DEVOIR DE MEMOIRE
INAUGURATION DE LA STELE DES FUSILLES
LE 6 DECEMBRE 2003
PAR LE CERCLE ALGERIANISTE DU BITERROIS
Par Maurice Villard et Jean Pierre Bartolini

Le Cercle Algérianiste du Biterrois a organisé une cérémonie pour l'inauguration d'un marbre, apposé au Mémorial édifié au cimetière Neuf à la mémoire des morts de l'Afrique du Nord Française, avec l'effigie de:

Jean Bastien THIRY - Roger DEGUELDRE -
Albert DOVECAR et Claude PIEGTS

Ce sont environ 400 personnes qui, le samedi 6 décembre, se pressent au cimetière neuf, précédées des 8 drapeaux de nos Associations dont celui de l'ADIMAD, et des principaux Délégués Nationaux et Présidents de nos Associations, afin de rendre hommage à leur sacrifice.
Elles remontent lentement la longue allée centrale pour se presser au pied du Mémorial.


Aprés la mise en ordre des porte-drapeaux et du rassemblement du public en demi cercle face à la Stèle, M. Maurice Villard, dans un silence religieux, dévoile la Plaque du Souvenir.

Il est nécessaire de signaler que Monsieur le Maire de Béziers avait refusé la demande faite de pavoiser ainsi que l'autorisation de l'installation d'une sonorisation particulière, car ce n'était pas une cérémonie officielle.

"Le Président du Cercle, Maurice Villard, dans une allocution pleine d'émotion qu'il a du mal à terminer sans verser des larmes, déclare alors :

      Messieurs les Délégués des Associations Nationales, Messieurs les Présidents, Mesdames, Messieurs, chers Compatriotes,

      C'est une très grande satisfaction de nous compter aussi nombreux aujourd'hui, le ciel nous est clément, nous sommes réunis afin d'honorer la mémoire de nos morts et disparus, c'est là un impérieux devoir.
      Tout d'abord, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui nous ont permis d'organiser cette si belle réalisation en mémoire des quatre martyrs qui sont allés jusqu'au bout de leur combat, faisant par avance le sacrifice suprême de leur vie.

      Mais aussi de tous ceux connus ou inconnus, victimes des bourreaux du régime Gaullien, abattus par les Barbouzes, les polices parallèles, les tueurs du F.L.N. Le sang des nôtres, lors de ces dernières années si cruelles de notre Algérie Française, a été versé en vain, car il y 'avait le plan diabolique du sinistre de Gaulle et de sa clique, trahissant, reniant sa parole, abandonnant lâchement le peuple Pieds Noirs et les Harkis, larguant ces départements français mais aussi le Sahara et ses richesses, aux tueurs du F.L.N.
      Je tiens également à remercier les 8 porteurs de drapeaux de nos Associations d'anciens combattants dont celui de l'ADIMAD. lis sont le symbole de notre reconnaissance à tous nos morts civils ou militaires.


Ce marbre que nous venons de dévoiler avec les effigies de nos quatre martyrs est et, restera pour les générations futures, le symbole du sacrifice de tous les nôtres sur notre terre française d'Algérie.
Nous pensons à eux, figures emblématiques de notre combat pour garder l'Algérie à la France, condamnés lors de procès iniques, par des juges aux ordres du pouvoir politique, alors qu'ils ne faisaient que défendre l'intégrité du territoire français.

Je ne vais pas vous donner connaissance du message de M. Mekachéra, mais celui de l'ardent défenseur de l'Algérie Française Le Colonel Antoine Argoud, afin de comprendre l'engagement, le combat, le sacrifice de tous ceux qui avec l'OAS, les derniers et authentiques défenseurs de l'Algérie Française qui avaient donné leur parole d'honneur, juré sur les tombes de tous ceux morts pour cette lutte, de la défendre jusqu'au bout de leurs forces.
Le colonel Antoine Argoud avait déclaré :

