait être large qui sépare les deux ornières, et les promeneurs devraient y être nombreux. En pratique c'est un étroit chemin de crête, fort peu fréquenté où le pied manque quand l'attention se relâche. Pour cette raison la population occupe les deux versants opposés : celui de l'action et celui de la réflexion. D'un côté se trouvent les hommes du possible, de l'autre les hommes du souhaitable. Ici le présent colle aux semelles, là c'est l'horizon qui emprisonne le regard ".

C'est à la suite d'un concours sur titres que j'ai été recruté par le département de l'Eure pour assumer la direction du foyer départemental de l'Enfance, " Foyer de pupilles " selon la définition en usage à l'époque.

Avant mon recrutement, j'avais participé à différents entretiens, tant à la Préfecture de l'Eure qu'au service de la Population et de la Famille. J'avais pu exposer mon point de vue sur le fonctionnement d'une maison d'enfants, maison à caractère social, en indiquant que l'internat était un moyen parmi d'autres, qu'il fallait qu'une équipe adhère à une démarche en tenant compte des besoins des jeunes et que toute action éducative devait s'inscrire dans une dynamique évolutive, en fonction de la demande initiale. Un responsable doit connaître le fonctionnement des services de la protection de l'Enfance, en comprendre le sens, voire même les méthodes, pour être à même d'utiliser les compétences et l'expérience des différents acteurs. L'essentiel est qu'il ne croie pas posséder d'emblée la maîtrise de sa fonction parce qu'il a été désigné pour l'exercer.

Doté d'une expérience d'éducateur, puis de chef de service éducatif, je me suis donc engagé dans un secteur peu connu pour partager la vie quotidienne d'enfants de familles en difficulté, enfants sans appuis parentaux, enfants en souffrance. J'ai ainsi découvert, au fil des années, la complexité et la spécificité d'un établissement de ce type. Dès ma nomination, j'ai été installé dans mes nouvelles fonctions par le docteur Louis Bergouignan, Vice-président du Conseil Général, Président de la commission de surveillance de l'établissement, à compter du 1er novembre 1963.

Sur mon nouveau lieu de travail, l'accueil par le personnel a été cordial. Apparemment, j'étais attendu puisque le foyer n'avait plus de directeur depuis quelques mois, en raison du départ de mon prédécesseur, fonctionnaire de l'Education Nationale. Statutairement, le directeur devait bénéficier d'un logement de fonctions dans les mêmes conditions que les directeurs d'établissements hospitaliers publics. Dans l'attente de la construction d'un pavillon de direction, nous avons occupé des locaux disponibles situés à proximité de la pouponnière. Nous avions un toit, un emploi, avec la perspective d'une relative stabilité, puisque j'étais dans l'obligation d'effectuer un stage probatoire d'une année avant toute éventuelle titularisation.

Compte tenu de l'exode, l'éparpillement de nos familles, dispersées aux quatre coins du pays a été un drame : en région parisienne pour les uns, au-dessous de la Loire pour les autres. Mon affectation à Evreux allait favoriser un rapprochement géographique avec ma mère et la famille de la sœur aînée de Luce qui demeuraient à moins de 100 kilomètres. Ainsi, avec pratiquement rien ou bien peu de choses, nous nous sommes attachés à nous adapter et à montrer ce que nous savions faire, tout en gardant dignité et respect de nous-mêmes. Ceci, en dépit des remarques déplacées ou vexatoires en rapport avec notre statut de rapatriés.

Désormais il nous fallait tout recommencer à zéro, notre passage à Tatihou n'ayant été qu'une étape transitoire. J'abordais ma nouvelle responsabilité sans crainte, heureux de mettre mon savoir-faire au service d'un établissement accueillant des jeunes, souvent carencés dans leur développement affectif, avec comme mission d'organiser un cadre de vie assorti de conditions éducatives satisfaisantes. Je savais que mon prédécesseur avait eu de mauvais rapports avec la Direction de la Population ; de ce fait je n'ai trouvé aucune trace relatant le fonctionnement du foyer, à l'exception de pièces comptables. Il m'a donc été difficile de reconstituer ce que fut l'activité antérieure de cette maison d'enfants où j'accédais à une fonction qu'il me fallait assumer : AIDER DES JEUNES à grandir, n'est-ce pas là une des formes les plus valorisantes de la responsabilité ?

La direction d'une maison d'enfants, à cette époque, c'était l'art de se disperser sans se perdre. Elle exigeait un ensemble de compétences échappant à la quasi-certitude de l'application d'un savoir-faire général. Il fallait sans cesse augmenter ses connaissances techniques et pédagogiques par souci d'honnêteté élémentaire vis-à-vis des jeunes dont on avait charge. Je savais qu'il me faudrait réfléchir pour mettre en place un fonctionnement en tenant compte de la volonté d'un service et du choix politique des Elus.

Porte d'entrée du service de l'A.S.E., le foyer se devait de répondre à des priorités:
- Une stabilité de personnels chevronnés, éléments d'équilibre irremplaçables et sécurisants pour une population mixte, d'âge étalé, et surtout pour des jeunes qui reviennent après des difficultés de placement ou tout simplement en vacances.
- Un fonctionnement institutionnel de qualité, même si l'action éducative est transitoire, puisque l'enfant passe au foyer un temps variable souvent assez court.
- Une équipe, car la tâche d'un directeur est écrasante si elle ne s'appuie pas sur le travail d'un collectif, tout en œuvrant en collaboration avec les différents partenaires des services extérieurs qui suivent les jeunes. (Service d'hygiène mentale, Centre médico-pédagogique, Centre d'orientation scolaire et professionnel, Tribunal pour enfants, établissements d'enseignement, etc. etc.....)
- Une politique d'ouverture sur l'extérieur, car en lien avec le milieu socio-éducatif et culturel d'une ville, l'établissement doit être continuellement adaptable aux besoins à satisfaire. C'est ainsi que le foyer va connaître une croissance ininterrompue durant des années, sans dévier du chemin indiqué par les pionniers du début, avec toutefois des modes d'intervention différents.

LE FOYER DEPARTEMENTAL DE L'ENFANCE (1964)
Photo M. Aletti
Présentation du cadre institutionnel

L'origine institutionnelle des foyers de l'enfance est ancienne, sans doute aussi ancienne que la pratique de l'abandon d'enfant, et renvoie le plus souvent à l'initiative religieuse sous l'Ancien Régime. Plus près de nous, la figure fondatrice laïque d'un foyer de l'enfance est celle d'un hospice dépositaire de l'Assistance Publique. Héritier des "dépôts " annexés aux hospices (loi du 27 juin 1904), le terme " foyer de pupilles " en usage en 1930 a été consacré par la loi du 15 avril 1943. Au niveau national, la protection sociale est assurée par le Ministère de la Santé et celui de la Famille, au sein duquel se trouve la direction de l'Action Sociale.

Dans chaque département, le Préfet, sur proposition du Directeur Départemental de la Population et de la famille, organise un ou plusieurs foyers destinés à accueillir les enfants confiés au service de l'A.S.E.

Sur le plan juridique, il s'agit d'un établissement public non autonome, géré par le département. Non pourvu de la personnalité morale, le directeur de la population et de la famille assumait une responsabilité non contestée dans le fonctionnement d'un service intégré à la politique de l'A.S.E. (Établissement en régie départementale). Il y avait également un foyer géré par la commission administrative de l'hôpital de Bernay.(Régie hospitalière).

De construction récente (1958), de type monobloc parce que moins coûteux, d'une capacité d'accueil théorique de 70 lits, y compris une pouponnière de 24 berceaux, le foyer est ouvert toute l'année de façon permanente, pour prendre en charge, 24 heures sur 24, tout enfant mineur admis à l'Aide Sociale à l'Enfance sur réquisition du parquet, sur décision du Juge des Enfants, voire en accueil temporaire contractualisé avec les responsables légaux de l'enfant. Il comprenait plusieurs sections pour l'accueil et l'hébergement d'une population mixte dont l'étalement d'âge est de quelques jours à la majorité (O à 21 ans). Au 1er novembre 1963, l'effectif était de 36 jeunes car, en l'absence de responsable, la direction de la population avait retardé, sinon évité, l'admission d'adolescents pour lesquels aucun encadrement n'était prévu.

Les jeunes accueillis étaient pour la plupart d'entre eux privés d'appuis parentaux, orphelins sans famille, enfants abandonnés, enfants dont les parents étaient déchus de leurs droits parentaux et ceux recueillis d'une façon temporaire pour les motifs les plus divers.

On commençait à subir l'application du décret du 28 décembre 1958 et l'ordonnance du 7 janvier 1959 qui drainaient vers les services une population conservant des liens familiaux. On commençait également à que le fonctionnement d'un foyer traditionnel était tributaire de ce qui se passait à l'extérieur, en raison notamment de l'absence ou de l'insuffisance d'équipements dans le domaine de la protection de l'enfance en danger.

Le tableau des effectifs du personnel était de 27 agents, les fonctionnaires et Elus qui étaient à l'origine de la conception du foyer n'avaient pas prévu que les missions dévolues à l'Aide à l'Enfance allaient se modifier. Sur le plan des activités, à l'exception d'une école publique annexée (2 classes), aucune structure n'existait pour proposer aux jeunes des activités d'expression ou de formation. La maison était tout simplement organisée comme un lieu de passage, avant toute orientation : placement chez une gardienne ou en apprentissage chez un particulier.

Dans ce département, il avait été décidé de s'inscrire dans une politique sociale évolutive, nécessitant un travail d'équipe, pour atteindre les objectifs fixés :
- Réorganisation de l'établissement (extension prévue au plan d'équipement)
- Recrutement d'un personnel plus qualifié. (Secteur faible, personnel peu nombreux, jeune et sans formation).

C'est dans cet esprit et cette perspective que j'ai participé, avec mes qualités et mes défauts, à cette aventure. En acceptant les servitudes du métier d'éducateur, j'avais fait un choix car c'était une fonction où il fallait faire beaucoup de choses, où l'on ne comptait pas ses heures et où il était indispensable et utile de travailler en lien avec les décideurs pour apporter les réponses les moins mauvaises possibles aux besoins rencontrés. J'étais convaincu que c'était par le partage des responsabilités à l'égard des jeunes pris en charge physiquement et par la définition d'un projet d'établissement, que notre action pouvait avoir du sens. Les jeunes arrivaient, en plus grand nombre, chargés de leur histoire personnelle, de l'éducation reçue et des influences subies dans leur milieu de vie. La mouvance des effectifs constituait une entrave à la continuité du quotidien ; les admissions et les sorties pour des motifs les plus divers étaient des rappels émotionnels de situations vécues par tous, personnels et jeunes. Il nous fallait les accueillir tels qu'ils étaient avec le désir de les aider, de les accompagner, sans avoir la prétention de les transformer par enchantement.

Vivre avec des enfants carencés, enfants sans difficultés apparentes, enfants présentant des troubles de la conduite et du comportement, n'était pas facile. Le foyer était un véritable chaudron où la violence pouvait déborder à tout moment. Il était urgent de recruter une équipe d'éducateurs formés, de faire appel à des techniciens pour mettre en place une organisation permettant à chacun, selon son âge et son degré de croissance, d'évoluer dans une ambiance adaptée.
- Voir que les aînés passaient leur temps à attendre, à être désœuvrés sans que l'établissement soit en mesure de réagir en raison de l'insuffisance de moyens.
- voir qu'une seule salle accueillait une population mixte de 6 à 21 ans pour le partage des repas était insupportable, car les besoins que ressentent les uns et les autres diffèrent dans leurs manifestations.
Ces deux exemples sont cités uniquement pour faire comprendre que le foyer ne correspondait pas à ses missions.

Comment construire un cadre de vie garantissant la sécurité physique, matérielle et affective d'un jeune ?
-Les Orientations préconisées :

Après une courte période d'observation passive pour connaître les rouages du fonctionnement du service, dans et hors les murs de l'institution, faire la connaissance du personnel et des jeunes, je me suis trouvé aux prises avec la réalité du terrain.

Il me fallait connaître les personnels et les jeunes avant d'envisager toute intervention pour les conduire vers des objectifs définis, écouter, faire participer, mobiliser, entraîner et utiliser les compétences de chacun en m'appuyant sur un travail collectif.

Le fonctionnement du foyer permettait de subvenir aux besoins végétatifs et de soins, grâce au dévouement du personnel, en majorité féminin, qui se trouvait parfois dépassé par les passages à l'acte des plus âgés, peu enclins à respecter les règles de vie d'une maison d'enfants à caractère familial et social. A mon humble avis, il était miraculeux que les incidents ou les accidents prévisibles ne soient pas plus fréquents.

Mes interventions, au niveau de la vie quotidienne, se sont focalisées sur les aînés,(filles et garçons), précises, concrètes, empreintes d'émotion et de passion. Elles ont représenté pour moi un investissement très important ; il me fallait faire respecter le fonctionnement du foyer au rythme perpétuellement rompu par les entrées et les sorties, dans lequel les horaires, la discipline, les activités étaient les bases fondamentales d'un projet destiné à donner des repères et préparer l'acquisition d'habitudes sociales. Nous voulions offrir aux jeunes une vie saine, raisonnablement dynamique et organisée pour apprendre et respecter les fondements d'une existence communautaire.

C'est ainsi que la première année a été prenante, mon souci était de réussir dans ma nouvelle entreprise. L'attente des Elus et de l'Administration étant forte, je me suis donc investi rapidement dans mon rôle de conduite, tout en étant également un exécutant, en raison de l'insuffisance de personnel formé. Cela m'amena à délaisser la gestion qui fut assurée par un adjoint des cadres, compétent en ce domaine. Au niveau interne, je me suis donc transformé en entraîneur fraternel, chargé d'orchestrer, d'organiser et de conduire une équipe éducative, tout en me positionnant comme directeur du foyer pour entraîner tout le monde vers le haut.

Dans une institution, tout se tient. Il faut une cohésion entre les femmes et les hommes qui y travaillent pour offrir l'image d'un établissement où le développement de l'initiative, de la responsabilité, du partage, de la non-violence sont possibles : soit la cohérence de chacun avec les missions de L'Aide Sociale à l'Enfance.

Puis, rapidement, les efforts ont porté sur le recrutement de personnels, sur la formation et sur la constitution d'un environnement éducatif capable peu à peu d'apaiser, de normaliser, de sécuriser des jeunes vivant des situations d'abandon ou simplement de séparation. C'est ainsi que progressivement, l'encadrement des unités de vie des scolaires et des adolescentes a pu être confié à des éducateurs d'internat du 1er degré formés par les Centres d'entraînement aux méthodes actives - C.E.M.E.A.-, grâce au financement par l'établissement. Je me suis efforcé de convaincre le personnel jeune et inexpérimenté, à suivre une formation. L'institution du contrat-formation a permis à certains d'entre eux d'aller au bout d'eux-mêmes.

La mise en œuvre d'une politique de formation supposait la réalisation de certaines modalités débattues dans un esprit de dialogue, de respect, de volonté pour aboutir au fonctionnement normal d'un service éducatif dont la spécificité et la complexité n'échappaient à personne. C'est donc dans le cadre de la commission de surveillance du foyer que des propositions étaient étudiées avant d'être présentées, à l'assemblée délibérante, pour décision.

L'activité du foyer se traduisait par un accueil d'un nombre croissant de mineurs dont les motifs d'admission allaient de l'hébergement simple à la gestion des situations lourdes, voire inimaginables. Sur le plan éducatif, il fallait sans cesse remettre les actions sur l'établi, du fait des passages, de la diversité des cas, de l'importance de l'accueil, le jeune devant être accepté tel qu'il était et là où il en était.

Incomplètement préparé à la fonction de direction d'un établissement de ce type, je possédais des qualités d'enthousiasme alliées au désir de me perfectionner, d'observer, de comprendre et de réfléchir avant d'agir, soit une interrogation permanente.

Cependant, malgré un engagement personnel très important, je ne pouvais pas tout faire. Souvent, il me fallait improviser, pour répondre ponctuellement à des interpellations ou des appels à l'aide, avoir envie d'accomplir mon rôle et croire fermement en son utilité, en vue de donner à cette maison un véritable sens éducatif. La soif de réussir me poussait à commencer chaque journée très tôt et à rentrer tard.... Soucieux de comprendre le fonctionnement de la maison, je faisais quotidiennement le tour des services, de la pouponnière aux unités de vie, sans oublier la cuisine, la buanderie, le service d'entretien. C'était le moyen d'échanger avec chacun sur son rôle, sa mission, et d'écouter. Il régnait dans l'ensemble une bonne atmosphère de travail, malgré l'insuffisance quantitative de personnels.
Photo M. Aletti
A SUIVRE



Fables Bônoises
De M. Edmond Brua
Envoyé Par M. Carpy Dominique



LE MAGISTER ET LES ENFANS

                Un Magister enseignoit La Fontaine
                A des enfans. Ils n'étoient point si sots,
                Etant Bônois. Mais prendre telle peine
                Avec cet âge et jusqu'à la vingtaine,
                C'est proposer des perles aux pourceaux.
                Ainsi pensoit notre bon pédagogue
                Et certain jour, les cuidant engeigner,
                Il composa le suivant apologue:
                " Le Chat amoureux d'un Ramier ".

                Deux pigeons s'aimoient d'amour tendre.
                Arrive un troisième larron.
                Mais il crut mieux faire d'attendre,
                Encor qu'on le raillât avec juste raison.
                C'étoit un chat, vivant comme un dévot ermite
                Et plus foible des reins, mais non pas moins glouton,
                Si sa fortune étoit petite.
                Il lui fallut à jeun retourner au logis.

                Quelqu'un vit l'erreur et lui dit
                (Il avoit du bon sens, le reste vient ensuite) :
                - Qu'on soit mouche ou bien éléphant,
                Petit serpent à tête folle,
                Point de pigeon pour une obole !
                Ne forçons point notre talent.

                Quatorze vers pris dans quatorze fables
                Avoient fourni tout l'art du Magister.
                De son ouvrage il n'étoit pas peu fier.
                - E h bien ! dit-il, quelles choses notables
                Y voyez-vous ?
                - Tous les chats, c'est des diables,
                Répond Bagur. I's ont les oss en fer !
                Mâ même i' vient le léphant, qu'est-c' qu'i' trompe ?
                C'est pas la mouche, on peut l'endeviner !
                Moralité : marqu' midi à la pompe !
                Ce chat i' s'a fait pigeonner.
               
Edmond Brua






PHOTO D'ECOLE
Envoyée par M. Marc Spina

Photo Marc Spina
            
            Dans cette classe de M. Merle (Prof. de Gym.), diffusée sur le N°161, M. Spina demandait de mettre des noms sur cette photo du lycée St Augustin.

