N° 126
Mars

http://piednoir.net
    carte de M. Bartolini J.P.
     Les Bords de la SEYBOUSE à HIPPONE
1erMars 2013
jean-pierre.bartolini@wanadoo.fr
http://www.seybouse.info/
Création de M. Bonemaint
LA SEYBOUSE
La petite Gazette de BÔNE la COQUETTE
Le site des Bônois en particulier et des Pieds-Noirs en Général
l'histoire de ce journal racontée par Louis ARNAUD
se trouve dans la page: La Seybouse,
Écusson de Bône généreusement offert au site de Bône par M. Bonemaint
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EDITO

 La France et la Repentance

Chers Amis,
         Depuis 60 ans, la France ne sait plus où elle a vraiment mal. Depuis la prise du pouvoir par la Médiacratie la 4ème force du pays, (les médias nationaux en particulier), au service de la 3ème force, les politiques et leurs partis vérolés au pouvoir sans discontinuer.
         Les deux forces ensembles ont réussi le tour de force de museler un pays au point où déjà le " Grand Charlot "
traitait ses concitoyens de " veaux " qu'on conduit à l'abattoir. Il était grand visionnaire de ce point de vue sanguinaire, il avait de l'expérience, le bougre.
         Depuis une quarantaine d'années, nous voyons des Assemblées d'élus, voter des lois et leurs contraires ou les abroger, tout simplement au nom d'une nouvelle conscience qui se réclame populaire, diligentée par la Médiacratie, mais qui n'a pas l'adhésion de tout le pays ou de la très grande majorité. Pour moi la majorité à 50% des exprimés n'est pas une vraie majorité. Seuls les 2/3 au moins des exprimés aurait droit de gain électoral.
         Depuis au moins 3 élections présidentielles, nous avons des Présidents élus avec environ 20% d'inscrits et moins de 50% des exprimés car les bulletins blancs ou nuls ne comptent pas alors que des électeurs ont déposé un bulletin. On leur dit, passer votre chemin, il n'y a rien à voir, parce qu'ils ont exprimé leur mécontentement.
         On a vu où cela nous a mené et encore on n'a pas tout vu à l'heure actuelle.

        Ce dernier gouvernement obtient la " Palme d'Or " de la connerie nationale, surtout avec les deux dernières lois, à savoir :
         - La loi sur le " mariage pour tous "
         - La loi sur le 19 mars 1962


        Certes au mois de décembre, en Algérie, le Président " Fanfan la Rose " ne s'est pas prononcé pour la " Repentance " afin de préserver les voix glanées au sein de la droite pour ces deux lois.
         Certes le " Moi Président " navigue à vue de nez car il ne sait pas où il est, ni où il va, et vogue la galère.

        Dans les cartons de la " coalition socialo-communo-vertpastéquiste ", il y a une loi de " Repentance Totale " même pour des choses étrangères à la France. Tant qu'on y est, on fourre tout, comme pour le mariage. Et vogue la galère.

        La garde des " sceaux ", ou des " sots " ou des " seaux " dont on ne sait plus ce qu'il y a dedans ; Elle, une spécialiste indépendantiste, ministre d'un gouvernement d'état souverain, sait très bien ce qu'elle rejette avec mépris à la face de la France et des veaux français. Et vogue la galère.

        La loi sur le 19 mars est une galère, c'est la porte ouverte sur la Repentance.
         Mais la France et les français ont, à se repentir de quoi en vérité ?
         La France et la Repentance- De la conquête de territoires où la barbarie régnait non seulement sur ces terres tribales, mais aussi sur la Méditerranée et ses côtes européennes.
         - De la limitation frontalière d'un pays qui s'appelle désormais l'Algérie auquel on a rajouté le Sahara qui un jour sera revendiqué légalement par les Touaregs qui demanderont Repentance et Remboursement de la manne pétrolière !
         - Pour la mise en place d'une civilisation moderne, tout en respectant les mœurs et coutumes existantes, immobile depuis plusieurs siècles. Bien sur qu'on peut dire qu'en 132 ans on aurait pu mieux faire. Faites un parallèle équitable entre simplement les 3 siècles d'occupation Turque, les 132 ans d'occupation Française avec des moyens restreints et les 50 ans d'indépendance avec une manne financière hors du commun (issue des 132 ans) et les progrès des moyens modernes de ces 50 années d'indépendance. Où la balance des progrès pencherait-elle ? Je vous laisse juges.
         - D'une colonisation efficace et constructive, qui sur le plateau d'une balance pencherait nettement en faveur du positif. Certes, il y a eu parfois des omelettes où des œufs ont été cassés inutilement de part et d'autres.
         - D'un certain 8 mai 1945 comme l'a déjà fait un Ambassadeur sans connaissance historique du contexte et en oubliant que ce n'est pas la France ou les français qui sont fautifs en ce cas là, mais la rébellion soutenue pas les puissances russes et américaines ainsi que par " le Grand homme, Charlot 1er roi des veaux " afin de mieux faire de la répression avec ses amis communistes en sachant que cela mettrait de la haine entre les communautés de l'Algérie. Il a récidivé de 1958 à 1962.
         - Des faits de la guerre civile déclenchée unilatéralement par des terroristes avec son lot de barbarisme dont le monde découvre les méfaits dans certains pays avec " leurs printemps arabes ".

        Est-ce qu'un peuple doit faire repentance pour des faits justifiés ou injustifiés commis par quelques hommes ? Il faut bien dire que c'est toujours sur les décisions de quelques hommes (gouvernement, assemblées, etc..) que les choses se passent. (Voir la guerre au Mali actuellement !!! )

        Quelle que soit la barrière où ils se trouvent, est-ce que les fils ou petits-fils doivent se repentir pour des faits commis par leurs ascendants, alors qu'eux n'étaient pas nés ?

        La repentance ranime des sentiments d'injustice, de révolte de vengeance, de tristesse, de dégoût chez ceux qui n'ont rien à se reprocher. C'est comme faire avouer un meurtre à celui qui y est totalement étranger.

        La repentance peut être un acte personnel pour des faits commis par la personne repentante.
         La repentance ne doit pas être de rigueur pour tous sauf si un pays l'a décidé par référendum avec une très large majorité incontestable.

        Et si, Repentance, il doit y avoir un jour, c'est sûrement la seule pour la décision par référendum du 8 avril 1962 approuvant les Accords " déviants " du 19 mars 1962 et concernant l'avenir des communautés d'Algérie. Décision à laquelle nous avons été totalement exclus. Les " veaux français " ne le savaient pas comme ils ne connaissaient pas les termes de ces fameux accords signés unilatéralement par la France, l'Algérie ne les a jamais reconnus officiellement et pour cause, elle ne les a pas respectés. Ces français ont voté sans connaître les communautés d'Algérie dont les P.N. que la 4ème force du pays avait longuement matraquée avant que " De Gaulle " ne les fusille le 26 mars à Alger sous forme de répression afin d'enclencher le processus de l'exode et faire payer aux P.N. un tribut qui revenait aux gouvernements successifs de la France.
         Ce 26 mars à Alger, a été parachevé le 5 juillet à Oran avec un nouveau massacre à mettre sur le compte du plus grand criminel de l'histoire de France. Bien sur on ne peut oublier le lâche abandon des Harkis restés fidèles à la France et leur massacre organisé et programmé par le même criminel. Le " Grand Charles " n'est plus là pour faire sa repentance personnelle. De toute façon, un assassin de cet acabit ne se repent pas, il laisse cela aux pauvres " veaux de français " qui vont aller à l'abattoir, s'ils ne se réveillent pas.

        Personnellement, je peux comprendre et analyser des situations mais je suis contre les repentances ou les pardons, qui sont des permis de recommencer. On ne peut faire revenir tous les morts inutiles d'une guerre, toutes ces victimes innocentes qui ne demandaient qu'à vivre leur vie en paix entre communautés. Les guerres sont inutiles, terribles et injustes, mais peut-on toujours les éviter ou s'en défendre ?
La repentance est l'effacement et l'oubli définitif.
Tourner la page, c'est ne pas oublier pour éviter la récidive.

         Pour toutes ces raisons, il faut sans cesse se remémorait le passé pour préserver l'avenir et c'est pourquoi je suis convaincu, aussi par le courrier des lecteurs, qu'il est temps de faire dans la Seybouse une rubrique " Cahiers de la Mémoire d'Algérie "
         Bien que souvent, dans ses colonnes, la Seybouse, par des articles transmis par des lecteurs, ait rappelé certains faits historiques des 15 dernières années de l'Algérie Française, dorénavant ce sera chaque mois qu'un ou plusieurs faits marquants et correspondants aux dates anniversaires qui seront évoqués. Je compte sur vous, lecteurs, pour établir un calendrier de ces rappels de mémoire et pour alimenter cette rubrique sans haine, sans invectives inutiles mais avec Dignité, Vérité et Honneur.
Jean Pierre Bartolini          
        Diobône,
        A tchao.

FIDELITE

Envoyé par Mme Annie Bouhier
Ce matin, je mettais les derniers articles sur la Seybouse et j'ai reçu ce message en "dernière minute", empli de vérité et d'amour maternel. Dans ce message il y a une forme d'écriture qui me fait penser à un auteur connu et controversé. Lisez-le et trouvez à qui je pense !
Début du message réexpédié :
Pourquoi choisir...???

              Un Algérien raconte son aventure…

              J’étais en voiture, sur le chemin du retour depuis New York pour Montréal, où j’habite depuis maintenant plus de 20 ans.
              Au poste frontière, je remettais mon passeport à la préposée à la douane, et lorsqu’elle lut: « Lieu de naissance: ALGÉRIE », elle me demanda:
              - Comment va l’Algérie?
              - Ça peut aller, lui répondis-je. Tout ce que l’on souhaite, c’est que ça continue à aller autant bien que mal…
              - Depuis combien de temps vivez-vous au Canada?
              - Je viens de boucler ma 20ème année.
              - À quand remonte votre dernière visite en Algérie?
              - C’était il y a deux ans.

              Elle me fixa en souriant et me dit:
              - Lequel des deux aimez-vous le plus, l’Algérie ou le Canada?
              - La différence que je fais entre l’Algérie et le Canada, est exactement celle que je fais entre ma mère et mon épouse. Mon épouse, je l’ai choisie, je suis tombé sous son charme, je l’aime, j’en suis amoureux, mais elle ne peut en aucun cas me faire oublier ma mère.
              Je n’ai pas choisi ma mère, mais je sais que je lui appartiens.
              Je ne me sens bien que dans ses bras; je ne pleure que sur son épaule.
              Elle referma mon passeport, me fixa avec étonnement, puis me dit:
              - On entend souvent dire que la vie est très difficile en Algérie. Comment pouvez-vous aimer autant ce pays?
              - Vous voulez dire « ma mère »?
              Elle sourit et dit: supposons-le.
              - Ma mère est peut-être pauvre; elle n’a pas de quoi me payer mes soins, encore moins les honoraires du médecin, mais la tendresse de son giron quand elle m’étreint, et la chaleur de son cœur lorsque je suis dans ses bras, suffisent à me guérir.

              - Décrivez-moi l’Algérie.
              - Elle n’a pas la beauté blonde, mais la vue de son visage vous apaise. Elle n’a pas les yeux bleus, mais sa vue vous met en sécurité. Ses vêtements sont simples, mais elle porte dans ses plis bonté et miséricorde…
              Elle ne se pare pas d’or et d’argent, mais elle porte à son cou un collier d’épis de blé, dont elle nourrit tout affamé. Les brigands l’ont spoliée, mais elle continue de sourire.
              Elle me remit mon passeport et dit:
              - Je connais l’Algérie à travers les écrans de la télé, mais je n’y trouve rien de ce que vous m’avez décrit.
              - Vous avez vu l’Algérie des cartes géographiques. Quant à moi, je parle de l’Algérie enfouie dans mes entrailles.
              - Je souhaite que votre fidélité pour le Canada égale celle que vous ressentez pour l’Algérie… Je veux dire votre fidélité à l’épouse autant qu’à la mère.
              - Entre le Canada et moi, existe un contrat auquel je dois fidélité, et je ne suis pas de ceux qui ne respectent pas leur contrat. Et je souhaiterais que vous sachiez que cette fidélité, c’est ma mère qui me l’a enseignée…

Avez-vous trouvé à qui je pensais ?
En fait je pense à deux écrivains d'Algérie: Tout d'abord à Albert Camus lors de la remise du prix Nobel en Suéde. Et ensuite à mon Frère Rachid Habbachi pour qui la terre d'Algérie n'appartenait à personne car c'est nous qui lui appartenons.
Quoi que l'on puisse en dire, l'amour et l'attachement au sol natal est intangible, irremplaçable et incompréhensible pour certains, mais c'est pareil pour tous les peuples. Même si l'on coupe les racines, elles repoussent. Là est la véritable leçon ou pensée de ces écrits.


Songe d'une nuit d'hiver
ECHO D'ORANIE - N°277


              J'ai fait souvent ce rêve étrange et pénétrant...
             J'errais dans une ville où j'étais étrangère,
             Mes pas me conduisaient au hasard dans des lieux
             Qui me rappelaient bien un ailleurs connu...
             Mais où allais-je si seule, si désemparée...?
             Devant-moi surgissait l'ombre d'une enfant perdue.
             Je criais, j'appelais ceux que j'avais aimé,
             Et l'écho de ma voix se perdait dans les brumes de ce petit matin.

             Des odeurs d'embruns, d'eucalyptus en fleurs,
             Le clapotis des vagues se mourant sur le sable...
             Je me frottais les yeux... et ils étaient en pleurs.
             Et je me mis à courir après cette petite fille aux nattes
             Qui partait à l'école en portant son cartable,
             Sa soeur à ses côtés... elles bavardent et pressent le pas.
             Je les suis... attendez-moi... emmenez-moi avec vous... parlez-moi!

             Devant son atelier, un brave homme en bleu de travail
             Leur sourit paternellement, près de lui un grand chien noir et blanc aboie
             Je les vois... elles s'éloignent, frêles silhouettes,
             Je m'affole, je cours vers elles et la peur me tenaille
             Peur de me perdre encore... Je me hâte.
             Des frissons dans le corps et des bleus plein le coeur et la tête.
             Plus haut, des escaliers que je monte quatre par quatre,
             Quand un air de clairon freine mon ascension...

             Je ralentis ma course... c'est sonore, mais comme c'est beau!
             Et il réveille en moi de vieilles émotions...
             Des militaires au pas, des sons de cloches, des sirènes de bateaux...
             Tout près des rires d'enfants dans une cour de récréation.
             Une caserne... une église, un port, une école de garçons,
             Et derrière moi soudain, des éclats de voix, des klaxons de scooters,
             C'est bien sûr les copains... OHÉ! ! mais ils passent sans me voir.
             Attendez-moi, ne partez pas sans moi, Guy, Vivi, Jacqueline. Lulu, François!!

             C'est moi, vous ne me reconnaissez pas?
             Me voilà marchant seule devant le lycée Lavoisier... Désert,
             C'est pourtant le jour de la rentrée!.. je suis perdue... j'ai froid.
             Au bas de l'avenue, un car s'est arrêté, sur le haut du capot
             Je peux lire "Mémèch" et aussitôt je pense à RIVOLI
             J'ai connu ce village, c'est celui de Camille, mon mari!
             Alors j'ouvre les yeux... dehors il fait noir, c'est l'hiver.
             Une pluie battante frappe les volets clos.

             Il est tôt... la petite fille aux nattes... je l'ai seulement rêvée...
             Comme tant de fois, elle m'apparaît dans mes nuits les plus noires,
             Si jeune, si insouciante de vivre dans ce pays qu'elle aime tant,
             Où les jours s'écoulent sereins et pleins d'espoir.
             ...Ce quartier si cher où mes rêves si souvent me ramènent,
             Cette ville qui ne me reconnait plus... cela fait si longtemps !
             C'est ma ville, celle où je suis née... MOSTAGANEM.
Mme EYMARD-ROUAYROUS Chantal        





LE MUTILE N° 198, 19 juin 1921

Un bel Exemple de Solidarité
L'ANARCHIE RÈGNE
AU-SERVICE DES PENSIONS A ALGER GAGHIS OU INCOHÉRENCE ADMINISTRATIFS

                 Comme c'est bizarre ! Plus les gens bénéficient du lucre dû à un honteux farniente, plus ils s'engraissent ostensiblement pendant que chaque jour, à Alger, les claque-dents recherchent de l'ouvrage et plus ils éprouvent le plaisir de commettre bévue sur bévue, afin de bien montrer et leur incapacité et leur j'menfichisme.
       Le rat du fabuliste La Fontaine, retiré du monde dans son fromage de Hollande, alors qu'il se gavait, montrait du moins plus de savoir-vivre et prouvait qu'il avait plus d'esprit que nos contemporains pourvus de grasses sinécures. Il mangeait à satiété jusqu'à épuisement de sa nourriture-demeure, alors qu'eux mangent, festoient, paressent au détriment des pauvres bougres qui attendent de leur bon vouloir un semblant de travail afin de pouvoir toucher ce qui leur est dû.
       C'est comique, c'est renversant, mais c'est pourtant ainsi. Ceux qui n'ont besoin de rien, sinon d'aller faire une saison aux eaux, sont chargés d'établir les titres de ceux, qui attendent le paiement de ce que l'Etat leur doit et comme les premiers ne travaillent que par intermittence, les seconds en sont réduits à augmenter chaque jour les trous de la ceinture de cuir qui diminue leur capacité stomacale.
       Heureux, encore, quand les pièces qui leur sont remises ne sont pas erronées, car alors c'est, une nouvelle et longue attente et, par conséquent, de nouvelles tortures.
       Pour si monstrueux que cela paraisse, cela est ainsi ; du moins, au Service départemental des Pensions à Alger ! Et encore, les quelques lignes qui précèdent, dépeignent-elles à peine le sans-gène des employés qui règnent en sultans au harem de la caserne Pélissier et se moquent des victimes de la guerre au nom desquelles ce service qui les fait, vivre, grassement et paresseusement, a été institué.

        Nous avons cru devoir garder le silence sur certains faits d'une gravité extrême dont, la révélation aurait obligé l'Autorité supérieure à nettoyer les écuries d'Augias. Ces faits s'étant renouvelés, nous avons le devoir de parler et nous le ferons avec d'autant plus d'aisance que les plaintes pullulent.
       Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. M. Maginot, dont nous connaissons la haute intégrité, doit savoir comment sont traités nos malheureux camarades mutilés de guerre au Service départemental des Pensions à Alger et il le saura car le scandale a trop duré.
       Déjà, dans notre numéro 196 (du 5 juin), nous avons publié une lettre d'un camarade mutilé de guerre qui témoigne de la confusion qui règne et de la grossièreté d'un des chefs de service.
       Aujourd'hui, il s'agit d'une affaire bien plus délicate, car elle a trait à une erreur sciemment voulue, reconnue et d'autant plus préjudiciable qu'elle se répète durant une vingtaine d'années. Il s'agit de notre camarade Cottin Félix; mutilé de guerre par blessure à la jambe et réformé à Versailles en septembre 1916 avec un taux d'invalidité de 2o/%.
       Cottin a eu, paraît-il, le tort de se soigner longtemps à ses frais, mais s'il a commis une action répréhensible en se traitant lui-même et en évitant de grever le budget, il s'est trouvé que le Centre Spécial de Réforme d'Alger a jugé son taux insuffisant pour son degré d'invalidité et l'a élevé à 60% en octobre 1920. Cette élévation porte sa pension pour toute personne qui sait faire une multiplication à 1.44o francs par an.
       Or, lorsqu'on lui a délivré son livret de pension à la date du 5 avril 1921 il s'est aperçu avec surprise qu'il ne lui était alloué que 480 francs annuellement montant de sa première réforme: supposant une erreur ou omission de chiffre il a réclamé vainement et il lui a été répondu catégoriquement qu'il lui avait été accordé ce qui lui était dû.

      Mais alors, que devant cette décision du Centre Spécial de Réforme en date d'octobre 192o et de quel droit, les pontifes du service des Pensions se permettent-ils de l'annuler ? Se sont-il- rendus compte du préjudice causé à notre camarade Cottin ? Savent-ils qu'une erreur de 1.000 francs répétée durant, vingt ans, représente le détournement d'un capital, de 20.000 francs sans compter les intérêts capitalisés ?
       Pourquoi, encore dans la feuille de décompte pour rappel d'arrérages qu'ils lui ont remise calculent-ils ce rappel à 20% en négligeant de l'augmenter de 40% différence entre l'ancien et le nouveau tarif ? Et pourquoi encore ne font-ils pas remonter le rappel à septembre 1916 date de la première réforme comme l'exige la circulaire ministérielle de mars 1921 ?

       Cette désinvolture mérite une sanction. Ou bien on fera l'épuration au Service départemental des Pensions en chassant les incapables et les ministres au petit pied ou nous n'aurons de cesse que l'attention de M. Maginot soit attirée sur les scandales dont nous commençons la série ce jour.
       Il n'y a pas de jour où l'on ne nous signale des erreurs dont pâtissent nos malheureux camarades qui la plupart du temps n'osent protester. Nous sommes persuadés que si l'attention présidait aux travaux des employés de ce service, ces erreurs qu'un gamin ne commettrait pas, ne se produiraient pas.. Mais comment peut-on faire du travail sérieux quand on s'entretient de propos qui feraient rougir un nègre et que l'on passe son temps à lire les poulets de don Juan de sa Dulcinée ?

       Il faut que cela cesse, avons-nous dit, attendons maintenant la réponse du Ministre des Pensions et nous verrons, une fois pour toutes si le Service départemental des pensions a été créé pour être utile ou nuisible aux mutilés de guerre.

J. ASCIONE              
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CONTE EN SABIR
Par Kaddour

Li RAT D'EL BLED
Y LI RAT D'EL DJENANN

CONTE SABIR

One fois on rat d'El Bled
Il anvite one d'El Djenann ;
Y loui di :" - Viann yaouled
" Moi ji ti fir bian contann.
" Ti viendra dans ma mison,
" On bon couscous ti mangeras,
" Ji l'fir afic di moton,
Por ji_ trove oune bone merga.
" Li rat d'El Djenann y ksept,
Y prann one tram por vinir.
Quand y voir cit Bled si chouette,
Y pense : - " jami ji partir. "
Yana tapis di, Torquié
Di marmête tot en z'or,
Patata, loubia, kaki,
Di soge encor plous millor.
Y Bon contan !! comme loui,
Y boir, y mange comme cochon,
...Ma voilà ji fir di broui
A la porte di la mison.....
To li doss' j'en a. la frousse !!!
Y fot moi l'camp por cachi,
Yana por qu'à Barberousse
Ci soir j'i l' portra cochi.

Son fini... " J'acoute plous rian...
" Pit-titre ji soui coilloné ?"
" Moi ! ji part' por mon Djenann
" Por ji finir mon journé. "
" No finissons pas l' cascroute
" Qui sont fit expri por toi ?"
-" Non. J' l'ime mio marchi la route
Doman ti viendra chi moi.

" Ni croir pas ji soui jalouse,
" Barc' qui ti mange comme Pacha !
Ma chi moi, ji mit la blouse,
" Y j'en a pas por di chats.
" Ji mange, ji boir, ji dormir !!
" Tot la noui ji fir gousto,
" Adio, ti fir bon blizir,
Avant qui ti soye morto.
             

 

   LA BASILIQUE SAINT AUGUSTIN   
Envoyé par Francis Malzieu
El Watan le 24.02.13 | 13h44
Basilique de saint augustin/
fin des travaux de restauration avant fin 2013

             Le don de Benoît XVI pour «son guide spirituel»

             S'il est une action que les fidèles de la basilique de Saint Augustin (Annaba) retiendront particulièrement du pape Benoît XVI, il vient de mettre fin à son pontificat, c’est bien le don fait par l'individu Joseph Ratzinger pour participer au financement des travaux de restauration de cet édifice hautement symbolique.
             Se gardant de s’étaler sur ce geste du souverain pontife, le Père Ambroise, recteur de la basilique, a, toutefois, tenu à saluer le courage et la sagesse dont a fait preuve, en renonçant au ministère de saint Pierre,le désormais ex souverain pontife : « cette décision courageuse, il l’a prise en son âme et conscience, au terme d'un long processus non seulement de réflexion mais aussi de prière. Nous ne pouvons que respecter son choix ». S’agissant du niveau d’évolution des travaux de restauration de ce lieu de culte où est jalousement conservée l’une des plus importantes reliques du corps de l’évêque d’Hippone -cubitus-, on apprendra sur place, que les l’opération, lancée en février 2011, se poursuit toujours et devrait être achevée d’ici à fin 2013.

             Les 420 millions de dinars nécessaires à la mise en route de ce que l'archevêque de Constantine-Annaba avait qualifié de projet « exemplaire et exceptionnel" en matière de partenariat entre l'association diocésaine d'Algérie et les autorités du pays, ont pu être réunis grâce au soutien des autorités algériennes et françaises, à la générosité de congrégations religieuses, diocèses, d’institutions cultuelles, culturelles, de bienfaiteurs nationaux et étrangers et des fonds collectés auprès de la communauté des augustins d’Europe et d’Amérique latine. L’opération de réhabilitation de l’imposant lieu de culte notamment le dôme central, la toiture et les vitraux, revêt un caractère particulièrement sensible....

             A ce titre, les travaux doivent être faits dans le strict respect des normes, explique un employé de l’entreprise chargée du projet, rencontré sur les lieux. Selon lui, cette réfection qui a nécessité l’aval préalable des quatre diocèses d’Algérie ; Alger, Oran, Laghouat et Constantine/Hippone- et à pour laquelle il a , en outre, été fait appel à des sous-traitants et des entreprises algériennes locales, ne doit pas bouger d’un iota la structure architecturale de fond, magistralement conçue par l’architecte et Abbé Pougnet qui, d’une main de maître, avait réussi à l’intégrer dans l’histoire et le milieu naturel d’Hippone et de ses environs. « Chaque bout de pierre ou de verre est sacré ; pour nous fidèles à la pensée de l’un des 33 docteurs de l’Église, toute la région de l’est constantinois est bénie de Dieu car tous les matériaux qui ont servi à la construction de cette basilique au style arabo-byzantin ont été tirés de ses sols ; les marbres, tout particulièrement ceux du maître-autel et de la chaire, ont été extraits de carrières de la région : marbre de Guelma, marbre blanc de Filfila, et onyx translucide de Aïn Smara, tous sont d’une rare finesse de grain et d’une étonnante richesse de tons et de nuances », avait indiqué dans une déclaration à El Watan le Père Abdellah Raphaël, l’ancien chargé des affaires de la basilique, ajoutant « ce lieu de culte a une valeur spirituelle inestimable pour nous chrétiens catholiques. L’emplacement de chaque pierre est en lui-même un symbole ».

             D’où la minutie, l’habileté manuelle et la rigueur que requièrent les travaux. Et, ils sont des milliers de pèlerins, visiteurs nationaux et étrangers (une moyenne de 18000 à 20000) /an à s’impatienter pour en découvrir les résultats. Ce nombre est susceptible de s’accroître dans les quelques années à venir, pronostique le voyagiste Mohamed Cherif Otmani organisateur de circuits cultuels entre Souk Ahras, ville natale et Annaba, ville adoptive de Saint Augustin. Pour lui, ce regain d’intérêt que portent les pèlerins étrangers à sa ville adoptive et sa basilique s’explique par l’évolution de l’ordre des Augustins à travers le monde. Fort de 3000 pères augustins, l’Ordre de saint Augustin (OSA) est basé en Amérique latine, en Orient et en Afrique. Et c’est à l’OSA de Malte que fût confiée depuis 1933 la garde de la basilique Saint Augustin. Les fidèles de cette dernière, plus d’un millier de chrétiens catholiques à Annaba, dont des nationaux, « il serait faut de dire qu’il n’y a pas d’algériens », dixit Père Ambroise, sont à l’affut de la moindre indiscrétion sur la date de sa réouverture. Il y a également ceux (algériens), des personnes en difficultés et ils sont nombreux, qui y affluent au quotidien et ce pour le seul besoin d’être écoutées. Ignorés par les leurs, ils ont visiblement trouvé le Saint à qui se vouer…..

              Une proximité théologique et spirituelle lie les deux hommes

             Le Pape allemand Benoît XVI est augustinien, s’accorde t-on à dire. Avec le grand saint d’Afrique du Nord, né à Thagaste (Souk Ahras) le 13 novembre 354 et mort le 28 août 430 à Hippone (Annaba), il entretient une proximité théologique et spirituelle. Sur le plus petit État indépendant du monde, le Vatican, l’ombre du grand philosophe et théologien qui a œuvré pour l’unité de l’Eglise, a toujours plané. Bien qu’ayant renoncé à son règne, Joseph Ratzingerva poursuivre, dans un couvent à l'intérieur de la Cité du Vatican où il va se retirer, la « recherche de la vérité » à laquelle son guide spirituel Saint Augustin avait consacré toute sa vie. Et c’est ce même Vatican qui, rappelons-le, qui avait vivement réagi à la campagne lancée, il y a quelques années, de par le monde, à l’initiative de nombre d’adeptes de l’augustinisme pour le rapatriement, de Pavie (Italie) à Hippone (Annaba), des ossements du plus célèbre pèrede l'Eglise catholique. A l’époque, le père Abdellah Raphaël très communicatif, contrairement à l’actuel recteur de la basilique, avait déclaré à ce sujet « « Il est mieux là où il est. Nous avons son cubitus et c’est déjà un grand acquis. La vraie relique de saint Augustin, ce sont ses œuvres et ses écrits. Ils vont nous aider dans notre recherche de la vérité».


ANECDOTE
Envoyé par la famille Delia
L'Anisette

            

Paul Mangion raconte ...
Nouvelles Algériennes  
Manuscrit de M. Paul Mangion, transmis
par M. Roger Brasier et son épouse Hélène
Mis en page par Mme Marchetti Suzette
III- Un « Poète-Ecrivain » Bônois
            Grand émoi sur le cours Bertagna, à Bône en ce mois d’octobre 1926. C’était la fin de la rébellion du Rif et les derniers jours du chef Abdelkrim. On verrait revenir à Bône le bataillon de tirailleurs envoyé en renfort au Maroc, qui, sans doute, défilerait sur le cours. Premier sujet d’émoi, et les Bônois se promettaient d’applaudir leurs vaillants « turcos ».

            Deuxième sujet d’émoi : il n’était question que d’un livre, « Hippone » dû aux deux ans d’un dur labeur d’un coiffeur « poète » de la ville, que les hommes de la cité allaient voir dans sa boutique pour faire signer une dédicace à l’« auteur » et, si possible, pour avoir une photo de lui, car jusqu’ici, on ignorait son existence. Mais, comment était-il, ce nouveau « poète-écrivain » bônois ? 

            Il pouvait avoir, à l’époque, une vingtaine d’années. Il était long, mince, pour ne pas dire, plutôt maigre, avait la poitrine rentrée, le visage tout en longueur, où tout semblait plonger, le nez, le menton, les yeux, où passaient les lueurs courbes d’une certaine inspiration. Et, naturellement, il avait un accent bônois du meilleur cru, en somme un vrai « diocane », que ne saurait renier le faubourg de la Colonne. Une courte et débile moustache, à l’américaine, ombrageait de son mieux une paire de lèvres en mouvement perpétuel. Le teint était fort olivâtre et les abondants cheveux, bien ondulés, étaient partagés par une raie toujours impeccable. Tel était l’auteur du livre intitulé « Hippone »

            Or, l’occasion du retour du bataillon de tirailleurs expédié en renfort au Maroc rappelait au pharmacien – commandant la compagnie des Sapeurs-Pompiers une bonne circonstance pénible. Au cours de cette année de 1926, le colonel commandant le 3ème tirailleur lui avait dit que, par ordre supérieur, il se voyait obligé de lui retirer les armes, prêtées par l’Organisation militaire aux Sapeurs-Pompiers de Bône, pour lui servir à l’instruction de ses nouvelles recrues. Le bataillon de tirailleurs allait revenir, évidemment, mais des armes s’étaient perdues, d’autres avaient été abîmées et le colonel avait besoin de faire le point, pour demander au service des matériels, de lui compléter son approvisionnement en armes.