       " Nous avons un serment de fidélité au drapeau. Ce drapeau symbolise la patrie, avec son territoire, son régime, ses institutions. Mais le Président de la République, qui est le garant du territoire National, viole son serment de Chef de l'Etat, Il trahit le serment qu'il a prêté spontanément à Mostaganem, le 4 juin 1958. Que cette trahison soit volontaire, délibérée, elle mène à l'amputation du territoire National. Nous voilà donc du même coup, délié de notre engagement à l'égard de Gaulle, Président de la République. Dans l'affaire algérienne, nous sommes aussi concernés comme hommes. Nous nous sommes formellement engagés à maintenir l'Algérie dans le près carré français. Nous avons engagé la France à travers notre personne vis à vis de milliers de musulmans que notre seule parole a déterminée à combattre à nos côtés. De Gaulle ne peut nous contraindre à adjurer notre serment, de Gaulle moins que tous les autres qui avait affirmé l'existence de principes supérieurs, aux règles de l'obéissance militaire. En bref, si je m'engage dans cette aventure, c'est bien pour garder l'Algérie à la France, mais c'est aussi, et, surtout, pour des motifs de philosophie politique, de morale tout court "

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Puis c'est l'appel aux morts

       Le 7 juin 1962, le sergent chef Albert DOVECAR de la légion étrangère, fusillé au trou de l'enfer, qui à l'audience, déclarait à la Légion j'ai trouvé tout ce qui me manquait dans la vie civile une : maison, des camarades. Mais la maison est détruite et les camarades sont morts.

       Le 6 juillet 1962, le Lt Roger DEGUELDRE, Officier au 1 er R.E.P, est fusillé au fort d'Evry.
       Refusant de s'écarter du chemin de l'honneur, déclarant avant sa mort à l'adresse des Français d'Algérie si je ne suis pas de votre race, ni né sur votre sol, je vous ai beaucoup aimé et vous aime encore.

       6 juillet 1962, à l'aurore, Roger Degueldre, face au peloton d'exécution chante la marseillaise. Il est 3 h.56, une salve, puis un second coup de grâce claque, Roger Degueldre est frappé de plein fouet, il tient un petit drapeau tricolore dans sa main. Le sang inonde sa tenue léopard, il n'est pas mort, il émet des plaintes. Un colonel déclare ce ne sont là que les spasmes de l'agonie. Me Tixier Vignancourt et Me Denise Macaigne ainsi que l'aumônier de la prison de Fresnes, s'opposent à cette constatation et forcent les autorités à appeler un médecin. Ce dernier confirme : cet homme vit toujours.
      Alors il faut l'achever 4 h.04, l'adjudant, le bourreau, tire par trois fois sur Roger Degueldre, mais les trois coups de grâce ratent leur but.
      Armé d'un autre revolver, le bourreau place le canon de son arme à 5cm de l'oreille de l'officier et tire.
      Il est 4 h 08, la boucherie a pris fin, Roger Degueldre est mort en martyr.

       Le 7 juillet 1962, Claude PIIEGTS, Français d'Algérie, est fusillé au Trou de l'Enfer, il va mourir en s'écriant :
      " Visez au cœur, vive l'Algérie Française.