            M. Fabien Alary en a identifié 5 dont voici les noms correspondant aux N° sur la photo :
            1 Dibatista ;
            2 Farrugia ;
            3 Guez ;
            4 Conil ;
            5 Léandri.


            Qui complètera ?
            Qui donnera l'année ?




HE HO LA GAUCHE
Par M. Hugues Jolivet


         La campagne est lancée, un an avant le vote,
         Alors que les chômeurs, chaque jour, usent leurs bottes
         A la recherche d'emplois qui, faute de croissance,
         Ne sont que pures chimères du fait de leur absence !

         Hé-Ho, Hé-Ho, la Gauche, c'est un ardu boulot
         Pour Ministres PS et quelques Ecolos,
         De tenter d'avancer sur un petit nuage,
         Qui n'est autre qu'un leurre, votre propre enfumage !

         Vous chantez comme les nains, au retour de la mine,
         Prof, Joyeux et Dormeur, frappant dans leurs mimines,
         "Ca va mieux, ça va mieux, fiers de notre bilan,
         Ni Grincheux, ni Timides, avançons, jubilants" !


         La Gauche désunie, "Atchoum !" ho, quelle plaie,
         Les frondeurs refusent, du Président Simplet,
         Ses recours aux banquiers, ses soit-disant ennemis,
         Sa politique droitière cause de leurs ennuis !

         Marianne "Blanche Neige", en semi-léthargie,
         Attend un Prince Charmant pour lui redonner vie.
         Elle respecte les Nains, mais souhaite le renouveau
         Apporté par un chef, un homme, un cerveau !
        
- Hugues JOLIVET        
3 Mai 2016        



Récit de Pierre MATHIEU,
alors pilote de P2V-6 à la flottille 22F à Lartigue

Paru sur L'ARDHAN - http://www.aeronavale.org
Envoyé par M. Ventura J.L.
Algérie Histoire :
Attentat à la bombe à bord du vol
Air France Oran-Paris le 19 décembre 1957

        19 décembre 1957, j'ai tout juste 20 ans et je pars en permission pour les fêtes de Noël. J'ai bénéficié d'une place sur un avion d'Air France reliant Oran à Paris pour une arrivée vers 20h. L'ambiance à bord est joyeuse, mes compagnons de voyage sont pour la plupart des Légionnaires en famille. Les moteurs de l'Armagnac ronronnent gentiment quand, tout à coup, une puissante déflagration retentit. L'un des passagers lance : "Un passager a dû passer au travers du hublot" mais sur le ton de la plaisanterie. Tout le monde s'esclaffe. En fait, cet accident s'était produit quelque temps auparavant sur un Super Constellation, le malheureux avait été éjecté par la dépressurisation explosive. Mais les stewards et hôtesses de l'air courant dans l'allée centrale vers la queue de l'appareil avec des extincteurs à la main font disparaître nos sourires pour faire place à une certaine inquiétude.

        À nos questions, aucun ne répond. Pourtant l'avion continue son vol sans changement d'attitude ce qui me rassure sauf qu'il fait maintenant un froid de canard dans la cabine, les blocs avertisseurs "attachez vos ceintures" pendouillent au bout de leurs fils. Je me rends compte que j'ai reçu un morceau de cache-joint de revêtement sur le crâne (que j'avais conservé en souvenir) mais sans bobo. Je réalise qu'il y a bien eu une décompression explosive mais sans connaître la raison. J'apprendrai par la suite que nous n'étions qu'à 10 000 pieds ce qui explique que nous n'ayons pas eu de problème respiratoire. L'avion continue son vol comme si de rien n'était puis au bout d'un certain temps, ½ heure ? ¾ d'heure ? Il se pose en douceur.

        Sur le parking, on nous fait descendre de l'avion mais je ne reconnais pas Orly. En marchant vers l'aérogare, j'aperçois une grande bâche qui recouvre le flanc droit du fuselage un peu en avant de l'empennage. Pourquoi ? Toujours pas de réponse…. Enfin, une fois au chaud dans l'aérogare, on nous annonce que nous sommes à Lyon-Bron et qu'une bombe a explosé dans le compartiment toilettes. La brèche est énorme - je l'évalue à 2m x 2m. Heureusement, aucun élément de commande de profondeur ou de direction n'a été touché ce qui permit à l'avion de continuer à voler à peu près normalement.
        Là, maintenant, nous réalisons qu'un ange gardien a veillé sur nous ! Et nous éprouvons une vraie frayeur rétrospective… Les enquêteurs sont présents et ne nous libèrent que tardivement.

        Heureusement, je n'avais pas prévenu mes parents de mon arrivée… J'en serai quitte pour passer une nuit à l'hôtel à Paris après notre rapatriement par le train de nuit afin qu'ils ne fassent pas le rapprochement. Je crois qu'ils ne s'en sont jamais doutés, persuadés que j'étais arrivé en train.

        La vraie miraculée est l'une des hôtesses de l'air dont le siège était fixé sur la cloison des toilettes. Un passager l'a appelée au moyen de son bouton d'appel, elle s'est levée, a fait quelques pas, l'explosion s'est produite et son siège, ses affaires personnelles et le compartiment toilettes sont partis dans le vide.
        La baraka…
        L'Armagnac était vraiment un excellent avion, robuste et capable d'endurer les pires avatars… Il aurait mérité une meilleure carrière….
        Réagissant à la piraterie de la France, le 22 octobre 1956, lorsque un avion d'Air Maroc qui conduisait Ahmed Ben Bella du Maroc à la Tunisie en compagnie de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider et Mostefa Lacheraf avait été détourné par les forces armées françaises, le FLN voulait une réciprocité spectaculaire.

        Le 19 décembre 1957, il y eut une déflagration à 18 heures dans les toilettes de l'avion Armagnac F-BAVH, du vol Oran-Paris dans le ciel de Clermont-Ferrand : c'est une cellule de l'OCFLN d'Oran qui avait organisé l'attentat sur ce vol d'Air France ; le chef de la cellule était le chahid Lakhdar Ould Abdelkader avec ses compagnons Kerman Ali, Lahcen Tolba, Frédéric Ségura, bagagiste, Hamadouche Abderrahmanne Ould Abdelkader chauffeur, Dehiba Ghalem artificier, Bahi Kouider, Mhaji Mohamed Saad, gardien de nuit à l'aéroport d'Oran, Cherif Abdelkader Ould Boumediene, Lakhdar Hadj Ould Abdelkader, Boucif Ould Mohamed, épicier à Essénia et Boucif Mohamed Ould, coiffeur à Essénia, Zerga Hadj Ould Abdallah et Salah Meknès, gardiens à l'hippodrome.

        La bombe de fabrication artisanale a été transportée d'Oran le 17 décembre 1957 dans la voiture de Abderrahmane Ould Abdelkader, chauffeur, avec Lakhdar Ould Abdelkader vers le salon de coiffure où elle fut entreposée chez Boucif Mohamed Ould, coiffeur à Essénia. Elle fut réglée vers midi, 19 décembre 1957 et Salah Meknes l'achemina à travers les buissons près de l'aéroport en attendant le vol de France de 14 heures 13 minutes ; c'est Mhaji Mohamed Saad, gardien de nuit à l'aéroport d'Oran qui l'introduisit dans l'enceinte de l'aéroport vers 13 heures, alors que Zerga Hadj Ould Abdallah faisait le guet ; le bagagiste Frédéric Ségura l'enveloppa soigneusement et l'introduisit dans la soute sous les WC après l'avoir soigneusement enveloppée dans des chiffons amortissant les secousses.

        Après l'explosion, l'avion fut maîtrisé et atterrit à Lyon ; certains fidayines furent arrêtés et traduits en justice comme Frédéric Ségura qui fut exécuté le soir même de son arrestation par les agents de la DRCS actuelle DCRI, Mhaji Mohamed Saad né le 10 mai 1922 à Elgaâda (Mascara) fut condamné à mort et fusillé le 26 juin 1958, Dehiba Ghalem artificier fut condamné à perpétuité ; tous les autres furent condamnés à de lourdes peines par contumace.

        NDLR. Le pilote, chef de bord de l'avion d'Air Maroc, détourné le 22 octobre 1956, était le maître (H) Gaston Grellier (1917-2003), ancien pilote des FNFL, formé sur Catalina en 1943 à Jacksonville, Floride.


COUPS DE PINCEAU
SUR BONE, TLEMCEN,
ORAN & CONSTANTINE
Par Eugène Del B. (1885)
Trouvé sur Gallica
Le Blidéen né pour Blida. - Oran. - Les Oranais. - Tlemcen. - Changement de noms. - Ignorance. - Constantine. - Son théâtre. - Bône. - Comme elle s'allongea. - Son port. - La place d'armes. - Le Cours. - Encore l'ignorance. - La Pépinière-. - L'Académie d'Hippone. - Les Constantinois à Bône et les Bônois à Constantine.. - Les soldats de la Brèche. - La statue de Thiers. - Les Blidéennes. - Le type de la Blidéenne. - Encore Bône. - Les ruines d'Hippone. - André le Florentin.- La manie du chiffon. - Entre Seybouse et mer. - La Grenouillère. - Les promeneurs qui soupirent. - Conclusion. - Port de Philippeville. - La Blidéenne à Philippeville.

         On peut affirmer qu'en un endroit du globe terrestre il y a une ville plus jolie que toute autre. Cette ville, c'est Blida. Les Blidéens le comprennent sans même y réfléchir, ils le sentent instinctivement, c'est dans leur nature. Ils naissent essentiellement Blidéens et pour Blida.
         Ce que je dis là n'est pas une naïveté.
         Excepté Paris, où l'on naît aussi essentiellement Parisien, supposez n'importe quelle ville, et vous verrez que, sauf les traits caractéristiques de la race, les habitants pourraient, plus ou moins, être nés et avoir grandi autre part.

        Voulez-vous Oran ?
         Ville à bosses de chameau, quartiers tronçonnés, places ou plutôt plats ébréchés, rues ou plutôt échelles de galetas, sentiers comme en plein ciel, pluie ou poussière, parfois huit mois tout secs, terre rouge et dépouillée, ensemble aride, brûlé, désolant ; assez grand port, mais conquis sur la mer, darse de quatre hectares, certainement peu en rapport avec une telle ville, un tel commerce, un tel mouvement ; jetée de mille mètres et vent qu'on dirait sans boussole ; forts grandioses et nombreux, perchés comme des aires ; aspect majestueux, imposant pour le touriste, terrible pour l'ennemi ; - rien sans doute de plus caractéristique.

        Eh bien, tous les Espagnols qui, nés depuis vingt, trente, quarante ans, ont grandi sur la bosse de droite ou sur la bosse de gauche, seraient forts à peu près ce qu'ils sont, s'ils avaient grandi à Carthagène ou à Barcelone. Les Français, qui devraient, il me semble, avoir dans les manières et dans le caractère quelque chose de la sauvagerie de ce site, sont tout aussi polis, même plus doux que les habitants de Toulouse, de Montpellier, de Narbonne, etc. Les Italiens ne seraient déplacés dans aucune ville de l'Italie. Prenez tous les Juifs, transportez-les individuellement ou en bloc dans une ville quelconque de l'Algérie, ils ne s'apercevront pas du changement. Leurs traits, leur regard, leur démarche, leur langage, rien ne paraîtra insolite aux habitants qui les recevront.
         Il serait en somme difficile de se figurer un type oranais bien tranché.

        Voulez-vous Tlemcen ?
         Ville en tout différente, site à plateau, ensemble gracieux, mais sévère, rues arabes, mais aussi rues françaises, places régulières, ombragées, grandes même, elle la place des Victoires, où se désole, au milieu, petit comme une carotte, le bronze qu'on appelle la statue de la négresse ; -pluie abondante, neige souvent, beaucoup, parfois ; plantes et fleurs variées, verdure vigoureuse, essayant de réjouir, s'efforçant de sourire, mais assombrie, la pauvre, oppressée, écrasée,- par le verdâtre, sombre, triste et impitoyable olivier ; ensemble gai, bouquet ramassé, qui semble dire à l'artiste, le priant et le suppliant: " Vois comme en moi tout est joli, tiens, prends mes parfums, débarrasse-moi de ces vils oliviers, porte-moi à Blida ! "

        Ville donc aussi très originale, et pourtant, rien qui caractérise les Tlemcéniens d'une manière tranchante. Ils sont si peu originaux, si peu de leur pays, je veux dire, qu'ils effacent, les ingrats, un jour ici, un jour là-bas, tout ce qui rappelle leur origine, tout ce qui leur donne, dans le plat désert de la civilisation, une fraîcheur toute vive et parfumée d'oasis. Telle rue qui portait un nom arabe, porte aujourd'hui un nom quelconque d'un Pézenas quelconque ou d'un général quelconque ; cette petite place ravissante, qui ressemblait dans son encaissement, par sa fontaine et sa verdure, au lieu saint d'un bosquet sacré ; cette petite place des Caravanes, dont chaque feuille reflète sans doute un souvenir intéressant, s'appelle aujourd'hui... -faut-il le dire ?... Vous ne me croiriez pas. On lui a, du reste, enlevé tout cachet: on l'a très prosaïquement réunie à la place de la mairie on a même, plus récemment encore, poussé plus loin le - vandalisme, et c'est d'un laid!... N'en parlons pas. Et ce gâchis s'appelle la place d'Alger ! ! !

        - Mais, monsieur, vous, savez bien que tous ces écriteaux qu'on a burinés et cloués à nos frais, c'est comme s'ils n'existaient pas, nous n'en tenons aucun compte. On nous a gâché cette place, c'est un malheur irréparable, mais nous n'y sommes pour rien ; nous en gémissons plus que vous. Tous ces traits d'origine que vous conservez religieusement à Blida, l'ignorance les a, chez nous, remplacés par des non-sens ; mais notre coeur est là qui les retient pour les remettre un jour.
        - Mes chers Tlemcéniens, je fais amende honorable et vous en aime encore davantage. Prions Dieu, vous et moi, qu'un génie bienveillant vienne, par une belle nuit, badigeonner tous ces non-sens et suspendre son badigeon au nez de l'ignorant qui a ainsi gaspillé vos deniers.

        Quoi de plus différent, comme site et comme climat, que Bône et Constantine ?
         L'une, qui n'est pas Bône, s'est assise en se serrant beaucoup,- comme une femme ramènerait - son polisson et tous les plis de sa robe, approcherait les genoux et rentrerait les pieds, - sur un rocher, qui n'en est pas un, qui est plutôt une roche, roche inclinée, encaissée, écrasée et noircie, tout le long du dos, par les brumes de l'hiver et les miasmes du Rhummel; l'une, dis-je, c'est Constantine, - se tient là, sur cette roche, accroupie, très accroupie, serrant toujours son polisson et craignant de glisser; elle a même, par précaution, fait construire à côté de son pied droit, un somptueux théâtre, qui lui revient à, trois millions. C'est un peu cher, juste, si je m'en crois, de quoi nourrir, bon an, mal an, cinq cents familles, et cela, depuis l'an de grâce mil huit cent quatre-vingt-trois jusqu'au jour où le soleil et la terre s'effondreront dans l'éternité. Enfin, elle l'a fait.

        Bône, qui, à bon droit, se dit une charmante ville, s'était d'abord, peut-être un peu sans façon, je ne dis pas cavalièrement, non accroupie, mais bel et bien couchée de dos sur le flanc d'un monticule. Plus tard, comme qui se trouve à l'aise après avoir quelque temps dormi, - supposez, pour faire image, au plus fort de l'été, vers les deux heures du matin, la fenêtre entr'ouverte, les rayons de la lune adoucissant - autour du lit le mystère de l'obscurité, et la brise légère enveloppant de ses parfums les formes les plus gracieuses; supposez, dis-je, non pas une statue, car on ne peut être plus vivant, mais une belle femme, majestueuse et souriante, d'un modelé de pinceau, d'un regard très vif, indolente et pourtant toute fraîche, qui s'éveille à demi au milieu d'un rêve de bonheur. Elle s'allongea très gentiment, la voluptueuse, vers le sud-ouest ; elle mit même dans son déploiement un certain air d'élégance, de magnificence et de libre allure, qui contraste avec la modestie de ses premiers atours.

        Son port, magnifique bassin, non conquis sur la mer comme celui d'Oran, mais gracieusement inscrit dans l'une des plus belles rades du monde, n'a guère moins, - quelques pouces peut-être, - de quatre-vingts hectares. Ses deux grands bras, l'un de huit cents, l'autre de six à sept cents mètres, jetés là de main d'homme, offrent aux promeneurs, - car ils forment terrassé, - les agréments de la brise, le grondement de la mer, le calme de l'intérieur et l'aspect le plus grandiose qui se puisse imaginer, jusqu'à la darse, petit port dans le grand, me disent les dictionnaires qui s'enserre tout gentil contre un quai de six cents mètres. Ce petit port, - c'est bien le mot qui lui convient, je n'aime pas le mot darse, qui nous est venu de l'arabe par l'espagnol ou l'italien, -n'est pas mal grand, supposons le huitième du tout, et s'encadre harmonieusement avec la nature qui l'entoure. Si je pouvais l'acheter,- on ne voudrait pas me le vendre, - j'irais prendre le père André, vous savez, là-bas, qui tient une barque sur la Seybouse, André le Florentin. L'eau m'en vient à la bouche... Enfin, il n'y a pas moyen. Je reviens à mon sujet.

        La place d'Armes, tout entourée d'arcades, admirablement ombragée, poétiquement et avec mystère, par des palmiers, des orangers et des gutta-percha, si je ne me trompe, est un peu trop encaissée, non pas pour moi, je l'aime ainsi, mais pour la ville et les Bônois. Ou l'a si bien compris qu'on en a fait un reposoir.

        Je ne me contredis pas : l'ancienne place des Caravanes, à Tlemcen, était juste ce qu'elle devait être, vu son entourage primitif; la place d'Armes de Bône, qui est au moins aussi poétique et bien plus recueillie que la place des Caravanes, serait ce qu'elle doit être, si elle se trouvait de plain-pied et si les maisons qui l'entourent avaient un étage de moins. Telle qu'elle est cependant, sans tenir compte de l'affection particulière que je lui ai vouée, je la trouve fort belle.

        Le cours National... Maudite épithète !... Je pressentais une phrase à sourire, coulante et harmonieuse, à large et ample période, toute longue et dégagée, coquette et gracieuse, vive d'espace et d'azur, pleine d'ombre et de fraîcheur, splendidement encadrée, en un mot le portrait de cette promenade enchanteresse... et ma plume s'est brisée. Vous ne voyez donc pas que par des morts de ce genre, vous vous enlevez toute originalité, que vous commettez en outre un non-sens?National se rapporte à toute une nation: route nationale, en opposition à route départementale, opinion nationale, etc. Nos ancêtres ne cherchaient pas si loin ; il. leur suffisait d'un brin de gloire, le moindre souvenir: " Cours Belzunce ", dirent-ils simplement.