            Mais le commandement des Sapeurs-Pompiers, connaissant l’esprit de « débrouillardise » de ses hommes, avait consulté ses sous-officiers et tous lui avaient affirmé que l’on pourrait se passer des armes et que l’on défilerait, quand même, à la revue du 11 novembre. Et tous s’étaient mis à l’œuvre, et de bon cœur. Ils s’étaient taillé, dans du contre-plaqué des haches que les hommes porteraient à l’épaule, en guise de fusil. Pour faire mieux, on porterait, sur les « fers »( ?) des haches, du papier d’étain, dont l’éclat, sous le soleil, remplirait de fierté l’homme qui porterait la hache à l’épaule. Et puis, on « briqua », soigneusement, toutes les machines dont pouvaient se servir « les soldats du feu », en cas de besoin. Et, avant l’ensemble, cela formerait un agréable cortège. On inviterait aussi, sur le kiosque, le « poète-écrivain » à assister à la revue et au défilé. L’ensemble paraissait devoir être fort réussi. Un sapeur, fort habile de ses dix doigts avait taillé, en contre-plaqué une effigie du profil (le buste seulement !), que l’on comptait installer, sur deux roues, en tête du cortège des machines.

            Donc, le 11 novembre 1926, les bataillons de tirailleurs étaient alignés, en bon ordre, le long du cours Bertagna. Le colonel, à cheval, les passa en revue, puis ils défilèrent devant lui et aussi devant le kiosque pourvu de toutes les autorités invitées. Puis, au son de sa « nouba » qui jouait un air connu des Bônois : « Tirailleurs, couscous ! Tirailleurs, couscous ! » les « turcos » impeccables, défilèrent devant leur chef. Le passage des  « turcos » accompli, ce fut le tour de celui de la gendarmerie puis celui des Sapeurs-Pompiers, par sections, la hache (ou ce qui en tenait lieu !) sur l’épaule. Enfin arriva le tour des machines aptes « au service du feu ». Mais, en tête du cortège, on avait placé le buste de profil de notre « poète-écrivain ».

            Celui-ci, en bleu marine et coiffé d’un feutre noir, était arrivé au kiosque un quart d’heure avant l’horaire fixé pour la revue et le défilé. Il avait montré son invitation officielle à l’agent de service au contrôle, puis était monté sur le kiosque, où, on l’avait présenté à toutes les autres notabilités invitées : le maire, le sous-préfet et son administrateur–adjoint, etc…Après quoi, il s’était installé, sans vergogne, au premier rang contre la balustrade du kiosque. Quand arriva sous ses yeux, en face de lui, sa propre effigie, fort bien réussie par le sapeur, alors, d’un geste large, il se salua lui-même, sous les acclamations de la foule : c’était son triomphe.
            Or, maintenant, peut-être veut-on savoir si l’œuvre de Joseph Mattéra justifiait ce fameux triomphe ? En somme, qu’avait-il écrit ?
            Sous le titre d’« Hippone », il nous présentait un dialogue, en des passages de vers, mêlés de prose entre deux amoureux, mais qui donnait l’impression de se terminer en « queue de poisson ».
            Joseph Mattéra leur avait donné des noms curieux. Il appelait le jeune homme « Salomé » Or, en vérité « Salomé » est, dans la Bible, le nom d’une fille du roi Hérodiade, et la fille « Tanit », nom d’une déesse carthaginoise.
             « Salomé » se disait « seigneur de Babylone et de Carthage, « Tanit » est fière de ses beaux cheveux blonds « séparés sur son beau front de Madone » Elle a, aussi, des yeux scintillants, comme deux pierres précieuses dans un écrin de velours ».

            Au dialogue des deux amoureux, se superpose aussi la voix du grand chrétien « Saint Augustin », qui les pousse l’un vers l’autre. Il invite « Salomé » à « accepter sa vie et à déposer ses lèvres closes, en baiser voluptueux » sur celles de « Tanit ».
            Mais, où sont-ils ? Ils sont dans la cité « auréolée d’Hippone » « sous un magnifique soleil azuré » « vestige de Rome antique ». « Tanit », chaste fille de la grande Hippone, fille de Justinius (rappel, sans doute, du nom de l’empereur Justinien, est au milieu de ses compagnes, qu’elle conduit « vers les rives dorées de la Maffrag ». Or, la Maffrag, tous les Bônois savent ce que c’est : un ruisseau venu de l’est de la colline de Saint Augustin, que l’on a utilisé comme une sorte d’égout pour toutes les eaux pourries de la grande cité.

            Puis « Tanit » et ses compagnes se blottirent comme « un chaste linceul, parmi les fleurs courroucées, éclaboussant de ses gouttes lumineuses les nénuphars et les papillons se trouvant sur les rives de la rive enchanteresse »« Salomé » offre à « Tanit » « d’authentiques fleurs d’Afrique ». « Voici, ajoute Saint Augustin, « la cité lumineuse de Binac (inconnu ?). Voici les temples de Caracalla et de Justinius ! »


            « Salomé » reprend la parole « Voici la chaste Aurore ! « Tanit », je t’aime, noble fille d’Hippone ! »

            « Tanit » répond : « Viens dans l’ombre verte, viens admirer mes palais aux portes entr’ouvertes ! » La voix du grand chrétien Saint Augustin : « Viens vite voir « Tanit » dans ses plus belles parures, viens contempler cette déesse à l’image sacrée ! » « Elle tient dans ses mains d’albâtre une grande gerbe de blé, symbole de la fécondité ». « L’incarnat de ses lèvres appelle les baisers d’ivresse » et « et souplesse de son corps idéal, comme une liane chaude, souffre dans le gaz de voile orangé qui enveloppe les formes sculpturales de cette divine mendiante d’amour ».

            Paroles de « Salomé » : « Je suis sur une grande verte allée et j’aperçois une grande porte de bronze doré, où les voix des houries font entendre leurs mystérieux appels… Elles sont toutes belles, le teint mat corrigé par le soleil d’Afrique ».

            « Le vent du Sud, le sirocco brûlant soulève leurs fines gandouras et dont les froufrous envoient les parfums de chair et de musc qui révoltent mes sens assoiffés d’amour ! »... « Astre qui éclaire mon âme, ne vois-tu pas mes nuits si tristes !... Viens, Tanit, abandonne ton gynécée et tes perverses compagnes ! Viens près de moi et donne-moi tes chauds effluves, tes caresses. O puissante créature adorable et blonde vénus… Créature sublime de Dieu ! Viens…sur les bords de la Maffrag, où je voudrais t’initier aux folies d’amour, encore inconnues de toi-même, viens vers une vie dont les souvenirs brûlants évoquent, dans ton âme aguerrie, les charmes mystérieux du Paradis d’Allah.

            La voix du grand Saint Augustin : « Noble Salomé ! Tanit te laisse choir !... Si tu veux lui plaire, sois encore plus audacieux, car elle brisera ton cœur embrasé de brûlantes déclarations d’amour ! »
            Paroles de Salomé : « J’ai vu aussi une grande comète qui poursuivait, dans l’espace, sa route vers un lumineux soleil !


            « Dans son songe radieux, j’ai senti, comme un aiguillon les désirs pervers m’envahir !... J’ai aperçu ma toute belle Tanit debout sur les perrons de son harem parfumé de roses, qui m’envoyait de sa main posée sur sa bouche des frénétiques You ! You ! d’amour…Me voici dans ses bras qui formaient autour de mon cou un doux et tiède collier d’amour… son regard m’hypnotisait et dans un doux rapprochement de nos lèvres, se coulant mollement sur une couche parfumée de lilas fleuris. Cupidon nous bénit, et nos lèvres, dans un enchevêtrement des plus délicieux….que mon cerveau puisse encore concevoir, la blonde Tanit soupira, conquise ! »

            Paroles de Salomé : 
            «O Grand Maître Saint Augustin, >
            Roi des chrétiens, vous qui êtes Grand et Pieux !
            Faites que Tanit soit un jour dans mon pieu !
            Et qu’elle m’apporte toute sa grâce,
            Sa luxure et ses beaux yeux !...
            J’implore votre Auguste Pouvoir !...
            Et je suis venu, du fond de Carthage,
            Croyant, hélas, conquérir son auguste et pudique visage !
            Paroles de Saint Augustin : 
            « Je donne les bienfaits à la chaste Hippone,
            je suis Saint Augustin « la bonté » 
            «  je donne la bénédiction et je suis juste !
            Je suis Prince de l’Eglise et «d’Agast ».

            Paroles de Tanit : « Voici le jour qui naît sur la Maffrag profonde !
            Viens, o amant ! m’embrasser sur les bords de l’onde ! »
            Paroles de Salomé : « Veux-tu te taire, ingrate, toi qui mens !
            Ah ! Folie !...C’est avec le baiser que s’est corrompu l’univers …
            Mort ! C’est en toi que gîte la plénitude !...
            Mon espérance, mes souffrances, et ma lassitude !...
            Mort ! Me voici avec mes mains jointes !...
            Ouvre tes bras, prend-moi Tanit ! Traîtresse ! »

            Paroles de Tanit : 
            « Je me donnerai à toi le jour où le bonheur sur nos têtes ! »
            Paroles de Salomé : 
            « Pour la grande beauté qui rayonne, mon cœur te réclame !...
            Et, par le jour qui va nous éclairer ! 
            « Par le Dieu d’Allah ! Venez abjurer ! »

            Paroles de Salomé : 
            « Que le jour finisse ou qu’il commence !
            Soleil d’Einac…Hélas !
            Pourquoi, toi blonde fille d’Hippone, tu me fais sangloter ?
            Pourtant, je t’adore ! »

            La voix du Grand Saint Augustin : 
            « O Grand Maître et seigneur !
            Donnez-moi le pouvoir des grands enchantements,
            je contemple tes prunelles qu’elles sont pleins d’amour
            Et d’Hipponius éternelles ! »
            « Et Dieu fit deux étoiles en ce monde adoré :
            L’éternelle jeunesse et ta troublante beauté ! »
            Mais les propos de Salomé marquant, parfois !
            Aussi appelle-t-il parfois Tanit :
            Vénérable jouvencelle !... 
            « Je vois que l’horreur de l’inconnu découvrira tes vertèbres ! »
            Il en est de même pour la voix du Grand Saint Augustin
            « Noble Salomé, tous te laissent choir »
            Un peu plus loin parle à Tanit 
            « Je suis seul et unique dans ma triste solitude »

            Vers la fin du texte, on voit (ou on croit voir !) comment va se terminer cet affrontement de deux amoureux.
            Salomé :
            « Je viens de voir de grands bolides s’élançant à la chasse de leurs cousines les étoiles et, dans le firmament, une orgie forme la perspective de brûlantes déclarations d’amour »
            « J’ai encore vu une comète qui poursuivait, dans l’espace sa route vers un lumineux soleil »

            Paroles de Salomé : 
            « O Grand Maître Saint Augustin !
            Roi des Chrétiens, vous qui êtes Grand et Pieux,
            faites que Tanit soit un jour , dans mon « pieu » !

            Paroles de Saint Augustin : 
            « Je suis Saint Augustin , la «  bonté », 
            « Je suis Prince de l’Eglise et Agast. »

            Nous arrivons semble-t-il, à la fin de ce dialogue et l’on entend encore la voix du Grand Saint Augustin.
            « Et de vous Salomé, j’ai pitié de votre ignorance,
            J’ai voulu te donner le chemin du plus pur amour, par l’espoir et par l’espérance ! »

            Du haut de la riante colline dominant les Thermes d’Hadrien dans la teinte bleutée du ciel, le jour apparaît à l’horizon pourpre. Le Grand Chrétien Saint Augustin, tendant dignement et dévotement sa main, donne sa bénédiction sur un monde à venir.
            Nous venons de faire un essai sur la ligne (le sujet) et le style du fascicule « Hippone » de Joseph Mattéra.

            Pratiquement cet essai a été décevant. Du point de vue du « sujet » d’abord. On ne s’y retrouve plus ! Au fond, ce dialogue n’a « ni queue ni tête ». D’autre part, pour ce qui est du style il n’a rien de commun avec ce que l’on appelle : le style académique. Si l’auteur nous a épargné les fautes d’orthographe, et nous l’en remercions, son style fourmille en phrases mal bâties, mal construites, où l’on a peine à se retrouver.
            Parlons maintenant, des noms propres. Ils sont vraiment curieux ! « Salomé », le nom du jeune homme est le nom, dans la Bible « d’une fille du roi Hérodiade », « Tanit » celui de la jeune fille, est celui de la déesse des Carthaginois, père de Tanit, semble une réminiscence du nom d’un empereur de Byzance. Quant à « Einac » ce n’est même pas un nom de Dieu, mais celui d’une ville espagnole, de la province basque. « Mars » et « Saturne » sont connus. « L’Arabie » aussi. Il en est de même pour « Allah » dont on évoque le « Paradis ». Et « Cupidon » et « Don Juan » et « Cythère » et « Dabios »  ? Vraiment, notre « littérateur » exagère ! Tous ces noms propres sont lâchés à hue et à dia chobée ?, dans les propos des trois personnes qui parlent : Salomé, Tanit, et la voix du Grand Saint Augustin à qui on fait jouer ici un rôle très inattendu !

            En somme rien, dans ce fascicule, ne justifie le « triomphe » de son auteur. Mais il ne dura guère. Un beau matin, dans sa boutique, Joseph Mattéra regardait la jeune Aïcha, gamine d’une quinzaine d’années, qui faisait le ménage des lieux. Comme elle était très consciencieuse, elle lavait le sol à la main, pour ne rien laisser de sale dans les coins. Pour cela, elle s’était mise à genoux et le maître du local voyait ainsi, devant lui, la double boule de deux fesses bien garnies.

            Alors, subitement, notre « poète » eut envie de l’action. Il se rua sur la gamine pour la violer. Mais Aïcha ne voulut pas se laisser faire. Elle se dressa et courut à la porte de la boutique, devant laquelle passaient deux agents de police : Piérantoni et Vincicléoni. Ces deux-là, sans barguigner, se saisirent du poète et le conduisirent au violon. Après quelques mois de prévention, notre « écrivain » passa devant les tribunaux. Le président lui fit connaître la peine qui lui était infligée pour tentative de viol plus une amende d’un franc « symbolique » réclamée par la partie civile. Alors, en passant devant le Président, Mattéra sortit une pièce de un franc et la mit sur le bureau du Président, en lui lançant : « M’ sieur le juge, voilà votre vingt sous ! » Mais son avocat lui rappela qu’il avait aussi à payer les frais du procès, qui valaient beaucoup plus cher. Enfin, après plusieurs mois de prison, il retrouva son salon de coiffure. Mais il ne vit venir aucun client : personne ne voulait avoir pour sa coiffure les services d’un condamné pour un délit affreux.

            Au bout de quelques jours, le « poète » comprit la rude leçon de ses anciens clients et résolut d’en finir avec la vie. Un beau matin, on le retrouva, pendu, à l’intérieur de son salon.

            Pour les vieux Bônois comme moi, cette histoire de « Hippone », avec la fin tragique de son auteur, reste un souvenir vivace du Bône d’autrefois, que j’avais connu dans ma jeunesse et qui est, depuis peu, redevenu « Annaba ». Dans cette cité musulmane, on doit compter les Occidentaux qui survivent sur les doigts de la main. Puissent les Musulmans ne pas détruire ce que la France avait fait dans ce beau pays et garder le souvenir d’une population qui avait su se particulariser jusque dans sa langue : le « Diocane ». Certes, on est vite lassé par ces propos tout emberlificotés où reviennent tant de lieux communs, mais on est quand même heurté par des lambeaux de phrase tels que : « le cri de rut de mon amour ne peut plus se taire ! » «  Je vois que l’horreur de l’inconnu découvrira « tes vertèbres » « O Grand Saint Augustin… faites qu’un jour Tanit soit dans mon « pieu » ! »

            Pourtant, nous gardons aussi le souvenir ému de cet homme conscient de sa faiblesse en « littérature » et « versification » qui travailla pendant deux années de sa vie pour mettre à jour les seize pages d’« Hippone ». Mais je lui sais surtout gré de sa générosité car il annonce, dans la première page du fascicule, que « Hippone » sera vendue au profit des pauvres vieillards de l’Asile (sans doute pense-t-il à l’Hospice Coll et des Petites sœurs des pauvres). N’oublions pas ce geste généreux !

Fin

                                         Paul Mangion


HISTOIRE DES VILLES DE LA
PROVINCE DE CONSTANTINE      N°22
PAR CHARLES FÉRAUD
Interprète principal de l'Armée auprès du Gouverneur général de l'Algérie.
LA CALLE

ET DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE
DES ANCIENNES CONCESSIONS
FRANÇAISES D'AFRIQUE.


Renouvellement du traité de commerce en 1790

                   Vers la fin de cette même année 1792, la frégate la Minerve parut devant Alger. Elle venait notifier, au Dey, le renversement de la Royauté en France et proclamer le Gouvernement Républicain nouvellement adopté.
                   " Il représentera, disaient les instructions du capitaine de la Minerve, la faiblesse du ci-devant Gouvernement Monarchique qui souffrait que les petites Puissances d'Italie vinssent violer le territoire Français, en attaquant les Barbaresques jusque sur les côtes de France et fera valoir la détermination prise par la République de faire respecter le droit de gens par tous les moyens que lui assurent des richesses immenses et une population de 25 millions d'hommes. Le Consul déclarera, au Dey, que la République Française n'entend pas vendre son amitié à la Régence, ni acheter la sienne par des présents qu'elle ne veut plus qu'on lui demande ; il fera connaître que la République regardera comme un acte d'hostilité la moindre infraction aux Traités. "

                   La Municipalité de Marseille qui connaissait les usages d'Alger, craignit qu'une rupture ne fut la conséquence de cette déclaration et adressa au Conseil exécutif un Mémoire qui donna lieu de modifier les instructions du Capitaine Rondeau, Commandant la Minerve, en ce qui touchait le refus des présents et des infractions du Traité.
                   Les premières nouvelles qui suivirent cette notification firent connaître, au Dey, le succès que les armes de la République venaient d'obtenir sur ses ennemis. Ce Prince en prenait déjà quelque ombrage lorsque des avis, venus d'Espagne, annoncèrent l'occupation de Toulon, par les escadres d'Angleterre et d'Espagne. Baba Hassan se rassura: son entourage exploita si bien la nouvelle, que le manque de confiance dans les Français devint général et que le Bey de Constantine refusa des blés à la Compagnie d'Afrique, ce qui pouvait passer pour un acte d'hostilité. Dès cet instant, les insultes ne nous manquèrent pas ; mais tout à coup la Vigie annonça un brick de guerre Français ; c'était le Hazard, commandé par le lieutenant de vaisseau Raccord : il apportait la nouvelle du succès de Dumouriez sur les frontières de la Hollande. L'opinion publique nous redevint aussitôt favorable. Les Algériens, habitués à changer souvent de Chefs, par des moyens expéditifs, en leur arrachant à la fois le pouvoir et la vie, trouvèrent, dès lors, tout naturel que les Républicains eussent décapité le Roi et changé la forme du Gouvernement Français, comme ils faisaient fréquemment eux-mêmes avec leurs Deys et Pachas.

                   La République fut solennellement reconnue par le Divan. Les Armées Françaises marchaient de victoire en victoire, et la nouvelle de tant de succès venait chaque fois étonner les Algériens. Le Dey se déclara décidément ami de la République, et les relations entre les deux rives opposées de la Méditerranée devinrent plus suivies que jamais. Le Consul de France Vallière, en profita pour faire expédier de nombreuses cargaisons de blé dont les provinces du Midi de la France, en proie à la plus cruelle disette, avaient un grand besoin.

                   Bientôt cependant, nos relations avec Alger éprouvèrent un moment de crise court, mais violent. Une frégate Napolitaine, donnant la chasse à deux corsaires Algériens, les poursuivit jusque dans la rade de Cavalaire, sur les côtes de Provence, où elle les coula à fond. Elle mit même des embarcations en mer, pour aller attaquer les équipages Maures qui s'étaient sauvés à terre ; mais des détachements de la Garde nationale, accourus en toute hâte, les prirent sous leur protection. Le Gouvernement se hâta de pourvoir aux besoins des Algériens et de les faire reconduire dans leur patrie. Il fit aussi procéder à ses frais, au sauvetage des deux corsaires, qui furent relevés et Conduits à l'arsenal de Toulon, pour être radoubés. Mais l'empressement que nous mîmes, à donner toute satisfaction à Hassan-Pacha, produisit sur cet homme bon, mais emporté, un effet tout contraire à celui qu'on devait naturellement en attendre. Voyant revenir ses marins sans leurs navires, il crut que ceux-ci ne lui seraient pas rendus, et, sans attendre aucune explication, il déclara sur-le-champ la guerre à la France, prescrivant au Consul Vallière de s'embarquer dans vingt-quatre heures pour France, avec tous ses nationaux. Les Agents de la Compagnie, à Bône, Collo et La Calle devaient subir le même sort ; aucune observation n'était admise, il fallait obéir. Mais au moment où notre Consul allait quitter Alger, le Dey revenu de son emportement le fit appeler, et finissant par où il aurait dû commencer, reçut de lui des explications qui le satisfirent sur le sort de ses deux bâtiments corsaires, lesquels lui furent bientôt renvoyés en parfait état de réparation.
                   La rupture n'avait duré que quinze heures, pendant lesquelles d'autres corsaires, sortis d'Alger, capturèrent quelques bâtiments Français mais qui furent aussitôt restitués.

                   Revenons à la Correspondance de la Compagnie.
                   " Marseille, le 4 janvier 1793.
                   " A M. Vallière, Consul de France, à Alger.

                   " Revenu de Paris depuis un mois, je n'ai rien à vous apprendre de plus particulier sur la situation de la Compagnie que ce que vous en savez. Des circonstances ont encore éloigné à l'attention de l'Assemblée législative, l'examen de l'Établissement de la Compagnie. L'intérêt public y trouve trop son avantage pour en provoquer la discussion, et, tout en la laissant tranquille, on donne à son existence une forme privée et individuelle qui contrarie sa nature et qui en mine sourdement les bases. Nos efforts doivent donc se réunir pour soutenir cet édifice en attendant que les architectes s'occupent à le restaurer ou à le démolir.
                   " C'est dans cet objet que la Compagnie m'a chargé de la rédaction du Mémoire qu'elle vous adresse. Il est certain que si Alger loin de vous traverser, nous favorise raisonnablement, si même le Dey n'est que juste envers nous, nous pourrons soutenir, alimenter notre Établissement et prolonger son existence telle qu'elle est actuelle-ment jusqu'à un temps plus calme. La Compagnie compte avec raison sur votre zèle et sur vos soins ; s'ils parviennent à obtenir à gagner sur la Régence, d'être juste envers nous, nous sauverons la chose et nous ferons avec l'intérêt public le salut des actionnaires... Je ne vous parle point de l'état où j'ai laissé les affaires et le département à Paris. Vous en êtes aussi bien instruit que je pourrais le faire. Nos amis se portent bien et ont quitté la Capitale. "

" BERTRAND "                   
Directeur de la Compagnie.                   


                   Une autre lettre, du même, annonce que le Bey, qui a succédé à Constantine à Salah Bey, donne la préférence pour la vente des grains aux Juifs et aux Mahonnais. Cependant il a envoyé au nouveau Dey un cadeau consistant en une aigrette en diamants.
                   Le commerce est suspendu depuis un mois pour favoriser les juifs Bakri dit ben Zaout et Daninos qui ont obtenu la livraison de dix-mille mesures de grain.

                   Bonne, 24 février 1793,
                   l'an second de la République française.
                   Au Citoyen Vallière, Consul général de France, à Alger.

                   " J'ai reçu, Citoyen, la lettre que vous m'avez écrite le 16 du courant et qui m'a été remise par le Kaïd de cette ville, Sidi Amet Cogea. J'ai déclaré en sa présence, celle du Divan et Sidi l'Hagi Assem, Mercanti de notre Bey, que je n'avais rien absolument, ni fonds, ni effets, appartenant à feu Kaïd Omar. Vous en pourriez répondre comme de vous-même et assurer que c'est une imposture manifeste d'avoir dit au Dey que le Kaïd Omar avait mis des fonds en dépôt à la maison de la Compagnie ; que bien loin de cela, il était toujours endetté avec nous. Que toutes nos affaires passent par les mains de notre Drogman et qu'il en peut faire foi si on l'exige.
                   " J'avais, il y a encore peu de jours, quelques effets des enfants de ce Kaïd en dépôt pour deux cents piastres à eux prêtés par notre Drogman qui, lui-même, en a informé le Bey et qui me dit, de sa part, de les lui envoyer et de débiter son compte de deux cents piastres. Ces effets doivent être maintenant au pouvoir du Bey et ils consistent en une pendule, une montre à répétition mauvaise, deux miroirs et un fusil monté sur argent que j'ai envoyé en France depuis un an pour y refaire le canon et dont je n'ai encore aucune nouvelle. Ces effets là ne valent guère plus de deux cents piastres que le Bey paye. Il sera peut-être à propos que vous n'en parliez pas au Dey, car, suivant le rapport que m'a fait mon Drogman de la part du Bey, il y aurait à croire qu'il veut garder ces effets, mais qui, je le répète, ne valent guère plus de deux cents piastres qu'il consent à payer.

                   " Le Dey peut savoir que la maison de la Compagnie jouit des privilèges des mosquées, qu'elle sauve un malfaiteur quand il peut s'y réfugier, que de plus nous recevons les dépôts que tout particulier veut y faire, mais que nous rendons ces dépôts quand le Bey les fait réclamer et qu'il en a eu connaissance par les propriétaires. Cet usage est aussi ancien que la Compagnie. Le Kaïd Assem, qui était ici en place avant le Kaïd Omar et que le Bey Salah fit étrangler, avait de l'argent en dépôt et à la caisse. Le Bey Salah le réclama et il lui fut rendu sur sa demande par l'Agent qui était alors en place : tout fut dit là. Mais pour le Kaïd Omar, je vous proteste que nous n'avons jamais rien eu à lui et que le Bey en aurait été informé par moi si j'avais eu quelque chose.
                   " Voilà, Citoyen, tout ce que je puis vous dire avec vérité...

" GUIBERT. "                   

                    " Bonne, 7 mars 1793.
                   " Je vous félicite sur ce que vous me dites, des bonnes intentions du Dey pour notre Nation et pour la Compagnie, mais cette dernière est loin de s'en ressentir. Notre Bey m'a fait signifier par son Mercanti, qu'il ne pouvait plus me livrer de blé que je ne le payasse d'avance au comptant, parce que, m'a-t-on ajouté, nous étions en guerre avec toutes les Puissances. J'ai trouvé cette défiance si déplacée et si ridicule, que j'en ai été étourdi et n'ai su qu'en penser, si le Bey n'a pas fait cela de sa tête. J'ignore encore s'il persistera.

" GUIBERT. "                   

                    " Bonne, 23 avril 1793.
                   " ..L'état d'incertitude dans lequel je suis sur nos affaires avec le Bey de Constantine, et qui est connue de la Compagnie, ne pouvant compter sur rien, notre position critique auprès de la Régence et ce qui se passe en France, tout concourt à rendre nos opérations incertaines, à marcher en aveugles et fait que la Compagnie ne peut ni ne doit aventurer des fonds considérables qui, peut-être, ne seraient pas ici aussi bien qu'où il faut. Enfin, l'état dans lequel je me trouve est insoutenable et peut avoir des conséquences funestes pour la Compagnie...

" GUIBERT. "                   

                    Note du Journal de La Calle.
                   25 mars. -
Peïron, directeur, prête de l'argent au Cheikh et lui achète des bœufs. Peïron part pour Bonne, pour se rendre de là à Constantine, où le Cheikh Ali Bey doit le rejoindre.
                   A son embarquement, en partant de La Calle, le Directeur reçoit le salut d'usage de 21 coups de canon.
                   Le Cheikh M. Bey ayant demandé de l'argent à ses administrés, ceux-ci s'enfuient avec leurs femmes, leurs enfants et leurs troupeaux et vont chez les Nadis insoumis.
                   Les canons de La Calle tirent pour le Ramadan des arabes.

                   1er avril. - Le bateau de service est parti pour Tabarque, y portant des bois et divers ravitaillements pour le dit Comptoir. Nous avons vu que notre Installation à Tabarque, datait du Traité passé avec Tunis, le 24 juin 1781, par notre Consul du Rocher.

                   7 juin. - Deux chebeks Algériens surveillent la Pêche du Corail, pour la protéger et chasser les Napolitains.

                   7 juin. - J'ai envoyé le bateau de service à Tabarque pour approvisionner ce Comptoir de pain et de bois. Le Citoyen Papillon, Abbé, a profité de cette occasion pour aller passer quelques jours avec le Citoyen Burlat.

                   16 juin. - Le Cheikh de la Mazoule m'écrit que le Bey de Constantine, qui avait à sa suite le Prince Bou Aziz, l'a fait mettre aux fers à sa sortie d'Alger et a établi à sa place un enfant, proche parent de Bou Aziz. Cette conduite du Bey inspire la terreur aux Chefs qui ont des reproches à se faire. - On rachète ses fautes par de l'argent, moyen qui manque rarement dans ce pays.
                   Bou Aziz était le Cheikh héréditaire des Hanencha. (Voir dans la Revue Africaine mes Notices sur cette famille féodale, dite les Harar.).

                   17 juin. - Tabarque, occupé par nous, reçoit des approvisionnements de La Calle. (Burlat, Agent Français à Tabarque). Deux chebeks Algériens armés, surveillent et protègent les Corailleurs, au nombre de 200, contre les Napolitains.

                   23 juillet. - Les Nadis volent un cheval et deux mulets au Caïd de Bonne, venu en visite à La Calle. Ils ramènent ces animaux à Peïron, Directeur du Comptoir, à sa considération, après les avoir refusés au Bey.
                   Le Caïd de Bonne devait, tous les ans, aller visiter le Comptoir de La Calle, et, à cette occasion, on lui donnait une gratification de 50 piastres. Il avait le droit de rester trois jours à La Calle et d'être hébergé aux frais
                   de la Compagnie ; mais il s'exemptait de cette course et recevait son argent à Bône. Quand il venait, il y avait toujours à craindre des démêlés fâcheux entre l'escorte et les Chrétiens, et, plus d'une fois, la tranquillité fut fortement compromise dans ces sortes d'occasions : insolence de l'escorte difficile à contenir; obligation de fermer tous les magasins et les ateliers pour éviter les vols. Mauvais propos, exigences - obligation d'avoir une grande patience et des ménagements.

                   " Journal de La Calle.
                   " La Calle, le 24 juillet 1793.