   Le 11 mars 1963, le Lt Colonel Jean Bastien THIRY est fusillé au fort d'Ivry.
      L'attaque du Petit Clamart, n'a pas fait couler le sang, Jean Bastien Thiry, Chevalier de la légion d'honneur, lieutenant colonel de l'aéronautique, pilote d'essai et créateur d'engins téléguidés de réputation mondiale, est condamné à mort et fusillé.
      L'attentat a eu lieu le 22 août 1962, Bastien Thiry est arrêté le 5 septembre. Se sachant découvert, il aurait pu facilement s'échapper à l'étranger d'autant qu'il était d'ailleurs, en mission en Angleterre.
      Mais il n'était pas homme à fuir. Il estimait que son devoir était de faire face aux événements et de défendre sa cause.
      Il déclara: " Nos motifs d'action sont liés aux conséquences de l'effroyable drame humain et national qui, à la suite des événements qui se sont déroulés en Algérie, ont mis enjeu, et mettent encore journellement enjeu, la liberté, les biens et la vie de très nombreux français; après avoir mis en jeu l'existence même en tant que telle , de collectivités nationales dans leur ensemble, et l'existence même de l'unité nationale. Il conclue : " Nous n'avons fait que notre devoir de français. Devant l'histoire, devant nos concitoyens et devant nos enfants, nous proclamons notre innocence, car nous n'avons fait que mettre en pratique la grande et éternelle loi de solidarité entre les hommes."
      Il n'y eu pas de pardon, il n'en implorait pas. Jean Bastien Thiry est mort à 35 ans pour avoir refusé le déshonneur, dénoncé les reniements et la trahison au plus haut niveau de l'état.
      C'était l'heure où la vie s'éveillait en banlieue
      A 6 h,47, comme un cri déchirant
      La salve troua l'air et ton corps expirant
      Vint ajouter du rouge à ta capote bleu.
      Dors en paix tout là bas, du sommeil éternel,
      Au champ du grand repos et de l'éternité
      Que ton sommeil, soit doux comme une nuit d'été
      Nous t'aimerons toujours plus qu'avant Colonel.
      Que dieu garde ton âme avec mansuétude
      Que viennent les hivers et viennent les printemps
      Nous garderons au cœur la fidèle habitude
      De vénérer ton nom, jusqu'à la fin des temps. Colonel.

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Puis ce fût l'allocution prononcée par Mr A. ALGUDO.
Président du C.D.F.A. (Comités de Défense des Français d'Algérie)
23, rue Jean Aicard, 34500 Béziers

Mes Chers Amis,

Je serai bref en m'adressant sans haine mais avec une détermination sans faille aux responsables, toujours de ce monde, de ces meurtres d'état odieux des défenseur des provinces Française d'Algérie.
Oui vous les derniers tyrannosaures du Gaullisme, vous les porteurs de valises des viets puis du F.L.N,
Avez-vous seulement conscience de vos crimes de sang aujourd'hui officiellement dénoncés?

Avez-vous conscience qu'en assassinant ces quatre patriotes vous avez assassiné la France en l'amputant de seize de ses plus riches départements fécondés par le sang et la sueur de ses fils de toutes origines ?
Avez-vous conscience qu'à travers ces martyrs c'est toute une foule de patriotes qui vous regardent comme des ombres maléfiques que vous êtes et que vous resterez toujours.

Puisse ce message vous parvenir à l'époque actuelle où vos dignes descendants eux, traitent avec les cagoulards mafieux dont le but avoué est de séparé la France de deux de ses départements de Corse en mettant un voile scandaleux sur les exactions dont sont victimes nos compatriotes mais s'insurgent quand l'état ou des métropolitains sont touchés.
Voilà encore un cas de discrimination non pas positive mais négative

Pour terminer et si vous me le permettez, je vous demanderai devant cette stèle de ne pas vous tromper d'ennemis, ne gaspillons pas notre énergie en luttes stériles familiales qui ne servent que nos ennemis qui nous observent et n'attendent que ça.

Les responsables vivants de notre tragédie peuvent être atteints, ensemble dénonçons sans violence leur sinistre besogne, sans violence mais avec détermination.
Merci.

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Ensuite, c'est au tour de par M. Marcel METZGER, délégué de l'ADIMAD SUD, de prononcer ces paroles d'apaisement.
34280 La Grande Motte

Mrs les Présidents d'Associations, Mesdames, Messieurs, Chers Amis.

Le 26 septembre 2003, le Président de la république Jacques Chirac, instituait par décret N° 2003-926 " Une journée nationale d'hommage aux " Morts pour la France " pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie " le 5 décembre de chaque année.


Il y a 41 ans, la France terminait cette guerre qui vit le sacrifice des meilleurs de ses enfants. Pour la première fois dans l'histoire une armée victorieuse sur le terrain se retirait sous la pression des gouvernants de l'époque.