        - Mais, monsieur, c'est vous qui nous apprenez que notre cours s'appelle le cours National; c'est vous dire que nous n'y sommes pour rien, Comme les Tlemcéniens, nous aimons notre pays et nous tenons à conserver les traits de nôtre - origine, témoin la rue Saint-Augustin, la porte de la Kasba, etc.
        - Mes chers Bônois, je fais amende honorable, et vous en estime davantage. Prions Dieu, vous et moi, qu'un génie bienveillant vienne, par un beau clair de lune, badigeonner ce non-sens et quelques autres.

        Donc, votre cours est vraiment beau et il le sera d'autant plus que les arbres grandiront. Je ne parle pas du Jardin des plantes, parce qu'il est en dehors de la ville et qu'il ne peut directement influer sur le caractère et les manières des habitants. J'aurais pourtant bien voulu le décrire, car il m'a singulièrement frappé: outre son aspect sévère, qui me plaît beaucoup, j'y ai remarqué avec émotion certaines plantes que j'affectionnais dans les pays chauds.

        Si les beautés naturelles et artistiques de la ville ont place dans mon cadre, - du reste, vous savez, mon cadre..., c'est une manière de parler, et croyez bien que si je ne dis rien du Jardin des plantes, c'est parce que je ne l'ai pas sous les yeux, - je ne veux pas passer outre sans dire un mot de l'Académie d'Hippone. C'est un institut scientifique qu'on ne saurait trop louer et - encourager. Autant j'en dirai de tous ceux qui Lui ressemblent, soit scientifiques soit littéraires. Toutes les villes devraient en avoir. L'Académie d'Hippone publie un recueil savant, trop savant pour moi, je le regrette, ce qui ne m'a pas empêché de lire toute la collection, au risque parfois de ne pas comprendre. J'étais amplement dédommagé par les articles de ma compétence. Ceux que je ne comprenais pas me donnaient le désir de m'instruire; j'y gagnais au moins cela. A côté de cet institut, je voudrais voir une académie littéraire.

        Je continue. Bône et Constantine diffèrent donc totalement. Eh bien, que, pendant la nuit, par un coup de baguette magique, les Bônois s'envolent à Constantine et les Constantinois à Bône, le voyageur qui se sera promené la veille et qui, le lendemain, descendra ou montera la rue Nationale, la rue de France... crac... Ma pauvre plume, je te plains.

        Bien chers Constantinois, est-il possible, en vérité, qu'une rue Nationale aboutisse au pont d'El-Kantara, et qu'une rue de France expire sur les lèvres du Rhummel ? Et quelles lèvres ! vous le savez !.., tout à pic, deux cents mètres. Un coup de badigeon, croyez-moi. Rue de Salluste, rue de Jugurtha, rue de Sittius; place du Palais, place de là Kasba, place du Caravansérail, porte Bab-el-Djabia, voilà qui vous caractérise ; - rue Damrémont, porte Valée, place d'Aumale, place de la Brèche, voilà qui est bien. Votre origine est, Dieu merci, suffisamment belle et vous fournit assez de souvenirs. Un coup de badigeon, s'il vous plaît. Beaucoup d'entre vous sont trop jeunes pour avoir vu ces vieux soldats à moustache, qui nous revinrent glorieux de la brèche de Constantine. J'en ai vu, moi, la peau brune; et les cheveux en brosse, le feu dans le regard, la colère dans le jarret et dès balafres sur le front.

        Tous les héros de l'antiquité, lions de Sparte ou brutes de Rome, bêtes avides et immorales dont nous vantons les exploits, qu'était-ce au fond-sinon ce que je dis? Mais les soldats de Constantine!... Le moindre est un héros, les autres sont, des dieux. Prenez donc là vos souvenirs. Le nom des officiers, c'est très bien, je vous félicite; le nom d'un soldat, ce .serait encore plus beau,

        Le voyageur donc qui descendra ou remontera ces rues, sera coudoyé de la même manière et ne verra dans les figures aucun changement, de même, le voyageur, qui se promènera à Bône, sur le cours, ne sera pas autrement .affecté que- la veille, et tous ces Constantinois, qui seront là d'unie heure à peine, ne l'empêcheront pas de remarquer que la statue de Thiers est fort impoliment tournée en sens inverse.

        Une digression, pour me reposer. J'étais là depuis longtemps, debout, contemplant cette statue. Quel est donc, pensais-je tout haut, ce colossal navigateur qui s'appelait Thiers? - Comment ! me-dit un Maltais qui m'avait entendu, vous ne connaissez pas Thiers ?.. - Ah! Boun Diou ! c'est Thiers! Merci, mon brave : j'y aurais passé la nuit que je ne l'aurais pas deviné. - Il est assez grand pourtant ! - Eh ! oui, on n'a pas ménagé l'étoffe.

        Je reprends mon sujet.
         D'un autre côté, est-ce dans l'homme ou dans la femme que l'on trouvera particulièrement les traits caractéristiques d'une population, relativement au pays qu'elle habite ? C'est dans la femme. Pourquoi ? Parce qu'elle est moins vigoureusement constituée que l'homme, et que toute en elle se soumet plus facilement, s'assouplit plus franchement aux influences locales.

        Eh bien, tout en faisant une concession de nuances, est-il possible à l'esprit de se représenter par abstraction un type bien accentué de la Tlemcénienne, de l'Oranaise, de la Constantinoise, etc. ? Je ne le crois pas.

        A Blida, - c'est là que j'en voulais venir, - les femmes sont jolies, souriantes et gracieuses. Quand je dis souriantes, je veux dire que tout en elles flatte l'esprit ; on se sent pris à leur vue d'un certain calme réjouissant. Je n'entends pas leur faire injure : je dis calme réjouissant, parce qu'il n'entre pas dans mon sujet d'analyser les sensations qui amènent d'autres sentiments. N'importe où l'on passe, n'importe en quelle place on se promène, on éprouve comme une impression de fleurs. Que l'on soit affairé ou que l'on ait encore sur le front les rides d'une étude ardue, à peine est-on dehors qu'on se sent allégé, tout rajeuni, il suffit pour cela de voir passer une Blidéenne.

        De la condition la plus basse à la condition la plus élevée, c'est toujours la même charme c'est un sourire général, non des lèvres seulement, mais de toute la personne; un dégagé si gracieux, des manières si naturelles, si vives et si fraîches, qu'on se demanderait si ce n'est pas une illusion, si cette grâce n'est pas un reflet passager du sourire de la nature. Et au bout d'un temps très court, on se met tellement dans ce- bien-être, on en prend tellement l'habitude, qu'on n'a même pas besoin de regarder qui passe, on regarde en soi, car on l'a dans le cœur, le type de la Blidéenne.

        Si, tout rêveur, je me perds dans une allée, le parfum qui me vient des arbres fleuris, la fraîcheur, et le bruissement des branches, le murmure de l'eau voisine qui se mêle à ma rêverie, un rayon de soleil qui se joue et sourit dans les feuilles, une grappe de glycine qui se balance gracieusement au souffle de la brise et se détache d'un joli bleu dans le haut d'un olivier, le gazouillement du petit oiseau qui se réjouit de mon erreur, tout cela me ramène à l'esprit, me remet devant les yeux le type de la Blidéenne.

        Si ma rêverie m'entraîne un peu plus loin, que le gardien ferme les yeux ou s'occupe à tailler une haie, mon regard s'arrête sur un rosier..., ma main s'avance discrètement.. Je prends... je crois prendre une rose, la rose la plus fraîche.... Le petit oiseau en rit, caché sous une feuille. Et je me dis : " Heureux suis-je de mon erreur ; je tiens la Blidéenne."

        Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Il y en a quelques-unes, - j'ai oublié de le dire, -qui tranchent par une beauté exceptionnelle, telles, - par exemple, que je ne nommerai pas, mais qui liront ma pensée dans le regard des promeneurs.

        Je continue.
         Si toutes ces gracieuses Blidéennes étaient nées à Bône ou à Constantine, et y avaient grandi, seraient-elles ce qu'elles sont ? Non assurément. La ville de Bône est, après Blida, la ville que je choisirais, d'un séjour très agréable, d'un climat très doux. Mais c'est surtout à ses rivages qu'elle doit sa beauté et le plaisir qu'on y éprouve ; car qu'importe à l'oeil et au coeur de l'artiste ce qui peut enrichir le vigneron, l'armateur ou le négociant ? Et ce qui prouve que l'artiste ne se trompe pas, c'est que justement ce qui flatte son esprit, est aussi ce qui influe sur le caractère et la forme des habitants.

        Les Bônoises ne sont que ce que la ville les fait. Je ne veux pas dire qu'elles soient mal, loin de là : il est facile de le voir par la description que j'ai plus haut ciselée à leur image.
         Elles devraient beaucoup à la plage d'Hippone et à la plage de la Grenouillère, si la mer se trouvait au centre de la ville.
         - Elle est forte, celle-là !
         Elles ne leur doivent presque rien parce qu'elles en sont séparées : leur regard n'a de distraction influente et caractéristique que le départ des bateaux ou des navires, et la statue de Thiers, qui leur tourne le dos.

        Le Jardin des plantes est pour elles, non pour moi, je l'ai dit, d'une beauté trop sévère, et encore n'est-il pas dans la ville.

         Les ruines d'Hippone, que les savants s'obstinent à faire passer pour une citerne, - sont bien ce qu'il faut à ma rêverie, et si je ne craignais un mécompte, - vous savez malheureusement que cela peut arriver, même en plein jour, - je trouverais un certain bonheur à passer quelques nuits sous ces voûtes délabrées ; mais cela ne m'a pas l'air de disposer au sourire ; et encore, tout beau qu'est le site, n'est-il pas dans la ville.

        A droite et à gauche, les plages sont magnifiques; mais pour y aller, c'est un dérangement.
         - Nous y allons en voiture.
         - Adieu la poésie et partant le sourire ! .

        Je dirai aussi que ce n'est pas sans quelque peine que l'on parvient à la plage d'Hippone. J'aime sans doute mieux cela que d'y arriver en voiture, mais il n'est pas à désirer que vous ayez mes goûts. J'aime surtout la barque du Vieil André le Florentin ; je trouve du plaisir à visiter sa cahute. Il me fait remarquer sa crémaillère de corde, suspendue aux chevrons, un peu à l'avant, juste au milieu ; sur la gauche, son pauvre lit, et, au-dessus de quelques branches assoupies, au bout de la crémaillère, une marmite ébréchée, - le tout verni de suie, ou du moins noirci de fumée. - Il me fait remarquer aussi qu'il lui suffit, pendant son repas, de gratter le sol pour avoir de l'eau.

        Qu'il est heureux, ce vieil André !... Il sait bien qu'il vint de Florence (sa bene ch' è Fiorentino, ma...), mais... ne lui en demandez pas davantage. Il se couche au coucher du soleil (si corica al tramontar del sole), il se lève quand le soleil se lève (si alza allo spuntar del sole), il croit en Dieu (crede in Dio, ma...) mais... ne lui en demandez pas davantage. Il vit là d'un peu de poisson et des quelques sous que lui rapporte sa barque.

        Je regrette de n'être pas un grand romancier : ce serait le cas d'une description de cinquante pages. Que de choses à dire sur ce pantalon de cotonnade, tissu de Rouen, s'il vous plaît! Je ferais bien remarquer qu'il est bleu, rayé de - blanc, un peu court, boursouflé aux genoux, plissé au jarret, blanchi par les ans, etc. etc. Et les souliers?...
         - Voyez donc, ô merveille ! achetez, achetez vite ! crierait-on !
         Et tout le monde s'empresserait d'acheter mon livre, et tous les journaux à feuilletons voudraient, à n'importe quel prix, publier mes cinquante pages de chiffons, de gros fil gris, d'aiguilles, à repriser, de pièces rapportées, de cuir veau garanti, de crânes semelles, de clous et dé ferrures, et d'empeignes ratatinées.

        " Que de talent : crierait-on de nouveau ; quelle étude de moeurs! des souliers de cuir sur les bords de la Seybouse! Un bonnet qui n'est ni grec, ni russe, tant il est déformé!.. André le Florentin en manches de chemise !... Et les cheveux gris qu'il a sur la tête et qui poussent comme poussent des cheveux !... Et une barque qui passe les promeneurs, et une hutte à la crémaillère de corde, au sol qui donne à boire, aux chevrons enfumés !... Et le tout sur les bords de la Seybouse, à côté de la Boudjema !... Achetez vite, ô merveille !"

        Est-il heureux, ce vieil André..., de n'en pas savoir davantage ! Il voudrait bien me raconter qu'il est marié, qu'il a de jolis enfants, que sa femme est excellente et travaille pour les nourrir, que le tout est à Bône, ma... ne lui en demandez pas davantage.
         Après m'avoir passé sur l'autre rive, il m'avertit de prendre, garde aux chiens des Arabes, ce qui me faisant, dévier un peu, je me trouve face à face avec du gros bétail. Les bœufs sans doute, ne sont pas moins effrayés que moi ; mais la peur se raisonne-t-elle ? Leurs yeux farouches m'apparaissent si grands tout au bout de leurs cornes, que je m'esquive derrière les arbres et je fais encore un détour.

        Si mon front pouvait se dérider, si mes-lèvres pouvaient essayer, de sourire, je vous le demande en vérité, belles Bônoises, serait-ce là?
         La plage de la Grenouillère, - et loin, plus encore loin,- fait aussi mes délices. Je regrette peut-être un peu que, pour vous continuer, sur le bord de la-mer, l'une des plus belles promenades du monde, on enlève au grondement des vagues les noires roches de la corniche ; mais, me dis-je aussitôt, mon plaisir après le vôtre. Et je vous le reproche d'autant moins que c'est surtout par la vue de la mer que vous pouvez vous distinguer des Constantinoises. Non que je croie vous faire injure ni à elles non plus ; tout comme elles, vous êtes belles ; tout comme vous, elles sont belles et bien prises. Témoin, tous les matins, ces promeneurs assidus... - j'ai bien envie de les nommer... - Nous encombrions le marché, coudoyant ci, regardant là, tournant toujours et fumant tous, moins M. A..., qui soupirait..., un radis noir dans la main gauche, la canne sous le bras, de la main droite égratignant son radis pour voir s'il était bon, et soupirant toujours... Hélas ! ne nous jetez pas la pierre : comme nous les admirions, on vous admire aussi. Votre marché du reste ressemble tellement au leur, - un peu moins grand peut-être, mais non moins beau, - qu'il serait bien difficile d'y avoir d'autres mœurs, Permettez-moi donc de conclure que, malgré la différence des sites, vous ressemblez aux Constantinoises, et que si les Blidéennes sont gracieuses, vives et souriantes, c'est parce que leur ville est au centre d'un pays gracieux, vif et souriant, et que ce pays vient jusqu'au centre de leur ville.

        Elles vivraient peut-être à Tlemcen sans trop perdre de leurs qualités; elles s'étioleraient à Constantine. Il ne faut pas leur en vouloir.. A Bône, elles vous ravageraient le petit square du cours, tant le désir de sourire à la nature les y précipiterait. Votre splendide araucaria, dans deux jours, n'aurait plus de branches; de bonheur et par souvenir du jardin Bizot, elles les emporteraient dans leurs chambres. Et quand tout serait sec, que deviendraient-elles?

        Je connais fort peu Philippeville, - ce que je regrette, - et je ne puis porter qu'un jugement fantaisiste. Je vois bien, non pas des bosses comme à Oran, mais deux flancs pleins de hardiesse, et la rue Nationale qui s'écoule à leurs pieds, se précipite même ; je vois bien la place de la Marine, grande terrasse et bien encadrée, qui m'offre au loin un magnifique panorama ; les maisons à arcades, la place de l'Église et son large escalier, et là-bas, là-bas, presque à perdre haleine, la porte de Constantine ; ce que je vois, surtout, c'est ce port que l'on a créé et la darse tout aussi belle, d'étendue presque égale et à splendides quais, et la gare la plus commode, on pourrait dire qu'elle est dans la ville.

        Je vois que l'on peut vivre à bon marché; mais je ne vois pas comment s'y trouveraient les Blidéennes et je risque une fantaisie. Je me les figure donc, - bien persuadé que ce que je vais dire est faux, -je me les figure toutes qui enfilent la grande rue, ne s'arrêtant qu'une seconde à examiner la place de la Marine, détournant à peine la tête comme pour noter à gauche cet exhaussement inattendu, car elles n'admettent pas une place à escaliers ; regardant bien à droite et à gauche toutes ces belles maisons qui montent ; marchant vite et ne soufflant mot, tant elles sont étonnées ; levant les yeux et souvent dressant la tête, pour savoir si cette large et belle rue ne finira pas de monter; doublant le pas en face de l'église, qui leur paraît trop haut juchée; désespérant bientôt de voir le bout de la rue et, un peu avant la crête, s'engageant à droite par pure curiosité, sans bien réfléchir qu'elles vont droit au ciel ; montant ou mieux, gravissant, toujours les yeux en l'air et quelque peu essoufflées ; puis tout à coup, comme prises de terreur, faire net volte-face, descendre au galop tout affolées, soufflant fort, mais toujours muettes, tête en avant, cheveux au vent, les unes trébuchant, tombant et se relevant, puis bondissant pour rattraper les autres, qui tombent à leur tour, se relèvent et bondissent, s'entassent dans la chaussée, poussent sous les arcades, se heurtent aux passants, écrasent les enfants, cassent des vitres, font hurler les chiens, courent de plus belle, regagnent la darse et se précipitent sur le bateau.

        À Oran... ce serait trop long, je vous le mets en note, elles y mourraient.
         Avec de telles dispositions naturelles, la fête de leur pays doit être forcément plus attrayante que toute autre, et comme tous les cœurs s'y prêtent, je pourrais dire de naissance, on arrive à obtenir sans effort du splendide et du grandiose.



PHOTOS DE BÔNE
Envoi de M. Marc Spina
Maison de l'agriculture
Photo envoyée par M. Marc Spina
La Douane
Photo envoyée par M. Marc Spina

La Préfecture et les Santons
Photo envoyée par M. Marc Spina

Photo envoyée par M. Marc Spina


Photo envoyée par M. Marc Spina
La Gazelle à la colonne
Photo envoyée par M. Marc Spina

La Corniche
Photo envoyée par M. Marc Spina
Ecole des Soeurs, place Aléxis Lambert
Photo envoyée par M. Marc Spina

Café le Globe
Photo envoyée par M. Marc Spina

Blague Alsacienne
Envoyé par Christian

         Il pleuvait à verse, et une grande flaque s'était formée devant la winstub d'Oberschaefolsheim.

