LES COLONIALISTES
par M. Jean CIANFARANI
(ACEP-Ensemble N°237 - Avril 2003)

A tous les Métropolitains qui voyaient en nous d'affreux colonialistes couverts de l'or provenant de la sueur des burnous, je dédie ce poème de notre regretté collègue Jean Cianfarani, écrit en 1963 à Rivesaltes (décédé à l'âge de 43 ans)

Les Colonialistes

Voilà un an déjà, sur les quais de Port-Vendres,
je regardais songeur, des larmes plein les yeux,
Un bateau accoster ... et j'en ai vu descendre
De gros capitalistes, des jeunes et des vieux...
Les Comités d'accueil étaient déjà en place
C'est grand, c'est généreux, je le savais, la France
La Croix-Rouge, était là ... d'officiels pas de trace,
A part les CRS, mais sans armes, nuance...
Il y avait aussi, pour accueillir ces hères,
Le Secours Catholique, une OEuvre d'Israël,
Mais j'ai cherché en vain d'un fameux Ministère,
Quelque représentant ... Incroyable et réel !
je les ai vus descendre du bateau de l'exil,
Ces gros capitalistes ... avec pour tout bagage
Qui, un vieux chat pelé, qui une vieille cage,
Et les plus fortunés un tourne-disque à piles
je les ai vus descendre comme un troupeau vendu
je les ai vus parqués, dans les halls, sur les quais.
je les ai vus pleurant, certains à moitié nus,
Ces gros capitalistes... dont on a tant parlé


Jean et Edmond Darré, descendants des colons qui défrichèrent ce pays inculte, préparent devant leur maison à Aïn Tagrout (Sétif) la moissonneuse-batteuse pour une dure journée de travail sous un soleil de plomb (photo de l'ouvrage "Les Hauts Plateaux Sétifiens".