Depuis 1962, individuellement ou regroupés au sein d'associations, nous avons lutté pour que soit retenu :
1) Le terme de guerre d'Algérie
2) Pour qu'une date commémorative, autre que celle du 19 mars, nous permettent de se recueillir devant un monument pour rendre hommage à tous nos morts et nos blessés.

Dans notre cœur, des blessures ne se sont jamais refermées. Nos pensées vont vers nos camarades connus ou inconnus qui sont allés jusqu'au sacrifice suprême pour que cette terre d'ALGERIE demeure FRANÇAISE.

C'est à nous les survivants d'entretenir ce devoir de mémoire, nous sommes ici aujourd'hui pour en témoigner, comme nous serons présents chaque année.
Je vous remercie

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        Monsieur Fred Artz, Délégué National de l'Union Nationale des Français d'Afrique du Nord (UNFAN ) prenant la parole déclare:

        Mesdames, Messieurs, mes Amis, Frères et Sœurs de mon peuple,

        Nous sommes réunis aujourd'hui pour honorer la mémoire des meilleurs d'entre nous qui ont combattu contre l'abandon des territoires français de la République en Algérie, et contre le mensonge et la lâche trahison du général De Gaulle.
        De Gaulle, aidé par ses complices, nous ont trahi, pressé de liquider l'Algérie afin de se donner une stature internationale, il nous a livré à la haine du FLN et de tous les combattants de la dernière heure avec la complicité du pouvoir politique français.
Dès janvier 1962, nous avons pu assister à la funeste alliance des autorités françaises et des tueurs du FLN, à la "barbouzerie" mise en place par l'Etat, qui s'adonnait aux pratiques hors la loi de la torture, de l'internement préventif et du terrorisme aveugle envers la population civile européenne. Nous avons du faire front au déchaînement de tous les assassins du FLN libérés de leur prison dès les premiers jours de 1962.
Livrée à cette apocalypse, il ne restait pour seul espoir de survie à la population française d'Algérie qu'à se réfugier en auto défense. C'est ainsi que l'OAS est apparue comme le dernier recours possible.
Le Colonel Jean-Marie Bastien Thiry, le Lieutenant Roger Degueldre, le Sergent Albert Dovecar et notre compatriote Claude Piegts, comme beaucoup d'autres français de métropole et d'Algérie ont payé de leur vie la défense de tout un peuple livré a des assassins par des procédés criminels.
Ces pages d'histoire ne font pas la gloire de la France et l'on peut comprendre que la reconnaissance de faits honteux du pouvoir de l'époque ne soient pas spontanément reconnus.
        Ce serait une erreur que de croire que les héritiers ou les complices, de ce pouvoir d'alors, soient disposés à le reconnaître car ils auraient alors a en assurer les responsabilités qu'ils leur reviennent.
        Aussi ne devons-nous compter que sur nous mêmes pour faire connaître la vérité de cette histoire.
        Aujourd'hui c'est dans le roc que nous écrivons le sacrifice de ceux des nôtres qui ont donné leur vie pour la sauvegarde de nos familles. C'est la seule manière que nous avons d'imposer la vérité aux français et faire en sorte que nos compatriotes ne soient pas morts inutilement.
        En relançant le magazine "Pieds Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui" qui doit devenir la publication écrite de notre communauté, nous poursuivons cet objectif pour faire front à tous les obstacles que nous avons à franchir, nous avons besoin de toutes les forces de notre communauté, de votre soutient, faites le savoir.
        Comme nous le faisons aujourd'hui, nous avons à nous battre pour laisser à nos enfants le souvenir de ceux qui sont morts, pour eux et pour la France. C'est cette tâche qui nous réunit aujourd'hui et que je vous invite à poursuivre tant qu'il nous restera un souffle de vie.
Les porte-drapeaux devant la Stèle

Souvenirs, souvenirs toujours...pour nos frères
Ayez une petite pensée pour eux
et tous nos camarades qui ne sont plus là.
Pensez à leurs familles qui n'ont jamais plus eu de Noël….
Semper fidelis          Adimad          J.F. Collin


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