         Un vieillard Alsacien était là, sous la pluie, avec une canne et une ficelle pendue dans la flaque.

         Un touriste, touché par ce qu'il voyait, l’approcha et lui demanda ce qu’il faisait là sous cette pluie battante :
         «Je pêche » répondit le vieil Alsacien, tout simplement.

         Pauvre bougre, pensa le brave touriste qui invita aussitôt le vieillard à l’accompagner dans la winstub pour se sécher au chaud et prendre une boisson.
         Alors qu'ils buvaient leurs gewurtztraminer à petites gorgées, le gentil touriste, pensant faire plaisir au vieillard, lui demanda, un peu ironique :
         « Et alors, vous en avez attrapé combien, depuis ce matin ? »

         « Vous êtes le huitième » répondit le viel Alsacien, avec un grand sourire...



Une Pentecôte judéo-chrétienne ?
Publié par Abbé Alain Arbez le 9 mai 2016
Envoyé par Mme B. Leonelli

                Nous vivons sur la base d'un calendrier où subsistent, en raison de l'histoire, (mais est-ce encore pour longtemps ?) des fêtes issues de la tradition judéo-chrétienne qui a structuré culturellement nos pays occidentaux depuis des siècles.
                Ces fêtes ont rythmé la vie des familles et des peuples et la nouvelle configuration en cours, liée essentiellement à l'immigration islamique et à ses exigences grandissantes, accélère l'érosion de ces repères multiséculaires, avec la complicité sélective des antireligieux.
                Il y a évidemment plusieurs manières d'interpréter la laïcité, et il est affligeant de constater que pour certains politiciens, il s'agit trop souvent de niveler et d'uniformiser par le bas. Cependant, viser le plus petit dénominateur commun en matière de spiritualité relève davantage du laïcisme anti chrétien plutôt que de la laïcité, mais c'est aussi une insulte aux générations à venir.
                On voit des décideurs qui promeuvent les arts et la culture non européenne par des expositions ou par la réalisation dispendieuse de musées, mais parallèlement, ils n'accordent aucun intérêt à ce qui a durablement forgé l'âme des cultures d'Occident, et d'Orient : leur terreau d'origine. Pourtant, ces traditions festives, comme supports et repères spirituels collectifs, ont encadré durant des siècles un humanisme créatif dans de nombreux domaines (et que nombre d'intellectuels post-modernes présentent comme des symboles de l'obscurantisme).
                Certes, la Bible reste un best-seller mondial, mais est-elle vraiment lue, et surtout, comprise ? En Occident, en tout cas, la culture religieuse de base s'est effondrée. L'homme de la rue ne sait pas grand-chose des personnages bibliques et encore moins des fêtes religieuses juives ou chrétiennes qui scandent l'agenda de ses congés annuels. A une fillette à qui l'institutrice demande ce qu'est le carême, celle-ci répond : " c'est le ramadan pour les chrétiens ! ". Un enfant qui visite une église romane avec sa classe s'arrête devant une statue de la Vierge et demande à son professeur : " C'est qui, la dame avec le bébé ? ".
                La Bible et les fêtes religieuses qui découlent de cette tradition plurimillénaire ne sont pas que des particularismes juifs ou chrétiens. Véhiculés au cours des siècles par les Communautés israélites et les Eglises, ce sont des marqueurs de mémoire de l'histoire humaine, ainsi que des vecteurs essentiels pour le développement personnel et le vivre-ensemble.

               Par exemple, la Bible hébraïque offre un puissant écho aux découvertes et aux avancées de nos lointains ancêtres. Lorsque dans l'Orient ancien les groupes humains dits primitifs ont passé de la cueillette à l'agriculture, et de la chasse à l'élevage, des étapes de civilisation décisives ont été franchies. Le nomadisme et la sédentarisation ne se sont pas annulés et ont évolué vers une nouvelle organisation. Les pratiques religieuses de sacrifice (avec les premières gerbes de blé ou les premiers agneaux dans l'Israël antique) témoignent du passage d'un culte de la nature à la prise de conscience d'une " histoire " guidée par Dieu mais résultant des comportements humains. Et cette humanisation s'est opérée dans l'approfondissement de la présence d'un Dieu qui appelle à une relation d'alliance ouvrant des horizons. Un Dieu " ami des hommes ", au contraire des divinités en vogue à l'époque, et qui offre des règles de vie commune à un peuple pouvant s'identifier dans une charte interactive. L'éthique des dix paroles incite à honorer Dieu sans oublier de respecter le prochain, surtout les plus faibles, la veuve et l'orphelin, et l'étranger de passage.
                La Pentecôte juive (shavouot) est l'expression, remaniée après le retour d'exil, de ces très anciennes traditions, réactivées par une connexion à la Pâque (sortie d'Egypte) et à la Torah. Pentecôte (du grec pentekostè) veut dire cinquante. Parce que précisément le Deutéronome dit : " Tu compteras sept semaines à partir du commencement de la moisson…Tu célébreras la fête des Semaines pour le Seigneur ton Dieu… "
                Le rabbi Yeshua (Jésus) a célébré en famille puis avec ses disciples ce pèlerinage de Shavouot à Jérusalem, qui rassemblait des foules venues de toute la diaspora. La fête célébrait en Yahvé le Dieu créateur qui bénit son peuple par les moissons et les agneaux, mais aussi celui qui libère des servitudes et offre les mitsvot, les commandements, dans le but de guider la nation sacerdotale vers la sainteté. La notion d'histoire naît de cette responsabilisation diamétralement opposée au fatalisme et la prise de conscience du salut universel est née de ces célébrations.
                Le lien entre les moissons et la Torah était très présent dans l'enseignement de Jésus. Il a souvent invité ses coéquipiers à " prier le Maître de la Moisson d'envoyer des ouvriers pour y travailler… ". La " moisson " en question semblait urgente, car elle avait pris peu à peu, vu les éprouvantes circonstances historiques en Eretz Israel, un sens symbolique et apocalyptique, une évocation des derniers temps où tout devrait changer par l'intervention de Dieu et de son Messie.
                Le " Maître de la Moisson " suggère donc l'image du jugement dernier, où Dieu recueille avec soin toutes les belles actions des hommes dans le monde pour en faire des gerbes de lumière à engranger dans ses greniers éternels. Après le olam ha zè vient l'étape du olam haba…
                " Shema, Israël ! Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est l'Unique ". Il est vrai que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi d'une Parole de vie. Jésus croyait à ces germinations spirituelles de la sagesse biblique dans la conscience des hommes en recherche de vérité. On comprend pourquoi, avec cette perspective d'une moisson généreuse, il comparait sa propre destinée à celle du grain de blé mort en terre pour donner cent fois plus de fruit.
                L'ensemencement des cœurs par la Torah et l'idéal des béatitudes se sont perpétués jusqu'à nos jours. Dieu est invisible, il est Esprit, on ne sait ni d'où il vient, ni où il va, mais il est présence agissante. C'est la Ruah HaKodesh dont nulle institution humaine ne saurait limiter la liberté d'inspiration et de mouvement.
                Les premières communautés de juifs ralliés à Jésus n'ont pas eu de difficulté à faire le lien entre la Pentecôte de leurs ancêtres - fête des moissons et accueil de la Torah - avec le message pascal de mort et de résurrection du Maître. Victoire de l'amour sur l'injustice, de la vie sur la mort, et don de l'Esprit au-delà des clivages.
                Ezekiel avait annoncé aux exilés de retour à Jérusalem le projet de Dieu: " Je mettrai ma Loi dans vos cœurs ". La relation à la Torah ne serait pas extérieure mais intérieure à chaque croyant. C'est ce que les apôtres de Jésus ont expérimenté, dans l'Esprit, lors d'une Pentecôte où tous les participants qui entendaient le message évangélique le comprenaient dans leur propre langage et leur culture spécifique.
                Si Jésus avait préparé ses disciples à son départ de ce monde, c'était pour les initier au fait que sa présence ne serait perceptible qu'avec les yeux de la foi; mais que tout ce qui le reliait au Père serait toujours agissant en eux.
                Il y a dans l'Ecriture d'autres exemples de ce passage de relais. Ainsi après la mort de Moïse, Josué prend la responsabilité de conduire le peuple vers la Terre promise. Lorsque Elie est enlevé au ciel dans un char de feu, Elisée son disciple reçoit son esprit pour assurer la suite. Dans l'évangile de Jean, nous voyons Jean le Baptiste désigner celui qui poursuivra son action de sensibilisation aux temps nouveaux en précisant qu'il est plus grand que lui…
                Dans le même évangile de Jean, compilation de réflexions théologiques déjà élaborées, on peut lire que le même Jean Baptiste s'écrie lors du baptême de Jésus dans le Jourdain : " J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe ".
                Il est vrai que dans l'iconographie, la colombe est souvent la représentation de l'Esprit Saint. Cela n'est pas dû au hasard, puisque dans le livre de la Genèse, c'est la colombe qui vient annoncer la fin du déluge et le départ d'une nouvelle création. Ce message de paix universelle est symbolisé par le rameau d'olivier. Mais la colombe exprime aussi le fait que l'Esprit de Dieu est discret. Il murmure au coeur de chaque être humain, il ne s'impose pas, il n'entre pas par effraction. C'est la douceur et la paix de la relation intime avec Dieu.
                La Pentecôte juive et la Pentecôte chrétienne ont chacune - dans leur parenté différenciée - des valeurs de vie intérieure et de prise de conscience à transmettre. Tout comme Yom Kippour, Hanoukka, Pessah, Shavouot, ainsi que Noël, Pâques et Pentecôte. Alors que la réalité des racines judéo-chrétiennes de nos pays est officiellement niée dans les instances européennes, qui saura convaincre les décideurs d'inclure dans leur laïcité la place légitime qui revient aux traditions religieuses ancestrales dans nos sociétés ? Il faut bien reconnaître que, subsistant encore tant bien que mal dans les processus de nivellement en cours, cette dimension de spiritualité est bien souvent la seule et dernière réserve d'oxygène mémoriel pour affronter les menaces qui se précisent.
 


" LE CYCLE DE L’ADIEU
Envoyé par Le Docteur J.C. Perez               N°12
L’agonie des cathédrales
CHAPITRE XII

A PROPOS D’UN DOUBLE FAUX EXIL
DES JUIFS D’ALGERIE IMPUTABLE A LA FRANCE,
SELON LES ECRITS DE NOTRE ACCUSATEUR
PREMIERE PARTIE

              Dans la rédaction des chapitres X et XI du Cycle de l’Adieu, j’ai proposé quelques réflexions approfondies sur l’origine lointaine et officiellement méconnue de l’agression arabo-islamiste fondamentaliste actuelle.
              Agression mise en œuvre contre l’Occident.
              Agression dont l’ampleur sanguinaire que nous subissons parfois, doit sa réalité historique au gaullisme « cinquante-huitard ».

              Permettez-mois de rappeler une définition que je me permets de qualifier de « pragmatique » sinon de « tactique » de l’Occident.
              L’Occident est défini par l’ensemble des nations ou plutôt des structures géopolitiques à l’intérieur desquelles les chrétiens peuvent vivre en toute liberté et sécurité.
              Liberté de pratiquer leur culte, dans le respect bipolaire suivant :
              - d’une part, un respect convaincu, sagement exprimé, de leurs propres convictions spirituelles,
              - d’autre part, un respect convaincu et simultané de la laïcité universelle. Laïcité universelle qui permet de vivre leurs cultes à ceux qui manifestent publiquement des convictions religieuses chrétiennes ou des convictions religieuses différentes du christianisme, bien évidemment.

              Les convictions religieuses, sans exception, ne doivent pas oublier dans cette perspective, la nécessité absolue de se conformer à un « apriori fondamental ».
              Celui-ci est défini par la laïcité, qui rejette les notions de tabou et de soumission.
              Cette laïcité voulue et votée par la majorité populaire, définit les conditions nécessaires et suffisantes à la pratique d’un culte, dans une société qui se prétend démocratique.
              Une société, insistons encore, qui exige que l’expression publique de ce culte s’exerce dans le respect des lois votées par les représentants élus du peuple souverain.
              Conditions qui, seules, permettent d’envisager une convivialité religieuse génératrice de liberté et de joie de vivre.

              Permettez-moi de revenir à ma volonté de combattre une thèse : celle d’un concitoyen, intellectuel connu, de confession juive, originaire d’Algérie, qui soutient que la France, par son invasion de la régence turque d’Alger en 1830, porte la responsabilité de l’exil qui fut imposé aux juifs d’Algérie en 1962.
              Cet historien semble vouloir exprimer que si la France a pris pied sur la terre de la Régence Turque d’Alger en 1830, c’était dans un but majeur : celui de provoquer une expulsion des juifs de ce territoire.
              Contrevérité évidente, si l’on veut bien ne pas oublier l’identité réelle de la conjuration judéo-capitaliste internationale, d’origine algérienne, qui fut à l’origine du débarquement français à Sidi-Ferruch ainsi que de la bataille de Staoueli, préalable à la prise d’Alger.

              Je ne renonce pas, néanmoins, à dédier les quatre chapitres qui vont suivre, à cet historien… imprudent. Quatre chapitres qui vont évoquer :

              « un double exil vécu par les juifs d’Algérie qui serait imputable à la France ».

              Précisons : double exil qui serait une conséquence, d’après notre accusateur obsessionnel :
              - d’une part de l’abrogation du décret Crémieux par le gouvernement du maréchal Pétain le 7 octobre 1940 ;
              - d’autre part, de la « non-abrogation de cette abrogation » dès le mois de décembre 1942, par le général Giraud. Dans les jours qui ont suivi l’opération Torch du 8 novembre 1942.

              « De quel droit t’autorises-tu à livrer un éclairage personnel sur les problèmes et drames qu’ont vécus parfois, elles-aussi, les collectivités françaises d’Algérie, de confession juive ? »
              J’ai du affronter cette interrogation à maintes reprises.
              Interrogation formulée très souvent sur un mode agressif injustifié.
              Je réponds chaque fois, sans me départir de ma sérénité :
              « du droit ou plutôt du besoin d’exprimer une vérité qu’il faut étayer, si nécessaire, par une confirmation de chaque instant ».

              Voici cette vérité :
              les combattants de l’Algérie française, dont je m’enorgueillis d’avoir fait partie pendant 8 ans, n’ont jamais été inspirés par « le » ou « un » racisme.
              Dans mes différents ouvrages d’une part, dans mes études publiées sur internet depuis des années d’autre part, je ne me souviens pas de m’être singularisé par un quelconque ostracisme religieux ou ethnique.
              En revanche, il est difficile de ne pas faire un constat inverse : des ostracismes religieux, violents, souvent sanguinaires, se sont exprimés en Algérie dans le camp de ceux qui parvinrent à mettre en route, à partir de là-bas, un bouleversement de l’identité de la France. Un bouleversement de la sérénité de la France, de l’Europe et de l’Afrique….. finalement, la sérénité et l’identité même de l’Occident.

              Une précision doit être cependant relevée :
              il est nécessaire de ne pas oublier que pendant le déroulement du conflit algérien de 1954 à 1962, les motivations religieuses de nos ennemis furent particulièrement discrètes dans leur expression publique. Bien que réelles dans le déterminisme de ce conflit ».
              Elles ont été couvertes par un black-out opportuniste.
              Black-out qui permit à l’appareil décisionnaire de la révolution algérienne, de faire donner son exécuteur historique majeur : De Gaulle.

              Celui-ci fut néanmoins engagé dans une guerre de libération.
              Certes.
              Mais libération de quoi ?
              La libération de l’argent ou plutôt du capital.
              Une libération de moyens financiers dans le but exclusif de permettre à ces derniers d’accéder à une valeur ajoutée augmentée.

              Cette mission fut accomplie par l’intermédiaire d’exécutants connus, bien que subalternes, des financiers néo-vénitiens modernes : Joxe, Tricot, de Broglie, Buron et d’autres encore.
              Leur tâche historique fut d’officialiser par un traité la défaite qui fut consentie le 19 mars 1962. Date de la dite Paix d’Evian dont il faut souligner qu’elle constitue historiquement le point de départ de la révolution jihadique, déclenchée à l’échelon universel depuis lors.
              Ceux qui ont célébré officiellement en 2016 l’anniversaire de la défaite gaulliste du 19 mars 1962, ont oublié de souligner que cette date définit fondamentalement, le point de départ de l’actuelle révolution mondiale arabo-islamiste déclenchée pour la domination finale du monde.

              L’identité économique, c’est-à-dire l’identité capitaliste majeure de la défaite d’Algérie, a fini cependant par être revendiquée sans pudeur aujourd’hui.
              Ce fut une motivation dissimulée dans un premier temps. Puis exprimée sans fard en 2016. Plus encore exprimée avec hargne et dédain de nos jours.
              Car ce qu’il était nécessaire d’obtenir, d’après les décideurs de l’abandon, c’était de se débarrasser au plus vite d’un peuple.
              De la charge financière d’un peuple.
              Plus concrètement, de se libérer du devoir d’assumer la couverture sociale et sanitaire de ce même peuple.
              Tel était le projet tactique immédiat de puissants intérêts financiers qui ont mis en œuvre, pour l’accomplissement de cette tache, la Vème République française, dirigée par De Gaulle.

              Pour parvenir à cet accomplissement, on a contribué à élaborer une désaffection du peuple d’Algérie, de confession musulmane, à l’égard de la France.
              A partir de 1925, année de la naissance des Cénacles d’Etude créés par Omar Smaïl cheik.

              Omar Smaïl, arrière petit-fils de l’émir Ab el Kader, sut mettre en action, au sens opérationnel de ce terme, l’arme tactique majeure de la guerre d’Algérie dès 1925 : l’arme religieuse.
              Il avait exprimé l’urgence de forger cette arme, au lendemain de la loi du 4 février 1919.
              Nous reviendrons sur le rôle joué fondamentalement par cette loi de Georges Clémenceau, dans le déclenchement de la guerre d’Algérie.
              Rappelons cependant que ce fut une loi ou plutôt un processus légal et administratif permettant à un national français de confession musulmane, d’accéder à la citoyenneté française.
              Accéder donc aux droits et devoirs véhiculés par la citoyenneté française, au Sud comme au Nord de la Méditerranée.
              Ce fut une loi qui bénéficia officiellement d’une extrême commodité de promulgation.
              Son observance ne posait théoriquement aucun problème administratif ou pratique. Dans la mesure où les hommes d’Etat Français de 1919 ne répugnassent pas à faire de l’indigène algérien, un citoyen français.
              Nous reverrons l’usage réel qui fut fait de cette autorisation d’accéder au rang de citoyen français avec une exceptionnelle simplicité.