                   " Un exprès de Sidi Mustapha Codja, arrivé aujourd'hui, m'a remis une lettre du Citoyen Devoize. Je reçois en même temps de Sidi Mustapha Codja, une lettre très flatteuse, en remerciements des services qu'à sa recommandation, j'ai été dans le cas de rendre, aux gens qu'il avait envoyé pour faire une coupe de bois dans le pays des Nadis, et à laquelle les Nadis n'ont cessé de s'opposer, ainsi qu'à l'enlèvement de ce bois, qu'après que je suis intervenu pour leur faire connaître tout le danger de leur violence, dans une pareille affaire.
                   " La résistance de ces Nadis aux ordres du Bey, au sujet des deux mules et du cheval à rendre au Kaïd de Bonne, et la manière dont j'ai terminé cette affaire, m'a donné l'occasion d'exprimer de nouveau, à ce principal Ministre, mon dévouement pour ce qui regarde son Maître et lui-même dans ce canton et de lui faire une peinture des Nadis, bien capable d'augmenter en lui son indignation pour ces Maures, et de lui persuader que la Place n'a jamais porté de plaintes contre eux, sans beaucoup de raisons. "

                   Journal de Bonne.
                   " 14 août 1793. -
La Peste fait des progrès à Constantine, où il meurt 80 à 100 personnes par jour.
                   " Ordre aux Corailleurs de ne pas communiquer avec d'autres bateaux, crainte de la Peste. - Le Bey de Constantine demande un Médecin au Comptoir de La Calle.

                   " 23 août. - Le Cheikh de la Mazoule, pressé par le Cheikh el-Arab, à qui il a promis de l'argent pour se faire nommer Cheikh, s'adresse à Peïron, Directeur de La Calle, qui fait un bon de 1,000 piastres payables à la Caisse de Bonne.

                   " Journal de La Calle.
                   " La Calle, le 8 septembre 1793.

                   " Je reçois une Lettre du Bey de Constantine, me notifiant qu'il vient de destituer Ali Bey et nommer à sa place, Cheik de la Mazoule, Mohamed Belabès auquel il me dit avoir donné les ordres les plus positifs de ne se conduire en toutes choses, dans le pays, que par mes avis, et qu'il espère qu'il justifiera pleinement l'intérêt qu'il prend à la tranquillité de ce canton.
                   " Ali Bey, prévenu de ce changement, a pu s'évader et emporter avec lui tous ses meubles et ses troupeaux et 110 bœufs appartenant à la Compagnie. Suivi d'une trentaine de cavaliers, il s'est réfugié chez les Khoumirs. Il emporte aussi 1000 piastres que je lui avais avancées à son dernier voyage à Constantine."

" PEÏRON. "                   

                   " La Calle, 19 septembre 1793.
                   " Le Bey de Constantine m'écrit pour me prescrire de ne point payer aux gens de la Mazoule, pour la denrée qu'ils ont livrée. Je réponds que la chose est impossible, dans la crainte de bouleverser le pays chez les Mazouliens et les Nadis : ce serait détruire la confiance. "
                   " Le Khalife et Belabès demandent un Chirurgien pour soigner quelques blessés dans l'affaire que le Camp du Bey a eue contre Ali Bey.
                   " Ali Bey et son fils se sont réfugiés chez les Khoumirs.
                   " Les gens du Khalife viennent en maraude auprès de la Place et enlèvent trois bœufs des charrettes.
                   " Le Camp du Khalife est composé de 2,000 cavaliers du pays de Bouaziz (Hanencha), qui, ayant à leur suite femmes et enfants, veulent vivre aux dépens des habitants des endroits où ils passent. C'est une calamité pour le pays.
                   " Belabès veut tomber avec le Camp sur les Beni Mazen ; je lui conseille de n'en rien faire. "

                   " La Calle, 24 septembre 1793.
                   " Belabès me demande une avance de 10,000 piastres, qu'il s'est engagé de payer au Bey tout de suite, indépendamment des 15,000 piastres pour lesquelles il a un délai de deux ans. Je refuse de prêter cette somme.
                   " Belabès repart mécontent en menaçant d'aller piller les Beni Mazen et d'obtenir ainsi la somme qu'il ne peut refuser au Bey.
                   " J'ai réclamé à Belabès la restitution des trois bœufs de charrette qui m'ont été pris par les gens du Camp. Il assure qu'il a cherché inutilement, qu'ils ont été mangés aussitôt que volés. Il est inutile de rechercher chez des gens qui ne respectent rien et font leur occupation principale du butin, s'en prenant jusqu'aux matamores (silos à grains) qu'ils ont un talent particulier de découvrir. "
                   " Le Bey répond au sujet des dettes du Cheikh de la Mazoule. Abdallah est mort et Ali Bey est destitué: donc cela ne le regarde pas, d'autant plus qu'il n'a jamais autorisé ces prêts de la Compagnie. - C'est une affaire particulière qui ne le regarde pas, "
                   " Le Camp du Khalife rentre à Constantine, emmenant 1,200 bœufs que le Cheikh Belabès est parvenu à se procurer de ses vassaux, et qui l'acquittent envers le Bey des 10,000 piastres qu'il avait promises en recevant l'investiture, sans préjudice des 15,000 qu'il payera dans deux ans. "
                   " Belabès prie Peïron d'intervenir pour faire rentrer les réfugiés et leur faire des avances d'argent pour reprendre les cultures du pays qui est vide d'habitants.
                   " Belabés enlève 500 bœufs et 1,000 moutons à une Nation qui refuse de le reconnaître. "
                   " Belabès, menacé d'être attaqué par son rival Ali Bey, demande 12 fusils à La Calle.

                   6 novembre 1793. - Ali Bey est venu, la nuit dernière avec sa suite, en dehors de la Place, dans le dessein de m'intéresser à son rétablissement, m'ayant laissé à cet effet plusieurs lettres qu'on lui écrit de Constantine, une du Cheikh El-Arab, surtout, où il lui dit d'envoyer son fils à Constantine et de ne pas désespérer de rentrer en grâce du Bey qui pourra oublier ce que sa mauvaise langue et son inconduite lui ont fait faire.
                   " Belabès arrête et met aux fers trois Maures au service de La Calle. Plainte au Bey contre Belabès. - Le Bey envoie un Agent. Belabès vient faire des excuses à Peïron et rend tout ce qu'il a pris aux trois Maures.
                   " Les Esclaves de Belabès se sont réfugiés chez les Nadis, pour excuse que celui-ci a tué un de leurs parents pour disposer de sa femme qu'il a envoyée en cadeau à Constantine et en voulant encore disposer de deux de leurs filles pour les donner également à Constantine.
                   " Belabès prie Peïron d'écrire aux fugitifs de rentrer. Il refuse ne pouvant se mêler de ces affaires. - Il est alors allé lui-même s'aboucher avec les Esclaves. S'étant rencontrés en route avec les dits Esclaves qui, armés, revenaient dans le pays, pour enlever à la faveur de la nuit, le surplus des effets qu'ils avaient laissés et cachés, ils se sont pris de parole avec l'oncle de Belabès, auteur des vexations et l'ont assassiné. "
                   Si dans le pays de La Calle, les affaires ne marchaient pas par suite des troubles qui régnaient dans les tribus, la situation n'était pas meilleure à Bône.

                   " Bonne, le 30 octobre 1793.
                   Au citoyen Vallière, Consul général, à Alger.

                   " … Rien de nouveau, quant aux affaires de la Compagnie ; c'est-à-dire que je suis toujours dans les ornières jusqu'au cou et avec peu d'espoir de m'en tirer bientôt, puisque je ne reçois point d'argent. Je prends patience et me résigne. Je viens de revendre une très grande partie de blé que j'avais depuis le mois de mars
" GUIBERT. "                   

                   " 7 novembre 1793 "
                   " Au même.

                   " ... Ma position est toujours la même, on ne peut plus inquiétante, et je ne serais pas dans cet embarras si j'avais de l'argent, quoique je ne serais pas non plus sans soucis par la tournure qu'ont pris les affaires dans notre trop malheureuse Patrie.
" GUIBERT. "                   

A SUIVRE

ALGER, TYP. DE L'ASSOCIATION OUVRIÈRE
V. AILLAUD ET Cie
Rue des Trois-Couleurs, 1877
Livre numérisé en mode texte par M. Alain Spenatto.

ADIEU
Auteur ?
Envoyé par Annie
        

La valise est bouclée, il est temps de partir
Un tout dernier regard et le cœur se déchire.
Un accord signé, une promesse bafouée
Doucement se referme la porte sur le passé.

Blanc, immense, immobile en bout de quai
Le grand bateau attend ces êtres désemparés.
Il gravissent lentement l’échelle de coupe
Comme retenus par un fil qui refuse de lâcher.

On s’entasse, on se serre, on ne veut plus penser
Balloté par le flot de cette humaine marée.
Sans bruit trop violent comme pour s’excuser
Est venu, pour le navire, le temps de s’éloigner.

Tous les visages se tournent et contemplent Alger,
Une dernière fois s’emplir de cette douce clarté
Qui lentement s’évanouit dans une brume dorée
Sur la côte qui s’éloigne, tous les yeux sont fixés.

Puis disparaît dans le soir qui estompe sa beauté
Alors en silence et mouchoirs blancs agités
vue se brouille et les larmes peuvent couler.
Adieu notre terre que nous avons tant aimée


PHOTOS de BÔNE
Collection Bartolini / Hebert


Ruines d'Hippone
Photo, don de M. Hebert
Photo, don de M. Hebert
Photo, don de M. Hebert
Vues Générales de Bône
Photo, don de M. Hebert
Photo, don de M. Hebert
Photo, don de M. Hebert
Stade Vélodrome
Photo, don de M. Hebert
Cours Bertagna
Photo, don de M. Hebert
Mosquée Ibn Mérouane
Photo, don de M. Hebert
Hôtel la Seybouse
Photo, don de M. Hebert

Le Prof Malotru
Envoyé parRoger


               « Un prof mange tout seul dans la cantine lorsqu'un étudiant s'assoit à sa table. Le prof : "Un oiseau et un cochon ne peuvent pas rester côte-à-côte"!
               L'étudiant se lève et dit :D'accord, alors moi je m'envole"... !

               Le prof s'énerve et décide de lui donner 0/20 au prochain contrôle. Le jour du contrôle, l'étudiant répond parfaitement à toutes les questions.
               Le prof lui demande : "Imagine que t'es entrain de marcher sur un chemin et tu trouves deux sacs : l'un est plein d'argent, et l'autre plein d'intelligence. Lequel prendras-tu ?"
               - L'étudiant : Le sac avec l'argent. - Le prof : A ta place j'aurais pris le sac avec l'intelligence. - L'étudiant : Les gens prennent ce qu'ils n'ont pas..."

               Le prof s'énerve encore plus. Il prend la feuille de contrôle de l’étudiant et y écrit "connard". L'étudiant prend sa feuille et 2 minutes plus tard il revient vers le prof et lui dit :
                "Monsieur, vous avez juste mis votre signature, mais vous avez oublié de mettre la note... »
    



Pourquoi je suis français !
Par Antoine Martinez

            Nos instances ont tourné et viré, autour de l’identité nationale sans elles-mêmes, semble-t-il, avoir une idée précise sur la question. Elles ont, avec un amateurisme consternant, enclenché sous forme d’un débat ouvert au plus grand nombre, c'est-à-dire aux français dans toute leur diversité, une machine infernale qui faute de structure définie leur a échappé. L’idée était pourtant séduisante puisque pour une fois, le citoyen lambda pouvait exprimer sa vision de la chose et ce faisant, un échantillon le plus complet possible des opinions pouvait être entendu.
            Une tendance claire aurait pu se dégager qui aurait reflété l’état d’esprit des citoyens et des conclusions réelles auraient pu être étudiées pour ainsi corriger des dérives de plus en plus fréquentes. Mais nos élites inconscientes ont dû rebrousser chemin, effrayées parait-il, par les outrances de certains intervenants.

            En réalité les intellectuels et artistes gauchisants, pourtant républicains et donc attachés à ce que le peuple s’exprime, associés à une droite frileuse et rabougrie, se sont relayés avec un rictus de dégoût pour s’opposer à ce débat selon eux indigne.
            Nous ne saurons donc jamais ce que « la France d’en bas » pense de son appartenance à cette nation qu’elle contribue vaille que vaille à faire tenir debout, malgré les sacrifices et les difficultés qu’elle surmonte chaque jour pour joindre les deux bouts.
            Frustrés, la plupart de ceux qui de bonne fois ont participé à cette mascarade, sont confortés dans l’idée que leur voix ne compte pas. Lorsque, par inadvertance, on fait mine de leur donner la parole, dès l’instant qu’ils émettent des opinions qui ne cadrent pas avec ce que l’on espérait entendre, on fait comme s’ils n’avaient rien dit. Les exemples sont nombreux. Le NON à la constitution européenne sorti des urnes et transformé en OUI par le fait du prince sans que les députés représentants tout de même les votants récalcitrants, n’aient opposé la moindre objection à quelques exceptions près.

Qu’est ce donc alors que l’identité nationale ?
Qu’est ce qui fait qu’un individu puisse se sentir français ?

            La France serait-elle le seul pays du monde où le plus grand tabou reste l’impossibilité de définir les critères de son unité multi séculaire ?
            Je me suis posé également les questions : Pourquoi suis-je français ? Quel est ce sentiment qui me fait sentir appartenir à cette entité qui s’estompe chaque jour un peu plus ?
            Je suis un « pur »espagnol. Je veux dire que dans ma lignée, du moins du plus loin que j’ai pu remonter, il n’y a que des ibériques principalement valenciens. Je ne suis donc pas un « français de souche ».
            J’ai eu une éducation où la France primait sur tout. Mes parents et grands-parents et avant eux, leurs parents, avaient adopté sans réserve ce pays qu’ils ne connaissaient pas mais qui rayonnait alors comme un phare de l’humanité.
            Ils avaient appris par cœur à l’école de la république, les départements métropolitains et leurs chefs lieux, les préfectures et leurs sous préfectures, les rivières et affluents qu’ils connaissaient mieux que les montagnes de Kabylie ou que les plaines insalubres où avaient trimé et parfois péri leurs aïeux.
            On apprenait la Marseillaise dans son intégralité et peu de « vrais » français savent qu’elle ne se limite pas au couplet tant décrié et sifflé parfois, ou que des décervelés entonnent, comme meuglent les bœufs, les jours de manifestation sportive aux répercussions médiatico-financières.

            J’ai fait mienne les lignées de rois qui ont façonné ce bout de terre béni des dieux. J’en ai admis les outrances et les moments de gloire. J’ai « adopté » le vase de Soissons, le cor de Rolland, les voix de la pucelle, le chevalier sans peur et sans reproche, le panache blanc et la poule au pot du bon roi Henri, la splendeur du roi soleil, les audaces et les excès de Napoléon. Le soleil d’Austerlitz, la morne plaine de Waterloo. J’ai souffert en lisant les récits des abominations des inquisitions, j’ai hurlé contre les guerres de religion, contre l’extermination des cathares ou le martyr des vendéens. Mais j’ai tout accepté des 2000 ans de l’histoire de France. Les erreurs commises comme les prodiges produits. Je me suis approprié la littérature, les merveilles de l’architecture, les pensées des philosophes et la République avec ses bienfaits et ses abus aussi. Et même si je garde mon esprit critique, j’ai adhéré aux valeurs du siècle des lumières et je respecte les penseurs dont je ne partage ni les orientations ni les idéologies, parce qu’ils m’ont forcé à réfléchir et à développer mon libre arbitre. Bon ou mauvais j’ai tout accepté en bloc parce qu’aucun pays ne s’est forgé autrement que dans le sang, la sueur et les larmes.

            L’hymne national me fait toujours frissonner. Et parfois, lorsque j’entends un patronyme étranger je dois me forcer pour me souvenir que moi aussi, je fais partie de la cohorte d’émigrés que la misère et l’espoir ont jeté sans ménagement, sur les rivages de cette Algéria « Patria Nostra ».
            Pour les miens cette adhésion avait pour ciment principal l’armée française. Depuis 1870, ils avaient payé l’impôt du sang. L’existence modeste qu’ils partageaient avec les autres « néos » avait créé une solidarité que la conscription avait fortifiée en même temps qu’elle avait développé un sentiment d’appartenance à la tutrice bienfaisante. Mobilisés ou engagés volontaires, ils avaient alimenté les régiments de combattants « français » et chantaient en s’embarquant « Le chant du départ ». Les français qu’ils voulaient devenir devaient vivre pour elle et pour elle ils devaient mourir. Ils se croyaient donc français « par le sang versé ».
            Ma grand-mère avait perdu un fils lors de la deuxième guerre mondiale. Alors que je rechignais devant-elle d’avoir à effectuer mon service militaire, elle me fit cette réflexion dont je n’ai saisi la portée que des années plus tard : « C’est ton devoir ! » me dit-elle. Il fallait donc payer le droit d’être français. Cette vieille femme illettrée, qui avait connu une vie austère, un mari revenu gazé de la boucherie de Verdun, des enfants décédés en bas âge, un fils mort à de dix neuf ans sur les rives du Rhin, veuve à quarante ans avec une pension misérable, pour terminer dans un exil forcé à soixante et un ans, m’avait donné une leçon que les plus érudits de mes professeurs n’auraient jamais pu m’enseigner. Pour elle qui n’avait rien reçu, la France aussi ingrate et inhumaine qu’elle ait put être à son égard, méritait encore que l’on se sacrifiât pour elle.
            Mes aïeux, immigrés de la misère, ont « oublié » les six ans de guerre napoléonienne sur leur sol natal et ont adhéré sans réserve à cette marâtre exigeante. Bien que défavorisée pendant au moins deux générations, cette lignée de journaliers, d’ouvriers, de pécheurs et de coupeurs de tabac, eut « la reconnaissance du ventre » pour cette colonie administrée par une métropole, hésitante, hautaine, méprisante et contradictoire.

            Mes deux grands-mères ne savaient ni lire ni écrire et l’école de la république n’avait fait que les effleurer quand les bonnes sœurs, en guise d’éducation, les occupaient, enfants, à faire de la charpie avec des vieux vêtements.
            Une nation n’est pas simplement un conglomérat d’individus vivant sur le même sol, mais la communion des êtres acceptant des valeurs communes et fiers du sol sur lequel ils sont réunis. Les français n’aiment plus la France parce qu’elle se déteste. Tout est prétexte à quolibets, repentance, culpabilisation, dénigrement. Etre heureux lorsqu’un français, quelle que soit son origine, réussit et s’impose aux yeux du monde, c’est être chauvin, état d’esprit méprisable s’il en est.
            Accepter de prendre en compte les racines gréco-romaines et chrétiennes de la France est désormais, une stupidité. Pourtant, il suffit de se pencher sur l’étymologie des mots de la langue française et de lire les multitudes de communes du terroir, les rues ou les quartiers des grandes villes qui ont un nom de « Saint » pour que l’évidence s’impose.

            Cela n’oblige pas à réciter le « notre père » dans les écoles. Mais nier que la chrétienté fut un des éléments qui contribua à la construction de notre pays est un non-sens que seules les idéologies les plus absconses ou les plus partiales peuvent, sans rire, proclamer. N’est pas fille aînée de l’église qui veut !!
            Distribuer les verges pour la flagellation générale à propos du passé colonial et de ses abus, en effaçant d’un revers de manche les bienfaits, car il y en eut n’en déplaise aux gardiens de la pensée unique, est profondément injuste.
            Considérer que seule la France a « salement » colonisé, est une aberration. Que les gendarmes humanitaires examinent l’histoire des nations, ou des principaux états du moyen orient par exemple, berceau du christianisme, d’où les chrétiens furent chassés sans ménagement, et où aujourd’hui encore des croyants sont persécutés dans l’indifférence générale.
            Le mot Patrie est devenu un gros mot et ceux qui l’emploient sont taxés de « nationalistes » terme souligné en rouge vif qui ouvre le champ à d’autres qualificatifs pour enfermer le patriote au milieu d’un champ miné.

            Le second ciment national est la langue, autre élément de partage.
            Les petits bretons, provençaux, ou bourguignons recevaient des coups de règles sur les doigts par les « hussards de la République » lorsqu’ils étaient surpris à converser dans leur patois régional.
            Ceci était admis, non sans douleur, par la grande majorité des citoyens qui avait bien compris que le langage commun était la chance qu’il fallait saisir pour s’intégrer et faire corps avec le peuple composite ; pour que cette adhésion consolide l’unité nationale.
            Français de deuxième zone, il est une légende qui perdure et qui fait de nous les français d’Algérie, des « mal instruits », uniquement capables de s’exprimer en pataouète ou dans un mauvais sabir. Constitué le plus souvent d’immigrés miséreux et de déportés politiques, notre communauté, dans l’esprit de nombre de métropolitains, ne peut maîtriser une langue inadaptée à notre intelligence primaire.

            C’est oublier la centaine de personnalités scientifiques, universitaires, de professeurs de médecine ; la dizaine de Présidents d'universités ; la trentaine de grands juristes ou hauts magistrats ; les nombreux hommes politiques dont vingt et un ministres ; les conseillers spéciaux ; les personnalités religieuses ; les grands soldats ; les diplomates ; une vingtaine de préfets et autant d'ingénieurs généraux, inspecteurs généraux de l'Equipement, de l'Industrie ou de l'Education Nationale, directeurs d'administrations centrales etc... ; Quelques prix Nobel, des décorés de tous ordres, sans compter les artistes, musiciens et sportifs. Ceux-là aussi, descendants de napolitains, de juifs, de maltais, de valenciens ou des lointains exilés provençaux, corses, alsaciens ou bretons, qui ont sans réserves, parfois avec difficultés, mis entre parenthèses leurs origines diverses, pour apporter leur pierre à l’édifice France. Car c’est la France, grâce à son génie et malgré ses défauts, qui par sa culture et son ouverture sur le monde, leur a donné les moyens de s’élever. Il serait ingrat de l’oublier et de cracher dans la soupe…
            Ils se sont assimilés sans pour autant renier la richesse de leurs origines étrangères ou régionales.

            Nos aînés même dotés d’une instruction rudimentaire, se sont efforcés de maîtriser le plus vite possible l’idiome de la nation qu’ils avaient adopté.
            Ils se sont tellement investis dans cette tache, que, en 1962, rares étaient les PN d’origine étrangère (à part les vieux, et encore) qui auraient pu s’exprimer correctement dans la langue du pays d’où provenaient leurs ancêtres. Je veux dire, sans la ponctuer de barbarismes et d’autres abus de langage.
            L’adhésion à un pays est une suite de renoncements. Il faut rentrer dans le moule. Cela ne se fait pas sans peine et sans déchirement et ceci n’implique aucunement d’effacer ses origines et sa culture. Mais si le désir d’adaptation est fort et réel il supplante toutes les réticences. Dans le cas contraire l’échec est patent.

            Je suis français et fier du pays dans lequel je vis. Je n’ai rien oublié ; surtout pas ce que les miens ont subi. J’aime ce pays où l’on peut découvrir tous les paysages du monde. Je suis heureux d’appartenir à un peuple qui a donné au monde tant de chercheurs, d’inventeurs, de médecins, de grands esprits.
            Greffé sur une souche maîtresse, je me lamente de la voir dépérir. Je déplore, d’entendre les « vrais français » aujourd’hui se lamenter et se dénigrer dans l’expression d’un masochisme troublant. Je soupire de les voir sans cesse chercher ailleurs des exemples, des modèles, en s’oubliant chaque jour un peu plus.

            Mais c’est un signe des temps. Sans doute l’œuvre du sacré « grand vent de l’histoire » que les descendants pervertis d’Eole se plaisent à faire souffler où bon leur semble, pour leur avantage. Lorsqu’un peuple n’a plus le désir de résister ou quand la paresse, après avoir alangui le corps, paralyse sa pensée au point qu’il en vienne à rejeter tous les enseignements du passé, l’autodestruction le guette. Elle ne fera de quartier.



NAISSANCE D'UN PETIT
CONSULAT DE FRANCE

Par M. René Falanga
Histoire véridique écrite à partir de documents d'époque et des témoignages de ceux qui y ont participé. Seuls les noms ont été changés.

Préambule
           Avril 1988.
           Le Ministre des Affaires Étrangères s'efforce de solder différents litiges qui continuent d'empoisonner les relations entre la France et l'Algérie. Cette fois, il s'agit de répondre à une demande d'éclaircissement, à ses yeux sans importance, concernant la création de certains consulats Français après la proclamation d'indépendance.
           Au Quai d'Orsay, le Directeur de Cabinet consulte le Général G., responsable à cette époque du secteur Est Algérien. Ce dernier lui fournit les renseignements demandés et recommande d'analyser singulièrement le cas de La Calle, petit port de pêche situé à quelques encablures de la frontière Algéro-Tunisienne. Et ce, pour deux raisons. D'abord, parce que depuis sa création, près de cinq siècles auparavant, et que Féraud, l'historien de la Calle, prétend qu'en 1524 les négociants marseillais Thomas Linchès et Carlin Didier s'associèrent, que, autorisés par les Capitulations, ils acquirent des populations arabes le droit de s'établir sur environ dix lieues de côtes, et qu'ils fondèrent alors le Bastion de France. Ce village a connu une histoire plus que mouvementée (il a été brûlé et reconstruit neuf fois). Ensuite, parce que cette représentation Française en terre musulmane a été créée et gérée à ses débuts par une femme…

           D'où l'échange de courriers suivant :
MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
Monsieur le Secrétaire Général......
Quai d'Orsay…. PARIS….

à
Madame Philomène F.
…TOULON…

            Paris, le 15 septembre 1988
           " Madame,

            J'ai l'honneur de vous informer que, dans le cadre de la politique de normalisation des relations entre l'Algérie et la France, le Ministère des Affaires Étrangères instruit le dossier relatif à certains évènements survenus au moment de la proclamation d'indépendance en 1962. Dans ce cadre, Monsieur le Ministre souhaite que vous établissiez un compte rendu aussi précis que possible de l'installation du Consulat de France à La Calle, dont vous fûtes responsable de juillet 1962 à juin 1963.
           Les points suivants devront………notamment, concernant la situation des ressortissants français encore présents à cette époque sur….......... celle des ex-Français-musulmans qui………… ainsi que celui des relations que vous avez entretenues avec les autorités Algériennes nouvellement mises en place et………
           Je me suis permis de prendre langue avec vous sur la recommandation du Général G., responsable du secteur Est-Algérien à cette époque. A l'évidence…….
           Avec mes remerciements anticipés, je vous prie de recevoir, Madame, mes plus respectueuses salutations. "
           Jean Borel de La Tour
           Secrétaire Général


            Et, en retour, deux mois plus tard :
Madame Philomène F.
…TOULON…

à
Monsieur Jean Borel de La Tour
Secrétaire Général au Ministère des Affaires Étrangères
…Quai d'Orsay… PARIS

           Toulon, ce 15 décembre 1988
           Réf. : Votre courrier du 15 septembre 1988.

           " Monsieur le Secrétaire Général,

           J'accuse bonne réception de votre demande de renseignements référencée ci-dessus, concernant les événements survenus à La Calle au cours de la première année d'indépendance de l'Algérie.
           Très heureuse de constater que le gouvernement Français souhaite enfin sortir des oubliettes ces événements peu glorieux de notre histoire, c'est bien volontiers que je fournirai les précisions demandées.
           Cependant, je me permets d'attirer respectueusement votre attention sur les points suivants :
           - Les faits se sont déroulés voici plus de vingt-cinq ans et, malgré les notes personnelles que j'ai conservées par devers moi, certains souvenirs risquent de s'être altérés au fil du temps. De plus, nombre de documents officiels ont été dispersés aux quatre vents ou détruits intentionnellement.
           - Les modestes acteurs qui ont participé à la création du consulat de La Calle ont été particulièrement meurtris dans leur âme et, pour certains, dans leur chair. De ce fait, vous voudrez bien être indulgent si le texte laisse transparaître ça et là quelque ironie et aussi une certaine amertume…
           A votre disposition pour tous renseignements complémentaires, je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire Général, l'expression de ma haute considération.
           Mme Philomène F………