              En 1957, en pleine guerre d’Algérie, le fondement conquérant qui animait les déclencheurs de la guerre d’Algérie, fut révélé par Ben M’Hidi.
              Celui-ci, avant de mourir, avait déclaré :
              « vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset,
              je vous prédis moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ».


              La mort n’a pas permis à ce chef FLN de constater à quel point sa prévision connait aujourd’hui sinon un début du moins une amorce de réalisation.
              Cet accomplissement vécu à travers l’abandon de l’Algérie française, le 19 mars 1962, phase majeure du processus dit « de décolonisation », poursuivait un but qu’il nous faut rappeler sans cesse : l’assassinat de la France sud-méditerranéenne.
              La finalité occultée, complémentaire et exclusive de cet assassinat, était en réalité de libérer le capital financier de la charge sociale et sanitaire du peuple algérien. D’un peuple dont le destin, d’après De Gaulle tel qu’il l’exprima dans son pauvre discours du 16 septembre 1959 était « d’être miséreux »

              Rappelons encore et encore la phrase limpide de l’historien Jacques Marseille :
              « tout semble s’être passé comme si le capital financier avait dû attendre la décolonisation pour effectuer sa percée ».

              Il s’agit d’une phrase courtoise et polie émanant de toute évidence d’un doctorant qui redoutait peut-être de se faire rappeler à l'ordre par son jury de thèse. Un jury qui représentait sans aucun doute la quintessence intellectuelle de la pensée officielle et moderne qu’il ne fallait pas encore dévoiler dans sa réalité fondamentale au grand public.
              On a décolonisé.
              On a perdu l’Algérie par le moyen d’une défaite officielle célébrée avec un exhibitionnisme masochiste en 2016 !
              On a favorisé quelques massacres civils français d’Algérie et déclenché un génocide de dizaines de milliers de Harkis.
              Quelle importance !
              Ce qu’il fallait, c’était libérer l’argent de charges humaines jugées trop couteuses. Oui, trop onéreuses et surtout inutiles, prétendaient les planificateurs financiers du délestage économique du débouché algérien.

              Ont-ils effectivement dégagé une valeur ajoutée ? Dans l’affirmative, qu’en ont-ils fait de cette valeur ajoutée ?
              Ou plutôt, dans quel domaine est éventuellement investie cette valeur ajoutée ?
              Ou plus simplement : qui en tire réellement profit ?

              Pauvres complices gaullistes !
              Ils ont applaudi au « grand renouvellement » annoncé par l’homme de Colombey !
              Il n’en reste pas moins que leur évidente incompétence, dans la construction des avenirs glorieux qu’ils ont prétendu générer, illustre leur véritable identité.
              Celle de décideurs dangereux.
              L’avenir qu’ils ont ouvert ne cesse de s’illustrer par des drames. Des drames qui confirment leur identité exclusive d’authentiques criminels contre l’humanité.
              Soulignons-le une fois de plus.
              Les peuples africains, médio-orientaux et d’autres encore connaissent des épisodes de tueries collectives répétées. En attendant que des drames identiques se banalisent en terres européennes et américaines.
              Il n’est pas inutile de rappeler l’avertissement du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ainsi que celui du 13 novembre 2015 à Paris et Saint Denis. Et beaucoup d’autres.

              Les gaullistes étaient, en apparence, obsédés par une seule perspective : mettre en œuvre une décolonisation dont ils claironnaient qu’elle allait générer des bénéfices. Des bénéfices menteurs si on contente de les apprécier en fonction de la qualité de vie pathologique actuelle qu’ils ont générée à l’échelon d’une fraction élargie de la planète.
              L’état de l’Afrique subsaharienne et d’une partie explorable du Maghreb, illustrent la réalité quotidienne des malheurs qu’a engendrés cette recherche obsessionnelle d’une plus forte valeur ajoutée telle que la conduisaient les potentats néo-vénitiens de la finance internationale, que nous avons déjà évoqués.

              Des malheurs, à travers des drames dignes de contes fantastiques du moyen-âge, riches de leur cortège inéluctable de massacres de populations, de viols massifs de jeunes femmes, tout particulièrement lorsqu’elles sont chrétiennes.
              Viols collectifs de collégiennes africaines chrétiennes, captives, exhibées encore récemment comme des trophées militaires par ceux qui se donnent pour tache de conquérir le monde occidental.

              Cette volonté de nier un arrière-fond religieux à la guerre d’Algérie, un arrière-fond d’importance tactique majeure, est responsable d’oublis de la part des historiens, parfois « thésés », qui évoquent avec talent le conflit que nous avons vécu !
              Un de ces oublis, nous l’avons souligné dès l’introduction de ce travail, est illustré par l’impasse que font les historiens modernes sur la déclaration fondamentale du cheik des ouléma, El Bachir el Ibrahimi.
              Déclaration qui fut communiquée au monde entier, le 1er novembre 1954, à partir du Caire et qui a constitué la matière de la Thèse introductive de ce Cycle de l’Adieu, dont ce travail constitue le XIIème chapitre.
              El Bachir précisa le jour de la Toussaint Rouge 1954, permettez-moi de le rappeler, que le combat était engagé : « pour le triomphe de l’arabisme et de l’islam ».
              C’était une formulation exprimant avec une clarté limpide, la tactique fondamentale qui allait définir la guerre d’Algérie.
              Tactique dont il est facile aujourd’hui, d’évaluer à quel degré de mise en application opérationnelle elle est parvenue.

              Rappelons qu’Ibrahim Bachir, qui fut aussi enseignant, au Proche Orient, de littérature arabe classique, était né en Kabylie à Tocqueville, Ras el Oued aujourd’hui, entre Bougie, ma ville natale, et Sétif. Il fut chargé d’installer avec son président, Ben Badis en 1931, l’Association des ouléma, créée par Omar Smaïl cheikh, en vertu des possibilités offertes par la loi française de 1901.
              L’acte de foi de cette association s’exprima à travers un dogme, de grande portée révolutionnaire.
              Un dogme qui anima constamment ceux qui firent la guerre contre la France pendant 8 ans.
              Dogme longtemps couvert par un silence tactique, nous le soulignons avec vigueur : ma religion c’est l’islam, ma langue c’est l’arabe, ma patrie, c’est l’Algérie.

              Dans cette profession de foi, tout est annoncé.
              En premier lieu, la foi dans le message du Prophète de la Mecque et de Médine.

              En deuxième lieu, l’importance universelle mais surtout l’importance opérationnelle majeure de la langue arabe dont l’usage est revendiqué par l’élite intellectuelle du peuple berbère d’Algérie. La langue arabe, « la substance phonique de l’islam » ou encore, « l’outil conceptuel du combat pour l’islamisation universelle ».

              Enfin, en troisième lieu, l’identification d’une patrie : l’Algérie.

              L’Algérie est désignée par cet ouléma, comme la patrie de ceux qui ont décidé de prendre part, en termes révolutionnaires, à l’expansion ou plutôt à l’implantation universelle de leur culte.
              L’Algérie devient ainsi un territoire, une position militaire majeure selon Ibrahim Bachir, dans la mise en train de la révolution arabo-islamiste fondamentaliste et universelle.

              Dans cette affirmation, El Bachir ne faisait que manifester sa conformité opérationnelle avec les influences levantines.

              La Révolution arabo-islamiste fondamentaliste déclenchée dans sa phase moderne et toujours actuelle, le 1er novembre 1954, dans les Aurès, au Sud-Est de l’Algérie, s’est actualisée avec une violence inouïe en novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Puis à Bruxelles en mars 2016.
              C’est la même guerre qui se poursuit actuellement à travers ces drames récents.
              Drames actuels qui définissent le temps post-algérien de la lutte engagée par le fondamentalisme islamiste universelle pour la domination finale du monde, n’hésitons pas à le rappeler.
              Ces éléments de réflexion qui me viennent à l’esprit à chaque instant et que j’exprime d’une manière apparemment désordonnée, me font comprendre en réalité à quel point je supporte mal ceux qui m’ont interpelé et qui m’interpellent encore en me disant :
              « Mais de quoi te mêles-tu ? Qui t’autorise à évoquer l’avenir religieux de ce territoire très important du globe terrestre que constituait l’Algérie française et que constitue aujourd’hui l’Algérie ? »

              Je réponds ceci :
              « l’Algérie c’est un immense pays, au nord de l’Afrique. Au sud de la Méditerranée. Un pays qui côtoie des zones où projette de prendre racine une mouvance arabo-islamiste fondamentaliste à déterminisme invasif universel.
              Ou plutôt à finalité conquérante ».

              Tout cela illustre une vérité que, comme d’autres, je constate à chaque heure.
              L’Algérie, oui l’immense Algérie, pourrait tenir éventuellement un rôle majeur dans le devenir de l’islamisme envahisseur, qui ambitionne de soumettre l’Occident total, de Los Angelès à Vladivostock, d’ouest en est.
              Tout cela, c’est donc mon affaire ! La mienne et celle des autres !
              De ceux qui aspirent à la paix du monde !
              C’est l’affaire de ceux qui refusent d’être soumis.

              Cette immensité de l’Algérie, au nord de l’Afrique et au sud de la Méditerranée occidentale, à 800 km de Marseille seulement, permet de faire toucher du doigt l’aveuglement géopolitique criminel de ceux qui ont organisé la séparation de ce pays de la nation française d’abord, et de l’Europe ensuite. Qui n’ont pas prévu les conséquences inéluctables de cette séparation sur la santé de la France et de l’Europe. De l’Occident.

              Dans l’intimité de mes convictions de défenseur de l’Algérie française, dès le déclenchement de la guerre d’Algérie, celle-ci représentait un territoire de rencontre majeure entre un Occident balbutiant qui s’efforçait de naître et l’Afrique….
              L’Afrique, riche avant tout de ses divisions, annonciatrices de malheurs, à l’échelon universel, si la France et l’Europe l’abandonnaient. Ou plutôt, la désertaient !
              Malheurs illustrés aujourd’hui par les convois de migrants qui viennent chercher la vie au nord de la Méditerranée.
              Pour le moment, des réfugiés…. demain…. des envahisseurs ?

              Cette constatation, que nous impose de faire la réalité quotidienne, devrait m’inciter à ne rien répondre à ceux qui me reprochent de vouloir prendre le contrepied de cet historien qui évoque les « exils imposés par la France à la collectivité française d’Algérie de confession juive ».
              Je réponds ceci :
              "je n’oublie pas que comme ma vie scolaire, professionnelle et sportive, mon combat pour l’Algérie française fut étroitement lié à la collectivité française de confession juive d’Algérie. Cette collectivité fut très majoritairement solidaire de la France en Algérie, pendant la guerre de 8 ans qu’un pouvoir pervers, soumis aux exigences comptables du capitalisme financier, a voulu conclure par une défaite dont les conséquences s’expriment parfois…. avec une cruauté spectaculaire. "
Le docteur Jean-Claude PEREZ        
Nice, Le 10 mai 2016                 

BIBLIOGRAPHIE

L'assassinat de l'Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012
              Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.
Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie
              Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition
              Cet ouvrage a été d'un grand recours dans la rédaction de cette étude
L'islamisme dans la guerre d'Algérie
              Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004
Le sang d'Algérie
              Histoire d'une trahison permanente, 2006 ; 2e édition
Debout dans ma mémoire
              Tourments et tribulations d'un réprouvé de l'Algérie française, 2006 ; 2e édition
Attaques et Contre-attaques
              Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie II, 2008

Editions Dualpha
Boite 37
16 bis rue d'Odessa
75014 PARIS
Tel. : 09 52 95 13 34 - Fax : 09 57 95 13 34
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Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :
- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez « OAS, le docteur PEREZ parle » ;
- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d’un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site
www.jean-claude-argenti-sauvain.com.


Le 22 avril 1961 : Putsch d'Alger.
Auteur inconnu
Envoyé par Mme Annie Bouhier
55ème anniversaire

       Le général Challe s'adresse à l'armée française à la radio d'Alger, lui enjoignant de ne plus suivre les ordres du gouvernement. La population d'Alger apprend par un message lu à la radio que "l'armée a pris le contrôle de l'Algérie et du Sahara". Des parachutistes marchent sur Alger, s'emparent de l'hôtel de ville et du dépôt d'armes.

       «Je suis à Alger avec ZELLER et JOUHAUD et en liaison avec le Général SALAN, pour tenir notre serment, le serment de l'armée de garder l'Algérie, pour que nos morts ne soient pas morts pour rien. Un gouvernement d'abandon s'apprête à livrer les départements d'Algérie à la rébellion. Voulez-vous que Mers-El-Kébir et Alger soient demain des bases soviétiques ? Je sais quels sont votre courage, votre fierté et votre discipline. L'armée ne faillira pas à sa mission et les ordres que je vous donnerai n'auront pas d'autre but.»
       Le conseil des ministres institue l'état d'urgence et décide de déférer à la Justice militaire les chefs de la mutinerie. A Paris, la police arrête le général Faure, 6 autres officiers plus quelques civils.

       Au soir du 22 avril, CHALLE dispose des forces suivantes :

       A ALGER: du 1er REP, commandés par le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc ; du 1er REC, commandés par le colonel de La Chapelle ; du 5ème REI, commandés par le commandant Camelin ; du 2ème REP, entraînés par leurs capitaines et leur commandant ; des 14ème et 18ème Régiments de Chasseurs parachutistes des colonels Lecomte et Masselot; du groupement de commandos de parachutistes du commandant Robin ; du commando de l'air du Lieutenant-colonel Émery.

       A ORAN : des 2ème et 5ème RCI, de la 13ème DBLE, du 1er CUIRASSIERS et 6ème RCA stationné à Mostaganem.

       A CONSTANTINE : des 9ème RCP du Colonel Brechignac, 13ème DRAGONS, 2ème et 6ème RPIMA du Lieutenant-Colonel Balbinet.
       Les unités qui rallieront le mouvement ensuite sont:
       le 27ème Dragons du Colonel Puga ;
       le 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens ;
       le 1er Régiment d'Infanterie de Marine du Commandant Lousteau ;
       le 8ème RPIMA du Colonel Lenoir ;
       le 94ème RI du Colonel Parizot ;
       le 1er RCP du Colonel Plassard ;
       la harka du Commandant Guizien, basée à Edgar-Quinet, village situé au pied de l'Aurès. (Au lendemain du cessez-le-feu, un millier de ces supplétifs, avec femmes et enfants, seront massacrés dans des conditions effroyables.)
« L'Honneur est-il dans l'obéissance absolue au pouvoir légal, ou dans le refus d'abandonner des populations qui allaient être massacrées à cause de nous ? J'ai choisi selon ma conscience. J'ai accepté de tout perdre, et j'ai tout perdu. […] Je connais des réussites qui me font vomir. J'ai échoué, mais l'homme au fond de moi a été vivifié ». (Hélie Denoix de Saint-Marc, dans L'aventure et l'espérance)


Marylou
Envoyé par Christian

     Un type, sur son divan, regarde un match de foot à la télé quand tout à coup il reçoit un coup de poêle à frire sur la tête …
     Le pauvre se retrouve à terre, voit des étoiles, lève les yeux, voit sa femme et lui dit ;
     - T'es folle ou quoi ? Que se passe-t-il ?
     - C'est pour le bout de papier que j'ai trouvé dans ton pantalon où il est écrit :
     Marylou 0475051116 " lui répond sa femme.
     - Tu n'as rien compris ! C'est pour mon tiercé : Marylou, c'est le nom du cheval ...
     04, c'est la 4ème course ...
     75, c'est ma mise ...
     05, cest le numéro du cheval ...
     11, c'est le type de pari et 16 , c'est l'heure de la course !
     Confuse ….." Excuse-moi, je ne recommencerai plus !

     DEUX JOURS PLUS TARD ! ! !
     [BANG], le type se reprend un coup de poêle à frire sur le crâne. Complètement groggy, il crie à sa femme :
     - Purée de merde… Quest-ce qu'il y a encore ? ? ?

     - Ton cheval est au téléphone !



Le militaire et le politique :
deux visions différentes
de l'intérêt de l’État et de la Nation ?

Texte du Général Antoine Martinez

Communiqué du 15/05/2016

         Dans sa livraison du 12 mai 2016, Le Figaro publiait, le jour même de la comparution du général Christian Piquemal devant le tribunal, un article intitulé " Un autre officier de haut rang menacé de sanctions ". Rappelant l'épisode de la lettre ouverte au Président de la République du 4 mars dernier dans laquelle, avec deux autres généraux en 2 ème section nous étions sortis de notre devoir de réserve pour soutenir le général Piquemal et nous indigner de la situation à Calais, la journaliste disposant manifestement d'autres informations me concernant m'avait sollicité pour obtenir des informations complémentaires et quelques précisions. Il est vrai que depuis quelques mois certains responsables politiques, toutes tendances confondues, s'agacent de l'intervention jugée intempestive, voire contraire au devoir de réserve, de généraux habituellement silencieux.

         Mais, un général doit-il fermer sa gueule comme vient de le déclarer récemment d'un ton condescendant et méprisant un candidat aux primaires de droite qui aspire à devenir Président de la République et donc chef des armées ? Un général auditionné par les élus de la nation doit-il mentir pour ne froisser personne et finalement se discréditer et manquer à tous ses devoirs ?

         Un militaire en retraite – qui, ne l'oublions pas, est également un citoyen – est-il tenu au silence devant un processus engagé depuis la fin de la Guerre froide et consistant à démanteler l'outil militaire pourtant chargé d'assurer la première des missions régaliennes de l’État, c'est à dire la défense de son territoire, la protection de la nation et de ses intérêts ? C'est bien ce qu'un sénateur a demandé récemment au Chef d'état-major des armées : faire taire certains militaires en retraite.

         Enfin, un général en 2 ème section rompt-il son devoir de réserve parce qu'il dénonce la politique conduite dans la gestion de la crise migratoire notamment à Calais qui conduit nos dirigeants à accepter la présence illégale de milliers de clandestins sur notre sol, bafouant ainsi l'état de droit qui régit pourtant notre démocratie et constitue l'un des piliers censé garantir l'intégrité du territoire ? En quoi le fait de rappeler les conditions dans lesquelles le général Christian Piquemal a été arrêté à Calais le 6 février dernier serait-il une présentation polémique des faits et constituerait-il une atteinte au devoir de réserve ? C'est effectivement ce qui m'a été reproché officiellement il y a quelques semaines: je suis donc sommé, sous peine de sanctions, de me taire car tenu au devoir de réserve dont je me serais écarté.