Le vent de l'Histoire

           3 juillet 1962.
           Le fracas des armes et explosions a cessé depuis plusieurs mois et le sang commence à sécher au soleil d'été. L'affreuse guerre d'Algérie que nous nous sommes entêtés à appeler " les événements " vient de se terminer et, dans le cœur de nombreux habitants, tant Chrétiens que Musulmans et Juifs, la haine et l'angoisse ont instillé leur poison mortel. Ce n'est que bien plus tard que le regret d'avoir vécu côte à côte, et non main dans la main, et le sentiment d'être ainsi passé à côté d'une superbe page d'histoire s'insinueront dans les esprits. Des deux côtés de la mer…
           Pour l'heure, le rêve de l'Algérie Française s'est évanoui, emporté par ce qu'il a été convenu d'appeler " le vent de l'Histoire ". Après des années d'espoirs fous pour les uns, et d'impatience exacerbée pour les autres, l'indépendance et la décolonisation sont devenues inéluctables. D'ailleurs, l'exode des pieds-noirs a déjà commencé.
           Curieusement, l'Algérie algérienne qui vient de naître ressemble à une enfant que des parents en plein divorce se sont âprement disputée ! D'un côté, c'est la fille des nationalistes algériens conquérants, de la première ou de la dernière heure. De l'autre, c'est le nouveau-né abandonné d'un État Français bien soulagé de se débarrasser d'un fardeau jugé insupportable. Plein d'enthousiasme, poussé par le souffle de l'orgueil et de l'ambition, ce nouveau pays va commencer d'exister et de construire tout seul sa destinée.
           A La Calle, village de vieille tradition française, comme dans l'ensemble du pays, les manifestations d'allégresse de la population musulmane ont balayé en quelques jours près de cinq siècles de cohabitation et d'osmose des cultures. Les amis d'hier évitent de se regarder en face, de se rencontrer et d'échanger leurs impressions dans le patois caractéristique du village. Tous assistent, curieux ou inquiets, à l'installation des nouveaux dirigeants dont la plupart viennent d'autres régions d'Algérie. A commencer par les militaires de l'ALN qui stationnaient en Tunisie.
*****
           En fait, l'exode des Pieds-noirs a commencé dés l'annonce du cessez-le-feu. A partir du mois de mars, les plus méfiants et les mieux nantis ont déjà quitté le pays. Mais, dés l'indépendance proclamée, la panique s'est brusquement emparée de la population toute entière. Une véritable hystérie collective et irrépressible ! Dans les semaines qui ont suivi, les départs en catastrophe se sont transformés en un exode pathétique avec d'immenses files d'attente dans les aérodromes et les ports encore protégés par l'Armée Française. Laquelle, dans le même temps, organise son propre repli vers la métropole.
           La plupart de ces nouveaux exilés ont voulu rejoindre la France. Mais d'autres, ceux dont les arrières grands-parents étaient venus, cent-trente ans auparavant, s'installer en Algérie en partance d'Espagne, d'Italie ou du Portugal ont choisi de retourner dans leur pays d'origine. Quelques-uns, plus aventureux, ont opté pour le Canada, l'Australie, les Etats-Unis ou l'Amérique du Sud.
           Sur les 2000 ressortissants français que comptait La Calle et ses environs un an auparavant, on en dénombre plus que 1000 au lendemain de la proclamation de l'indépendance. Quelques mois plus tard, ils seront moins de 500, assommés par les événements, irrésolus et, pour nombre d'entre eux, démunis de documents officiels et manquant de moyens financiers, dans l'impossibilité d'entreprendre le voyage de l'exil. C'est au sort de ces pauvres gens que, malgré les moyens dérisoires qui lui seront octroyés, le consulat nouvellement créé va consacrer toute son énergie.
           Dés leur entrée en fonction, les nouvelles autorités algériennes ont investi la sous-préfecture, les bâtiments administratifs et les appartements des anciennes instances dirigeantes. Composé à la hâte, le conseil municipal prend possession de la Mairie. Quand à l'ALN, elle s'installe dans les casernes laissées vacantes après le départ des Chasseurs alpins et Spahis.
           En quelques jours, l'administration française ne sera plus représentée que par un maigre peloton de la maréchaussée claquemuré dans sa gendarmerie plus que centenaire. A Alger, ou plutôt au Rocher Noir où elles se sont regroupées, les autorités françaises vont alors donner toutes instructions pour la création et l'ouverture en urgence de consulats aux quatre coins du pays. Avec mission de protéger les intérêts de leurs ressortissants, d'aider ceux d'entre eux qui le souhaitent à faire le grand saut au-dessus de la mer et à entreprendre leur nouvelle vie dans les moins mauvaises conditions possibles. C'est ainsi qu'à La Calle, sur ce petit territoire du bout du monde, va naître une légation originale, minuscule certes, mais qui aura cependant la particularité, peu banale en terre d'Islam, d'avoir été créée et gérée, au cours de sa première année de fonctionnement, par une femme presque seule.
*****
           À cette occasion, avec le sens de l'organisation qui la caractérise, notre administration va montrer ses habituelles capacités d'imprévoyance ! Ainsi, alors que, dés le mois de mars, la signature du cessez-le-feu annonce à coup sûr l'indépendance de l'Algérie, en juillet rien n'est encore véritablement organisé pour l'ouverture des consulats. Rien de rien ! Ni un plan de nomination ou de recrutement de personnels, ni une dotation en moyens matériels indispensables, ni des consignes de mise en œuvre. Les responsables de terrain seront donc forcés de négocier sur ces différents points avec les autorités algériennes. Lesquelles se sentiront, à juste titre, assez satisfaites d'être ainsi sollicitées par l'ancien colonisateur…
           A La Calle, après des tractations très formalisées, mais cependant courtoises, décision est prise d'installer le consulat de France dans les bâtiments construits un an plus tôt pour héberger feu le " Service Hydraulique ". Aux yeux du nouveau sous-préfet, ce choix présente certainement un double avantage. D'une part, la représentation française se retrouve ainsi relativement isolée à la sortie du village, sur la route de Tunis. D'autre part, elle sera sous la surveillance de l'état-major de l'ALN qui a installé ses quartiers juste en face, de l'autre côté de la route.
           Le bâtiment comporte trois niveaux et, sur l'arrière, d'importantes dépendances destinées aux véhicules et au matériel qui auraient dû y être entreposés. Un rez-de-chaussée destiné aux bureaux, comportant cinq pièces de taille inégale séparées par un couloir central. Au premier étage, un grand appartement de cinq pièces avec terrasse orientée vers la mer et, au deuxième étage, un autre logement de trois pièces. Les travaux de finition ont été interrompus deux mois avant l'indépendance. Plâtres et peintures ne sont pas achevés, des tas de gravats tiennent lieu d'abords, les accès ne sont pas encore aménagés et aucune clôture n'isole les installations de la route et des propriétés mitoyennes. Pour compléter le tableau, lors de la prise de possession des locaux, le 11 juillet, bureaux et appartements sont désespérément vides de tout mobilier et le garage de véhicule de service.
           Or, ce même jour, informés par la rumeur publique (il n'est déjà plus de bon ton de parler de " téléphone arabe "), les premiers ressortissants français se présentent à la porte du consulat, forçant l'embryon d'équipe provisoirement constitué à faire face à cette situation. Comment trouver sans délai un minimum de mobilier permettant d'aménager trois bureaux et une pièce d'attente sans s'abaisser à solliciter l'aide des autorités algériennes ? Heureusement, le consulat va bénéficier de deux appuis inespérés. D'abord, le bon vieux " système D " à la française qui, lui, n'est pas encore parti en exil... Ensuite, et c'est à souligner, l'émouvante complicité d'anciens employés autochtones de la sous-préfecture qui viennent pourtant de passer sous l'autorité de leur nouvelle administration.
           En pleine nuit, avec un courage extraordinaire compte tenu des risques encourus, ces amis pénètrent dans le dépôt où sont entreposés les matériels que nous avons mis au rebus depuis des années et, sur des charrettes à bras, transportent au Consulat tous les meubles qui paraissent encore en état de servir. Superbe manifestation de solidarité et de fraternité ! Mais, cette nuit-là, tout en trinquant à l'amitié, nous avons compris que la frontière qui nous séparait à présent, pour être virtuelle, n'en allait pas moins devenir infranchissable.
           Malgré leur mauvais état, armoires, bureaux, sièges et autres accessoires permettent au consulat d'entreprendre sa mission. Avec l'appui, discret mais efficace des gendarmes français qui mettent rapidement en place une installation téléphonique de fortune et apportent quelques cartons de petites fournitures.
*****
           Dans le même temps, aucun emploi administratif n'étant prévu, nous procédons en catastrophe au recrutement du personnel indispensable. Opération d'autant plus aléatoire que les fonctionnaires français potentiellement compétents sont déjà partis ou en instance de départ. Sur la liste des personnes encore présentes et susceptibles de remplir ces fonctions, nous avons sélectionné trois rescapés de la tourmente. Un agent contractuel venant des anciennes S.A.S, retenu en Algérie pour raison familiale. Une dactylo, immobilisée sur place pour les mêmes raisons. Un huissier, fils d'un agriculteur callois, bâti en athlète et courageux, qualités pouvant s'avérer indispensables en ces temps d'incertitude…
           Quant au Consul en titre, son installation s'avérera aussi laborieuse que grandguignolesque. En quelque sorte, dans le droit fil des innombrables erreurs commises depuis des années !
           D'abord, Monsieur Lucien C., secrétaire général de l'ancienne sous-préfecture, qui s'est proposé pour le poste et bénéficie de l'estime des employés, est déclaré persona non grata par les nouvelles autorités. Le 9 juillet, en réponse à cet oukase, une dépêche officielle du Rocher Noir, relayée par la préfecture de Bône (Annaba, aujourd'hui), charge Madame Philomène F., calloise d'origine et fonctionnaire des services administratifs français, de préparer l'installation d'un nouveau chef de poste qui sera nommé incessamment.

           Le titulaire pressenti, dont le nom ne mérite même pas d'être retenu, se trouve alors en villégiature en France. Il ne se décidera à venir prendre ses fonctions officielles à La Calle qu'en début septembre. Mais son séjour sera de très courte durée. L'absence quasi totale de mobilier dans son appartement, la vétusté des matériels et l'isolement du consulat perdu aux confins de la frontière algéro-tunisienne découragent rapidement l'ardeur déjà plus que modérée de cet exigent fonctionnaire. A peine quinze jours après son atterrissage, Monsieur le Consul obtiendra, sûrement grâce à des appuis bien placés, sa mutation vers des cieux plus cléments et un monde plus civilisé…

           Alors, le 3 octobre 1962, faute de disposer d'un fonctionnaire gradé de rechange, le Rocher Noir va décréter que le consulat de La Calle sera régi par le statut de " Chancellerie détachée " placée sous l'autorité du Consul Général de Bône, et que Mme Philomène F. occupera le poste de " Gérante de Chancellerie ". Le décret précise que cette responsable disposera de l'écusson et de l'usage des sceaux officiels.
           Fermez le ban !

           Pour l'honneur de la France


           Fort heureusement, notre petite équipe n'a pas attendu les nominations officielles pour commencer sa mission d'assistance car depuis trois mois les ressortissants se pressent en nombre dans le seul édifice de La Calle où flotte encore le pavillon tricolore. Et chaque jour, l'huissier doit faire patienter des dizaines de visiteurs inquiets. Beaucoup sollicitent l'obtention d'une carte d'immatriculation, d'un passeport ou d'un laissez-passer, tous justificatifs indispensables pour se déplacer dans le secteur car, pour faire respecter l'ordre sur son territoire, la nouvelle administration a donné des consignes strictes aux services de police, de gendarmerie et de l'armée. C'est ainsi que les contrôles tatillons se sont multipliés et que tous ceux qui empruntent le trajet de 86 kilomètres entre La Calle à Bône doivent s'attendre à être arrêté et contrôlé par quatre barrages routiers successifs.
           Évidemment, ces tracasseries contribuent à accroître les difficultés de tous ceux qui, en grande précarité, sont incapables d'entreprendre par eux-mêmes les démarches nécessaires à leur rapatriement. La détresse de certains est telle qu'il faut leur procurer des vêtements décents et des chaussures. Sous l'impulsion de l'abbé G., encore en poste à la paroisse Saint-Cyprien de La Calle, le personnel du consulat va organiser une chaîne de solidarité pour récolter tous accessoires vestimentaires. Ces malheureux sont aussi démunis de ressource financière et il faudra leur allouer un petit pécule pour subsister avant le départ et parer au plus pressé à leur arrivée en France. Sans préjudice, évidemment, de leur fournir un billet d'avion gratuit. Un aller simple, bien sûr… Heureusement, à partir de janvier 1963, la légation bénéficiera du statut de " sous régie " qui lui permettra de régler directement ces dépenses sans passer par la signature du Consul Général en poste à Bône.
           Nombre de callois à rapatrier ont égaré leurs papiers depuis belle lurette et ne disposent pas de photos d'identité. Dans ces conditions, comment leur faire obtenir l'indispensable laissez-passer ? Les deux photographes de La Calle sont déjà partis et il devient très difficile d'envoyer les demandeurs à Bône pour en trouver un. Une fois encore, la solution est venue du système " D ". Au mépris des règles de droit, et à ses risques et périls, l'équipe du consulat décide d'utiliser un stock de photographies représentant des personnes déjà rapatriées ou décédées. Ces portraits en noir et blanc, stockés dans une boite en carton, sont tellement flous et laids qu'ils peuvent représenter n'importe quel humain, mâle ou femelle… Après rodage, le système s'avèrera parfaitement efficace et les laissez-passer ainsi constitués ne donneront jamais lieu à une quelconque contestation…
           Une fois les formalités accomplies, la secrétaire du consulat se charge de trouver des automobilistes acceptant, moyennant rétribution, d'accompagner les partants à l'aéroport des Salines ou sur le port de commerce de Bône et de veiller à leur embarquement.
           Se posera aussi le problème des petits jardiniers qui approvisionnaient chaque matin les étals du marché. Souvent, leur lopin de terre provient, par héritage, du lot de colonisation octroyé par l'administration française à leurs ancêtres immigrants près de 80 ans auparavant. Pour le consulat, il s'agit de les aider à constituer un dossier justificatif de propriété en vue d'une éventuelle indemnisation de bien. Tâche rendue quasiment impossible faute d'un technicien compétent et assermenté susceptible d'établir les expertises nécessaires. Ainsi, plusieurs ressortissants se retrouveront en France sans pouvoir présenter ces pièces justificatives.
           Des dommages collatéraux sans importance, n'est-ce pas ?
*****
           A ce tournant capital de leur Histoire, nombre d'autochtones issus des familles calloises de vieille souche, qui vivaient en bonne intelligence avec les pieds-noirs depuis des générations, ne réalisent pas encore l'ampleur de l'événement qui vient de bouleverser leur vie. Au cours des premiers mois suivant l'indépendance, ces vieux chibanis, souvent accompagnés de leurs fils adultes, et même parfois de leur femme, viennent régulièrement au consulat pour s'informer et essayer de comprendre. La force de l'habitude aidant, ils demandent à être reçus par Philomène F., celle-là même qui, pendant bien des années, les a aidés à régler leurs problèmes matériels et familiaux. Madame le Consul, qui connait leurs histoires et souvent leur généalogie, les reçoit amicalement, prenant plaisir à converser avec eux en " sabir " callois, mélange de français, d'arabe et d'italien. Mais, à présent, elle ne peut plus rien faire pour eux. Et elle aura toutes les peines du monde à leur faire comprendre que, non seulement ils doivent s'adresser à la sous-préfecture algérienne pour régler leurs problèmes, mais encore que, dans l'intérêt commun, ils ne doivent plus se montrer à la légation française sans motif impératif…
           A moins de deux-cent mètres du bâtiment consulaire, de l'autre coté de la route de Tunis, le personnel du bureau politique du F.L.N occupe une grande bâtisse anciennement appelée " Villa de l'Administrateur ". Des dizaines de fonctionnaires, dont la sécurité est assurée par un peloton de soldats algériens, œuvrent à la mise en place des nouvelles structures. Plusieurs militaires sont ostensiblement affectés à l'observation permanente de l'enclave française et à la surveillance des allées et venues des résidents et des musulmans qui s'y présentent. En fait, de part et d'autre de la route, on va s'observer de manière suspicieuse à longueur de journée. Aucun contact, même informel, ne sera établi. Par contre, nul incident fâcheux ne surviendra pendant cette période d'installation.
*****
           C'est dans cette atmosphère délétère et tristounette que l'équipe du consulat va préparer la fête nationale du 14 juillet 1962. Après coup, l'évènement apparaît quelque peu surréaliste ! L'indépendance de l'Algérie vient d'être célébrée en grande pompe dans tout le pays et voilà que sur cette terre devenue étrangère, nous allons commémorer la prise de la Bastille… Dans de telles conditions, la seule option diplomatique acceptable par les deux parties ne peut être qu'une cérémonie sobre et digne. Une cinquantaine de personnes y assistent. Madame le Consul et son époux, le personnel de la légation et conjoints, une poignée de ressortissants en instance de départ et le peloton de gendarmes français au garde-à-vous à coté de deux véhicules arborant un discret fanion bleu blanc rouge. En retrait, à cinquante mètres du bâtiment, un groupe de callois musulmans, silencieux, l'expression grave, certains arborant discrètement leurs médailles militaires. Nul ne les a prévenus et encore moins invités. Mais ils sont là parce que c'est aussi un peu leur dernier 14 juillet. Une émotion indescriptible s'empare de tous, pieds-noirs et musulmans, quand un gendarme hisse le drapeau tricolore au balcon du consulat et les larmes coulent sans retenue lorsque s'égraine la sonnerie aux morts. Pas de Marseillaise…
           De l'autre côté de la route, un groupe de soldats de l'A.L.N., alignés comme à la parade, observe la scène en silence. Nombre d'entre eux ont combattu sous le drapeau Français, en Italie puis en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale et, plus tard, en Indochine…
           Ce jour-là, les pieds-noirs en instance de départ réalisent que le destin vient de bouleverser leur misérable histoire. Mais, en plein traumatisme, ils ne sont pas en mesure d'en percevoir les conséquences. Dans quelques mois, plusieurs années peut-être, ils commenceront à digérer leur amertume, à vaincre les incertitudes et peurs du lendemain et à se reconstruire une vie et un avenir. Et, plus tard sans doute, à enjoliver leur mémoire d'images et de souvenirs…
*****
           Un premier incident diplomatique a failli éclater le lendemain de cette cérémonie. En effet, comme pour montrer qu'il a bien hérité des bons vieux travers de notre administration, le nouveau sous-préfet adresse une lettre de protestation véhémente à " Monsieur le Consul de France ". La missive prétend que la levée des couleurs françaises n'a pas été effectuée suivant les " règles du protocole international " et insiste sur le fait qu'aucun ressortissant Algérien n'aurait dû y participer. En réponse, Madame la responsable du consulat plaidera l'ignorance, argumentant sur la nouveauté pour tous d'une telle situation et précisant que la légation ne peut être tenue pour responsable de la participation des callois musulmans qui ont certainement agi par réflexe sans volonté de braver un interdit. Au final, Monsieur le Sous-préfet se rendra à ces arguments et l'incident n'aura pas de suite.
           Par la suite, la vie quotidienne et le travail se sont organisés. En septembre, les premiers coopérants viennent prendre leurs fonctions. Parmi eux des enseignants pieds-noirs, dont plusieurs jeunes instituteurs de La Calle et des ingénieurs de différentes disciplines issus de grandes écoles françaises. Mais aussi des médecins, infirmières et ingénieurs arrivant directement d'Europe de l'est et ne parlant pas un traître mot ni de français ni d'arabe. Rapidement, nombre d'entre eux réalisent que la vie dans ce pays n'est pas une sinécure. Les déplacements hors du village ne sont pas recommandés car des bandes de militaires démobilisés rackettent les voyageurs imprudents. Au point que, lorsqu'un déplacement jusqu'à Bône devient indispensable, par exemple pour les achats de produits d'épicerie, les autorités sont forcées d'organiser un convoi protégé par des half-tracks et des camions bourrés de militaires ! Comme au bon vieux temps de la guerre qui vient de se terminer…
           A plusieurs reprises, la préfecture et le haut commandement militaire vont tenter un rapprochement avec l'équipe du consulat. Ils lancent des invitations à participer à différentes manifestations festives, officielles ou d'ordre privé. Ils vont même jusqu'à autoriser d'anciens employés algériens, en poste dans la nouvelle administration, à se rendre à des apéritifs organisés à la légation Française. Mais la situation étant très insolite et les susceptibilités encore beaucoup trop vives de part et d'autre, ces embryons de dialogue ne peuvent aboutir à une réelle détente car les blessures du cœur et de l'amour-propre sont à vif. Sans doute faudra-t-il encore beaucoup de temps avant qu'elles ne cicatrisent. Peut-être après la disparition des générations qui se sont combattues… Aujourd'hui encore, plus de vingt ans après ces événements, les passions ne sont toujours pas apaisées. Le dialogue entre les gouvernements semble au point mort. Quant aux peuples, ils continuent de vivre avec leur amitié déçue… Des deux côtés de la mer.

           Le dernier baroud…

           A la fin du premier trimestre de 1963, survient un événement des plus symbolique dans un tel contexte. En effet, sur ordre du gouvernement algérien et en son nom, le sous-préfet demande officiellement que les clés de la " Maison du Gouverneur " lui soient remises. Des générations de callois ont connu ce vénérable bâtiment construit au 17ème siècle sur la presqu'île, berceau du village, et classé monument historique des années avant l'indépendance. Dans les siècles passés, l'immeuble a servi de résidence aux gouverneurs de l'ancien Bastion de France et, accessoirement, d'entrepôt pour les marchandises précieuses comme le corail, principale richesse du village. Jouxtant l'édifice, une petite église dédiée aux corailleurs d'antan et, d'après la légende, interdite aux femmes… La résidence des gouverneurs ne sera plus occupée après la disparition de ces derniers et, rongée par les embruns, la bâtisse se dégradera. Plus tard, les municipalités successives l'ont utilisée pour remiser les matériels communaux. Quand la guerre d'Algérie éclate, le bâtiment en ruine est devenu un terrain de jeu pour les gosses et… un refuge de prédilection pour les rats et souris.
           Mais, souveraineté oblige, les Algériens veulent absolument récupérer ce bâtiment qui représente la conquête de l'Algérie et l'occupation du pays par la France. Du Rocher Noir, le gouvernement Français adresse au consulat les ordres et documents officiels nécessaires à ce transfert de souveraineté. Une réunion des deux délégations est organisée à la mairie de La Calle. D'un côté, Monsieur le Sous-préfet entouré du colonel de l'ALN commandant le secteur et du maire récemment élu, de l'autre, Madame le Consul, encadrée, conformément au protocole, de deux officiers français en civil. Jusque là, rien que de très normal. Mais, dés le début de la cérémonie, le sous-préfet va réaliser que le chef de la délégation adverse est une femme et qu'il va devoir traiter avec elle. Mal à l'aise et sûrement furieux, il prononce son petit discours en s'adressant ostensiblement aux officiers français, sans regarder une seule fois son interlocutrice. Cependant, il ne peut formuler aucune objection quand Madame le Consul appose sa signature et le sceau du consulat à coté de la sienne, en bas du document officiel de cession de la maison du gouverneur !
*****
           Les semaines passent et le petit consulat de France continue de défendre les intérêts de ses ressortissants dont l'effectif fond à vue d'œil. Quelques mois plus tard, l'administration décide que Madame Philomène F., chef de la chancellerie détachée, doit adopter à son tour le statut de " rapatriée d'Algérie ". Alors, tout en préparant avec son époux le voyage sans retour, elle tente de faire valoir ses droits auprès du Ministère des Affaires Étrangères à qui elle vient de rendre un signalé service. (1) Mais elle tombe de haut ! Ledit ministère refuse de la reconnaître comme l'une de ses collaboratrices. Sans doute ses origines plébéiennes et son absence de diplômes appropriés ne plaident-ils pas en sa faveur. Certes, elle a œuvré pour son pays. Mais la période était exceptionnelle et, à l'évidence, les hautes instances ont l'intention de la classer et de l'oublier le plus vite possible. À présent que tout rentre dans l'ordre, chacun doit reprendre la place due à son rang. En fin de compte, ne sachant que faire de Madame l'ex-consul, l'administration lui octroie un poste dans une petite préfecture du centre de la France, avec le titre vague et passe-partout de " secrétaire administrative "… À près de 500 kilomètres de la ville où son mari vient d'être parachuté.
           Madame et Monsieur F. attendront une bonne année avant qu'un haut fonctionnaire, ancien du Rocher Noir, ne se démène pour qu'ils puissent enfin se retrouver et vivre ensemble.

           L'aventure de La Calle, bastion Français en terre algérienne depuis plusieurs siècles, s'est donc terminée après huit années de guerre et un maelström qui a fait valdinguer toutes les communautés cul par-dessus tête. Les derniers callois ont quitté le sol natal où leurs aïeux avaient pris pied au XVIème siècle. Quant aux anciens de la communauté musulmane, ils font l'apprentissage de la liberté et des mœurs de leurs nouvelles élites dirigeantes... Peu après la proclamation de l'indépendance, de nombreux algériens, en provenance du Constantinois, sont venu découvrir, en touriste, ce petit coin de paradis, où, pendant des siècles, musulmans, juifs et chrétiens ont cohabité. Comme en témoignent, encore aujourd'hui, les trois cimetières quasiment mitoyens.
René FALANGA           

(1) Note du narrateur : dans les années 2000, le gouvernement français a demandé à Philomène F., comme à bien d'autres rapatriés d'Algérie, de prouver leur nationalité française… L'intéressée a refusé d'obtempérer à cette injonction imbécile.

Hôpital catholique...
Envoyé par Hugues


             Suite à une crise cardiaque, un homme subit une chirurgie à cœur ouvert.
             ll se réveille après l'opération et se trouve soigné par des religieuses dans un hôpital catholique.
             Comme il retrouvait ses esprits, une religieuse lui demande comment il allait payer ses soins.
             Elle lui demande s'il a une assurance maladie.
             Il répond d'une petite voix encore faible: "pas d'assurance maladie"
             Elle lui demande: "Avez-vous de l'argent à la banque" ?
             Il répond: "Pas d'argent à la banque".
             Elle poursuit: "Avez-vous un membre de votre famille qui peut vous aider"?
             Il dit : "je n'ai qu'une sœur, vieille-fille, qui est religieuse dans un couvent".
             La sœur se fâche et lui dit: "Les religieuses ne sont pas des vieilles-filles, elles sont mariées à Dieu"!!
             Et le patient de lui répondre: "Alors envoyez la facture à mon beau frère.


Les socialistes en " folies "
Envoyé Par M. Robert Charles PUIG : Janvier 2013
             1) Que dit-on d'un animal dont l'équilibre et le flair sont soudain dépassés par un instinct primaire, aveugle et irrationnel ? Qu'il est en folie ! C'est l'image que nous avons aujourd'hui de ces socialistes qui se croient investis du droit, malgré les manifestations importantes contre le " mariage pour tous ", de vouloir nous imposer leurs lois sociétales. Lois impopulaires aux valeurs de l'Etat et de la famille, telles qu'elles s'appliquent depuis que le monde existe. Parce qu'ils ont les rênes du " pouvoir France " et sont maîtres du Sénat et du Parlement, ils ignorent le désarroi d'une partie du peuple et imposent leur idéologie socialisante au détriment des règles fondamentales du code civil. En " folies ", ou atteints d'une psychose irréversible, ils en oublient les vrais problèmes où la population est confrontée : chômage ; pauvreté ; malaise économique et financier qui inquiète beaucoup plus qu'un changement de société. Ils ne se rendent pas compte que cette Europe se divise, malgré une fausse embellie passagère, en deux zones distinctes, le Nord et le Sud et que nos décisions désordonnées nous conduisent à ne plus être nulle part, dans aucun des deux camps.
             En bons " propagandistes " et avec l'appui de trop nombreux médias, le gouvernement socialiste et ses valets des assemblées institutionnelles jouent au poker menteur. Leur science du non-dit, de l'esquive où des promesses sans fondement, est présentée avec des cartes truquées. Inconscients et libertaires, malgré des erreurs et un manque d'atout dans le jeu économique du pays, les socialo-verts imposent au peuple de mauvaises directives.
             Ainsi la " guerre " au Mali, si bienvenue au moment de la grande manifestation anti mariage pour tous, a occupé les médias sans que l'on sache véritablement les conditions des actions lancées en Somalie et au Mali. Sans que les soldats français tués ou assassinés ne portent à interrogation. Il y a un plus à ce rôle des socialistes dans cette guerre au Mali... pas un mort n'est annoncé du côté des salafistes comme si cela ne comptait pas, ou plus... comme s'il ne fallait pas en parler, l'évoquer, pour ne pas déplaire à nos très proches " alliés " financiers que sont le Qatar et l'Arabie saoudite, dont nous connaissons parfaitement les buts dans la propagation d'un islam féroce, intolérant et implacable. Qu'importe !
             François Hollande remonte dans les sondages malgré les entreprises qui licencient. PSA Peugeot, Renault, les hauts fourneaux de Florange ou les annonces de nombreuses sociétés de mettre au chômage leurs employés, leurs ouvriers, ne comptent pas pour ce gouvernement qui va employer quinze longs jours à évoquer et imposer cette fameuse loi sur le mariage " gay " avec un plus, Mme Taubira annonce que la PMA / GPA, cette marchandisation du corps humain et du ventre de la femme, permettra au nouveau né... de rien et de personne, d'être Français. Nous approchons donc à grands pas de l'universalisation du mariage pour tous et de la procréation pour tiers ! La France a-t-elle du temps à perdre pendant quinze jours pour débattre d'un sujet aussi peu prioritaire que les socialistes font passer pour important ? J'ai entendu la compagne du Président évoquer cette loi scélérate. Elle semblait " convaincue " de son utilité. Parlait-elle pour elle ?
             Autre son de cloche ! Roselyne Bachelot, parjure à son camp UMP, dans une saynète télévisée reprise en boucle, déclare :

             2) " Que diront demain nos hommes politiques lorsque leurs enfants, garçons ou filles, annonceront un mariage homosexuel avec un ou une amie ? "
             Elle y croit à cette " folie ", l'ex-ministre !
             Bientôt, profitant de son poids dans les diverses assemblées, nous aurons le vote des étrangers qui profitera à toutes les associations communautaires et communisantes. La propagande du pouvoir est claire : elle est utile aux caciques socialistes qui espèrent par ces aberrations tenir longtemps le pouvoir et le peuple à merci.
             Ils ne se rendent pas compte que de trop offrir aux suppôts du " mal d'être français " risque de les mettre en difficulté pour rester au pouvoir et qu'ils risquent à leur tour d'être dépassés par les extrémistes religieux ou ultra gauchisants.
             Par excès de bêtise, ils ouvrent une autre voie en aveugle ! Ils excitent une partie de la population contre les riches et les retraités. Les uns et les autres représentent à leurs yeux les castes " possédantes " qu'il faut montrer du doigt pour qu'ils paient, paient sans cesse et que la misère gagne un pays où les socialistes seront - espèrent-ils - les seules bénéficiaire de cet ordre nouveau, de ces chapelles qu'ils auront construites pour perdre la Métropole. Une sorte de pantalonnade, de farce. Ils ont été bien aidés au moment de l'élection présidentielle par une partie de cette droite UMP imprégnée d'un esprit " humano-sarkophobe ". Elle a abouti à l'élection de François Hollande sur un programme dont il s'est vite éloigné pour imposer des taxes, des impôts et ne rien accomplir de ses promesses de moins de chômage, afin de sauver les emplois de milliers d'ouvriers.
             Le poker propagandiste et menteur continue... L'affaire de Florence Cassez a été opportune pour " effacer " la hausse du chômage en décembre... " Si peu !", annoncent les médias aux ordres.
             En vérité, je vous le dit, la " drôle " de politique socialiste m'inquiète. Jusqu'où ira-t-elle dans sa démagogie suicidaire, ses actions sans espoir, ses envies bizarres. Sommes-nous devenus un peuple sans âme, sans honneur pour nous laisser faire et être observés par l'Europe et les Etats-Unis comme un cobaye dont il faudra analyser les erreurs et le mécanisme absurde, pour surtout éviter de les appliquer ailleurs ? Nous sommes pour les rebelles djihadistes en Syrie mais contre ceux du Mali qui prolifèrent à la barbe des Algériens et gardent en otages des Français ? Les socialistes jouent une carte sans atout dans ce Sahel et ils le savent. Est-ce la raison qui nous fait laisser des banlieues entières dans les griffes communautaristes où la charia est appliquée sans que le gouvernement intervienne, sans que l'ordre républicain ait le dernier mot ? Est-ce la raison qui fait que des églises sont profanées par des extrémistes antichrétiens et des stèles détruites comme celle du général Bigeard à Aix-en-Provence sans qu'un journal, télévisé ou papier, ne mentionne ce fait ?
             Après la " folie " des impôts ; la guerre incertaine au Mali où se joue la tête de nos otages ; après le " mariage pour tous " qui débouchera sur " tous " les excès dans son interprétation bâclée ; après le vote des étrangers, serai-je toujours fier d'être Français dans un tel pays et finalement, ne regretterai-je pas en 1962 d'avoir rejoint ce que je croyais la " Mère Patrie " ?
Robert Charles PUIG / février 2013

Le moine et le moineau
Envoyé par Denis


               Un moine tibétain marche sur une route glacée de montagne et entend un faible pépiement.
               Il regarde autour de lui et voit au pied d'une haie, un tout petit moineau à moitié mort de froid. Il le prend et le réchauffe dans ses mains.
               "Que faire", s'interroge-t-il ? "Si je le garde avec moi, il va salir ma robe et au couvent le chat le mangera. Si je le laisse ici, il va mourir de froid."
               Soudain une idée lui vient : pour le protéger du gel, il place l'oisillon dans une bouse fumante de vache sacrée, et poursuit son chemin l'âme en paix.
               L'oisillon se réchauffe et commence à chanter à plein gosier sa joie d'être encore vivant. Un renard qui passe par là, entend la bouse de vache chanter. Intrigué il s'approche, découvre notre moineau et le croque.

               Trois moralités à cette histoire :
               1) Celui qui te met dans la merde ne te veut pas forcément du mal.
               2) Celui qui t'en sort ne te veut pas forcément du bien.
               3) Quand tu es dans la merde, ferme ta gueule !