         Il est vrai que nos élites politiques, qu'elles détiennent les rênes du pouvoir ou qu'elles aspirent à y accéder, ne sont pas habituées à ce que des militaires, et en particulier des généraux en 2 ème section, considèrent, lorsque l'intérêt supérieur du pays et de la nation est en cause comme c'est le cas aujourd'hui, avoir le droit et même le devoir de s'exprimer. Il ne s'agit cependant pas de sédition ou de conspiration de leur part. Cela révèle simplement le niveau atteint par l'incompréhension et le décalage énorme qui s'est instauré entre le militaire et le politique en matière de conception de la gouvernance du pays sur le long terme qui doit viser la sécurité à l'extérieur et la concorde à l'intérieur. Il y a aujourd'hui, incontestablement, un fossé qui s'est creusé et qui sépare l'approche des problèmes du monde, et par voie de conséquence du pays, entre le militaire et le politique dont les logiques et les horizons sont par nature différents. Le premier voit loin et la permanence de la défense du pays et de ses intérêts, la sécurité et la protection de la nation restent un tourment constant qui dépasse le temps présent et s'inscrit dans le temps long. Le second détient le pouvoir après avoir gagné des élections qui consacrent généralement des ambitions personnelles mais l'exerce le plus souvent soumis au cours des événements qu'il ne maîtrise pas toujours et qui le maintient dans une vision qui ne dépasse pas le court terme, voire le moyen terme dans le meilleur des cas, mais qui s'inscrit donc dans le temps court. Alors, s'agissant de la sécurité à l'extérieur, chacun sait que depuis très longtemps le budget de nos forces armées a servi de variable d'ajustement et il faut reconnaître que depuis la fin de la Guerre froide la situation n'a fait qu'empirer, la détérioration de nos capacités opérationnelles ayant atteint un niveau critique mettant en danger la vie de nos soldats engagés en opérations.

         Cette détérioration a d'ailleurs déjà mené à une rupture irréversible des capacités dont la conséquence pour nos forces armées se traduit par un déclassement stratégique extrêmement préjudiciable pour la France et dangereux pour la défense de nos intérêts dans le monde. Quant à la concorde à l'intérieur, elle dépend essentiellement du niveau de cohérence interne de la société caractérisée par sa culture et donc son identité. Force est de constater que la société française n'est plus aujourd'hui une société apaisée et ne le sera plus avant longtemps en raison de la mutation identitaire qui lui est imposée contre son gré. D'ailleurs, cette question identitaire devra constituer le sujet prioritaire de la campagne des élections présidentielles de 2017, avant même celui de l'économie dont l'état s'aggrave du fait même de cette immigration massive et incontrôlée. Car, après des décennies de laxisme, de manque de vision et de clairvoyance, d'absence de courage et de fidélité aux racines de la France, les élites politiques ont fini par oublier que gouverner c'est prévoir(pré-voir). Elles ont ainsi trahi l'âme de la France en favorisant passivement et activement cette immigration de peuplement hostile à notre civilisation et à nos valeurs, immigration qui n'est certainement pas une chance pour la France mais bien un vecteur d'appauvrissement dans de nombreux domaines.

         Et alors que le Président de la République a déclaré que nous sommes en guerre et que l'état d'urgence est en vigueur, ces élites – de droite et de gauche – ne sont préoccupées, depuis plusieurs mois déjà, que par la prochaine élection présidentielle qui doit se tenir dans un an. Cela est d'autant plus consternant que la crise migratoire – provoquée par une invasion qui a été planifiée et qui constitue une attaque sans précédent des nations européennes – est loin d'être réglée. En outre, les excès et les dérives d'un communautarisme imposé par un islam conquérant, nullement inquiété par les pouvoirs publics, ne cessent de progresser sur notre sol et conduisent le pays à la catastrophe. Il en est de même pour l'ensemble de l'Europe et le marché de dupes passé dernièrement par l'Union européenne avec la Turquie qui a favorisé l'invasion migratoire est suicidaire. Cette perspective est inacceptable. C'est précisément pour témoigner de cette combinaison des périls que le général Christian Piquemal s'est déplacé à Calais pour dénoncer la passivité incompréhensible des responsables politiques dont les conséquences seront dramatiques pour les citoyens européens et donc pour les Français. Il n'a fait que sonner le tocsin.

         Pour ma part, une quarantaine d'années sous l'uniforme au service de mon pays ont forgé mes convictions. Libre jusqu'à présent de toute attache politique, probablement la conséquence de ma " culture militaire " qui m'a astreint et convaincu à ne servir qu'un seul parti, la France, je reste un observateur très attentif aux évolutions du monde et demeure soucieux des intérêts de la France et de son peuple. Mais témoin, comme d'autres, de l'évolution néfaste de notre pays sans que les responsables politiques cherchent à en corriger le cours, je ne peux rester silencieux devant cette France charnelle que j'aime, mais cette France aujourd'hui défigurée et à présent martyrisée par certains de ses fils – mais le sont-ils vraiment ? – animés par une haine viscérale à son égard. C'est ce qui m'a d'ailleurs conduit à publier un essai en début d'année 2013 intitulé précisément " Devoir d'expression d'un citoyen (pas) ordinaire " et qui trouve toute sa justification dans l'actualité présente.

         Alors, " invité " à me taire, je considère que face aux agacements manifestés à l'encontre de certains généraux par des responsables politiques de droite comme de gauche – pourtant responsables de l'état préoccupant dans lequel se trouve la France – face aux pressions ou aux menaces exercées à l'égard des lanceurs d'alerte, le devoir d'expression prime aujourd'hui sur le devoir de réserve compte tenu des menaces de plus en plus précises qui pèsent sur la nation française. Il ne s'agit pas de provocation, de désobéissance ou de rébellion contraires à la culture militaire, mais d'une démarche de salut public ou de salut national, d'une démarche nécessaire consistant à porter, avec d'autres, assistance à notre pays en danger. Mais cette démarche s'exerce, il faut bien le constater, dans un contexte détestable de mépris condescendant de la part de certains, de menaces de la part d'autres à l'égard de généraux qui lancent l'alerte à juste titre et qui, ce faisant, prennent des risques pour défendre l'intérêt supérieur de la Nation. Il est vrai que comme le disait Chamfort : " En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin ".

         Un général exerce un sacerdoce au service de la Nation quels qu'en soient ses représentants d'ailleurs car il appartient à un système, hors des partis politiques ce qui garantit sa loyauté, et qui assure une continuité historique directement liée à la sécurité et à la protection de son peuple. Et devant la mise en danger de la Nation aujourd'hui, due aux conséquences du laxisme et du manque de clairvoyance de nos responsables politiques depuis longtemps et de leur passivité aujourd'hui devant cette invasion migratoire, un général, tel une sentinelle, sonne l'alarme car il est un lanceur d'alerte. Son expérience, sa culture militaire et son engagement désintéressé lui confèrent une certaine légitimité pour exprimer son appréciation lorsque la sécurité et l'avenir de la Nation sont mis en danger. C'est même son devoir. Cela dit, ce devoir d'expression remet-il réellement en cause le devoir de réserve ? Certainement pas, car la vraie question qui se pose est celle-ci : pourquoi ce devoir d'expression revendiqué par des généraux habituellement respectueux d'une éthique qui les pousse à intervenir peu dans le débat public se manifeste-t-il ? C'est la question qui fâche les responsables politiques et en particulier ceux qui nous gouvernent.

         Pourtant, la réponse est claire : un général doit, c'est un devoir, briser le silence lorsque tout ce pour quoi il s'est battu toute sa vie est remis en question et que la Nation est mise en danger parce que les responsables politiques ne respectent ni la Constitution, ni les lois de la République dans les décisions qu'ils prennent ou parce qu'ils n'appliquent pas ou ne font pas appliquer la loi. C'est ce reproche qu'ils ne supportent pas parce qu'ils savent pertinemment que juridiquement être hors-la-loi c'est condamnable. Et sur le plan moral comme sur le plan juridique, ce n'est donc pas porter atteinte au devoir de réserve que de s'exprimer pour dénoncer le fait que la loi n'est pas respectée et n'est pas appliquée. C'est tout le sens que prend cette supposée transgression du devoir de réserve avec l'expression de certains généraux habitués, eux, au respect du règlement et de la loi et qui tirent la sonnette d'alarme car ils sont au service permanent de la Nation aujourd'hui en danger. C'est la raison pour laquelle ils ne peuvent pas fermer leur gueule.

Général (2s) Antoine MARTINEZ        



Commandant Gérard
Envoyé Par P. Galan
"Pour gagner la guerre contre l'islamisme,
il faudra la déclarer"

         Depuis les années 1980, la France est soumise régulièrement, et de façon exponentielle, à des actes de terrorisme islamique. À l’issue des attentats du 13 novembre 2015, le Président de la République et le Premier ministre ont justement parlé de « guerre », précisant qu’elle serait longue. Très juste puisqu’elle dure depuis une vingtaine d’années. Mais, si nos forces armées frappent dans le ciel de Syrie et dans les sables du Mali, si nos soldats patrouillent dans les principaux lieux publics et devant certains lieux de culte, pourtant une mesure élémentaire n’a pas été prise… Celle de déclarer la guerre. Nos adversaires l’ont pourtant régulièrement déclarée, par des annonces fracassantes suivies d’actes dévastateurs. La force morale du Droit de la guerre appartient donc à l’ennemi, de même que l’initiative, la capacité à rayonner et à recruter.

         Une guerre qu’on ne déclare pas est une guerre perdue

         La Seconde guerre mondiale a été gagnée parce qu’elle a été régulièrement notifiée à l’Allemagne et aux puissances de l’Axe. Les démocraties occidentales, et en particulier la nôtre, ont vécu des moments très difficiles. Restés seuls en lice, la Grande-Bretagne et les États-Unis d’Amérique ont pris des mesures qui ont conduit à la victoire. Parmi celles-ci a été l’interdiction des mouvements fascistes, nazis et impérialistes japonais. Les fascistes britanniques d’Oswald Mosley défilaient avec leurs chemises noires jusqu’à l’interdiction de leur parti en 1940, au moment de l’évacuation tragique de Dunkerque et de l’arrivée de Churchill au pouvoir. Dès l’entrée en guerre, Roosevelt a interné ou renvoyé tous les immigrants qui témoignaient un attachement radical à l’Allemagne, à l’Italie et au Japon, leurs journaux ont été supprimés. Les nazis américains qui arboraient chemises brunes et croix gammées ont été interdits, leurs chefs emprisonnés pour la durée de la guerre. Par conséquent, l’Axe n’a pu mener d’opérations d’espionnage et de sabotage efficaces contre les démocraties anglo-saxonnes. La guerre a été gagnée. Depuis 1945, l’Occident a perdu toutes ses guerres, dont aucune n’a été déclarée, au mieux faites d’après un mandat de l’ONU. La Guerre froide n'a été gagnée que parce que les Russes voulaient vivre comme en Amérique et en Allemagne… Mais finalement ils vivent comme en Colombie pour citer librement Svetlana Alexievitch.

         Désigner l’ennemi dans une déclaration de guerre formelle

         L’Amérique a perdu ses guerres d’Afghanistan et d’Irak, placées malencontreusement sous l’acronyme GWOT, Global War on Terrorism… La Seconde guerre mondiale a été gagnée parce que nous combattions l’Allemagne et ses alliés, ce n’était pas une « Guerre globale contre les Panzers et les U-Boote ». Le terrorisme est un mode d’action tactique, pas un ennemi. L’ennemi est aujourd’hui l’islam radical qui, avec une persévérance implacable, courage et cruauté, a étendu sa sphère territoriale de l’Afghanistan au Nigéria, frappant aussi de la côte Est des États-Unis à l’Indonésie. Protéiforme et imaginatif, il crée et recrée sans cesse des organisations : GIA dans les années 1990, Al-Qaida dans les années 2000, Daech dans les années 2010… La France a essuyé deux coups majeurs en 2015 plus des dizaines d’actions secondaires.

         Or, à l’extérieur le djihadisme est traité militairement, mais à l’intérieur il est traité comme du grand-banditisme. L’Opération Sentinelle n’a rien empêché mais a désigné des cibles aux forcenés, tout en fatiguant nos unités dont la mission est de détruire l’ennemi par la manœuvre et par le feu, pas de jouer aux vigiles. La réponse s’avère inappropriée, car la guerre n’est pas l’affaire des juges, mais de l’exécutif et de la force armée. Le soldat n’a pas à requérir l’accord de la justice pour oblitérer un ennemi. Il doit être en accord avec le Droit de la guerre qui combat les moyens militaires, économiques et moraux tant de l’ennemi que de ses partisans. Passer de l’état d’urgence à l’état de guerre n’est pas une obligation technique dans un conflit de basse intensité car le Droit peut toujours être adapté par le législateur ou validé par le référendum.

         Les avantages opérationnels d’une déclaration de guerre

         Dans les années 2000, en incarcérant des djihadistes ou des résistants irakiens à Guantanamo et à Abou Ghraib, les États-Unis ne les ont pas traités selon la Convention de Genève, se sont laissé aller à des dérives qui les placent sous certaines accusations du Droit international et ont prématurément relâché des gens susceptibles de se radicaliser à nouveau. À l’inverse, une déclaration formelle de guerre permet d’incarcérer les combattants ennemis pour la durée du conflit plus une période de sécurité de dix ans. Officiers et troupes sont séparés dans des camps de prisonniers. Une rééducation par l’enseignement civique et par le travail permet de dépolluer les esprits, comme la « dénazification » par le passé. Le piège d’une relaxation précoce, toujours hasardeuse, laissée à la discrétion des juges, est évité.

         Le nombre de djihadistes français partis en Syrie est en hausse, leur effectif est très vaguement connu. Sur place, ils rejoignent l’État islamique, Daech, qui a déclaré la guerre à la France. Dans une situation de belligérance mutuellement reconnue, ces djihadistes pourraient être inculpés pour haute trahison. Ils seraient transférables devant la justice d’un pays qui a souffert de leurs exactions, sous des chefs d’accusation tels que l’appartenance à une organisation terroriste ou la complicité pour crimes de guerre. Or, seule une partie des djihadistes sont judiciarisés et jamais pour haute trahison. Selon le Droit et les méthodes de la guerre, ceux qui ne se sont pas rendus ou n’ont pas été arrêtés restent des ennemis dormants et peuvent être traités comme « agents d’une puissance étrangère ». Enfin, l’interdiction de tous les moyens de propagande et de soutien logistique est l’indispensable mesure pour tarir recrutement et achat d’armes.

         Quand un pays allié héberge les moteurs Internet de diffusion de cette propagande, la déclaration de guerre et les alliances le contraignent à sévir. Les provocations vestimentaires, soutien aux valeurs radicales de l’ennemi, doivent être proscrites et poursuivies. On n’imagine pas des nazis en chemises brunes protestant contre le débarquement en Normandie dans les rues de Washington le jour du 6 juin 1944. Pourtant, même après des attentats meurtriers, on voit des radicaux manifester à Londres pour l’instauration de la Charia. En France, la seule persécution religieuse menée par la Justice va contre les crèches de Noël, une bien innocente tradition française… Cette persécution, même fondée en Droit, va dans le même sens que les persécutions antichrétiennes menées par les djihadistes. Nous ne sommes donc pas unis, nous ne le serons pas à l’avenir, pas plus que nous l’étions entre 1940 et 1944. Pourtant, il va nous falloir gagner cette guerre.
- Commandant GÉRARD         
SOURCE : Chemin de Mémoire des Parachutistes - Libre opinion du Commandant Gérard : Pour gagner la guerre contre l’islamisme, il faudra la déclarer

Le Bourré et le Gendarme
Envoyée Par Chantal

         Un gars rentre d'une fête en voiture, bourré comme un coing. Un gendarme l'arrête et lui dit:
         - Test d'alcoolémie.
         - Et merde... Si je vous donne 10 € vous me laissez partir ?
         - Non !
         - OK, alors 20 € ?
         - C'est d'accord. Allez-y mais doucement et soyez prudent.
         Le gars repart et 2 minutes plus tard, il retombe sur un gendarme qui lui dit:
         - Test d' alcoolémie.
         - Oh non, pas encore... avec 10 € vous me laissez partir ?
         - Non !
         - Bon, alors 20 € ?
         - C' est d'accord, allez-y mais doucement et soyez prudent .
         2 minutes plus tard, le gars tombe une nouvelle fois sur un gendarme.
         Le gars gémit :
         - Oh non, encore un putain de test d'alcoolémie.. Écoutez, est-ce que pour 50 € vous me laisseriez partir ?
         - Non...donnez-moi 100 € et je vous laisse partir.
         Le gars s' exclame:
         - 100€ ! mais c'est de l'arnaque, les autres gendarmes ne m'ont demandé que 20
         Le gendarme sourit et réplique :
         - Oui, mais cette fois, en plus, je vous explique comment sortir du rond-point !



Le 13 Mai
De Monsieur Alain ALGUDO

       Chers Compatriotes,
       Ci-dessous, notre stèle en ce symbolique 13 Mai 2016 avec l'additif apposé : coeur de granit avec inscription OR.
       Encore mille fois merci à vous tous.
       A. ALGUDO
       Collectif des associations du Biterrois. - CDFA/UCDARA - VERITAS

Photo de M. Algudo Alain



Photo de M. Algudo Alain


Photo de M. Algudo Alain



Lieux de mémoire :
comment ne pas les oublier

28 mai 2016 :         http://www.senat.fr/rap/r07-065/r07-0651.html
Envoyé Par M. Pierre Barisain
B. LES CONTRÔLES MENÉS À L'ÉTRANGER : ALGÉRIE, MACÉDOINE ET GRÈCE

       1. L'entretien des nécropoles en Algérie, un problème récurrent
       Jusqu'à l'indépendance, les sépultures militaires françaises étaient entretenues par le Souvenir français et l'Œuvre des tombes. Le 16 août 1962 il fût décidé que l'Etat français assumerait dorénavant la garde des tombes et leur entretien. Leur recensement, qui ne prit en compte ni les tombes musulmanes ni celles des militaires rendus aux familles, fût lancé en 1963. Le 9 mars 1966, M. Jean Sainteny, ministre des anciens combattants, retint le cimetière du Petit Lac à Oran comme lieu unique de regroupement des tombes.
       Les opérations, débutées en 1965, qui ont porté sur 10.742 corps, se sont déroulées en trois phases jusqu'en 1968. Chaque identifié reçut une tombe individuelle et les inconnus furent déposés en ossuaire. Il fût décidé, cependant, du maintien de quelques cimetières ou carrés militaires à Alger, - Sidi Fredj le " cimetière de la conquête ", où reposent les morts du débarquement du 15 juin 1830 -, Constantine et Mers el Kébir.

       a) Les tombes et monuments de l'algérois
       Le service des anciens combattants de l'ambassade comme beaucoup d'autres avait été fermé en 1994 en raison des risques pour le personnel présenté par la montée de l'insécurité en Algérie. Il a réouvert le 15 février 2004, selon les souhaits exprimés par le Président de la République lors de sa visite l'année précédente. Il est assuré par 2 fonctionnaires du ministère de la défense, dont un spécialiste de l'appareillage dépendant de la DSPRS.
       Le rapporteur spécial s'est rendu dans ce service dès son arrivée à Alger. Après le transfert depuis Toulouse de 1.100 dossiers, le service gère, actuellement, l'appareillage de plus de 400 personnes, les cimetières, carrés militaires et monuments situés en Algérie et la révision des pensions d'invalidité. Il a, ensuite, visité durant deux jours les principaux sites mémoriaux de l'algérois.
       (1) Le cimetière de Saint-Eugène (Bologhine) à Alger
       Ce cimetière européen, d'une surface de 14,5 hectares, situé au pied de l'église Notre-Dame d'Afrique et près de la mer, est entretenu par 20 employés. Il comprend un carré militaire des deux guerres où les tombes sont regroupées par spécialités des corps de l'armée. Une dotation pour rafraîchir la peinture de ces tombes serait nécessaire (coût de 2.000 à 3.000 euros), ainsi que des travaux de redressement de certains poteaux délimitant le carré. Dans la partie israélite, qui couvre 6 hectares, un mémorial a été édifié dans le carré militaire.
       (2) Sidi Fredj, le " cimetière de la conquête "
       Ce modeste carré militaire est situé à une vingtaine de kilomètres d'Alger dans une pinède, à quelques encablures de lieux de vacances du bord de mer. Le rapporteur spécial a pu constater qu'il fait l'objet d'un entretien régulier mais également de dégradations fréquentes liées à cette proximité.
       (3) Le cimetière chrétien du boulevard Bru à Alger
       Il couvre 5 hectares et contient un carré militaire de nos " morts pour la France " de la guerre 1914-1918 ainsi qu'un monument. Il est prévu que le corps de Savorgnan de Brazza, qui y repose dans un monument funéraire, soit transféré en Afrique. Des registres qui recensent toutes les personnes inhumées, depuis le 19eme siècle, peuvent être consultés. L'émail des plaques et les poteaux délimitant le carré militaire ainsi que le monument aux morts mériteraient d'être restaurés.
       (4) Les carrés militaires du cimetière d'El Alia à El Harrach
       Ce cimetière a été choisi par les autorités pour y enterrer les personnalités algériennes, à l'instar de l'émir Abd el Kader, des présidents Houari Boumediene et Mohammed Boudiaf. Y reposent également des morts militaires indigènes de la guerre 1939-1945. Un carré d'environ 150 corps de soldats de confession musulmane relevant des autorités algériennes est en cours d'enlèvement. Pour ce qui concerne la France, il contient surtout, dans un triangle de moins d'un hectare, 414 tombes de soldats indigènes chrétiens et un monument aux morts pour la France. Un désherbage et une rénovation du monument et des tombes ne seraient pas superflus.
       (5) Un immeuble administratif en déshérence
       Le rapporteur spécial, avant de quitter Alger, a visité un immeuble construit dans le centre ville par une association d'anciens combattants, avant le début des événements ayant mené à l'indépendance, et qui servait de centre d'activités sociales et culturelles pour ses membres. Ne pouvant continuer à assurer son entretien, l'association a cédé le bâtiment au ministère des anciens combattants. Il y a abrité ses services ainsi que celui des visas jusqu'en 1994. Cet immeuble de quelques 8.000 m2 avec parking et ascenseur est depuis déserté, pour des raisons de sécurité, à l'exception d'un couple de gardiens très satisfaits d'y loger au dernier étage dans l'ancien appartement du directeur du centre. Des démarches ont été engagées, avec les autorités algériennes pour l'échanger contre une propriété permettant aux services français de s'installer dans de meilleures conditions de sécurité.

       b) Les nécropoles de l'oranais et les dégradations récurrentes du cimetière de Mers el Kébir
       (1) Le cimetière de Mers el Kébir
       Avant de se rendre à Mers el Kébir, le rapporteur spécial, s'est entretenu avec M. Jean Donet, représentant des Français de l'étranger, et s'est rendu à la wilaya d'Oran où il a été reçu par M. Tahar Sekran, Wali d'Oran.
       M. Jean Donet s'est montré scandalisé par les différentes profanations et dégradations constatées par nos compatriotes dans les nécropoles et cimetières de l'oranais.
       S'agissant plus particulièrement de la sécurisation du cimetière de Mers el Kébir, M. Tahar Sekran a présenté l'apport des autorités algériennes et s'est engagé à trouver des solutions aux difficultés évoquées par MM. Bernard Koelsch et Joël Martel (voir l'entretien en annexe). Il faut espérer que ces engagements rassurants seront tenus par l'Etat algérien car, depuis, M. Tahar Sekran a quitté son poste.

Cimetière marin de Mers el Kébir (Algérie)

Ossuaire du cimetière marin de Mers el Kébir (Algérie)

       Pour sécuriser le cimetière de Mers el Kébir la DMPA a décidé de rétablir le gardiennage qui avait été abandonné en 1994, en raison de la situation politique locale. Lors de la visite, en septembre 2006, les travaux attendus à l'intérieur du cimetière, notamment la construction d'une maison de gardiens, et sur le mur de clôture n'étaient entrepris que depuis 3 jours. En revanche, les services algériens avaient procédé, comme prévu, à l'installation de l'éclairage extérieur sur la voie desservant le cimetière et le rapporteur spécial s'est entretenu sur le site avec M. Maamar Karma, président de l'Association populaire communale (A.P.C.) de Mers el Kébir.
       Le carré militaire, uniquement dédié aux marins morts pour la France lors des deux attaques britanniques de juillet 1940, comprend un ossuaire, 263 tombes et le caveau de l'amiral Darlan. Pour ce qui est des tombes de marins, chaque corps était signalé par une croix en maçonnerie avec une plaque d'identité en cuivre. Au fil des incursions et du vandalisme les croix avaient été brisées et les plaques arrachées et dérobées. La DMPA a décidé de remplacer les croix par des plots et de restaurer l'ossuaire et le caveau. L'ossuaire contient les corps des marins du cuirassé " Bretagne " qui avait chaviré lors de l'attaque de l'escadre le 3 juillet 1940. Ces corps n'ont été récupérés qu'un an plus tard, quand le bâtiment a pu être renfloué. Le monument comportait, à l'origine des plaques rivetées qui ont été détruites et volées. Enfin, le couvercle et la plaque funéraire du caveau étaient vandalisés.
       Lors de la visite l'opération, d'une part, de restauration des tombes, de l'ossuaire et du caveau, d'autre part, de construction d'une maison de gardien, venait d'être mise en chantier.
       Le cimetière européen de Mers el Kébir comprend également une section civile dans lequel reposent quelques corps de marins rendus à leurs familles. Le rapporteur spécial a pu constater des dégradations et profanations sur certains de ces caveaux familiaux.
       (2) Le cimetière de Tamashouet
       L'entretien, hormis le monument aux morts du 2ème régiment de zouaves, et le gardiennage de ce cimetière européen civil relèvent des autorités algériennes. Enchâssé entre une desserte routière, une voie ferrée, un terrain en chantier et des immeubles d'habitation il a souvent subi des incursions et M. Jean Donnet a montré au rapporteur spécial les actes de vandalismes perpétués sur les monuments funéraires.
       (3) Le carré militaire au cimetière israélite
       Ce cimetière civil comprend un carré militaire israélite qui n'abrite que des tombes restituées aux familles, dont la charge n'incombe pas à l'Etat.
       (4) La nécropole du Petit-Lac
       Les travaux de regroupement en ce lieu unique des tombes des militaires d'Algérie, qui ont duré jusqu'en 1968, ont porté sur 13.100 corps en ossuaire et 3.690 corps en sépultures individuelles. En outre, en 1971, des columbariums furent construits pour recueillir des corps de civils exhumés de cimetières en péril d'abandon. La nécropole contient également, plusieurs monuments aux morts et des tombes d'officiers supérieurs. Hormis quelques incursions et problèmes de voisinage le lieu est bien entretenu par 5 agents recrutés localement. Les quelques emblèmes vandalisés ont été restaurés et les croix en bois remplacées par des croix en béton, l'opération ayant porté sur 8.000 croix.

Nécropole du Petit-Lac à Oran (Algérie)

Les crédits pour les nécropoles algériennes depuis 2004 (en euros)
2004 2005 2006 2007
Salaires 30.000 38.000 27.000 39.000
Entretien sépultures 10.000 24.000 15.000 15.000
Travaux de rénovation 17.000 *145.000 15.000
Total 40.000 79.000 187.000 69.000

       *2006 - mise en place de 95.000 euros pour la création d'une maison de gardien et la rénovation du cimetière marin de Mers El Kébir.
       Source : DMPA (Bureau des monuments historiques et des lieux de mémoire)


       2. Les nécropoles du front d'Orient, de Skopje à Thessalonique
Un point d'histoire

       Le déclenchement de la guerre avec la Serbie après l'assassinat le 28 juin 1914 de l'héritier du trône austro-hongrois, l'Archiduc François-Ferdinand, a entraîné par le jeu des alliances la Grande Guerre entre " l'alliance des Empires centraux " (Allemagne et Autriche-Hongrie) et " la triple entente " (Russie, Grande-Bretagne et France) alliée à la Serbie.La guerre s'étendra ensuite à d'autres pays des Balkans et au-delà. Ainsi la Bulgarie s'alliera aux Empires centraux et l'Italie et la Grèce aux pays de la triple entente. La Turquie s'étant engagée aux côtés des Empires centraux, la flotte anglo-française ouvrira le premier front oriental de ces pays alliés dès le 19 février 1915 en tentant de forcer le détroit des Dardanelles pour atteindre Constantinople. Devant les échecs répétés de la flotte une expédition terrestre alliée débarquera le 25 avril 1915 sur les côtes du détroit mais trop tardivement pour l'emporter, les turcs ayant, entre temps, renforcé leurs défenses.
       Cette campagne des Dardanelles s'achèvera par l'évacuation du corps expéditionnaire du 10 décembre 1915 au 8 janvier 1916 (la France ayant retiré une de ses divisions dès le 25 septembre 1915 pour l'engager sur le nouveau front d'Orient).Pour porter secours à l'armée serbe un nouveau corps expéditionnaire allié est constitué après son débarquement à Salonique en Grèce. Les forces françaises sont placées sous le commandement du général Sarrail. Cette armée d'Orient combattra, de 1915 à 1918, principalement sur le front de Macédoine. Le repli des français à Salonique, en novembre 1915, devant les forces bulgares se soldera par 25 % de pertes. Le commandement des armées alliées (C.A.A.) est confié au général Sarrail le 11 août 1916, puis au général Guillaumat le 22 décembre 1917. Le 18 juin 1918 le général Franchet d'Esperey est nommé à la tête du C.A.A. Il dispose de 600.000 hommes. Le 15 septembre 1918 il lance l'offensive victorieuse qui aboutira aux capitulations successives de la Bulgarie, de la Turquie, de l'empire Austro-Hongrois avant l'armistice du 11 novembre 1918 entérinant celle de l'Allemagne.
       Cependant les " poilus d'Orient " seront encore engagés en Roumanie, pour cinq mois de plus, sur le front sud de la Russie contre les Bolcheviks. Ainsi la campagne des 300.000 " poilus d'Orient " ne s'achèvera qu'en mars 1919 sur les quais d'Odessa en laissant 70.000 morts sur ces terres lointaines.


       Le regroupement des corps de ses " poilus d'Orient " fut réalisé de 1921 à 1923 par la France.
       Les principaux cimetières militaires qui ont recueilli les restes mortels sont situés à :
       Kortcha (Albanie) 640 corps
       Sofia (Bulgarie) 789 corps
       Athènes (Grèce) 53 corps à Kalamaki
       Corfou (Grèce) 209 corps à Gastouri
       Thessalonique (Grèce) 8.310 corps à Zeitenlick2(*)
       Bitola (Macédoine) 6.262 corps et deux ossuaires contenant 5.000 corps chacun
       Skopje (Macédoine) 960 corps et deux ossuaires contenant 5.000 corps chacun
       Bucarest (Roumanie) 128 corps
       Slobozia (Roumanie) 313 corps
       Belgrade (Serbie) 396 corps
       Istambul (Turquie) 251 corps à Feriköy
       Les corps non rendus aux familles des soldats morts lors de l'expédition des Dardanelles reposent, dans un ossuaire (12.000 corps) et en tombes individuelles pour les 2.235 corps identifiés, dans la nécropole de Seddul-Bahr, en Turquie. Le consulat de France à Istanbul assure, l'entretien et le gardiennage du cimetière pour le compte du ministère des anciens combattants.
       Dans le cimetière parisien de Thiais (Val-de-Marne) reposent, dans un carré spécifique, des corps de combattants serbes évacués en France pour blessure ou maladie et qui y décédèrent dans les formations sanitaires. Inauguré le 6 juin 1931, ce carré comprend 748 sépultures.

       a) Les deux cimetières militaires français de Macédoine
       (1) Le cimetière de Skopje
       La ville d'Uskub (aujourd'hui Skopje) a été le théâtre de la dernière charge de l'histoire de la cavalerie française sous les ordres du général Jouinot-Gambetta. Après une charge bousculant les défenses bulgares et allemandes, la brigade de cavalerie parcourut 70 kilomètres en pays montagneux pour prendre, le 29 septembre 1918, la ville d'Uskub par surprise. Cette victoire entraîna le même jour la capitulation de la Bulgarie.

Cimetière de Skopje (Macédoine)

       Après son accueil à l'aéroport de Skopje par M. Michel Giacobbi, Premier conseiller et chargé d'affaires de l'Ambassade, le lieutenant-colonel Fabrice Duda, attaché de défense, et M. Pierre Rannou, consul, le rapporteur spécial s'est rendu directement, et en leur compagnie, au cimetière de Skopje. Une cérémonie, avec dépose de gerbe, fut rendue au monument aux morts en présence des militaires de la KFOR ayant récemment, sur la base du volontariat, effectué des travaux dans les cimetières de Skopje et de Bitola (ex-Monastir). Le rapporteur spécial a particulièrement apprécié l'exemplarité du dévouement de ces militaires à la sauvegarde de la mémoire d'une génération de soldats du passé. Cette action est une piste à explorer pour résoudre les problèmes d'entretien posés par l'éloignement de certains lieux de mémoire. Le gardien du cimetière et les deux employés saisonniers (d'avril à octobre) étaient également présents.
       Le cimetière est installé sur un coteau. Il est arboré et parsemé de rosiers et de buis entre les tombes. Le monument aux morts, édifié sur la hauteur, domine vers l'autre versant le fleuve Vardar qui arrose la capitale. Un obélisque, à la mémoire des inconnus morts pour la France, y est érigé sur l'un des deux ossuaires. Le petit musée, contenant des souvenirs du front d'Orient et des commémorations et visites à la nécropole, a été restauré par les militaires. Dans son ensemble la nécropole est bien entretenue.
       A l'arrivée à l'ambassade, une réunion s'est tenue avec MM. Michel Giacobbi, Pierre Rannou et Mme Monique Jovanovska, comptable, pour présenter la gestion de l'entretien des deux nécropoles de Macédoine (Skopje et Bitola). Ils ont précisé que le coût annuel avait connu une brutale augmentation en 2004 en conséquence de la déclaration à l'administration des salariés.
       Il est à remarquer que les deux cimetières disposent chacun d'une maison de gardien.
       (2) Le cimetière de Bitola
       Le déplacement au cimetière de Bitola (ex Monastir), le deuxième jour, s'est effectué en compagnie de MM. Fabrice Duda et Pierre Rannou. La nécropole est située à trois kilomètres à l'Est de la ville, à proximité des cimetières yougoslaves et anglais. Quatre employés saisonniers l'assistent pour l'entretien de cette vaste nécropole qui contient les tombes de 6.262 corps et deux ossuaires de 5.000 corps chacun.
       Les militaires de la KFOR ont effectué des travaux de renforcement des fondations du monument-ossuaire. En effet, le socle en pierre s'était affaissé au fil des années et cette situation mettait en péril l'ensemble de l'édifice.
       Une pièce musée est aménagée là aussi dans la maison du gardien. Enfin, si des cérémonies commémoratives se déroulent tous les 11 novembre dans les deux cimetières de Skopje et de Bitola, les cimetières militaires français et allemand de Bitola ont vu se dérouler le 26 novembre 2006 la première cérémonie commune depuis la fin de la première guerre mondiale. Le président de l'Assemblée et deux ministres de Macédoine, une représentation de l'Union européenne, les ambassadeurs d'Allemagne et de France, ainsi que les représentants militaires d'autres ambassades présents ont ainsi ouvert une voie nouvelle vers la mémoire partagée et la paix en Europe.
       b) La Grèce
       (1) Le mémorial du front d'Orient de Polykastron
       Le rapporteur spécial a poursuivi son périple en rejoignant le poste frontalier de Gevgelija (côté macédonien). Il a été accueilli par M. Paul Ortholan, consul général à Thessalonique, au poste frontalier grec de Evzoni, pour se rendre à Polykastron au mémorial du front d'Orient.
       Une initiative française en 1967, appuyée par les anciens combattants serbes, aboutît en 1972 à la création du " Comité français du mémorial du front de Macédoine " visant à l'érection d'un monument dédié aux morts des cinq armées alliées. Réunis dans un Comité de coordination, les délégués de France, d'Allemagne, de Grèce, d'Italie et de Yougoslavie (aujourd'hui Serbie) ont arrêté la conception du monument. Son financement a été assuré par les gouvernements des cinq pays et complété par les dons recueillis. Sa première pierre fût posée le 3 août 1975, sur un terrain donné par son propriétaire grec qui domine la plaine du Vardar, en présence de M. Yvon Bourges, ministre de la défense et de M. André Bord, ministre des anciens combattants. Il a été inauguré le 8 mai 1977.