LES CAHIERS
            de la MEMOIRE D'ALGÉRIE

L'AFFAIRE :
DE SAKIET-SIDI-YOUSSEF
Par Mrs Antoine Martinez et Jean Pierre Bartolini

      Dans l'entreprise de démolition que subit l'armée française s'agissant de son action en Algérie, l'épisode de Sakiet-Sidi-Youssef qui avait déjà déclenché les foudres des partisans de l'indépendance, reste encore aujourd'hui comme une agression sauvage et sans motif à l'encontre d'un paisible village de paysans tunisiens. L'accent est mis sur les malheureuses victimes civiles qui payèrent le prix de la perfidie et qui sont utilisées actuellement encore comme moyen de propagande et de dénigrement.
      En réalité Sakiet situé à 500m à l'intérieur de la frontière tunisienne, constituait une base arrière pour les combattants du FLN de laquelle partaient des unités entraînées et armées qui harcelaient les troupes françaises.
      Sur le site d'une ancienne mine désaffectée située à 2 Km du village étaient installés, DCA, mortiers et mitrailleuses lourdes. Les avions militaires français étaient régulièrement pris pour cibles. Les incidents se multipliaient et malgré les protestations françaises à Habib Bourguiba Président de la république tunisienne, la Tunisie continua son aide matérielle et son appui logistique.
      De nombreux officiers présents en Algérie en 1958, l'étaient aussi en Indochine. Ils avaient en mémoire l'aide apportée à leurs adversaires par les pays riverains. Il était donc inconcevable pour ces officiers qui étaient aussi des êtres humains et dont la vocation était de défendre le territoire Français, de permettre que nos soldats français fussent enlevés en Algérie et emprisonnés en Tunisie ; que des avions se fassent mitrailler depuis le sol tunisien et ceci en toute impunité.
      Le 8 février 1958 après qu'un nouvel appareil fut abattu par des tirs de mitrailleuse, l'aviation française utilisant, pour la première fois son droit de suite, effectua une opération de représailles destinée à " nettoyer " cette position stratégique et ainsi faire cesser les harcèlements.
      Des victimes civiles furent à déplorer parmi les terroristes de l'A.L.N.
      Le bombardement d'un camp de l'A.L.N. en Tunisie était " grave ", mais pas plus que les incursions de l'aviation américaine en Corée du Nord ou actuellement en Irak.
      Pourquoi les conséquences de cette action française furent-elles si importantes pour tous les protagonistes de cette guerre ?
      La propagande indépendantiste utilisa cet événement comme preuve de la barbarie de la France. Curieusement principal coupable, le Président Bourguiba déposa une plainte au conseil de sécurité de l'ONU.
      Il était en effet coupable à plusieurs titres.
      Tout d'abord, il était officiellement " ami " de la France et théoriquement neutre. Il aurait dû en conséquence, empêcher les regroupements des éléments de l'ALN sur son sol.
      Ensuite, si l'on peut comprendre qu'il ait donné le droit d'asile par souci humanitaire ou par sentiment de sympathie, rien ne l'obligeait à armer et appuyer par ses propres troupes les agressions contre nos soldats.
      En outre, se doutant bien que la France ne pouvait rester passive à long terme devant les offensives de ses protégés, il aurait dû prendre les mesures adéquates pour isoler ce point stratégique des lieux où résidaient des populations civiles.
      Enfin, il a utilisé politiquement cet incident pour internationaliser le conflit.
      Habilement exploité par les gaullistes et les ennemis de la France l'épisode Sakiet contribua à l'effondrement de la IVe république et à l'avènement du gaullisme.

      Pour Mieux comprendre cet important épisode de la guerre d'Algérie, nous vous proposons 3 analyses différentes par: Marie Elbe, le Général Jacquin et Pierre Montagnon.
      

Antoine Martinez et Jean Pierre Bartolini
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11 Janvier 1958 : PRELUDE A SAKIET-SIDI-YOUSSEF

Objectif FLN. : torpiller les relations franco-tunisiennes,

      Précédant le bombardement, par l'aviation française, le 8 février 1958, du village tunisien de Sakiet-Sidi-Youssef, village où le F.L.N. a installé une base rebelle, il y a, le 11 janvier, une solide embuscade, 8 km plus bas, tendue par 300 Algériens à une forte patrouille du 23e R.I. Quinze soldats sont tués et quatre emmenés en captivité en Tunisie : le caporal Vianaron, les deuxième classe Henri Reléa, Jean Jacob et Vincent Morallès. Ce qui porte à une dizaine le nombre des prisonniers retenus dans les camps algériens en Tunisie. Trois d'entre eux, Richomme, Decourtex et Feuillebois, seront passés par les armes, sans autre forme de procès, à Souk-el-Arba, le 25 avril 1958, drame qui motivera, le 13 mai 1958, la manifestation au monument aux morts d'Alger, point de départ des événements que l'on sait.
      L'embuscade, c'est le premier épisode de l'affaire de Sakiet, et il convient de replacer les faits dans le contexte du moment, quand les troupes françaises étaient continuellement en butte, à la frontière tunisienne, aux attaques' des bandes rebelles cantonnées à l'abri en territoire étranger, sans possibilité de riposte. C'est après l'embuscade du 11 janvier que le Conseil des ministres admet le principe du droit de poursuite; encore laisse-t-on le commandement en Algérie seul juge de la situation, pour l'appliquer. Quand Sakiet sera bombardé, on en sera au 84e incident de frontière depuis juillet 1957, dont le plus dramatique et le plus exaspérant pour l'armée est celui du 11 janvier. Car, cette fois, le problème se pose du rôle que joue la Tunisie dans la guerre d'Algérie, puisque sa connivence avec le F.L.N. s'inscrit dans les faits, sur les lieux mêmes de l'embuscade.
      Les 300 rebelles qui encerclent les 43 Français du 23e R.I. sont amenés à pied d'œuvre par les véhicules de la garde nationale tunisienne du poste de Sakiet. Ils seront rembarqués, après coup, par ces mêmes G.M.C. avec leurs quatre prisonniers.
      A cette date, où en sont les relations Franco-tunisiennes ?

      Les appels de Bourguiba

      Quelques jours avant, le 26 décembre 1957, Bourguiba, dans son allocution hebdomadaire, a proposé pour la première fois une alliance avec la France, si celle-ci accepte le repli sur Bizerte des troupes françaises en Tunisie. Cette proposition déclenche, à Tunis, des réactions fort diverses, tant dans les milieux algériens que dans les cercles du Néo-Destour et du gouvernement.
      Alors que Ladgham, secrétaire d'Etat à la Présidence et à la Défense nationale, insiste auprès de l'ambassadeur de France en Tunisie sur cette proposition d'alliance, d'autres membres du gouvernement tunisien cherchent à en minimiser l'importance.
      Huit jours plus tard, le 3 janvier, en l'absence de Bourguiba, un communiqué tunisien accuse les troupes françaises d'avoir violé la frontière dans le Sud, à Foum-el-Kanga. Incident démenti du côté français, mais qui sert de prétexte, le lendemain, à Redeyef, à une manifestation où près de 4 000 Tunisiens réclament le départ de nos troupes.
      Le 6 janvier, M. Bénard, ministre plénipotentiaire, arrive à Tunis nanti d'instructions du gouvernement français marquant l'intérêt porté par Paris aux propositions d'alliance du président Bourguiba.
      Or, le lendemain, 7 janvier, le journal officiel du Néo-Destour, El-Armal, décrète, dans son éditorial : " Nous ne savons pas de quelles propositions d'alliance il est question. "
      Le soir même, Bourguiba rentre à Tunis, en plein malaise politique. Au point qu'on parle de remaniement ministériel.
      Quelques jours plus tard, il réitère son offre à la France, insistant plus nettement, cette fois, sur le repli préalable de nos troupes sur Bizerte.
      Dans le même discours, véritable appel à la France, le président tunisien, évoquant la récente conférence afro-asiatique du Caire, souligne l'influence communiste s'étendant sur le Moyen-Orient, et déclare : " Nous sommes loin de la neutralité positive. Les jeux sont clairs maintenant. "

      Face-à-face sur la frontière

      Or, à cette réunion afro-asiatique du Caire, le F.L.N. siège au secrétariat permanent créé par la conférence. Le désaccord entre le F.L.N. et Bourguiba devient flagrant, et flagrant aussi le fait que le F.L.N. va chercher désormais à " torpiller " toute alliance franco-tunisienne.

      Quarante-huit heures après les nouvelles propositions de Bourguiba, l'affaire de l'embuscade de Sakiet éclate. Il est clair que l'A.L.N. a alors le plus grand intérêt à ne pas laisser s'ouvrir entre la France et la Tunisie des négociations qui pourraient aboutir à des accords de défense commune que Bourguiba s'était déclaré prêt à envisager " sans poser comme préalable la fin de la guerre d'Algérie".
      Que s'est-il donc passé à Sakiet? Et Sakiet, c'était quoi?


      Sakiet? En avant de la ligne Morice, deux collines qui s'observent de part et d'autre d'une frontière tracée au fond du vallon. Là passent aussi un oued, l'oued Zaghia-Sidi-Youssef, et une route, celle qui va de Souk-Ahras au Kef, en Tunisie.

      Sur la colline française, installé dans un ancien bordj, le poste du 23e R.I., commandé par le capitaine René Allard, un Lorrain de quarante et un ans, petit homme brun, discret, précis. A deux kilomètres au sud du poste, une piste d'envol.
      Sur la colline tunisienne, le village, dont on voit d'abord, à flanc de terrain, un cimetière et, au-dessus, des maisons jaunes, accroupies autour d'un minaret et d'une large bâtisse rose aux fenêtres vertes, celle de la garde nationale tunisienne, qui dépend directement du secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Mehiri, dont les sympathies inclinent plus vers l'Orient que vers l'Occident.
      Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le village observe le poste et le poste observe le village, où les rebelles algériens déambulent au grand jour. Ceux-ci sont cantonnés dans les locaux désaffectés d'une ancienne mine de plomb, au sud du village. Il leur arrive souvent de descendre faire leur lessive à un abreuvoir, au fond du vallon où passe la frontière, à une vingtaine de mètres de la sentinelle française.
      Rien n'échappe aux gars du poste des allées et venues des " fells ", de la forme et de la couleur de leur uniforme, des casquettes plates de la garde nationale tunisienne, du bruit des moteurs de ses G.M.C., et de la couleur bleue de sa camionnette.
      A l'ombre de ce face-à-face permanent, il y a l'écheveau des renseignements qui arrivent d'en face jusqu'au poste français.

      Le récit du capitaine Allard

      Dans les premiers jours de janvier, le capitaine Allard est ainsi mis au fait d'un petit trafic de contrebande, 8 km au sud de son poste. C'est ce qui va déclencher l'histoire.

      Cette histoire, il nous en fait un récit détaillé quand je vais le voir, avec J.F. Chauvel, du Figaro, à Souk-Ahras, où il a été évacué après le combat. Il est blessé à une jambe et la balle qui a fracassé la crosse de sa carabine l'a également atteint au visage. Ce combat, les conditions dans lesquelles ses hommes ont été achevés, il n'est pas près de les oublier.

      " Le samedi 11 janvier, raconte le capitaine Allard, j'ai quitté le poste de Sakiet à 4 heures du matin, avec une section et le commando de la compagnie. En tout 43 hommes.

      " Je voulais monter une embuscade dans la région d'Ouasta, un djebel qui coupe la frontière perpendiculairement, à 8 km au sud du poste. Depuis quelque temps, on me prévenait qu'un trafic de contrebande utilisait le sentier traversant la frontière à ce point précis.
      " A 7 heures, alors que nous nous trouvions à 600 mètres des pentes de l'Ouasta, j'ai repéré deux rebelles en armes qui se dirigeaient vers la Tunisie par un ravin.

      Comme des aboiements accompagnaient notre progression depuis 6 heures, nous pensions qu'une bande de " fells ", prête à passer en Tunisie, se trouvait dans le secteur et que les deux types aperçus pourraient être des " flanqueurs ". Donc, pour essayer d'accrocher le gros de la colonne, je me portai en avant, avec le commando, laissant la section derrière nous.



Les 43 hommes du 23e R.L cloués au sol
par le feu des soldats de l'A.L.N. tirant de Tunisie

      " Arrivés sur un plateau situé entre le ravin suivi par les deux " fells " et les pentes de l'Ouasta, nous rencontrons une petite résistance et pensons qu'il pourrait s'agir d'un élément d'arrière-garde. Un quart d'heure plus tard, au moment où nous allons atteindre la mechta Belkacem, un groupe de gourbis vides éparpillés sur un hectare environ, je me retourne et, soudain, je m'aperçois que toutes les crêtes qui dominent le plateau où nous avançons se sont garnies de rebelles, qui se mettent à lancer des ordres en arabe. Au moment où nous atteignons les premiers gourbis de la mechta Belkacem, le feu se déclenche sur toute la ligne des crêtes, certaines positions de tir disposées sur la partie du djebel situé en territoire tunisien, pour couper nos arrières. C'est l'embuscade. Je donne au commando l'ordre de décrocher, sous la protection de la section de queue. Trente ou quarante rebelles dévalent alors du territoire tunisien et j'entends un ordre en français :

      " - Encerclez-les, nous les avons!
      " Nous sommes dominés en nombre. Entre ceux qui opèrent depuis la Tunisie et ceux qui nous canardent au-dessus, il y a bien un faïlek (300 hommes).
      " Je lance alors un ordre de repli. Une partie de mes gars réussit à passer sans casse, dégringolant vers l'oued el-Kebeur, au fond d'un ravin profond de cinquante mètres. Malheureusement, le deuxième groupe, aux ordres d'un aspirant, ne parvient pas à se dégager, pris sous le tir d'un mortier, placé en territoire tunisien. Le tir est disposé en arc de cercle, de part et d'autre de la frontière.
      " Après avoir traversé l'oued avec mon groupe, j'essaie de gagner les pentes nord de la cuvette, en direction d'une autre mechta. Mais les rebelles nous attendent là aussi, et ouvrent le feu à bout portant. Nous sommes maintenant complètement encerclés. Avec 15 de mes hommes, je parviens à occuper un gourbi, que nous transformons en fortin. "
      A 8 h 15, le capitaine Allard demande des renforts par radio. Le deuxième groupe de sa section arrière ne peut décrocher et il l'entend résister pendant une heure.
      " Jusqu'à la dernière cartouche, dit-il. Il n'y aura pas de survivant. "
      A 8 h 45, les renforts arrivent de Sakiet. Une section, qui est prise, dès sa descente de camion, sous le feu des rebelles tirant depuis un piton tunisien, le djebel Arbained-Ouli. La 9e compagnie du régiment, venue de Bordj-M'Raou avec le lieutenant Huc, débarque à 2 km au nord du fortin où se trouve Allard. Elle aussi est prise sous le tir venu de Tunisie, qui la cloue au sol. Allard raconte :
      " J'ai très bien reconnu, dès le début de l'engagement, sur la route qui longe le point de la frontière où nous nous battions, la camionnette bleue de la garde nationale tunisienne. Du poste, en temps normal, nous la voyions toujours circuler dans le village. D'ailleurs, un gendarme de notre cantonnement, venu avec les renforts, a repéré les gars de la garde nationale près de leur véhicule. Tout le temps de l'embuscade, cinq ou six G.M.C. ont progressé le long de la piste, venant de Sakiet."
      Au soir de l'opération, le lieutenant Huc, qui rejoignait le poste de Sakiet, roulera parallèlement au convoi de G.M.C. ramenant les rebelles algériens, jusqu'à leur base, au sud du village.
      Reprenant son récit, Allard ajoute :
      " A 18 heures, quand le piper-cub d'observation a survolé les lieux, il a immédiatement découvert, derrière un repli de terrain qui les dissimulait le temps de la bagarre, les G.M.C. que j'avais vus descendre.
      " A l'arrivée de nos renforts, les " fells " décrochent et remontent les pentes, vers la Tunisie, sous la protection de leurs bases de feu installées sur la frontière.
      A un moment, un de leurs groupes, 7 ou 8 types, entraîna deux de mes soldats. Je n'ai pu rien faire, car ils s'en servaient comme de boucliers.

      Le massacre rituel

      " Quand nous avons repris le terrain et relevé nos morts, il y en avait 14, et les " fells " s'étaient acharnés sur eux selon le rituel qui leur est propre. Trois blessés, dont un mourra le lendemain, avaient réussi à se dissimuler au cours du combat. L'un d'eux a vu achever, à 20 mètres de lui, l'infirmier de la section, qui portait au dos sa musette marquée d'une grosse croix rouge. "
      Aux obsèques des victimes de l'embuscade, le 15 janvier, à Souk-Ahras, le capitaine Allard répétera violemment cette accusation :
      " Vous êtes morts, dit-il, dans un combat difficile, devant un ennemi supérieur en nombre aidé par ses amis tunisiens, nous le savons maintenant. "
      Il traduisait l'exaspération de l'armée, notamment à la frontière. Une question se posait alors, inlassablement, dans les conversations des popotes et des postes échelonnés le long de la ligne Morice :
      " La Tunisie et le F.L.N. sont cobelligérants. S'il en est ainsi, qu'on nous donne, alors, les moyens de riposter.
      " Si, comme Bourguiba l'affirme, il n'en est rien, alors, le responsable de la garde nationale de Sakiet a désobéi à son gouvernement, ce qui appelle des sanctions publiquement appliquées et le renvoi immédiat des prisonniers de Sakiet, entraînés par les rebelles en territoire tunisien.
      " Si ces prisonniers ne sont pas rendus, c'est que la Tunisie couvre la rébellion algérienne dans cette histoire et donc que Bourguiba prononce des discours qui ne correspondent pas à la réalité.
      " Ou alors, on peut se demander si, aux frontières, la souveraineté tunisienne n'est pas débordée par le F.L.N. "
      En fait, dans les jours qui suivent l'embuscade, s'ouvre, autour des quatre prisonniers, la crise franco-tunisienne, que le F.L.N., imperturbablement, alimentera par d'autres incidents, jusqu'à l'exécution, à Souk-el-Arba, le 25 avril, de trois prisonniers.

      Soustelle à l'assemblée :
      "Ceux qui meurent là-bas sont à porter au passif de M. Bourguiba !"

      Le 16 janvier, un message de Félix Gaillard est porté au président tunisien, par Jacques Larches et le général Buchalet, messagers personnels de la présidence du Conseil. Seul, J. Larches sera reçu. Le 18 janvier, la crise est au point mort.
      Les deux émissaires de Félix Gaillard, rentrent à Paris dans le même avion que l'ambassadeur de France, Georges Gorse, rappelé à Paris.
      Il est décidé qu'un délégué de la Croix-Rouge vérifiera le sort des quatre prisonniers. Envoyé donc à Tunis, M. Depreux prend contact avec le F.L.N. et laisse entendre que la libération des captifs pourrait intervenir très vite.
      A Paris, violente protestation de Jacques Soustelle, au débat de l'Assemblée nationale :
      " Ceux qui meurent là-bas sont à porter au passif de M. Bourguiba. "
      Soustelle déplore qu'on ne saisisse pas l'O.N.U. de l'incident de Sakiet.
      Le 20 janvier, l'hebdomadaire tunisien Action publie une photo des quatre prisonniers.
      Du haut de la tribune de l'Assemblée nationale, Félix Gaillard proclame :
      " Nous emploierons tous les moyens pour protéger le territoire algérien! "

      Le 23 janvier, déjà, l'affaire des prisonniers de Sakiet n'est plus qu'en bas de page ou à la dernière page des journaux : " Evolution favorable... "
      Puis, comme l'eau dans le sable, l'affaire s'enfonce dans le silence.

      De temps à autre, on en reparle. Le F.L.N. prétend que les prisonniers sont en territoire algérien. On y emmène Depreux. En fait, l'envoyé de la Croix-Rouge ne quitte pas le territoire tunisien.
      Supercherie tout orientale...
      Sur ce qui se passe à la frontière on titre désormais : " Nouvel incident ".
      Ces nouveaux incidents vont se succéder jusqu'au 8 février.

      Quelques jours après l'embuscade, un avion français est abattu par une mitrailleuse installée à côté de la mine de plomb où le F.L.N, a son cantonnement.
      C'est alors que le gouvernement français admet, au cas où un tel incident se reproduirait, le principe d'une riposte en territoire tunisien, l'opportunité de la décision étant laissée au commandant en chef.
Poste Sonnette du 23eRI
Le village de Sakiet-Sidi-Youssef

      Le 30 janvier, nouveau tir de mortier venant de Sakiet, sur un T-6. Alors, le chef de poste français s'avance au-devant du chef de poste tunisien et l'avertit :
      - Si on tire encore sur un avion, j'ouvre le feu, au mortier, sur vos positions !
      En face, on se tient coi. Que peut faire le chef de poste tunisien? Il est probable que son pouvoir est sans effet sur le F.L.N.

      Et le 8 février... à 8 heures !

      Le 8 février, à 8 heures, une nouvelle fois, les mitrailleurs F.L.N. ouvrent le feu sur un appareil français qui, touché, est contraint de se poser près de la ligne Morice.

      A 11 h 10, c'est la riposte française. Une escadrille de B-26 écrase le poste de mitrailleuse situé dans le village et pilonne la mine servant de cantonnement aux " fells, Il y aura 80 morts.

      La délégation de la Croix-Rouge, arrivée une heure plus tôt, mais repartie pour visiter un camp de réfugiés situé à 2 km reviendra pour constater l' " agression française ", l'opinion internationale défaillira d'horreur et, pendant quelques jours le gouvernement français observera un tel mutisme qu'on finira par interpréter l'action des militaires - et rien n'était moins vrai - comme une regrettable initiative locale.

      " Sottise de militaires! " déclarait-on complaisamment, dans les sphères gouvernementales, à des journalistes étrangers... Le 13 Mai mûrissait...


Marie ELBE
(Historia Magazine N° 239, revue à lire)
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L'HEURE DES " BONS OFFICES "

      LE 8 février 1958, à 11 h 10, 25 avions français bombardent les cantonnements du F.L.N. à Sakiet-Sidi-Youssef.

      Une heure auparavant, des mitrailleuses installées autour de Sakiet et dans la ville même avaient ouvert le feu et atteint un avion français qui survolait le poste de Sakiet, situé à 500 m de la frontière. C'était le trentième incident de ce genre que subissaient nos aviateurs.
      Les troupes de l'A.L.N. basées en Tunisie jouissaient ? personne ne l'ignorait ? de la plus grande liberté d'action. A partir du territoire tunisien, elles harcelaient nos postes, couvertes par la frontière derrière laquelle elles se réfugiaient leur coup fait; elles montaient embuscade sur embuscade.
      La dernière en date a eu lieu le 11 janvier : 15 soldats français ont été tués, les blessés achevés et 4 soldats faits prisonniers, à proximité de Sakiet. Les fellaghas - ils étaient 300 - se sont ensuite embarqués sur des camions de la garde tunisienne, couverts par le tir de mitrailleuses provenant de Tunisie.
      Christian Pineau, ministre des Affaires étrangères, adresse à Bourguiba une vive protestation qui se veut menaçante. Il se heurte à une fin de non-recevoir et les émissaires du gouvernement français sont accueillis avec une insolence rare.

      L'agression de l'A.L.N., au départ de la Tunisie, est permanente. Robert Lacoste et le général Salan ont, à plusieurs reprises, réclamé le droit de poursuite. Bourgès-Maunoury l'avait accordé.
      Des plans d'intervention contre l'A.L.N. de l'est étaient prêts. L'un, terrestre, se proposait d'effectuer un coup de main de va-et-vient sur les bases F.L.N., soit dans la zone Béja-Ghardimaout - Le Kef-Sakiet Souk-el-Arba, soit dans la zone Thala - Tadjerouine - Thelepte - Kasserine. Moyens : troupes aéroportées et unités blindées, aux ordres du général Gilles. L'autre, aérien, devait prendre à partie des objectifs ponctuels, les camps de l'A.L.N. dont celui de Sakiet-Sidi-Youssef. Des photos aériennes, adressées au ministre de la Défense nationale à l'appui du plan de représailles, indiquaient sans ambiguïté la présence des fellaghas à l'intérieur du village et dans les installations des anciennes mines. Elles confirmaient les déclarations de ralliés, de prisonniers et de journalistes. Le 2 février, un cinéaste anglais avait pu filmer les installations rebelles. Il avait vendu son film au 2e bureau.
      Chaban-Delmas et Lacoste avaient approuvé ces plans, dont l'essentiel devait être communiqué à notre ambassadeur à Tunis et au général Gambiez, commandant les troupes françaises en Tunisie. Alors que Paris penchait pour une action aérienne, Alger préconisait une action terrestre et aéroportée, plus efficace, plus précise qu'un bombardement aérien et donc moins dangereuse pour la population civile.

      Le 29 janvier, Paris avait confirmé le droit de poursuite. Le 1er février, le secrétaire d'Etat à l'Air, Christiaens, avait approuvé le plan du général Jouhaud. Le 1er février également, à Paris, le général Ely, chef d'état-major général de la Défense, donne son accord verbal au plan que lui présentait le colonel Marguet, sous-chef d'état-major de la Xe région, que j'accompagnais. Le 3, il confirme par écrit l'accord de Chaban-Delmas.

      L'opération déclenchée le 8 février n'a donc pas pris le gouvernement au dépourvu, comme on l'imaginera après coup. Quant aux résultats, l'imagination se donnera aussi libre cours, qui n'attribuera initialement que des victimes civiles au bombardement.

      " Djounoud " à Sakiet ...

      A peine l'opération était-elle effectuée que le téléphone - la ligne entre la Tunisie et Alger fonctionnait normalement - avertissait parents et amis des rebelles tués ou blessés, ou même sains et saufs.
      Les photos aériennes prises sur-le-champ n'indiquaient aucun véhicule de la Croix-Rouge. D'ailleurs, sur intervention de la France, la Croix-Rouge internationale, pour éviter une reconnaissance officielle dont la propagande F.L.N. aurait tiré parti, avait accepté de passer par l'intermédiaire du Croissant-Rouge tunisien. Les vivres, médicaments, couvertures remis par la Croix-Rouge allèrent d'ailleurs pour moitié à la garde tunisienne et à l'A.L.N., ainsi qu'en fit foi le matériel tombé entre nos mains!
      Laissons parler un rebelle - rallié par la suite -, commandant de katiba :

      " Nous vivions mêlés à la population du village, composée surtout de commerçants. Le poste français, à 1 km de Sakiet, servait de cible aux djounouds qui allaient au village. Parfois, il ripostait par un coup de mortier... Malgré les observations de l'officier qui commandait le poste de la garde tunisienne, les sections s'installaient sur le plateau dominant le village et ouvraient le feu sur tout ce qui se déplaçait en territoire français. Nos mitrailleuses, ainsi qu'une arme installée sur le poste tunisien, tiraient fréquemment sur les avions survolant la frontière.
      " Le 8 au matin, un appareil, sans doute touché, perdit rapidement de l'altitude et disparut derrière les collines. Les Tunisiens affirmèrent l'avoir vu s'écraser. La population, inquiète, commença d'évacuer le village, quelques habitants se dirigèrent vers le poste français.
      " Vers midi, brusquement, une trentaine d'avions débouchèrent de l'horizon et piquèrent sur la ville. Des objets noirs se détachèrent des appareils et s'abattirent sur le village et sur les installations des mines. Dans un nuage de poussière, le sol trembla, des bâtiments s'effondrèrent. De la mine où nous cantonnions, le spectacle était impressionnant. Après un rapide virage, les avions se précipitèrent sur nous, les bâtiments volèrent en éclats, les hommes s'enfuirent de tous côtés, pour suivis par les mitrailleuses. Le dépôt d'armes et de munitions situé près de l'ancienne école de la mine sauta pendant plus d'une heure. Les avions disparurent.
      A la mine, on compta une trentaine de tués et une vingtaine de blessés. Une ancienne galerie où les djounouds avaient cherché refuge s'était effondrée. Une dizaine d'entre eux appartenaient à ma katiba, mais il y en avait beaucoup d'autres. En ville, les Tunisiens déploraient une dizaine de victimes. Des décombres, on dégagea une cinquantaine de nos hommes.
      " Le soir, nous enterrâmes les morts dans une galerie, à l'exception d'une vingtaine de cadavres méconnaissables qu'on transporta en ville : le lendemain, une commission de l'O.N.U., disait-on, devait constater les résultats du bombardement.

      Murphy, l'homme des " bons offices "

      " Le lendemain, il n'y eut pas d'enquêteur de l'O.N.U., mais un assez grand nombre de journalistes, auxquels les Tunisiens avaient refusé, la veille, l'accès des lieux : il fallait préparer la mise en scène pour émouvoir l'opinion publique.

      " On prétendra voir dans le bombardement de Sakiet-Sidi-Youssef un acte destiné à forcer la main au gouvernement. Il ne s'agissait que de représailles approuvées par celui-ci. Le président du Conseil, Félix Gaillard, et Chaban-Delmas couvriront officiellement l'opération, mais on laissera entendre qu'on avait été mis devant le fait accompli par une armée qui n'obéissait plus. "

      Le bombardement de Sakiet conduira Bourguiba à déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité et les Américains et les Anglais à proposer leurs " bons offices " pour résoudre la crise plutôt que d'aborder un débat public dommageable pour l'unité de l'O.T.A.N.

      En réalité, ces " bons offices " étaient dans l'air bien avant l'affaire de Sakiet. Malgré l'opposition de la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, le 14 novembre 1957, décident de livrer des armes à la Tunisie, au risque d'en voir une partie passer aux rebelles. Américains et Britanniques soulignent à cette occasion que les relations du Maghreb avec l'Occident ne relèvent plus exclusivement de la France.

      Avec les " bons offices " réapparaît Murphy, ancien consul à Alger, qui s'était vu reprocher par Roosevelt de n'avoir pas associé les musulmans à la préparation du débarquement américain du 8 novembre 1942. Il est suivi d'un Anglais bien tranquille : Beeley.

      Pour la France, les " bons offices " doivent porter sur la présence de troupes françaises à Bizerte et le retour à une situation normale entre la France et la Tunisie, où Bourguiba vient d'expulser 600 colons français, de fermer cinq consulats en zone frontière et de bloquer la zone de Bizerte. Pour Bourguiba, les " bons offices " doivent s'élargir à l'ensemble du problème algérien.
      Or le gouvernement français négocie avec Washington une aide financière que les Américains subordonnent à un assainissement du budget ? lire : une diminution des crédits militaires.

      Tunis: " des combattants algériens sur notre territoire ? jamais ! "

      MM. " Bons-Offices " font le va-et-vient entre Tunis et Paris. Le 29 mars, il est question - outre de l'évacuation de Bizerte - d'un contrôle international de la frontière. Bourguiba s'opposant, sur les injonctions du F.L.N., à tout contrôle sur son territoire, sauf sur les aérodromes, on installe des commissions en Algérie : à Bône, Souk-Ahras, Tébessa... Espère-t-on ainsi mettre un terme aux activités du F.L.N. aux frontières? Il est vrai que Bourguiba, avec une impudente assurance, affirme qu'il n'y a pas de rebelles algériens en Tunisie!...

      Des secrets de Polichinelle...

      Gaillard ne se montre pas hostile au projet. Lacoste, averti, fait procéder à une étude. L'état-major de la Xe R.M. évoque le précédent d'Indochine, où une commission internationale - elle existe toujours et coûte chaque année à la France, 500 millions -, composée d'Hindous, de Polonais, de Canadiens, constitue surtout une entreprise d'espionnage et de propagande au profit du Nord-Vietnam. Le remède, conclut-on, serait pire que le mal. Y souscrire serait plus que de la naïveté, Lacoste en est convaincu.
      Mais en Tunisie, on cède sur toute la ligne. Contre des promesses qui ne seront jamais tenues : réouverture des consulats et retour des Français sur leurs terres, on évacuera Bizerte par paliers. Le général Gambiez, commandant les troupes françaises en Tunisie, est autorisé à circuler entre Tunis et Bizerte, où, jusque-là, il se rendait déguisé en femme arabe!...

      Pour l'Algérie, la pression américaine s'accentue. Eisenhower et Foster Dulles insistent pour que les " bons offices " prennent une extension que Félix Gaillard avait initialement rejetée. Jean Monnet dont l'influence est grande, soutient les propositions américaines.
      Tout se passe dans une totale absence de discrétion. Le Parlement éprouve le sentiment que Gaillard va céder aux pressions étrangères : il est renversé, chute dont le F.L.N. s'attribue le mérite.
      Il est clair, en effet, que cette diplomatie de place publique encourage surtout l'intransigeance de la rébellion. A la conférence d'Accra, le 22 avril, les Etats africains invitent la France à se retirer d'Algérie. A Tanger, le 27 avril, le Néo-Destour tunisien, l'Istiqlal marocain et le Front algérien proclament l'unité d'action dans la lutte pour la libération de l'Algérie. A Tunis, le premier secrétaire de l'ambassade américaine est ouvertement en contact permanent avec le F.L.N. A l'ambassade de France, on donne un bal masqué!...