Monument de Polykastron (Grèce)

       Le monument présente la forme d'un obélisque à cinq pans permettant une épitaphe dans chacune des langues. Ce mémorial a été, de 1992 à 2000, complété par les bustes des Premiers ministres, en exercice de 1915 à 1918, des cinq pays. Pour la France, un buste d'Aristide Briand a été posé en 1995. Chaque année s'y déroulent, le dernier dimanche de septembre, d'imposantes cérémonies en présence des délégations des cinq pays alliés. A chaque escale à Thessalonique d'un bâtiment de la Marine nationale l'équipage rend les honneurs au mémorial et à la nécropole de Zeitenlick.
       (2) La nécropole de Zeitenlick
       Le budget délégué pour l'entretien du cimetière de Zeitenlick a été présenté au consulat. Il s'élevait, pour 2006, à 71.068 euros, en augmentation de 17 % depuis 2003. Les salaires et charges sociales des trois agents du cimetière, dont l'un est logé sur place pour assurer le gardiennage, y représentaient 64.868 euros, le matériel 5.500 euros et les frais de cérémonie 500 euros.
       Le Consul général a fait valoir que le coût de la vie en Grèce avait augmenté avec l'organisation des Jeux olympiques d'Athènes en 2004, ce qui a surtout eu des conséquences sur les devis proposés par son service à la DMPA pour la réfection de la nécropole de Zeitenlick. En effet, les extrêmes climatiques qui sont le lot de cette région ont entraîné des dégradations auxquelles il serait temps de remédier. Il a été érigé, dès la création du cimetière, sur chaque tombe une stèle, en forme de croix latine, en marbre blanc-gris provenant des carrières de Kavala. Des bordures et des chenaux d'évacuation des eaux de pluie entourent les carrés herbeux et les allées sont gravillonnées.

Chapelle-oratoire de la nécropole de Zeitenlick (Grèce)
       Un premier devis a été présenté par le poste diplomatique en 2003 qui s'élevait à 215.659 euros. Il concernait le gravillonnage des allées, la pose de gazon sur les tombes (46.465 euros), le remplacement de 347 croix (157.642 euros), la consolidation de 79 croix et le remplacement de 2 porte-drapeaux. On constate que le coût essentiel de cette restauration résulte du prix élevé, atteint aujourd'hui, par la fourniture de croix en marbre d'un seul bloc. Devant l'importance de cette demande la DMPA a répondu qu'elle serait étudiée ultérieurement.

       Un second devis présenté en 2004, pour un montant de 35.258 euros, limitait l'intervention au remplacement de 50 croix, à la consolidation de 60 croix et au remplacement des 2 porte-drapeaux, étant entendu qu'entre temps le coût de ces derniers avait évolué de 826 euros à 5.428 euros. Les services du ministère ont estimé que ce coût restait élevé, notamment en ce qui concernait les mâts, qu'il convenait donc de mettre en concurrence plusieurs entreprises et qu'une mission serait dépêchée sur place. La DMPA qui devait s'y déplacer depuis ne s'y est rendu qu'en 2007.
       La partie française de la nécropole de Zeitenlick contient les sépultures de 8.310 militaires. Elle comprend, également, une chapelle-oratoire, un autel catholique et un monument aux aviateurs morts pour la France. Cette chapelle, ébranlée, il y dix ans par un tremblement de terre, présente des fissures et n'a été réparée que sommairement. Il a donc été décidé de la restaurer entièrement.
       Le rapporteur spécial a pu constater la réalité des travaux à entreprendre exposés la veille par le Consul général.
       * 2 La vaste nécropole de Zeitenlick est constituée de cimetières militaires anglais, français, serbe, russe et italien. Le carré français comprend 208 corps en ossuaire et 8.102 en tombes dont 1.222 Sénégalais, 398 Malgaches et Indochinois, 343 Nord-Africains.

Tout le dossier sur les " Lieux de mémoire :
comment ne pas les oublier "

http://www.senat.fr/rap/r07-065/r07-065.html



Morts pour la France !
De Victor Hugo
Envoyée Par Mme Leonelli

         Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
         Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.
         Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.
         Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;
         Et, comme ferait une mère,
         La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau !

         Gloire à notre France éternelle !
         Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
         Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !
         À ceux qu'enflamme leur exemple,
         Qui veulent place dans le temple,
         Et qui mourront comme ils sont morts !
         C'est pour ces morts, dont l'ombre est ici bienvenue,
         Que le haut Panthéon élève dans la nue,
         Au-dessus de Paris, la ville aux mille tours,
         La reine de nos Tyrs et de nos Babylones,
         Cette couronne de colonnes
         Que le soleil levant redore tous les jours !

         Gloire à notre France éternelle !
         Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
         Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !
         À ceux qu'enflamme leur exemple,
         Qui veulent place dans le temple,
         Et qui mourront comme ils sont morts !
         Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe,
         En vain l'oubli, nuit sombre où va tout ce qui tombe,
         Passe sur leur sépulcre où nous nous inclinons ;
         Chaque jour, pour eux seuls se levant plus fidèle,
         La gloire, aube toujours nouvelle,
         Fait luire leur mémoire et redore leurs noms !

         Gloire à notre France éternelle !
         Gloire à ceux qui sont morts pour elle !
         Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !
         A ceux qu'enflamme leur exemple,
         Qui veulent place dans le temple,
         Et qui mourront comme ils sont morts !
- Victor Hugo         
Source : Document Image Gallica N° 16926



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini

             Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.

             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages nécessaires pour les villes ci-dessous et je viens d'ajouter Petit, Clauzel, Guelât Bou Sba, Héliopolis, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.

             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.

             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, Kellermann et Millesimo, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.
POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :                          J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 


NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie

Porte-toi bien belle Oran !

Envoyé par Annie
http://www.lematindz.net/news/20736-porte-toi-bien-belle-oran.html


Par Le Matin d'Algérie 17 Mai 2016 l Par : le Pr Mourad Chaala
Oran, la perle de l'ouest

           Le pourrissement des mœurs que vit Oran me laisse perplexe. Comme si l'on avait échangé un peuple par un autre. Les Oranais d’antan se sont éclipsés devant une composante humaine virulente, sans goût ni bonnes manières. Ayant débarqué d'un autre âge ou d'une autre planète, peut-être ! Elle souffre d’une effroyable inculture et se trouve complètement désorientée. Elle a envahi les marchés, les rues. Elle gueule au lieu de parler et elle insulte au lieu d'informer.

           À Oran, on n’a pas le temps à la culture, ni au raffinement. Tout le monde court, épris de quelque chose. Pris de court par la mal-vie du quotidien, ils trouvent quand même, le temps de vibrer au rythme du mauvais Rai. De jour comme de nuit, des "voitures discothèques" te déchirent les tympans par cette musique devenue hélas, celle la débauche et de la décadence. Un Rai sorti carrément des rails des convenances et de la bonne parole, celle héritée des "Chioukh el melhoun", et auxquels il prétend se référer. Les cinémas, les théâtres sont délaissés, la culture à Oran, n’est que de beaux souvenirs! Non ! Oran telle qu’elle est pensée et vécue n’inspire plus ! Rohi ya wahran, rohi Besselama..

           L'administration oranaise est infectée, elle aussi, par cet esprit malsain, du dédain gratuit et d'incompétence qui se cache derrière le "Chiki ", c’est-à-dire, l’arrogance déplacée et le "Chkil", c’est-à-dire, n'importe quoi. Un sentiment qui te met mal à l'aise. À Oran, on y respecte que le chakra et ceux qui la portent. Cette ville, capitale de l'Ouest, n’assume plus son rôle en tant que telle, elle me fait vraiment de la peine. Elle rejette ceux du coin, avec lesquelles elle partage pourtant, le pain et le destin. Oran est perdue dans l'histoire et se retrouve étourdi, au point de se tromper complètement de géographie.

           Je ne reconnais plus Oran, la radieuse, la joyeuse, Oran la généreuse. Ville de ma jeunesse et de mes souvenirs les plus tendres. Pour beaucoup, Oran est devenue une ville méconnaissable. Là où je mets les pieds, je ne vois qu’insolence, mépris, injustice, incompétence, insouciance et violations des droits d’autrui avec une légèreté déconcertante.

           Des marchés improvisés ont poussé un peu partout.

           Des gens qui s’amassent devant une délégation d’APC d’un secteur urbain oranais. Des mécontents de la dernière opération de relogement, qui comme les précédentes, elle était borgne et injuste. Des occupants avec droits et titres de propriété, se sont retrouvés tout bonnement écartés. Leurs édifices murés. Des femmes qui gueulent, d’autres évanouies et une imposante présence policière antiémeute faisait craindre. On calme, on bouscule légèrement pour rétablir de l’ordre et faire respecter la queue. Le problème n’était pas avec les forces des l’ordre, mais avec cette administration qui fait tout pour énerver, pour agacer les citoyens et qui les voit d’en haut. Et cela les jeunes policiers l’avaient bien compris.

           Les APC, les daïras et jusqu’aux services de la wilaya d’Oran, tous sont hermétiques aux citoyens. Exception faite de ceux qui honorent leurs missions. La plupart des responsables se cantonnent dans leurs bureaux capitonnés avec une armada d’agents de sécurité qui font écran entre leurs Excellences et le bon peuple. Cette administration n’est accessible que pour ceux qui gueulent fort, qui menacent de couper les routes et brûler les pneus sur la ligne du tramway. C’est-à-dire ceux qui font apparaître leur misère, ceux-là font peur. Les autres, les gentilles, ceux qui cachent leur détresse en se montrant un peu propres, sont mal vus. Ceux-là, s’ils insistent pour voir un responsable pour réclamer un droit ou réparer une injustice, ils seront bousculés et jetés dehors manu militari. Ils se contentent d’envoyer des lettres de recours qui resteront de toute façon sans suite aucune. Aux meilleurs des cas, les cellules d’écoutes seront là pour absorber leur colère et leur faire vider leur boite d’amertume.

           Les PPT d’Oran, "El Boshta", comme on dit chez nous. Le service laisse à désirer, on ne te répond qu’après avoir haussé le ton. Si tu trouves des récépissés d’envoi, ne demande pas alors des accusés de réception, tu ne les retrouvas pas si facilement. Ouvrir une boîte à lettres ou la garder est un exploit.

           Les jeunes d’Oran se chamaillent et s’entre-tuent pour des clubs de foot espagnols. Ils se croient plus Espagnols qu’Algériens. D'ailleurs ils connaissent mieux les noms des joueurs de ces clubs que ceux de leurs maires, députés ou de leurs chefs daïras. Un désistement total, révélateur d’une grave crise État, citoyens.

           À Oran, on n’a pas le temps à la culture, ni au raffinement. Tout le monde court, épris de quelque chose. Pris de court par la mal-vie du quotidien, ils trouvent curieusement le temps de vibrer au rythme du mauvais Rai. De jour comme de nuit, des "voitures discothèques" te déchirent les tympans par cette musique devenue hélas, celle la débauche et de la décadence. Un Rai sorti carrément des railles des convenances et de la bonne parole, celle héritée des "chioukh el melhoun", et auxquels il prétend se référer. Les cinémas, les théâtres sont délaissés, la culture à Oran, n’est que de beaux souvenirs! Non ! Oran telle qu’elle est pensée et telle qu’elle est vécue n’inspire plus hélas !

           C'est une question qui m'a toujours intriguée. Pourquoi nous les Algériens, plus particulièrement ; distants à peine de 150 km des côtes européennes et avec toutes les richesses dont Dieu nous a dotés ; nous n'arrivons plus à vivre comme eux. Un Pays normal, occupé par des gens normaux et un État de droit, démocratique et politiquement équilibré, c'est tout ce que l'on demande. Voir la propriété de nos concitoyens respectée, nos villes propres et intelligemment gérées. Un pays qui est fait et pensé que pour le bien-être et le respect de ses citoyens, comme le sont la plupart des contrées européennes.

           J’aurais aimé voyager aussi facilement qu'ils le font eux, savourer la vie et être heureux comme ils le sont. Sommes-nous condamnés à rester dans cet état d'indigénat moderne et d’inculture et de mal-vie. Ni citoyens à temps pleins ni indigènes explicitement déclarés. Une masse humaine confinée dans des frontières et dont les aspirations dépassent à peine, le digestif et le reproductif, pour perpétrer l’espèce de l'échec ou l’échec de l’espèce?

           Pourquoi rêvons-nous d'eux, de leur mode de vie simple et organisé au point de risquer nos vies les exposer à tous les périls pour aller chez eux et vivre avec eux, quitte à leur quémander la subsistance? Pourquoi sentions-nous plus en sécurité avec eux qu'avec nos propres frères dans la patrie ou dans la foi ? Quel est donc le problème, il est où le hic ?
M. C. .


 A la terrasse d’un café maure, ou mort

Envoyé par Alain
http://jedelkenz.com/2016/04/26/a-la-terrasse-dun-cafe-maure-ou-mort/


Par Jedelkenz 26.04.2016   l Par HADJ-CHIKH Bouchan


           « J’ai décidé de quitter le pays le jour où, conduisant mon épouse et mes enfants, de Bouzéréah vers Mazafran, pour y laver la vaisselle sale qui s’était accumulée dans l’évier, faute d’eau – et aussi pour profiter de l’aire de jeux pour les petits – ce jour-là donc, quand je vis les arrosoirs automatiques du 5 juillet dispenser le précieux liquide, qui nous manquait, sur le parcours de golf, ce jour là ce fut la déferlante qui balaya, comme un tsunami, mes convictions et engagements ». Il fait une pause puis ajoute : « ça n’a pas tellement changé. L’eau, depuis, est là, certes, mais nous sommes toujours aussi sales » dit-il cette-fois balayant de sa main la place principale de Mdina Jedida. « Différemment », ajoute-t-il. « Quand nous en auront assez de cette situation lamentable, il n’y aura pas un euro ou un dollar dans les caisses de l’état pour payer une société étrangère de nettoyage », dis-je.            Un vent poussa sous nos pieds des sacs en plastics qui roulaient, s’enroulaient, se déroulaient sous nos yeux depuis un moment sans que nul n’y prête attention ou ne se baisse pour les ramasser. Je le lui fais observer. Il répond « pour les jeter où ? »
           L’homme dit que ce quartier, aussi bien que les autres situés à la périphérie du parc municipal, ne ressemblent plus à ceux qu’il a connu dans son enfance. Une architecture batarde, les nouveaux immeubles côtoyant des ruines.
« C’est sale », répète-t-il. « C’est déprimant ». J’ajoute « al nadhafa minal imane » n’a aucun sens. Il hausse les épaules. Le mois précédant le Ramadan, la coutume voulait que l’on peigne les maisons, les appartements, la moindre petite chambre. Et souvent même les façades. Les peintres chaument.
           Nous sommes deux vieux grincheux. Et nous le savons.
           Nous éclatons de rire pour chasser les démons du pessimisme.

       Les sociologues disent que nous avons perdus nos repaires. Le pas de porte, la cour, la rue appartenaient à toute la communauté. L’immeuble à plusieurs étages a confiné chaque famille dans son appartement. Au-delà, l’espace commun est, de fait, un espace vacant. Sous l’autorité de personne. Quand on fit de la participation aux frais d’entretien d’un nouvel immeuble une exigence, la vieille dame ne put comprendre que l’état n’avait pas à intervenir dans la propreté et la maintenance de l’ensemble où elle vivait. Elle renonça à ses prétentions.

           Allez donc faire quelques pas dans l’avenue menant à l’entrée principale de l’hôpital d’Oran. Le centre de santé par excellence. Vous n’y trouverez aucune poubelle publique. Ou bien elles sont éventrées. La poubelle, c’est le trottoir. Le citoyen est absent. La commune est absente. Sur l’ex avenue de Mostaganem, un immeuble, en pierres de taille, aux portes rouillées, porte l’inscription « Union Générale des Travailleurs Algériens ». Semblant à l’abandon. Les travailleurs en seront dépossédés un jour prochain. Tout comme la bâtisse de la Kasma de l’ex Saint Eugène. Il n’y a plus de militants pour les occuper.
           S’ils avaient au moins pu préserver ce qui existait déjà. Ne pas laisser l’espace entre l’enceinte et le mur de l’école des beaux arts d’Oran servir de dépotoir. En un mot, d’aimer leur ville. D’en être fier. Parce que moi j’ai honte pour eux. Et je n’ose dire pis.

           Leur gestion ne m’impressionne pas. Je peux même l’expliquer. Parce que je les ai vu naitre. Je sais où ils sont nés. D’où ils viennent. Je sais que leur première décision, pour certains, en tant qu’élus, de « responsables », a été d’augmenter leurs salaires et leurs frais de représentations. Et de vite changer de lieux d’habitations. D’abuser, pour d’autres, de la vente de terrains qu’on leur a indument attribués, mis sur le marché pour en tirer les profits nécessaires à leurs installations au-delà de la méditerranée. Ou bien utiliser leurs fonctions, officielles, pour obtenir des faveurs d’autres officiels. Pour se délocaliser vers des lieux de la ville encore préservés. Là, où, entre gens de bonne compagnie, les services de la voirie excellent par leur travail.

       Tout à l’heure, j’irai prendre le thé mon ami, dans un gobelet, dans la salle bruyante et grouillante d’un café populaire ou, si elle est comble, sur la terrasse balayée par le vent poussant les mégots, les sacs en plastic vers des eaux stagnantes. J’irai là où les gens ne refont plus le monde. Là où ils n’en attendent plus rien. Et je penserai, avec nostalgie, au café, celui de Haï Hussein, au Caire, que fréquentait Naguib Mahfouz, où se croisait la musique, la beauté et l’intelligence. Pour rêver.
           Dans le café qui est plutôt mort que maure, l’on rêvera d’appartements de fonction, dans un immeuble délabré, pour y loger, contraints, les édiles et les hauts fonctionnaires. Pour qu’ils partagent le quotidien de tous.
           Ils trouveront bien les crédits pour les réhabiliter.
           Ce sera toujours ça de gagné, pense-t-il.
           En attendant mieux. « Un avenir meilleur », « min ajli hayat afdhal » qu’un certain congrès du FLN promettait. Il y a longtemps.
           Si longtemps qu’on a fini par oublier.
           Sans doute l’âge qui le trahit. La mémoire défaillante.
           Lui qui quitta le pays, dépité, tente toujours de retrouver sa place parmi les siens. Il n’y est encore parvenu. Jusqu’à ce jour. Mais il a bon espoir.

HADJ-CHIKH Bouchan           





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      Je n'ai jamais abusé de l'alcool, il a toujours été consentant.

      Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant... S'il vous répond, vous êtes schizophrène.

      5 fruits et légumes par jour, ils me font marrer... Moi, à la troisième pastèque, je cale.

      L'alcool tue, mais combien sont nés grâce à lui ?

      Un jour j'irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien.

      La médecine du travail est la preuve que le travail est bien une maladie !

      Le Lundi, je suis comme Robinson Crusoé, j'attends Vendredi.

      IKEA est le meilleur prénom pour une femme : suédoise, bon marché, à emmener aussitôt chez soi et facile à monter.

      Dieu a donné un cerveau et un sexe à l'homme mais pas assez de sang pour irriguer les deux à la fois.

      La lampe torche. Le PQ aussi.

      La pression, il vaut mieux la boire que la subir.

      Jésus changeait l'eau en vin.. et tu t'étonnes que 12 mecs le suivaient partout !

      Si la violence ne résout pas ton problème, c'est que tu ne frappes pas assez fort.

      Travailler n'a jamais tué personne mais pourquoi prendre le risque ?    

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