      Certain que les Français n'oseront pas, dans la conjoncture internationale présente, procéder à des représailles, le F.L.N. lance ses renforts sur les barrages. En trois mois, il y perdra 10 000 tués, 8 000 prisonniers et plus de 10 000 armes, mais au prix de durs combats. En Tunisie, il reçoit 17 000 fusils de guerre, 296 F. M., 380 mitrailleuses, 30 mortiers, 170 lance-roquettes antichars. Il attend 50 000 armes pour les mois suivants.

      En Algérie, les " bons offices " accroissent l'attentisme des musulmans. " La population musulmane, écrit Lacoste, est très sensible à la publicité accordée aux travaux des réunions d'Accra et de Tanger, ainsi qu'aux intentions prêtées à nos alliés quant à l'avenir de. l'Algérie. " Et il ajoute : " Le climat psychologique qui va se dégradant explique dans une large mesure nos difficultés avec certains, éléments rebelles ralliés (lire Bellounis). "

      Dans les douars, la propagande affirme que l'Algérie sera indépendante sous peu, grâce aux nations arabes et aux Anglo-Américains. Pour le F.L.N., c'est le dernier quart d'heure!

      Chez les Européens et dans l'armée, l'inquiétude n'est pas moindre. Elle est d'ailleurs exploitée par l' " antenne " de la Défense nationale que Chaban-Delmas a installée à Paris sous prétexte d'animer l'action psychologique. Là, Delbecque et Guy Ribaud entretiennent les activistes dans " la rogne et la grogne "; Sanguinetti, les anciens combattants; Vinciguerra, l'administration; le commandant Pouget, l'armée et notamment les paras. L'armée est d'autant plus remuée que les nominations , de l'année précédente avaient favorisé de très nombreux cadres qu'on avait assez peu vus sur les champs de bataille. Un général avait démissionné à grand fracas.

      Mort de la " IVe "

      Partout, les esprits s'échauffent et pas seulement à Alger, mais aussi à Paris, dans les partis, dans la police, ce qui est plus grave.

      Il n'y a plus de gouvernement : Pleven, Pflimlin buttent sur l'obstacle algérien. Ou on accepte les " bons offices ", soit ceux des Anglo-Américaine, soit ceux du Maroc et de la Tunisie, et l'on va très loin dans la voie de l'indépendance algérienne, ou on les rejette, au mépris de l'opinion internationale., Pierre Pflimlin hésite.

      Le 10 avril 1958, un officier du 2e bureau d'Alger avertit Paris que les rebelles se proposent de fusiller trois soldats français détenus par la garde tunisienne à Souk-el-Arba. " Voyez M. Murphy ", lui répond-on.

      Dans tout cela, en effet, on a un peu oublié l'affaire de Sakiet-Sidi-Youssef. Le F.L.N. se charge de la rappeler. Le 9 mai, il annonce que, le 25 avril 1958, il a fait fusiller trois soldats du contingent : le sergent Richomme, le soldat Decourtex et le cavalier Feuillebois.

      Ecœuré, Lacoste quitte l'Algérie en disant aux militaires : " A vous de jouer si vous ne voulez pas un Dien-Bien-Phû diplomatique. "

      Puis ce sera le 13 mai, et la IVe République mourra.

      Elle mourra, certes, du complot gaulliste, mais surtout ? la crise provoquée par l'engrenage des " bons offices " le prouve - de l'impuissance de ses gouvernants à maîtriser la vie politique, à la fois nationale et internationale.


Général JACQUIN (CR)
(Historia Magazine N° 239, revue à lire)
    

LE COMMANDEMENT EN PLACE
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Chapitre XXVII du livre (A Lire) de Pierre Montagnon (la guerre d'Algérie)

1958: LA BATAILLE DU BARRAGE: SAKIET

      1958. Qu'apportera cette quatrième année de guerre ? Nul ne peut en présager. L'horizon est sans issue immédiate. Chaque camp s'enfonce dans une routine meurtrière. La voie diplomatique n'a rien donné et ne peut rien donner : indépendance, côté F.L.N., souveraineté française, côté Paris. Les contacts des émissaires socialistes avec des Algériens sont restés sans lendemain. L'impasse est totale. Aussi, plus que jamais, la parole est aux armes, mais pour s'imposer définitivement sur le terrain beaucoup de sang doit encore couler. Ainsi s'ouvre 1958, alors que le canon tonne une fois de plus dans le Constantinois. La bataille de la frontière tunisienne débute.

      Pour comprendre la partie qui va s'engager il convient de regarder une carte. Le barrage électrifié couvre la frontière tunisienne mais ne la jouxte pas. Pour des raisons de commodité matérielle, dans ce terrain difficile des monts de la Medjerda où les axes routiers sont peu nombreux et la végétation particulièrement drue, il s'en éloigne sensiblement. Depuis Mondovi, le pays natal d'Albert Camus, dans la plaine de Bône, il suit la voie ferrée jusqu'à Souk-Ahras. Après quoi, dans un paysage plus dégagé, il peut piquer plein sud sur Tébessa.

      C'est là, entre Mondovi et Souk-Ahras et même, plus exactement, entre Duvivier et Souk-Ahras, qu'il existe un créneau privilégié pour tenter de passer. Le barrage est alors face au " bec de canard ", le fameux saillant de Ghardimaou, qui pointe face au petit village de Lamy. L'A.L.N. a, dans ce saillant, une bonne partie de ses bases et de ses camps. De là, les katibas peuvent s'infiltrer sans grand dommage dans le massif forestier de l'oued Soudan. C'est une base de départ idéale pour s'approcher de l'obstacle, l'étudier, le franchir et s'enfoncer en Algérie. Or de l'autre côté du barrage, justement entre Duvivier et Souk-Ahras, où il va falloir faire très vite pour s'éclipser et échapper aux recherches françaises une fois l'alerte donnée, le terrain est tout aussi couvert. Sur une bande d'une trentaine de kilomètres de largeur du nord au sud, les bruyères, les lentisques dépassent souvent la taille d'un homme1. Plus au sud s'amorcent les hauts plateaux dénudés, plus au nord s'ouvre la plaine de Bône avec ses orangeraies et le lac Fetzara, aux abords désolés et uniformes.
      Cette voie plein ouest vers l'intérieur de l'Algérie passe au nord de Guelma, petite cité dans une cuvette, riche de ses ruines romaines et de ses cultures de tabac. Guelma sera à la bataille nord du barrage ce qu'a été Tébessa au sud.

      La zone Est Constantinois est maintenant aux mains de Vanuxem. Celui-ci, de son P.C. de Bône, a vite compris quelle partie allait se jouer - le ravitaillement en hommes et munitions de la rébellion ? et quel prix allait y mettre le F.L.N. Il a demandé à Salan des renforts et les a obtenus. Les paras, la légion sont là2.
      Son pragmatisme ne s'embarrasse pas de formalités. Il veut de l'efficacité. Pas de guerre d'états-majors ! Une guerre de soldats, de chefs compétents. Sautant les hiérarchies et les lourdeurs territoriales, il lance ses colonels de choc : Buchoud et Jeanpierre, deux hommes qu'il sait pouvoir coller au terrain et jongler avec les moyens. A ces jeunes colonels il confie un commandement tactique bien supérieur à leur grade : troupes à pied, blindés, hélicoptères, aviation, etc. Il ne sera pas déçu.
      Buchoud est à Laverdure, petit village de colonisation à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Souk-Ahras. Collé au barrage, il s'axe plutôt sur les abords de la ville de Saint-Augustin. Son régiment, qu'il a créé et façonné, est constitué pour l'essentiel d'appelés du contingent, volontaires pour les troupes aéroportées. Son encadrement, qu'il a lui-même sélectionné, comporte plus d'un ancien d'Indochine. Avec Buchoud, des unités de secteur3.
      Le 21 janvier, Jeanpierre est arrivé à Guelma avec son 1er R.E.P., qui rêve d'en découdre sérieusement. Jusque-là, l'expédition de Suez, la bataille d'Alger, quelques incursions sur Hassi-Messaoud ou l'Orléansvillois ne lui ont guère permis de faire parler la poudre. Aussi ce magnifique outil de combat attend-il son heure avec impatience. Guelma va la donner à ce régiment où se mêlent des jeunes et des vétérans d'Indochine rescapés de deux ou trois séjours en Extrême-Orient et, pour certains, de Dien-Bien-Phû.
      Jeanpierre domine son sujet. Il a la carrure pour, mais il est bien servi. Son adjoint s'appelle Morin4. Ses capitaines Martin, Glasser, Besineau. Ses adjudants Tasnady, Filatof, Dallacosta. Avec lui aussi le commando d'Extrême-Orient5 et un excellent groupe nomade de Guelma, unité musulmane normalement montée pour intervenir dans les djebels plus découverts du sud de la ville.
      La grosse bataille va durer trois mois, de fin janvier à début mai. C'est l'époque où les nuits sont longues, propices à une marche discrète. Le scénario est rituel. Les Algériens forcent le barrage dans la première partie de la nuit, s'octroyant ainsi quelques heures pour gagner des couverts avant le lever du jour. Les véhicules blindés de la herse en patrouille permanente sur la piste qui longe le barrage localisent la coupure signalée par la rupture du réseau.
      L'alerte donnée, le branle-bas réveille les cantonnements.

      A Paris, à Alger, le gouvernement, le ministre résident ont suivi évidemment l'évolution militaire des combats du Constantinois mais ils sont beaucoup plus sensibles à l'écho politique et international d'un nom qui claque " Sakiet ".
      " Sakiet ", c'est Sakiet-Sidi-Youssef, modeste village tunisien à l'est de Souk-Ahras et à quelques jets de pierres de la frontière. L'A.L.N. y est installée comme chez elle, occupant la majeure partie de la bourgade ainsi qu'une mine désaffectée située quelques kilomètres plus au sud. Face à Sakiet, les troupes françaises, les avions de reconnaissance, sont souvent pris à partie par des tirs algériens venus de Tunisie.

      Le 11 janvier, deux sections du 23e R.I., sous les ordres du capitaine Allard, partent se mettre en embuscade à environ 700 mètres de la frontière sur un lieu de passage habituel des éléments de l'A.L.N. s'infiltrant en Algérie. Elles se heurtent à un adversaire nombreux et sont prises sous un feu nourri venu des hauteurs aussi bien algériennes que tunisiennes. Bousculées, elles ne se dégagent que grâce à l'arrivée de renforts mais perdent quatre prisonniers et ont quatorze tués, retrouvés affreusement mutilés.
      La complicité tunisienne est évidente. Elle a couvert l'attaque à partir de son territoire national. Le gouvernement français entend protester mais le président Bourguiba refuse de recevoir son émissaire, le général Buchalet.
      La rancœur augmente dans le camp militaire français et la tension continue à monter dans le secteur de Sakiet. Le 30 janvier, un T?6 est abattu par une D.C.A. située en Tunisie. Le général Jouhaud, qui commande les forces aériennes en Algérie, prévoit une riposte avec l'accord du général Salan et du général Ely, chef d'état-major général de l'armée, c'est-à-dire le grand patron de l'armée française.
      Le 7 février au matin, un Marcel-Dassault de reconnaissance est touché, toujours aux approches de Sakiet. Il se pose en catastrophe à Tébessa. La riposte prévue tombe. A la mi-journée, Mistral, B?26 et Corsaire piquent sur Sakiet et sur la mine, là où les cantonnements algériens ont été localisés. Quelques jours plus tard, un communiqué officiel français annoncera 130 rebelles tués.
      Le tollé tunisien alerte le monde. La France fait figure d'agresseur dans un dossier où elle plaide pour la stricte neutralité, apparemment non respectée, d'un pays ami, en l'occurrence la Tunisie. Pourquoi cette dernière tolère-t-elle des agressions contre une terre française à partir de son propre sol ? A l'O.N.U., la Tunisie avance les innocentes victimes tunisiennes du raid français. La grande presse est invitée à se rendre à Sakiet pour constater les dommages. En revanche, coût de ces réactions internationales, cette intervention sur Sakiet débouche sur un malaise au niveau du commandement. Salan, Jouhaud ne sont pas suivis par leur ministre de la Défense, Jacques Chaban-Delmas, qui les désapprouve sans pour autant oser les sanctionner6. Des bruits de mutation courent toutefois dans les couloirs.
      Bruits que corrobore la mise en place à Alger d'une antenne de la Défense nationale, antenne installée sous l'égide de Chaban-Delmas pour reprendre un vieux projet : les gaullistes veulent un homme à eux en Algérie, le général Cogny en l'occurrence, pour y être prêt à exploiter les événements en leur faveur. Le civil Léon Delbecque, le militaire Jean Pouget, sous l'œil courroucé du commandant en chef, s'affairent pour fomenter son départ et créer un climat favorable à l'appel à de Gaulle7.

      Les projets de Chaban-Delmas, quant aux généraux en place à Alger, tournent court avec la chute du gouvernement Gaillard, le 20 avril. Une fois de plus, la France se retrouve en crise ministérielle et le président Coty renoue avec le chassé-croisé des consultations. Georges Bidault, René Pleven, renoncent ou échouent. L'Alsacien Pflimlin parait devoir l'emporter mais il ne dissimule pas ses intentions de ramener la paix en Algérie par la négociation en utilisant, le cas échéant, les bons offices de la Tunisie ou du Maroc. L'opinion européenne, les états-majors dans les départements algériens acceptent mal cette perspective d'interférence, dans le sens que l'on devine, de pays qui soutiennent longuement, ouvertement, la rébellion. Une fois de plus les éditoriaux s'enflamment, largement commentés et approuvés.
      Le 8 mai, Robert Lacoste s'envole pour Paris. Ministre d'un gouvernement démissionnaire, il n'est plus rien. Les chefs militaires restent seuls avec le fardeau de la guerre et l'angoisse de son orientation telle que l'envisage le président du Conseil désigné et en attente d'investiture officielle par la Chambre des députés.

Mais déjà, les événements se bousculent. Le 13 mai est là.
Auparavant, cependant, un fait très important mérite éclairage.

      Le 8 février, Robert Lacoste se rend à Philippeville pour saluer le départ du premier pétrolier porteur du pétrole saharien. Dans une péroraison enflammée, il exalte l'œuvre française et la pérennité de sa présence sur la terre algérienne. Algérie française revient sans cesse au fil de son discours. Ce 8 février est en effet l'aboutissement d'une longue recherche et d'une longue route. Depuis des années, les techniciens français sondent le sous-sol de l'erg. Aujourd'hui, depuis Hassi-Messaoud, un oléoduc draine le naphte sur Touggourt. De là, le rail le remonte sur le nord. Pour cela, la voie ferrée Touggourt-Biskra a été élargie. Après la capitale des Mans, le lourd convoi quitte les oasis, puis par les contreforts de l'Aurès gagne Batna et, de là, par les hauts plateaux, Constantine, avant de redescendre sur la mer. Sur le parcours, les postes de Sénégalais veillent.

      Ce premier acheminement d'un pétrole français sera suivi de bien d'autres. Les rotations s'échelonneront régulièrement jusqu'à la mise en service des grands oléoducs vers Bougie ou Edjelé en Tunisie. Curieusement, les incidents seront rares. L'A.L.N. manque de techniciens et de moyens pour saboter sérieusement l'itinéraire des trains pétroliers ou des conduites souterraines.

      Tous ceux qui, le 8 février 1958, sur les quais du port de Philippeville, regardent s'éloigner ce premier navire porteur de pétrole extrait par les Français d'une terre regardée comme française, se sentent emplis de fierté et d'espérance. L'avenir énergétique du pays ne serait-il pas enfin assuré8? Ils entendent monter en eux une raison de plus de s'accrocher à ce sol africain.

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1. Les monts de la Medjerda, prolongés en Tunisie par ceux dits de Kroumirie, sont, avec la Petite-Kabylie, la région la plus arrosée du Maghreb. Les précipitations annuelles y dépassent le mètre, d'où le touffu d'une végétation bénéficiant à la fois de chaleur et d'humidité.
2. Les paras 9e R.C.P., P.C. à Laverdure,
           1er R.E.P., P.C. à Guelma,
           14e R.C.P., P.C. à Sedrata.
  La légion : 3e R.E.I., P.C. à Mondovi,
           4e R.E.I., P.C. à Tébessa.
3. Bataillons des 60e, 151e, 152e, 153e R.I.M.
4. Le commandant Morin est le créateur des B.E.P. devenus R.E.P. C'est lui qui a formé en Indochine la première compagnie parachutiste légionnaire dans les rangs du 31 R.E.I. Pour cet ancien déporté, gaillard au visage poupin éclairé de grands yeux bleus, la carrière s'ouvre vers les plus hautes destinées de l'armée française. Le commandant Morin, en 1961, démissionnera pour marquer sa désapprobation de la politique algérienne du gouvernement. Son cas illustre bien le drame de conscience de l'élite des officiers de l'armée française à cette époque et l'hémorragie subie en cadres de valeur.
5. Constitué de Vietnamiens exilés.
6. En revanche, bien des milieux, anciens combattants en particulier, se félicitent de l'attitude des généraux. Le 21 février, Alexandre Sanguinetti, au nom du comité d'action des associations nationales d'anciens combattants, écrit au général Salan pour l'assurer de sa reconnaissance et de son soutien total.
7. Le commandant Pouget, ancien aide de camp du général Navarre en Indochine, a sauté comme volontaire sur le camp retranché de Dien-Bien-Phû dans les derniers jours de la bataille et possède de beaux états de service. Léon Delbecque est un militant gaulliste de Lille particulièrement actif. L'intégrité et la bonne foi de ces deux hommes sont totales.
8. Dix ans plus tard, la production de pétrole saharien sera de 36 millions de tonnes, soit 1,5 % de la production mondiale.


" 1963 - 2013 "

Envoyé par Le Docteur J.C. Perez
MON CINQUANTERNAIRE A MOI
QUEL DOMMAGE …

              Nous observons, en maintes occasions, un comportement néfaste de la part de certaines collectivités dites de la mémoire de l'Algérie française. De même, qu'au sein de réunions regroupant des notables de la défunte Algérie française. Notables qui se déclarent animés de la volonté de défendre au mieux le souvenir de ce merveilleux épisode historique que fut l'Algérie française. Notables qui se prétendent animés d'une volonté farouchement exprimée à laquelle évidemment je souscris : conférer tout son relief à la grande page de vie Algérie française.
              Une page de vie qui a vu la naissance de l'Algérie qui, avant l'arrivée de la France et avant son accouchement par notre mère-patrie, ne connaissait aucune réalité historique.
              Ces notables s'affirment être motivés, comme je le suis moi-même, d'une volonté de rejet absolu à l'égard de toute attitude de repentance. Repentance que n'impose en rien cette grande fresque du XIXème et du XXème siècle : " le phénomène historique Algérie française ".
              Ce curieux comportement c'est leur rejet de l'OAS. Ils prétendent faire l'impasse sur ce terrible chapitre de l'histoire de l'Algérie française et de l'histoire de France.
              Curieux comportement qui prétend tout revendiquer, ou plutôt tout mendier du pouvoir de la Vème République, en prenant soin de se désolidariser, avec ostentation et servilité, de cette page sublime de notre histoire. Page sublime illustrée, je le soutiens, par le combat de l'OAS.
              A propos de cette attitude que je me permets de qualifier de " renégatoïde ", je vous rappelle ces quelques lignes :
              " Un cri de souffrance de la patrie insultée et envahie. Un cri de colère d'un peuple voué à une tuerie collective, à un génocide accepté sereinement par le pouvoir gaulliste, voilà à partir de quoi doit se comprendre l'OAS… Organisation Armée Secrète, organe de combat structuré, beaucoup trop tard, dans le but de protéger au mieux le peuple français d'Algérie contre son anéantissement. Ce peuple n'avait qu'un tort : prétendre manifester avec violence, avec passion, son amour de la France, comme lui donnait le droit de le faire son identité de " fraction vivante de la Nation française " . Fraction vivante de la nation qui a refusé la solution définitive à laquelle on voulait la vouer.
              L'OAS aujourd'hui, ce n'est plus rien. C'est vrai. Mais regardez avec attention l'histoire des Français d'Algérie. Que resterait-il de leur passé, s'ils n'avaient pas l'OAS de France et d'Algérie comme support historique de leur douloureuse combativité, de leur farouche volonté de rester Français ?
              Oui, qu'auraient-ils à se mettre sous la dent, les Pieds-Noirs d'aujourd'hui, leurs enfants et leurs petits-enfants, sans l'OAS d'hier ?
              Expression d'un peuple français qui hurlait son espérance dans la survie et le déploiement de cet Occident dont nous avons tant besoin pour rester ce que nous sommes encore.
              C'était ça l'OAS ".

              Nous demandons que l'on accorde à l'OAS défunte, la considération qu'on lui doit. Combattre pour la patrie et son peuple, pour la liberté et la vie de l'Occident, c'était ça l'OAS.
              Jusqu'à preuve du contraire, je suis le premier et peut-être encore le seul, à avoir exprimé cette identité du peuple français d'Algérie : fraction vivante de la Nation française.

              La guerre d'Algérie, aujourd'hui encore, voit son identité profondément altérée par la majorité de ceux qui s'y réfèrent. Ce fut fondamentalement une guerre de religion aux perspectives extra-algériennes, volontairement passées sous silence par le monde occidental. Perspectives tactiquement occultées par les promoteurs et les déclencheurs de cette guerre.
              Ces perspectives extra-algériennes, avaient cependant été précisées en langage dépourvu d'équivoques par le chef FLN Larbi ben M'hidi, lorsque peu avant sa mort il déclara :
              " Vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset, je vous prédis moi que vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ".
              Programmation impérialiste qu'il faut rappeler maintes et maintes fois, évoquée par un combattant courageux qui prenait soin de nous avertir. Programmation qui nous délivre le moyen de bien comprendre les intentions des planificateurs et exécuteurs français de l'abandon de l'Algérie française. Nous en détectons deux, antagonistes pour certains analystes, rigoureusement complémentaires pour d'autres.

              La première de ces deux intentions est riche d'imprécisions. Elle permet de comprendre pour une grande part néanmoins, le comportement du monde français rallié à De Gaulle. C'est-à-dire du monde français qui, aujourd'hui encore, applaudit à la mort de l'Algérie française parce que c'est le général qui l'a imposée et uniquement pour cette raison. De Gaulle apparaissant ainsi comme la référence nécessaire à l'acceptation ou plutôt à la justification, de la défaite infligée à notre patrie en 1962.
              Ce monde politique profondément altéré dans ses facultés de jugement par le gaullisme décérébrant, a oublié et oublie encore que l'histoire est avant tout mouvement. Il n'a pas voulu croire au feed-back désastreux que la France allait subir dans cette nouvelle dynamique révolutionnaire et planétaire. Car, l'évacuation de l'armée française d'Algérie accompagnée par l'exode massif des pieds-noirs, allait provoquer une évacuation concomitante du christianisme de la terre d'Algérie. Cette volonté d'annihiler le message de la Croix fut proclamée sans équivoque par un leader FLN qui, à Bône, déclara en substance dès le 19 mars 1962 : " Il faudra libérer d'urgence la terre d'Algérie du tintement des cloches des églises ".
              Ce fut donc, avant toute autre considération, une évacuation du christianisme, planifiée, mise en œuvre et finalement obtenue, dans des délais ultra-rapides ou plutôt prioritaires. Evacuation nécessaire au dynamisme du courant révolutionnaire arabo-islamiste fondamentaliste qui exerce ses effets avec constance et patience du sud vers le nord.
              Aujourd'hui, ils refusent d'accepter leurs responsabilités dans cette nouvelle dynamique révolutionnaire. Ils se préparent, au nom de la fidélité proclamée au néant ou plutôt à l'insubstance gaulliste, à accepter l'islamisme et à se soumettre aux exigences des épitres jihadiens.

              La deuxième intention s'oppose catégoriquement à la précédente. Une fraction non négligeable d'entre eux avait prévu ce feed-back. Ils y ont applaudi. Ils y applaudissent aujourd'hui encore. En toute connaissance de cause ils ont contribué volontairement à entreprendre une déchristianisation de la France et de l'Europe. Dans cette perspective opérationnelle, ils ont éprouvé la nécessité d'importer la révolution islamiste sur le territoire de la France, de l'Europe et de l'Occident tout entier. Ils ont prétendu faire de ce territoire, dans un proche avenir, les nouveaux sites de la révolution mondiale. C'est-à-dire, rappelons-le, de la révolution arabo-islamiste fondamentaliste. Animés de l'ambition dominante de compléter leur victoire d'Algérie, par une défaite du christianisme européen et tout particulièrement, du catholicisme apostolique et romain.
              Une fois de plus, il faut se garder de perdre de vue l'avertissement de Ben M'hidi auquel ils ont adhéré sans réserve. Ce crédo, tel que nous l'avons rappelé mille et mille fois, exprime une donnée fondamentale de ce feed-back : " Vous aurez l'Algérie de Tamanrasset à Dunkerque ". Il aurait pu ajouter, jusqu'à Madrid, Amsterdam, Stokholm, Varsovie, Berlin, Londres, Moscou et plus encore.

              Nos convictions politiques, en tant que combattants de l'OAS, étaient peut-être " rudimentaires ". Elles étaient " basales ". J'emploie ce qualificatif dans son sens géométrique : à la base de notre lutte, se situait la France. C'est elle qui, en Algérie, nous unissait. Quelles que fussent nos origines et nos religions respectives. Le drapeau, la patrie, la France, nous n'avions que ces mots à la bouche.
              C'est par la magie de ce mot, " la France " que je me suis laissé prendre dès 1955 au charme et à la griserie de l'action. Par amour de l'Algérie, parce que c'était un morceau de la France.
              Aujourd'hui, j'ai franchi très largement, par miracle, le seuil de la première vieillesse. J'affirme que rien ne m'incite à modifier mes convictions d'hier. Je me suis laissé prendre, sans effort, avec volupté même, à l'envoutement de l'Algérie française. Je me suis laissé happer par l'odeur obsédante d'enthousiasmes enrichissants et stimulants. S'agissait-il d'enthousiasmes illusoires, trompeurs ? Je persiste miraculeusement dans un état d'esprit qui me permet de répondre par la négative.
              Il n'en reste pas moins vrai, je le souligne aujourd'hui encore avec une amertume hargneuse, que ces enthousiasmes n'ont pas été partagés par une fraction importante de nos compatriotes de là-bas. J'évoque évidemment nos compatriotes pieds-noirs qui, dans une forte proportion, sont restés étrangers au combat. Terrible solitude, vécue et ressentie au sein de ces enthousiasmes par les combattants de l'Algérie française ! Solitude génératrice dès le début de l'action, d'une agonie intérieure que j'ai souvent ressentie. Par la suite, celle-ci s'est confirmée chez moi sous l'expression d'une amertume que j'éprouve encore parfois. C'est cette agonie intérieure ressentie qui permet de comprendre la manière qui est la mienne d'évoquer l'Algérie française à jamais disparue. Et qui me situe à part des autres.
              Je refuse, avec force, de retrouver notre Algérie française d'hier dans l'Algérie d'aujourd'hui. Je refuse d'y rechercher des racines qui elles aussi, ont disparu lorsque j'ai quitté l'Algérie. L'Algérie française aujourd'hui, c'est une thèse à la fois politique et philosophique. Je la vis comme une Atlantide c'est-à-dire comme une valeur abstraite, donc permanente, que rien ne pourra jamais plus atteindre. Elle représente la cause de mon engagement dans la lutte armée. J'ai joué pour elle ma liberté, mon confort matériel, ma vie. Plus encore, j'ai joué mon âme. Je ne puis accepter que l'Algérie devienne un jour l'objet de ma malédiction.
              Oui, l'Algérie française en tant que thèse géopolitique et philosophique, s'identifie, je le souligne encore, à une valeur permanente. A ce qu'un pape avait appelé " une vérité incluse par Dieu dans la nature des choses ". Une vérité combattue avec une férocité sournoise, par le gaullisme résiduel mais encore déstructurant et satanique.
              L'Algérie française reste aujourd'hui une plateforme d'études à partir de laquelle je peux comprendre l'histoire du monde actuel. Monde actuel, monde moderne, au milieu duquel s'est élaboré, puis implanté, le problème qui fut le nôtre hier, le problème qui est le nôtre aujourd'hui et que personne ne peut escamoter. Le problème de l'Occident chrétien en danger de mort.
              L'astre à jamais éteint " Algérie française " nous transmet heureusement une lumière qui n'est pas encore épuisée. Tant pis pour les aveugles qui ne veulent pas tirer profit de cette lumière. Tant pis pour les hommes politiques qui l'ignorent parce qu'ils restent plongés dans un analphabétisme politique dont ils refusent de s'extirper.
              J'ai adoré l'Algérie française et ses multiples visages, son université sérieuse, brillante, parfois perverse et traitresse. J'ai adoré la casbah d'Alger avec ses charmes envoûtants, mais le plus souvent maléfiques et nauséabonds. La casbah grouillante de conjurations mortelles. La casbah, une place forte de l'ennemi, fonctionnant sur nos arrières, repaire de haines et de malédictions. J'ai adoré Bab-El-Oued, secoué de ses sincérités spontanées, avec un cœur " gros comme ça " où la France vivait passionnément dans tous les recoins de ses quartiers pleins de couleurs, de rythmes, et parfois secoués de violences ultimes.
              J'ai adoré la campagne algérienne arrachée par nos colons à un néant pestilentiel à un néant de mort. Campagne algérienne magistralement éveillée à la vie par ces colons que l'on prétend condamner aujourd'hui. Un exploit de vie que l'on s'est empressé d'oublier. Exploit de vie pour cette terre riche avant tout de la mort d'enfants et de nourrissons français qui ont succombé au paludisme, aux fièvres, aux dysenteries diverses. Ce que l'on retient aujourd'hui, ce sont les orgueilleuses allées d'orangers, les champs de céréales âprement défendus contre climat et sauterelles. Ce que l'on retient aujourd'hui, ce sont les vignobles resplendissants d'une capiteuse richesse. Oui, mais sournoisement on ignore le prix en terme de vies humaines qu'a nécessité cet éveil à la vie, des richesses agricoles algériennes.
              Le temps a passé. Le recul de plus d'un demi-siècle miraculeusement octroyé par un destin généreux, m'offre une possibilité : celle d'étudier le phénomène historique Algérie française, avec lucidité. Vivrai-je assez longtemps pour l'étudier un jour avec indifférence, avec détachement. Je ne le crois pas. Ferveur, mépris, rancune, haine, regrets, déception et amour, oui amour, tout se mélange encore.

              A propos de la guerre d'Algérie, il m'arrive trop souvent d'écrire ce qui me passe par la tête. Pardon Jean-Jacques Rousseau, ce sont les rêveries non pas " du promeneur solitaire " mais plutôt celles d'un exilé perpétuel.
              En exil, on dispose d'une immense richesse, le temps. J'ai connu l'exil. J'ai connu la situation d'un homme qui était rejeté par tous les pays du monde, jusqu'en 1966. Sauf par le Paraguay qui m'avait offert l'asile en 1963, mais qui attendait de moi des fonctions incompatibles avec ma qualité de Français.
              J'ai eu le loisir durant cette période de ma vie, malgré mes ennuis matériels, malgré mes recherches perpétuelles d'argent, avant tout pour les autres, de me consacrer à une profonde et constante réflexion, tout en me laissant imprégner malgré le temps qui passait, par les émanations du corps encore tout chaud de l'Algérie française défunte.
              Ce n'était en rien de la nostalgie. C'était plutôt la volonté de ne pas oublier. De savoir et de comprendre.
              En réalité, grâce à cette mémoire sensorielle, enrichie et étoffée de nouvelles connaissances, c'est pendant mon exil que je suis né. C'est pendant mon séjour espagnol que ma conscience politique s'est développée, enrichie par mes séjours en Italie, au Portugal, en Argentine et en Bolivie. J'ai entretenu des contacts avec des hommes politiques, des personnalités militaires, des écrivains, des fonctionnaires de police de très haut grade et de tous pays. Des membres des services spéciaux espagnols, américains et latino-américains. Des notables du clergé. Ils m'ont fait profiter de leur savoir. Ils ont projeté leurs lumières de spécialistes sur le drame que nous avons vécu en Algérie.
              Parmi tous ces contacts, nombreux furent ceux qui prétendaient évaluer le plus logiquement possible, mais surtout silencieusement, le départ de la France de l'Algérie. Départ qu'ils évaluaient à une défaite infligée à notre pays, à l'Europe et à l'Occident. Ils n'en parlaient pas ouvertement parce que la bienséance politique et diplomatique imposait, hier comme aujourd'hui, de faire silence sur cette vérité. Sur cette évidence. I
              ls m'ont fait toucher du doigt, avec loyauté, tout un capital de vérités que j'avais mal perçues ou plutôt que je refusais d'exprimer :
              " Vous vous imaginiez à l'OAS, avoir derrière vous le monde chrétien ? C'était faux.
              Vous vous imaginiez avoir derrière vous la France patriote ? C'était faux.
              Vous vous imaginiez avoir derrière vous la France catholique ? C'était faux.
              Vous vous imaginiez avoir derrière vous l'armée française ? C'était faux.
              Vous vous imaginiez avoir derrière vous le peuple pied-noir tout entier ? C'était faux.
              L'OAS était seule au monde. Malgré cet isolement, malgré cette terrible et noble solitude, elle n'a jamais été ridicule. Elle nous a tous intéressés. Elle a fini par nous faire peur. Elle a imposé au monde occidental de se renier, de se trahir lui-même, de succomber à la lâcheté et d'accepter les mutations qui le menacent.
              Aujourd'hui, en 1963, la communauté internationale, dans l'exil que vous êtes en train de vivre, vous impose de vous taire, de vous replier sur vous-même. Mais, en réalité, regardez bien : qui vous donne la chasse ? Qui prétend vous tuer ici en Espagne et ailleurs, en 1963 ? Personne. Nous sommes vous et moi, ici à Madrid, devant le stade Santiago Bernabeu, devant la pizzéria Alduccio. Ils sont lâches, non pas parce qu'ils vous épargnent. Mais plutôt parce qu'ils n'osent pas vous dire ce qu'ils ont envie de vous dire et que je vous dis moi-même aujourd'hui : quel dommage que celui de votre échec ! "

              Voilà ce que j'ai entendu dire des centaines de fois : quel dommage !

              Il m'est arrivé cependant, durant mon exil espagnol, de rencontrer quelques pieds-noirs qui avaient côtoyé notre combat en prenant soin de ne pas s'y incorporer. Qui se permettaient de nous juger, sans nuance. Sans amour. Qui parfois nous toisaient ou plutôt me toisaient comme un reliquat gênant d'un passé dont ils ne voulaient plus entendre parler. D'un passé qu'ils n'avaient pas vécu dans sa réalité pleine de drames. Ils évoluaient en toute méconnaissance, en tout dédain, des dangers que nous avions courus. Et dans le domaine des risques pris, permettez-moi de rappeler que l'histoire n'a pas manqué de me pourvoir généreusement.
              Alors quoi ? C'était pour ça, pour ceux-là que j'avais tourné le dos à une vie qui aurait pu être facile et que beaucoup m'enviait ? C'était pour ça que j'avais donné des ordres de tuer ? C'était pour ça que j'avais joué mon âme ? J'ai répondu non, évidemment.
              Mais j'ai éprouvé avec constance, comme un ordre venu d'ailleurs, une nécessité mordante : reconstruire, restructurer ma conviction " Algérie française ". J'ai voulu analyser l'aliment de cet instinct qui m'avait jeté dans le combat clandestin dès mon retour à la vie civile en octobre 1955. De cet instinct qui m'avait inspiré en faveur du non à De Gaulle, lors du référendum du 28 septembre 1958. Un instinct qui m'avait propulsé dans la mêlée, un instinct profond, exprimé en termes de refus de l'horreur, en termes de refus de la capitulation. En termes de refus de la malédiction.
              Nos ennemis avaient raison. Oui, ils avaient été inspirés par une grande logique opérationnelle lorsqu'ils nous ont proposé la valise ou le cercueil. C'était le seul choix qui s'imposait à nous. J'ose le dire, encore et encore : ou bien notre valise, ou bien le cercueil de nos ennemis.
              L'équation était simple. Elle était résolue dès sa formulation. Si nous voulions éviter de faire notre valise, il fallait nous préparer à faire descendre au cercueil ceux-là même qui nous menaçaient, qui nous proposaient la mort comme seconde et définitive alternative. Ceux qui exigeaient la mort partielle de la France en Algérie. Ceux qui prétendaient tuer la France sud-méditerranéenne.
              Nous avons néanmoins fait notre valise et nous avons survécu. Ce qui peut paraître inconvenant, inesthétique aujourd'hui encore. Ce qui l'est effectivement, si nous restons silencieux.
              Connaître, contrôler et enseigner le passé de l'Algérie française, la signification de la guerre d'Algérie, le combat ultime de l'OAS, ce n'est pas se comporter en introverti mélancolique. Ce n'est pas se soumettre à une confession, à une autocritique publique. Contrôler le passé de notre combat, impose deux nécessités :
              - sur le plan géopolitique, démontrer que ce sont les crispations confessionnelles implantées en Algérie par un pouvoir constamment et obsessionnellement anti-chrétien personnalisé par De Gaulle en dernier recours, qui ont conduit cette terre vers son exclusion de la France et de l'Occident géopolitique,
              - sur le plan plus direct de notre participation au combat, de la mienne en particulier, assumer ses responsabilités, aujourd'hui encore.
              En ce qui me concerne, j'assume la responsabilité des actes de guerre de l'OAS. C'est une obligation qui nait de mes fonctions à l'échelon le plus élevé de la hiérarchie opérationnelle de l'OAS. C'est ce que le général Salan a voulu exprimer quand il me désigna par écrit de " pilier du combat pour l'Algérie française ". C'était ceci avant tout être le chef de l'ORO, Organisation du Renseignement et des Opérations à l'échelon national : prendre la responsabilité de tout ce qu'il est difficile d'assumer aujourd'hui encore. Cette responsabilité je l'assume pour deux motifs au moins.
              - Le premier c'est pour rendre hommage à tous ceux qui ont participé à notre combat.
              - Le second c'est pour dire de ceux qui furent nos victimes, que nous ne les avons pas agressés par plaisir ou par sadisme. Je sais parfaitement ce qu'il serait advenu de moi si j'étais tombé aux mains de mes ennemis.

              Je n'ai jamais nourri d'ambitions politiques pour moi personnellement. Je me suis engagé dans ce combat avec des idées claires et précises de ce que nous avions à défendre. Je l'ai fait par amour de cette terre. Je l'ai fait parce que c'était mon devoir de Pied-Noir, de Français et d'homme d'Occident. Je n'ai jamais éprouvé de doutes : la France était attaquée en Algérie, sur l'une de ses plus larges frontières. Je devais défendre la France. C'était normal. C'était banal.
              Qu'on ne s'y trompe pas. Cette absence d'ambition carriériste n'a pas fait de moi un inconscient. Elle n'était pas due à un comportement d'arriéré mental ou d'imbécile. On dit souvent que " seuls les cons n'ont pas d'ennemis ! ". En ce qui me concerne, si je devais évaluer mon QI par rapport au volume de mes ennemis, je pourrais être rassuré quant au niveau de ce QI.
              Le refus obstiné de l'Algérie française, par l'ennemi total de la France et de l'Occident, fut révélateur, en réalité, d'une volonté stratégique exclusive : créer les conditions d'une confrontation inéluctable entre le monde islamiste fondamentaliste et le monde non musulman. Avant toute chose, en toute priorité pour nos ennemis, il a fallu vaincre le christianisme en Algérie. On l'a effectivement vaincu là-bas en attendant de le vaincre ici au nord de la Méditerranée.

              Les hommes politiques contemporains refusent d'enregistrer cette identité de la guerre d'Algérie. Ils côtoient, ils subissent, ils observent parfois la révolution islamiste fondamentaliste actuelle sans faire l'effort de l'analyser. Ils ne sont pas en mesure de l'affronter, parce qu'ils ne jouissent pas de la richesse intellectuelle et spirituelle qui leur permettrait de la comprendre ; ils exhibent tout au contraire une carence d'information et surtout une carence d'inspiration qui les situent en permanence à côté de cette révolution. Le drame que l'on fait vivre à Dieu sur la terre, ne les concerne pas, eux qui se vautrent dans une identité de révolutionnaires du néant.
              Nous, les anciens du combat pour l'Algérie française, tirons encore profit de la lumière persistante et générée par l'astre que fut l'Algérie française. C'est cette lumière qui nous permet d'éviter une plongée dans le néant politique ambiant et actuel. Que l'on se serve de notre vécu. Nous vous l'offrons en toute sincérité et en toute humilité. Ce fut un combat symbole, un combat avertisseur. C'était le temps de l'Algérie française.

              Jusqu'à ma dernière heure, je manifesterai ma foi. Dans le bien-fondé de ce que nous avons défendu en Algérie. Cette terre méritait un autre destin que celui vers lequel on l'a engagée. L'Algérie s'identifiait déjà en 1961 et 1962, à ce qu'elle est fondamentalement aujourd'hui : une zone frontière entre l'Europe et l'Afrique. C'est d'elle que va dépendre dans les décennies à venir, la victoire ou la défaite de l'islamisme fondamentaliste sur la totalité du continent africain.
              2014 s'annonce comme une année d'importance majeure pour le destin de l'Occident, de l'Europe ou de la France. Peut-être sera-t-il opportun de rappeler alors : " souvenez-vous de l'OAS d'hier ! "
              Ne tardez pas à donner naissance à une Organisation Contre-stratégique Multinationale de niveau très élevé, dont l'Occident a besoin pour devenir ce qu'il doit être : " le cœur du monde ".
Jean-Claude PEREZ        
Nice, Février 2013         


Vous pouvez prendre connaissance des deux interview accordées par Jean-Claude PEREZ :
- la première à Monsieur Olivier CAZEAUX : sur Internet tapez " OAS, le docteur PEREZ parle " ;
- la seconde, à Monsieur BESSOU dans le cadre de la préparation d'un film. Monsieur BESSOU a livré à Jean-Claude PEREZ tout le matériau de son exposé visible sur le site http://www.jean-claude-argenti-sauvain.com.


Bibliographie à consulter, Site internet : http://www.dualpha.com
L'assassinat de l'Algérie française, terreau de la conquête islamiste actuelle. 2012 : Un des livres du cinquantenaire, à lire et à faire lire.
L'islamisme dans la guerre d'Algérie : Logique de la Nouvelle Révolution Mondiale, 2004
Le sang d'Algérie : Histoire d'une trahison permanente, 2006 ; 2e édition
Debout dans ma mémoire : Tourments et tribulations d'un réprouvé de l'Algérie française, 2006 ; 2e édition
Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Algérie : Stratégies et tactiques, 2006 ; 2e Edition
Attaques et Contre-attaques : Vérités tentaculaires sur l'OAS et la guerre d'Agérie II, 2008


INFORMATION PRESSE
Envoyé par Mme Jocelyne MAS
DISCOURS DE CHRISTIAN ESTROSI
REUNION DU 22 FEVRIER AU CUM

Circulaire aux Maires du département
des Alpes-Maritimes

              Mesdames et messieurs les présidents et membres d'associations de Rapatriés et de Harkis et du monde combattant,
              Chers amis,

              J'ai bouleversé mon programme de ce jour à réception de la circulaire aux Maires du département des Alpes-Maritimes relative au 19 mars.
              Par ce document, le Préfet rappelle que la loi du 6 décembre 2012 a institué le 19 mars : Journée nationale du Souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.
              Il demande que les bâtiments publics soient pavoisés.
              Cette demande nous heurte toutes et tous profondément et c'est la raison pour laquelle je vous ai réunis en urgence.

              Vous le savez, dès que j'avais eu connaissance de la proposition de loi émanant du groupe socialiste au Sénat, j'avais dénoncé par un communiqué de presse du 12 octobre dernier cette démarche qui nous blesse.
              Je m'élevais contre un tel projet qui avait pour conséquence de diviser la communauté nationale. Je rappelais avec force que le nombre de victimes et de disparus s'est amplifié après le 19 mars 1962.
              J'appelais en votre nom, dans ce communiqué les plus hautes autorités de l'Etat à mesurer les conséquences que comporterait l'adoption de la proposition de loi du groupe socialiste du Sénat et à renoncer à cette initiative nuisible en termes de respect de la cohésion nationale, en la retirant sans tarder de son ordre du jour.
              Nous n'avons hélas pas été entendus. Mais je veux vous dire avec force que je ne me plierai pas aux recommandations de cette circulaire et que la Ville de Nice ne sera pas pavoisée.
              De là même manière, aucune cérémonie ne sera organisée par la Ville le 19 mars.
              Je sais qu'en disant cela, je prends un risque ! Et bien ce risque, je le prends et je l'assume.
              Dans ce combat, je suis et serai à vos côtés, comme je l'ai toujours été.

              Pendant l'année de Cinquantenaire du Rapatriement des Français d'Algérie, j'ai voulu que la mémoire de ces évènements douloureux soit enrichie de multiples apports.
              Avec les associations de Rapatriés et de Harkis, nous avons organisé, tout au long de cette année 2012, une commémoration exemplaire d'objectivité et de vérité.

              Dès le 11 novembre 2011, j'ai souhaité que soit rendu un véritable hommage à l'Armée d'Afrique, dont tant de combattants versèrent leur sang, au cours des deux guerres, pour que la France soit un pays libre aujourd'hui.
              Auparavant s'était tenu à mon initiative, au mois de juin 2009, un colloque sur les Disparus. Ce fut un moment d'intense émotion, où les vérités trop longtemps cachées furent enfin dites.
              Les thèmes du peuplement de l'Algérie, des Accords d'Evian, des évènements tragiques du 5 mars 1962, des Harkis, de l'Exode, et bientôt du contingent et de l'armée viennent compléter ce travail exigeant et nécessaire.
              Désormais, une œuvre commémorative à la Mémoire des Français d'Algérie, mais aussi du Maroc et de la Tunisie, se dresse sur la Promenade des Anglais, face au Centre Universitaire Méditerranéen.
              Elle vient rappeler que nos compatriotes durent quitter l'Algérie dans la douleur et qu'ils ont tenu et tiennent encore, par l'action de leurs enfants et petits enfants, un rôle majeur dans le développement de notre Ville, de notre Métropole, de notre Département, de notre Pays.
              Le 5 juillet 2012, deux offices à la Mémoire des Victimes et des Disparus ont été célébrés à Nice, l'un à l'église Saint Pierre d'Arène et l'autre à la grande synagogue de la rue Deloye.

              Un peu plus de cinquante ans après les tragiques évènements d'Oran et, disons le mot : le massacre du 5 juillet 1962, comment supporter que l'on nie la vérité la plus élémentaire ? Car il y eut encore beaucoup de morts et de disparus après la date du 19 mars 1962.
              La signature des Accords d'Evian, respectés unilatéralement par la France, marqua le début d'enlèvements et du massacre de plus de trois mille civils européens et de soixante mille harkis.
              La date du 5 décembre représentait, depuis l'année 2003, la journée nationale d'hommage aux morts de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie.

              Le choix du 19 mars constitue pour le monde combattant et les Rapatriés un véritable déni de vérité. Elle représente pour nos amis Harkis le début d'un calvaire dont nous savons tous maintenant qu'il fut horrible.
              C'est la raison pour laquelle j'ai voulu marquer notre désapprobation la plus totale quant à cette démarche qui divise le pays et jette le trouble sur des évènements douloureux qui n'appellent rien d'autre que le Respect, la Mémoire et la Vérité.
              Je défendrai à toujours vos côtés la démarche de vérité qui est la nôtre. Je vous le dois, et nous tous le devons aux Victimes et aux Disparus.

              Car nous ne les oublierons jamais.
              Je vous propose à présent de nous recueillir devant l'œuvre commémorative à la Mémoire des Français d'Afrique du Nord qui fait face à la Méditerranée


LA PIRE JOURNÉE DE SA VIE...
Envoyé par Eliane


         Un pauvre petit bonhomme est dans un bar depuis une demi-heure.
         Il contemple tristement son verre de bière en soupirant.
         Tout à coup, un costaud en blouson de cuir, entre dans le bar, voit le petit homme, lui donne une grande claque dans le dos en riant et lui boit sa bière.
         Le petit bonhomme triste se met à pleurer à chaudes larmes.
         « - Eh, oh attends ! lui dit le costaud, désolé. Ce n'était qu'une plaisanterie, je te paye une autre bière, je ne voulais pas te faire pleurer !
         - Non , non, laissez ! dit le petit homme. Je pleure parce que cette journée a été la plus terrible de ma vie :
         Ce matin, ma voiture tombe en panne, j'arrive en retard au travail, mon patron m'annonce qu'il me renvoie.
         Quand je rentre à la maison, j'annonce ça à ma femme, qui me quitte en emmenant mes deux enfants.
         A peine parti, le four, dans lequel ma femme faisait cuire un rôti, explose, et la maison brûle.
         En sortant pour appeler les pompiers, je me fais renverser par une voiture. Le temps d'arriver à l'hôpital, ma maison était détruite...

         A la fin, n'en pouvant plus, je viens dans ce bar et voilà qu'un connard qui se croit rigolo, boit mon verre dans lequel j'avais mis du poison pour mettre fin à mes jours !!! »



PROFANATION
Envoyé Par M. Hugues Jolivet


       Vandalisme et Profanation à Aix en Provence contre la Stéle du rond-point Bigeard, inaugurée 2 mois plus tôt !
       Une première tentative avait été l'oeuvre des partisans de Audin, ce pro-FLN, tué en Algérie et sur la tombe duquel Hollande est allé se recueillir en décembre, en rebaptisant le rond-point "Place Audin". Cette fois-ci, la plaque représentant Bigeard a été pulvérisée .
       Honte aux auteurs de cet acte anti-français et anti-patriote !

Photo Hugues Jolivet
Photo Hugues Jolivet

       

11 mars 1963
Envoyé par M. Paul Galan

Envoyé par le Chardon Ardent dans Le Bourricot
- le 2/03/2013 02:15:00 PM

Le 11 mars 1963 tombait au Fort d’Ivry
le colonel Bastien-Thiry,
héros de l’Algérie française,
fusillé sur ordre de De Gaulle.


Pour la suite de la commémoration
Renseignements sur le site http://www.bastien-thiry.fr
Réservez en écrivant au Cercle Jean Bastien-Thiry (poste ou courriel)

Lettre de Georges Watin au commissaire Bouvier
Cette lettre est extraite du numéro spécial 61 bis, daté mai à décembre 1963, du Charivari consacré à Jean Bastien-Thiry :

        Le procès de Vincennes
        La mort de Bastien-Thiry
        L’HONNEUR ET LE SANG


        Le 24 octobre 1962, le commissaire Bouvier, qui avait mené à bien l'enquête sur l’attentat du Petit-Clamart et arrêté une partie des exécutants, recevait de Georges Watin, l'un des accusés en fuite, une lettre dont Le Charivari a présenté de larges extraits. Sans doute ne peut-on prendre comme argent comptant toutes les affirmations contenues dans ce texte. Du moins, à leur lumière certains contours demeurés mystérieux de l’affaire peuvent-ils être cernés. La vigueur pittoresque du style comme l'indéniable courage de son auteur confèrent en outre un intérêt à sa publication, pour la mémoire mais surtout pour les plus jeunes qui, avec bonheur, aujourd'hui découvriront ce texte magnifique.

        Monsieur,

        Je prends la liberté de vous écrire, bien que vous sachant toujours très occupé. Mais je ne puis accepter qu'un de mes camarades de combat risque sa tête par simple esprit de chevalerie, par le seul réflexe du véritable officier. En effet, Alain [de la Tocnaye] s'accuse, à tort, d'être le chef du commando de Villcoublay. Il serait injuste, voyez-vous, qu'Alain soit condamné à la peine capitale alors qu'il n'a fait que conduire la voiture P.C., qu'il n'a pas tiré un seul coup de feu, qu'il n'est venu en opération, les deux dernières fois, que parce que j'étais là. De toutes façons, il était bien décidé à obéir aux ordres reçus, c'est-à-dire se saisir de la personne du général pour jugement ultérieur (...).

        Pour le commandant Niaux, j'affirme que cet officier intègre et droit n'a été absolument pour rien dans l'affaire. Il n'a jamais été à Clamart et il n'était même pas au coutant de l'opération. Bien sûr, comme tous les patriotes, il attendait et espérait. C'est tout son crime. Et sa mort vous est comptabilisée, mon cher Bouvier (...). Pour Bastien-Thiry, c'est encore plus simple : il a pris le train en marche. Je dois dire qu'il est devenu un serre-frein plutôt qu'autre chose. Car vous qui savez tout, vous semblez ignorer que je suis sur cette opération depuis début avril. Oui, dix-sept fois exactement, nous nous sommes baladés à sept ou huit voitures, avec armes et bagages, sur les itinéraires de principe de l'objectif n° 1. Et je vous assure que ce n'était pas une opération d'enlèvement. C'était une embuscade de type fellouze. J'avais entre vingt-quatre et trente camarades triés parmi les durs et j'avais donné l'ordre de « griller » tout le monde (…). Il y avait entre 90 et 120 grenades défensives distribuées en plus des armes automatiques. Vous imaginez un peu le travail ! Lorsque j'ai contacté le colonel, il a été effrayé. Il ne comprenait pas cette haine profonde que nous avions, nous, pour vous tous (...).

        Bastien était chargé de mission par le haut commandement rattaché au C.N.R. et cette mission, à mon sens trop humaine, était non pas de tout liquider mais de faire des prisonniers. Je dois dire que j'enrage encore en me remémorant notre petite sortie. Pensez donc, si au lieu de tenter de percer les pneus nos gars avaient flingué le pare-brise ! Pour des tireurs chevronnés, c'eût été un enfantillage. Quel gaspillage de compétence ! Bien entendu, Bastien ne voulait pas que nous tirions à tort et à travers (...). Sur ordre d'en haut, j’ai accepté d'essayer son truc deux ou trois fois. Hélas !... Comme vous le savez, les camarades de l'Estafette devaient arrêter la voiture du général et nous devions le transférer dans notre ID. Mais j'avais bien l'intention de désobéir car pour nous, Pieds-noirs, il y a fort longtemps qu'il est condamné et nous n'avons que faire de tout formalisme juridique. J'avais donc décidé, et sans le dire, de suivre ma petite idée. Le C.N.R. aurait toujours pu dire que j'étais un « groupe incontrôlé »… C’est d'ailleurs moi seul qui ai mitraillé le côté gauche de la voiture à la bonne hauteur. Et je dois à la vérité de dire que, malheureusement, j'ai eu un incident de tir — je n'ai pu tirer que huit balles de mon premier chargeur et j'ai dû le changer. Mais le convoi roulait à plus de cent kilomètres à I'heure (chapeau en passant pour le chauffeur. II n'a même pas oublié son clignotant pour s'engager vers l'aérodrome. Vous voudrez bien le féliciter et lui faire dire que je suis prêt à l'engager chez nous). Ce n'était vraiment pas de chance (...).

        J'étais gaulliste, de 1940 jusqu'en 1958. Mais moi aussi j'ai fini par comprendre. J’aurais pu, bien sûr, écrire un gros bouquin sur mes espoirs déçus. Mais dans mon pays, un cocu ne plaide pas, il tue (ou, hélas ! il essaie)... J’ai donc revendiqué de prendre cette mission que j'avais étudiée déjà sous diverses formes depuis janvier 1961. Je n'avais pas de titres et pas plus de galons, mais un vrai chef n'en a pas besoin.

        Il suffit qu'il soit là, présent, et qu'il fasse ce qu'il faut. J’étais le chef naturel, j'étais l’âme de ce groupe de braves. Je le dis simplement et sans forfanterie parce que je suis seul ou à peu près devant votre énorme appareil, Monsieur Bouvier. Peut-être un jour m'arrêterez-vous et, comme tout le monde, j'aurai très peur de mourir. Inch'Allah ! Je prierai et tâcherai d'être digne, au moins, de ce que je crois être.

        D'ailleurs, et n'en déplaise à Témoignage Chrétien, dois dire que déjà, dans les dernières minutes d'attente à Clamart, j'ai prié et prié avec ferveur, et vous me comprenez, vous, père Delarue. Mais Dieu n'a pas voulu (...).


        Mais nous recommencerons, écrit Georges Watin :

        Au nom des malheureux fauchés le 26 mars ;
        Au nom des victimes de Katz ;
        Au nom de nos harkis qu'ils ont cuits en d'ignobles bouillons ;
        Au nom de nos filles et de nos femmes violées;
        Au nom de nos soldats sodomisés ;
        Au nom des torturés ;
        Au nom des fusillés ;
        Au nom du pays perdu ;
        Des églises profanées ;
        Des tombes abandonnées ;
        De l'honneur oublié ;
        Au nom de la vraie France… de la vraie…
        Car la vôtre de France, c'est un pays malade. Mais, comme l’a dit Balzac : "Il est des maladies qui se soignent par le plomb."
Georges WATIN            


Commémoration
envoyé par M. Gérard VACKIER

     Bonjour à vous tous,
     A Bordeaux le vendredi 22 Mars prochain à 18h30 en l'Eglise Sainte Eulalie, aura lieu la Messe commémorative du Souvenir des Massacres de l'après 19 Mars 1962 à Alger, Oran, Constantine, Bone, etc... et je vous demande de bien vouloir communiquer à l'ensemble de vos adhérents et amis, cette information car depuis quelques années nous nous retrouvons une vingtaine, c'est une honte vu le nombre de Pieds Noirs et d'anciens Soldats concernés par ces évènements en Gironde.
     D'avance je vous remercie de ce coup de main
     Amicalement
Gérard VACKIER

Ils sont "raides fous" !
Envoyé par L'AGRIF

        Bernard Antony communique :

        Ça y est, voici que dans le sabbat idéologique LGBT-OGM socialo-taubiravagé et phobiphobe, les convulsionnaires du Palais Bourbon remettent ça contre la race dont, selon eux, en supprimant le mot on supprimera la réalité.

        J’écrivais l’an passé les lignes ci-après sur cette divagation hollandiste :

        « François Hollande supprimant la « race », oui, c’est vraiment pire encore qu’un manieur du déconomètre, c’est tout simplement un con.

        Après que sa proposition fiscale sur le barème des 75 % ait fait justement reprendre par François Bayrou une expression de Michel Audiard sur « le déconomètre fonctionnant à pleins tubes », François Hollande a sans doute encore voulu prouver qu’il était vraiment un très grand dans l’ordre de la connerie idéologique.

        Il a donc prévu s’il était élu de supprimer le mot « race » de l’article premier de la constitution. Sans doute pense-t-il ainsi dans une sorte de confuse crédulité kabbaliste abracadabratesque (abracadabra signifie en araméen : « il a créé comme il a parlé ») que si l’on peut créer en prononçant un mot, on peut décréer en le supprimant !

        Ainsi, plus de mot, plus de race ! Et le tour est joué.

        L’argument socialiste en faveur de cette éradication tient au fait qu’au nom de la race on aurait fait bien des mauvaises actions. Mais n’en a-t-on pas fait d’aussi vilaines au nom de la classe, de la nation, de la religion, et même au nom de la liberté et au nom de l’égalité aussi ?

        Bigre, que de mots alors à supprimer ! Mais si plus de race, alors plus de racisme, ni d’antiracisme, et comment alors parler de métissage (entre quoi ?) et de diversité ?

        Comme si le mot de race ne recouvrait pas simplement un déterminant parmi d’autres de la réalité humaine et justement de l’heureuse diversité de la nature humaine ?

        Alors va-t-il falloir dans la logique hollandiste expurger aussi le mot race de la Bible et du Talmud, des œuvres de Voltaire, et de Montesquieu, de Rousseau, de Taine et de Renan, de Marx et d’Engels, de Ferry, de Jaurès, de Clémenceau et de Blum, de Senghor et de Mandela.

        Du travail en perspective débord pour les penseurs de gauche qui devront montrer l’exemple de la culture idéologique politiquement correcte !

        Ensuite, dans la foulée, il faudra bien sûr expurger pour le moins cent mile penseurs et écrivains de tous pays et de toutes races ! Car tant que demeurera le mot dans quelque livre de quelque recoin de bibliothèque, le danger de réapparition de la réalité subsistera. Du travail donc, pour les manieurs de ciseau de l’intelligentsia de la gauche hollandiste.

        À vrai dire, résidait là un des secrets de Hollande, celui de la création nécessaire de cent mille postes d’épurateurs de bibliothèques et d’un million de surveillants de la pensée correcte.

        Même le président Mao, « ce phare de la pensée universelle » selon Mr Giscard d’Estaing, n’aurait pas imaginé cela !

        Mais que faire aussi pour le prochain salon de l’agriculture où l’on exalte, entre autres, les diverses races bovines, porcines, ovines, chevalines. Désormais, seul sera accepté le mot déjà assez usité de « filière » !

        Et comme on ne saurait, selon l’idéologie correcte, conserver plus longtemps la discrimination entre un pseudo « règne humain » et les autres règnes animaux, ne faudra-t-il pas appliquer également à l’animal « homme » ce vocable de « filière », peu discriminant ?

        On parlera ainsi de « filière latine » ou de « filières nordiques », voire même, aux limites de la nécessité idéologique, de filières blanches, jaunes ou noires. Pour l’instant, avec le camarade Hollande, "la filière de la connerie se porte bien ! »

        Oui, l’idéologie rend vraiment fou. Et si elle n’avait pas hélas conduit aux grandes exterminations génocidaires ou abortives dans la démence des idolâtries, de l’égalité ou de l’inégalité, de la nation, de l’État, de la race, de la classe, du sexe, on pourrait se contenter d’ironiser devant les phénomènes de la nouvelle hystérie révolutionnaire.

        Mais l’embêtant en période révolutionnaire, si on laisse faire, c’est que ce sont les fous qui enferment les sains d’esprit et les criminels qui condamnent à mort les innocents.


PHOTO D'HISTOIRE
Envoyée par Daniel

http://www.ecpad.fr/les-ecoles-del-kremis-de-bou-ighzer-et-la-section-administrative-specialisee-sas-de-pirette-en-kabylie>

        Les écoles d’El Kremis, de Bou Ighzer et la section administrative spécialisée (SAS) de Pirette, en Kabylie.
        Dans la cadre de la Pacification, la mission des militaires exerçant leur activité dans les Sections administratives spécialisées (SAS) consiste à gagner la confiance des populations.
        Pour ce faire, ils disposent de moyens financiers, administratifs, d’action et de protection. Les villages d’El Kremis, de Bou Ighzer et de Pirette ont érigé des écoles.
        Le capitaine Moreau, qui dirige la SAS de Pirette est confronté à des multiples tâches. Il écoute les doléances des femmes, fait distribuer du tissu, surveille la construction d’un bâtiment et visite le groupe de moghzen qui assure la protection de la SAS contre rémunération. A Bou Ighzer, le caïd Ben Amar et la harka posent devant l’objectif du photographe après une distribution de vivres à la population.
Photo ECPAD
Photo ECPAD
Photo ECPAD
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Nous sommes tous solidaires
de Francis Collomp !

Par M. Éric Wagner

        …et pour paraphraser ce qui se dit alors au sujet des américains après les attentats du 11 septembre 2001 à New York : " nous sommes tous F. Collomp "
        Si je ne prends la plume qu'à l'instant ce n'est pas parce que je serais resté indifférent au sort de notre compatriote concitoyen portois, c'est seulement que hors département depuis 1 mois, je n'ai pas pu écrire avant. Cela m'a laissé dès lors le temps de la réflexion.
        Mais écrire pour dire quoi qui ne relèverait que de banalités qui, en raison du drame vécu par F Collomp et sa famille, serait alors bien insuffisant.

        Alors :
        Dire que je suis spontanément, naturellement, solidaire de la souffrance de cette famille pour laquelle j'ai une grande compassion, et bien évidemment de la personne même de F Collomp que je ne connais pas mais qui en raison du drame vécu " est de ma famille ", comme le sont les autres otages français de par le monde ;
        Dire que je vais rejoindre le collectif qui s'est créé car pour celui-ci comme pour tous les autres otages (français ou non), également pour les victimes dont les noms sont vite oubliés (sauf des familles), le silence ne doit pas recouvrir le/les drames et le geste abjecte des ravisseurs, professionnels du terrorisme international qui sous couvert de religion dès lors pervertie s'attaquent à de ce qu'il y a de plus sacré, la dignité de l'Homme et par conséquent sa liberté. Nos voix unies doivent couvrir leurs actes de haine et s'exprimer intelligiblement, hautement, dignement, et fermement;
        Dire qu'au-delà du cas de cet homme nous touchant particulièrement parce qu'étant de notre ville dont l'on pouvait penser, à tort (car nul sanctuaire inviolable de la par le monde face à cette terreur), qu'elle serait à l'abri des tourments terroristes du monde, c'est à tous les otages français et à leurs familles, car solidaire de nos compatriotes, auxquels je pense aussi au moment où notre cité est touchée en son cœur ;
        Dire également ma compassion et ma solidarité à la famille de l'otage français assassiné en Somalie, Denis Allex ainsi qu'aux familles des 2 soldats venus pour le libérer et morts au cours de cette opération qui fut un échec. Ils font partie de ces hommes, très souvent anonymes, qui dans l'ombre assurent notre sécurité et à qui nous devons le plus grand respect, de l'estime, de la reconnaissance ;
        Dire, et donc répéter, ce que j'avais déjà eu l'occasion de dire lors de cérémonies en hommage aux victimes du terrorisme international à la date symbolique du 11 septembre au Tampon et à Saint-Paul les années passées devant un parterre de citoyens certes malheureusement peu nombreux qui nous avait honoré de leur présence : " par ce que nous sommes et que nous sommes censés représenter, où que nous soyons, nous sommes les victimes potentielles de ces barbares, ne le perdons pas de vue. Il en fut ainsi hier, il en est aujourd'hui comme il en sera demain ! ". La paix est une notion très relative, pas partagée par tous sur la planisphère, certainement pas de manière égalitaire…Toutefois toujours fragile, incertaine, elle exige que l'on s'implique pour elle, donc pour nous, et que l'on soit exigeant quant à la haute responsabilité par chacun que cela nécessite. Car s'il en est de la responsabilité de l'Etat, cela ne nous exonère nullement de celle de chaque citoyen que nous sommes.

        Il ne fallait pas être devin pour entrevoir ce danger, mais mon rôle au sein du Mouvement pour la Paix et Contre le Terrorisme -MPCT (www. mpctasso.org) - que je représente à la Réunion, me permettait plus sûrement de le percevoir tout en craignant chaque jour qu'il en soit malheureusement ainsi….et la Réunion fut touchée à son tour de la sorte en la personne de F.Collomp car le terrorisme islamiste étend son voile de terreur chaque jour. Les faits sont innombrables quotidiennement de par le monde.
        Et oui, il n'est pas chose aisée que de " prêcher " parfois dans un relatif désert comme sont beaucoup à le faire en voulant, consciencieusement, alerter leurs concitoyens ! Car parler de ces dérangeantes "choses là", le terrorisme planétaire essentiellement islamiste et ses funestes conséquences, c'est nous obliger à sortir de notre quotidien, pas forcément rose, et à voir le monde actuel tel qu'il est. C'est à dire de plus en plus fréquemment, violent, cruel, troublant, et donc, dès lors sortir nous obliger à sortir de notre relatif confort pour lutter contre ces dérives dont le terrorisme est une des hydres immondes. Pour le vaincre quel que soit le temps que cela prendra (certainement longtemps) ! Car si nous savons le poids des maux nous savons aussi celui des mots qui finalement brisent les chaînes de toutes les oppressions, de toutes les tyrannies, même si cela demande du temps, des sacrifices. Mais l'Homme en sort grandi et conquiert sa liberté.
        Mais " sortir " pour faire quoi qui ne soit pas qu'un feu de paille et qui soit utile à ceux qui souffrent, les otages et leurs familles, également les proches de victimes du terrorisme qu'il ne faut pas une fois l'émotion passée, allant " à autre chose ", oublier dans une actualité zapping pouvant parvenir à anesthésier ou émousser notre volonté?
        Tout d'abord leur exprimer, tous, notre absolue solidarité car cela est la marque de respect la plus élémentaire leur étant due et à laquelle nous devrions satisfaire indéfectiblement.
        Ensuite, à la face du monde et à celle hideuse des terroristes de quelques crins et poils qu'ils soient, défendre pied à pied, sans faillir, la Valeur Universelle des Droits de l'Homme dont la France est la Mère porteuse originelle, dans le respect et la défense de nos valeurs démocratiques et républicaines dont nous sommes héritiers et dépositaires, servant de phare à beaucoup de ceux qui par le monde souffrent de la tyrannie, sont en luttes. Nous avons donc le devoir de défendre ces valeurs afin de promouvoir la paix en porte - voix, dès lors, de ceux qui sont sous le joug.

        Enfin, nous avons un devoir de vigilance (elle n'incombe pas qu'à l'Etat à qui il serait faussement aisé de transférer notre responsabilité. L'Etat c 'est nous !) au sein de notre société pour qu'elle demeure un centre de concorde et de tolérance au sein de laquelle ces hydres terroristes ne doivent en aucun cas faire des émules comme l'actualité récente en France nous a apporté la " démonstration ". Nous pouvons appeler cela résistance car il ne faut pas se voiler la face, c'est bien une guerre qui cache de moins en moins son nom que l'on nous déclare de la sorte (et cela fait en réalité plusieurs décennies que cela a débuté même si notre mémoire nous fait défaut). Guerre à laquelle nous devons résister forts de la croyance absolue en nos valeurs universelles… et vaincre par la force du levier de nos traditions démocratiques et républicaines qui sont nos solides fondations. Egalement traditions spirituelles en ce sens où dans notre pays celles-ci sont à la fois laïques et d'essence religieuse, dans un espace de séparation des pouvoirs temporels et spirituels, issues de longs siècles de débats philosophiques, sociétaux, de luttes…ce dont nous sommes les héritiers et que nous avons le devoir de promouvoir, de défendre, de transmettre et de léguer. Quel que soit la place que l'on occupe au sein de notre société et ce dans nos villes, dans nos quartiers, dans nos cages d'escaliers, bien sûr dans nos foyers. Il en va de nos responsabilités.
        Nous sommes donc tous des F Collomp

        Eric Wagner, représentant Réunion du Mouvement pour la Paix et Contre le Terrorisme, le Port.


LA MINUTE QUI DÉRANGE
Envoyé par M. Henri Blanc

            Méditez la dessus MESDAMES,MESSIEURS, vous qui voulez transformer la France en changeant ce qu'il y a de plus beau au monde.....

            Un père, une mère et des enfants vivant sous le même toit...............

            - Dis, papa, pourquoi j’ai deux papas ?
            - Dis, papa, c’est qui mon papa ?
            - C'est moi, mon chéri.
            - Mais alors, pourquoi j’ai deux papas ?
            - Parce que ton papa aime ton deuxième papa, et que tes deux papas s’aiment tellement qu’ils se sont mariés, pour pouvoir t’élever ensemble.
            - Mais pourquoi tu me dis que c’est toi mon papa ? Mon second papa, c’est pas mon papa ?
            - Si, mon chéri, c’est ton papa, comme moi.
            - Mais tous mes copains, à l’école, ils ont qu’un papa !
            - Ton second papa, c’est ton papa, qui t’aime autant que moi, mais moi je suis celui qui t’a conçu.
            - Ça veut dire quoi «conçu» ?
            - Ça veut dire que ton papa a déposé dans le ventre d’une dame la petite graine qu’il porte en lui, et c’est comme ça qu’il t’a eu.
            - ? !
            - C’est très difficile à comprendre quand on est petit, tu sais, mais bientôt on te l’apprendra à l’école, et tu verras alors que c’est simple.
            - Dis-moi, papa, c’est qui cette dame ?
            - Cette dame, c’est celle qui t’a mis au monde. C’est comme ça que tu es né.
            - C’est ça qu’on appelle une maman ?
            - Oui, mon chéri.
            - Mais alors c’est ma maman !
            - Oui, mon chéri.
            - Et pourquoi elle est pas avec moi, ma maman ? Elle m’aime pas ? Tu m’as dit que les parents qui aiment leurs enfants sont toujours avec eux, qu’ils les abandonnent jamais, même quand ils vont travailler. Elle m’a abandonné ma maman ? Elle travaille tout le temps ?
            - Tu sais, mon chéri, on peut aimer quelqu'un même quand on n’est pas avec lui.
            - Ça veut dire que tu aimes ma maman ? Mais alors pourquoi tu es jamais avec elle ? Tu es bien tous les jours avec mon deuxième papa, que tu aimes ? Peut-être que tu l’aimes pour de faux, ma maman, mais moi je l’aime pour de vrai parce que c’est ma maman.
             …
            - Je pourrais voir une photo d’elle pour voir comment elle est ? J’aimerais la connaître ma maman. A l’école, j’ai plein de copains qui ont tous une maman. A la sortie, moi je les regarde les mamans : elles sont jolies, tu sais. La mienne aussi doit être jolie… J’aimerais tant qu’elle vienne me chercher ! Tu sais quoi, papa ? j’aimerais être comme mon ami Paul : il a une vraie maman, et aussi un papa ! Il a de la chance, lui, tu crois pas ? Même que Brigitte, ma copine de classe, elle m’a dit la même chose que pour Paul, parce qu’elle aussi elle a deux mamans, et qu’elle voudrait connaître son papa. Elle m’a même dit qu’on lui avait dit que pour avoir un enfant il faut un papa et une maman. Même toi tu me l’as dit. Alors, tu vois, c’est pour ça que moi je comprends pas pourquoi j’ai deux papas ! Je trouve que c’est pas juste, parce que moi, je l’aime ma maman, même si elle est pas avec moi....................


Soutien à Jean Leonetti, maire d’Antibes :
il refuse de supprimer le porc dans les écoles


Envoyé par Gilles M.

http://www.dreuz.info/2013/01/soutien-a-jean-leonetti-maire-dantibes-il-refuse-de-supprimer-le-porc-dans-les-ecoles/

25 janvier 2013
http://www.dreuz.info

       Des parents d’élèves musulmans demandent la suppression de la viande de porc dans les cantines des écoles d’Antibes. Le maire a totalement refusé, et la mairie a envoyé une note à tous les parents pour s’en expliquer.
       Pour que les musulmans comprennent qu’ils doivent s’adapter à la France, à ses coutumes, à ses traditions, à son mode de vie, puisque c’est là qu’ils ont choisi d’immigrer,
       Pour qu’ils comprennent qu’ils doivent s’intégrer et apprendre à bien vivre en France,
       Pour qu’ils comprennent que c’est à eux de modifier leur mode de vie, et non aux français qui les ont généreusement accueillis,
       Qu’ils comprennent que les français ne sont ni xénophobes ni racistes, qu’ils ont accepté de nombreux immigrés avant les musulmans, (alors que l’inverse n’est pas vrai : les musulmans n’acceptent pas volontiers les étrangers non musulmans sur leur sol),
       Que pas plus que les autres peuples, les français ne sont prêts à renoncer à leur identité, à leur culture, malgré les coups bas des européistes et des internationalistes,
       Que si la France est une terre d’accueil, ce n’est pas Aurélie Filippetti et la gauche bobo qui accueillit les étrangers, mais le peuple français dans son ensemble,
       Pour qu’ils comprennent, donc, qu’en France, avec – et non malgré – ses racines judéo-chrétiennes, ses sapins de noël, ses églises, et ses fêtes religieuses, la religion doit rester dans le domaine privé, pour tout cela je pense que la mairie a eu raison de refuser toute concession à l’islam et à la charia qui interdit de consommer du porc.

       Aux musulmans que la laïcité dérange et qui ne se sentent pas bien en France, je rappelle qu’il existe 57 magnifiques pays musulmans dans le monde, la plupart sous-habités, et prêts à les recevoir les bras halal ouverts dans le respect de la charia. On y parle leur langue, les mosquées ne sont pas à construire, et elles sont en nombre suffisant ; les musulmans n’y sont pas discriminés, personne ne fait l’amalgame entre le terrorisme et l’islam, il n’y a pas d’islamophobie ; le port de la burqa n’étant pas interdit, la femme musulmane peut s’épanouir totalement, les mœurs occidentaux n’ont pas corrompu la société, et les hommes ne sont pas tentés par la vue de femmes pervertes aux tenues immodestes. Aucune église, aucune croix, aucun sapin, aucune fête chrétienne ne viendra les choquer. Et la nourriture est halal.
       Si vous avez quitté vos pays pour la France et non pour d’autres pays musulmans, c’est que vous avez considéré que la vie est meilleure en France qu’ailleurs. Posez-vous la question, juste une fois : pourquoi est-ce mieux en France que de là où vous venez ? La cantine avec du porc fait partie de la réponse.

       Envoyez vos messages de soutien sur le compte tweeter de la mairie pour qu’ils fassent le buzz : https://twitter.com/antibes_jlp

       Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info



Robert CARPENTIER
Auteur, Compositeur, Interprête
Mon album sort le 5 février, merci de cliquer sur la photo pour voit ma nouvelle vidéo remixée de "Ma Ville Banche". Robert Carpentier.

Pour me contacter :   
    robertcarpentier@orange.fr

Quand on aime sa femme,
on la laisse faire !
Envoyé par Charles
        

       Un matin d'hiver un couple écoute la radio avant de se lever ils entendent :
       - "Nous annonçons 10 cm de neige aujourd'hui alors veuillez mettre vos voitures du côté pair de la rue pour le déneigement !"
       La femme se lève, s'habille précipitamment et va placer l'auto du côté pair.

       Le lendemain, ils écoutent encore la radio qui dit :
       - "Nous annonçons 15cm de neige aujourd'hui alors veuillez mettre vos voitures du côté impair de la rue pour le déneigement !"
       La femme se lève, se dépêche et va placer l'auto du côté impair.

       Le surlendemain, ils écoutent encore la radio :
       - "Nous annonçons 30 cm de neige aujourd'hui alors veuillez mettre vos voitures " krrrrrrrrhhhrrrrrrr........ "
       Et une panne d'électricité interrompt l'émission.
       La femme perplexe regarde son mari et lui dit :
       - "Qu'est-ce que je vais faire, il n'a pas dit de quel côté mettre l'auto
       ?"

       L'homme la regarde et lui dit alors, avec beaucoup de compassion...Mais alors avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de compassion .
       - "Pourquoi tu ne la laisserais pas dans le garage aujourd'hui ? "



LIVRE D'OR de 1914-1918
des BÔNOIS et ALENTOURS

Par J.C. Stella et J.P. Bartolini


             Tous les morts de 1914-1918 enregistrés sur le Département de Bône méritaient un hommage qui nous avait été demandé et avec Jean Claude Stella nous l'avons mis en oeuvre.
             Jean Claude a effectué toutes les recherches et il continu. J'ai crée les pages necessaires pour les villes ci-dessouset je viens d'ajouter Kellermann et Mileesimo, des pages qui seront complétées plus tard par les tous actes d'état civil que nous pourrons obtenir.
             Vous, Lecteurs et Amis, vous pouvez nous aider. En effet, vous verrez que quelques fiches sont agrémentées de photos, et si par hasard vous avez des photos de ces morts ou de leurs tombes, nous serions heureux de pouvoir les insérer.
             De même si vous habitez près de Nécropoles où sont enterrés nos morts et si vous avez la possibilité de vous y rendre pour photographier des tombes concernées ou des ossuaires, nous vous en serons très reconnaissant.
             Ce travail fait pour Bône, Aïn-Mokra, Bugeaud, Duvivier, Duzerville, Herbillon, Kellermann, Milesimo, Mondovi, Morris, Nechmeya, Penthièvre, Randon, va être fait pour d'autres communes de la région de Bône.

POUR VISITER le "LIVRE D'OR des BÔNOIS de 1914-1918" et ceux des villages alentours :
CLIQUER sur ces adresses : Pour Bône:
http://www.livredor-bonois.net
Pour Aïn-Mokra
http://www.livredor-bonois.net/ain-mokra/ainmokra1418-liste.html
Pour Bugeaud
http://www.livredor-bonois.net/bugeaud/bugeaud1418-liste.html
Pour Duvivier
http://www.livredor-bonois.net/duvivier/duvivier1418-liste.html
Pour Duzerville
http://www.livredor-bonois.net/duzerville/duzerville1418-liste.html
Pour Herbillon
http://www.livredor-bonois.net/herbillon/herbillon1418-liste.html
Pour Kellermann
http://www.livredor-bonois.net/kellermann/kellermann1418-liste.html
Pour Milesimo
http://www.livredor-bonois.net/milesimo/milesimo1418-liste.html
Pour Mondovi
http://www.livredor-bonois.net/mondovi/mondovi1418-liste.html
Pour Morris
http://www.livredor-bonois.net/morris/morris1418-liste.html
Pour Nechmeya
http://www.livredor-bonois.net/nechmeya/nechmeya1418-liste.html
Pour Penthievre
http://www.livredor-bonois.net/penthievre/penthievre1418-liste.html
Pour Randon
http://www.livredor-bonois.net/randon/randon1418-liste.html

             Le site officiel de l'Etat a été d'une très grande utilité et nous en remercions ceux qui l'entretiennent ainsi que le ministère des Anciens Combattants qui m'a octroyé la licence parce que le site est à but non lucratif et n'est lié à aucun organisme lucratif, seule la mémoire compte :  
                         J.C. Stella et J.P.Bartolini.
 

NOUVELLES de LÁ-BAS
Envoyées d'Algérie
Pour se sacrifier
Envoyé par Pierre
http://www.liberte-algerie.com/radar/les-djihadistes-du-mali-se-shootent-a-la-ketamine-pour-se-sacrifier-194823
Liberté Radar : Jeudi, 21 Février 2013 09:50
          Par : Rédaction

           Les djihadistes du Mali se shootent à la kétamine

           Découverte édifiante dans un local du Mujao à Gao, dans le Nord-Mali : des stocks de seringues et des cartons de kétamine, un puissant anesthésiant pour grands animaux ! Voilà comment les maîtres à penser de l’islamisme radical et violent obtiennent de leurs combattants le sacrifice de soi et la rage aveugle dans des confrontations vraiment asymétriques. Voici ce qui explique aussi ces témoignages hallucinants de soldats français, tchadiens et maliens : des kamikazes qui continuent d'avancer malgré leurs déluges de tirs, pour faire sauter leurs ceintures d'explosifs au plus près des militaires. Le terroriste continuait d’avancer, “ses intestins sortants”. Les djihadistes n'ont pas que l'idéologie pour moteur, nous le savions. Ils carburent à la drogue, une pratique rapportée d’Afghanistan, cette école de la terreur et des horreurs islamistes.

           NDLR: Eternel retour des faits...Le Ketalar a remplacé le haschich qu'une secte d'Ismaéliens utilisa en Perse, pour fomenter son premier assassinat en 1092 et faire régner la terreur durant 150 ans. La domination des Hachischin fut éradiquée par l'invasion mongole en 1258 qui les massacra impitoyablement dans toute l'Asie.


Alors que trois bombes ont été désamorcées à Sidi Bel-Abbès
Une femme blessée dans un attentat terroriste à Thénia
Envoyé par Pierre   
algerie-flashinfo.com
Par : Rédaction Nationale 19 Février 2013 09:50
http://algerie-flashinfo.com/post/4758096/Alors-que-trois-bombes-ont-ete-desamorcees-a-Sidi-Bel-Abbes-Une-femme-blessee-dans-un-attentat-terroriste-a-Thenia.html


         Une femme a perdu une jambe suite à l’explosion d’une bombe, avant-hier, sur les hauteurs de Thénia, a-t-on appris de sources hospitalières. La victime, âgée d’une cinquantaine d’années, faisait la cueillette des olives dans la localité de Beni Aoud, lorsqu’elle a été surprise par l’explosion d’une mine artisanale enfouie sous terre. Transportée à l’hôpital de Thénia, elle sera amputée d’une jambe, mais ses jours ne sont pas en danger, ajoutent nos sources.

         C’est la troisième fois, en l’espace de deux mois, que des citoyens innocents sautent sur des engins explosifs des groupes armés de l’ex-GSPC. En décembre, ce sont deux autres femmes qui ont été blessées grièvement dans les maquis de Boumerdès. Par ailleurs, une bombe artisanale et deux grenades ont été récupérées, avant-hier, au niveau de l’APC de Sidi-Ali-Benyoub, à 25 km au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Sidi Bel-Abbès, par les services de la sûreté de daïra. C’est à l’issue de la passation de consignes que le nouveau maire a alerté les services de police au sujet de la présence de ces engins explosifs dans une armoire de son bureau. Aussitôt arrivés sur les lieux, les policiers les ont désamorcés. Selon une source sécuritaire, ces explosifs ont été découverts durant les années 1990, lors d’une opération de ratissage dans le massif forestier de la région de l’ex-Chanzy et ont été déposés dans une armoire par le maire de l’époque.
         B. A./M. T.

         NDLR: Quand ces jambes arrachées sont l'oeuvre des Djemila FLN, c'est très bien... c'est héroîque. Mais quand il s'agit de malheureuses cueilleuses d'olives, c'est du terrorisme. Mais notre Benjamin trotskiste va vous expliquer cela mieux que moi.


Réhabilitation des écoles primaires à Annaba
Envoyé par Cyrille
http://fr.allafrica.com/stories/201302130514.html 

Allafrica.com et El Watan
           Par : Mohamed Rahmani, 12 Février 2013

           L'état déplorable dans lequel se trouvent les quelque 80 écoles primaires de la commune d'Annaba a été examiné récemment par l'assemblée populaire communale pour prendre en charge, dans un premier temps, les cas les plus urgents avant de programmer des interventions au niveau des autres établissements.
           Ainsi, la réunion tenue il y a une dizaine de jours en présence du président d'APC, du président de la commission d'éducation au niveau de l'APW, le directeur de l'éducation de la wilaya et de l'ensemble des chefs d'établissements, a donné lieu à un diagnostic de la situation dans toutes les écoles primaires dont certaines datent de la colonisation.
           Le vice-président d'APC en charge de la commission des travaux et de l'aménagement, M. Tayeb Sahtouri, a établi une fiche technique des besoins de chaque établissement qui a été présentée à l'assemblée qui a décidé d'octroyer des crédits sur le budget supplémentaire de 2012.
           Une enveloppe globale de 75 millions de dinars a été dégagée pour la réhabilitation, l'entretien et l'acquisition d'équipements de chauffage pour 74 écoles sur les 80 concernées.
           Les priorités fixées ont trait aux travaux d'étanchéité et aux réparations urgentes qui doivent se faire dans l'urgence pour que les enfants scolarisés puissent suivre leurs cours dans les meilleures conditions.
           D'un autre côté, l'école Ibn Badis située sur la rue éponyme à la Colonne, établissement qui tombe en ruines et dont l'entrée s'est effondrée récemment, amenant la direction de l'éducation à la fermer et à transférer les élèves dans un autre établissement proche.
           Cette opération a été totalement prise en charge par la Dlep qui a affecté 20 millions de dinars pour les travaux de réhabilitation et d'aménagement.5 millions de dinars ont été consacrés à l'acquisition d'équipements de chauffage qui remplaceront les anciens, défectueux et devenus dangereux.
           Selon M. Sahtouri, d'ici quelques jours tous les établissements concernés seront dotés de ces équipements et les enfants retrouveront avec plaisir leurs classes chauffées et avec des équipements pédagogiques adaptés.
           Cette initiative que M. Farid Merabet, président de l'APC d'Annaba a prise a été saluée par l'ensemble des intervenants du secteur de l'éducation, ainsi que les parents d'élèves car il fallait prendre au plus vite ces mesures avant que la situation ne se dégrade encore plus et là il aurait été difficile de tout prendre en charge en même temps.
           «Ce sont nos enfants qui sont scolarisés dans ces écoles, il nous fallait intervenir et convaincre tous les élus pour que ces décisions voient le jour.
           Cela ne s'arrêtera pas là, car nous considérons que le secteur de l'éducation est stratégique, l'avenir du pays commence dans ces écoles primaires et donc la prise en charge de ces établissements s'impose d'elle-même», nous a déclaré le président d'APC d'Annaba


Risque terroriste
Envoyé par François
http://www.tsa-algerie.com/diplomatie/sur-le-site-du-quai-d-orsay-l-algerie-dans-la-meme-zone-rouge-que-des-etats-africains_23872.html  

[tsa-algerie.com - 22-02-2013]
           Par : Samir Allam

           Sur le site du Quai d’Orsay, l’Algérie dans la même "zone rouge" que des Etats africains défaillants

           La modification a été apportée il y a quelques jours sur le site internet du Quai d’Orsay, après le début de la guerre au Mali et l’attaque d’In Amenas. Elle est passée inaperçue avant d’être dévoilée, ce vendredi 22 février, par le journal Le Monde. Une grande partie de l’Algérie est formellement déconseillée aux voyageurs français.

           Sur son site internet, le Quai d’Orsay, écrit : « jusqu’à nouvel ordre, tout déplacement est formellement déconseillé à nos ressortissants au sud et au centre de l’Algérie, dans la zone rouge définie par ce site (cf. carte dans la rubrique Sécurité). Dans le reste du pays, il est rappelé que les déplacements sont déconseillés sauf raison impérative ». « Tous les ressortissants français voyageant en Algérie sont appelés à se signaler au Consulat général de France compétent (Alger, Oran ou Annaba). Ce signalement peut s’accomplir sans formalité par Internet : http://alger.ambafrance-dz.org/Francais-de-passage-faites-vous », ajoute le ministère français des Affaires étrangères.

           Sur le site du Quai d’Orsay, une grande partie de l’Algérie est située dans la même zone rouge que des États africains défaillants : le Mali, la Mauritanie, la Libye, le Tchad, la République centrafricaine, etc. Des États incapables de contrôler la totalité ou une partie de leur territoire. L’Algérie ne figure pas sur la liste des dix-huit États africains contrôlant intégralement leur territoire. Ces derniers bénéficient de la mention « vigilance normale » sur l'ensemble de leur superficie, selon le Quai d’Orsay.

           Certes, la carte française contient des approximations et des généralités : classer Ghardaïa ou Timimoune dans une zone dangereuse dénote une méconnaissance de la situation sur le terrain ou une volonté de simplification des choses. Mais cette carte interpelle : depuis maintenant une dizaine d’années, l’Algérie dépense sans compter pour s’équiper en armes. Notre pays figure dans le « top 10 » des acheteurs d’armes. Selon l'Institut international de recherche de Stockholm pour la paix (Sipri), l'Algérie est le huitième acheteur d'armes au monde sur la période 2006-2010. Sur cette période, l'Algérie a acheté 3 % des armes conventionnelles vendues dans le monde, à égalité avec les États-Unis et l'Australie. Le premier acheteur mondial d'armes est l'Inde (9 %).

           Comment avec un tel arsenal et une expérience de 20 ans dans la lutte contre les groupes terroristes, l’Algérie n’arrive pas à contrôler une vaste partie de son territoire ?

           Lire sur TSA : L'Algérie dans le top 10 des acheteurs d'armes dans le monde


MESSAGES
S.V.P., Lorsqu'une réponse aux messages ci-dessous peut, être susceptible de profiter à la Communauté, n'hésitez pas à informer le site. Merci d'avance, J.P. Bartolini

Notre Ami Jean Louis Ventura créateur d'un autre site de Bône a créé une rubrique d'ANNONCES et d'AVIS de RECHERCHE qui est liée avec les numéros de la Seybouse.
Pour prendre connaissance de cette rubrique,
cliquez ICI pour d'autres messages.
sur le site de notre Ami Jean Louis Ventura

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De M. PRIETO Laurent
       Bonjour
       Je recherche M. Pisani Maximilien qui serait né en 1941/1942 à Bône et qui a fait une partie de son service militaire avec moi en 61/62.
       Si quelqu'un a une information, d'avance je le remercie de me faire parvenir un message à l'adresse ci-dessous.
       M. Laurent Prieto
Mon adresse : prielaur@free.fr

De M. Jacky FERRER
       Bonjour.
       Pouvez vous m'aider à remettre de l'ordre dans mes souvenirs. Je ne suis pas Bonois, mais j'ai "séjourné quelques mois plage Chapuis, Villa ALBAN, non loin des Cigogneaux. C'etait en 1960. Les propriétaires de cette grande maison avaient été les derniers manufacturiers de tabac et d'allumettes, disait-on alors.
       Elle disposait d'un grand jardin avec de grands palmiers sur lesquels les nuits d'été de gros rats venaient se balader et manger les fruits secs dans ce jardin peu ordonné il y avait quelques sarcophages romains en partie deteriorés. Un petit portail ouvrait sur la route qui bordait la plage et chaque matin jusqu'en septembre 1960 j'allais m'y baigner.
       Savez-vous s'il reste quelque chose de cette propriété.
       Enfin que pouriez-vous me dire du quartier de l'Elisa? J'y ai connu les membres d'une famille du nom de CHOQUET?
       Merci mille fois
Mon adresse : jacky.ferrer@aliceadsl.fr

De M. Pierre Jarrige

Chers Amis
Voici les derniers Diaporamas sur les Aéronefs d'Algérie. A vous de les faire connaître.
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Pierre Jarrige
Site Web:http://www.aviation-algerie.com/
Mon adresse : jarrige31@orange.fr

DIVERS LIENS VERS LES SITES

M. Gilles Martinez et son site de GUELMA vous annoncent la mise à jour du site au 1er Mars 2013.
Son adresse: http://www.piednoir.net/guelma
Nous vous invitons à visiter la mise à jour.
Le Guelmois, guelma-collectif@orange.fr
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Des carottes et des poireaux...
Envoyé par Eliane
Deux petites vieilles se croisent dans la rue > - Comment vas-tu Marguerite ?

        - Oh ! Je n’ai pas le moral… Je viens de perdre mon mari !
        - Ah bon ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
        - Je l’ai envoyé dans le jardin chercher des carottes et des poireaux pour faire la soupe. Il a été pris d’un malaise. J’ai appelé les secours, quand ils sont arrivés, il était déjà mort. Une crise cardiaque…
        - Qu’est-ce que tu as fait alors ?
        - Des pâtes… !


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